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Liberté et bonheur absolus – notre véritable essence

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IV. La Perfection de la Diligence
(Sanskrit: Virya Pâramitâ; Pali: Viriya Pâramitâ)

Ayant une base solide sous la forme des Pâramitâs de la Générosité, de la Discipline Étique, de la Patience, nous commençons la pratique de la Diligence. En un mot, la Diligence est la transformation totale de notre vie d’une personne ordinaire en vie d’un praticien spirituel.

Les Six Pâramitâs ne nous appellent pas à renoncer à la vie mondaine et à devenir moine ou un ermite, mais malgré cela, notre mode de vie doit essentiellement changer à mesure que nous poursuivons notre pratique spirituelle. La différence entre un moine et un laïc (upâsaka) [25] réside dans le temps consacré à la pratique. Le laïc peut sûrement réaliser l’Illumination et la Libération s’il augmente progressivement le temps de pratique dans la vie quotidienne, et dans les dernières étapes s’il entre en pratique intensive 24h/24 et 7j/7.

1. Efforts diligents en pratique

La pratique spirituelle peut être divisée en deux types.

Le premier type est la pratique que nous devrions faire dans la vie quotidienne. Par exemple, étudier le Dharma et analyser des phénomènes en s’appuyant sur celui-ci, effectuer des actions vertueuses, accumuler du mérite, suivre les préceptes, pratiquer de la Patience. Autrement dit, il s’agit d’une pratique qui n’a pas de forme spécifique. C’est une pratique réalisée dans notre esprit. La meilleure pratique sans forme est la pratique de la pleine conscience dans la vie de tous les jours.

Le deuxième type est au contraire une pratique qui a une forme spécifique. Par exemple, des asanas yogiques, des prânâyâmas et des mudras. Qigong taoïste. La pratique bouddhiste de la marche (bien qu’elle soit utilisée dans presque tous les systèmes de pratique), des chants ou répétitions de mantras. Autrement dit, c’est une pratique technique visant principalement à développer le corps physique et à élever de l’énergie.

Le sommet, ou le résultat, des deux types de pratique est la méditation, dont l’essence est la parfaite concentration mentale. C’est-à-dire après avoir créé une base sérieuse sous la forme de pratiques préparatoires sans forme, tout en établissant une base tout aussi solide par des pratiques techniques externes et internes, on peut commencer à pleinement pratiquer de la méditation. Grâce à ces pratiques, nous pourrons nous immerger dans un état d’absence totale de pensées, alors que notre énergie monte et descend; cela mène vers une véritable méditation profonde.

D’après mon expérience, afin de simplement maintenir de l’énergie ainsi que le niveau mental dans ce monde impur d’aujourd’hui, nous avons besoin de pratique technique quotidienne pendant au moins 2–3 heures. Si nous voulons du vrai progrès, alors notre pratique quotidienne, y compris les techniques et la méditation, devrait durer six heures. En d’autres termes, si nous voulons réaliser l’Illumination et la Libération, il faut pratiquer essentiellement 24 heures sur 24: six heures, c’est la pratique technique et la méditation; le temps restant est une pratique sans forme: étude approfondie du Dharma, mérites, préceptes, la pleine conscience.

Puisque nous ne pouvons pas, comme les moines ou les ermites, méditer 24 heures sur 24, notre pratique de la méditation doit être aussi efficace que possible. Pour cela, nous avons besoin d’une pratique technique rigoureuse avant la méditation. Notre pratique doit être aussi concentrée que possible, en permettant en six heures d’obtenir les mêmes résultats qu’en vingt-quatre heures. En d’autres termes, nous devons doubler des efforts, voire tripler.

Comment est-ce possible? C’est là que les résultats de notre pratique des Pâramitâs précédentes entrent en jeu: notre conscience est calme, nous avons de nombreuses vertus et mérites, nous nous sommes libérés d’un grand nombre de mauvais karma et nous n’en accumulons pas de nouveaux, car nous observons strictement les préceptes. Cependant, le facteur déterminant pour savoir si nous pouvons réellement appliquer l’effort maximum pour pratiquer est la Patience. Ayant atteint la Perfection de la Patience, nous recevons «l’arme» la plus puissante appelée «volonté». Grâce à laquelle notre pratique se poursuit avec une force redoublée: c’est une «grande et furieuse aspiration», comme le dit le Maître Hakouin.

