Au Cœur Du Temps

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Kyoko regarda Suki d'un air confus, mais celle-ci l'ignora en prenant une bouchée de sa propre nourriture. À côté d'elle, Shinbe toussa dans sa main en essayant de cacher son étrange sens de l'humour alors qu'il observait l'individu foncer à travers la pièce. Kyoko ressentait des ondes vraiment bizarres avec ce type nommé Toya, et elle n'allait pas avoir l'esprit tranquille avant de comprendre son problème. Elle se pencha en arrière sur sa chaise et l'étudia un instant.

Ses longs cheveux étaient de couleur bleu nuit, le plus étrange des bleu nuit, des reflets argentés et épais parcouraient sa chevelure d'une manière extravagante, et ses yeux étaient beaux... IL était beau. - Note à moi-même, gifle-toi plus tard pour avoir pensé ça.

Ses yeux étaient de la poudre d'or flamboyante, aucun doute là-dessus. Il aurait pu être mignon s'il ne la regardait pas d'une telle façon à ce moment-là.

Suki soupira. Elle devait parler à Kyoko concernant le fait de mettre Toya trop en colère. Il avait ses limites et ce n'était pas une bonne chose de les dépasser. Ce n'était pas juste pour Kyoko car elle ne savait pas qu'elle était en train d'énerver un gardien.

- J'ai découvert que si l'on jouait avec le feu... on finissait par se brûler, informa Shinbe autour de la table silencieuse, et il fut récompensé par un regard vif et furieux de l'assemblée avant de se faire ignorer.

Toya jeta un autre coup d’œil à Kyoko. Alors c'est elle qu'il était censé surveiller ? Kyou devait se moquer de lui. Kyou lui avait parlé d'elle rien que ce matin, l'avertissant qu'il devait la surveiller et la garder en sécurité à tout moment.

Il plissa ses yeux en se posant à présent des questions sur le garçon qui se tenait debout près de leur table. La façon dont il fixait Kyoko l'avait énervé. La prêtresse était-elle vraiment en danger ? Pourquoi Kyou avait-il tant intérêt à protéger une simple humaine ? Kyou n'avait jamais traité qui que ce soit avec respect, alors qu'est-ce qui rendait ce petit bout de fillette si différent ?

Parfois, Toya détestait le fait d'avoir Kyou comme gardien désigné, mais il devait admettre qu'il lui était redevable de l'avoir recueilli. Il savait également que quand Kyou faisait quelque chose, c'était toujours pour une bonne raison, et cela était suffisant pour s'interroger sur cette fille nommée Kyoko.

Remarquant que la tension autour de la table pouvait être coupée avec un couteau, Shinbe jeta un coup d’œil à Suki avec les plus gros yeux de chien battu. Sachant qu'il pouvait refaire sourire Kyoko avec ses singeries, il commença à en rajouter une couche.

- Alors Suki, tu viens toujours en boîte avec moi ce soir ? C'est samedi soir et ça m'embêterait de manquer une occasion de danser avec toi en dansant avec une douzaine de parfaites inconnues.

Shinbe prit un air hagard comme s'il rêvait qu'il dansait avec un tas d'autres femmes juste pour montrer ce qu'il voulait dire.

Suki lui lança un regard soutenu en se demandant si elle devait lui ôter son air stupide en le giflant, puis se tourna vers Kyoko.

- Kyoko, j'ai besoin d'un chaperon, sourit-elle. Tu viendras avec moi, n'est-ce pas ? C'est trop dangereux de n'y aller qu'avec... lui.

Elle regarda Kyoko d'un air implorant. Les coins des lèvres de Kyoko se contractèrent en voyant Shinbe laisser de côté son air hagard et lui faire un clin d’œil.

- Suki, j'aimerais beaucoup venir avec vous. Comme ça, on pourra faire équipe contre Shinbe s'il perd le contrôle.

Elles regardèrent toutes les deux Shinbe avec un regard appuyé et celui-ci ronchonna. Encore une fois, Kyoko ne pouvait pas s'empêcher d'éclater de rire. Elle aimait vraiment ces deux-là.

