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Le Mariage forcé

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– Sganarelle -

Il me semble ?

– Marphurius -

Oui.

– Sganarelle -

Parbleu! il faut bien qu'il me le semble, puisque cela est.

– Marphurius -

Ce n'est pas une conséquence, et il peut vous le sembler, sans que la chose soit véritable.

– Sganarelle -

Comment! il n'est pas vrai que je suis venu ?

– Marphurius -

Cela est incertain, et nous devons douter de tout.

– Sganarelle -

Quoi! je ne suis pas ici, et vous ne me parlez pas ?

– Marphurius -

Il m'apparaît que vous êtes là, et il me semble que je vous parle; mais il n'est pas assuré que cela soit.

– Sganarelle -

Hé! que diable! vous vous moquez. Me voilà, et vous voilà bien nettement, et il n'y a point de "me semble" à tout cela. Laissons ces subtilités, je vous prie, et parlons de mon affaire. Je viens vous dire que j'ai envie de me marier.

– Marphurius -

Je n'en sais rien.

– Sganarelle -

Je vous le dis.

– Marphurius -

Il se peut faire.

– Sganarelle -

La fille que je veux prendre est fort jeune et fort jolie.

– Marphurius -

Il n'est pas impossible.

– Sganarelle -

Ferai-je bien ou mal de l'épouser ?

– Marphurius -

L'un ou l'autre.

– Sganarelle -

(à part.)

Ah! ah! voici une autre musique.

(A Marphurius.)

Je vous demande si je ferai bien d'épouser la fille dont je vous parle.

– Marphurius -

Selon la rencontre.

– Sganarelle -

Ferai-je mal ?

– Marphurius -

Par aventure.

– Sganarelle -

De grâce, répondez-moi comme il faut.

– Marphurius -

C'est mon dessein.

– Sganarelle -

J'ai une grande inclination pour la fille.

– Marphurius -

Cela peut être.

– Sganarelle -

Le père me l'a accordée.

– Marphurius -

Il se pourrait.

– Sganarelle -

Mais, en l'épousant, je crains d'être cocu.

– Marphurius -

La chose est faisable.

– Sganarelle -

Qu'en pensez-vous ?

– Marphurius -

Il n'y a pas d'impossibilité.

– Sganarelle -

Mais que feriez-vous, si vous étiez à ma place ?

– Marphurius -

Je ne sais.

– Sganarelle -

Que me conseillez-vous de faire ?

– Marphurius -

Ce qu'il vous plaira.

– Sganarelle -

J'enrage !

– Marphurius -

Je m'en lave les mains.

– Sganarelle -

Au diable soit le vieux rêveur !

– Marphurius -

Il en sera ce qui pourra.

– Sganarelle -

(à part.)

La peste du bourreau! Je te ferai changer de note, chien de philosophe enragé.

(Il donne des coups de bâton à Marphurius.)

– Marphurius -

Ah! ah! ah !

– Sganarelle -

Te voilà payé de ton galimatias, et me voilà content.

– Marphurius -

Comment! Quelle insolence! M'outrager de la sorte, avoir eu l'audace de battre un philosophe comme moi !

– Sganarelle -

Corrigez, s'il vous plaît, cette manière de parler. Il faut douter de toutes choses; et vous ne devez pas dire que je vous ai battu, mais qu'il vous semble que je vous ai battu.

– Marphurius -

Ah! je m'en vais faire ma plainte au commissariat du quartier, des coups que j'ai reçus.

– Sganarelle -

Je m'en lave les mains.

– Marphurius -

j'en ai les marques sur ma personne.

– Sganarelle -

Il se peut faire.

– Marphurius -

C'est toi qui m'as traité ainsi.

– Sganarelle -

Il n'y a pas d'impossibilité.

– Marphurius -

J'aurai un décret contre toi.

– Sganarelle -

Je n'en sais rien.

– Marphurius -

Et tu seras condamné en justice.

– Sganarelle -

Il en sera ce qui pourra.

– Marphurius -

Laisse-moi faire.

Scène IX. – Sganarelle.

– Sganarelle -

Comment! on ne saurait tirer une parole positive de ce chien d'homme-là, et l'on est aussi savant à la fin qu'au commencement. Que dois-je faire, dans l'incertitude des suites de mon mariage? Jamais homme ne fut plus embarrassé que je suis. Ah! voici des Égyptiennes; il faut que je me fasse dire par elles ma bonne aventure.

Scène X. – Deux Égyptiennes, Sganarelle.

(Les deux Égyptiennes avec leurs tambours de basque entrent en chantant et en dansant.)

– Sganarelle -

Elles sont gaillardes. Écoutez, vous autres, y a-t-il moyen de me dire ma bonne fortune ?

– Première Égyptienne -

Oui, mon bon monsieur; nous voici deux qui te la dirons.

– Deuxième Égyptienne -

Tu n'as seulement qu'à nous donner ta main, avec la croix dedans*, et nous te dirons quelque chose pour ton bon profit.

