Incandescence

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Z serii: Les Liens Du Sang #4
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Incandescence

La Saga des Liens du Sang-Livre 4

Author Amy Blankenship, RK Melton

Translated by Louise Le Bars

Copyright © 2012 Amy Blankenship

English Edition Published by Amy Blankenship

French Edition Published by TEKTIME

All rights reserved.

Chapitre 1

Micah était au lit, tellement recouvert de bandages qu'il commençait à ressembler à une momie. Il ne put empêcher un sourire affectueux de lui monter aux lèvres devant Madame Tully qui caquetait comme une mère poule, en secouant la tête de temps à autre. Il ne se plaignait pas non plus de la dose d'antalgique qu'elle lui avait administré dans le bras. Il se voyait distinctement dans le miroir de la commode de l'autre côté de la pièce et essaya de hausser un sourcil avant d'abandonner l'idée, sous la douleur instantanée que cette tentative provoqua.

On lui avait déjà confirmé qu'Anthony était mort, mais il ne pouvait s'empêcher de souhaiter que le loup-garou alpha soit encore en vie pour qu'il puisse torturer ce salaud à son tour, de la même façon dont lui-même avait été torturé. Dans l'histoire qu'on lui avait racontée, le mafieux avait eu droit à une mort rapide. Micah ne lui aurait pas donné de mort rapide, si cela n'avait tenu qu'à lui.

« Je crois que, vous autres métamorphes, allez finir par m'achever », grommela Madame Tully entre ses dents.

Les métamorphes... les jaguars et les couguars, tenaient une place particulière dans son cœur. Elle avait soulagé chacun d'eux de leurs maux et avait été très proche de leur mère.

« Regarde un peu l'état dans lequel tu t'es mis, le sermonna-t-elle.

Micah regarda le plafond d'un air boudeur, soudain pris de vertige en regardant le ventilateur tourner continuellement.

— Ce n'est pas de ma faute si j'ai été kidnappé et torturé.

Madame Tully lui donna une petite tape du bout des doigts sur le front.

— Je ne suis pas de votre avis, jeune Skywalker. Si ce que j'ai entendu est vrai, tu t'es opposé à cet affreux loup-garou, et c'est pour cette raison que tu as été kidnappé.

— Alors vous êtes en train de me dire que je n'ai que ce que je mérite ? Se scandalisa Micah, en ignorant les grand sourires qu'affichaient les autres personnes réunies dans la pièce.

— N'interromps pas tes aînés, répliqua Madame Tully avec un regard sévère. Je n'avais pas fini. Comme je le disais... tu as tenu tête à ce chien galeux, et je dois bien dire que ce n'était pas trop tôt.

Micah lança un regard significatif à Quinn, avec un petit sourire qui disait clairement « Je te l'avais dit ». Il n'était pas prêt à pardonner son frère. Il avait prévenu Quinn au sujet d'Anthony et on lui avait vivement intimé de se retirer. Il espérait que son grand frère était content à présent, parce qu'à présent il pouvait à peine tenir debout.

— Arrête ça tout de suite ! grommela Madame Tully en lui donnant une autre tape sur la tête.

Ce geste ne fit qu'empirer sa migraine tenace et il ferma les yeux sous la douleur.

— Eh, j'ai mal là, gémit-il.

— Ce sera bien pire si tu continues à entretenir cette rivalité fraternelle, répliqua Madame Tully en adressant le même regard sévère à Quinn. Il faut que j'appelle ma petite-fille pour lui dire où je suis. La pauvre chérie va se faire du souci si je ne suis pas à la maison pour répondre au téléphone.

Madame Tully n'attendit pas que quelqu'un lui indique où trouver le téléphone. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait chez les Wilder. Elle faillit trébucher lorsqu’elle remarqua Michael assis tranquillement dans un fauteuil, dans un coin sombre de la pièce. Cela ne ressemblait pas à ce charmant vampire d'être aussi sombre et soucieux. Quand la porte se referma derrière elle, tous les yeux se tournèrent de nouveau sur Micah.

