Za darmo

Histoire littéraire d'Italie (1

Tekst
0
Recenzje
iOSAndroidWindows Phone
Gdzie wysłać link do aplikacji?
Nie zamykaj tego okna, dopóki nie wprowadzisz kodu na urządzeniu mobilnym
Ponów próbęLink został wysłany

Na prośbę właściciela praw autorskich ta książka nie jest dostępna do pobrania jako plik.

Można ją jednak przeczytać w naszych aplikacjach mobilnych (nawet bez połączenia z internetem) oraz online w witrynie LitRes.

Oznacz jako przeczytane
Czcionka:Mniejsze АаWiększe Aa

Il est resté de lui une autre canzone en cinq strophes de neuf vers d'inégales mesures et en rimes croisées 559: mais elle ne vaut pas la première, et il est inutile d'en rien dire de plus. Il ne l'est pas au contraire de parler d'une troisième pièce, moins étendue, et dont le mérite poétique est tout aussi médiocre, mais dont la forme exige qu'on y fasse quelque attention. Quatorze vers y sont partagés en deux quatrains suivis de deux tercets. Dans les deux quatrains,

La rime avec deux sons frappe huit fois l'oreille

Deux nouvelles rimes servent pour les deux tercets; enfin c'est un véritable sonnet, et, à très-peu de chose près, construit comme ceux de Pétrarque. Nouvelle preuve que cette forme de poésie, ignorée des Provençaux, quoiqu'ils en connussent le titre, est d'origine sicilienne, et remonte jusqu'au treizième siècle 560.

On a de Pierre des Vignes six livres de lettres écrites en latin, soit en son nom, soit en plus grand nombre au nom de son empereur, et qui ont été imprimées plusieurs fois 561. Elles sont intéressantes pour l'histoire: on y voit, comme dans un tableau vivant, et les obstacles suscités sans cesse contre Frédéric par la cour de Rome, et son infatigable activité à les vaincre. On y voit avec plus de plaisir quelques traces de la protection accordée aux lettres par l'empereur et par son chancelier. On a long-temps attribué, ou à l'un ou à l'autre, car on se partageait entre eux, un ouvrage dont le titre seul a causé un grand scandale; je dis le titre seul, puisqu'il paraît constant, non seulement que le livre n'est ni de Frédéric, ni de Pierre, mais qu'il n'exista jamais. C'est le fameux livre des trois Imposteurs. Entre les calomnies que Grégoire IX répandit contre le roi de Sicile, il l'accusa dans une circulaire à tous les princes et à tous les évêques, d'avoir dit hautement que le monde avait été trompé par trois imposteurs, Moïse, Jésus et Mahomet. Frédéric répondit à cette circulaire par une autre, où il nia formellement qu'il eût tenu ce propos. L'accusation acquit par là plus de publicité, et comme c'est toujours en croissant que la calomnie se propage, d'un propos on fit bientôt un livre, dont on accusa l'empereur, ou par accommodement son chancelier.

Ce dernier eût été heureux s'il n'eût jamais été en butte à d'autres calomnies, et il serait heureux pour la mémoire de Frédéric, que cet empereur n'eût pas prêté l'oreille à celles qui s'élevèrent dans sa cour. Elles se sont renouvelées depuis sous plusieurs formes, et ont subsisté long-temps; on ne pouvait croire qu'une faveur si haute et si bien méritée, pût être suivie d'une si épouvantable disgrâce et d'un traitement si cruel. Il paraissait impossible qu'un prince tel que Frédéric, eût fait crever les yeux à un ministre tel que Pierre des Vignes, et l'eût fait jeter dans une prison fétide, où le malheureux s'était tué de désespoir, s'il n'y avait été forcé par une trahison, ou peut-être par de plus criminels attentats; mais c'était oublier les retours de cette nature si fréquents dans la faveur des rois. Les auteurs les plus estimés par leur saine critique et par leur impartialité, en jugent mieux aujourd'hui; et le sage Tiraboschi, après avoir attentivement examiné la question, ne balance pas à conclure que Pierre des Vignes ne fut coupable d'aucun crime; que ce fut l'envie des courtisans qui le perdit; que l'empereur, trompé par eux, le condamna à perdre la vue et la liberté, et que Pierre au désespoir se donna la mort. 562

Frédéric mourut lui-même deux ans après 563, laissant, dit Voltaire, le monde aussi troublé à sa mort qu'à sa naissance 564. Pendant sa vie, comme auparavant, la principale cause de ces troubles fut toujours la lutte établie entre l'empereur et les papes. Les villes, et quelquefois dans la même ville, les familles étaient partagées entre les deux factions, et rangées sous les deux noms ennemis de Guelfes et de Gibelins, comme sous deux bannières. Ces noms, comme nous l'avons vu, existaient depuis long-temps; mais ce fut surtout alors qu'ils s'étendirent en Italie et qu'ils y devinrent les enseignes de deux factions implacables et acharnées. Presque toutes les villes de Lombardie et de Toscane prirent l'un ou l'autre parti. Dans plusieurs, comme à Florence, il y avait partage: des familles puissantes suivaient une des enseignes, tandis que des familles non moins puissantes suivaient l'autre; et souvent encore, dans les mêmes familles, le père était Guelfe et ses fils Gibelins un frère servait Rome, et l'autre l'Empire. On doit penser quelle exaspération donnèrent à leurs haines les excès où la vengeance des papes se porta contre Frédéric II, le bruit de leurs excommunications et la prédication de leurs croisades. Jamais il n'y eut de guerre civile plus compliquée, s'il y en eut de plus terrible.