Ainsi, le premier aspect de la Pâramitâ de la Diligence est l’effort en tant que tel: appliquer 100 % d’effort en faveur de la pratique, s’appuyant sur la compréhension du Dharma et de la volonté.

2. Quatre Efforts Justes

La deuxième composante de la pratique de la Diligence est d’augmenter des mérites et réduire le mauvais karma, en d’autres termes, développer les bonnes pensées, la parole et les actions et arrêter les mauvaises:

1. Réaliser la pratique qu’il est possible de réaliser maintenant. Par exemple, le praticien est actuellement en mesure de faire des dons matériels et d’accumuler du mérite grâce au service désintéressé. Il doit donc continuer avec persévérance cette pratique.

2. S’efforcer à l’avenir d’effectuer les pratiques qui sont impossibles à réaliser maintenant. Par exemple, un pratiquant ne peut pas encore expliquer le Dharma aux autres, dû au fait qu’il ne maîtrise pas encore l’Enseignement dans une mesure suffisante. Il devrait donc faire des efforts dans l’étude approfondie du Dharma afin de pouvoir exposer librement l’Enseignement à l’avenir.

3. Arrêter l’accumulation de mauvais karma, qui peut être arrêtée maintenant. Par exemple, un pratiquant, au lieu de regarder des programmes de divertissement à la télévision ou sur Internet, pourrait consacrer ce temps à la méditation. Il devrait donc le faire.

4. S’efforcer à l’avenir d’arrêter l’accumulation de mauvais karma qu’il est impossible d’arrêter maintenant. Par exemple, quelqu’un ne peut pas se débarrasser de ses mauvaises habitudes, disons, fumer des cigarettes ou manger des friandises. Cela signifie que cette personne doit faire tous les efforts pour se débarrasser de ces habitudes à l’avenir. Par exemple, dans le cas de fumer du tabac, il devrait faire des prânâyâmas et des techniques de nettoyage spécifiques.

En outre, le quatrième point parle de la nécessité de faire des efforts pour ne pas avoir de mauvaises pensées, paroles ou actions dans le futur. Par exemple, un praticien a arrêté sa propre irritabilité et ses propos injurieux; ensuite, il doit faire un effort pour garder le calme et prévenir les irritations ou la méchanceté pour qu’elles ne s’emparent pas de nouveau de lui.

Ainsi, la pratique des Quatre Efforts Justes augmente le nombre de données (karma) des mondes supérieurs dans nos Cinq Agrégats et aide à réduire le volume de données opposées.

3. Pleine conscience et concentration

Grâce à toutes les pratiques décrites ci-dessus, nous commençons à contrôler notre esprit et parvenons d’abord à la pleine conscience dans la vie quotidienne, puis à la stabilité mentale, ou concentration méditative. Autrement dit, la troisième composante de la pratique de la Diligence est l’effort visant à vivre le moment présent à chaque instant et à contrôler toujours son esprit: «L’esprit gouverne le monde, déclara Bouddha. L’esprit bien contrôlé est le meilleur ami, mais, étant incontrôlable et errant, il se transformera sûrement en pire ennemi. L’esprit dompté assure la paix et le bonheur» (Vénérable Ananda Maitreya[26]).

La pleine conscience et la concentration sont une attention calme focalisée sur un objet. L’attention sur un objet est maintenue par la volonté: nous ne permettons pas à notre esprit de s’éloigner de l’objet de notre concentration, nous ne lui permettons pas de bouger grâce à la volonté.

La pleine conscience signifie porter toute son attention sur un processus ou une action. Par exemple, quand on marche dans la rue, conduit une voiture, cuisine de la nourriture ou fait le ménage. Cela peut être une sorte de processus de travail, par exemple le processus d’assemblage de quelque chose. Il peut y avoir un processus d’apprentissage où nous devons nous souvenir de la séquence de certains mouvements ou manœuvres, comme lors de l’apprentissage de la conduite ou des arts martiaux ou du travail sur un ordinateur. Cela peut être l’observation de ses sensations, par exemple, lors de la pratique des asanas yogiques ou du Qigong taoïste. En d’autres termes, la pleine conscience n’implique pas la présence d’un seul objet auquel notre attention est dirigée. La pleine conscience est une attention calme vers un processus dans lequel un certain nombre d’objets interagissent les uns avec les autres. Par exemple, si je fais le ménage, j’utilise un aspirateur, un chiffon à poussière, je déplace les chaises, je sors la poubelle, etc. Autrement dit, j’ai constamment besoin de porter mon attention d’un objet à un autre et d’effectuer consciemment une certaine série d’actions.

