Czytaj książkę: «Le Visage du Meurtre»

Czcionka:
LE VISAGE
DU
MEURTRE
(LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME – TOME 2)
B L A K E   P I E R C E
Blake Pierce

Blake Pierce a été couronné meilleur auteur et bestseller d'après USA Today pour Les Enquêtes de RILEY PAIGE – seize tomes (à suivre), la Série Mystère MACKENZIE WHITE – treize tomes (à suivre) ; Les Enquêtes d'AVERY BLACK – six tomes ; Les Enquêtes de KERI LOCKE – cinq tomes ; LES ORIGINES DE RILEY PAIGE – cinq tomes (à suivre) ; la Série Mystère KATE WISE – six tomes (à suivre) ; la Série Thriller Psychologique CHLOE FINE – cinq tomes (à suivre) ; la Série Thriller Psychologique JESSIE HUNT – cinq tomes (à suivre) ; la Série Thriller Psychologique FILLE AU PAIR – deux tomes (à suivre) et Les Enquêtes de ZOE PRIME – deux tomes (à suivre).

Lecteur passionné, fan de thriller et romans à suspense depuis son plus jeune âge, Blake adore vous lire, rendez-vous sur www.blakepierceauthor.com – Restons en contact !


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LIVRES PAR BLAKE PIERCE

LES MYSTÈRES DE ADÈLE SHARP

LAISSÈ POUR MORT (Volume 1)

CONDAMNÈ À FUIR (Volume 2)

CONDAMNÈ À SE CACHER (Volume 3)


LA FILLE AU PAIR

PRESQUE DISPARUE (Livre 1)

PRESQUE PERDUE (Livre 2)

PRESQUE MORTE (Livre 3)


LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME

LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)

LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)

LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)


SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

LE QUARTIER IDÉAL (Volume 2)

LA MAISON IDÉALE (Volume 3)

LE SOURIRE IDÉALE (Volume 4)

LE MENSONGE IDÉALE (Volume 5)

LE LOOK IDEAL (Volume 6)


SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)

VOIE SANS ISSUE (Volume 3)

LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)

DE RETOUR À LA MAISON (Volume 5)


SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

SI ELLE VOYAIT (Volume 2)

SI ELLE COURAIT (Volume 3)

SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)

SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5)

SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6)


LES ORIGINES DE RILEY PAIGE

SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)

ATTENDRE (Tome 2)

PIEGE MORTEL (Tome 3)

ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4)

LA TRAQUE (Tome 5)


LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE

SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)

RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)

LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)

LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)

QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)

À VOTRE SANTÉ (Tome 6)

DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)

UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)

SANS COUP FÉRIR (Tome 9)

À TOUT JAMAIS (Tome 10)

LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)

LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)

PIÉGÉE (Tome 13)

LE RÉVEIL (Tome 14)

BANNI (Tome 15)

MANQUE (Tome 16)


UNE NOUVELLE DE LA SÉRIE RILEY PAIGE

RÉSOLU


SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)

AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)

AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12)

AVANT QU’IL NE HARCÈLE (Volume 13)


LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK

RAISON DE TUER (Tome 1)

RAISON DE COURIR (Tome2)

RAISON DE SE CACHER (Tome 3)

RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)

RAISON DE SAUVER (Tome 5)

RAISON DE REDOUTER (Tome 6)


LES ENQUETES DE KERI LOCKE

UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)

DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)

L’OMBRE DU MAL (Tome 3)

JEUX MACABRES (Tome 4)

LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)

PROLOGUE

Le professeur Ralph Henderson soupira, se frotta l’arête du nez et fouilla dans la poche de son manteau pour trouver ses clés de voiture. Ce fut une longue soirée passée à corriger des contrôles d’anglais et, soit ses étudiants devenaient de plus en plus stupides, soit il était de plus en plus fatigué par son job. Il avait hâte de s’installer dans son lit pour la nuit avec un petit verre de whisky et un classique.

