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DU CRÉDIT LÀ OÙ IL FAIT DÉFAUT

Guidée par le Défi 2X, l’initiative SheInvest finance des entreprises détenues par des femmes, qui souvent n’obtiennent pas les financements dont elles ont besoin

Par Moa Westman et Sabine Kayser

Les femmes sont au cœur de l’économie ougandaise. Elles détiennent près de 40 % de toutes les entreprises enregistrées. Mais souvent, les Ougandaises n’obtiennent pas le soutien dont elles ont besoin pour faire prospérer leur activité. Les entreprises appartenant à des femmes ne représentent que 9 % des crédits commerciaux octroyés dans le pays.

Deux initiatives, le Défi 2X et SheInvest, visent à y remédier. Lancé en 2019, le Défi 2X est une initiative mondiale qui a engagé et mobilisé 4,5 milliards de dollars pour soutenir l’autonomisation économique des femmes. La Banque européenne d’investissement mobilise également 2 milliards d’euros d’investissements intégrant la dimension sexospécifique dans toute l’Afrique par l’intermédiaire de SheInvest, qui applique les critères du Défi 2X à ses prêts. En décembre 2019, nous avons signé le premier prêt au titre de l’initiative SheInvest, octroyé à la Banque de développement de l’Ouganda. Près d’un tiers de ce prêt de 15 millions d’euros servira à soutenir des entreprises détenues et dirigées par des femmes.

Des besoins de crédit non satisfaits

Des initiatives comme SheInvest et Défi 2X aident à remédier à un déficit de financement estimé à 1 700 milliards de dollars dans le monde concernant les microentreprises et les PME détenues et dirigées par des femmes. Alors que les entreprises appartenant à des femmes représentent près d’un tiers des entreprises dans le monde, selon la Société financière internationale, près de 68 % d’entre elles ont des besoins de crédit non satisfaits. « À l’échelle mondiale, les entrepreneuses sont toujours défavorisées », explique Jessica Espinoza Trujano, présidente du Défi 2X.

« Bien qu’elles génèrent deux fois plus de revenus par dollar investi, les entreprises fondées par des femmes reçoivent moitié moins de financements que les entreprises fondées par des hommes », souligne Jessica Espinoza Trujano. Des études montrent également que les entreprises dont au moins la moitié des postes de direction sont occupés par des femmes enregistrent une croissance du chiffre d’affaires plus forte ainsi que des revenus et un rendement de l’actif plus élevés – et que le cours de l’action de ces entreprises se comporte aussi mieux en période de crise.

Pour remédier au problème de l’accès aux financements, les banques de développement comme la BEI ont adopté les critères du Défi 2X et les objectifs de prêt qu’il fixe pour les entreprises dirigées par des femmes, qui emploient des femmes et qui bénéficient à celles-ci. Voici quelques fonds et sociétés financières soutenus par la BEI qui changent la donne en Afrique :

Le groupe panafricain de capital-investissement Development Partners International (DPI) investit dans certains des plus grands noms du continent, comme le groupe nigérian de restauration rapide Food Concepts, exploitant de la franchise Chicken Republic, qui connaît une croissance rapide en Afrique de l’Ouest. DPI se sert de son influence pour encourager le changement dans les entreprises – dans les conseils d’administration et les équipes de direction. Cette société de capital-investissement a travaillé avec Food Concepts pour promouvoir les femmes, et aujourd’hui l’entreprise emploie 51 % de femmes et 49 % d’hommes. David Butler, directeur général de Food Concepts, a déclaré que l’entreprise avait également augmenté le nombre de ses fournisseurs détenus et dirigés par des femmes. « Nous nous efforçons désormais d’atteindre un équilibre en matière de représentation des sexes dans notre chaîne d’approvisionnement », a-t-il expliqué. « Et nous nous concentrons sur certains secteurs vraiment stratégiques de notre activité, comme la construction et la logistique. » DPI montre l’exemple. Runa Alam, directrice générale et cofondatrice, est une femme, tout comme la moitié des partenaires et du comité d’investissement de la société. Les femmes représentent également près de la moitié des employés. Fondée en 2007, DPI gère 1,6 milliard de dollars d’actifs, et les entreprises de son portefeuille emploient plus de 40 000 personnes en Afrique. La Banque européenne d’investissement a engagé 50 millions de dollars dans son tout nouveau fonds, désigné comme un fonds phare du Défi 2X.

