Le Sang Rival

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Chapitre 3

Alicia venait tout juste de se faire son café quand son téléphone se mit à sonner. Se précipitant sur son sac à main, elle lut rapidement le numéro qui s’affichait. Puis elle répondit en le portant à son oreille, le sourire aux lèvres.



– Salut Micah, quoi d’neuf ?



– Serais-tu disponible pour passer du temps avec ton grand frère ? s’enquit Micah en tournant la tête pour que les autres personnes se trouvant dans la même pièce que lui ne puissent pas voir son expression soulagée : il pensait vraiment que c’est Damon qui lui répondrait.



Elle lui dit en haussant les épaules :



– Je pense que oui. Damon est sorti avec Michael et Kane. Et à mon avis, il ne rentrera pas de sitôt.



– Tant mieux, parce que j’ai besoin que tu me rendes un service, commença son frère. Nous avons sauvé une louve lors d’un raid sur la traite clandestine des esclaves. Elle n'est pas encore revenue à elle-même, mais quand elle le fera, elle prendra son apparence humaine et… elle aura besoin de vêtements de rechange. Est-ce que tu pourrais lui en apporter ? Ici, au commissariat ?



Elle regarda son placard rempli de vêtements avant de hocher la tête :



– C’est bon, je pense que je pourrai lui en trouver. Quand veux-tu que j’arrive ?



– Dès que tu pourras, répondit Micah. Elle peut se réveiller n’importe quand.



– J'arrive, dit-elle. Y aurait-il autre chose dont tu aurais besoin ?



– Content que tu me poses la question, dit Micah en souriant, sûr qu’Alicia entendrait son sourire. Il faudra que tu prennes un loup sous ton emprise pour qu'il réponde à des questions. Tu penses pouvoir faire ça ?



– Oui, je pense pouvoir y arriver, répondit-elle un peu trop vite. Laisse-moi juste le temps de m'habiller et de prendre quelques affaires pour cette pauvre fille et j’arrive.



Elle raccrocha avec un grand sourire aux lèvres, puis se hâta d’aller s'habiller. C'était bien, d'avoir quelque chose à faire pendant que Damon n’était pas là. Au moins, elle se sentait maintenant utile et avec un peu de chance, elle serait capable de lui prouver qu'elle pouvait vraiment faire les choses par elle-même.



Mettant son jean préféré et l'une des chemises noires de Damon, elle sortit un sac de voyage en cuir noir et extirpa des vêtements du placard : une tenue au cas où la jeune femme aime des choses douces et voluptueuses, et une autre qui lui donnerait plus l'impression d'exprimer sa personnalité. Pourquoi ne pas lui donner le choix ? Après tout, Damon avait stocké dans plus de la moitié de son placard des tenues assorties au bad boy qu’il était !



Après avoir mis les vêtements dans un sac, elle passa en revue certains des sous-vêtements neufs qu'elle n'avait pas encore portés, mais aussi des habits pour que la louve puisse dormir, puis elle les mit dans le sac. Elle se dit qu'après avoir été retenue prisonnière, n'importe quelle fille apprécierait des petites choses comme des sous-vêtements propres, une brosse à dents, et peut-être même un peu de maquillage.



Avant de quitter la pièce, elle jeta un dernier coup d'œil de partout afin de s'assurer de ne rien avoir oublié. Repérant sa panoplie de produits capillaires, elle prit un peigne, une brosse et des barrettes pour que la jeune femme puisse se coiffer si elle le voulait.



Puis elle sourit en mettant la sangle du sac sur son épaule en se dirigeant vers la porte de la chambre. Elle était contente de se dire qu'elle allait revoir Micah, même si cela ne faisait que quelques jours qu’ils ne s’étaient pas vus. Il lui avait manqué.



Elle appréciait aussi le fait qu'il l'ait appelée. Mettre quelqu'un sous son joug pour des raisons légitimes, et le fait que sa cible soit un loup-garou et pas seulement un humain était un défi pour elle.