Toya observa Kyoko du coin de l’œil. Mince, elle était jolie quand elle riait comme cela. Il grogna intérieurement. Bon sang, d'où est-ce que ça sortait ? Il s'écroula sur sa chaise, agacé par l'enchaînement de ses pensées. Zut ! Il devait maintenant aller en boîte ce soir rien que pour la surveiller. Elle souriait toujours à Shinbe et Suki lorsqu'elle se retourna.

Alors qu'elle lui lançait un regard, son pouls manqua un battement et la température de son sang monta de quelques degrés. Toya réalisa qu'elle avait plus de pouvoir en elle en étant heureuse qu'il y a un instant, lorsqu'il l'avait énervée. Il se sentait inquiet pour la première fois depuis longtemps.

Lorsque le rire de Kyoko s'atténua, elle se tourna vers Suki.

- Eh, je ne sais même pas quels cours j'aurai lundi ou où aller pour me renseigner. Est-ce que tu sais où je dois aller ?

Avant que Suki ait pu répondre, Toya répondit à la question en la regardant avec attention : - Tous les étudiants boursiers suivent le même enseignement. Donc Suki, Shinbe et toi, ainsi que tous les autres, vous aurez les mêmes cours. Il n'y a qu'un cours où vous serez séparés, celui avec le propriétaire.

Sa voix était nonchalante alors qu'il se penchait à nouveau sur sa chaise. Kyoko fronça les sourcils.

- Qu'est-ce que le propriétaire enseigne ?

Cette fois, Shinbe répondit, ses yeux d'améthyste s'animant avec intrigue :

- C'est différent pour chacun d'entre nous. C'est pourquoi il nous fait cours séparément. Il nous aide avec nos capacités spéciales.

Il se pencha en arrière, pensif, puis ajouta avec un sourire narquois :

- Je suppose que toi, il t'aidera à renforcer tes pouvoirs de prêtresse.

La colère de Kyoko monta à nouveau en flèche en se demandant comment diable le propriétaire avait su qu'elle était une prêtresse. La bourse n'avait rien dit à propos de cela. Elle était partie ces deux dernières années afin d'essayer d'enterrer ces mêmes pouvoirs pour lesquels le propriétaire lui avait donné une bourse. Elle voulait élucider cette histoire le plus tôt possible.

Regardant son assiette, Kyoko dit d'une voix tendue :

- Peut-être que c'est une erreur. Y a-t-il un moyen de parler tout de suite au propriétaire de l'école ?

Toya plissa les yeux. Kyou lui avait dit qu'elle pourrait demander à le voir, et même si Kyou ne voulait jamais voir personne en dehors des cours, il lui avait demandé de l'amener à lui directement si elle avait des questions.

- Qu'est-ce qui ne va pas, tu as peur ?

Il la nargua et fut récompensé lorsque ses yeux houleux fixèrent les siens avec une colère agacée. Donc, cette fille pensait pouvoir le gérer. Eh bien, cela pourrait être amusant de la voir essayer de lancer ce regard à Kyou. Il avait vu la peur que Kyou pouvait provoquer instantanément chez quelqu'un sans avoir à dire quoi que ce soit.

- Bien, je vais t'emmener le voir dès que tu seras prête, la défia Toya en se demandant si elle accepterait le défi.

La colère de Kyoko s'atténua en entendant cela. Repoussant son assiette sur le côté, elle hocha la tête, heureuse de mettre un terme à son bluff.

- Je suis prête si tu l'es.

Elle haussa les sourcils vers lui.

- Qu'est-ce qui presse ?

Toya se leva avec un sourire narquois.

- Tu devrais contenir ta colère car il la sentira.

Il se moquait d'elle, pensant qu'elle ne savait pas du tout dans quoi elle mettait les pieds. Kyoko plissa les yeux vers lui, puis se leva, jetant à nouveau un coup d’œil à Suki et Shinbe.