Le parking de Georgetown était presque vide. La plupart des autres enseignants avait eu la présence d’esprit de rentrer bien avant. Il faisait un temps frisquet et maussade ; la lumière des néons électriques vacillait au-dessus de sa tête au fur et à mesure que les papillons de nuit pénétraient à l’intérieur avec une intention suicidaire. Henderson coupa à travers les places vides, prenant un raccourci vers sa voiture. Il caressa brièvement l’idée de s’arrêter quelque part sur le chemin et prendre un café à emporter. Ou serait-il mieux tout simplement de rentrer le plus vite possible au chaud et en sécurité à son domicile ?

Ses pas résonnèrent étrangement dans le parking, le plafond et le sol en ciment projetant les sons dans tous les sens. C’était pendant de telles nuits que le parking se transformait en une toute autre bête. Un endroit où des types louches pourraient rôder dans l’ombre, prêts à bondir. Le genre de réflexion dont on ne peut pas se débarrasser, même lorsqu’on s’est répété plusieurs fois qu’on est un adulte et qu’on ne doit plus avoir peur du noir.

Cela dit, il y avait de bonnes raisons d’être nerveux ce soir-là. Le campus bourdonnait de nouvelles d’un crime qui avait eu lieu juste-ici, sous leurs nez. Un étudiant qu’Henderson avait connu. C’était peut-être à cause de cela que ses poils se hérissèrent sur sa nuque lorsqu’il traversa le garage et pourquoi il n’arrêta pas de jeter des regards furtifs, les yeux écarquillés, vers les ombres, essayant de voir si personne ne s’y cachait.

Il essaya de se changer les idées. Il avait bien plus de choses auxquelles penser. Il y avait un jeune qu’il avait dû expulser de sa classe car il avait encore échoué à un contrôle. C’était tellement frustrant d’enseigner ; voir ces jeunes sans trop de potentiel se laisser entraîner dans des soirées et ne pas prendre leurs études au sérieux. Ce fut avec regret qu’Henderson dut le recaler, mais il estimait sa décision justifiée après avoir reçu un courriel de l’étudiant.

Plein de méchanceté, le courriel était à la limite de la menace. Apparemment, le jeune n’avait pas apprécié d’être expulsé et voulait s’assurer qu’Henderson le savait. Comme si un tel geste allait lui permettre de réintégrer le cours. Ha ! Le jeune avait beaucoup à apprendre sur la vie et comment les gens réagissaient à la façon de les traiter.

Henderson atteignit la voiture et se battit avec ses clés, ses doigts gros et lents d’avoir écrit autant de commentaires lorsqu’il avait noté les étudiants. Il s’en voulut, alors qu’un tremblement s’empara de ses mains, redoublé par l’isolement du parking pendant la nuit. C’était ridicule de sa part. Il était adulte, bon sang, et il traversait ce parking au grand jour sans hésitation.

D’ailleurs, se dit-il d’un air sombre, si quelqu’un le suivait, ce serait cet étudiant en colère. Et il n’était pas assez intelligent pour traquer un professeur dans le noir sur un parking. Il était le genre de gamin qui envoyait des courriels méchants et laissait des traces. Vraiment rien à craindre. Henderson le signalerait au doyen demain, et ce serait tout.

C’était quoi ce bruit ? Un pas ? Quelque chose n’allait pas. Il avait chassé de son esprit ses peurs tout ce temps, mais maintenant il n’était plus rassuré. Le picotement dans la nuque d’Henderson s’amplifia, tel un pressentiment, mais avant qu’il n’ait pu se retourner, sa tête frappa violemment la vitre de la voiture.

Henderson eut à peine le temps d’encaisser le coup et la douleur submergeante venant de son nez que la main derrière sa tête le fracassa de nouveau sur le côté de la voiture. Abasourdi par le choc et la blessure, son corps se ramollit et il glissa. Il essaya de se retourner légèrement tandis que sa serviette vola par terre, mais il fut incapable de parer le coup suivant, ni celui d’après. Sa tête, sa tempe, le haut de l’orbite, sa mâchoire juste en-dessous de l’oreille frappèrent le châssis rouge, encore et encore.

Il ressentit les blessures avec un certain détachement lié au choc. Le craquement d’un os. La pensée aux contusions en train de fleurir sur son visage, puis les coupures et les écorchures, puis quelque chose de plus sérieux. Tout ce qu’il pouvait se dire, bêtement, c’était que son visage allait être abîmé. Ce fut tout ce à quoi il eut le temps de penser avant que tout soit fini, de toute évidence.