« C'est bon de te voir enfin de retour à la maison, là où est ta place, dit Steven avec un sourire affectueux, en tentant néanmoins de dissimuler son inquiétude.

Bien que Micah fût de retour, quelque chose lui disait que son frère n'était pas encore tout à fait hors de danger. Micah était pâle et ses yeux, un peu trop brillants à son goût.

Micah lui rendit son sourire mais il commençait à se sentir somnolent.

— C'est bon d'être sorti de cet enfer.

— Tu t'es montré vraiment imprudent cette fois, intervint Quinn de l'endroit où il était assis, près de la fenêtre, les bras croisés. Tu aurais pu mourir dans cette cave si nous n'avions pas lu ce message que tu as envoyé à Alicia.

Micah parcourut la pièce des yeux à la recherche de sa petite sœur avant de froncer les sourcils.

— En parlant d'Alicia, où est-elle ? Je m'attendais à la voir ici.

— Elle reste chez une amie le temps que ça se tasse, répondit Kat.

Elle jeta un regard à Quinn, curieux de savoir jusqu'à quand il allait attendre avant d'appeler sa sœur pour lui dire de rentrer.

— Pourquoi n'est-elle pas rentrée avec nous lorsque nous sommes partis de chez Anthony ? interrogea Micah. J'étais certain qu'elle...

Il s'interrompit en posant les yeux sur Quinn, reportant le blâme sur lui pour l'absence d'Alicia, pour la simple et bonne raison qu'il en mourait d'envie.

Nick secoua la tête mais au fond de lui, il était mal à l'aise. Il évita de regarder Michael, sachant que le vampire avait effacé la mémoire de tout le monde à l'exception de lui-même et de Micah.

— Mec, tu as dû recevoir trop de coups sur la tête… Alicia n'était pas chez Anthony.

— Mais elle était là, insista Micah. Je l'ai vue de mes propres yeux. »

Il lança un regard irrité à Nick mais ce dernier ne fit que hausser les épaules et secouer la tête.

Son regard passa d'un visage à l'autre, et il comprit que personne ne confirmerait le fait qu'Alicia se trouvait avec eux dans le domaine du loup-garou. Il se rappelait d'elle dans la cave... il lui tenait la main. Elle pleurait et cela le rongerait jusqu'à ce qu'il puisse enfin la revoir, afin de s'assurer de son bien-être. Il ne savait pas ce qui le faisait le plus souffrir... de la voir pleurer ou d'avoir failli se faire tuer. Il promena de nouveau son regard autour de lui, notant le fait que l'homme qui se trouvait avec Alicia chez Anthony manquait également à l'appel.

Contrarié, il se renfonça contre les oreillers et décida secrètement de découvrir chez quelle amie Alicia passait son séjour. Il la rejoindrait et lui réclamerait la vérité de vive voix.

« Tu devais sûrement halluciner, dit tout bas Jewel.

Micah tourna les yeux sur la ravissante blonde avant de froncer les sourcils.

— Qui es-tu ?

— Voici Jewel Scott Wilder, annonça Steven en passant son bras libre autour des épaules de sa femme.

Madame Tully s'était déjà occupée de la blessure par balle de Steven et il portait son autre bras en écharpe pour le moment.

— C'est ma compagne.

— La Jewel Scott d'Anthony ?

Maintenant, Micah était encore plus perdu.

— Seulement dans l'esprit dérangé d'Anthony, répliqua Steven qui ne put s'empêcher cependant de serrer Jewel un peu plus contre lui.