Investir dans les femmes peut avoir des effets sur le plan social tout en générant un rendement financier.

Baobab Sénégal accorde traditionnellement des microcrédits à de petits entrepreneurs, comme des artisans, des vendeurs de marché et des restaurateurs. Souvent, les entreprises dirigées par des femmes sont si petites qu’elles n’intéressent pas la plupart des banques. Les femmes sont également confrontées à des difficultés pour fournir des garanties. Les biens de la famille peuvent ne pas être à leur nom ou elles peuvent avoir besoin de l’approbation de leur mari pour obtenir un prêt. Généralement, les organismes de microfinance contournent ces obstacles en octroyant les prêts à des groupes de femmes, qui les redistribuent ensuite à chacune, explique Mamadou Cissé, directeur général de Baobab Sénégal. En Afrique, les femmes utilisent souvent ces groupes comme dépositaires pour leur épargne, ce qui leur permet de constituer des réserves pour les mariages, les funérailles et l’éducation des enfants, dans des comptes à l’image de ceux des banques traditionnelles. Les microprêts aident également les femmes et leur famille à traverser des périodes difficiles, comme la pandémie de coronavirus. « C’est une activité qui nous tient à cœur », poursuit Mamadou Cissé. La Banque européenne d’investissement soutient Baobab au moyen d’un prêt de 7 millions d’euros. Les quatre cinquièmes de cet argent iront à une clientèle féminine. Ces fonds permettront à Baobab Sénégal d’accorder 17 200 prêts à des entrepreneurs. Nous avons signé un prêt supplémentaire de 4 millions d’euros en faveur de Baobab Sénégal en 2021.

Le fonds Women’s World Banking Capital Partners II effectuera des investissements minoritaires dans des prestataires de services financiers, favorisant ainsi la participation des femmes en tant qu’entrepreneuses, gestionnaires et employées, en particulier en Afrique subsaharienne. Plus d’un milliard de femmes dans le monde n’ont pas accès aux services financiers, selon Women’s World Banking Capital. Le groupe lance un nouveau fonds pour essayer de remédier à cette situation. Le postulat du fonds est simple : investir dans les femmes peut avoir des effets sur le plan social tout en générant un rendement financier. Grâce à ses investissements, le fonds aide les prestataires de services financiers à répondre aux difficultés auxquelles les femmes sont confrontées. Dans de nombreux pays, les femmes passent beaucoup de temps à s’occuper des enfants et des personnes âgées, ce qui fait qu’il leur est difficile de se rendre dans une agence bancaire pour ouvrir un compte ou remplir une demande de prêt, en particulier dans une agence bancaire traditionnelle où les files d’attente peuvent être longues. La Banque européenne d’investissement investit 11,5 millions de dollars dans ce fonds, qui prévoit de lever 100 millions de dollars.

Moa Westman est spécialiste des questions liées au genre à la Banque européenne d’investissement. Sabine Kayser est chargée principale des questions de politique générale.

COMMENT PRENDRE EN COMPTE LE CONTEXTE ?

La moitié de la population pauvre du monde vit dans des pays fragiles ou touchés par des conflits. Pour mettre fin à la pauvreté, nous devons d’abord briser le cycle de la fragilité

Par Mariella Ciuffreda, Sladjana Cosic et Harald Schölzel

Gaza connaît une crise de l’eau : 3 % seulement de ses ressources en eau douce satisfont aux directives de qualité de l’Organisation mondiale de la santé. L’un des lieux les plus densément peuplés au monde est ainsi confronté aux pires conditions de la région en matière d’eau potable. La solution : une usine de dessalement alimentée en partie par l’énergie solaire, qui fournirait 55 millions de mètres cubes d’eau potable de qualité par an. Partout ailleurs, ce projet aurait pu être facile à mettre en œuvre. Mais l’autorisation d’entrée de matériaux et de personnes à Gaza est subordonnée à une surveillance particulière des biens « à double usage » par Israël, qui les considère comme une source de problèmes de sécurité potentiels. C’est pourquoi le projet a piétiné, comme de nombreux projets de développement dans des zones fragiles.