Les humains étaient beaucoup plus faciles à placer sous son emprise parce qu'ils n'y étaient pas vraiment immunisés, à moins qu’il ne s’agisse de médiums, ou bien qu’ils aient été ensorcelés. Damon l’avait prévenue qu’il était beaucoup plus compliqué d’entrer dans les métamorphes, parce que leurs cinq sens étaient bien plus aiguisés. Malheureusement jusqu’à maintenant, elle n'avait pas encore eu l'occasion de tester son pouvoir sur des humains, Damon la laissant à peine sortir de sa chambre.



Elle redressa les épaules. Il s’agissait là d’une excellente occasion pour elle de s'entraîner vraiment sans avoir de distraction. Lorsqu’elle sortit de la chambre, Kane la surprit en prenant d'assaut la porte d'entrée.



– Quelque chose ne va pas ? s’enquit-elle.



Il ne semblait pas l'entendre et murmurait quelque chose au sujet d’une femme nommée Olivia. Soudain, il se figea et jura haut et fort :



– Et merde ! C’est pas Olivia… mais Victoria !



C’est à ce même moment que Michael et Damon entrèrent en ricanant face aux pitreries de Kane.



Elle faillit gémir devant le fait que Damon arrive pile au moment où elle partait. Même si elle était contente de le revoir, elle espérait qu’elle aurait eu le temps d'aller au commissariat et d’être de retour avant lui.



– Alors, comme ça, c’est toi, celui qui se souvient du nom de toutes les femmes avec qui il est sorti ? commença Damon.



– En effet, je m’en souviens très bien, grogna Kane.



– Alors Olivia, c’est qui ? poursuivit Michael.



– Va te faire foutre ! murmura Kane avant de se diriger en direction de sa chambre.



– Je suppose que c'est ça, sa réponse, déclara Michael en allant vers l’escalier. Puis il fit une pause en voyant Alicia debout près de la porte de sa chambre, comme si elle avait été prise en flagrant délit en train de piquer des cookies dans une boîte.



Kane ferma la porte de la chambre derrière lui et vit Tabatha debout là, les bras croisés sur la poitrine.



– Alors, dis-moi. Olivia et Victoria, c’est qui ? lui demanda-t-elle.



– Les ex de Damon et Michael, répondit-il sans hésiter en posant ses lèvres sur les siennes.



Dans la pièce principale, le regard de Damon fut instantanément attiré par Alicia et il faillit sourire quand il remarqua qu’elle portait une de ses chemises. Cependant, la façon dont elle se mordait la lèvre inférieure lui fit froncer les sourcils et il se mit à la regarder de manière plus intense. Ses yeux se plissèrent dangereusement quand il vit le sac ouvert qui était accroché à son épaule.



Elle cligna des yeux lorsque Damon apparut soudainement à moins de cinquante centimètres d’elle, lui bloquant le passage en plaçant une paume de chaque côté de l'encadrement de la porte… la piégeant efficacement contre la surface en bois. Il se pencha en avant et l'étudia sans dire un mot… son regard en disait long.



Elle se sentit un peu nerveuse et essaya de dissimuler son stress en souriant :



– Contente de te voir de retour.



– Vraiment ? demanda-t-il, incapable d'empêcher son côté obscur de lever la tête. Si j'étais arrivé juste quelques minutes plus tard, tu serais encore là à m'attendre ?



Elle ne résista pas à son instinct d’autoprotection et leva la main pour toucher le collier qui n'était plus autour de son cou. Elle se souvint soudain qu'elle l'avait donné à Nick et elle grimaça en remarquant que les yeux de Damon suivaient ses mouvements nerveux ; puis ils s’immobilisèrent sur elle d’un air sombre.



C’est à ce moment-là qu’elle sut qu'un mensonge risquerait de l'énerver, entraînant aussi beaucoup d’autres choses… sentant un chaud rougissement lui monter sur les joues, elle lui fit défi en levant le menton et en lui disant calmement la vérité :



– Non.