- On se verra après, si vous venez me voir. Je vous attendrai dans ma chambre et on pourra faire des projets pour ce soir.

Elle fit un clin d’œil à Suki, puis regarda à nouveau Toya et ajouta d'une voix monotone :

- Enfin, si je décide de rester.

Il lui tourna le dos en soupirant et elle le regarda se retirer, puis le suivit en faisant un signe de la main aux autres par-dessus son épaule. Elle remarqua rapidement la manière dont les autres étudiants s'écartaient précipitamment du chemin de Toya et s'interrogea :

- C'est qui ? La brute de l'école ?

Kyoko n'allait pas lui donner la satisfaction de courir pour le rattraper, alors elle marcha en prenant son temps, restant volontairement en arrière. Étant toujours légèrement en colère contre lui, elle rougit presque lorsque ses yeux dévièrent vers son postérieur. Cela l'irritait encore plus de voir ses cheveux balayer l'arrière de son pantalon, lui donnant un aperçu de la ferme rondeur qu'il y avait en dessous. Exaspérant et mignon, c'était une combinaison horrible.

Secouant sa tête intérieurement, elle continua à le suivre, maudissant ses yeux errants.

- Il faudrait être complètement stupide pour penser que quelqu'un qu'on ne supporte pas... est mignon, marmonna-t-elle. Agaçant... Hostile... et peut-être Arrogant... Mais jamais mignon.

Elle sourit, se sentant déjà mieux.

Une prise de conscience étrange grimpa le long de son dos, et ses yeux se dirigèrent droit devant elle et fixèrent des yeux noirs qui transperçaient les siens. L'individu se tenait contre un mur en haut des marches, l'observant. Il avait des cheveux d'ébène qui ondulaient le long de son dos et par-dessus ses épaules, et ses yeux bleu nuit étaient intenses. Il était très attirant mais elle se sentait... menacée. Elle détourna le regard.

- Kyoko, ressaisis-toi. Arrête d'analyser toutes les personnes que tu vois, se dit-elle sévèrement, même en tentant de le regarder à nouveau avec ses yeux émeraudes.

- Voilà la fille la plus jolie du campus.

Kyoko sentit un bras musclé se poser autour de ses épaules et se tourna pour voir, se souvenant de la voix de celui qui lui avait montré où était sa chambre plus tôt ce matin. Elle sentit à nouveau les pointes de ses propres cheveux lui chatouiller le visage tandis qu'une brise sortant de nulle part semblait lui caresser les joues.

 

Elle lui fit un sourire chaleureux mais en même temps, elle se pencha et fit un mouvement d'épaule pour se débarrasser de son bras.

- Kotaro, contente de te revoir. Merci pour ton aide ce matin, dit Kyoko nerveusement, ne souhaitant pas être traitée aussi familièrement.

Elle pensait qu'il était gentil et tout, mais elle n'avait jamais dit qu'il pouvait mettre son bras autour d'elle. Kotaro resta inchangé alors qu'il prit sa main dans la sienne.

- Y a-t-il un autre endroit où je pourrais t'escorter, Kyoko ?

Il regarda ses yeux émeraudes, sachant qu'il les avait déjà vus auparavant... quelque part. Il avait la vague impression de s'être noyé joyeusement dedans, autrefois.

Kyoko jeta un coup d’œil en haut des marches et vit que Toya s'était arrêté et retourné, ayant à nouveau l'air fâché. Elle aurait pu jurer l'avoir entendu grogner contre elle ou contre Kotaro, elle ne savait pas contre qui.

Toya ne savait pas ce que Kotaro préparait, mais il n'aimait pas sa façon d'agir si amicalement avec Kyoko. Un grognement profond sortit de son thorax alors qu'il donna un avertissement :

- Je peux gérer la situation, Kotaro, sauf si tu veux l'emmener voir Kyou.

Il regarda Kotaro de travers, sachant que Kotaro ne s'approchait pas de Kyou sauf pour les cours ou lorsqu'il était convoqué.