La fragilité et les conflits sont des défis cruciaux en matière de développement. Depuis 2010, nous assistons à une hausse spectaculaire du nombre de conflits violents[11], qu’ils soient très internationalisés, comme la guerre en Syrie, ou localisés, par exemple dans l’est de l’Ukraine, le nord du Mali et l’île de Mindanao aux Philippines. Mais comment déterminer quels pays sont fragiles ? La fragilité se caractérise par des institutions instables et des lacunes en matière de gouvernance, qui entraînent une faiblesse des fonctions liées à la politique, au budget, à la sécurité et aux services publics. Les États fragiles ne sont pas capables ou ne se soucient pas de remplir ces fonctions essentielles pour la société, dans sa majorité ou dans certaines de ses composantes. Ils sont aussi plus susceptibles de connaître des conflits violents.

Pour comprendre dans quelle mesure un pays est fragile, la Banque européenne d’investissement s’appuie sur des sources telles que l’Organisation de coopération et de développement économiques. Son rapport États de fragilité 2020 recense 57 États fragiles. La Banque européenne d’investissement prévoit de mener ou mène déjà des opérations dans 39 d’entre eux.

 

Aujourd’hui, la moitié de la population pauvre du monde vit dans des pays fragiles ou touchés par des conflits[12]. D’ici à 2030, jusqu’à 80 % des personnes extrêmement pauvres vivront dans des contextes fragiles[13]. Selon le premier des objectifs de développement durable des Nations unies (« pas de pauvreté »), c’est également d’ici à 2030 que nous sommes censés éradiquer la pauvreté.

Pour faire face à la fragilité, il faudra des investissements susceptibles de renforcer les institutions des pays concernés et de rendre leurs économies et leurs sociétés plus résilientes. La Banque européenne d’investissement a une longue expérience des investissements dans des contextes fragiles en Europe ou ailleurs.

Elle s’est affirmée comme le principal bailleur de fonds international en faveur de la reconstruction dans les Balkans occidentaux après le conflit des années 90. Plus récemment, nous avons lancé l’initiative Résilience économique, qui utilise les fonds des donateurs et les financements de la Banque pour soutenir les Balkans occidentaux et le voisinage méridional de l’UE. Ces opérations visent à renforcer la résilience aux chocs imprévus, tels que les migrations de réfugiés, l’instabilité politique et les catastrophes naturelles. À ce jour, 60 projets, pour un investissement total de 5,83 milliards d’euros, ont été approuvés au titre de l’initiative Résilience économique.

En collaboration avec la Commission européenne, la BEI a également élaboré un programme de soutien au relèvement rapide de 200 millions d’euros, en faveur des zones touchées par le conflit en Ukraine. Au Mali, nous avons appuyé la fourniture d’eau potable à plus d’un demi-million de personnes. La Banque contribue aussi au processus de consolidation de la paix en Colombie, ayant approuvé plus de 600 millions d’euros de financement pour des projets d’infrastructure depuis 2006.

Le rapport États de fragilité 2020 recense 57 États fragiles. La Banque européenne d’investissement prévoit de mener ou mène déjà des opérations dans 39 d’entre eux.

Comment faudrait-il faire ?

Pour renforcer l’efficacité de nos interventions à l’appui du développement et maximiser leur effet positif sur la paix, la Banque a élaboré une stratégie de prise en compte des conflits, qui vise à :

• réduire le risque de déraillement des projets à cause d’une situation de conflit et de fragilité ;

• éviter le risque d’exacerbation des conflits par les projets ;

• contribuer aux efforts de prévention des conflits et de consolidation de la paix par ses investissements.

Afin d’aider son personnel à traduire en actes les principes de la prise en compte des conflits, la BEI a mis en place un service d’assistance pour la prise en considération des conflits. Ce service d’assistance est géré en collaboration avec des experts de renommée internationale issus de deux organisations spécialisées dans les conflits, Saferworld et Swisspeace. Ces experts nous aident en évaluant les risques et les possibilités liés au contexte et en recommandant certains ajustements destinés à améliorer la prise en compte des conflits dans les projets. L’un des projets en question concerne l’usine de dessalement de Gaza.

Après une dizaine d’années d’efforts, nous sommes enfin sur le point d’assurer l’approvisionnement en eau potable de deux millions de personnes. Ce projet est le résultat d’une collaboration internationale emmenée par la Banque européenne d’investissement. Son coût de 580 millions d’euros sera réparti à parts égales entre les partenaires occidentaux et arabes. L’idée d’une usine de dessalement avait déjà été proposée des années avant que la BEI n’intervienne, mais à l’instar de nombreux projets de développement dans des zones fragiles, elle a nécessité une détermination et une ingéniosité accrues.