Elle soupira quand il tourna la poignée de la porte et la ramena dans la chambre. Elle perdit l’équilibre quand il claqua fortement la porte derrière lui. Un seul regard sur l'expression affichée par Michael suffit à l'inquiéter.



– Et… tu comptais aller où ? lui demanda Damon, qui s’était bien assuré de poser la question au passé.



– J'allais juste voir Micah, dit-elle avant de se retrouver les genoux à terre, le visage contre le sol.



– Ah bon ? Parce que tu pensais que tu irais passer la nuit avec lui ? lui demanda doucement Damon.



Un regard confus traversa le visage d'Alicia. Puis elle lança un regard rapide sur son sac ouvert, et vit que de jolis sous-vêtements noirs et que sa brosse à cheveux dépassaient, et elle se mit à soupirer. Bon, d’accord… elle comprenait tout à fait le point de vue de Damon, mais ça n'allait pas l'empêcher de lui enlever ses pensées perverses.



– Il a besoin de moi, commença-t-elle en grognant quand il la coupa immédiatement.



– Ohhhh ! Mais j’en suis sûr !



Il s'approcha d'un pas de plus en s'élevant au-dessus de sa petite taille. En fait, ce dont Micah avait vraiment besoin, c'était d'un prêtre pour ses funérailles.



– Tu sais quoi ? dit-elle lentement en levant les yeux pour lui faire face. Tu n’es… qu’un pauvre con.



– Si t'empêcher de me quitter fait de moi un pauvre con… alors c’est parfait, répondit-il.



– Non, je voulais juste dire que tu n’es qu’un idiot parce que tu croyais que j’allais te quitter, lâcha-t-elle en sentant sa propre colère grandir devant le fait qu'il était encore en train de tirer des conclusions hâtives. Ces vêtements… ils ne sont pas… pour moi… Damon, dit-elle en serrant les dents.



– Ah oui. Je suis sûr qu’ils iraient parfaitement à Micah, dit-il, qui se voyait déjà étrangler ce dernier portant la culotte noire en dentelle qu’il avait repérée.



Enervée, elle voulut grogner un coup, mais préféra s’abstenir parce qu'il y avait du verre dans la pièce. En fait, elle était fière de Damon, car il n’avait pas encore tout cassé. Elle trembla quand des petites fissures se mirent à parcourir le miroir de la coiffeuse… la loi de Murphy à son paroxysme.



– Mais putain, Damon ! Arrête d'être aussi bête ! siffla-t-elle en s'approchant encore plus près de lui et en saisissant le devant de sa chemise pour lui tirer le visage vers le sien. Elle avait appris à intimider le meilleur coach du monde… lui. Micah et son équipe de détectives ont sauvé une louve garou des marchands d'esclaves. Je lui apportais des vêtements pour qu'elle ait quelque chose à se mettre quand elle se réveillera. J'étais sur le point d'aller les retrouver au commissariat parce que je suis une grande fille, Damon, et parce que tout va bien se passer.

 



– Oh, tu crois ça, hein ? demanda-t-il en se disant qu'elle avait complètement oublié le fait que la ville était pleine de démons.



– En effet. Tu viens d'aider ton frère… maintenant, c’est à mon tour d'aider le mien. Et depuis quand est-ce qu’il m’est illégal d'aider ma famille quand on me le demande ? dit-elle en levant un sourcil pour le mettre au défi de lui dire non.



– Dans ce cas, ça ne te pose pas de problème si je viens avec toi ? Non ? grogna Damon, qui n'aimait pas l'image d'elle se tenant là avec sa valise de fortune, comme une petite fugitive.



Elle sourit :



– Parfait ! Et quand je te prouverai que ta première théorie est fausse… tu devras me laisser te menotter au lit.



– Ce n'est pas une négociation, lui déclara-t-il en croisant les bras sur sa poitrine.



– Non, tu as raison… c'est un pari, répondit-elle avec une expression arrogante sur le visage. Et si tu me suis jusqu'à cette porte, ça veut dire que tu acceptes l'accord.



