Si elle craignait

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si elle craignait

(un mystère kate wise—volume 6)

b l a k e p i e r c e

Blake Pierce

Blake Pierce est l’auteur de la série de romans à suspense à succès RILEY PAGE, qui comporte quinze tomes (pour l’instant). Blake Pierce est aussi l’auteur de la série de romans à suspense MACKENZIE WHITE, qui comprend neuf tomes (pour l’instant) ; de la série de romans à suspense AVERY BLACK, qui comprend six tomes ; de la série de romans à suspense KERI LOCKE, qui comprend cinq tomes ; de la série de romans à suspense LES ORIGINES DE RILEY PAIGE, qui comprend trois tomes (pour l’instant) ; de la série de romans à suspense KATE WISE, qui comprend deux tomes (pour l’instant) ; de la série de romans à suspense psychologique CHLOE FINE, qui comprend trois tomes (pour l’instant) et de la série de thrillers psychologiques JESSIE HUNT, qui comprend trois tomes (pour l’instant).

Lecteur gourmand et fan depuis toujours de romans à mystère et à suspense, Blake aime beaucoup recevoir de vos nouvelles, donc, n’hésitez pas à vous rendre sur www.blakepierceauthor.com pour en apprendre plus et rester en contact.

Copyright © 2019 par Blake Pierce. Tous droits réservés. Sous réserve de la loi américaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, ni enregistrée dans une base de données ou un système de récupération, sans l'accord préalable de l'auteur. Ce livre électronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre électronique ne peut être ni revendu, ni donné à d'autres personnes. Si vous désirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie supplémentaire pour chaque bénéficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas acheté, ou qu'il n'a pas été acheté pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les événements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. Image de couverture Copyright Lukiyanova Natalia frenta, utilisé sous licence de Shutterstock.com.

LIVRES PAR BLAKE PIERCE

LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME

LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)

LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)

LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)

LA FILLE AU PAIR

PRESQUE DISPARUE (Livre 1)

PRESQUE PERDUE (Livre 2)

PRESQUE MORTE (Livre 3)

LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME

LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)

LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)

LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

LE QUARTIER IDÉAL (Volume 2)

LA MAISON IDÉALE (Volume 3)

LE SOURIRE IDÉALE (Volume 4)

LE MENSONGE IDÉALE (Volume 5)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)

VOIE SANS ISSUE (Volume 3)

LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)

DE RETOUR À LA MAISON (Volume 5)

SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

SI ELLE VOYAIT (Volume 2)

SI ELLE COURAIT (Volume 3)

SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)

SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5)

SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6)

LES ORIGINES DE RILEY PAIGE

SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)

ATTENDRE (Tome 2)

PIEGE MORTEL (Tome 3)

ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4)

LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE

SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)

RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)

LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)

LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)

QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)

À VOTRE SANTÉ (Tome 6)

DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)

UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)

SANS COUP FÉRIR (Tome 9)

À TOUT JAMAIS (Tome 10)

LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)

LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)

PIÉGÉE (Tome 13)

LE RÉVEIL (Tome 14)

BANNI (Tome 15)

MANQUE (Tome 16)

UNE NOUVELLE DE LA SÉRIE RILEY PAIGE

RÉSOLU

SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)

AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)

LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK

RAISON DE TUER (Tome 1)

RAISON DE COURIR (Tome2)

RAISON DE SE CACHER (Tome 3)

RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)

RAISON DE SAUVER (Tome 5)

RAISON DE REDOUTER (Tome 6)

LES ENQUETES DE KERI LOCKE

UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)

DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)

L’OMBRE DU MAL (Tome 3)

JEUX MACABRES (Tome 4)

LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)