La main relâcha sa prise et Henderson tomba lourdement au sol, heurtant son épaule pendant la chute. Il ne le sentit presque pas, comparé au reste. Il était désormais suffisamment contorsionné pour retourner sa tête étourdie et observer, malgré sa vision troublée. Peut-être à cause des coups. Peut-être à cause du sang qui coulait sur ses yeux. Peut-être parce que son orbite devait être cassée, au mieux.

C’était qui ?  Une silhouette floue, juste un chuchotement, comme si un fantôme se tenait au-dessus de lui et non pas un homme. Mais c’était un homme. Cela devrait être un homme. Si seulement il pouvait distinguer qui ; mais, comme le sable qui glisse entre les doigts, la connaissance d’Henderson le quittait et il ne pouvait plus lutter contre. Il savait que c’était presque fini. Tout devenait noir autour de lui, pendant que la forme brumeuse le regardait en silence.

L’ombre s’étendit au-dessus de lui et redressa sa tête une dernière fois et l’écrasa contre le ciment ; un impact qu’Henderson ressentit à peine avant de s’écrouler tête en avant dans l’obscurité.

La tâche était accomplie.

Il n’allait plus jamais se réveiller.

CHAPITRE UN

Zoe dessina des sillons sur l’accoudoir du fauteuil en cuir, observant comme leur motif révélait le passage du temps, autant de mains et de bras différents qui s’étaient posés à cet endroit précis. Elle ne put pas se décider si cela était réconfortant, une preuve d’expérience, ou tout simplement dégoûtant. Qui sait quelle sorte de microbes se cachaient dans ce tissu ?

« Zoe ? » l’appela la Dr. Lauren Monk depuis un fauteuil tout aussi confortable situé face à elle.

Zoe leva des yeux coupables.

« Pardon. Il fallait que je réponde à ça ? »

La Dr. Monk soupira, tapotant son stylo sur un calepin qu’elle tenait dans sa main. Malgré la présence de l’enregistreur qui archivait toutes leurs séances, il semblait que la Dr. Monk était encore une adepte des méthodes traditionnelles. « Changeons de cap un moment, dit-elle. Nous avons eu quelques séances ensemble, n’est-ce pas, Zoe ? Je constate que tu as du mal parfois avec les repères sociaux. »

Ah. Ça. Zoe haussa les épaules, feignant un air indifférent. « Je ne comprends pas toujours la manière dont les gens réagissent.

– Ou la manière dont ils attendent que tu réagisses ? »

Zoe haussa à nouveau les épaules, son regard se déplaçant vers la fenêtre. Puis elle se donna mentalement une claque ; elle était censée prendre part activement à ces séances et non pas se comporter comme une adolescente difficile. « Ma logique est différente de leur logique.

– Pourquoi penses-tu que c’est ainsi ? »

Zoe savait pourquoi elle était comme elle était, ou au moins elle pensait le savoir. Les chiffres. Les chiffres qui se trouvaient partout où elle regardait, à tout moment de la journée. Ils lui disaient même à l’instant quelle correction avaient les lunettes de la Dr. Monk (à peine suffisante pour nécessiter aucune aide), qu’il y avait un millimètre de poussière sur les cadres des certificats accrochés au mur mais un quart de millimètre seulement sur le diplôme en psychologie (indiquant un sentiment de fierté plus fort pour cette réussite que pour les autres) et que la Dr. Monk avait écrit exactement sept mots durant leur conversation.

Elle voulait le dire, ou du moins une partie d’elle le souhaitait. Elle n’avait toujours pas avoué à la Dr. Monk qu’elle possédait un talent que personne d’autre ne semblait avoir. Personne, à part un criminel en série occasionnel, si elle en jugeait d’après l’affaire sur laquelle elle avait travaillé il y a environ un mois.

Mais il y avait encore une partie d’elle, toujours la partie la plus forte, qui ne pouvait pas supporter d’avouer quoi que ce soit.

« Je suis juste née comme ça, » dit Zoe.