Micah cligna des yeux d'un air perplexe et les dirigea vers Quinn pour qu'il lui confirme cette information, quand il vit Kat se blottir contre son frère aîné. Avec un soupir, il se demanda quelle dose de médicaments Madame Tully lui avait réellement administrée, parce que soit il perdait la tête, soit tout le monde perdait la tête. Il leva les yeux sur la seule personne de la pièce qu'il savait être raisonnable, c'est-à-dire Warren.

— J'ai joué les Rip Van Winkle ou quoi ? Je veux dire, quand je suis parti… Steven était encore célibataire et Quinn était aussi romantique que Dean.

Warren sourit.

— Quelques trucs se sont passés pendant ton absence. »

« Bon, j'ai passé mon coup de téléphone, annonça Madame Tully alors qu'elle revenait dans la chambre.

En réalité, elle n'avait pas appelé sa petite-fille. Elle avait avancé ce prétexte uniquement pour leur laisser un moment d'intimité avec Micah, avant de les chasser de la pièce.

— Maintenant... tout le monde dehors et laissez ce pauvre petit chat prendre un peu de repos.

Micah poussa un grognement à l'intention de la vieille femme.

— Je ne suis pas un chaton.

— Chéri, même ma plus jeune chatte pourrait te battre à plate couture, vu l'état dans lequel tu es en ce moment, et pourtant c'est une vraie froussarde : elle fuirait même devant son ombre, lui rétorqua Madame Tully.

À ces mots, elle sortit une seringue de la boite étrange qu'elle avait ramenée avec elle.

— Je ne suis pas sûr d'avoir besoin de plus de médicaments, soupira Micah.

Il avait beaucoup à rattraper. Le simple fait de ne pas encore avoir vu Alicia le mettait bien plus à la torture que ses os brisés.

— Et c'est pourquoi ce n'est pas toi le docteur.

Madame Tully était soulagée de voir qu'il possédait toujours ce sens de l'humour incongru... parce qu'une fois qu'il allait commencer à guérir, il allait sérieusement en avoir besoin.

Un grognement de douleur échappa à Micah, qui serra les dents lorsque l'aiguille de la seringue lui entra dans le bras, et il dut détourner le regard. Il détestait recevoir des ordres de quelqu'un d'autre et il ne pensait qu'à retrouver sa sœur. Tout le monde sortit de la chambre quand elle retira la seringue vide de son bras.

 

Madame Tully les regarda partir puis se tourna vers Micah, déjà endormi. Sa famille était heureuse de son retour, mais en vérité... elle s'inquiétait pour le couguar. Ses blessures étaient si graves qu'elle était surprise qu'il soit encore vivant.

Ses rotules avaient été brisées par les balles, et ses côtes cassées à force d'avoir reçu des coups répétés pendant une certaine durée. Il semblait aussi que son dos avait subi les morsures d'un fouet d'un certain type. Il était déshydraté, sous-alimenté, et une infection se répandait dans ses veines. Eusse-t-il été humain, elle lui aurait donné de la pénicilline, mais malheureusement… les antibiotiques des humains ne produisaient pas le même effet sur les êtres d'essence surnaturelle.

Bien que les animaux-garous guérissaient très vite... cela n'excluait pas qu'ils puissent être blessés à vie... ou mortellement. Elle considérerait qu'il avait de la chance s'il survivait à cette infection.

Elle jeta un coup d’œil à Michael, qui n'avait pas quitté la pièce et restait assis sans bouger dans son fauteuil. Madame Tully décida de le laisser seul. Elle pensait beaucoup à Michael et s'il désirait rester là, elle ne le forcerait pas à s'en aller. Lui aussi venait souvent la voir, mais surtout pour lui apporter les blessés, jamais pour ses propres blessures.

Avec un soupir, Madame Tully rangea son équipement et se releva. Après avoir fait un léger signe de tête à l'intention de Michael, elle quitta la chambre sans bruit.