TABLE DES MATIÈRES

PROLOGUE

CHAPITRE UN

CHAPITRE DEUX

CHAPITRE TROIS

CHAPITRE QUATRE

CHAPITRE CINQ

CHAPITRE SIX

CHAPITRE SEPT

CHAPITRE HUIT

CHAPITRE NEUF

CHAPITRE DIX

CHAPITRE ONZE

CHAPITRE DOUZE

CHAPITRE TREIZE

CHAPITRE QUATORZE

CHAPITRE QUINZE

CHAPITRE SEIZE

CHAPITRE DIX-SEPT

CHAPITRE DIX-HUIT

CHAPITRE DIX-NEUF

CHAPITRE VINGT

CHAPITRE VINGT ET ONE

CHAPITRE VINGT-DEUX

CHAPITRE VINGT-TROIS

CHAPITRE VINGT-QUATRE

CHAPITRE VINGT-CINQ

CHAPITRE VINGT-SIX

CHAPITRE VINGT-SEPT

CHAPITRE VINGT-HUIT

PROLOGUE

Quand Tamara Bateman entra dans la maison à 15h30 cet après-midi-là, elle se rappela soudain pourquoi elle aimait autant son travail. En tant qu’agent immobilier à Estes, dans le Delaware, elle visitait au moins quatre nouvelles maisons par semaine. La plupart du temps, ces maisons étaient tout au plus passables – des copies conformes d’autres constructions dans la région, en général avec un prix de vente dans les quatre cent mille dollars. Mais de temps en temps, il lui arrivait d’entrer dans une maison et d’avoir une sorte de pressentiment… de savoir que cet endroit allait être la maison parfaite pour quelqu’un.

Et cette demeure du 157 Hammermill Street était l’une de ces maisons. Ce n’était pas une nouvelle construction, comme certaines des résidences qu’elle avait montrées cette semaine, mais elle était assez récente. Construite en 2005, elle avait été occupée par un couple marié sans enfants, avant d’être vendue à un propriétaire foncier qui l’avait encore modernisée un peu plus. C’est pourquoi elle donnait cette impression de neuf. Mais bien sûr, ça avait beaucoup à voir avec l’excellent travail de nettoyage qui avait été fait avant de la mettre en vente.

C’était une maison magnifique. Tous les sols avaient été refaits, les murs avaient été repeints et les baies vitrées offraient de superbes vues sur le jardin arrière. Avec un bon décorateur et quelques meubles modernes, l’endroit avait tout le potentiel nécessaire pour se transformer en une maison idéale.

 

Ça faisait maintenant deux semaines que Tamara la faisait visiter et bien que l’endroit ait à chaque fois suscité de l’intérêt, il n’y avait pas encore eu d’offre d’achat. Non meublée et impeccablement nettoyée, la maison offrait toutes les possibilités imaginables. Mais Tamara commençait à se demander si l’absence de meubles n’était pas justement ce qui lui causait du tort.

Elle sortit son téléphone et commença à prendre des notes qui lui permettraient d’améliorer la description de la maison. Elle savait qu’il n’y avait pas de recette miracle pour décrire une propriété en vente, mais c’était quelque chose qu’elle aimait faire. Elle avait l’impression d’avoir un don pour ça – comme si elle rédigeait une sorte de poème. Et vu qu’elle allait la faire visiter demain, elle voulait s’assurer de présenter l’endroit sous son meilleur profil.

Elle traversa l’immense salon et entra dans la magnifique cuisine équipée d’un évier de style fermette et de tabourets aux allures industrielles. Alors qu’elle essayait de trouver un mot original pour décrire le plan de travail en marbre, elle entendit un bruit à l’étage. C’était un léger bruissement, à peine perceptible. Elle pencha la tête sur le côté, tendit l’oreille et se rendit compte qu’elle n’avait pas rêvé.

C’était un bruit beaucoup plus léger que des bruits de pas. Elle se dit qu’une des fenêtres avait dû rester ouverte et que la brise légère d’automne devait faire voler les rideaux. C’était exactement ce à quoi ça ressemblait. Mais personne n’était venu ici au cours des deux ou trois derniers jours. Et les seules personnes qui avaient actuellement les clés de l’endroit, c’était elle, le propriétaire et l’entrepreneur qui avait remis l’endroit à neuf.

Elle faillit ignorer le bruit, jusqu’à ce qu’elle l’entende à nouveau. Cette fois-ci, elle était presque certaine qu’il s’agissait du bruissement de rideaux. Mais il lui était difficile d’imaginer que le propriétaire, ou l’entrepreneur, ait ouvert une fenêtre et l’ait laissée ouverte.