Relevant le menton d'un cran plus haut, elle tourna autour de lui et passa la porte.



Il serra les dents et ses yeux se dirigèrent vers le miroir lorsque de nouvelles fissures apparurent à sa surface. Il calma sa colère, content d'avoir mal interprété ce qu’Alicia s’était apprêtée à faire. De plus, il dut admettre que la laisser le menotter au lit était une perspective plutôt intéressante.



Michael, qui ne pouvait plus supporter d’être enfermé entre quatre murs, se dirigea vers le toit une fois qu'Alicia et Damon disparurent dans leur chambre. Il grimaça lorsqu’il constata que la porte ne se refermait plus correctement : encore des réparations à prévoir ! Le début de la soirée promettait d'être frais et il ferma les yeux dans son bonheur.



Attiré par le bruit que fit la porte d'entrée en s’ouvrant, il avança jusqu'au bord du toit et regarda vers le bas. Il vit Damon et Alicia qui sortaient et Alicia faillit tomber sur le parking. Il sentit un sourire tirer ses lèvres quand Damon la rattrapa et lui prit la main.



Si ce n’était pas ce qu’il en avait pensé au départ, il en était certain, maintenant : Alicia était parfaite pour son frère. Elle savait comment gérer son tempérament et obtenir ce qu'elle voulait.



Il leva un sourcil quand Damon l’approcha de lui pour l’embrasser. Le couple prit un moment pour se retrouver, puis il leva les yeux en l’air, et, voyant son frère le regarder, il lui rendit son regard en levant à son tour un sourcil. Michael pencha la tête d’un côté et haussa les épaules. Comme s'il sentait ce qu’il se passait dans la tête de Michael, Damon serra Alicia dans ses bras et la poussa dans l'ombre.



Michael secoua la tête et laissa un sourire se former sur son visage avant de rentrer. Il s'arrêta à mi-parcours lorsqu'il sentit la passion de Tabatha et Kane monter de l'intérieur du bâtiment.



– Tant pis…, murmura-t-il en se tournant vers les grands immeubles autour du club rénové.



Il roula les épaules et le cou, sentant soudain une montée d'énergie refoulée à l'intérieur de lui. Son esprit se tourna vers Aurora et la passion urgente qu'ils avaient partagée lorsque leurs chemins s’étaient heurtés. Elle était comme une force de la nature qui l'endurcissait d'un seul regard. Il ferma les yeux, imaginant que ses dents s'enfonçaient en elle au fur et à mesure… le nourrissant alors qu'il prenait son sang.



Ce goût sucré persistait encore sur ses lèvres et il les humecta avec sa langue. Il voulait… non, il avait besoin d'être au fond d'elle pour goûter à nouveau son sang.



Ses yeux s'ouvrirent en reconnaissant sa dépendance. Secouant la tête, il décida que ce dont il avait vraiment besoin, c'était d'évacuer une partie de cette énergie qui coulait à travers lui. Cette adrénaline disparaîtrait-elle un jour complètement ? Ou bien était-il damné à l'idée d’avoir en permanence cette envie en lui-même ?



Il descendit du toit pour se diriger en ville, à la recherche de quelque chose… de n'importe quoi pour se libérer l'esprit de cette tentation. Il s'était battu contre Samuel pour donner à Aurora la liberté qu'elle voulait, mais il ne voulait pas non plus devenir son maître.



Il se souvenait de la façon dont elle tenait la main de celui qu'elle avait appelé comme étant son frère… Skye, un beau gosse. Elle le tenait doucement, un peu comme un enfant l’aurait fait… et non de la manière passionnée dont elle lui avait fait preuve. Il lui laissait volontiers l'amour de son frère. De son côté, il attendait qu’elle revienne vers lui en s'occupant comme il le pouvait.