La Dr. Monk acquiesça d’un signe de tête, mais ne nota rien. Apparemment, ceci n’était pas une réponse assez pertinente. « Que ressens-tu quand tu passes à côté de ces codes sociaux ? Cela te dérange ? »

C’était peut-être le fait qu’elles avaient eu suffisamment de séances ensemble pour que la gêne initiale disparaisse. C’était peut-être la liberté de parler à quelqu’un avec qui on n’a pas de véritable lien professionnel ou personnel. De toute façon, les lèvres de Zoe lâchèrent la vérité que sa tête avait gardé cachée jusqu’à présent, sans son autorisation consciente. « Shelley trouve que c’est tellement facile. »

Zoe s’en voulut tout de suite. Pourquoi avait-elle dit cela ? Maintenant, elles allaient passer le reste de la séance à creuser cette jalousie qu’elle ressentait envers Shelley, au lieu de travailler sur les vrais problèmes. Jusqu’à cet instant, elle n’avait pas vraiment réalisé que l’envie était là. « Agent Shelley Rose, » dit la Dr. Monk en vérifiant ses notes d’un après-midi précédent dans son cabinet. « Tu es beaucoup plus à l’aise avec elle qu’avec tes partenaires antérieurs, tu me l’as indiquée auparavant. Mais tu es jalouse d’elle. Peux-tu m’en parler davantage ? »

Zoe inspira. Bien-sûr qu’elle pouvait, bien qu’elle n’en eût pas envie. Hésitante, elle regarda ses doigts, tout en pensant qu’il était mieux de se lancer, tout simplement. « Shelley est douée avec les gens. Elle leur fait admettre des choses. Et ils l’aiment. Pas que les suspects. Tout le monde.

– Penses-tu que les gens ne t’aiment pas, Zoe ? »

Zoe avait pris une posture incommode. Tout était de sa faute. Elle n’aurait pas dû dire une chose pareille. Admettre une faiblesse était une invitation à ce que quelqu’un la creuse. C’était pour cette raison qu’elle n’avait pas encore parlé de chiffres. Même si cette thérapeute avait été conseillée par la Dr. Applewhite, son ami le plus proche et mentor, cela ne voulait pas dire que Zoe pouvait lui confier son secret le plus intime et le plus sombre. « Je n’ai pas beaucoup d’amis. Mes partenaires demandent généralement leur transfert, admit-elle à la place.

– Penses-tu que cela est lié à ta difficulté avec les codes de la société ? »

La femme posait une question évidente. « Ça, et d’autres choses.

– Quelles choses ? »

La question évidente. Zoe grogna intérieurement. Elle s’était piégée toute seule. « Mon boulot est difficile. Je suis souvent partie. Il n’y a pas beaucoup de temps pour prendre racine. »

La Dr. Monk acquiesça d’un air pensif. Elle souriait d’une manière encourageante, comme si Zoe allait réellement déboucher sur quelque chose. La partie d’elle qui désirait l’attention positive et l’affection qu’elle n’avait jamais reçues de sa mère en était ravie, même si elle ne le souhaitait pas. Être en thérapie n’avait eu pour effet que de révéler ses défauts. « Et Shelley ? A-t-elle des racines ? »

Zoe acquiesça d’un hochement de tête, tout en déglutissant. « Elle a un mari et une jeune fille, Amelia. Elle parle beaucoup d’elle. »

La Dr. Monk posa le stylo contre ses lèvres et l’y tapota trois fois de façon entendue. « Tu désires une famille à toi. »

Zoe leva soudainement les yeux, puis se rappela ne pas être surprise qu’un thérapeute puisse discerner les pensées les plus authentiques qui se cachent derrière tout ce que l’on raconte. « Oui, » dit-elle simplement. Il n’y avait pas de raison de nier. « Mais j’en suis très loin.

– Quand nous nous sommes rencontrées pour notre première séance, tu m’avais dit que tu avais eu un rendez-vous. » Zoe remarqua que la Dr. Monk n’avait pas eu à consulter ses notes pour dire cela. « Il t’a contactée, n’est-ce pas ? As-tu répondu ? »

Zoe fit non de la tête. « Il m’a envoyé quelques emails et a essayé de m’appeler. Je n’ai pas répondu.

