Si elle entendait

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si elle entendait
(un mystère kate wise—volume 7)
b l a k e   p i e r c e
Blake Pierce

Blake Pierce est l’auteur de la série à succès mystère RILEY PAIGE, qui comprend dix-sept volumes. Black Pierce est également l’auteur de la série mystère MACKENZIE WHITE, comprenant treize volumes (pour l’instant) ; de la série mystère AVERY BLACK, comprenant six volumes ; de la série mystère KERI LOCKE, comprenant cinq volumes ; de la série mystère MAKING OF RILEY PAIGE, comprenant six volumes ; de la série mystère KATE WISE, comprenant sept volumes ; de la série mystère suspense psychologique CHLOE FINE, comprenant six volumes ; de la série thriller suspense psychologique JESSE HUNT, comprenant sept volumes (pour l’instant) ; de la série thriller suspense psychologique AU PAIR, comprenant deux volumes (pour l’instant) ; de la série mystère ZOÉ PRIME, comprenant trois volumes (pour l’instant) ; et de la nouvelle série mystère ADÈLE SHARP.

Lecteur avide et admirateur de longue date des genres mystère et thriller, Blake aimerait connaître votre avis. N’hésitez pas à consulter son site www.blakepierceauthor.com afin d’en apprendre davantage et rester en contact.

Copyright © 2020 par Blake Pierce. Tous droits réservés. Sous réserve de la loi américaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, ni enregistrée dans une base de données ou un système de récupération, sans l'accord préalable de l'auteur. Ce livre électronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre électronique ne peut être ni revendu, ni donné à d'autres personnes. Si vous désirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie supplémentaire pour chaque bénéficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas acheté, ou qu'il n'a pas été acheté pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les événements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. Image de couverture Copyright Lukiyanova andreiuc88, utilisé sous licence de Shutterstock.com.

LIVRES PAR BLAKE PIERCE

LES MYSTÈRES DE ADÈLE SHARP

LAISSÈ POUR MORT (Volume 1)

CONDAMNÈ À FUIR (Volume 2)

CONDAMNÈ À SE CACHER (Volume 3)

LA FILLE AU PAIR

PRESQUE DISPARUE (Livre 1)

PRESQUE PERDUE (Livre 2)

PRESQUE MORTE (Livre 3)

LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME

LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)

LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)

LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

LE QUARTIER IDÉAL (Volume 2)

LA MAISON IDÉALE (Volume 3)

LE SOURIRE IDÉALE (Volume 4)

LE MENSONGE IDÉALE (Volume 5)

LE LOOK IDEAL (Volume 6)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)

VOIE SANS ISSUE (Volume 3)

LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)

DE RETOUR À LA MAISON (Volume 5)

VITRES TEINTÉES (Volume 6)

SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

SI ELLE VOYAIT (Volume 2)

SI ELLE COURAIT (Volume 3)

SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)

SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5)

SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6)

SI ELLE ENTENDAIT (Volume 7)

LES ORIGINES DE RILEY PAIGE

SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)

ATTENDRE (Tome 2)

PIEGE MORTEL (Tome 3)

ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4)

LA TRAQUE (Tome 5)

LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE

SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)

RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)

LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)

LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)

QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)

À VOTRE SANTÉ (Tome 6)

DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)

UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)

SANS COUP FÉRIR (Tome 9)

À TOUT JAMAIS (Tome 10)

LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)

LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)

PIÉGÉE (Tome 13)

LE RÉVEIL (Tome 14)

BANNI (Tome 15)

MANQUE (Tome 16)

CHOISI (Tome 17)

UNE NOUVELLE DE LA SÉRIE RILEY PAIGE

RÉSOLU

SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)

AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)

AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12)

AVANT QU’IL NE HARCÈLE (Volume 13)

LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK

RAISON DE TUER (Tome 1)

RAISON DE COURIR (Tome2)

RAISON DE SE CACHER (Tome 3)

RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)

RAISON DE SAUVER (Tome 5)

RAISON DE REDOUTER (Tome 6)

LES ENQUETES DE KERI LOCKE

UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)

DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)

L’OMBRE DU MAL (Tome 3)

JEUX MACABRES (Tome 4)

LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)

CHAPITRE UN

Avant même que le bébé soit né, Kate avait été surnommée la Mère miracle. Quand elle avait appris qu’elle allait avoir un enfant à cinquante-sept ans, Kate n’en avait parlé qu’à Allen et à Mélissa. Elle n’en avait pas parlé au boulot. Ni à DeMarco, ni à Duran… à personne. Mais la nouvelle s’était quand même propagée. À cinq mois de grossesse, tout le FBI était au courant et elle avait commencé à recevoir de nombreux appels de journalistes.