Elle essaya de se rappeler s’il avait plu au cours des trois derniers jours. Elle ne pensait pas que ça avait été le cas, mais il était également possible qu’un oiseau ou un insecte soit entré. Agacée, Tamara retraversa le salon et se dirigea vers l’escalier qui menait à l’étage. En gravissant les marches, plusieurs phrases lui vinrent en tête pour décrire ce magnifique et spacieux escalier.

Mais avant qu’elle arrive à l’étage, elle entendit à nouveau le bruit. Cette fois-ci, c’était différent, plus prononcé. Et elle n’était plus tout à fait sûre que ce soit le bruissement de rideaux. On aurait vraiment dit que c’étaient des bruits de pas.

Mais ça n’avait pas de sens. Seuls le propriétaire et l’entrepreneur – un homme de cinquante-six ans du nom de Bob – avaient la clé de la maison. Et Bob était actuellement à New York pour assister à un spectacle avec sa femme. Tamara le savait parce qu’il lui en avait parlé la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Quant au propriétaire, il n’était pas du genre à se préoccuper de ses maisons, une fois qu’elles étaient listées auprès d’une agence immobilière.

Alors qui pouvait bien se trouver à l’étage ?

Mais en dépit de cela, elle continua à gravir les marches. Elle n’était plus qu’à deux pas du couloir. Elle vit la moquette et le bas des portes qui ouvraient sur les deux premières pièces de l’étage.

Elle faillit demander à haute voix s’il y avait quelqu’un, mais elle se dit que ce serait stupide de sa part. Car s’il y avait vraiment quelqu’un, c’était peut-être mieux qu’il ne sache qu’elle était là.

Ne sois pas stupide, se dit-elle. Il n’y a rien à voler dans cette maison. S’il y a quelqu’un à l’étage, ça ne peut être que Bob ou un voisin un peu trop curieux. Et si c’est un voisin, ça veut dire que Bob a oublié de fermer la porte à clé la dernière fois qu’il est venu. Ce ne serait pas la première fois que ça lui arrive.

Mais elle entendit à nouveau le bruit de pas. Il venait de très près. Ainsi qu’une respiration nerveuse et presque impatiente.

Tamara décida alors de suivre son instinct. Elle fit demi-tour et descendit à toute vitesse les marches de l’escalier. Elle sortit son téléphone pour appeler la police. Ce n’était peut-être rien, mais elle préférait ne prendre aucun risque. Elle préférait…

Elle entendit alors des bruits de pas résonner derrière elle. Elle sentit l’escalier trembler sous le poids de quelqu’un qui la poursuivait. Elle voulut crier en arrivant en bas des marches, mais elle n’en eut pas le temps. Elle sentit quelque chose la frapper violemment au niveau de la nuque.

Tamara tomba en avant. Elle essaya d’amortir sa chute avec les mains pour éviter de tomber sur la tête et elle se tordit le poignet. Elle l’entendit craquer mais elle en fut vaguement consciente. Elle pensait encore à ce bruit de pas qui avait résonné derrière elle. Elle était à moitié étourdie et elle ressentait une douleur lancinante à l’arrière du crâne et au niveau du poignet. Elle essaya de se retourner pour voir le visage de son assaillant mais elle n’en eut pas le temps.

Elle sentit quelque chose de rugueux glisser sur sa tête et autour de son cou. Puis se serrer fermement… et elle n’essaya plus de se retourner pour voir qui l’attaquait.

Maintenant, elle luttait pour essayer de respirer.

Mais ce fut une lutte qu’elle perdit rapidement et l’obscurité l’envahit très vite, la douleur au niveau du cou et des poumons prenant le dessus sur celle qu’elle avait ressentie au poignet et à l’arrière du crâne.

CHAPITRE UN

Les personnages de la série télé Stranger Things commençaient tout doucement à ennuyer Kate Wise. Mais c’était un peu normal, vu que ce n’étaient que des enfants pareils à tous les autres. Intéressants et adorables quand on les rencontre, mais avec une tendance à devenir très vite agaçants en grandissant. Kate avait l’impression de bien connaître les enfants de la série. Elle avait dévoré les saisons une et deux en l’espace de trois jours. Et maintenant qu’elle commençait la saison trois, elle se rendait compte que ça ne l’intéressait pas plus que ça.