– Pourquoi ? »

Zoe haussa les épaules. Elle ne pouvait pas dire exactement pourquoi. Gênée, elle toucha quelques mèches de ses cheveux bruns qu’elle portait coupés court, plus par commodité que par goût. Il y avait chez elle beaucoup de choses qui n’était peut-être pas attirantes de manière classique et elle le savait, même si elle ne saisissait pas véritablement comment les autres la percevaient. « Peut-être parce que la première rencontre a été très gênante. J’avais l’esprit ailleurs. Je ne pouvais pas me concentrer sur ce qu’il racontait. J’ai été ennuyante.

– Mais il n’a pas pensé cela de toi, n’est-ce pas ? Ce… ?

– John.

– Ce John, il semble être intéressé. Il cherche toujours à te contacter. C’est bon signe. »

Zoe acquiesça d’un signe de tête. Elle ne pouvait plus rien dire. La Dr. Monk avait raison, même si elle ne voulait pas l’admettre.

« Laisse-moi te dire ce que je vois, » continua la Dr. Monk. « Tu m’as déclaré que Shelley a la vie dont tu rêves. Elle est heureuse, mariée avec une enfant, elle s’épanouit dans sa carrière, elle a des compétences que tu n’as pas. Nous serons toujours jaloux de ceux qui peuvent faire ce que nous ne pouvons pas. C’est la nature humaine. L’important, c’est que tu ne te laisses pas ronger par cela et que tu te concentres sur les choses que tu peux accomplir. »

Elle attendit que Zoe acquiesce de nouveau, lui indiquant qu’elle écoutait, avant de continuer.

« Les choses n’arrivent pas d’elles-mêmes. Ou pour le dire autrement, il est peu probable que tu te maries si tu ne sors pas. Je te conseille d’appeler John et de sortir de nouveau avec lui. Peut-être que cela se passera mal. Peut-être que cela va très bien se passer. La seule façon de savoir, c’est d’essayer.

– Vous pensez que je devrais me marier avec John ? dit-elle en fronçant les sourcils.

– Je pense que tu devrais sortir de nouveau avec lui. » La Dr. Monk sourit. « Et si cela ne marche pas, tu devrais sortir avec quelqu’un d’autre. C’est ainsi que l’on atteint ses objectifs. Petit à petit. »

Zoe n’était pas tout à fait convaincue, mais elle acquiesça tout de même. De plus, elle avait quelque chose d’important à régler maintenant. « Je pense que c’est la fin de notre séance. »

La Dr. Monk rit. « C’est ma réplique, » dit-elle en se levant pour accompagner Zoe à la porte. « Et ne crois pas que je suis facilement distraite. La prochaine fois, nous reviendrons à ce problème de repères sociaux et de perception différente des autres. Nous irons au fond des choses, même si tu n’es pas prête à te livrer à moi. »

En sortant du cabinet, Zoe évita le regard de sa thérapeute, ne voulant pas révéler qu’elle espérait sincèrement que la Dr. Monk oublierait.

CHAPITRE DEUX

Au moins, le déjeuner était quelque chose dont Zoe pouvait s’enthousiasmer. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas pu voir son mentor en personne et elle avait attendu le rendez-vous avec impatience. L’idée que quelque chose de bien l’attendait après l’avait aidée à tenir durant la séance de thérapie.

La Dr. Francesca Applewhite, une professeur de mathématiques qui avait travaillé à l’université de Zoe, s’est avérée être l’une des meilleures rencontres que Zoe avaient eues dans sa vie. À l’époque, encore adolescente et complètement dépassée par l’ambiance de la résidence universitaire, elle fut sceptique à accepter encore un rendez-vous avec un spécialiste. Mais il se trouva que la docteur la comprenait totalement. Elle vit que Zoe avait une aptitude spéciale qui nécessitait d’être nourrie. Elles commencèrent avec des cours particuliers destinés à élever ses compétences à un autre niveau académique. Tout le reste découla de cela.

