Les Coeurs Dammnés

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Les Coeurs Dammnés
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Table of Contents

  Chapitre 1 "Sacrifice"

  Chapitre 2 "Une voix du Passé"

  Chapitre 3 " Le lycée des obsédés"

  Chapitre 4 " Les Bad Boys et Roméo"

  Chapitre 5 "Le fantôme de l'Opéra"

  Chapitre 6 "Ce que Craignent les Démons"

  Chapitre 7 "Le réveil "

  Chapitre 8 "Énigme"

  Chapitre 9 "Séduction"

  Chapitre 10 " Dangereuse Jalousie"

  Chapitre 11 "Sans invitation"

  Chapitre 12 " Rivalité Fraternelle"

  Chapitre 13 "Coeurs Jaloux"

  Chapitre 14 "Prise entre les deux"

  Chapitre 15 "Comportement Perturbateur"

  Chapitre 16 " Point de Rupture"

  Chapitre 17 "L'Ange aux Ailes de Jais"

  Chapitre 18 "Les Démons Entre Nous."

  Chapitre 19 "Des attaches qui vous lient"

Les Cœurs Damnés

Série Le Cristal du Cœur du Gardien Livre 8

Amy Blankenship

Traduit de l’Américain par Bella Nazaire

Copyright © 2010 Amy Blankenship

Édition Anglaise Publiée par Amy Blankenship

Seconde Édition Publiée par TekTime

Édition Française Publiée par TekTime

Tous droits réservés

Chapitre 1 "Sacrifice"

Les frères gardiens se retrouvaient autour des restes de la statue de la jeune-fille. Même blessés et ensanglantés, ils avaient encore de l'allure.

Leurs ailes translucides étendues derrière eux telles celles des anges de légende, mais les armes meurtrières qu'ils venaient d'utiliser afin de repousser la pluie de démons disaient leur véritable nature.

Les gardiens étaient plus dangereux et létaux que les démons ne pourraient jamais espérer être.

Ils sont les protecteurs du Cœur du Temps... Le portail temporel qui relie le monde des démons à celui des humains.

Le temps et l'espace sépare les deux afin que nul ne puisse franchir la frontière sans passer par le portail sacré. Les gardiens n'avait jamais pensé retourner un jour leur pouvoir contre ce qu'ils étaient destinés à protéger dès leur naissance.

Les vents du changement avaient commencé à souffler trois années plus tôt lorsque la statue de la jeune-fille avait soudain commencé à émettre de la lumière, révélant le fait que la prêtresse humaine était née de nouveau de l'autre côté du Cœur du Temps.

Hyakuhei, jadis le plus puissant des gardiens, devenu seigneur des démons, avait attaqué, créant l'agitation chez ses serviteurs démoniaques alors qu'ils tentaient de traverser le portail... Essayant d'atteindre la prêtresse de l'autre côté.

Les gardiens savaient pourquoi Hyakuhei avait attaqué avant une fureur si passionnée, mais les motifs de l'obscur gardien n'avaient pas d'importance... Ils ne pouvaient le permettre. Leur intense guerre avait fait rage pendant trois longues années, sans jamais s'arrêter, affaiblissant les deux camps... Jusqu'à ce jour. Hyakuhei avait relâché les plus fourbes des démons, les regroupant avec des démons moins puissants afin de batailler sans pitié.

En envoyant l'armée du mal pour supplanter les gardiens par la simple supériorité numérique, Hyakuhei avait étendu ses ailes sombres et ombrageuses, faisant appel à son pouvoir ultime afin de déstabiliser la frontière et de faire une échappée dans le domaine des humains. C'était arrivé si vite qu'aucun des gardiens n'avait réussi à savoir combien de démons avaient pu passer la frontière avec lui et le seul moyen de s'assurer que d'autres ne suivraient pas avait été de détruire le Cœur du Temps.

A présent, les gardiens se trouvaient à la croisée des chemins. Hyakuhei et les démons seraient libres de poursuivre la prêtresse au sein du monde des humains, parce qu'une fois le portail temporel détruit... Les gardiens ne pouvaient pas l'atteindre.

