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Liberté et bonheur absolus – notre véritable essence

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Éveil préliminaire

La pleine conscience et la concentration nous conduisent au premier Éveil, car elles sont la pratique du Calme et de la Contemplation. À leur tour, la Tranquillisation et la Contemplation c’est l’état primordial naturel de notre conscience, dans lequel nous voyons notre véritable essence, Âtman. Et dans un moment de pleine conscience et/ou concentration parfaite, notre esprit se trouve précisément dans cet état originel.

Il faut dire que la concentration est effectuée exclusivement par nous, alors c’est-à-dire l’Âtman, puisque dans l’Univers tout entier, seul l’Âtman a la prérogative de conscience, de concentration, d’action ou de création.

«Maintenant, voici l’enseignement complet du yoga. Le Yoga est l’arrêt des activités (vritti) du mental (chitta). Alors, se révèle notre Voyant (Purusha[28]), établi dans sa nature originelle. Dans le cas contraire, il y a identification de notre Voyant avec l’agitation du mental» (Yoga Sutras de Patanjali).

Si nous sommes capables de maintenir notre concentration pendant une longue période, une percée se produit: notre mental s’arrête complètement, disparaît, revenant à son état originel de calme et de contemplation. L’arrêt de l’activité de la conscience superficielle est la première Illumination.

Dans le Zen, la première Illumination s’appelle «Kensho» ou «voir sa véritable nature».

Dans le bouddhisme primitif, l’Éveil préliminaire ou la première Illumination correspond à l’étape «l’Entrée dans le courant». Les sutras disent qu’une telle personne reçoit une vision fugace du but, le Nirvâna. Dans le yoga, la première Illumination s’appelle «Chitta Vritti Nirodha»[29]. Bien sûr, puisque notre conscience est à plusieurs niveaux, nous devons faire l’expérience d’un arrêt de chacune des couches. Par conséquent, la suspension de l’activité de la conscience superficielle est un début considérable de la pratique spirituelle, et non son achèvement et le seul objectif.

Pourquoi tout commence-t-il par Éveil préliminaire? Parce que la conscience superficielle nous maintient dans le Monde des Phénomènes et ne nous permet pas d’entrer dans la méditation profonde[30]. Par conséquent, le processus de Libération commence par la première Illumination, avec la cessation de l’activité de la conscience superficielle du Monde des Phénomènes, le monde où nous sommes maintenant. Par la conscience superficielle, nous percevons des objets externes et internes. Les objets externes sont des sensations reçues par les organes des sens: nous voyons avec nos yeux, entendons avec nos oreilles, sentons avec notre nez, goûtons avec notre langue et touchons avec nos récepteurs sur la peau. Les objets internes sont ceux qui apparaissent dans notre conscience de surface en tant qu’images mentales, désirs/répugnances, idées et pensées. Il nous faut en quelque sorte «décrocher» notre conscience superficielle de ces objets, ce qui nous permettra de nous libérer du monde du Désir et nous déplacer vers le monde astral.

La question se pose: comment le faire?

Habituellement, une personne souhaitant se débarrasser, par exemple, de souvenirs désagréables ou pensées essaie de les refouler ou de penser à autre chose plus agréable, c’est-à-dire elle essaie de «passer» à autre chose. Une personne peut aussi essayer d’analyser son état. Cependant, c’est comme de se rincer le nez avec de l’eau en essayant d’éliminer les calculs rénaux. De toute façon, une telle réflexion est basée uniquement sur la dualité: une personne s’efforce de se débarrasser de ce qui provoque l’aversion et donc la souffrance. Mais tant que la conscience duale fonctionne, arrêter l’influence de quoi que ce soit est impossible, c’est la même chose que d’essayer de fuir son ombre. En d’autres termes, peu importe si nous aimons ou détestons quelque chose, l’objet de notre affection ou de notre haine va toujours nous influencer, apportant, en cas d’attachement, une joie illusoire, et en cas d’aversion ou de haine, la souffrance.

Afin d’arrêter l’activité mentale, due à quoi les objets externes et internes nous influencent et nous font souffrir, il faut maîtriser la pleine conscience et la concentration. Tout ce que peut faire une personne qui ne sait pas comment gérer une pensée désagréable sans savoir maîtriser la pleine conscience et la concentration consiste à bloquer, déguiser, «dissimuler» son influence par une autre pensée, plus agréable pour elle, tout comme on couvre une fissure sur le mur avec un tableau.