Au fur et à mesure qu'il se déplaçait dans les rues, il commençait à sentir de plus en plus de démons… ceux qui sortaient tard dans la journée et qui s'attaquaient aux pauvres âmes qui s'aventuraient dans les ténèbres. L'envie de se battre l'emporta et il sourit en se disant qu'il pouvait aider à débarrasser le monde de quelques démons et peut-être même à se débarrasser d'une partie de l’excitation qui l’avait envahi… mais au moins, il avait trouvé une distraction.



Son instinct le conduisit dans les bidonvilles et son regard passait d'une personne à l'autre, à la recherche de la victime parfaite… un peu comme un vampire sans âme le ferait en quête d’un humain… sauf que pour lui, sa cible vivait plus du côté obscur. Il laissa passer quelques démons plus faibles, blottis les uns contre les autres au coin d'une rue. À priori, ceux-ci ressemblaient à un groupe normal, comme une sorte de gang de rue. Il les regarda droit dans les yeux en passant près d’eux.



Avant qu’il n’arrive vers eux, ils étaient agités et bruyants, mais plus il les approchait, plus ils se calmaient. Un coin de ses lèvres se redressa en sourire comme s'il leur disait en silence qu'il savait exactement qui ils étaient. Il ne prit pas la peine de faire demi-tour lorsqu'il entendit un bruit de pas derrière lui. Peut-être que les démons de bas niveau étaient plus intelligents que ce qu'il pensait.



Arrivé à une intersection, il regarda autour de lui les bâtiments et les rues sales. Il était sur le point de s'aventurer plus loin quand il sentit un pic d’adrénaline… pur, doux et dangereusement puissant. Il plissa le regard lorsqu’une odeur d'eau lui parvint dans les narines, dérivant à travers ses sens et l’emplissant d’une sensation étourdissante. Même si ce sentiment lui semblait léger, il était tout de même assez fort pour pouvoir l'étouffer.



Le bruit d'une clochette lui fit tourner la tête et son regard améthyste s'attarda sur une femme sortant du magasin de vins et spiritueux délabré situé de l'autre côté de la rue. Elle portait un haut en cuir et une minijupe courte en dentelle transparente avec des bas en résille et une paire de talons aiguilles noirs. Ses cheveux étaient d'une myriade de couleurs allant des teintes néon-vert au rose-violet, en passant du noir-corbeau au blond-platine.



Elle glissa une bouteille d'alcool hors de son sac et en dévissa le bouchon. Inclinant la bouteille, elle en but à peu près la moitié d'un seul coup, puis, hors d’haleine, elle s'essuya la bouche du dos de la main. Même si elle avait l’apparence d’une humaine, il pouvait voir le visage du démon qui se cachait dessous.



Il se détendit mentalement, mais aussi physiquement. La plupart des démons qu'il avait rencontrés dans le passé n'avaient aucune idée de qui il était vraiment… la plupart du temps, ils pensaient, et à tort, qu'il était un vampire. Ressentant un calme apparent l'envahir, il descendit du trottoir.



Le démon tourna la tête vers lui et lui sourit. Michael savait que, dans le passé, les démons étaient connus pour se nourrir de vampires… même Misery l’avait fait auparavant.



– Hello belle gueule, ronronna le démon en battant de longs cils.



Michael s'approcha de lui en lui frôlant l'épaule gauche de son épaule gauche, marchant autour de lui tout en gardant ce léger contact corporel.



– Hello, chuchota-t-il en jouant le jeu. Á qui ai-je l’honneur ?



– À la personne que tu veux que je sois, lui répondit le démon en chuchotant aussi.



– Je veux que tu sois toi, lui glissa Michael à l'oreille qui s’approcha encore plus pour lui faire face. Il laissa un lent sourire séparer ses lèvres et lui montra les crocs qui le confondaient toujours, lui et ses frères, avec un vampire.



Le démon inclina la tête sur le côté et sourit :



– Je vois.



Michael hocha la tête quand il détendit son sourire :



– Bien évidemment !



– Tu peux m’appeler Morgane, continua le démon en enroulant ses mains autour d'un de ses bras. Les deux hommes se mirent à marcher vers un vieux bâtiment d'un étage du bout du pâté de maisons.