Kotaro lâcha la main de Kyoko.

- J'espère que tout va bien, Kyoko.

Il regarda Toya d'un sale œil puis se retourna vers elle.

- Fais attention à l'engelure juste là. S'il dérape, je m'occuperai de lui pour toi.

Kotaro regarda Toya d'un air suffisant, puis hocha la tête vers Kyoko et se tourna, redescendant les escaliers.

Kyoko entendit Toya soupirer et l'observa tandis qu'il se tournait et marchaiy le long du couloir, comme elle l'avait fait ce matin.

Cette fois, elle se dépêcha et le rattrapa juste à temps pour le voir passer les portes indiquant « NE PAS ENTRER ». Kyoko se demandait où ils allaient. Alors qu'elle suivait son dos raide, elle se disait qu'il la ramenait dans sa propre chambre. En effet, lorsqu'il s'arrêta devant sa porte, Toya se tourna vers elle et elle lui lança un regard agacé jusqu'à ce qu'il ait levé la main vers la porte juste en face de la sienne, puis toqua.

Kyoko était choquée. Le propriétaire était dans la pièce juste en face de la sienne ? Encore une fois, les paroles de son frère revinrent la hanter. « Impossible ! » Sans attendre une réponse, Toya ouvrit la porte et poussa Kyoko devant lui, à l'intérieur.

Instantanément, Kyoko se tourna vers lui.

- Je ne sais pas quel est ton problème mais pourrais-tu, s'il te plaît, ne pas me pousser, s'exclama-t-elle en le repoussant. Ou me toucher. Je ne t'ai rien fait.

Les poils se dressèrent à nouveau sur sa nuque lorsqu'elle remarqua que Toya regardait derrière elle.

Les épaules de Kyoko s'effondrèrent. Maintenant, elle l'avait fait. Devait-elle toujours exploser sans penser à l'endroit où elle se trouvait ou à ceux qui pourraient regarder ?

Toya vit Kyoko se crisper et il sourit d'un air narquois, baissant ses yeux vers la fille qui, tout d'un coup, semblait toute petite.

- Tu ne voulais pas parler à quelqu'un ?

Alors que Kyoko ne se retournait pas, Toya regarda à nouveau Kyou et plissa les yeux lorsqu'il remarqua que Kyou se tenait contre la porte du salon, fixant Kyoko comme s'il était en transe.

- Que diable ? se dit Toya.

Pourquoi Kyou était-il en train de la regarder comme s'il avait vu un fantôme ? Quelque part, il ne voulait pas identifier le sentiment de jalousie que cela causait. Cela provoquait une sensation désagréable dans son ventre lui donnant envie de se placer entre eux deux et d'empêcher Kyou de voir Kyoko. Il voulait la protéger.

Kyou ne trouvait momentanément plus ses mots, voyant Kyoko de si près pour la première fois depuis plus d'un millénaire. L'air seul autour d'elle avait l'odeur de la force dont il se rappelait... la même force indéniable qui l'avait attiré vers elle par le passé n'avait pas disparu.

Ses yeux dorés se posèrent sur le gardien derrière elle avec une sorte d'indifférence détachée. - Toya, va-t'en.

Un ton dangereusement menaçant pouvait se faire entendre.

Un grognement s'éleva du fond de la gorge de Toya et il serra ses poings sous le coup de la colère, tandis qu'un sentiment semblait s'élever et venir le hanter d'un endroit caché et inconnu au plus profond de sa mémoire. Sans rien ajouter, Toya se tourna et sortit comme un ouragan en claquant la porte.

Kyoko regardait Toya partir tandis que son esprit tournait en rond avec des pensées chaotiques. Tout d'un coup, elle sentit l'envie de courir après lui. Décidant de ne pas être une lâche, elle releva la tête et trouva enfin le courage de se retourner, simplement pour ne pas en croire ses yeux.