« Docteur, » salua Zoe lorsqu’elle atteignit leur table et se laissa tomber sur une chaise libre. Jugeant par la tasse de café à moitié vide et le livre de poche écorné qu’elle tenait dans ses mains, la Dr. Applewhite devait sûrement être là depuis un bon moment. Zoe ne put s’empêcher de remarquer les reflets gris qui gagnaient, mèche après mèche, ses cheveux autrefois bruns ; un contraste frappant avec la version de la docteur dont elle se souvenait lors de leur première rencontre.

La Dr. Applewhite glissa un signet entre les pages et posa le livre de côté, puis leva ses yeux en souriant. « Mon étudiante préférée. Comment le Bureau se comporte avec toi ? »

Elle avait une bonne raison de lui poser cette question. Après tout, ce fut sur ses conseils que Zoe entama une carrière dans les forces de l’ordre. Après que sa collègue – une des professeurs de math de Zoe – les avait mises en contact, la vie entière de Zoe avait changé. Elle savait exactement qui remercier pour cela.

« Bien. Ma nouvelle partenaire va bien, » dit Zoe. Elle prit le menu et le balaya du regard mais sans réel besoin. Elle savait déjà ce qu’elle allait commander. Un rapide coup d’œil sur les dimensions des colonnes et des lignes du menu lui suggéra que rien de nouveau n’avait été ajouté, et elles se retrouvaient toujours ici pour déjeuner.

La Dr. Applewhite se pencha pour faire signe au serveur et, tandis qu’elle le regardait s’approcher, Zoe observa la docteur. Elle se souvint de leur premier rendez-vous. La façon dont la Dr. Applewhite s’était véritablement intéressée à ce qu’elle avait à dire, l’une des rares personnes dans sa vie qui l’aient vraiment écoutée. Cette femme plus âgée avait pris quelques kilos en plus depuis, mais elle n’avait pas perdu une once de la compassion qu’elle avait témoignée envers une jeune femme qui n’avait aucune idée de sa place dans le monde.

Leur relation s’était développée au fil du temps. Zoe fut lente à lui faire confiance, à s’ouvrir à elle. Mais elle finit un jour par prendre le risque et à lui avouer son secret ; à tout lui raconter sur les chiffres.

Ce ne fut pas facile. Après tant d’années à entendre sa mère lui dire que ses aptitudes lui avaient été données par le diable, les r mots restèrent souvent coincés dans sa bouche. Mais la Dr. Applewhite se montra enthousiaste plutôt qu’horrifiée d’en connaître davantage sur les aptitudes de Zoe. C’est à partir de ce moment que leurs liens ne firent que se renforcer.

« Et la Dr. Monk ? », demanda la Dr. Appelwhite, les yeux brillants, après que Zoe eut passé sa commande. « Elle m’a raconté tu avais suivi mon conseil. »

Zoe ne put s’empêcher de rire. « Vous me surveillez ?

– Je dois toujours garder un œil sur mes préférés, » répondit la Dr. Applewhite en riant. C’était leur blague à elles. La Dr. Applewhite ne devrait pas, bien sûr, avoir de préférés. Mais à bien des égards, Zoe l’avait aidée dans sa carrière tout autant que la Dr. Applewhite avait lancé Zoe dans la sienne. La Dr. Applewhite avait fini par se spécialiser dans l’étude de la synesthésie appliquée en mathématiques et aujourd’hui, elle formait d’autres personnes qui avaient les mêmes aptitudes que Zoe. Plus ou moins, en tout cas.

« Les séances se passent bien, admit Zoe. La Dr. Monk a des observations intéressantes. Je comprends pourquoi vous l’appréciez.

– Elle a une très bonne réputation. As-tu fait des progrès dont tu pourrais me parler ? Ou est-ce trop personnel ? »

Zoe haussa les épaules tout en examinant les deux pouces d’eau au fond du vase qui se trouvait sur leur table et qui ne suffiraient pas à abreuver bien longtemps les deux chrysanthèmes. Ses calculs mentaux du temps qu’il faudrait pour qu’elles se fanent totalement l’amusèrent assez pour qu’elle s’autorise de dire ce qui la préoccupait. « Elle a dit que je devrais sortir plus. »

La Dr. Applewhite sourit affectueusement, sa propre alliance scintillant à la lumière du soleil lorsqu’elle porta la tasse de café vers ses lèvres. « Elle pourrait avoir raison.