Bizarrement, au moment où le médecin vérifiait la dilatation de son col, elle repensa à la première journaliste qui l’avait appelée. Kate avait trouvé un peu ridicule que la nouvelle de sa grossesse fasse les gros titres. Mais comme les médecins le lui avaient dit et comme elle avait pu le vérifier sur Google, il était très rare pour une femme de plus de cinquante ans de tomber enceinte – et encore plus rare que la grossesse aille jusqu’à son terme.

Et pourtant… elle avait perdu les eaux huit heures plus tôt, son col était dilaté de huit centimètres et son médecin venait de lui annoncer que le moment était venu.

La première journaliste qui l’avait appelée travaillait pour le magazine Maman et Bébé. Kate avait uniquement répondu à son appel pour ne pas être impolie. Elles s’étaient parlé à deux reprises par téléphone. La deuxième conversation avait été plus centrée sur la faculté de Kate à maintenir une seconde carrière au sein du FBI. La journaliste s’était adressée à Kate comme si elle était une sorte de superwoman. Kate ne savait pas pourquoi, mais il y avait eu quelque chose dans cette interview qui l’avait chipotée tout au long de sa grossesse.

Parce que personne ne devrait me considérer comme un exemple, pensa Kate, alors qu’une contraction douloureuse lui traversait le corps. C’est une véritable torture.

Elle ne se rappelait pas qu’avec Mélissa, ça ait été aussi difficile. Bien sûr, ça remontait à presque trente ans. Ça avait été une grossesse prévue et aucun journaliste ne l’avait appelée. Sa grossesse n’était pas passée au journal du soir et on ne lui avait donné aucun surnom, comme celui de Mère miracle.

« Kate ? » dit le médecin. Sa voix interrompit le cheminement de ses pensées et elle se concentra sur la douleur de la prochaine contraction. « Tu es toujours là ? »

« Oui, oui. »

C’était vrai, bien que tout autour d’elle lui semblait flou. Sa grossesse avait été à risque. Quelques préoccupations avaient surgi dès le quatrième mois. Il y avait un risque que le bébé ait un faible poids à la naissance et il y eut également un moment où les battements de son cœur avaient considérablement ralenti. Mais finalement, il était bien là. Il arrivait trois semaines à l’avance et avec un poids de seulement cinq cents grammes en-dessous du poids considéré comme normal.

« Il arrive, Kate. Il va falloir que tu pousses, OK ? Pousse une dernière fois et ton petit garçon sera… »

Kate poussa et la pièce se mit à tourner autour d’elle. Elle était vaguement consciente de la présence d’Allen à ses côtés. Il lui tenait la main et son visage était juste à côté du sien. Il l’encourageait du mieux qu’il pouvait. Kate laissa échapper un gémissement, en faisant tout son possible pour ne pas hurler. Sa vue se brouilla, juste au moment où elle entendit le premier hurlement de son fils.

Elle sentit le médecin poser le bébé sur sa poitrine. Elle le prit dans ses bras et se mit à pleurer. Elle n’aimait pas du tout le mot miracle, car il avait été utilisé à tort et à travers ces derniers mois. Mais en sentant son bébé contre son corps de près de soixante ans, elle supposait qu’il n’y avait pas vraiment d’autre mot… c’était bien un miracle.

Ce fut sur cette pensée agréable qu’elle sentit l’épuisement l’envahir et sa vision se troubler peu à peu, avant de sombrer dans un sommeil profond.

***

Au cours des semaines qui avaient suivi, Kate avait plongé dans une profonde dépression. Maintenant que son fils était là – ils l’avaient appelé Michael, comme son mari décédé – elle commençait à se rendre compte des nombreux inconvénients liés au fait d’être mère à cinquante-sept ans. Tout d’abord, il fallait qu’elle accepte le fait qu’elle était devenue mère et grand-mère au cours des dix-huit mois qui venaient de s’écouler. Il y avait aussi le fait qu’elle aurait près de quatre-vingts ans lorsque son fils commencerait à faire ses études. Et en pensant à l’université, elle se rendit compte que ça impliquerait des frais. Elle avait suffisamment d’argent épargné, mais elle avait fait d’autres projets – elle avait plutôt pensé qu’elle l’utiliserait pour voyager. Mais maintenant, ces projets allaient devoir changer.