Au lieu de voir un vieil homme en costume amidonné comme elle s'y attendait, elle se retrouva face à face avec... Ses yeux dorés brûlaient dans ses propres yeux, cela lui donnait l'impression de ne pas pouvoir regarder ailleurs. Ses cheveux argentés s'étendaient sur ses épaules et sur son corps parfaitement taillé. Il était grand et beau, avec une touche d'arrogance entourant son corps majestueux et un visage qui ne pouvait être qu'un don du ciel.

Kyoko ferma immédiatement ses yeux. Qu'est-ce qui n'allait pas chez elle ? Elle était venue ici pour poser des questions, pas pour baver d'admiration. Lorsqu'elle ouvrit à nouveau ses yeux, il était beaucoup plus proche. Instantanément, elle fit un pas en arrière pour s'éloigner de la noblesse et de la supériorité qui l'entouraient, pour au final sentir la dureté de la porte contre son dos... la piégeant.

Kyou avait commencé à marcher vers elle sans réaliser ce qu'il faisait. Cependant, lorsqu'il remarqua qu'elle s'éloignait de lui, il haussa les sourcils avec élégance, tendant sa main vers le sofa. - Voudriez-vous vous asseoir, Mademoiselle Hogo ?

Il savait qu'elle avait des questions à lui poser. Il aurait été déçu si elle n'en avait pas eu.

Kyoko déglutit nerveusement mais releva la tête avec arrogance, se frayant un chemin jusqu'au sofa et en gardant autant de distance que possible entre eux deux dans l'unique espoir de faire fonctionner son cerveau normalement. Elle rit intérieurement d'un air tremblant.

- La première chose que j'aimerais savoir, qu'est-ce qui vous fait croire que je suis une prêtresse ?

Elle le regarda avec méfiance et paniqua presque lorsqu'il s'assit à côté d'elle sur le sofa au lieu de s'asseoir sur la chaise de l'autre côté de la table basse. Kyoko se déplaça et se tourna en le regardant, et s'empêcha de s'éloigner encore plus de lui pour ne pas montrer sa peur.

- Alors elle veut jouer, songea Kyou oisivement, mais il se débarrassa aussitôt de ses pensées intrigantes.

- Qu'est-ce qui vous fait croire que je ne saurais pas que vous êtes une prêtresse ? répondit-il d'une voix anormalement calme.

Elle était si petite par rapport à lui alors qu'il se penchait vers elle en regardant son visage en forme de cœur.

Kyoko observa les plans de son visage parfait à la recherche de la moindre émotion, et fut surprise de n'en trouver aucune. Il ressemblait à une structure de perfection et de sérénité, et cela l'irritait au plus haut point.

- Est-ce que vous répondez toujours à une question par une question, Monsieur... ?

Elle balbutia en ne connaissant même pas son nom de famille.

Kyou sourit mais intérieurement pour qu'elle ne pût pas le voir. Eh bien, il pouvait dire qu'il y avait toujours de la vie en elle, et cela ne lui déplaisait pas. Cela lui donnait juste envie d'en voir plus. - Monsieur Lord, mais vous pouvez m'appeler Kyou, sauf si vous préférez Lord.

Il la coinça avec un regard ardent. Kyoko retourna ce même regard.

- Pourquoi... suis... je... là ?

Elle prononça ces mots lentement et un par un, comme si elle parlait à un enfant. Tiens, voyons voir comment il compte répondre à cela.

- Monsieur Lord, mon cul, maugréa Kyoko intérieurement sans jamais détourner le regard.

Ayant lu les pensées de Kyoko, les yeux dorés de Kyou rayonnaient tandis qu'il les plissait en fixant ses yeux émeraudes. Il s'approcha un peu plus d'elle, sachant qu'il l'intimiderait en faisant cela. Il pouvait le sentir.

- Vos pouvoirs de prêtresse sont faibles et non entraînés, sinon, vous comprendriez pourquoi je sais que vous êtes une prêtresse.

Il sifflait presque, perdant son calme rien qu'un instant avant de reprendre une expression sereine.

- Je vous enseignerai les arts martiaux et je vous apprendrai à obtenir plus de force... ce dont vous manquez.