Kate déposa la télécommande de la télé sur la table du salon et se leva du divan. Elle regarda l’horloge et fut un peu écœurée de voir qu’il était déjà 17h10. Elle regarda ensuite vers la petite table qui se trouvait à côté du divan, sur laquelle elle avait empilé des livres qu’elle avait achetés le weekend dernier dans un magasin de seconde main de Carytown. Elle avait commencé à en lire un – un livre assez ennuyeux sur la vie de John Wayne Gacy – mais elle n’avait pas eu la motivation suffisante pour le terminer… ce livre-là, ni aucun autre d’ailleurs.

Alors elle avait fini par se rabattre sur Netflix, auquel elle s’était abonnée sur la demande d’Allen. Au début, ils avaient regardé plusieurs choses ensemble, surtout des documentaires et la série The Office, mais ils s’étaient très vite rendus comptesqu’ils préféraient de loin se parler quand ils étaient ensemble. Mais dernièrement, quand Kate se retrouvait seule, elle avait envie de ne rien faire. Elle n’avait jamais vraiment aimé passer du temps devant la télé mais récemment, elle avait commencé à apprécier faire des choses sans intérêt qui lui permettaient de déconnecter et de ne penser à rien. Elle commençait à aimer l’idée de s’échapper du monde réel. Que ce soit en compagnie des enfants de Stranger Things ou en faisant semblant d’être intéressée par l’intrigue de Grey’s Anatomy, ça lui faisait du bien de se déconnecter et de ne plus voir des drames que de l’extérieur.

Et puis, elle avait tout le temps devant elle pour le faire. Le directeur Duran avait été fidèle à ses mots et il ne l’avait pas appelée depuis plus de six semaines. Elle savait qu’elle n’était pas licenciée, mais qu’on ne l’appellerait que pour des affaires où ils auraient besoin d’une certaine expertise ou de recherches en profondeur. En effet, Duran l’avait réprimandée et il lui avait dit qu’on ne ferait plus appel à elle que dans le cadre de recherches plus poussées – juste en tant que bouée de sauvetage. Mais elle comprenait. Quand elle travaillait sur une affaire, elle était un peu trop imprudente pour son âge, comme elle l’avait prouvé lors de sa dernière enquête. Mais Duran savait également qu’elle faisait du bon boulot et c’est pour ça qu’il n’était pas encore prêt à totalement la mettre à la retraite.

Mais pour l’instant, il ne l’appelait pas. Et au cours de ces six dernières semaines, la vie de Kate avait continué son cours. Elle avait eu cinquante-six ans et sa petite-fille, Michelle, avait célébré son premier anniversaire. Elle était partie deux fois en vacances avec Allen – une fois dans une cabane perdue dans les montagnes de Blue Ridge et une fois à Surfside Beach, en Caroline du Sud, pour profiter une dernière fois de l’été qui se terminait.

Mais ces dernières vacances remontaient à deux semaines. Quand ils étaient rentrés, Allen était retourné au travail. Bien qu’il ait encore son propre appartement, il passait la plupart de son temps chez Kate. Ils avaient souvent parlé d’emménager ensemble et c’était probablement ce qu’ils allaient finir par faire. Elle s’était mise à réfléchir à tout ça pour occuper ses journées. Puis elle avait découvert Stranger Things et Grey’s Anatomy, et elle avait trouvé un autre moyen de remplir ses longues journées d’oisiveté.

Elle avait envisagé de continuer à écrire ce livre qu’elle avait toujours voulu rédiger – une sorte de résumé de certaines de ses enquêtes les plus bizarres. Elle avait déjà écrit une cinquantaine de pages mais ça n’avait fait que lui rappeler que ses jours de gloire se trouvaient maintenant derrière elle. Malgré qu’un agent soit déjà intéressé par son livre (bien que ce soit surtout l’ami d’un ami), elle n’était pas parvenue à trouver la motivation suffisante pour continuer à l’écrire.