Ils entrèrent dans le bâtiment et Morgane ferma la porte derrière eux. Michael regarda autour de lui et compta le nombre de cadavres qui traînaient un peu de partout. L'endroit empestait le sang pourri et la décomposition… un lieu tout à fait convenable pour un démon mangeur de chair.



– Tu aimes ma maison ? chuchota Morgane qui se retourna en riant afin d’évaluer son travail.



Michael haussa les épaules :



– Elle sera encore bien mieux une fois que ton corps sans vie sera couché parmi les autres.



Il se baissa juste à temps pour éviter les longues griffes de Morgane qui essayait de lui séparer la tête du reste du corps. Se tordant le torse, il lui enfonça le coude dans la partie médiane de la poitrine. Son poing se leva et se fendit sur son nez suffisamment fort pour l’envoyer en l’air.



Morgane atterrit à terre et le regarda, tordant son visage dans un masque grotesque montrant ses vraies couleurs. Ses yeux noisette s'allongèrent et devinrent rouges tandis que ses sourcils s'inclinaient et sa bouche, assez jolie quelques instants auparavant, s'étirait dans un sourire horrible rempli de dents mal assorties et déchiquetées. Sa longue langue glissa vers l'extérieur, léchant ses lèvres du sang qui s'écoulait de son nez carrément aplati



Michael fit une grimace… c’était vraiment écœurant. Il rendrait certainement service à la ville en la débarrassant de ce monstre. Une telle laideur ruinerait complètement le paysage urbain.



Morgane remonta en arrière le long du mur pour s'en servir pour prendre son élan et rebondir afin de se rapprocher de lui en faisant glisser ses griffes allongées en avant. Ces dernières lui prirent le pan avant de la chemise en y laissant quelques égratignures… superficielles, mais suffisantes pour le faire saigner. Il ferma le poing droit et l’envoya sur le visage du démon, ce qui lui fit basculer la tête d’un côté à l’autre. Rajoutant un coup de pied rapide qui arriva sur l’un de ses genoux, il entendit les os se briser et n’eut aucun remord en se disant que, de toute façon, le démon habitait déjà le corps d’un cadavre.



Quand ce dernier s’approcha encore un peu trop près de lui, il lui prit les cheveux. Le soulevant du sol, il s'arrêta une demi-seconde et ferma brièvement les yeux lorsque l'odeur du sang démoniaque le frappa enfin.



– Vous, les démons, n’êtes rien d'autre que de monstrueux hybrides, chassés par les morts qui vous ont engendrés, siffla-t-il, qui comprit soudainement ce qu'était vraiment un démon. Il n'avait jamais remarqué que de faibles traces de sang de Déchus se trouvaient dans celui des démons… mais maintenant, il pouvait dire quel goût ils avaient !



Finalement, les Déchus et les Dieux Solaires étaient semblables sur ce point-là… créant les monstres de leur choix. La seule différence, c'est la façon dont ils les concevaient.



Morgane prit le bras qui tenait ses cheveux et y enfonça ses griffes. Elle sursauta lorsqu'elle se retrouva brusquement en vol stationnaire au-dessus du sol et regardait vers le bas dans les yeux d'améthyste d’un Michael en colère. Ses talons aiguilles de piètre qualité tombèrent par terre et elle lui enroula sa main libre autour de la nuque dans l’espoir de lui couper la moelle épinière et de se libérer.



Sentant le regard d'améthyste la pénétrer, elle se sentit devenir toute molle… surtout qu’elle était maintenant suspendue à ses propres cheveux.



– Laisse-moi partir, chuchota-elle, tenaillée par la peur. Si elle était forte, et certainement l'une des plus fortes de cette partie du bidonville, ce vampire qu'elle croyait facile à tuer l’était beaucoup plus que toutes les créatures qu'elle avait rencontrées.



– Te laisser partir ? demanda Michael comme si ce concept lui était totalement étranger. Tu as tué tous ces humains et ces démons pour te nourrir et tu veux que je te laisse par