"Nous n'aurions pas dû faire cela," gronda Toya, considérant d'un œil furieux la pile de décombres depuis l'endroit ou il se tenait agenouillé. La perte de sang avait aspiré son énergie mais pas sa colère. Il avait envoyé toute la puissance possible à travers le portail temporel l'instant suivant la traversée de Hyakuhei. Il espérait seulement qu'il avait pu blesser le seigneur démon en le faisant. "Hyakuhei la pourchassera !"

"Elle n'est qu'un bébé. Trois ans et impuissante contre eux." La tristesse dans la voix de Kamui était prégnante alors que dans ses yeux scintillaient des larmes. Il tenta d'essuyer toute trace mais ne parvint qu'à laisser des traces de sang en travers de sa joue. "Et si les démons la trouve avant lui ?"

"Elle n'aura aucune chance contre eux" Kotaro,dans le déni, ferma ses yeux bleu glacier. "Elle n'a personne là-bas capable de la protéger contre les démons... Ou conte Hyakuhei."

Les ailes améthyste de Shinbe disparurent comme il enveloppait de son bras la crevasse à travers sa cage thoracique.

Il guérirait, mais cela ne servirait à rien. "Nous avons peut-être empêché le reste des démons d'entrer dans notre monde... Mais en vérité, nous aurons tout perdu si il lui mets la main dessus."

Kyou était le seul encore debout dans toute sa hauteur, mais uniquement parce qu'il avait choisi d'ignorer ses propres blessures à la lumière du dilemme auquel ils étaient maintenant confrontés. "Ce n'est pas terminé."

Sa voix était dénuée de toute angoisse, contrairement à celle de ses frères.

"Mais de quoi parles-tu ?" persifla Toya en titubant pour se relever. "Le portail temporel est détruit. Nous ne pouvons la sauver." Ses ailes argentées s'évanouirent dans un nuage de plumes, laissant place à sa colère.

Il existe un moyen... Mais le prix est élevé," les informa Kyou.

"Il n'est pas de prix trop élevé," Kamui dit tout haut ce que pensaient les autres tout bas. Il avait les poings serrés le long du corps et le regard déterminé.

La longue chevelure argentée de Kyou virevoltait dans la brise alors que son regard doré se fixait sur celui de Kamui. "Serais-tu prêt à mourir pour elle ?"

"Si cela devait la sauver ainsi que le monde," fut la réponse instantanée de Kamui comme il avançait d'un pas. "Alors ce serait tout sauf un maigre sacrifice."

"Dis-nous seulement ce que nous devons faire," répondit Toya. "Nos vies lui appartiennent déjà... Si il lui faut du sang alors nous saignerons."

Kyou regarda les gardiens les uns après les autres et vit qu'ils étaient tous d'accord.

"Si nous mourrons dans ce monde, nous apparaîtrons dans le sien... Mais il y a un prix à payer pour un tel acte. Nos pouvoirs de gardiens seront divisés par deux, et nos ailes sont le prix à payer car c'est par leur pouvoir que nous seront transportés à travers le temps et l'espace."

"Serons-nous ensemble ?" Shinbe avait pensé à demander.

"Nous sommes frères et cela ne changera jamais. Nous ne renaîtrons pas...Mais nous glisserons à travers le voile du temps tels que nous sommes. Aux yeux des mortels, nous aurons l'air de n'avoir pas plus qu'environs dix-sept ou dix-neuf ans mais notre immortalité nous empêchera de vieillir. Le pouvoir de la descente nous donnera une vie comme si nous avions toujours été là, parmi eux... Auprès d'elle.

La prêtresse est une innocente dans le monde des humains... Elle n'aura aucun pouvoir jusqu'à ce qu'elle atteigne l'âge requis."

Shinbe serra son bâton un peu plus fort en parcourant des yeux le champ de bataille ensanglanté qui les entourait. "Nous avons subi l'attaque de puissants démons bien des fois, et malgré cela nous sommes en vie. Comment penses-tu qu'il faille s'y prendre pour réussir à tuer un gardien ? "

L'ombre d'un sourire se dessina sur les lèvres de Kyou lorsqu'il répondit. "Seul un gardien peut tuer un gardien."

"Si nous devons faire cela, autant en faire un test de force," insista Kotaro en essayant d'éloigner de sa pensée l'horreur d'avoir à tuer son propre frère.

Shinbe acquiesça d'un hochement de tête, ayant compris ce qu'essayait de faire Kotaro. "Nous nous sommes toujours demandé qui parmi nous était le plus fort."