– Sganarelle -

Tenez, les voilà toutes deux avec ce que vous demandez.

– Première Égyptienne -

Tu as une bonne physionomie, mon bon monsieur, une bonne physionomie.

– Deuxième Égyptienne -

Oui, une bonne physionomie; physionomie d'un homme qui sera un jour quelque chose.

– Première Égyptienne -

Tu seras marié avant qu'il soit peu, mon bon monsieur, tu seras marié avant qu'il soit peu.

– Deuxième Égyptienne -

Tu épouseras une femme gentille, une femme gentille.

– Première Égyptienne -

Oui, une femme qui sera chérie et aimée de tout le monde.

– Deuxième Égyptienne -

Une femme qui te fera beaucoup d'amis, mon bon monsieur, qui te fera beaucoup d'amis.

– Première Égyptienne -

Une femme qui fera venir l'abondance chez toi.

– Deuxième Égyptienne -

Une femme qui te donnera une grande réputation.

– Première Égyptienne -

Tu seras considéré par elle, mon bon monsieur, tu seras considéré par elle.

– Sganarelle -

Voilà qui est bien. Mais dites-moi un peu, suis-je menacé d'être cocu.

– Deuxième Égyptienne -

Cocu ?

– Sganarelle -

Oui.

– Première Égyptienne -

Cocu ?

– Sganarelle -

Oui, si je suis menacé d'être cocu ?

(Les deux Égyptiennes dansent et chantent.)

Que diable, ce n'est pas là me répondre! Venez çà. Je vous demande à toutes les deux si je serai cocu ?

– Deuxième Égyptienne -

Cocu? vous ?

– Sganarelle -

Oui, si je serai cocu ?

– Première Égyptienne -

Vous? cocu ?

– Sganarelle -

Oui, si je le serai oui ou non ?

(Les deux Égyptiennes sortent en chantant et en dansant.)

Scène XI. – Sganarelle.

– Sganarelle -

Peste soit des carognes qui me laissent dans l'inquiétude! Il faut absolument que je sache la destinée de mon mariage; et, pour cela, je veux aller trouver ce grand magicien dont tout le monde parle tant, et qui, par son art admirable, fait voir tout ce que l'on souhaite. Ma foi, je crois que je n'ai que faire d'aller au magicien, et voici qui me montre tout ce que je puis demander.

Scène XII. – Dorimène, Lycaste, Sganarelle, retiré dans un coin du théâtre sans être vu.

– Lycaste -

Quoi! belle Dorimène, c'est sans raillerie que vous parlez ?

– Dorimène -

Sans raillerie.

– Lycaste -

Vous vous mariez tout de bon ?

– Dorimène -

Tout de bon.

– Lycaste -

Et vos noces se feront dès ce soir ?

– Dorimène -

Dès ce soir.

– Lycaste -

Et vous pouvez, cruelle que vous êtes, oublier de la sorte l'amour que j'ai pour vous, et les obligeantes paroles que vous m'aviez données ?

– Dorimène -

Moi? point du tout. Je vous considère toujours de même, et ce mariage ne doit point vous inquiéter; c'est un homme que je n'épouse point par amour, et sa seule richesse me fait résoudre à l'accepter. Je n'ai point de bien, vous n'en avez point aussi, et vous savez que sans cela on passe mal le temps au monde, et qu'à quelque prix que ce soit il faut tâcher d'en avoir. J'ai embrassé cette occasion-ci de me mettre à mon aise, et je l'ai fait sur l'espérance de me voir bientôt délivrée du barbon que je prends. C'est un homme qui mourra avant qu'il soit peu, et qui n'a tout au plus que six mois dans le ventre. Je vous le garantis défunt dans le temps que je dis; et je n'aurai pas longuement à demander pour moi l'heureux état de veuve.

(A Sganarelle, qu'elle aperçoit.)

Ah! nous parlions de vous, et nous en disions tout le bien qu'on en saurait dire.

– Lycaste -

Est-ce là monsieur ?..

– Dorimène -

Oui, c'est monsieur qui me prend pour femme.

– Lycaste -

Agréez, Monsieur, que je vous félicite de votre mariage, et vous présente en même temps mes très humbles services: je vous assure que vous épousez là une très honnête personne. Et vous, Mademoiselle, je me réjouis avec vous aussi de l'heureux choix que vous avez fait: vous ne pouviez pas mieux trouver, et Monsieur a toute la mine d'être un fort bon mari. Oui, Monsieur, je veux faire amitié avec vous, et lier ensemble un petit commerce de visites et de divertissements.

– Dorimène -

C'est trop d'honneur que vous nous faites à tous deux. Mais allons, le temps me presse, et nous aurons tout le loisir de nous entretenir ensemble.

Scène XIII. – Sganarelle.

– Sganarelle -

Me voilà tout à fait dégoûté de mon mariage; et je crois que je ne ferai pas mal de m'aller dégager de ma parole. Il m'en a coûté quelque argent; mais il vaut mieux encore perdre cela que de s'exposer à quelque chose de pis. Tâchons adroitement de nous débarrasser de cette affaire. Holà !