La mort de Frédéric et le long interrègne qui la suivit, furent, pour la plupart des villes qui lui avaient été attachées, le signal de l'indépendance. Alors se formèrent beaucoup de petites principautés, qui s'étendirent et s'affermirent dans la suite. Plusieurs des villes qui avaient été du parti des papes, suivirent cet exemple. Mais les nouveaux princes n'en furent que plus ardents à se faire la guerre quand ils la firent pour leur propre compte. En Lombardie, et dans la marche Trévisane, le pouvoir monstrueux d'Eccellino 565, cimenté par le sang et par tous les excès de la tyrannie, ne s'écroula que sous les coups d'une ligue, presque générale, et même d'une croisade 566 qui, cette fois du moins, ne parut armée par la religion que pour venger l'humanité. La puissance plus modérée des marquis d'Est s'étendait peu à peu de Ferrare à Modène et à Reggio. À Milan, les querelles du peuple avec les nobles mettaient le pouvoir aux mains des de la Torre, nobles qui se disaient populaires, et qui préparaient, en s'y opposant toujours, la domination des Visconti. Dans l'état de Naples et de Sicile, Mainfroy, occupé de reconquérir ce royaume sur les papes, qui en avaient envahi la suzeraineté, l'était aussi d'en usurper la couronne sur le jeune Conradin, seul rejeton légitime du sang de Frédéric II. Heureux dans son usurpation, il se trouva bientôt assez de forces pour envoyer ses Allemands au secours de l'un des deux partis qui déchiraient la république de Florence. Il y releva les Gibelins battus et bannis, et abattit dans le parti des Guelfes 567 celui des papes, ses plus dangereux ennemis. Mais les papes avaient juré la perte de la maison de Souabe, indocile à recevoir leur joug. Urbain IV, à peine élevé sur le siége pontifical 568, reprit tous les projets d'Innocent IV, les suivit même avec plus de violence, et en transmit l'exécution à Martin IV, son successeur. Ce second pape français 569, investit du royaume de Naples, qui ne lui appartenait pas, le prince français Charles d'Anjou, qui n'y avait aucun droit 570. Mainfroy vaincu, périt les armes à la main. On vit le frère d'un saint roi de France usurper cette couronne étrangère, souiller ce trône par l'assassinat juridique de l'héritier légitime, du jeune et infortuné Conradin 571. Le crime plus grand des vêpres siciliennes fit porter la peine de ce crime aux malheureux Français, et fit passer, pour un temps, la Sicile au pouvoir des rois d'Arragon, sans arracher Naples au roi Charles, qui, d'une main violente, mais ferme, y établit et y maintint le règne de sa maison.

 

Pendant ce temps, vers le nord de l'Italie, deux puissantes républiques, Gênes et Pise, se disputaient l'empire des mers, équipaient des flottes formidables et se livraient des batailles sanglantes. Pise, écrasée par ses pertes 572, et peu généreusement attaquée par les Florentins, parce qu'elle était Gibeline, et que les Guelfes dominaient alors à Florence, attaquée en même temps par les Lucquois, ne se laisse point abattre, mais confie imprudemment sa défense au trop fameux comte Ugolin, dont l'avide et astucieuse tyrannie fournit des pages sanglantes à l'histoire, et dont la plus haute poésie a consacré l'horrible supplice. Alors aussi Florence, Sienne, Arezzo, se firent des guerres acharnées. Du milieu de ces convulsions, Florence fit éclore la constitution républicaine 573 sous laquelle on vit les lettres et les arts renaître spontanément dans son sein, mais qui n'y put ramener la paix intérieure, radicalement troublée par la violence des haines et la fureur des partis.

Au pied des Alpes, le marquis de Montferrat 574 s'était fait un état puissant, par la réunion de plusieurs petits états, ou, ce qui était alors la même chose, de plusieurs villes importantes 575 qui l'avaient nommé, l'un après l'autre, leur capitaine général. Mais ce pouvoir devenu tyrannique, quoiqu'il le fût moins que celui d'Eccellino, fut détruit avec moins de peine, et le fut plus cruellement. Enfermé dans une cage de fer par les habitants d'Alexandrie, le gendre d'Alphonse, roi de Castille, le beau-père de l'empereur grec Andronic Paléologue, y mourut 576 après deux ans de la plus dure et de la plus humiliante captivité. Après lui, toutes ces villes, tantôt divisées et tantôt réunies entre elles, continuèrent de s'agiter comme les autres villes lombardes, comme celles de l'Italie entière, les unes Gibelines, c'est-à-dire impériales, lors même qu'il n'y a pas d'empereur; les autres Guelfes, c'est-à-dire armées pour les papes contre les empereurs, lorsque l'interrègne de l'empire se prolongeant, le pouvoir des papes, si leur ambition eût eu des bornes, n'aurait plus eu de rival. Les factions survivant aux intérêts qui les avaient fait naître, se multiplièrent par ce qu'il y avait même de vague dans leur objet. Elles s'envenimèrent de plus en plus, et l'Italie parut prête à retomber dans l'anarchie et dans le chaos.