 

Elle se demandait également comment Allen allait gérer tout ça. Jusqu’à présent, il avait été génial. Il l’avait vraiment soutenue tout au long de la grossesse et il avait eu l’air vraiment heureux de devenir père. Mais maintenant, leur fils était là et il changeait leurs vies… surtout celle d’Allen. Après sa naissance, Michael avait dû rester trois semaines à l’hôpital au service de néonat, jusqu’à ce qu’il ait pris un peu de poids. Kate n’avait pas pu le voir souvent, car il lui avait fallu plus de temps que prévu pour se remettre de l’accouchement. Son nerf fémoral avait été touché et elle perdait parfois toute sensation dans ses jambes. Mais elle avait fini par pouvoir sortir de l’hôpital après onze jours.

Vingt jours après sa naissance, Michael put également rentrer à la maison. Il pesait deux kilos quatre cents cinquante quand Kate le coucha pour la première fois dans son berceau. Pendant les deux jours qui suivirent, Kate se comporta comme une mère obsessive. Quand il dormait, elle allait vérifier toutes les demi-heures s’il respirait toujours. Elle gardait Allen à l’œil quand il tenait leur fils dans ses bras et elle n’avait même pas laissé Mélissa s’approcher de lui.

Ces deux jours l’avaient complètement épuisée et c’était sûrement pour ça qu’elle avait fini par sombrer dans une dépression. Elle resta couchée dans son lit pendant huit jours, en ne se levant que pour aller à la toilette ou pour prendre une douche. Pendant ce temps-là, Allen s’était retrouvé seul avec Michael et une nuit, Kate l’avait entendu sangloter.

Le huitième jour, ce fut Mélissa qui parvint à la convaincre à se lever de son lit. Ce jour-là, Kate entendit frapper à la porte de sa chambre et elle répondit d’une voix endormie, en supposant que c’était Allen : « Oui, entre. »

Quand elle vit que c’était Mélissa, elle eut envie de pleurer, mais sans vraiment savoir pourquoi. Elle se redressa sur son coude, mais elle sentit une vive douleur en le faisant. Rester couchée au lit l’avait complètement endolorie.

« Lissa, » dit-elle. « Quelle bonne surprise. »

Mélissa s’assit au bord du lit et prit la main de sa mère. « Comment tu vas, maman ? »

« Je ne sais pas, » répondit-elle. « Fatiguée. Épuisée. Déprimée. »

« Tu as encore des problèmes avec tes jambes ? »

« Non. On dirait que ça va mieux depuis que je suis rentrée à la maison. »

« Tant mieux. Ce sera plus facile pour moi de te dire ce que je suis venue te dire, en sachant que tes jambes ne te posent plus de problèmes. »

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Kate.

« Je t’aime, maman. Mais il est temps que tu sortes de ce lit. »

« J’aimerais bien… vraiment. Mais je… »

« Non, maman. Allen n’a pas arrêté toute la semaine. J’ai essayé de l’aider du mieux que j’ai pu, mais il ne me laisse pas faire grand-chose car il a un peu peur de ta réaction. Écoute… je sais que ça t’effraie, mais il faut que tu affrontes la situation. Tu as cinquante-sept ans et tu viens d’avoir un bébé. Et tu as survécu. Maintenant, c’est le moment d’être une mère. Et je peux te dire que tu es plutôt bonne dans ce rôle-là, et je sais de quoi je parle. »

Kate s’assit et regarda sa fille d’un air préoccupé. « Allen… est-ce qu’il va bien ? »

« Non. Il est épuisé et il a peur que tu t’enfonces de plus en plus dans la dépression. Mais je lui ai dit qu’il s’enlève tout de suite cette idée de la tête. Que tu étais une vraie rock star. Il m’a raconté comment tu avais traversé ces mois de grossesse. Et j’ai vu l’énergie dont tu étais capable au moment de reprendre ta carrière au FBI là où tu l’avais laissée. Tu y es parvenue… alors tu arriveras également à faire face à ce nouveau défi dans ta vie. Tu étais excitée à l’idée de reprendre du service en tant qu’agent à l’âge de cinquante-cinq ans. Alors il est maintenant temps d’être enthousiaste à l’idée d’être mère à cinquante-sept. »

Kate hocha la tête et elle sentit les larmes couler sur ses joues.

