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Le Pèlerin amoureux

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VI. – Si la musique et la douce poésie se conviennent, ce qui doit être, puisqu'ils sont frère et soeur, l'amour devrait être grand entre toi et moi puisque tu aimes l'une, et moi l'autre; tu chéris Dorsland qui ravit tous les sens en jouant divinement du luth, Spencer m'est cher par la profondeur de son imagination, qui, dépassant toute imagination, n'a pas besoin qu'on la défende. Tu aimes à entendre les sons mélodieux et doux que produit le luth de Phébus, le roi de la musique, et moi je suis surtout plongé dans les délices quand il se met à chanter. Les poëtes prétendent que le même dieu règne sur toutes deux, le même chevalier les arme toutes deux, et tu les possèdes toutes deux.

VII. – La matinée était belle lorsque la belle reine d'amour 1… plus pâle dans sa tristesse que sa blanche colombe, par amour pour Adonis, jeune homme fier et indompté, vint se poster sur une colline escarpée; voici Adonis qui arrive avec son cor et ses chiens; elle, pauvre reine, avec la bonne volonté d'un amour exalté, défend au jeune homme de passer ces limites. «Une fois, dit-elle, j'ai vu un beau jeune homme là-bas dans ces bruyères, gravement blessé par un sanglier; il avait reçu un coup dans la cuisse, c'était un spectacle déplorable. Vois ma cuisse, dit-elle, c'était là qu'était la blessure,» elle lui montre la sienne, il voit plus d'une blessure et rougissant il s'enfuit et la laisse seule.

VIII. – Douce rose, belle fleur, trop tôt cueillie, bientôt flétrie, cueillie, en bouton, flétrie au printemps. Belle perle d'Orient, trop tôt obscurcie, belle créature trop tôt percée par le cruel aiguillon de la mort! comme une prune verte suspendue à un arbre, que le vent fait tomber avant son temps. Je te pleure, et cependant je n'en ai point de raison; pourquoi? tu ne m'as rien laissé dans ton testament. Cependant tu m'as laissé plus que je ne demandais; pourquoi? je ne te demandais rien; oh! oui, chère amie, je te demande pardon, tu m'as laissé ton inconstance même.

IX. – Vénus avec Adonis, assis près d'elle, à l'ombre d'un myrte, commençait à lui faire la cour; elle dit au jeune homme comment le dieu Mars l'avait recherchée, et comment elle s'était éprise de lui, quand il s'était épris d'elle. C'était ainsi, disait-elle que le dieu de la guerre m'embrassait, et alors elle secouait Adonis dans ses bras; c'était ainsi, disait-elle, que le dieu de la guerre me délaçait, comme si l'enfant qu'elle avait près d'elle allait user des mêmes charmes amoureux; voilà, disait-elle, comme il s'emparait de mes lèvres, et elle s'emparait de celles du jeune homme avec les siennes; mais pendant qu'elle reprenait haleine, le voilà qui s'échappe sans vouloir comprendre ce qu'elle voulait dire et ce dont elle avait envie. Ah! si je pouvais tenir ma dame en cette passe pour m'embraser et me tenir dans ses bras jusqu'à ce que je prisse la fuite!

X. – La vieillesse morose et la jeunesse ne peuvent vivre ensemble; la jeunesse est pleine d'agréments, la vieillesse est pleine de soucis; la jeunesse est comme une matinée d'été, la vieillesse est comme un ciel d'hiver; la jeunesse est brillante comme l'été, la vieillesse dépouillée comme l'hiver; la jeunesse est pleine de gaieté, la vieillesse a l'haleine courte; la jeunesse est leste, la vieillesse infirme; la jeunesse est hardie et bouillante, la vieillesse est faible et glacée; la jeunesse est indomptée, la vieillesse est molle. Vieillesse, je t'abhorre, jeunesse, je t'adore; celle que j'aime, celle que j'aime est jeune! Vieillesse, je te défie; oh! doux berger, va-t'en, il me semble que tu restes bien longtemps.

XI. – La beauté n'est qu'une vanité dont la valeur est douteuse, un vernis brillant qui disparaît tout d'un coup, une fleur qui meurt lorsqu'elle commence à fleurir, un verre fragile qui se casse en un instant, une vanité douteuse, un vernis, un verre, une fleur, perdue, brisée, morte en une heure.

Et comme les biens perdus se retrouvent rarement ou jamais, comme c'est en vain qu'on frotte pour ranimer un vernis disparu, comme les fleurs mortes se flétrissent à terre, comme il n'y a point de ciment qui puisse réparer un verre cassé, de même la beauté une fois altérée est perdue à jamais, en dépit des remèdes, du fard, des peines et des dépenses.

1Le second vers est perdu.