Si Duran avait décidé de ne plus faire appel à elle, elle aurait préféré qu’il le lui dise. Elle préférait de loin être licenciée au fait de ne pas savoir.

Elle avait encore une heure devant elle avant qu’Allen rentre du travail. Maintenant qu’elle avait éteint la télé, elle envisagea de se remettre à son livre. Mais elle savait qu’elle n’aurait pas la motivation suffisante pour travailler dessus aujourd’hui. Elle regarda son téléphone et se mit à consulter ses messages. Elle en avait reçu un de Kristen DeMarco cinq jours plus tôt, pour savoir comment elle allait. DeMarco avait continué à travailler avec d’autres agents qui, pour une raison ou une autre, s’étaient retrouvés sans coéquipier. Mais DeMarco avait gardé le contact avec Kate et c’était un geste que Kate appréciait particulièrement.

DeMarco était très rapidement devenue une amie. Et ça voulait tout dire, vu la manière dont Kate avait toujours veillé à garder une distance très stricte entre amitié et coéquipier. Mais il y avait quelque chose chez DeMarco qui était différent de tous ses autres partenaires précédents. Et ça allait au-delà du fait qu’elle avait une carrière prometteuse et un caractère tenace. C’était une femme polyvalente qui rappelait à Kate la manière dont elle était quand elle était plus jeune. Et garder contact avec elle avait été l’une des choses les plus importantes dans la vie de Kate au cours de ces six dernières semaines.

En souriant, elle afficha le numéro de DeMarco à l’écran et l’appela. Elle ne fut pas trop surprise de tomber sur sa messagerie vocale après quatre sonneries. Elle ne prit pas la peine de laisser un message. DeMarco travaillait probablement sur une affaire et Kate ne voulait surtout pas la gêner dans son travail.

Elle reposa son téléphone et se rendit dans la cuisine. Ils avaient prévu d’aller manger au restaurant ce soir, alors elle n’avait pas besoin de cuisiner. Elle s’appuya contre le plan de travail et regarda par la fenêtre, en direction du jardin.

C’était probablement à ça que ressemblait la retraite. C’est vrai qu’elle en avait eu un avant-goût il y a un an et demi, mais à ce moment-là, elle s’y attendait. Elle avait prévu des hobbies et elle se rendait régulièrement au stand de tir. Mais cette fois-ci, elle s’ennuyait vraiment. C’était peut-être parce qu’elle savait que Duran pouvait l’appeler à tout moment et qu’elle se retrouverait à nouveau plongée en pleine action.

Ou peut-être, pensa-t-elle, que c’était une sorte de présage – que c’était l’univers qui lui disait que sa vie ressemblerait bientôt à ça. Alors qu’il vaudrait mieux qu’elle s’y habitue.

 

***

Ils s’étaient mis d’accord pour aller dans un restaurant thaïlandais et Kate était contente de ce choix, car c’était devenu l’une de ses cuisines préférées au cours des dernières années. C’était un restaurant où ils venaient au moins deux fois par mois. Quand ils furent assis, Kate sentit combien l’endroit lui était familier et elle se demanda si c’était une autre chose à laquelle elle allait devoir s’habituer une fois retraitée – devenir une habituée de certains endroits et rester coincée dans une sorte de routine sans aucun véritable objectif.

Mais la monotonie de l’endroit fut heureusement brisée par leur sujet de conversation. Allen allait prendre sa retraite dans trois mois. Il était cadre dans une agence de pub et il allait partir pour Chicago dans deux jours pour le travail. Il serait probablement absent une semaine mais ce serait également son dernier voyage d’affaires avant la retraite. Son entreprise tenait vraiment à le remercier pour les services rendus et Allen était enthousiaste en en parlant.

« Ils m’ont dit que je pouvais inviter quelqu’un, » dit Allen. « Et qu’ils payeront pour tout. Alors, si tu veux passer quelques jours à Chicago avec moi… »

« Ce serait super, » dit Kate.