 

Les yeux luisants de Kamui devinrent noirs et la couleur d'ébène s'étendit rapidement à travers ses ailes comme pour dévorer la poussière d'étoiles qui scintillait dessus avec ses particules multicolores. Dès l'instant ou Kamui fut en possession de son véritable pouvoir, cela devint un combat à mort.

En l'espace de quelques instants, Toya fut le dernier encore debout. Il tomba à genoux sous le poids de la douleur de ce qu'il venait d'accomplir, et de ce qu'il lui restait encore à faire. Personne n'avait pensé au sacrifice le plus véritable qu'il y avait à faire.

"Afin d'être avec toi," sa voix n'était qu'un murmure alors qu'il gardait le reste de ses pensées profondément en lui. Se saisissant fermement de ses dagues jumelles, il les plongea dans son propre Cœur. Le dernier de ses pouvoirs avait activé les poignards sacrés alors que la glace se répandait rapidement depuis son Cœur... Suivie par les flammes.

Chapitre 2 "Une voix du Passé"

15 ans plus tard...

Kyoko fit un arrêt devant la porte du bureau, ne souhaitant pas y entrer. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle avait toujours vécu au pensionnat de jeunes filles et aussi loin que portait sa mémoire, être convoquée dans le bureau de Madame Merde n'avait jamais été une bonne chose. La phrase "Oh Merde" prenait une toute nouvelle signification.

"Entrez, Hogo." Même en étant quelque peu étouffée car provenant de l'autre pièce, la voix féminine semblait dure et inflexible, le genre de voix qui tapait sur les nerfs.

Kyoko eut un mouvement de recul, se demandant comment la vieille dame pouvait savoir qu'elle se tenait là. Elle regarda à nouveau autour d'elle, cherchant des yeux une caméra espion qu'elle n'avait jamais découvert puis haussa les épaules et ouvrit la porte.

En voyant que la directrice n'était pas seule dans son bureau, Kyoko se mit à déplacer son poids d'une jambe vers l'autre nerveusement en se demandant ce qu'elle avait bien pu faire cette fois pour se trouver dans les ennuis. Puisque l'école se situait au milieu de nulle part et que les garçons n'y étaient pas admis, elle n'avait jamais été dans la même pièce qu'une personne du sexe opposé et détourna instantanément son regard de lui.

"Prenez un siège, Mademoiselle Hogo, nous avons plein de choses à discuter." Madame Merde avait dit cela avec toute la condescendance dont elle était capable. Même elle, semblait secouée par le fait que sa très digne école ai été envahie par un homme. "Voici Monsieur Sennin, un avocat en charge des affaires de votre famille depuis que vous avez été placée dans notre école. Il vient de m'informer que sa mission touche à sa fin et que tous les droits liés à la succession vous reviennent à partir de ce soir, minuit."

Kyoko cligna des yeux plusieurs fois, dans sa grande confusion. La quoi de sa famille ? On lui avait toujours dit qu'elle était une pupille de l'école et elle avait cru que cela signifiait qu'elle était orpheline. Son anniversaire était le lendemain mais... Kyoko s'arracha à ses pensées lorsque Madame Merde se leva brusquement et se dirigea vers la porte du bureau.

La vieille femme avait le dos raide comme une planche et ses talons cliquetaient bruyamment sur le bois du parquet. Son regard baissé descendant le long de son nez par delà les embarrassantes lunettes qui pendait au bout. "Je laisse le soin à Monsieur Sennin de vous expliquer le reste." La porte se referma avec un claquement sonore, laissant Kyoko en compagnie de l'homme, seule dans le bureau.

"Puis-je vous appeler Kyoko ?" Monsieur Sennin demanda poliment. Personnellement, il était bien aise que la vieille carne les ai laissés seuls.

Dans sa voix éraillée résonnait le poids des ans mais elle était douce et calme à la fois, ce qui décida enfin Kyoko à relever ses yeux d'émeraude au niveau des siens. Il portait le costard cravate typique d'un avocat, mais son sourire était celui d'un gentil grand-père car il remontait jusqu'à ses yeux gris pétillants. Elle hocha la tête, prenant un moment pour retrouver la parole.