« Il y a juste une chose qu’il faut que je te demande, » dit Mélissa.

« Quoi ? »

« Si tu as besoin que je t’explique comment on fait les bébés, dis-le-moi. Je pensais qu’à ton âge, tu serais au courant. »

Kate éclata de rire. Elle en eut mal aux côtes, au ventre et à la tête, mais ça faisait vraiment du bien. Mélissa se mit à rire, en prenant la main de Kate dans la sienne. « Vraiment, je suis sérieuse. Ma fille est plus âgée que son oncle, tu sais ? »

Kate continua à rire et s’appuya contre sa fille. Elles s’embrassèrent et restèrent longtemps dans les bras l’une de l’autre. Tellement longtemps que Kate ne savait plus vraiment à quel moment les rires s’étaient arrêtés et les pleurs avaient commencé.

Mélissa aida Kate à sortir du lit. Elle l’accompagna jusqu’à la douche et elle alla préparer un thé pendant que sa mère se lavait. Le fait de prendre une douche lui fit vraiment du bien. Mais Kate fut étonnée de se rendre compte combien l’effort l’avait épuisée. Elle se sentit à moitié invalide, en luttant pour essayer d’enfiler ses vêtements.

Alors qu’elle essayait de passer le bras dans un t-shirt, Mélissa entra dans la pièce et vint l’aider. « Je ne me rappelle pas t’avoir jamais aidée à t’habiller, » dit Mélissa. « Heureusement que j’ai eu Michelle pour m’entraîner. Je parie qu’elle n’aurait jamais imaginé que sa grand-mère puisse avoir besoin d’aide pour s’habiller. »

« Tu as toujours été aussi effrontée ? » demanda Kate.

« Oui, toujours. »

Elles sortirent de la chambre à coucher et entrèrent dans le salon. Kate regarda autour d’elle, étonnée de voir combien l’endroit était propre et rangé. « Où sont Allen et Michael ? » demanda-t-elle.

« Allen est sorti fait une ballade avec Michael autour du pâté de maisons. Il fait ça deux fois par jour. »

« Mon dieu, j’ai été aussi déconnectée que ça ? »

« Oui, tu l’as été. » Mélissa prit la bouilloire sur la cuisinière et versa l’eau chaude dans deux tasses avec du thé. « Maman… tu vas y arriver ? »

« Oui, je pense que je vais finir par y arriver. Je me sens juste dépassée par les événements. Et l’accouchement m’a vraiment épuisée. »

« J’ai cru que j’allais mourir quand j’ai accouché de Michelle. Je ne veux même pas imaginer accoucher à ton âge. » Elle sourit et ajouta : « Ma petite vieille. »

« Tu sais, » dit Kate, « quelque part, ce n’était pas plus mal de ne plus t’avoir tout le temps dans mes pieds. »

Cette fois-ci, ce fut Mélissa qui éclata de rire. Kate ne se rappelait pas à quand remontait la dernière fois qu’elle avait entendu Mélissa rire aussi fort et ça lui réchauffa le cœur.

Et elle se demanda s’il y avait d’autres choses qu’elle avait ratées ou qu’elle avait considérées comme acquises.

***

Le directeur Duran garda ses distances dans les mois qui suivirent. Il lui envoya une carte et un cadeau une semaine après la naissance de Michael, mais il ne l’appela pas une seule fois. Kate appréciait le geste mais elle commençait à se rendre compte que son avenir avec le FBI était plutôt compromis. Avoir un bébé à cinquante-sept ans signifiait probablement que sa seconde carrière allait toucher à sa fin.

D’un autre côté, elle ne pouvait s’empêcher de se demander si le FBI n’était pas content de toute cette publicité gratuite. Une publicité plutôt positive et exaltante pour une fois.