 

(Il frappe à la porte de la maison d'Alcantor.)

Scène XIV. – Alcantor, Sganarelle.

– Alcantor -

Ah! mon gendre, soyez le bienvenu !

– Sganarelle -

Monsieur, votre serviteur.

– Alcantor -

Vous venez pour conclure le mariage ?

– Sganarelle -

Excusez-moi.

– Alcantor -

Je vous promets que j'en ai autant d'impatience que vous.

– Sganarelle -

Je viens ici pour un autre sujet.

– Alcantor -

J'ai donné ordre à toutes les choses nécessaires pour cette fête.

– Sganarelle -

Il n'est pas question de cela.

– Alcantor -

Les violons sont retenus, le festin est commandé, et ma fille est parée pour vous recevoir.

– Sganarelle -

C'est n'est pas ce qui m'amène.

– Alcantor -

Enfin, vous allez être satisfait; et et rien ne peut retarder votre contentement.

– Sganarelle -

Mon Dieu! c'est autre chose.

– Alcantor -

Allons, entrez donc, mon gendre.

– Sganarelle -

J'ai un petit mot à vous dire.

– Alcantor -

Ah! mon Dieu, ne faisons point de cérémonie! Entrez vite, s'il vous plaît.

– Sganarelle -

Non, vous dis-je. Je veux vous parler auparavant.

– Alcantor -

Vous voulez me dire quelque chose ?

– Sganarelle -

Oui.

– Alcantor -

Et quoi ?

– Sganarelle -

Seigneur Alcantor, j'ai demandé votre fille en mariage, il est vrai, et vous me l'avez accordée; mais je me trouve un peu avancé en âge pour elle, et je considère que je ne suis point du tout son fait.

– Alcantor -

Pardonnez-moi, ma fille vous trouve bien comme vous êtes; et je suis sûr qu'elle vivra fort contente avec vous.

– Sganarelle -

Point. J'ai des bizarreries épouvantables, et elle aurait trop à souffrir de ma mauvaise humeur.

– Alcantor -

Ma fille a de la complaisance, et vous verrez qu'elle s'accommodera entièrement à vous.

– Sganarelle -

J'ai quelques infirmités sur mon corps qui pourraient la dégoûter.

– Alcantor -

Cela n'est rien. Une honnête femme ne se dégoûte jamais de son mari.

– Sganarelle -

Enfin, voulez-vous que je vous dise? Je ne vous conseille pas de me la donner.

– Alcantor -

Vous moquez-vous? J'aimerai mieux mourir que d'avoir manqué à ma parole.

– Sganarelle -

Mon Dieu, je vous en dispense, et je…

– Alcantor -

Point du tout. je vous l'ai promise, et vous l'aurez, en dépit de tous ceux qui y prétendent.

– Sganarelle -

(à part.)

Que diable !

– Alcantor -

Voyez-vous? J'ai une estime et une amitié pour vous toute particulière, et je refuserais ma fille à un prince pour vous la donner.

– Sganarelle -

Seigneur Alcantor, je vous suis obligé de l'honneur que vous me faites; mais je vous déclare que je ne me veux point marier.

– Alcantor -

Qui, vous ?

– Sganarelle -

Oui, moi.

– Alcantor -

Et la raison ?

– Sganarelle -

La raison? C'est que je ne me sens point propre pour le mariage, et que je veux imiter mon père, et tous ceux de ma race, qui ne se sont jamais voulu marier.

– Alcantor -

Écoutez. Les volontés sont libres; et je suis homme à ne contraindre jamais personne. Vous vous êtes engagé avec moi pour épouser ma fille, et tout est préparé pour cela; mais puisque vous voulez retirer votre parole, je vais voir ce qu'il y a à faire; et vous aurez bientôt de mes nouvelles.

Scène XV. – Sganarelle.

– Sganarelle -

Encore est-il plus raisonnable que je ne pensais, et je croyais avoir bien plus de peine à m'en dégager. Ma foi, quand j'y songe, j'ai fait fort sagement de me tirer de cette affaire; et j'allais faire un pas dont je me serais peut-être longtemps repenti. Mais voici le fils qui vient me rendre réponse.

Scène XVI. – Alcidas, Sganarelle.

– Alcidas -

(parlant d'un ton doucereux.)

Monsieur, je suis votre serviteur très humble.

– Sganarelle -

Monsieur, je suis le vôtre de tout mon coeur.

– Alcidas -

(toujours avec le même ton.)

Mon père m'a dit, Monsieur, que vous vous étiez venu dégager de la parole que vous aviez donnée.

– Sganarelle -

Oui, Monsieur, c'est avec regret; mais…

– Alcidas -

Oh! Monsieur, il n'y a pas de mal à cela.

– Sganarelle -

J'en suis fâché, je vous assure; et je souhaiterais…

23C'est à dire une pièce "à la croix", par allusion à la croix représentée sur certaine pièce de monnaie.