"Vous connaissez ma famille ?" Kyoko posa la seule question à laquelle elle pensait ne jamais obtenir de réponse.

"Je les ai très bien connu. Votre grand-père était mon meilleur ami." Il soupira alors qu'il tirait la chaise de Madame Merde pour l'approcher de celle de Kyoko de l'autre côté du bureau. Votre grand-père vous a amenée à moi lorsque vous n'aviez que trois ans avec des instructions très précises et un testament. Il est mort dans un étrange accident à peine quelques heures après avoir quitté mon cabinet."

Le vieil homme pris une grand inspiration comme si le souvenir lui causait une grande souffrance, puis il commença son explication. "Votre grand-père vint à moi en toute confiance. Il me raconta que chacun dans votre famille était en danger. Vos parents venaient juste de décéder dans de mystérieuses circonstances et il craignait pour votre vie... Craignant sans doute que vous soyez la prochaine, je suppose."

Il s'agita comme si une lutte interne l'empêchait de poursuivre. "Voyez-vous... Votre mère et votre père furent retrouvés dans le salon de votre maison de famille, ils semblaient avoir été déchiquetés par un animal non identifié. " Ses yeux s'assombrir à cette pensée." Mais il n'y eut jamais aucune preuve de la présence d'animaux dans la maison."

Monsieur Sennin fronça les sourcils, "Lorsque la police est arrivée, elle a cherché votre jeune frère Tama, mais il avait disparu sans laisser de traces. Vous vous trouviez avec votre grand-père à la foire du comté au moment de la mort de vos parents. Mais lorsque les enquêteurs ont fouillé la maison, c'est dans votre chambre qu'ils ont trouvé le plus de dégâts. C'est alors que votre grand-père vous a amenée à mon bureau."

"Ils sont tous morts ?" Kyoko se senti comme aveuglée par des phares de voiture... Apprendre dans la foulée qu'elle avait une famille et qu'elle l'avait perdue. "Personne ne m'a jamais rien dit de tout ceci. On m'a toujours dit que j'étais une pupille de l'école, c'est tout. On ne m'a jamais autorisée à quitter l'enceinte de l'école. "Elle cligna des yeux en se demandant si elle n'aurait pas mieux fait de ne rien savoir.

Monsieur Sennin hocha la tête, "Mes instructions étaient de vous envoyer dans un pensionnat isolé aussi éloigné que possible de votre maison familiale, puis de n'avoir aucun contact avec vous sous aucune forme jusqu'à votre dix-septième anniversaire. J'ai toujours réglé vos frais de scolarité depuis un compte offshore pour éviter qu'on établisse un lien."

Il balaya la pièce du regard semblant regretter son isolation. "La seule raison de mon choix est que ce lieu est sur une terre sacrée... Bénie par les moines qui vivent dans le monastère au sommet de la montagne. Leur lignée et leurs traditions sont parmi les plus vieilles au monde... Et les plus puissantes. J'ai aussi demandé qu'on ne vous autorise jamais à quitter l'enceinte de l'école. Voyez-vous, votre grand-père était convaincu que si vous n'étiez pas dissimulée quelque part... Que les démons vous trouveraient."

La surprise provoqua chez Kyoko un mouvement de recul. " Les démons ?" C'était cela, son secret et elle ne l'avait jamais révélé à personne. Ses camarades de chambre l'avaient toujours questionnée à propos de ses cauchemars lorsqu'elle se réveillait en hurlant, mais elle leur répondait simplement qu'elle ne se rappelait pas des rêves. Elle baissa les yeux de crainte qu'il ne lise la peur dedans.

Kyoko essaya d'écarter les visions qui tentaient de se former dans son esprit. L'image mentale du portrait de famille qu'elle avait secrètement porté dans son Cœur était à présent recouverte de sang. Clignant des yeux pour chasser cette vision jusqu'à ce que tout ce qu'elle puisse voir soit le brave homme qui lui avait parlé si franchement lorsqu'elle avait posé la question :

"Il se passera quoi, ce soir à minuit ? Madame Merde dit..."

"Madame Merde," Monsieur Sennin rit puis s'éclaircit la gorge. "Vous devez admettre que ce nom lui convient parfaitement."