 

La concentration, au contraire, est une attention calme focalisée exclusivement sur un seul objet. En général, la concentration se rapporte à notre méditation et à notre paix intérieure. Par exemple, on répète un mantra ou on se concentre sur notre respiration pendant le prânâyâma, et à ce moment-là, rien n’existe à part le mantra récité ou la respiration. Notre mental fusionne avec l’objet de concentration et s’arrête.

Ainsi, la pleine conscience est avant tout le monde extérieur et le quotidien, tandis que la concentration est notre monde intérieur et notre méditation. On peut donc dire que la pleine conscience dans la vie quotidienne crée la base d’une concentration méditative.

À mesure que l’on continue à pratiquer, les mondes extérieur et intérieur deviennent un tout, et nous réalisons la capacité de vivre naturellement un moment présent à la fois dans la vie quotidienne et dans la méditation.

Deux composantes de pleine conscience et de concentration

Ainsi, la pleine conscience et la concentration ont une forme légèrement différente, mais leur essence est identique, car la pleine conscience et la concentration ont deux composantes. Et si l’un d’eux n’est pas réalisé, alors ce ne sera pas une véritable pleine conscience et/ou concentration.

Le premier composant est la base, sans quoi il n’y a ni pleine conscience ni concentration. C’est bien connu, c’est facile à expliquer et à comprendre, mais assez difficile à pratiquer. Ce premier composant est la présence absolue dans le moment présent. Qu’est-ce que ça veut dire «présence»? Être présent dans le moment présent, c’est se concentrer, être attentif, ne pas se laisser distraire, être pleinement dans le «ici et maintenant» grâce à la volonté. En fait, c’est la définition de la volonté elle-même, c’est-à-dire le fonctionnement de l’esprit visant à poursuivre la concentration, le fonctionnement de l’esprit visant à continuer à faire ce que l’on fait en ce moment-là. C’est la fixation de l’esprit sur un objet. L’esprit ne se meut pas, ne s’écarte pas de notre objet d’attention ou de concentration. Qu’est-ce qui nous empêche d’être présents dans le moment présent et de se concentrer sur un objet? Des pensées dénuées de sens qui sont généralement associées au passé ou à l’avenir. En d’autres termes, nous sommes distraits en se souvenant du passé ou en rêvant du futur. C’est pourquoi nous parlons de présence, de pleine conscience, ou de concentration sur le moment présent. À propos de la présence ou de l’absence des pensées sur le moment présent lui-même, on en parlera ci-dessous.

Ainsi, le premier composant est la pratique du Calme Mental: nous devons calmer, ou vider notre esprit et trouver un état où les pensées ne surgissent pas. Nous contrôlons notre mental par la volonté et le dirigeons pleinement vers l’objet de notre attention ou notre concentration.

Le deuxième composant de la pleine conscience et de la concentration découle du premier. On peut dire que cette deuxième composante est l’aspect essentiel pour lequel la pleine conscience et la concentration sont réalisées. Contrairement au premier, le deuxième composant est impossible à comprendre intellectuellement ou logiquement, car une fois que cette deuxième composante est complètement réalisée, notre esprit sera dans son état naturel d’origine. En d’autres termes, notre conscience, et avec elle le faux «Soi» disparaîtra.

Ainsi, nous avons réussi à nous concentrer sur l’objet, les pensées superflues ont disparu et l’esprit a éclairci. La question suivante se pose: Que faut-il faire de l’objet de concentration lui-même? Par exemple, nous récitons un mantra ou pratiquons le prânâyâma: comment devrions-nous traiter ce mantra ou notre respiration, que devrions-nous en penser et devrions-nous le faire? D’un autre côté, les pensées, bien sûr, sont devenues moins nombreuses, mais les désirs mondains n’ont pas disparu: que faire, par exemple, de l’attachement ou de la colère, qui apparaissent dans la méditation?