Michael savait qu'il était temps de partir... il avait seulement attendu que sa colère se calme. Alicia était difficile à gérer, mais Damon n'aurait jamais dû l'attirer au beau milieu d'un affrontement armé de ce genre. Il pouvait encore se représenter le regard possessif qu'il avait surpris chez Damon quand il avait passé ses bras autour de la jeune femme, et se demanda si l'histoire allait se répéter.

Son regard se posa de nouveau sur ce qu'il restait de Micah, et la vision d'Alicia en larmes qui tenait la main de son frère revint le hanter. Une autre vision s'imposa à son esprit... celle de Dean lui prenant la main pour la poser sur Kane et préserver ce dernier de la mort. Entre lui-même et Dean... la blessure de Kane avait guéri sous leurs yeux à tous deux.

Michael n'y avait jamais réfléchi, mais il avait vu Syn accomplir ce genre de choses par le passé. Il y avait un épisode en particulier qui demeurait présent dans les souvenirs de Michael... il y avait si longtemps de cela qu'il avait complètement oublié.

Cela avait eu lieu au cours de l'une de leurs multiples excursions, où ils avaient fait la rencontre d'une enfant blessée. Il eut un sourire de tendresse en se rappelant la réaction de Damon et de Kane devant cette petite fille. Elle s'était cassé une jambe et elle avait plusieurs hématomes et bleus à divers niveaux de guérison.

L'enfant avait insisté sur le fait qu'elle s'était blessée en tombant, mais les trois hommes savaient très bien que rien dans la clairière n'aurait pu lui causer de telles blessures. Lorsque Damon s'était agenouillé devant l'enfant et avait tenté de la contraindre à leur avouer la vérité, Syn l'avait repoussé avec ces mots : « Tu ne peux pas traiter ainsi un enfant innocent. »

Ils lui avaient offert de l'aider à rentrer chez elle, mais avaient aussitôt perçu la peur qui avait envahie la fillette devant cette proposition. Cependant, ce n'était pas eux qui lui inspiraient cette peur, mais plutôt l'idée de rentrer qui accélérait les battements de cœur de cette petite fille. Bien qu'elle n'ait rien dit, Michael avait compris que ses parents étaient à l’origine de toutes ses blessures... et pas seulement de sa jambe cassée.

Syn n'avait rien dit à l'enfant à ce propos, et avait séché ses larmes. Au lieu d'aborder le sujet, il l'avait interrogée sur d’éventuels frères et sœurs, et elle avait répondu qu'elle n'en avait pas. Elle s'était mise ensuite à parler de sa grand-mère qui vivait dans les montagnes, et ses yeux avaient brillé de cet amour qu'elle lui vouait, en tant que petite-fille.

Pendant son récit, Syn avait posé une main directement sur la blessure à la jambe de la petite fille. Lorsqu'elle avait fini son histoire, non seulement sa jambe était guérie, mais tous les hématomes avaient disparu de son corps. C'est à ce moment-là que Syn avait réellement choqué Michael. Lorsque Kane avait soulevé l'enfant dans ses bras et commencé à jouer avec elle, Syn s'était rapproché de lui et de Damon.

En regardant Damon, il avait dit :

« Tu ne dois jamais falsifier les souvenirs d'un esprit enfantin... excepté pour cette fois. Elle n'a pas à se rappeler la maltraitance qu'elle a subi, mais elle doit se rappeler de leur mort. Ses yeux étaient devenus si froids pendant qu'il ajoutait : Par le feu.

Sur ces paroles, Syn avait tourné les talons et emprunté le chemin qui, de toute évidence, menait jusque chez la petite fille.

Kane ne cacha pas son désir de garder la petite fille et de l'élever... il avait toujours eu un faible pour les enfants. Ils aimaient tous les enfants, mais Kane les surpassait à ce niveau-là. Il aurait acheté un magasin de jouets entier rien que pour eux s'il lui en avait pris l'envie... et c'était arrivé... à quelques reprises. Néanmoins, Syn avait insisté sur le fait d'agir correctement, puis avait ramené l'enfant à sa grand-mère bien-aimée.