Il partagèrent un sourire puis il plaça son dossier rempli de paperasse sur le bureau devant Kyoko. "Il y a une maison assez grande et une somme d'argent encore plus grande qui doivent vous revenir ce soir à minuit. Vous pouvez rester ici aussi longtemps que vous le désirez, ou vous pouvez rentrer chez vous dans la maison ou vous êtes née et y terminer votre dernière année de lycée."

Les lèvres de Kyoko s’entrouvrirent et la taille de ses yeux émeraude avait doublé à mesure qu'il parlait. "J'ai une maison ?" Il avait l'air un peu contrit lorsqu'il répondit. "Oui. Elle est située à la bordure de la ville et la terre qu'on peut voir derrière est à vous aussi loin que porte le regard. Il y a même une piscine chauffée creusée dans le sol au milieu des jardins fleuris à l'arrière de la maison, qu'on ne peut apercevoir depuis la route. Vous aurez toute l'intimité que vous pourrez souhaiter."

La voyant se mordre la lèvre inférieure, il tenta d'apaiser ses craintes. "La maison n'est pas au milieu de nulle part comme cette école. Il y a une énorme maison de l'autre côté de la rue et il y a toujours beaucoup d'allées et venues. Je l'ai remarqué car ma femme et moi avons été dans votre maison une fois par mois afin de faire un peu de nettoyage pendant ces quinze dernières années. Nous l'avons même réapprovisionnée récemment pour le cas où vous souhaiteriez d'y venir."

Un sourire gagna lentement les lèvres de Kyoko comme elle tendait la main vers l'unique chose qu'elle avait toujours voulu. A l'intérieur du dossier se trouvait la photo d'une vaste maison avec un jardin fleuri bien entretenu et une longue allée. Chez elle... Elle avait un foyer, un lieu ou sa famille avait jadis vécu et connu le bonheur.

Levant les yeux à nouveau vers Monsieur Sennin, elle sourit une fois de plus et lui donna sa réponse. "Quand pourrons-nous partir ?"

*****

Kyoko se tenait sur la pelouse à l'avant, les yeux levés vers la maison dans laquelle Monsieur Sennin lui disait qu'elle avait vécu avec sa famille. La maison possédait deux étages, d'un blanc pur, elle avait d'immenses colonnes se dressant jusqu'au toit du porche avant qui s'étalait sur toute la façade de la maison. Elle était restée debout là pendant près de dix minutes occupée uniquement à absorber tout cela, mais le soleil disparaissait rapidement et elle concentra son attention sur la porte d'entrée.

Cela l'avait rendue nerveuse, de quitter le pensionnat de filles et de prendre l'avion pour traverser l'océan, mais à présent elle était chez elle, une discrète sérénité s'était emparée d'elle. Monsieur Sennin avait vraiment été d'une grande aide, faisant livrer ses bagages à l'avance par l'intermédiaire de sa femme. Il avait même fait transférer son dossier scolaire vers le lycée de la ville de manière à ce que tout ce qu'elle ai à faire le lendemain soit de se rendre en classe.

En voyant la lumière de phares se déplacer sur toute la façade de sa maison, Kyoko jeta un œil par dessus son épaule vers la résidence de l'autre côté de la petite rue à deux voies.

C'était une maison d'environs la même surface que la sienne, mais c'était différent. Chaque pièce de l'autre maison avait la lumière allumée et il y avait tant de voitures dans l'allée... Elle semblait pleine de vie. Les deux maisons étaient construite en bordure de route avec uniquement du terrain autour aussi loin que porte le regard. C'était comme si c'était les seules construites à la lisière de la forêt à proximité des montagnes.

Les phares en question provenaient d'une Jeep qui freina dans un crissement de pneus pratiquement en face de la porte de l'autre maison. Elle entendit le grincement mécanique juste avant de voir la portière s'ouvrir. Se retournant vers sa propre maison, elle comprit à quel point cette maison était véritablement solitaire.

Entendant claquer la portière de la Jeep, elle monta rapidement les marches clé en main et se dépêcha de refermer la porte derrière elle avant même d'avoir allumé la lumière.

 

Sans trop savoir pourquoi, elle sentait qu'elle n'était pas prête à rencontrer les voisins et leur joyeuse famille et leur vie ordinaire. En appuyant sur l'interrupteur, Kyoko expira, réalisant soudainement qu'elle avait retenu son souffle de façon involontaire.