Pendant tout le cours de ce siècle, les écoles et les universités qui commençaient à fleurir, se ressentirent de ces agitations. Souvent elles furent obligées de se déplacer, soit pour éviter les désastres de la guerre, soit pour obéir à l'un ou à l'autre des partis, occupés à saisir tous les moyens de se nuire. On les représente comme des voyageuses sans demeure fixe, tantôt campant dans une ville, et y étalant les trésors de l'instruction, tantôt décampant à l'improviste pour les transporter ailleurs; les professeurs, forcés à faire serment de ne point quitter leur poste, et pourtant errant çà et là, traînant avec eux la foule de leurs disciples et de leurs admirateurs 577. Celle de Bologne, qui était la plus célèbre, souffrit plus que tout autre de ses vicissitudes; Modène, Reggio, Vicence, Padoue en profitèrent; et les démembrements de l'université Bolonaise y firent naître de nouvelles universités, ou enrichirent à ses dépens celles qui existaient déjà. Frédéric II, mécontent des Bolonais, et voulant aussi favoriser son université de Naples, avait ordonné à celle de Bologne de cesser ses cours, et à tous les écoliers de venir à Naples suivre leurs études; mais Bologne, liguée contre lui avec d'autres villes de Lombardie, était en état de résister à cet ordre, et Frédéric fut obligé de le révoquer deux ans après.

Les papes, de leur côté, enveloppaient les études dans leurs proscriptions sacrées; et l'interdit qui frappait les villes, atteignait aussi les universités. Mais tous ces mouvements, et toutes ces révolutions scolaires, prouvent l'attention qu'on portait aux études, l'affluence et le zèle de la jeunesse, la célébrité des professeurs, l'importance qu'avaient les écoles pour les villes et pour les gouvernements. Il y avait donc à la fois dans les esprits, comme il arrive souvent, agitation et progrès. Mais s'il y avait du progrès dans les esprits, y en avait-il un réel dans les études? C'est ce qu'il s'agit d'examiner.

La théologie scolastique avait toujours les premiers honneurs. Toutes les métropoles possédaient au moins une chaire de théologie; il en avait une dans toutes les universités et dans tous les couvents de moines. Le nombre de ces couvents s'accrut alors de deux ordres nouveaux, fondés l'un par saint Dominique, qui donna au monde les Dominicains et l'Inquisition; l'autre par saint François, qui ne laissa que les Franciscains, mais que les Italiens mettent au nombre de leurs plus anciens poëtes, et qui, le premier, en effet, composa de cantiques en langue vulgaire. Celui qui s'est conservé ne manque ni de verve, ni de chaleur; c'est une paraphrase du psaume qui invite tous les éléments, et le soleil, et les cieux, et la terre, et tous les êtres créés à louer le Créateur. Il est en vers irréguliers, et non rimés 578. Il fut mis en musique par un des premiers disciples du saint, qui fut, aussi lui, saint et poëte, et qui de plus était un des meilleurs musiciens de son temps. On le nommait frère Pacifique; il faisait chanter ce cantique aux religieux ses nouveaux frères. Cela ne paraîtrait sans doute aujourd'hui ni de belle poësie, ni de bonne musique; mais il y a pourtant quelque chose dans cette particularité qui doit intéresser les musiciens et les poëtes.

 

La théologie eut alors une lumière plus brillante; un docteur fameux, qui avait aussi de la poésie dans la tête, quoiqu'il n'ait écrit qu'en prose ses gros et nombreux ouvrages, Fontenelle, qui exagérait peu, a sans doute exagéré quand il a dit que saint Thomas, dans un autre siècle et dans d'autres circonstances, était Descartes 579; Les légèretés de Voltaire, l'Ange de l'école 580, sont sans doute aussi des exagérations. Pour faire un choix entre ces deux extrêmes, ou pour prendre en connaissance de cause un juste milieu, il faudrait faire ce que, selon toute apparence, ni Voltaire, ni Fontenelle n'ont fait; il faudrait lire et la Somme théologique, et le commentaire sur les sentences de Pierre Lombard, et les ouvrages contre les Gentils et contre les Juifs, et des in-folio intitulés Opuscules, ou, pour le moins, les amples et subtils commentaires sur la philosophie d'Aristote; bien des gens aimeront sans doute mieux croire ce qu'on voudra que de faire un tel emploi de leur temps.