Fil conducteur

La fragilité est un phénomène complexe. En soi, elle est étroitement liée à d’autres thèmes importants du développement, notamment les changements climatiques, l’égalité entre les sexes, la migration et les déplacements forcés. Nous apportons des contributions importantes dans chacun de ces domaines. La Banque étudie la façon de tirer parti des enseignements de son initiative Résilience économique, afin d’élargir le champ de ses activités dans le domaine des changements climatiques et de la fragilité et d’appuyer davantage les infrastructures, les villes, les économies et les sociétés inclusives et résilientes. L’action climatique réduit la fragilité en améliorant la capacité des pays à réagir et à s’adapter aux changements climatiques. Il en va de même pour l’égalité des sexes, désignée comme le premier indice de paix dans une étude mondiale réalisée en 2015. En participant à cette égalité, on contribue à prévenir les conflits dans un contexte fragile.

On dénombrait, en 2019, 54 conflits actifs dans le monde[14]. Pour briser le cycle de la fragilité et de la pauvreté, il nous faut aider les sociétés touchées et leurs institutions à se relever – d’autant plus que la pandémie de COVID-19 menace d’exacerber les problèmes auxquels sont confrontés les États fragiles. Nous devons investir dans ces pays, en donnant à leurs habitants les moyens de se prendre en charge et en créant les conditions qui leur permettent à leur tour d’investir dans leur propre vie.

Mariella Ciuffreda est chargée de questions de politique générale à la Banque européenne d’investissement. Sladjana Cosic est spécialiste principale du développement social et Harald Schölzel est ingénieur hydraulicien.

COMMENT ÊTRE À L’ÉCOUTE ?

Les projets de transport sont bons pour l’économie. Le dialogue avec les parties prenantes permet de faire en sorte qu’ils soient bons également pour l’environnement et la société. Voici comment cela s’est passé avec les peuples autochtones du Honduras

Par Ana Dilaverakis

Au Honduras, le gouvernement a fait de l’amélioration de la qualité et de la sécurité du réseau routier une grande priorité dans le cadre de son plan de développement pour les deux prochaines décennies. La modernisation et la réhabilitation du Corridor occidental revêtaient une importance particulière, car cet axe relie San Pedro Sula, la deuxième ville du pays et sa capitale industrielle, avec le Guatemala et El Salvador. Les avantages escomptés étaient la promotion du tourisme et le renforcement de l’activité économique, ainsi que l’amélioration des conditions de vie des communautés locales dans l’une des régions les plus pauvres et les plus défavorisées du Honduras. C’est pourquoi la Banque européenne d’investissement a accordé un prêt de 79,5 millions d’euros et apporté une assistance technique d’une valeur de 3 millions d’euros au projet. (Nous aidons également les autorités du Honduras à réparer les dégâts causés au projet par de violents ouragans à la fin de 2020.)

Toutefois, selon les estimations, le projet avait des conséquences pour 740 ménages, dont quelque 180 familles qui devaient être physiquement déplacées ou qui subiraient des répercussions économiques. De plus, la région où le projet devait être mené abrite environ 40 000 autochtones chorti. Les Chorti dépendent principalement de l’agriculture et fournissent une main-d’œuvre saisonnière pour les grandes plantations de café et le secteur du tourisme. Les femmes aussi contribuent à l’activité économique par la confection de produits traditionnels et artisanaux. La majorité des Chorti vivent dans une pauvreté extrême et présentent un taux d’alphabétisation inférieur à la moyenne du Honduras. Près de 50 % sont au chômage et ils n’ont, en général, qu’un accès réduit aux soins de santé.

La situation des Chorti a donné un bon exemple de dialogue avec les parties prenantes.

La capacité de résilience de certains individus ou groupes face aux incidences négatives d’un projet peut être moindre. En particulier, les personnes qui ont subi des discriminations, des inégalités financières, culturelles ou fondées sur le genre peuvent être plus dépendantes de leur environnement ou avoir un accès limité à la justice et aux processus de décision. Les peuples autochtones comptent généralement parmi les groupes vulnérables. Ces peuples ont des identités et des aspirations distinctes de celles des groupes dominants de la société et sont souvent désavantagés par les modèles de développement traditionnels. Un dialogue efficace avec les parties prenantes garantit que les besoins de ces peuples soient satisfaits et que le projet n’entraîne pas de préjudice social ou environnemental.