*****

Toya gara négligemment la Jeep et s'en extirpa en jetant un regard à la maison d'en face. Il aurait pu jurer qu'il venait d'y voir quelqu'un dans la cour devant l'entrée. Un sourcil sombre se dressa sous sa frange alors que de la lumière apparaissait dans la pièce principale. Il s'appuya contre la Jeep en se demandant qui pouvait bien se trouver dans la maison des Hogo.

"T'as ramené de la pizza ?"

Toya sursauta violemment lorsque la voix de Kamui s'éleva à un peu moins d'un mètre derrière lui.

Putain, Kamui ! Un de ces jours j'aurais le temps de t'arracher la tête avant de savoir que c'est toi qui est en train de te glisser en douce dans mon dos !

Kamui grimaça, " Me tuer une fois ne t'as donc pas suffi ? " Ses yeux couleur de poussière d'étoiles s'illuminèrent lorsqu'il vit les boîtes de pizza étalées sur le siège arrière. Connaissant la façon de conduire de Toya, c'était un miracle qu'elles aient survécu au trajet. Les ramassant, Kamui commença à retourner vers la maison quand il se rendit compte que Toya n'avait pas bougé d'un pouce.

Suivant alors le regard de Toya, il regarda de l'autre côté de la rue, ne voyant aucune voiture dans l'allée. Il remarqua à peine la faible lueur visible au rez-de-chaussée. "La vieille dame est venue un peu plus tôt aujourd'hui, probablement pour faire encore un peu de nettoyage. Je suppose qu'elle a dû oublier d'éteindre." Kamui haussa les épaules. " Tu viens ?"

" Tu te prends pour qui, ma baby-sitter ?" Toya avait dit ses mots sans grande conviction sans même se donner la peine de le regarder.

"Non, mais je suis guru des pizzas et je dis que si tu ne te grouille pas, tu n'en auras pas." Kamui s'éloigna en riant en entendant le grondement de Toya.

Toya attendit d'être seul dans l'allée avant de commencer à se diriger vers la propriété des Hogo. Il était entré dans la maison à plusieurs reprises pendant ces quinze dernières années, à la recherche d'indices pouvant lui indiquer l'endroit ou la prêtresse avait disparu. Lorsqu'ils venaient d'arriver dans le monde des humains et qu'ils étaient entrés pour la première fois dans cette maison, les gardiens avaient bien cru arriver trop tard. Puis rapidement ils comprirent que la prêtresse n'était pas au nombre des décédés. Ils pouvaient encore sentir sa force vitale dans ce monde et les démons la recherchaient encore eux aussi.

Le premier souvenir que Toya avait de cette maison incluait des ambulances et des voitures de Police partout. La mère et le père étaient morts, et les enfants ainsi que le grand-père avaient disparu. Sans se révéler aux humains, les gardiens avaient attendu et surveillé. Aussitôt que la maison avait été vide, ils y étaient entré... Ils pouvaient sentir l'odeur que les démons avaient laissée derrière eux. Environs deux jours plus tard, le corps du grand-père avait été retrouvé, la nuque brisée. Le bureau du médecin légiste avait conclu à une mort accidentelle mais les frères n'en croyaient rien. Le vieil homme avait un rouleau serré dans la main, Shinbe s'en était saisi avant d'appeler les secours. Shinbe avait également été celui qui avait décodé le rouleau. Le vieil homme avait pénétré subrepticement dans la propriété et était en plein rituel de consécration de la terre et de la maison quand il avait été tué.

Les démons ne s'éloignaient jamais beaucoup de cette zone et au fil du temps, les humains remarquèrent suffisamment de choses inhabituelles pour se mettre à penser que la ville étaient hantée. Les enquêteurs spécialisés dans le paranormal et les extraterrestres, appartenant aux forces spéciales avaient même été envoyées plusieurs fois sur les lieux, pensant sans doute qu'il s'agissait d'une invasion venue de l'espace. Mais en général ils arrivaient toujours un peu trop tard pour trouver quelque preuve que ce fut. Toya et ses frères faisaient leur possible pour arriver les premiers afin de tuer les démons ou tout au moins de maquiller les événements.

