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Poèmes de Walt Whitman

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HAUTAINES TES LÈVRES, RAUQUE TA VOIX, O MER

 
Hautaines tes lèvres, rauque ta voix, ô mer, qui te confies à moi!
Jour et nuit je parcours ta plage battue par les vagues,
Représentant à mon esprit tes suggestions étranges, variées,
(Car ici je te vois et t’entends clairement bavarder et confabuler),
Tes troupes de coursiers à la crinière blanche galopant vers le but de leur course,
Ton visage ample et souriant, éclaboussé par le soleil qui le marque de fossettes scintillantes,
Ta méditation farouche et sombre—tes ouragans déchaînés,
Ton insoumission, tes caprices, ton entêtement;
Grande comme tu l’es, d’une grandeur qui t’élèves au-dessus de tout le reste, tu as tes larmes abondantes—il est quelque chose qui, de toute éternité, manque à ton contentement,
(Il a fallu les plus énormes luttes, injustices, défaites, pour faire de toi la plus grande—il n’a pas fallu moins),
Tu es esseulée—il est quelque chose que tu cherches toujours, toujours à atteindre, et que tu n’atteins jamais,
Sûrement quelque droit te fut dénié—il y a, dans ta fureur colossale et monotone, la voix d’un libertaire enfermé,
Un vaste cœur, comme celui d’une planète, s’irrite d’être enchaîné et se débat parmi ces lames;
Et par cette houle qui s’allonge et ce spasme et ce souffle haletant,
Ce grattement rythmique de tes sables et de tes vagues,
Ces sifflements de serpent et ces sauvages éclats de rire,
Et ces murmures comme un rugissement de lion dans le lointain,
(Qui retentissent, jettent leur appel à la sourde oreille des cieux, mais qui à cette heure se trouvent en correspondance,
Car un fantôme dans la nuit est cette fois ton confident),
La confession première et ultime du globe,
S’enfle et déborde, murmure du fond des abîmes de ton âme,
Et c’est l’histoire de la passion cosmique élémentaire,
Que tu racontes à une âme parente.
 

REMERCIEMENTS DANS MA VIEILLESSE

 
Des remerciements dans ma vieillesse—des remerciements avant que je m’en aille,
Pour la santé, le soleil de midi, l’air impalpable—pour la vie et rien autre,
Pour les précieux souvenirs qui toujours me hantent, (souvenirs de vous, ma mère chérie—de vous, mon père, de vous, frères, sœurs, amis),
Pour tous les jours de mon existence—non seulement les jours de paix—les jours de guerre pareillement,
Pour les douces paroles, les marques d’affection, les présents venus de pays étrangers,
Pour l’abri, le pain et la viande—pour les suaves témoignages d’appréciation,
(Vous, lecteurs bien-aimés—lointains, inconnus, perdus dans l’ombre—jeunes ou vieux—lecteurs innombrables, non spécifiés,
Nous ne nous sommes jamais vus et nous ne nous verrons jamais,—et pourtant nos âmes longuement s’étreignent, étroitement et longuement);
Des remerciements pour les êtres, les groupes, l’affection, les actes, les paroles, les livres—pour les couleurs et les formes,
Pour tous les hommes vigoureux et braves—les hommes dévoués et audacieux—ceux qui ont bondi au secours de la liberté dans tous les siècles et dans tous les pays,
Pour d’autres hommes, plus vigoureux encore, plus braves, plus dévoués—(des lauriers spéciaux, avant que je disparaisse, aux élus des batailles de la vie,
Les canonniers de la poésie et de la pensée—les grands artilleurs—la tête de l’avant-garde, les capitaines de l’âme);
Et comme un soldat revenu d’une guerre terminée—comme un voyageur parmi des myriades d’autres voyageurs, je dis à la longue procession passée:
Merci—joyeux merci!—le merci d’un soldat, d’un voyageur.
 