Ainsi, sans arrêter l’activité du mental, arrêter l’action de toute information et/ou expérience passée qui donne naissance à des sensations, des pensées, des désirs, des émotions, des souvenirs ou des images, c’est impossible. Que nous aimions ou détestions nos sensations, pensées, désirs, émotions ou souvenirs, ils restent actifs et nous influencent, nous apportant des souffrances ou des plaisirs qui se transforment ensuite en souffrance. Pour suspendre le mental, il existe la pratique de pleine conscience et de concentration:

«Ô moines, la recherche d’un ami vertueux ou d’un donateur fiable ne peut être comparée au perfectionnement de la pleine conscience. Si vous restez conscient, aucun des «voleurs d’assombrissements» viendra dans votre esprit. C’est pourquoi vous devez garder votre esprit dans une conscience constante. Si vous perdez pleine conscience, vous perdrez tout votre mérite. Si la force de votre pleine conscience est grande, alors même si vous avez affaire à des voleurs – les cinq désirs sensuels, ils ne peuvent pas vous faire de mal. Ainsi, un guerrier qui entre au combat habillé en armure fiable n’aura peur de rien. C’est telle l’explication de la pleine conscience.» (Sutra des dernières instructions de Bouddha).

Ainsi, la pleine conscience et la concentration sont un «véhicule» de réalisation de la première Illumination. La concentration n’est pas une tension, ni une sorte de super-effort ou quoi que ce soit de ce genre, mais un état très naturel de notre esprit. Quand on maîtrise cette attention calme dirigée vers un objet ou un processus, il nous semble «familier», un état proche et agréable que l’on reconnaît immédiatement. C’est un état très clair, complètement différent de l’état habituel «trouble», tendu et d’esprit «errant», puisqu’au moment de la véritable concentration, il n’y a pas de dualité par rapport à un objet ou à un processus, dont on a parlé ci-dessus. Grâce à la pleine conscience et à la concentration, l’esprit se dirige naturellement et automatiquement, lui-même, vers son véritable état naturel, le Calme et la Contemplation. Lorsque la concentration atteint un certain niveau, la conscience superficielle s’arrêtera complètement.

Expérience d’arrêt de l’activité de la conscience de surface

Cette première expérience de suspension du mental est très importante. C’est l’un des moments clés de pratique spirituelle.

Premièrement, elle indique que nous menons une pratique spirituelle correcte parce que si aucun changement ne se produit et si l’expérience de l’arrêt de l’agitation mentale n’est pas réalisée à l’issue de notre pratique, donc cela soulève des questions concernant son authenticité.

Deuxièmement, nous transférons cette première expérience de Tranquillisation et de Contemplation de la vie quotidienne (le monde de la conscience superficielle) dans le monde de la méditation (le monde du subconscient et de la supraconscience). En d’autres termes, nous répétons cette expérience en méditation, c’est ce dont je vais vous parler ci-dessous.

Mais d’abord, je voudrais que le lecteur ait une compréhension claire de cette expérience spirituelle et du processus menant à cette expérience. Ici, j’aimerais vous dire comment tout cela m’est arrivé, ou plutôt, parler du ressenti que cette expérience a laissé. Je pense que ce sera une description plus précise et plus complète des états les plus brillants et les plus importants qu’un «patchwork» de textes différents décrivant des expériences similaires.

Je tiens particulièrement à souligner que je ne suis pas et ne me considère pas comme un Arhat ou un Réalisé de l’Illumination Suprême et de la Libération. Je ne suis pas sûr qu’il y ait même de telles âmes sur la Terre au moment actuel. Je suis un pratiquant spirituel qui essaie par ma propre expérience de comprendre chaque étape de la pratique et d’adapter ce sujet à une perception rationnelle et à une application pratique. Je compare toujours ce que j’ai vécu avec les sutras du canon bouddhique, avec les textes du yoga et du taoïsme, ainsi qu’avec les textes laissés par les Grands Maîtres des temps passés qui avaient véritablement réalisé l’Illumination et la Libération. Évidemment, je consulte toujours des professeurs de différentes écoles de bouddhisme et de yoga, qui confirment souvent mon expérience.

 

Dès le début de la pratique, le Dharma est devenu naturellement la chose principale pour moi (et parfois le seul) objet de méditation de pleine conscience et de concentration. Partout où j’allais, peu importe ce que je faisais, mon esprit se concentrait automatiquement sur l’Enseignement. C’était une analyse et une tentative de compréhension de mettre en place les diverses lois.