Pour Kyoko, les derniers mots qu'il avait prononcés ressemblaient presque à une insulte. Étant connue pour être une tête brûlée, elle se pencha en se retrouvant presque nez à nez avec lui, et le sarcasme était imposant.

- Peut-être que je cache simplement mon vrai pouvoir, et quand je trouverai une cible qui le mérite, je le libérerai.

La colère la rendait intrépide, ou stupide, elle ne savait pas trop à ce moment-là.

Kyou se pencha encore plus près, rapprochant ses lèvres des siennes pour que son souffle chaud caressât sa bouche. Il chuchota d'une voix grave :

- Prêtresse.

Chapitre 4 « Faire attention »

Kyoko eut un mouvement de recul, sentant tout d'un coup des ondes émaner de lui, des ondes qu'elle n'était pas censée sentir. Quelque chose était en train de se passer et elle avait l'impression d'être la dernière au courant.

- J'ai besoin de réponses, chuchota-t-elle nerveusement, mordant sa lèvre inférieure dans l'espoir de se débarrasser de cette sensation de chatouillement que Kyou avait créée.

Elle souhaitait pouvoir se débarrasser rapidement des frissons à couper le souffle qui avaient décidé de se répandre dans son système nerveux.

Inhalant l'odeur de Kyoko et sentant son propre sang chauffer instantanément, Kyou se pencha en arrière. Il avait vu le petit corps de cette fille frissonner, mais pas de dégoût. En jetant un coup d’œil vers le bas, il sourit presque d'un air narquois lorsqu'il vit les bras de Kyoko prendre vie en ayant la chair de poule.

La voix légèrement arrogante lui demanda :

- Pourquoi réprimez-vous votre pouvoir ? Vous devez être consciente de votre environnement avant que le passé ne se répète.

Kyoko eut la gorge serrée.

- Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? Se crispa-t-elle.

- Vous êtes consciente qu'il y a des immortels dans cette école, n'est-ce pas ?

Ses yeux brillaient de quelque chose que Kyoko n'avait jamais vu, et sa voix était sévère, comme s'il désapprouvait.

- Les démons se rapprochent de nous en ce moment même.

Les yeux de Kyoko s'élargirent puis se plissèrent. Jouait-il avec elle ?

- Qu'est-ce qui vous fait penser qu'il y aurait des gardiens et des démons ici ? demanda-t-elle en se moquant d'un air indigné.

En un clin d’œil, Kyou l'attrapa par les bras et la tira brusquement, sa tête s'inclina à deux centimètres du visage de la jeune fille. Il grogna avec colère :

- Faites attention.

Kyoko cligna des yeux, n'en croyant pas ses yeux. La personne qui se trouvait en face d'elle n'était pas la même personne à qui elle était en train de parler à l'instant. Elle voyait des yeux dorés anormalement vifs et agacés, et plus bas, des petits crocs d'une blancheur inégalée. Elle pouvait également sentir les griffes inconsciemment enfoncées dans ses bras à ce moment-là.

La longueur de ses cheveux avait doublé en un instant, et ils semblaient presque flotter autour de lui comme s'ils attendaient de la reconnaissance. En criant d'effroi, Kyoko se dégagea de son emprise et recula rapidement, mais en vain. Kyou s'était rapproché d'elle d'un pas menaçant.

- Vous êtes un gardien ? bégaya-t-elle sans conviction.

 

- Et vous êtes la prêtresse qui aurait déjà dû le savoir, siffla-t-il en la suivant même s'il sentait sa colère s'atténuer.

Elle se retourna pour courir vers la porte et cria instantanément lorsqu'elle sentit des bras musclés l'envelopper par derrière.

Le corps de Kyou se serra autour d'elle alors qu'elle se débattait. Il la souleva du sol tandis qu'elle donnait des coups de pied dans le vide afin de lui échapper. Lui donnant assez de temps pour comprendre qu'essayer de lui échapper était inutile, il plaça ses lèvres près de son oreille et chuchota :

- Vous resterez ici jusqu'à ce que vous soyez assez forte pour vous libérer de ces bras, prêtresse.