VOUS N’ÊTES PAS, O MES CHANTS,QUE DE MAIGRES RAMEAUX

 
Vous n’êtes pas, ô mes chants, que de maigres rameaux où la vie subsiste, latente, (chants écailleux et nus, comme des serres d’aigle),
Mais peut-être bien qu’en quelque jour de soleil (qui sait?), en quelque printemps futur, en quelque été, vous éclaterez,
Vous vous couvrirez de feuilles verdoyantes, vous verserez une ombre où l’on s’abritera—vous donnerez des fruits nourrissants,
Des pommes et des raisins—et les branches d’arbre sortiront vigoureuses—dans le plein air, libre et pur,
Et l’amour et la foi s’épanouiront, telles des roses parfumées.
 

APRÈS LE SOUPER ET LA CAUSERIE

 
Après le souper et la causerie—après la journée finie,
Me voici comme un ami qui prolonge le moment où il lui faut quitter pour la dernière fois ses amis,
Qui dit Adieu et encore Adieu de ses lèvres émues,
(Il est si dur pour sa main de lâcher ces mains—jamais plus ils ne se reverront,
Jamais plus pour communier dans la douleur et la joie, jeunes et vieux,
Un immense voyage l’attend, d’où il ne reviendra plus),
Qui fuit, qui recule l’instant de la séparation—qui cherche à différer si peu que ce soit le dernier mot,
Qui, même à la porte de la rue, se retourne—revient sur des recommandations superflues—qui, même lorsqu’il descend les marches du perron,
Cherche quelque chose pour allonger d’une minute son adieu—tandis que les ombres du soir s’épaississent,
Que les adieux, les mots échangés diminuent—et que le visage et la silhouette du partant de plus en plus se fondent,
Pour bientôt se perdre à jamais dans la nuit—du partant à qui il en coûte, ô tellement! de s’en aller,
Qui bavarde jusqu’au suprême instant.
 

A LA BRISE DU COUCHANT

 
Ah! tu m’apportes quelque chose encore, chuchoteuse, invisible,
En ce jour fiévreux où, tard, tu entres par ma fenêtre, par ma porte,
Toi qui viens tout baigner, adoucir, qui viens rafraîchir, tendrement revivifier
L’homme vieux, solitaire, malade, débile, fondu de sueur que je suis;
Toi qui contre moi te serres, qui m’enveloppes étroitement d’une étreinte ferme et cependant molle, tu es une compagne meilleure que la causerie, les livres ou l’art,
(Tu as, ô Nature! vous avez, ô éléments! un langage qui me va au cœur plus que tous les autres—et ceci en fait partie),
Si suave est ton goût primitif que j’aspire au dedans de moi—si doux tes doigts balsamiques sur mon visage et mes mains,
Toi, magique messagère, tu apportes des réconforts étranges à mon corps et à mon esprit,
(Les distances sont vaincues—d’occultes remèdes me pénètrent de la tête aux pieds),
Je sens, comme s’ils me touchaient, le ciel, les prairies vastes—je sens les grands lacs du Nord,
Je sens l’océan et la forêt—je sens en quelque sorte le globe lui-même glissant rapide dans l’espace;
Toi, soufflée de lèvres chéries de moi, à présent disparues—peut-être d’une réserve sans fin, toi, que Dieu m’envoie,
(Car tu es spirituelle, Divine, surtout perçue par mon sens),
Ministre qui viens prononcer pour moi, ici et à cette heure, ce que les mots n’ont jamais pu dire et ne peuvent dire,
N’es-tu pas l’essence de l’universel concret? le suprême raffinement de la Loi, de toute Harmonie des astres?
N’as-tu pas une âme? Ne puis-je te connaître, t’identifier?
 

L’ORDINAIRE

 
Je chante l’ordinaire;
Comme peu dispendieuse est la santé! comme peu dispendieuse est la noblesse!
La sobriété, ni mensonge, ni voracité, ni convoitise;
Je chante le plein air, la liberté, la tolérance,
(Recevez ici la leçon capitale—cherchez-la moins dans les livres—moins dans les écoles),
Le jour et la nuit communs à tous—la terre et l’eau communes à tous,
Votre ferme—votre ouvrage, votre métier, votre emploi,
La sagesse démocratique en-dessous, comme un terrain solide pour tous.