À ce moment-là, je faisais de la marche méditative. Plus précisément, c’était moi (l’observateur, ou «Voyant» comme indiqué dans les Yoga Sutras), j’avais un corps physique, des organes sensoriels et une conscience. Et puis il y a eu le Dharma, qui est devenu un kôan[31] immense et impénétrable. Le corps a fait de la marche. J’ai vu avec mes yeux, mais avec mon esprit, j’ai compris dans une certaine mesure où (dans quelle rue) je suis allé. Cependant, mon esprit était complètement absorbé par le Dharma-kôan. Cet état d’absorption est illustré dans les textes zen par l’allégorie ancienne d’une boule de fer chauffée au rouge qui reste coincée dans la gorge et qu’on ne peut ni recracher ni avaler. Cet état peut être appelé la pleine conscience sans implication, attention, concentration, focalisation ou fixation de la mémoire; pour être honnête, je ne sais pas exactement comment le définir.

À un moment donné, il ne restait plus rien sauf le Dharma-kôan. J’ai arrêté de comprendre où j’étais. Les pensées (ou le flux mental) se sont figées. Dans le yoga, cet état est appelé «Unmani» ou «état au-delà de l’esprit». L’instant d’après, la conscience de surface a disparu. Disparu avec elle les sensations du corps et le Dharma-kôan lui-même. Que reste-t-il? Le bonheur inexprimable et inconditionné, la liberté et la paix parfaite.

Je voudrais souligner que cet état n’est pas venu d’un coup: inattendu, oui, mais pas d’un coup. On dit parfois que l’Éveil est comme être frappé par la foudre. Peut-être que c’est juste une belle allégorie, mais à mon avis, un coup de foudre est quelque chose de tranchant, de brutal et de dérangeant. Le Kensho peut être mieux comparé à la façon dont le soleil sort de derrière un nuage – rapidement, mais naturellement, d’une façon calme et pas brusque.

Probablement, l’expression «suspension de l’activité du mental» ou «cessation du flux de pensée» effraie ou, au moins, déroute l’homme d’aujourd’hui. Il arrive que les gens associent cela à des troubles mentaux plutôt qu’à l’état d’esprit originel. Je considère qu’il est de mon devoir de dissiper ces idées fausses.

Tout d’abord, cet état est complètement différent de l’état d’alcoolémie, par exemple, ou d’un état dans lequel on s’évanouit à cause d’un coup porté à la tête ou d’autres raisons. L’état d’esprit provoqué par des influences extérieures – drogues, alcool ou toute autre chose – est brutal, «trouble», mais, surtout, il est incontrôlable, comparé à cet état de calme et de contemplation naturel, inconditionné. C’est un état vivant très clair, mais en même temps, il y a vraiment une absence totale de toute pensée. Ce n’est ni une transe, ni une prostration, ni, en termes simples, «être assommé» dû aux influences externes ou internes, quand on ne comprend pas ce qui se passe. Arrêter la conscience périphérique ne signifie pas arrêter la perception elle-même, mais la cessation de la pensée dualiste, qui donne naissance à toutes nos illusions et égarements.

En d’autres termes, le processus: mouvement du mental- identification – discrimination – désir, s’arrête au moment où notre esprit revient à son état original.

L’état d’éveil originel ne remplace pas un fonctionnement «négatif» de l’esprit par une sorte de fonctionnement «positif», mais c’est une suspension complète de l’activité mentale, état inconditionné de calme et de contemplation.

Il ne s’agit pas d’un désir des objets «corrects», mais d’une vision de vacuité de tous objets et l’absence de mouvement de l’esprit dans leur direction, donc – l’unité avec eux et la liberté d’eux.

Il ne s’agit pas d’une distinction entre les objets sur la base de «l’information accessible uniquement aux Éveillés», et un arrêt complet de la vision dualiste ou du discernement.

Par conséquent, le Kensho ne peut pas être «provoqué» par un effort de volonté; c’est impossible de «forcer» la conscience à s’arrêter, sauf dans les cas où de malheureux pratiquants ont recours aux «substances», j’en ai déjà dit: cet état n’a rien à voir avec le Kensho.