« J’ai remarqué que tu étais un peu… je ne sais pas… distante. Pas dans un mauvais sens. Mais on dirait que tu as la tête ailleurs. »

« Tu n’as pas tort, » dit Kate. « Mais je pensais que je le cachais mieux que ça. »

« Non, pas du tout, » dit Allen, en souriant. « Maintenant, si tu viens avec moi à Chicago, il faut que tu saches que je vais travailler la plupart du temps. Mais je te fais confiance pour trouver de quoi t’occuper en visitant la ville et en faisant un peu de shopping. »

« Oui, je ne pense pas que j’aurai un problème avec ça. »

La conversation entre eux était naturelle. Ça faisait presque un an qu’ils sortaient ensemble et près de cinq mois que leur relation était devenue sérieuse. Ils n’avaient pas parlé de se marier et ils avaient à peine effleuré la question de vivre ensemble – et ce n’était pas plus mal. Une grande partie du cœur de Kate appartenait toujours à son mari défunt, Michael. Quand elle essayait d’imaginer vivre le reste de sa vie avec Allen, le souvenir de Michael refaisait à chaque fois surface et elle n’était pas sûre d’être prête.

« Est-ce que tu as parlé à Mélissa, dernièrement ? » demanda Allen.

« Hier. Elle a appelé pour me dire que Michelle était sur le point de marcher. Elle n’y arrive pas encore tout à fait, mais elle y est presque… »

« Les choses sérieuses commencent, » dit Allen. « Quand ils se mettent à marcher… »

« Oh oui, je sais. Mélissa était une vraie terreur sur pattes quand elle a commencé à gambader. Je me rappelle une fois où elle… »

Elle fut interrompue par la sonnerie de son téléphone. Elle tendit le bras vers son sac pour le prendre, en se disant que ça devait être Mélissa. Mais elle se ravisa. Si c’était Mélissa, elle laisserait un message et Kate pourrait la rappeler plus tard.

Ils continuèrent à diner, en parlant des deux derniers voyages qu’ils venaient de faire ensemble. Kate avait remarqué la manière avec laquelle Allen la regardait dernièrement. Il y avait de la profondeur dans son regard, comme s’il essayait de la jauger. C’était un peu présomptueux de sa part, mais elle se demandait s’il envisageait de la demander en mariage. À leur âge, passer autant de temps ensemble ne voulait pas nécessairement dire qu’ils étaient sur le point de se marier, mais chaque jour pesait dans la balance. Elle ne savait pas du tout comment elle réagirait s’il lui posait la question, mais c’était quand même agréable d’y penser.

Ils terminèrent leur repas et quand l’addition arriva, Allen s’en saisit. Il savait qu’elle n’avait aucun souci d’argent. En fait, quand elle avait pris sa retraite la première fois, elle avait eu droit à un montant confortable pour vivre le restant de ses jours. Mais quand il le pouvait, Allen tenait vraiment à lui montrer qu’elle pouvait se sentir en sécurité avec lui. Et pour lui, ça voulait dire que l’homme payait l’addition.

« Je te rejoins, » dit Kate, quand elle le vit se lever de sa chaise, avec l’addition en main. « Je pense que Mélissa a appelé pendant qu’on dînait et j’aimerais la rappeler tout de suite. »

« Dis-lui bonjour de ma part, » dit Allen, en se dirigeant vers l’entrée du restaurant.

Kate sortit son téléphone et vit que l’appel ne venait pas de Mélissa. C’était Duran qui l’avait appelée.

Elle sentit une pointe d’excitation, mais aussi de culpabilité. Elle savait que Duran l’avait appelée pour une seule raison – et surtout, à cette heure-ci. Et si son intuition avait vu juste, la raison de son appel voulait sûrement dire qu’elle pouvait oublier son voyage à Chicago avec Allen.

Ça ne sert à rien de continuer à faire des suppositions, pensa-t-elle.

Elle rappela directement Duran, en sachant qu’il n’était pas du genre à rester très longtemps au téléphone. Il décrocha après la première sonnerie.

« Kate, comment allez-vous ? »

« Bien. » Elle savait que le fait de l’appeler par son prénom signifiait qu’il était pressé – qu’il allait aller droit au but.