Quand le soleil s'était levé le lendemain matin, la rumeur avait aussitôt circulé dans tout le village qu'une maison avait brûlé dans les environs. Les restes d'un homme et d'une femme avaient été retrouvés mais leur enfant, une petite fille, avait disparu.

Les quatre hommes avaient rapidement quitté le village à cheval, se dirigeant vers ce qui est maintenant connu sous le nom des Alpes Suisses. Après avoir conduit la fillette dans ce qu'il restait de sa famille, Syn avait confié une lettre à la grand-mère ainsi qu'un sac de pièces d'or, tout en échangeant quelques mots avec elle. La vieille femme avait souri et serré Syn affectueusement contre elle avant de prendre sa petite-fille dans ses bras.

Quoique Syn ne l'ait jamais mentionné, ils savaient tous les quatre qu'il était le seul et unique responsable de la mort des parents de la fillette. Aujourd'hui encore, Michael en avait des frissons quand il s'attardait un peu trop longtemps sur cet épisode. Les principes moraux de Syn le poussaient à refuser l'idée de laisser un enfant souffrir d'un tel sort et, s'il pouvait y changer quelque chose... il en saisissait l'occasion. Syn se contrefichait de savoir quel parent était concerné ou de ce qu'ils pouvaient représenter. Il pensait que les parents qui maltraitaient leurs enfants ne méritaient rien de moins que ce qu'ils leur faisaient endurer.

Lorsque Michael avait questionné Syn sur le don de guérison qu'il avait employé sur l'enfant, Syn lui avait adressé un sourire plein de patience.

« Le pouvoir réside en ton âme immortelle. En termes d'immortalité… tu es encore un enfant, et l'essentiel de ton pouvoir est en sommeil. Au fur et à mesure que le temps passera, ce pouvoir va grandir. Quant au pouvoir que tu possèdes… seule ton âme peut choisir. Si le don de guérison est ce que ton âme privilégie, alors tout ce que tu as à faire est de le désirer avec assez de force. »

Posant à nouveau les yeux sur le couguar blessé, il comprit. Voir Alicia pleurer avec un tel chagrin était une motivation plus que suffisante pour le pousser à désirer la guérison de son frère avec assez de volonté. Michael se releva lentement et se dirigea vers Micah. En s'approchant, il put parfaitement sentir l'odeur de l'infection qui s'insinuait dans le corps du couguar. S'il arrivait quelque chose au couguar, il savait qu'Alicia serait malheureuse, et il ne voulait pas voir Alicia pleurer.

Michael étendit la main sur la poitrine de Micah et invoqua les sensations qu'il avait éprouvé lorsque lui et Dean avaient touché Kane. Se focalisant sur son besoin de voir Alicia sourire, il sentit ce besoin le traverser et affluer en celui dont il savait qu'il la rendrait heureuse. Micah se mit à briller doucement et Michael attendit de voir s'il pourrait voir son âme comme il avait pu voir celle de Kane. Passé un petit moment, il réalisa ce qu'était la puissance de Dean... et non la sienne.

Si quelqu'un s'était trouvé en sa présence dans cette chambre, il aurait pu constater le changement. Les yeux de Michael s'étaient mis à luire d'un pur éclat améthyste et sa propre âme était devenu peu à peu visible, se superposant à sa forme physique.

Michael pouvait sentir une partie de lui-même se couler au plus profond de l'être du couguar... jusque dans son sang. Il poussa un soupir de soulagement lorsque l'odeur de l'infection s’atténua peu à peu dans la pièce. Sous tous ses bandages, il ne pouvait voir assez clairement pour en être vraiment sûr, mais il réussit à voir les ecchymoses et coupures sur le visage de Micah guérir avant de complètement s'effacer.