La façon de penser dualiste ordinaire dit que le mantra ou la respiration, sont de «bons» objets, il faut donc «se concentrer» dessus. Mais l’attachement ou la colère est un «mauvais» objet, on ne devrait pas «se concentrer» sur eux, il faut les nier. En fait, ce type de réflexion est lié au facteur de la Vue Juste, mais pas à la méditation. Dans une méditation correcte, nous nous concentrons également sur la respiration ainsi que sur les attachements. Bien sûr, il faut d’abord maîtriser la concentration sur les «bons» objets, et ensuite sur les «mauvais», afin d’arrêter leur action. Par conséquent, en fin de compte, l’objet de notre concentration ou le processus dont nous avons connaissance peut être n’importe quoi: «bon et correct», par exemple, cela pourrait être ce que nous étudions, cela pourrait être notre pratique, notre entraînement, notre exécution de tout travail, etc.; et «mauvais et incorrect» comme nos faiblesses, défauts, désirs mondains ou pensées désagréables, souvenirs douloureux, etc.

Cependant, si vous ne savez pas, du moins en théorie, quel est l’état initial de l’esprit, alors la confusion et la substitution de concepts surgissent certainement. Mais c’est la partie essentielle de la concentration, sa véritable partie la plus profonde, à laquelle le praticien devrait parvenir, et si cela ne se produit pas, alors les pratiques précédentes sont inutiles en termes d’Illumination.

Il n’y a que deux manières opposées et mutuellement exclusives, où le processus de perception de tout objet, de toute action, de tout phénomène est, pour la première, d’être agrippé par l’objet, tandis que, pour la seconde, d’être concentré sur l’objet. Cependant, dans la vie ordinaire, elles sont considérées comme étant exactement la même chose. Le problème, c’est qu’on confond l’accrochement et la concentration; autrement dit, nous sommes capturés, attachés à l’objet, au lieu d’être impartialement conscients de l’objet.

Il y a un processus: mouvement de l’esprit- perception d’un objet – identification à l’objet – distinguer un objet en s’appuyant sur l’expérience du passé et des informations – émergence des désirs ou refus d’un objet – souffrance[27].

Cependant, il existe un autre processus, ou plutôt son absence. Le mental est suspendu et l’esprit est dans son état originel de Calme et de Contemplation. L’objet que nous percevons apparaît.

Cependant, c’est une perception sans perception. Notre esprit ne bouge pas, ce qui signifie que nous ne sommes pas agrippés. En conséquence, l’objet n’a aucune influence sur nous.

Si nous n’avons pas encore expérimenté cet état de cessation complète de la pensée, alors nous utilisons la concentration sur un «bon» objet pour expérimenter cet état. En raison de la volonté, nous ne permettons pas à notre esprit de se déplacer vers l’objet, d’être capturé par un objet pour se mettre sur la voie des discriminations et de l’émergence des désirs. «Objet» est un objet de notre concentration ou notre conscience. Nous essayons de remplacer le processus conventionnel de perception et de discrimination par une observation calme et sans implication. On peut dire que, à ce moment, nous imitons l’état originel de notre esprit.

Quand on connaîtra une suspension complète de la pensée au niveau de la conscience superficielle, alors, au lieu du processus de discrimination et d’attachement, surgira un état qui a toujours été là – un état de présence naturelle, de paix contemplative, ou de Tranquillité et de Contemplation. Lorsque cela sera réalisé, on pourra se confronter pleinement à nos faiblesses et à nos désirs mondains (c’est-à-dire les «mauvais» objets) et arrêter leur action par la concentration et la contemplation dans la méditation.

Ainsi, la deuxième composante de la pleine conscience et de la concentration est la non-implication. D’abord, nous dirigeons notre esprit vers l’objet de notre concentration et ne lui permettons pas d’être distrait, emporté par des pensées vers le passé ou l’avenir. Ensuite, nous ne permettons pas à l’esprit de se balader: commencer à se mouvoir vers un objet, distinguer ou interpréter l’objet de concentration lui-même, se laisser emporter, être captivé par l’objet ou le processus vers lequel notre calme attention est dirigée. Par conséquent, la concentration est appelée une attention calme sur l’objet. Le contrôle de la pensée est réalisé par la volonté. La volonté se développe grâce à la Patience et à la Persévérance.

25Laïc qui s’engage à suivre des règles morales bouddhiques et pratique le bouddhisme à la maison sans être moine ou moniale (N.D.T.).
26Ananda Maitreya Maha Nayaka Thero (1896–1998) – le plus grand enseignant sri-lankais du XXe siècle, qui était renommé non seulement en tant que mentor et scientifique, érudit en écritures canoniques, mais aussi en tant que grand pratiquant qui avait parfaitement réalisé toutes les étapes de la méditation bouddhiste.
27Voir chapitre 2.