Quoi qu'il en soit, Thomas, fils de Landolphe, comte d'Aquin, né en 1226, dans un château 581 appartenant à cette noble famille, entré en dépit d'elle à 17 ans chez les Dominicains, résista constamment aux larmes de sa mère, aux violences de ses frères, officiers au service de Frédéric II, qui enlevèrent le jeune novice l'enfermèrent dans un château et l'y retinrent malgré le pape, aux caresses de leurs deux jeunes sœurs, que Thomas aimait tendrement, et qui, au lieu de le rendre au monde, y renoncèrent et se firent religieuses à son exemple; aux caresses plus vives et plus dangereuses d'une autre femme qui n'était point sa sœur, et qui ne retira d'autre fruit de ses avances trop pressantes, que d'être chassée et poursuivie avec un tison enflammé: vainqueur de tous ces obstacles, il rentra enfin dans l'ordre dont il devint bientôt la gloire. C'est dans l'université de Paris qu'il prit ses degrés en théologie, sous le fameux Albert, qu'on nommait alors le Grand. Il voulut professer à son tour. Mais de bruyantes querelles s'étaient élevées entre les ordres Mendiants et l'Université. Celle-ci prétendait qu'il n'appartenait pas aux ordres Mendiants de professer publiquement. Ces différents, qui occupent beaucoup de place dans l'histoire des Dominicains, des Franciscains et de l'université de Paris, doivent en remplir une très-petite dans l'histoire des progrès de l'esprit humain.

Lorsqu'ils furent apaisés, Thomas revint, comme en triomphe, recevoir le doctorat et ouvrir une école de théologie et de philosophie scolastique, dans cette même université, qui a tenu depuis à grand honneur de l'avoir eu dans son sein. Son enseignement et ses ouvrages forment une époque dans ces deux sciences, où il apporta de nouvelles méthodes, si ce ne fut pas de nouvelles lumières. De Paris, il alla professer à Rome, en 1260, et huit ou neuf ans après à Naples, où il se fixa, à la prière du roi Charles d'Anjou. Appelé, en 1274, au concile de Lyon, par le pape Grégoire X, il tomba malade en route, et fut enlevé en peu de jours. Il n'avait que 48 ou 49 ans, ce qui paraît vraiment merveilleux au seul aspect de l'énorme collection de ses œuvres.

On joint historiquement à saint Thomas, saint Bonaventure, son contemporain, et né italien comme lui 582, mais enrôlé sous les étendards de saint François. Envoyé, par ses supérieurs, à l'université de Paris, qui était alors la plus célèbre de l'Europe, il y prit rapidement ses degrés; mais il fut arrêté au dernier, comme saint Thomas, par les misérables querelles qui s'élevèrent entre les ordres Mendiants et les professeurs parisiens. Ce ne fut que cinq ans après, que toutes les difficultés furent levées, et qu'il reçut, dans l'université, les honneurs du doctorat. Enfin, nommé cardinal par Grégoire X, qu'il avait fait nommer pape 583, il mourut en 1274, à ce même concile de Lyon où saint Thomas n'avait pu arriver. Ses funérailles y furent faites avec une pompe extraordinaire, et le pape, lui-même, prononça son oraison funèbre. Ses écrits, tous théologiques, mais pour la plupart d'une théologie mystique plutôt qu'argumentative 584, passent pour moins obscurs que ceux du docteur Angélique. On le nomma, lui, le docteur Séraphique. On s'est moqué du titre de quelques-uns de ses ouvrages 585, tels que le Miroir de l'Ame, le Rossignol de la Passion, la Diète du Salut, le Bois de vie, l'Aiguillon de l'Amour, les Flammes de l'Amour, l'Art d'aimer, les sept Chemins de l'Éternité, les six Ailes des Chérubins, les six Ailes des Séraphins, etc.; mais ses biographes assurent que ce sont tous des écrits supposés qui se sont glissés parmi ses œuvres; il n'y a aucun inconvénient à les en croire. La pureté de sa doctrine et ses autres mérites l'ont fait mettre, trois siècles après, au rang des principaux docteurs de l'Église, par Sixte V; et ce pape, qui n'aimait pas qu'on le contredit de son vivant, n'a été contredit par personne, sur ce point, après sa mort.

La philosophie n'était autre dans ce siècle que ce qu'elle avait été dans le précédent; la dialectique d'Aristote, embrouillée par les scolastiques, et qui devenait plus obscure et plus minutieuse à mesure qu'on la commentait davantage. S. Thomas n'avait pas contribué à l'éclaircir. Après lui, s'éleva un Franciscain écossais, nommé Jean Duns, et surnommé Scotus, à cause de sa patrie, qui écrivit sur les mêmes sujets que lui, et prit toujours à tâche de soutenir l'opinion contraire. Les Franciscains, fiers d'avoir pour général cet Écossais, que nous nommons Scot, comme si c'était son nom et non celui de son pays, formèrent, sous son enseigne, une espèce d'armée, tandis que les Dominicains en formèrent une autre, à la tête de laquelle ils placèrent saint Thomas. Ainsi, non seulement la théologie, mais la philosophie, se divisa en Thomistes et en Scotistes, qui firent, dans les âges suivants, retentir toutes les écoles de leurs discordantes clameurs 586.