Écartant sa main, Michael recula d'un pas hésitant. Levant une main à ses yeux pour se débarrasser de la sensation de vertige, il fut surpris de découvrir des larmes piégées entre ses cils et sur sa joue. Il s'immobilisa un moment en se souvenant qu'il avait également pleuré lorsque Dean lui avait pris la main pour la poser sur le corps de Kane.

Était-ce cela que Syn entendait quand il parlait de désirer une chose avec assez d'ardeur pour qu'elle se réalise ? Devait-il le souhaiter de tout son cœur et de toute son âme pour que cela se produise ?

Michael baissa les yeux sur ses mains et poussa un soupir. Comme il aurait aimé que Syn soit là pour répondre à ses nouvelles questions. Syn était réveillé maintenant, mais d'après ce qu'il se rappelait, Syn ne restait jamais longtemps au même endroit... et passait toujours entre les mondes. Il avait interrogé Syn un jour sur ce qu'il cherchait, mais Syn n'avait fait que lui sourire, avec ce fameux regard lointain dont il avait le secret, avant de répondre : « Certains secrets sont faits pour être gardés. »

Peut-être qu'il l'apprendrait assez tôt... pour le moment, il allait rentrer se reposer. Guérir le couguar lui avait pris de l'énergie et il avait besoin de se reposer pour reprendre des forces. Posant de nouveau le regard sur Micah, Michael décida qu'il avait une dernière chose à faire pour brouiller les pistes et réunir les frères.

Posant une main sur la joue de Micah, il murmura son nom, poussant le couguar à être suffisamment conscient pour entendre ce qu'il allait lui dire. Lorsque Micah battit des paupières, Michael lui communiqua l'information qui lui permettrait de tenir secret l'endroit où se trouvait Alicia, jusqu'à ce qu'il puisse la rejoindre.

*****

Trevor arrêta la voiture devant le Moon Dance avant d'en claquer la porte. Voir Envy blessée lui avait volé dix ans de sa vie… ou du moins en avait-il l'impression. La voir se faire tirer dessus avait seulement confirmé le fait qu'il avait eu raison de la tenir à l'écart de la vérité sur le monde surnaturel, et de sa propre implication dans cet univers qu'il connaissait depuis si longtemps. En gardant certains secrets, il l'avait préservée du danger.

« Bienvenue à la maison, grogna-t-il sans les regarder.

Sortant de derrière le volant, Trevor contourna la voiture pour ouvrir la porte à Envy mais Devon le devança.

Devon adressa un regard noir à Trevor alors que ce dernier les suivait à l'intérieur de la boite de nuit, mais sans rien dire cependant. Devon détestait le fait qu'il devait à Trevor d'avoir sauvé Envy... mais il détestait encore plus le fait que ce soit Trevor à qui il doive cette faveur.

— Tu n'as pas à venir avec nous, finit par dire Envy, qui essayait d'apaiser la tension qui régnait entre les deux hommes. Elle fit même un petit sourire à Trevor et un hochement de tête pour lui indiquer qu'elle ne disait pas cela par méchanceté, mais au contraire, appréciait vraiment son aide.

Le regard de Trevor se radoucit quand il croisa celui d'Envy.

— Je me sentirais mieux en sachant que l'on veille bien sur toi.

Envy se crispa intérieurement... c'était tout ce qu'il ne fallait pas dire.

 

— Serais-tu en train d'insinuer que je ne suis pas capable de protéger Envy ? intervint Devon en stoppant net, alors qu'ils atteignaient les marches menant à leurs quartiers.

— Pas en autant de mots, répliqua Trevor en suivant Envy à l'étage.

Devon écarquilla les yeux et se précipita derrière Trevor pour le pousser ensuite contre le mur.

— Alors explique-moi ça, le Nounours.

Trevor haussa les épaules, toujours contre le mur.

— Tu peux être sûr d'une chose, Chat-du-Tonnerre… tu crains !

— Va au diable ! grogna Devon d'un air féroce.