Puis, il la transporta dans les airs pour pouvoir la jeter de nouveau sur le sofa bien trop moelleux, où elle atterrit en rebondissant légèrement. Maintenant qu'elle lui faisait de nouveau face, Kyoko lui cria dessus d'un air furieux, puis cligna de nouveau les yeux lorsque son apparence redevint celle de l'homme à qui elle était en train de parler.

Elle le regarda furieusement, serrant son poing vers le haut.

- Bon sang, qu'est-ce qu'il se passe ?

Kyou se tenait debout devant elle d'un air serein, mais cette fois, ses yeux brillaient encore, - Vous allez rester là.

Il se pencha vers elle.

- Vous allez me laisser vous entraîner.

Il posa ses mains sur le dossier du sofa en la piégeant efficacement.

- Et cette fois, vous gagnerez sans faire de sacrifice.

Son nez touchait presque le sien lorsqu'il prononça cette dernière phrase, montrant à présent son mécontentement.

Kyoko se pencha contre le sofa aussi loin que possible en lui rendant son regard vif. Pourtant, elle ne ressentait toujours aucune menace venant de lui. Même s'il n'était pas humain, il n'avait aucune intention de lui faire du mal. Elle le regarda en fronçant les sourcils, réalisant ce qu'il venait de dire. Sa voix était douce.

- Cette fois ? Qu'est-ce que vous voulez dire... cette fois ?

Kyou inspira profondément.

- Vous avez peut-être oublié, mais pas moi.

L'odeur de Kyoko l'entourait et il ressentait la douleur autour de son cœur oublié, mais elle devait savoir la vérité.

- Nous avons combattu ensemble par le passé, prêtresse, et nous allons bientôt devoir recommencer. »

Les yeux de Kyoko s'adoucirent un instant.

- Qui êtes-vous ?

- Votre gardien. Kyoko, je sais que vous avez tout oublié en sacrifiant vos souvenirs de nous pour pouvoir ramener le Cristal du Cœur du Gardien dans ce monde.

Son regard cherchait le sien et sa voix devint un simple chuchotement :

- Vous devez me faire confiance.

Même s'il venait juste d'essayer de l'effrayer, tout son corps lui disait de lui faire confiance. - Je... vous fais confiance.

Dès qu'elle chuchota ces mots, il la prit dans ses bras. Au début, elle se raidit, puis, en sentant cette enveloppe de chaleur l'entourer, elle céda à cette étreinte relaxante dans une confusion sereine.

Kyou ne pouvait pas s'en empêcher. Il avait eu peur de se faire rejeter depuis bien trop longtemps, et le fait d'entendre ces mots avait enlevé le poids du monde sur ses épaules tendues. Il la serra contre lui, s'entourant de son odeur en blottissant son visage contre ses cheveux.

- Ne t'en va pas cette fois, chuchota-t-il dans un moment de faiblesse.

Kyoko pouvait sentir la tendresse dans ses mots et dans ses bras, pourtant, il venait juste de lui foutre la trouille quelques minutes plus tôt, et à présent, il la tenait comme si sa vie en dépendait. Elle ne savait pas si elle devait le craindre ou tendre la main pour caresser sa joue lisse.

Elle avait tout un tas de questions, elle marmonna contre son torse :

- Je veux me souvenir de ce que vous dites que j'ai oublié. Qu'est-ce que je dois savoir ?

Kyou ferma ses yeux dorés, ne voulant pas déjà revenir dans le monde réel... Elle était là où elle devait être... dans ses bras. Il la relâcha contre le sofa à contrecœur tout en soupirant, puis, il s'assit à côté d'elle.

Passant sa main dans sa frange un peu trop longue, Kyou prit une grande inspiration pour calmer ses instincts en furie. Réprimant ses désirs, il fixa le mur devant lui et commença à lui raconter ce qu'elle voulait savoir. Il y avait une différence entre entendre quelque chose et s'en souvenir.