Les mathématiques étaient cultivées; mais elles n'avaient point encore pris l'essor. L'astronomie n'allait point sans les rêveries de l'astrologie judiciaire. Frédéric II, lui-même, malgré la trempe assez forte de son esprit, n'avait pu se soustraire à cette faiblesse de son temps, et il ne formait presque jamais d'entreprise sans consulter ses astrologues et ses livres. Les sciences naturelles étaient ignorées, excepté ce qui en était indispensable pour la médecine et la chirurgie, dont les imperfections et les erreurs venaient surtout de l'état d'enfance ou plutôt de l'oubli où languissait la science de la nature.

La jurisprudence civile et canonique semblait tirer des troubles mêmes de l'Italie de nouvelles forces, ou du moins un nouveau crédit. Le droit civil enseigné dans presque toutes les universités, l'était surtout à Bologne avec beaucoup d'ardeur et avec un éclat qui se répandait dans toute l'Europe, et y attirait de toutes parts les étrangers. On y comptait alors près de cent jurisconsultes plus ou moins célèbres. Le droit romain était resté seul depuis l'abolition des lois lombardes et saliques, lorsqu'après la paix de Constance, la division de la Lombardie en autant de petits états que de villes ayant produit à peu près autant de législations que d'états, il en résulta une confusion difficile à dissiper. On attribue la gloire d'en être venu à bout à un moine dominicain nommé frère Jean de Vicence, qui prêchait alors avec un éclat extraordinaire, et qui faisait dans toutes les villes des conversions et des miracles 587. Celui d'avoir débrouillé ce chaos n'est sans doute pas un des moindres. On peut se dispenser de nier les autres comme d'y croire.

Pour ce miracle-ci ses moyens étaient humains et naturels. L'enthousiasme qu'il excitait à Bologne engagea les citoyens et les magistrats à lui soumettre leurs statuts pour les réformer. Il s'adjoignit plusieurs jurisconsultes habiles, et parvint, de concert avec eux, à la réforme désirée. Il en fit autant dans les autres villes, à Padoue, à Trévise, à Feltre, à Bellune, à Mantoue, à Vicence, à Vérone, à Brescia, qui suivirent l'exemple de Bologne. En parcourant toutes ces villes, il fit un second miracle, plus utile encore que le premier, s'il eût été durable; ce fut d'apaiser leurs haines et de terminer leurs dissensions. Il conclut entre elles une paix solennelle dans une assemblée publique auprès de Vérone 588, au milieu d'un concours innombrable, et que quelques historiens font monter à plus de quatre cent mille personnes 589, accourues de toutes les parties de la Lombardie à la voix du pacificateur.

Mais il voulut faire un troisième miracle, où il ne réussit pas si bien. Soit qu'il eût eu dès le commencement cette vue profonde, soit qu'elle lui fût venue chemin faisant, il lui prit envie de changer en puissance politique son pouvoir jusque-là tout spirituel. Il se rendit à Vicence sa patrie, déclara en plein conseil qu'il voulait être seigneur et comte de la ville, et y tout régler à son plaisir: cela ne souffrit aucune difficulté. Il rencontra plus d'obstacles à Vérone; mais il exigea des otages: on lui en donna. Il accusa d'hérésie les opposants, et en sa qualité de dominicain il les fit arrêter et brûler vifs, au nombre d'environ soixante, hommes et femmes, des plus considérables de la ville. On le laissa faire, et alors il fut le maître à Vérone comme à Vicence.

Vicence fut jalouse de le voir prolonger son séjour à Vérone, et se révolta contre lui. Frère Jean prit les armes, et marcha intrépidement pour la soumettre; mais il fut vaincu et fait prisonnier. Grégoire IX trouva fort mauvais qu'on traitât ainsi ce brave moine. Il lui adressa un bref pour le consoler dans sa prison. Il écrivit en même temps à l'évêque de Vicence, et lui ordonna de sévir contre les auteurs de cet attentat. Soit crainte, soit tout autre motif, frère Jean fut mis en liberté. De retour à Vérone il y tomba en discrédit, et se vit obligé de rendre les otages qui lui avaient été remis. Son comté, sa seigneurie, son existence politique, ses miracles s'évanouirent 590; et après ce songe bruyant et scandaleux, s'étant retiré à Bologne, il y mourut obscurément.

La réforme qu'il avait faite dans les lois est le seul bien un peu durable qu'il ait produit; car les villes réconciliées par lui ne se haïrent et ne se battirent pas moins 591. On sent combien, au milieu de tout ce désordre, l'étude des lois avait de difficultés. Leurs contradictions et leur obscurité engageaient les jurisconsultes les plus forts à y faire des gloses, et toutes ces gloses contradictoires entre elles augmentaient les ténèbres au lieu de les dissiper. On en comptait déjà plus de trente. Il en fallait une qui les remplaçât toutes, et qui devînt la règle générale. C'était un travail effrayant. Accurse 592 eut le courage de l'entreprendre et la gloire de l'achever.