— Je sens que je vais assister à un genre de cartoon du samedi matin grâce à vous deux, grommela Envy en se massant les tempes. Et si vous arrêtiez tous les deux de répandre de la testostérone partout sur votre passage et que vous vous comportiez gentiment, pour changer ? Je me tape une sacrée migraine, mon bras me fait terriblement mal, et la dernière chose dont j'ai besoin, c'est que vous vous battiez pour le prix du meilleur mâle. Elle se tourna vers Trevor avant de poursuivre : Soit tu te tais, soit tu rentres chez toi, et là je me contrefiche de connaître ton choix.

Devon affichait un petit sourire sûr de lui jusqu'à ce que Envy tourne son regard irrité sur lui.

— Quant à toi… j'ai le droit de te refuser, mon chaton. Continue comme ça et tu seras condamné à miauler devant la barrière de l'allée. »

Tabatha patientait depuis un moment quand elle entendit Devon dire à Trevor d'aller au diable. Elle ouvrit la porte juste à temps pour voir Envy les envoyer paître tous les deux et ne put s'empêcher de glousser. Au moins, elle n'était plus seule.

« Les garçons ont encore déconné ? demanda Tabatha.

— Tu n'as pas idée, rouspéta Envy en entrant dans le bureau de Warren avec à sa suite un Trevor et un Devon enfin silencieux.

Envy fit glisser sa veste de ses épaules et Tabatha regarda d'un air choqué le bandage tâché de sang qui enveloppait le bras de son amie. L'épisode où elle et Envy étaient retenues en otage par Raven et son gang de suceurs de sangs resurgit dans son esprit, mais elle se força à bloquer cette désagréable vision.

— L'un de vous peut-il aller chercher le kit des premiers secours ? demanda Tabatha, qui regarda Envy pour être sûre qu'elle n'était blessée qu'à l'épaule.

— J'y vais, répondit Devon en allant dans la salle de bain attenante de Warren.

— Que s'est-il passé ? s'enquit Tabatha en défaisant le bandage de son amie et en découvrant l'endroit où la balle avait éraflé son bras.

— On m'a tiré dessus, grondé dessus, j'ai failli être griffée et presque semé une explosion, dit Envy avec un grand sourire, mais son sourire s'évanouit dès qu'elle remarqua l'expression sur le visage de son amie. Je vais bien, je te le promets, s'empressa-t-elle d'ajouter.

Ignorant Envy, Tabatha fusilla Devon du regard quand il revint dans la pièce.

— Où étais-tu passé quand Envy s'est fait tirer dessus ? Elle ne put réprimer ce reproche. C'est ma meilleure amie et tu es censé prendre soin d'elle !

Trevor rit intérieurement, ravi que quelqu'un d'autre que lui décide enfin de passer un savon plus que nécessaire à Devon.

— Je me battais pour nos vies, dit Devon pour sa défense. Je ne pouvais pas l'atteindre, mais Winnie l'Ourson ici présent l'a sortie de là.

— C'est après que Hello Kitty l'ait laissée s'éloigner », acheva Trevor en essayant de retenir un large sourire de lui monter ses lèvres à la pensée que Devon puisse encore croire qu'il était un ours-garou... si seulement Devon connaissait la vérité sur ce qu'il était vraiment.

Son envie irrépressible de sourire s'envola lorsqu'il reposa le regard sur Envy. Si Devon connaissait la vérité, alors Envy la connaîtrait aussi, et il était fatigué d'être pris en flagrant délit de mensonge par la jeune femme.

Tabatha et Envy échangèrent toutes deux un regard résigné et Envy prononça silencieusement un « Aide-moi », sachant que Tabby comprendrait aussitôt cet appel à l'aide muet.

« Eh Trevor, tu peux me ramener chez moi ? demanda Tabatha, qui essayait de sortir Trevor de la pièce avant que Devon ne lui refasse le portrait... ou avant de voir Envy exploser.