« Si ça vous intéresse, j’ai une affaire pour vous. Ça ne devrait pas être trop compliqué, rien qui sorte de l’ordinaire. »

« Bien sûr que ça m’intéresse. Vous pouvez m’en dire plus ? »

« C’est dans le Delaware. Deux meurtres qui ont probablement un lien entre eux. J’ai besoin que vous y soyez dès demain. Quant aux détails, je laisserai l’agent en charge de l’affaire vous mettre au courant. »

« Quel est le nom de l’agent ? »

« DeMarco, » dit Duran. Elle crut déceler une pointe de joie dans sa voix, au moment où il prononça son nom. Même lui avait remarqué la manière productive avec laquelle elles travaillaient ensemble. « Elle a très bien géré l’enquête jusqu’à présent, mais il n’y a aucune piste et elle a besoin d’un coup de main. Mais bien entendu, elle ne l’admettra jamais. »

« Est-ce qu’elle est au courant de ma venue ? »

« Je l’appellerai dès qu’on aura raccroché. Ça ne vous dérange pas de conduire ? Le FBI vous remboursera l’essence. »

« OK. » Et bien que ce soit une très bonne nouvelle, elle ne pouvait s’empêcher de penser à Allen et à Chicago.

« Super. J’appelle DeMarco et je lui demanderai de me rappeler quand vous l’aurez rejointe. Merci, Wise. »

Il raccrocha et Kate resta assise un moment à table, en essayant de reprendre ses esprits. Au moment où elle se leva de sa chaise, elle vit Allen qui l’attendait près de la porte d’entrée. Il avait un léger sourire aux lèvres.

« Ce n’était pas Mélissa, n’est-ce pas ? » demanda-t-il, quand elle se rapprocha de lui.

« Comment le sais-tu ? »

« Tu as le visage détendu quand tu lui parles. Mais la conversation que tu viens juste d’avoir… tu étais assise droite comme un i et tu avais l’air très concentrée. C’était Duran, c’est ça ? »

« Oui. »

Il hocha la tête et lui ouvrit la porte pour la laisser sortir. Quand ils se retrouvèrent dehors sous les lueurs des réverbères, il lui prit la main. « J’imagine qu’il n’est plus question que tu viennes à Chicago ? »

« Il m’a offert une opportunité, » dit-elle. « Je me suis dit qu’on pouvait en parler ce soir. »

« Une enquête ? »

« Oui, » dit-elle.

« Et quand est-ce que tu devrais prendre la route ? »

« Tôt demain matin. »

« Alors, ça ne sert à rien d’en parler, » dit-il. « Kate, on en a déjà parlé. Je sais ce que ce boulot signifie pour toi. Alors, vas-y. De toute façon, je pars en voyage d’affaires. Ça aurait été sympa que tu sois là, mais on ne se serait pas beaucoup vus. »

« Allen, je peux… »

« Il n’y a pas de problème. Tu sais… Je t’ai donné un ultimatum il y a quelques semaines. J’y tiens toujours, mais ça… je pense que c’est OK. Il va juste falloir qu’on repense à tout ça quand je dirai définitivement au revoir au monde du travail. »

« Dans trois mois, » dit-elle, avec une grimace.

« Je sais. J’ai du mal à y croire. »

Le restaurant thaïlandais se trouvait à deux kilomètres de chez elle et ils avaient choisi d’y aller en marchant – c’était quelque chose qu’ils essayaient de faire au moins deux fois par semaine. La soirée était agréable et l’air commençait à se rafraîchir avec la tombée de la nuit.

« Alors, si je pars vers quatre heures et demie du matin, tu ne seras pas fâché ? » demanda-t-elle, quelques instants plus tard.

« Non. Je veux que tu continues à faire ce boulot tant qu’on arrive tous les deux à le supporter. Je ne serai pas fâché. Mais n’oublie pas de me faire un bisou avant de partir. »

Elle s’appuya contre lui, en se demandant comment elle avait fait pour trouver un homme aussi compréhensif que lui. Puis elle se demanda également combien de temps elle allait pouvoir continuer à faire ce boulot.

« Si tu continues à être aussi compréhensif, » dit-elle, « tu pourrais avoir beaucoup plus qu’un bisou. »

Il rit, la prit par la taille et ils continuèrent à marcher à travers la nuit.