- Tu auras de l'aide. Tous ceux qui sont arrivés de la même manière que toi, avec une bourse, je les ai réunis pour toi. Ils ne se souviennent pas de toi et tu ne te souviens pas d'eux, mais ils ont combattu auprès de toi par le passé, et ils le referont lorsque le moment viendra.

Sa voix avait une touche de souvenirs du passé.

Les yeux de Kyoko s'élargirent.

- Suki et Shinbe ? Le questionna-t-elle en se demandant pourquoi elle le croyait si aisément.

Kyou hocha la tête.

- Je vois que tu les as rencontrés. Oui, tu étais très proche d'eux, ainsi que Toya qui te protégeait comme personne.

Toya ? Sourcilla-t-elle en le regardant. Vous vous moquez de moi.

Puis, elle ajouta dans sa tête :

- Il ne m'aime même pas.

Kyou soupira avec réticence.

- Toya n'a pas changé dans cette vie, il est toujours le même jeune homme odieux et têtu qu'avant. Mais oui, il te protégeait avec une ardeur redoublée et aurait donné sa vie pour toi si besoin.

Kyoko fronça les sourcils.

- Il ne se souvient pas ?

Elle sentait qu'il lui disait la vérité, et cela avait du sens, sachant qu'il y avait un trou dans sa propre mémoire. Ses yeux cherchaient à croiser les siens, voulant récupérer ce savoir.

Kyou secoua légèrement la tête.

- Je suis le seul à ne pas être revenu avec toi. Par conséquent, je suis le seul à me souvenir de ce qu'il s'est passé. Toya ne se souvient même qu'il est mon frère.

Kyoko inspira face à un tel aveu. Elle devait savoir.

- Frères ? Comment se fait-il que vous soyez le seul à vous souvenir ?

- Tu as abandonné tous tes souvenirs durant la bataille pour pouvoir détruire le mal de notre monde et sauver le Cristal du Cœur du Gardien. À cet instant, tu as adressé un vœu au cristal, celui de revoir tout le monde. Tu ne voulais pas les perdre. Lorsque tu as disparu d'un coup, tout le monde t'a suivie... dont l'ennemi.Tu les as involontairement amenés ici... avec toi.

Il soupira avec regret.

- J'avais lancé un sort sur moi pour me protéger de tels vœux.

Son regard devint distant comme s'il revivait les souvenirs.

- Tu as pris tout le monde avec toi, et tu ne le savais même pas. Ils se sont tous réincarnés ici, à ton époque, me laissant seul dans le passé.

Ses yeux fixèrent les siens.

- Donc, j'ai survécu et je t'ai attendue. Une fois le moment venu, j'ai réuni tous ceux qui m'avaient quitté. Maintenant, tu as ramené le cristal avec toi, et la malveillance qui le désire...

Sa voix devint plus grave.

- … Le mal a déjà commencé à te chercher et je ne le permettrai pas.

Kyoko hocha la tête en essayant de comprendre.

- Donc, tous ceux qui sont arrivés de la même manière que moi, je peux leur faire confiance ?

Il hocha la tête et Kyoko poursuivit :

- Est-ce qu'ils sont au courant ?

Kyou secoua la tête.

- Ils sentiront un lien et il se renforcera, mais à part ça, je ne connais pas le futur, seulement le passé. Ils te protégeront comme avant. C'est la raison pour laquelle ils sont nés... leur raison de vivre.

Il détourna rapidement le regard de ses grands yeux, sachant que la vérité de ses mots le concernait aussi.

- On a encore un peu de temps, mais pour l'instant, je veux que tu arrêtes de cacher tes pouvoirs de prêtresse et que tu prennes conscience de ton environnement. Je te surveillerai, et j'ai demandé à Toya d'en faire de même.

Kyoko le regarda avec attention, essayant de se souvenir de quoi que ce soit le concernant. Il semblait la connaître si bien. En le fixant droit dans les yeux, elle demanda avec curiosité :