Né en 1182, de parents pauvres, dans les environs de Florence 593, il avait étudié à Bologne, sous le célèbre jurisconsulte Azon, et y était devenu professeur en droit après lui. Sa renommée effaça celle de son maître, et le conduisit à la fortune. Il possédait à Bologne un palais magnifique, et à la campagne une délicieuse villa, où il passa ses dernières années dans un repos environné d'honneurs et de considération publique. Il y mourut vers l'an 1260. Sa glose, généralement adoptée, fut bientôt dans les écoles et dans les tribunaux la seule interprétation reçue, et même au besoin le supplément des lois. Elle jouit de cet honneur pendant trois siècles, c'est-à-dire, jusqu'au moment où le travail d'Alciat la relégua parmi les monuments des temps barbares.

Accurse, nommé par excellence le Glossateur, laissa trois fils 594, qui marchèrent sur ses traces, et dont l'aîné surtout égala presque, dans la science des lois, la réputation de son père; on dit aussi, mais le fait est moins certain, qu'il eut une fille jurisconsulte, docteur et professeur en droit comme son père et ses frères 595. Un vieux calendrier de l'université de Bologne accorde le même honneur à une autre femme du même temps, nommée Betisie Gozzadini, et l'on sait que ce phénomène a été moins rare en Italie que partout ailleurs; en France il nous paraîtrait contre nature. Nous avons bien de la peine à permettre aux femmes un habit de Muse; comment pourrions leur souffrir un bonnet de docteur?

La ferveur n'était pas moins grande pour le droit canon que pour le droit civil. Depuis le Décret de Gratien, cinq autres recueils de canon et de décrétales avaient paru, faisaient loi, et recevaient, sans en devenir plus clairs, des interprétations, des commentaires et des gloses. Grégoire IX fit débrouiller ce chaos par le fameux Raimond de Pennafort, né à Barcelone, mais élevé dans l'université de Bologne. Le recueil en cinq livres, publié par ce pape, abolit et remplaça tous les autres, excepté le Décret de Gratien; vers la fin de ce siècle, Boniface VIII y ajouta un sixième livre: c'était-là le corps de doctrine, fondement de l'autorité que le trône pontifical affectait sur tous les trônes; et c'était là l'ample matière sur laquelle devaient s'exercer la patience des canonistes et leur sagacité.

Cette étude ouvrait la route à tous les honneurs. Plusieurs Papes lui durent même leur élévation. Innocent IV fut un des plus célèbres. On a de lui, dit-on, de fort belles décrétales, et d'amples commentaires sur celles de Grégoire IX. Tiraboschi dit de cet ouvrage, je ne sais si c'est avec simplicité ou avec malice, que quelques uns y trouvent par fois de l'obscurité et des contradictions; mais qu'il n'en a pas été moins tenu en grande estime, et n'en a pas moins mérité à son auteur les titres glorieux de monarque du droit, de lumière resplendissante des canons, de père et d'organe de la vérité 596.

Au moment où nous arrivons à un siècle plus heureux pour les lettres, où leurs productions et leur histoire, principal objet de nos recherches, vont nous occuper trop pour que nous puissions donner à ce qui n'est pas proprement littérature la même attention que nous y avons donné jusqu'ici, retournons-nous vers le passé; jetons un coup-d'œil rapide sur ces trois sciences que nous voyons marcher depuis tant de siècles, pour ainsi dire, de front, remplir, ou séparément ou ensemble, la vie des hommes studieux, exciter presque seules l'émulation de la jeunesse, absorber toutes ses facultés, et donner à l'esprit de l'homme ces premières et profondes habitudes qui en constituent pour toujours le goût dominant et la trempe.

Si c'est principalement comme bases de la morale que l'on doit considérer les religions; si la religion la mieux adaptée à cette destination respectable est celle dont le dogme est le plus simple et qui s'occupe le plus de la morale; si enfin, comme on n'en doit pas douter, le christianisme est cette religion, en était-il ainsi de cette théologie scolastique, épineuse, énigmatique, hérissée d'argumentations vaines, de sophismes et de distinctions inintelligibles, fertile en hérésies et en schismes; source d'intolérance, de haines, de guerres sanglantes et de proscriptions? Qu'est-ce que tout cet échafaudage avait à faire avec la morale? Et s'il ne servait de rien à la morale, s'il ne tendait pas à rendre les hommes meilleurs, plus sages, plus indulgents les uns pour les autres, plus compatissants, plus attachés à leurs devoirs, à leur patrie, et, par tous ces moyens-là, plus heureux, à quoi donc servait-il? Convenons que tout fut perdu, non seulement pour la morale, mais pour la religion même, dès qu'on eut fait de la religion une science.