Les Chorti sont les descendants de l’ancien empire maya de Copán et, selon la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, ils sont considérés comme vulnérables. Même si la plupart des personnes concernées par la construction de la route n’étaient pas des autochtones, la vulnérabilité socio-économique de la région couverte par le projet devait être prise en compte. L’annonce des travaux prévus faisait craindre aux dirigeants chorti une expropriation de leurs terres. Les populations autochtones avaient auparavant connu des situations difficiles à cause de projets au sujet desquels elles n’avaient pas été consultées.

La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones reconnaît la nécessité de respecter et de promouvoir les droits intrinsèques des peuples autochtones. L’article 26 de cette Déclaration consacre le droit des peuples autochtones aux terres, territoires et ressources qu’ils possèdent et occupent traditionnellement ou qu’ils ont utilisés ou acquis. De plus, les normes environnementales et sociales de la Banque européenne d’investissement demandent aux promoteurs d’entretenir, d’une manière efficace et appropriée, un dialogue ouvert, transparent et responsable avec toutes les communautés et parties prenantes concernées par les projets. Elles protègent également les droits et les intérêts des groupes vulnérables.

Le dialogue avec les parties prenantes ne se limite pas aux obligations de transparence.

Préalablement au cofinancement du projet, la Banque européenne d’investissement a convenu d’exigences de protection strictes d’un commun accord avec les autorités du Honduras. « Il fallait qu’un plan satisfaisant de dialogue avec les parties prenantes ait été conçu et mis en œuvre avant que les fonds de la BEI puissent être mis à disposition », explique David Lopez, l’ingénieur principal de la BEI sur le projet.

« La vulnérabilité des villages chorti a conduit la Banque à exiger qu’une plus grande attention soit accordée à la protection des droits et des intérêts des populations autochtones », ajoute Joana Pedro, spécialiste du développement social pour le projet à la BEI.

À cette fin, le projet a bénéficié d’une subvention d’assistance technique financée par l’UE et un consultant expérimenté chargé des relations avec les populations autochtones a été recruté pour éclairer les Chorti sur les détails du projet. Ceux-ci ont rapidement exprimé un avis positif à l’égard du projet routier, conscients qu’ils en tireraient des avantages importants. Le processus a débouché sur l’élaboration d’un plan de développement des populations autochtones énonçant des mesures d’atténuation et des modalités de partage des avantages. Il était notamment prévu de moderniser 56 km de voirie rurale, afin que les communautés chorti aient un meilleur accès, par le réseau routier principal, aux services publics et aux centres économiques. De nombreux Chorti ont été engagés pour travailler sur les routes avec un bon salaire, ce qui a permis d’augmenter le revenu moyen des ménages et donc d’améliorer la qualité de vie. Les autorités ont également accepté d’apporter un soutien à l’agriculture sous la forme de conseils et de la fourniture de semences. Le plan prévoyait l’organisation d’ateliers destinés à conseiller et aider les femmes chorti dans le cadre de leurs activités artisanales et à faciliter leur accès aux marchés. Ces changements se sont traduits par une augmentation de la fréquentation scolaire des enfants, grâce à l’amélioration de la situation économique des ménages. En outre, l’amélioration de l’accessibilité tout au long de l’année a facilité les déplacements vers l’école. Un plan de réinstallation, en consultation avec toutes les personnes concernées, comportait un programme de 4,1 millions de dollars pour financer la réinstallation et l’indemnisation en espèces des familles. Il prévoyait aussi des mesures d’accompagnement pour soutenir les personnes touchées les plus vulnérables.

 

Le dialogue avec les parties prenantes ne se limite pas aux obligations de transparence. Il englobe la société civile et la communauté des parties prenantes au sens large, pour les associer à l’analyse des projets, à la gouvernance et aux processus décisionnels. Le développement concerne tout le monde. Le dialogue avec les parties prenantes renforce la confiance à cet égard.

Ana Dilaverakis travaille à la division Routes stratégiques de la Banque européenne d’investissement.