Le Kensho n’est pas la suppression des émotions, des désirs ou des pensées par la force de la volonté, ce qui est très similaire à l’exemple suivant. Disons qu’il y a une casserole d’eau bouillante. L’eau bouillonnante «essaye de s’échapper». Et alors quelqu’un, ne connaissant apparemment pas les lois de la physique, essaie de «retenir» l’eau bouillante dans une casserole. Pour faire cela, il met un couvercle sur la casserole. Il est clair qu’il n’obtiendra rien: la vapeur poussera simplement le couvercle et l’eau bouillante continuera encore à déborder. C’est pareil avec la conscience: elle ne peut pas être «ralentie» ou retenue artificiellement. Même si pendant un instant il semblait que grâce à quelque chose c’était possible d’arrêter le flux de vos pensées, ce ne sera pas Kensho. Si on retire la casserole du feu, l’eau va refroidir et se calmera, revenant à son état d’origine, dans lequel la surface deviendra complètement lisse et l’eau pourra refléter n’importe quel objet sans distorsion.

Par conséquent, il ne faut pas que nous ayons de fausses idées, que le Kensho signifie «ne penser à rien». «Penser» et «ne pas penser», ainsi que «vouloir» et «ne pas vouloir», c’est une seule et même chose, à savoir le fonctionnement de notre conscience duale. Si vous essayez d’expliquer l’expérience du Kensho du point de vue de cette dualité (ce qui, bien entendu, est voué d’avance à l’échec), alors le Kensho, ou, plus largement, l’Illumination, à n’importe quel niveau, ce n’est pas «penser» et ce n’est pas «ne pas penser». Pourquoi cela est-il ainsi?

Dans la pensée dualiste «penser/ne pas penser», il existe une séquence de deux points.

Premièrement, il s’agit du flux de pensées et d’images qui surgit à chaque instant de notre esprit. Par exemple, nous nous souvenons de quelque chose ou nous sommes impatients de voir arriver quelque chose. En raison de l’influence de l’expérience passée, il nous semble que ces pensées, images, souvenirs, rêves sont réels et nous plaisent ou nous déplaisent.

Deuxièmement, lorsque les pensées, les souvenirs ou les attentes concernant l’avenir nous ont fatigués et tourmentés définitivement, nous essayons d’arrêter de penser à ce qui est désagréable ou ennuyeux. Cependant, dans ce cas, nous essayons de fuir notre propre ombre: plus vous courez vite, plus vite elle vous poursuit. En d’autres termes, plus nous essayons de ne pas penser, plus le fonctionnement de l’activité du mental devient pour nous plus fort et plus douloureux.

Cependant, lorsque nous expérimentons une cessation complète de l’activité mentale, par exemple, l’objet auquel nous avons pensé ou des informations sur un événement passé ou sur un événement qui doit arriver dans le futur demeurent, mais puisque le fonctionnement de l’activité du mental est arrêté, on ne pense effectivement pas à cet objet et ce n’est pas que l’on n’y pense pas. En conséquence, l’objet n’est pas considéré comme «bon» ou «mauvais» et n’a aucun effet sur nous. Ainsi, nous (c’est-à-dire l’Âtman) ne faisons plus qu’un avec tout objet, ce qui signifie que nous sommes libérés de l’influence de n’importe quel objet. L’état d’unité avec l’objet apparaît parce que notre mental, qui est une couche, ou un milieu actif, entre nous et un objet, est arrêté et ne se dirige plus vers l’objet perçu. En d’autres mots, nous n’avons aucune agitation du mental par rapport à l’objet perçu; alors, nous commençons à voir l’objet lui-même, et non notre jugement préconçu porté sur cet objet.

Nous entendons souvent dire que l’Illumination est une sorte d’»état particulier» et, par conséquent, la «perception des objets». Non, ce n’est pas vrai. L’Illumination est la perception sans perception. Qu’est-ce que cela signifie? Quand nous sommes dans l’état originel d’esprit, tous les objets existent et n’existent pas pour nous en même temps. Pourquoi les objets existent-ils sans exister? Parce que notre ego, ou faux «Soi»[32], dans ce moment est suspendu. Puisqu’il n’y a pas de dualité sujet-objet, ni la dualité du bien et du mal, c’est un état hors de portée des mots.

Une fois de plus, je souhaite attirer l’attention du lecteur sur le fait que le Kensho, le Calme et la Contemplation sont notre véritable état primordial d’esprit, que nous révélons, nous éveillons par une pratique spirituelle correcte. C’est l’état absolument naturel. Cet état n’est pas quelque chose d’extérieur. Cette condition ne peut pas être «acquise», «achetée» ou «reçue», comme dans le cas de tout objet de nos désirs. Il ne s’agit pas de connaissances acquises, par exemple, grâce aux livres ou à une formation. Comme le dit Bodhidharma: «Si tous les êtres vivants sont dans la confusion sans s’éveiller, alors ils ne savent pas que notre esprit est le Bouddha. Si vous savez que votre esprit est Bouddha, alors il n’est pas nécessaire de chercher Bouddha en dehors de l’esprit. Bouddha ne peut pas être mesuré par Bouddha. Si vous cherchez Bouddha intellectuellement, vous ne le saurez pas. Cependant, ceux qui croient que le Bouddha est dehors, eux, ils ne savent pas que notre esprit est le Bouddha».