Les lois sont sans doute la plus belle des institutions humaines: les anciens, dans leur style figuré, les appelaient Filles des Dieux, et rien en effet ne devrait être plus sacré parmi les hommes. Mais pour qu'elles soient toutes puissantes, pour qu'elles exercent ce despotisme salutaire auquel les hommes libres sont ceux qui obéissent le mieux, il faut aussi qu'elles soient simples, claires, appropriées à la constitution politique, et le moins nombreuses que le permet l'état de la civilisation chez le peuple qu'elles ont à gouverner. Mais si vous soumettez une nation aux lois faites pour une autre; si ces lois volumineuses se compliquent avec des volumes d'autres lois; si vous ordonnez, si vous souffrez qu'on les étudie publiquement dans cet état d'imperfection, de contradiction, d'incohérence; s'il est permis à ceux qui les enseignent de les interpréter, de les commenter, même de les étendre; si les arguties de l'école peuvent s'emparer d'elles, en obscurcir de plus en plus le dédale, embarrasser et entremêler chaque jour davantage les routes et les détours du labyrinthe, je vois bien là un exercice difficile pour l'esprit, des triomphes pour l'amour-propre, des chaires, des bancs, des thèses, des doctorats, une nomologie qui est aux lois ce que la théologie est à la religion; je vois là, si l'on veut, une science, mais je n'y vois plus de lois. Que dire, si l'on entreprend de créer un état, non pas dans l'état, mais dans tous les états; si les chefs spirituels d'une religion, devenus souverains temporels dans un pays, aspirent à le devenir dans tous les autres; s'ils y ont leurs lois, leurs arrêts, leur digeste, un droit à eux; s'ils font aussi de tout cela une science qui ait ses professeurs, ses exercices, ses dignités, ses solennités, et surtout ses récompenses? Par quelle expression rendre ce qu'un pareil état de choses offre d'abusif et d'absurde aux yeux de la saine raison?