Trevor soupira et enfonça ses mains dans ses poches.

— Bien sûr, laisse-moi le temps de sortir et de démarrer la voiture. »

Une fois que Trevor soit parti d'un air maussade, Envy adressa à Tabby un regard empli de soulagement.

« Merci !

Tabatha sourit.

— Ne me remercie pas, parce que maintenant vous m'en devez une, tous les deux.

— Je te donnerai tout ce que j'ai ! s'exclama Devon avec un grand sourire.

— Et est-ce que cela inclue Envy ? insista Tabatha, ses yeux pétillants.

— Pas même une chance, répondit Devon avec un clin d’œil.

Tabatha fit une moue déçue.

— Bon, alors c'est beaucoup moins drôle. »

Envy gloussa quand Tabatha quitta la pièce en se pavanant avec ostentation et en affectant de claquer la porte avec colère au passage.

Chapitre 2

« Pose-moi par terre, espèce de suceur de sang psychopathe ! hurla Alicia en griffant le dos de Damon, jetée sur son épaule.

Au moment où elle avait compris qu'ils ne se dirigeaient pas vers le Night Light, elle avait voulu l'arrêter... mais de toute évidence, vouloir et passer à l'action étaient deux choses différentes.

— Je veux voir Micah !

— Michael m'a demandé de te ramener ici et c'est ici que tu resteras, déclara Damon d'un ton sans réplique alors qu'il traversait tranquillement la chambre d'Alicia.

Il la jeta sur le lit et grimaça lorsqu'elle le gratifia de longues griffures dans le dos. En grondant il ajouta :

— Je ne pense pas que ton mec sera si déçu que ça si tu tardes un peu à rejoindre le côté... de son lit.

Alicia s'impatienta et tenta de s'échapper du lit mais Damon fut immédiatement au-dessus d'elle, une main fermement posée sur chaque épaule. Damon baissa les yeux sur la jeune femme, tentant de la faire ployer sous son influence vampirique, avant d'éclater finalement :

— Merde, reste là, j'ai dit !

— Je ne suis pas un chien, je suis un chat, espèce de...

L'esprit d'Alicia se vida soudain l'espace d'une seconde lorsqu'elle le fixa du regard, en observant la façon dont ses cheveux tombaient en cascade autour de ce visage si parfait. Elle sentit une pointe de désir se réveiller au creux de son ventre. Baissant les yeux sur ses lèvres, elle suivit sa tactique habituelle pour ne plus avoir envie de l'embrasser... elle opta pour l'agressivité.

— Tu n'es pas mon chef !

Alicia le frappa à la poitrine mais regretta aussitôt son geste lorsque Damon plissa les yeux sous la douleur et se baissa un peu plus sur elle.

— On ne t'a jamais donné de fessée quand tu étais petite ? grogna Damon qui commençait à transpirer.

Il s'écarta de la jeune femme pour s'étendre sur le dos à côté d'elle.

— Tu aimerais bien, rétorqua Alicia d'un air renfrogné, qui se demandait comment il se faisait qu'il l'ait portée à travers toute la ville comme un homme de Neandertal, et qu'à présent il semblait sur le point de s'évanouir parce qu'elle l'avait frappé.

— Est-ce que tu te sens bien ? demanda-t-elle, soudain préoccupée, sans pour autant souhaiter se sentir coupable pour sa petite vengeance.

Damon ouvrit les yeux pour se retrouver nez à nez avec un stupide ourson en peluche. Il plissa ses yeux couleur d'améthyste en lisant le nom sur le collier qu'il portait... « Micah »... pitoyablement prévisible.

— Je suis simplement bien… et toi ? répondit-il en se hissant en position assise, curieux de savoir pourquoi il se compliquait la vie à se laisser impliquer dans des histoires humaines... surtout avec des humaines : ils n'apportaient que des tracas.