– Je ne pense vraiment pas que ça soit la solution à tous mes problèmes, » soupira Zoe, rapprochant de sa bouche la tasse de café fumante apportée par le serveur.

« Peut-être pas à tous, mais à quelques-uns, » répondit sérieusement cette fois-ci la Dr. Applewhite. « Je ne dis pas que tu dois te sentir mal d’être qui tu es. Tu es opérationnelle – plus que ça. Tu l’as transformé dans un atout dans ton travail. Les autres ne sont pas aussi capables que toi. Je m’inquiète seulement pour toi. Vraiment, tu sais. »

Zoe hocha la tête. « J’apprécie, » dit-elle. En y réfléchissant bien, elle se rendit compte que la Dr. Applewhite était la seule personne au monde à se soucier véritablement d’elle. Cela la rassura, d’avoir au moins une personne.

Avant même d’avoir eu le temps de terminer sa pensée et de prendre au sérieux la recommandation d’appeler John, son portable sonna dans sa poche. Zoe le saisit et décrocha en voyant apparaître le nom de Shelley sur l’écran.

« Agent Special Zoe Prime.

– Salut, Z. J’espère que tu ne fais rien de beau en ce moment. »

Zoe poussa un soupir, baissant les yeux sur son assiette à moitié finie. Ce n’était pas comme si elle avait pu savourer son plat, ayant la tête ailleurs. « Je devine que nous avons une nouvelle affaire.

– Je te rejoins QG dans trente minutes. Le chef dit que c’est une grosse affaire. »

Zoe s’excusa en souriant à la Dr. Applewhite, mais la docteur lui faisait déjà signe de partir. « File faire ton devoir, Agent. Mais il y a une dernière chose que je dois te dire… » La Dr. Applewhite hésita, tout en inspirant. Elle semblait réticente à parler, mais elle finit par se lancer, les yeux baissés en direction de l’assiette à moitié finie de Zoe : « Quelqu’un de mon groupe de recherche – un autre synesthète. On pensait qu’il allait mieux mais…  Je suis désolée de le dire, mais il s’est tué la semaine dernière. Sans un groupe de soutien, si ce n’est moi, il avait du mal. Les êtres humains ont besoin d’avoir d’autres êtres humains autour d’eux pour les épauler émotionnellement. On en a tous besoin. Même ceux qui pensent un peu autrement. »

Zoe s’arrêta, et fixant du regard sa tasse de café et les quelques millimètres d’espace entre le café et le bord de la tasse, elle s’enfonça dans sa chaise. Elle n’était jamais allée à la rencontre d’aucun des membres du « groupe de recherche » de la Dr. Applewhite – les sujets d’expérience, comme les appelait Zoe dans sa tête quand elle était méchante – mais tout de même, c’était dur à entendre. Quelqu’un comme elle qui avait voulu mourir pour la seule et unique raison qu’il était exactement comme elle. C’était quelque chose de bien difficile à avaler.

Elle prit machinalement son sac et s’éloigna sans vraiment regarder autour d’elle. Dans sa tête, elle réordonnait ses pensées, se rappelant les commentaires de la Dr. Monk. Travaille vers tes objectifs. Petit à petit.

Qu’avait-elle dans sa vie, en fait ? Une mentor qui était la personne la plus proche d’une figure maternelle. Une partenaire, Shelley, qui incarnait ce qu’on pourrait désigner comme une amie. Deux chats, Euler et Pythagore et, bien qu’elle les aimât tous les deux, elle savait que c’était dans leur nature de chats de s’en sortir si elle disparaissait et ils vivraient avec quelqu’un d’autre. Une carrière qui semblait être plus instable qu’ascendante, même si actuellement, c’était plutôt pas mal. Un petit appartement qu’elle pouvait qualifier de « chez soi ».

Et une aptitude, ou un état, ou peu importe le terme, qui la rendait tellement différente qu’il poussait les gens comme elle à se suicider.

C’était une pensée qui donnait à réfléchir.

Ograniczenie wiekowe:
0+
Data wydania na Litres:
02 września 2020
Objętość:
252 str. 5 ilustracje
ISBN:
9781094306308
Format pobierania:

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