Elle aurait aimé ne plus se poser de questions, mais elle n’y parvenait pas. À chaque jour qui passait, elle aimait de plus en plus son fils. Mais ça ne l’avait pas empêchée de lui en vouloir de temps en temps, bien que ça n’ait jamais duré longtemps. Après tout, Mélissa avait raison. S’ils avaient été un peu plus prudents au moment de leurs rapports sexuels, elle ne serait pas dans cette situation. Mais en même temps, c’était bizarre de devoir faire attention de ne pas tomber enceinte à plus de cinquante-cinq ans.

Trois mois après que Mélissa l’ait convaincue de sortir de son lit, Kate commençait à visualiser ce qu’allait être sa vie à partir de maintenant. Une vie plus domestique et centrée sur la maternité. Elle allait également devoir réapprendre à faire confiance à un homme, en lui confiant non seulement sa vie, mais aussi celle de leur fils.

Et finalement, ce n’était pas plus mal. Il y avait des tas de grand-mères qui adoreraient être à nouveau mères. Et elle, elle avait cette chance.

Allen avait également l’air de s’y faire. Ils n’avaient pas encore parlé de la manière dont ils allaient passer les prochaines années, s’ils allaient se marier ou comment ils envisageaient d’éduquer leur fils. Allen avait toujours l’air aussi amoureux d’elle et il était complètement dingue de son fils, mais il avait souvent l’air préoccupé. Comme s’il avait peur que quelque chose lui tombe soudain sur la tête.

Elle ne savait pas ce qui le préoccupait jusqu’à ce que le téléphone de Kate sonne un mercredi après-midi. Kate était assisse dans le divan avec Michael. Allen prit son téléphone qui était posé sur la table de la cuisine et le lui apporta. Ce faisant, il jeta un coup d’œil au nom qui s’affichait à l’écran. Ce n’était pas pour l’espionner, mais ils étaient tellement à l’aise l’un avec l’autre que c’était quelque chose qu’ils faisaient sans même s’en rendre compte.

Mais quand il lui tendit le téléphone, il avait l’air triste. Il prit Michael dans ses bras. Elle jeta un rapide coup d’œil au nom qui s’affichait à l’écran au moment de décrocher.

C’était Duran.

Kate et Allen se regardèrent un moment dans les yeux et elle comprit d’où venait sa préoccupation.

Son cœur se mit à battre plus vite au moment où elle décrocha.

Allen alla dans la cuisine, avec la sensation de plus en plus imminente que quelque chose était vraiment sur le point de lui tomber dessus.

CHAPITRE DEUX

Sandra Peterson se réveilla un quart d’heure avant la sonnerie de son réveil. Ça faisait deux ans qu’elle se réveillait tous les jours à la même heure, à 6h30. Elle avait toujours été une bonne dormeuse et elle dormait minimum huit heures par jour. Ça ne lui arrivait jamais de se réveiller avant son alarme. Mais ce matin, elle était vraiment excitée par la journée qui l’attendait. Kayla était à la maison. Elle était venue lui rendre visite depuis l’université et elles allaient passer toute la journée ensemble.

C’était la première fois qu’elles passaient plus d’une demi-journée ensemble depuis que Kayla avait commencé ses études l’année dernière. Elle était rentrée à la maison parce qu’une de ses amies d’enfance allait se marier. Kayla avait grandi à Harper Hills, en Caroline du Nord, une petite ville de campagne à une trentaine de kilomètres de Charlotte. Elle avait choisi de faire ses études dans une université en Floride et du coup, elles ne passaient plus beaucoup de temps ensemble. La dernière fois qu’elles s’étaient vues, c’était à Noël, et ça remontait à presque un an. Elles n’avaient passé qu’une dizaine d’heures ensemble, avant que Kayla parte pour le Tennessee, pour rendre visite à son père.

Kayla n’avait pas été affectée par leur divorce. Sandra s’était séparée de son mari quand Kayla avait onze ans et ça n’avait jamais eu l’air de la déranger. C’était sûrement pour ça que Kayla essayait de ne pas faire de favoritisme. Quand elle rendait visite à l’un d’entre eux, elle faisait toujours la route pour aller voir l’autre. Et étant donné que c’était un long voyage – depuis Tallahassee jusqu’à Nashville, en passant par Harper Hills – Kayla ne venait pas très souvent.

Sandra sortit de sa chambre en pyjama et en pantoufles. Elle traversa le couloir en direction de la cuisine, en passant devant la chambre de Kayla. Elle ne s’attendait pas à ce que sa fille se réveille avant huit heures du matin et ce n’était pas plus mal. Elle aurait le temps de préparer du café et un petit-déjeuner pour quand elle se lèverait.