Dans cet état, des pensées telles que «J’ai atteint une cessation de conscience» ne surgissent pas, puisqu’il n’y a aucun objet qui serait la source de sensations, dont l’expression nécessite des paroles et des pensées. Probablement, le meilleur mot pour exprimer cet état d’arrêt de l’activité du mental sera «vacuité» (en sanskrit: shûnyatâ). Cependant, ce n’est pas un état où «il n’y a rien», c’est un état où «tout est», c’est-à-dire tout restait à sa place, mais semblait s’être arrêté et donc cesser d’avoir une influence.

Il est impossible d’exprimer avec des mots cet état primordial d’esprit. Premièrement, parce que c’est impossible: «L’épée ne se coupera pas». Deuxièmement, dans cet état, tous les mots, les pensées, les définitions ou les idées sont considérés comme quelque chose d’extérieur, brut, contre nature, c’est-à-dire non inhérent à nous, et surtout – comme complètement dénué de sens. Avec des mots, on peut seulement décrire le sentiment laissé par l’expérience; même dans ce cas, les mots peuvent sembler incompréhensibles pour ceux qui n’ont pas vécu des expériences similaires. Tous les mots ne font qu’ «accrocher l’étiquette», y compris le mot «état», que je suis obligé d’utiliser. Comme autrefois disaient les Maîtres Zen[33]: «Une vérité prononcée à haute voix cesse d’être telle, car elle a déjà perdu son lien essentiel avec le moment de vérité».

«Le Tao qui peut être exprimé, n’est pas le Tao éternel; le nom qui peut être nommé, n’est pas le Nom éternel. Ceux qui savent ne parlent pas; ceux qui parlent ne savent pas», ce sont les mots de Lao-Tseu du livre Tao-Te-King.

 

Cependant, pour indiquer CECI d’une manière ou d’une autre, j’utilise l’expression «véritable état original». On peut aussi dire: «le véritable état originel de conscience, dans lequel on atteint la réalisation de soi-même», «Illumination» (sambodhi), «Vacuité» ou «Grand Vide» (shûnyatâ), «Tao essentiel» ou simplement «Tao». Mais tous ces mots, phrases et expressions ne peuvent rien exprimer. Dans cet état, il n’y a pas de division entre «moi» et «non-moi», entre authentique et faux, entre original et acquis, entre vide et plein. L’activité d’esprit est arrêtée et on est dans l’état le plus clair, donc l’expérience passée et le processus de perception et de discrimination sont suspendus. Quand essayons-nous de définir ou simplement de penser à la suspension du mental, notre esprit entre dans un mouvement encore plus grand.

28Synonyme d’Âtman.
29Deuxième verset des Yoga Sutras de Patanjali en sanskrit: «Yoga Chitta Vritti Nirodha» – «Le Yoga est l’anéantissement des fluctuations de la conscience.» «Conscience» dans ce cas signifie tous les niveaux de conscience, y compris la conscience de l’Âtman.
30En plus de la conscience superficielle, le corps physique et les organes des sens nous maintiennent dans le Monde des Phénomènes, dont l’activité cesse dans le processus de Libération énergétique, voir le livre «Dharma; telles que sont les choses. Expériences réelles et réalisations d’un praticien spirituel», volume II, chapitre 2.
31Kôan est une brève anecdote ou un court échange entre un maître et son disciple, absurde, énigmatique ou paradoxal, ne sollicitant pas la logique ordinaire, utilisé dans certaines écoles du bouddhisme Zen comme objet de concentration qui serait susceptible de produire le Kensho et niveaux ultérieurs d’Illumination.
32La cessation complète du faux Soi se produit dès l’entrée dans le Samâdhi, voir plus loin dans ce chapitre.
33Ces mots sont généralement attribués à Lao Tseu, mais dans la version classique du Tao Te King et à sa version plus ancienne Lao Tseu Il n’y a pas de cette phrase. Je suppose que cette déclaration appartient à quelqu’un de Maîtres Zen.