Pendant quinze ans, les gardiens avaient vécu dans la maison d'en face, se mêlant au reste de l'humanité tant bien que mal. Kamui devint même une sorte de génie de l'informatique afin d'empêcher le gouvernement d'être sur leurs traces. Personne ne s'est jamais posé la question de savoir comment cinq jeunes hommes pouvaient se retrouver avec une source intarissable de revenus et une immense maison en bordure de la ville.

Toya demeura dans l'ombre comme il faisait le tour de la maison. En regardant vers la piscine, il remarqua qu'elle avait été récemment remise en service. Son regard se fit plus perçant sur l'eau cristalline car il croyait avoir vu quelque chose de rouge glisser à travers le liquide comme pour venir à lui. Concentrant son regard d'or vers cette chose, il fit un pas en arrière.

L'apparition malsaine disparu alors qu'il regardait la vapeur s'élever au dessus de l'eau chauffée et qu'il tentait de s'affranchir de ce sentiment affreux qu'il venait d'entrer dans son propre tombeau.

Il rejeta l'idée même que quiconque ai pu vendre la maison. Si jamais elle avait été mise en vente, les gardiens auraient été les premiers à savoir et ils l'auraient achetée. De plus, si un étranger avait secrètement acheté la maison, le fait que la maison soit hantée aurait rapidement fait fuir les nouveaux propriétaires... Ou du moins elle aurait été hantée si cela s'était révélé nécessaire. Ses frères et lui s'en seraient assuré.

Toya plaça sa main au dessus de la serrure sur la baie vitrée et entendit un léger clic. Se glissant à l'intérieur, il la referma derrière lui et se mit à écouter. La maison était si silencieuse de prime abord qu'il avait cru s'être trompé, puis il entendit une douce voix provenant du salon. Suivant le son, il s'arrêta dans l'ombre du seuil de la porte.

Il y avait une fille debout face à la cheminée froide et elle regardait le mur au dessus du foyer. Toya leva les yeux en voyant le portrait de famille qui avait toujours été là. On y voyait un homme aux cheveux argentés, presque comme ceux de Kyou. Mais la chevelure de cet homme était plus courte, lui arrivant seulement aux épaules. Son visage semblait très jeune, mais il y avait dans son regard un air de sagesse allant au delà de toute sagesse humaine.

Le muscle dans la mâchoire de Toya tressaillit sachant que l'homme était un mortel... Très humain, et très puissant à sa façon. Cet homme avait jadis porté le nom de sorcier... Seulement pas dans cette vie.

A présent on les appelait uniquement scientifiques, physiciens. Il n'a jamais été question que les humains se mêlent de champs de torsion ou de trous de vers. Son apparence n'avait jamais changé, peu importe le nombre de renaissances que sa famille et lui avaient connu.

Le regard de Toya se déplaça vers la jolie femme aux cheveux auburn blottie contre l'homme. Elle tenait un petit enfant dans les bras alors que le père avait une petite fille à la chevelure auburn sur les genoux. Les enfants ne pouvaient guère avoir plus d'un an d'écart. Toya était venu si souvent... Regarder cette photo. Il était certain que tous les gardiens l'avaient fait.

Les yeux de la petite fille scintillaient comme des émeraudes même sur cette photo aux couleurs passées. Elle avait les yeux de son père. Ses lèvres faisaient une moue comme si le photographe venait de lui dire de se tenir tranquille et ses joues avaient une jolie teinte rosée.

"Je suis rentrée, Maman... Papa." Kyoko tendit la main et toucha le bois élégant qui encadrait la photo. Son regard s'attarda sur son petit frère alors qu'elle tentait de mémoriser son visage. "Tama".

Les yeux de Tama avaient la même couleur que les siens, même si dans le portrait il restait des traces du bleu d'origine... Mais elle pouvait voir leur véritable couleur. Il souriait comme si il venait de faire quelque chose de merveilleux... Si plein de vie. Monsieur Sennin avait dit que Tama avait disparu lorsque ses parents avaient été tués. Se pourrait-il qu'il soit encore vivant quelque part ?

"Je voudrais que tu sois ici avec moi, Tama. Ce serait tellement bien d'avoir au moins une personne que je connaisse demain à l'école."

Toya parcouru la pièce du regard. Lorsque la lumière tomba dans ses yeux émeraude... le souffle qu'il avait retenu lui échappa rapidement comme si on l'avait frappé au ventre.