Et c’est ce qu’elle fit. Elle prépara une omelette, du bacon et une dizaine de pancakes. Une odeur agréable de nourriture flottait dans la cuisine et Sandra fut surprise que ça ne réveille pas Kayla. En même temps, il n’était que sept heures du matin. Sandra repensa à toutes ces années où l’odeur du petit-déjeuner avait réveillé sa fille, surtout pendant les années de lycée. Mais apparemment, l’odeur de sa cuisine n’avait plus le même effet sur sa fille.

 

En même temps, Kayla était sortie avec ses amis hier soir – et elle n’avait plus vu certains d’entre eux depuis le lycée. Vu que Kayla était maintenant à l’université, Sandra n’avait pas voulu lui donner d’heure pour rentrer. Elle s’était contentée de lui dire : Reviens entière et sobre, de préférence.

Mais il était maintenant près de huit heures du matin et Kayla n’était toujours pas sortie de sa chambre, alors Sandra commença à se préoccuper. Mais plutôt que de frapper à sa porte et de risquer de la réveiller, Sandra regarda par la fenêtre du salon. Elle vit la voiture de Kayla garée dans l’allée, juste derrière la sienne.

Soulagée, Sandra retourna préparer le petit-déjeuner. Quand elle eut terminé, il était 7h55. Sandra n’aimait pas du tout l’idée de réveiller sa fille, mais c’était plus fort qu’elle. Après le petit-déjeuner, peut-être que Kayla pourrait refaire une sieste et se reposer avant qu’elles partent faire du shopping à Charlotte. De plus… l’omelette allait refroidir et Kayla n’avait jamais aimé les œufs froids.

Sandra traversa le couloir jusqu’à la chambre de Kayla. C’était une sensation agréable et presque surréelle. Combien de fois avait-elle frappé à cette porte ? Des milliers de fois, sûrement. Et ça lui faisait chaud au cœur de pouvoir le faire à nouveau.

Elle frappa et attendit un instant, avant de dire d’une voix douce. « Kayla, chérie ? Le petit-déjeuner est prêt. »

Il n’y eut aucune réponse. Sandra fronça les sourcils. Elle n’était pas naïve au point de penser que Kayla et ses amis n’avaient pas bu d’alcool hier soir. Elle n’avait jamais vu sa fille saoule et elle préférerait ne pas le voir. Peut-être que Kayla avait la gueule de bois et qu’elle n’était pas prête à voir sa mère.

« J’ai fait du café, » ajouta Sandra, en espérant que ça puisse aider.

Toujours pas de réponse. Elle frappa à nouveau, mais plus fort cette fois-ci, avant d’ouvrir la porte.

Le lit n’était pas défait et il n’y avait aucune trace de Kayla.

Mais ça n’a pas de sens, pensa Sandra. Sa voiture est garée devant la maison.

Puis elle se rappela sa propre adolescence et la fois où elle était rentrée chez elle en voiture complètement saoule. Elle était arrivée jusqu’à la maison mais elle s’était endormie dans sa voiture, dans l’allée. Elle avait du mal à imaginer que Kayla puisse faire une telle chose, mais il n’y avait pas trente-six mille autres possibilités.

Sandra referma la porte de la chambre et retraversa la cuisine. Elle sentit une boule dans le ventre. Peut-être que Kayla avait des problèmes d’alcool ou de drogue et qu’elle n’avait pas osé lui en parler.

Sandra rassembla son courage à l’idée d’avoir une telle conversation et elle ouvrit la porte d’entrée. Elle fit un pas sur le porche et se figea. Sa jambe gauche resta en suspens dans l’air, comme si elle refusait d’avancer.

Parce que si elle avançait, elle entrait dans un tout autre univers – un univers où ce qui se trouvait devant elle allait devoir être affronté et accepté.

Kayla gisait sur le porche. Elle était couchée sur le dos et elle avait les yeux grands ouvert. Il y avait des marques d’abrasion autour de son cou. Elle ne bougeait pas.

Sandra finit par faire un pas en avant. Quand elle le fit, le reste de son corps suivit. Elle s’écroula à côté du corps de sa fille, en oubliant totalement le petit-déjeuner et le shopping.