559On la trouve dans le Recueil des Diversi poeti Antichi Toscani, donné par les Giunti, en 1527.
560Voici cette pièce, qui, malgré la médiocrité des idées et la grossièreté du style, forme un monument curieux; elle a été publiée par l'Allacci, Poeti Antichi, etc. Peroch' amore no se po vedereE no si trata corporalemente,Quanti ne son de si fole sapereChe credono ch'amor sia niente.Ma poch' amore si faze sentere,Dentro dal cor signorezar la zente,Molto mazore presio de avereChe sel vedesse vesibilemente.Per la vertute de la calamitaCome lo ferro atra' non se vedeMa si lo tira signorevolmente.E questa cosa a credere me'noitaCh'amore sia e dame grande fede,Che tutt'or fia creduto fra la zente. La seule différence qu'il y ait, quant à la forme, entre ces deux tercets et ceux des sonnets les plus réguliers, est que l'une des deux rimes des quatrains, ente, y est conservée, et que les tercets sont ainsi sur trois rimes, au lieu de n'être que deux. Les mots la zente y sont aussi répétés à la fin de deux vers, ce qui pèche contre la règle qui défend qu'un mot déjà mis ose s'y remontrer; règle qui est de rigueur en Italie comme en France. On peut remarquer dans ce sonnet le z vénitien, employé plusieurs fois au lieu du ci et du gi, comme faze, signorezar, la zente; soit que l'on prononçât alors ainsi en Sicile, soit que ces vers nous aient d'abord été transmis par un copiste vénitien.
561La première édition fut faite à Bâle en 1566; la seconde à Amberg, en 1609, etc.
562Stor. della Letter. ital., t. IV, l. I, c. 2.
563Le 13 décembre 1250.
564Essai sur les Mœurs, etc., c. 53.
565De la maison de Romano.
566En 1259.
567À la bataille de Monte-Aperto, en 1260.
568Il y remplaça, en 1261, Alexandre IV qui, pendant un règne de six ans, avait laissé respirer Mainfroy.
569Urbain était Champenois, et Martin Provençal.
570En 1265.
571L'auteur des Vies des rois de Naples ajoute un trait de plus à cette scène horrible. Il dit que quand le bourreau eut fait tomber la tête du jeune Conradin, un autre bourreau, qui se tenait prêt tua le premier d'un coup de poignard, afin, dit l'historien, qu'on ne laissât pas en vie un vil ministre qui avait versé le sang d'un roi: Acciò vivo non rimanesse un vile ministro che aveva versato il sangue d'un rè. Biancardi, le Vite de' rè di Napoli, Venezia, 1737, in-4°. Vita di Carlo d'Angiò, p. 134.
572Surtout à la bataille de la Meloria, le 6 août 1284.
573Les six prieurs des arts et de la liberté, le capitaine du peuple et le gonfalonier de justice. V. Machiavel, Istor. fiorent, liv. II, et tous les autres historiens.
574Guillaume.
575Pavie, Novare, Asti, Turin, Albe, Ivrée, Alexandrie, Tortone, Casal, et même pendant quelque temps Milan. Tiraboschi, t. IV, liv. I, p. 9.
576En 1292.
577Tiraboschi, t. IV, l. I, c. 3.
578Ce Cantique, que l'on intitule ordinairement Cantico del Sole, est écrit en prose dans les chroniques de l'ordre des Franciscains, tant manuscrites qu'imprimées; les lignes y sont toutes égales et sans nulle distinction qui indique le commencement ni la fin des vers. Crescimbeni le croit cependant écrit en vers, presque tous de sept ou de onze syllabes. En voici le commencement, réduit à la mesure des vers et à l'orthographe moderne. Altissimo signore,Vostre sono le lodi,La gloria e gli onori;Ed a voi solo s'anno a riferireTutte le grazie; e nessun vomo èDegno di nominarvi.Siate laudato, Dio, ed esaltato,Signore mio, da tutte le creature,Ed in particolar dal somma SoleVostra fattura, signore, il qual faChiaro il giorno che c'illumina, etc. Le cinquième et le dixième vers sont des endécasyllabes tronchi, ou diminués de la syllabe féminine qui les termine ordinairement: les autres sont en effet presque tous ou de sept ou de onze, et il serait difficile que le hasard seul eût produit dans de la prose cette régularité de rhythme. On ajoute que puisque ce morceau était mis en chant, il devoit nécessairement être en vers. Cependant on chante les Psaumes, qui sont en prose, et le chant de frère Pacifique devait beaucoup ressembler à celui-là. Voyez Crescimbeni, Istor. della volg. poes., t. I, p. 122. Outre ce Cantique, on trouve encore quelques autres poésies de saint François, dans ses Opuscules, publiés à Naples en 1635. Le Quadrio, Stor. e rag. d'ogni poes. t. II, p. 156.
579Eloges, t. II, p. 483, première édit., citée par Tiraboschi, d'après Crévier, Hist. de l'Univ. de Paris, t. I., p. 457. Ce trait se trouve dans l'Eloge de Marsigli, t. VI des Œuvres de Fontenelle, Paris, 1766, in-12, p. 415 et 416.
580Thomas le jacobin, l'ange de notre école,Qui de vingt arguments se tira toujours bien,Et répondit à tout, sans se douter de rien, etc.(Voltaire, Systèmes.)
581Le château de Rocca-Secca.
582En 1221, au château de Bagnarca, dans le territoire d'Orviète; son père se nommait Giovanni Fidanza.
583Après la mort de Clément IV, les cardinaux restèrent assemblés près de quatre ans en conclave: tous prétendant à la thiare, les suffrages ne se réunissaient sur aucun. Les exhortations de Bonaventure firent enfin cesser ce scandale; il parvint à concilier toutes les voix en faveur de Tedaldo, des Visconti de Plaisance, qui n'était ni cardinal, ni évêque, mais simple archidiacre de Liége, et qui prit le nom de Grégoire X.
584Voyez Condillac, Cours d'Études, t. XII, liv. XX, c. 5.
585Voltaire, Systèmes, note C.
586Giamb. Corniani, i Secoli della Letteratura italiana, etc. Brescia, 1804, t. I, p. 133.
587Tiraboschi, t. IV, l. II, c. 4.
588Dans une plaine, sur les bords de l'Adige. Cette assemblée se tint le 28 août 1233. Muratori a publié dans ses Antiquit. ital., le traité ou acte authentique de cette paix.
589Entr'autres Parisio da Cereta, auteur contemporain, Muratori, Script. rer. ital., t. VIII; Tiraboschi, loc. cit., regarde ce nombre comme fort exagéré; mais le judicieux auteur de l'Histoire des Républiques italiennes du moyen âge, M. Simonde Sismondi, ne voit pas de raison pour le révoquer en doute, t. II, p. 483. Ce n'étaient pas seulement les peuples de Vérone, Mantoue, Brescia, Vicence, Padoue, Trévise, Feltre, Bellune, Bologne, Ferrare, Modène, Reggio et Parme, qui se rendirent dans cette plaine immense, chaque ville avec son carroccio, ou char de bataille où flottait son étendard; mais tous les évêques de ces villes, en habits pontificaux, et un grand nombre de seigneurs et de chefs militaires, tant Guelfes que Gibelins, le patriarche d'Aquilée, le marquis d'Est, Eccelino de Romano, déjà maître, ou plutôt exécrable tyran de Padoue, Albéric, son frère, etc. Tous étaient sans armes, dit Muratori, dans ses Annales (an 1233), et le plus grand nombre pieds nus, en signe de pénitence. Pour consolider cette paix, Jean de Vicence proposa le mariage de Renaud, fils d'Azon VII, marquis d'Est, chef des Guelfes, avec Adélaïde, fille d'Albéric de Romano, dont le frère Eccellino était chef des Gibelins; ce qui fut accepté et généralement approuvé. Id. ibid.
590Muratori, ub. supr.
591Mà quanto durò questa concordia? non più che cinque o sei giorni… così ripullulò la discordia come prima fra que popoli: anzi parve che si scatenassero le furie per lacerar da li innanzi tutta la Lombardia. Muratori, Annal. ub. supr.
592En italien Accorso ou Accursio, du nom latin Accursius.
593Sa famille était si obscure qu'on n'en sait pas même le nom. Ce fut lui même qui se donna celui d'Accursius, comme il le dit dans un endroit de sa glose, parce qu'il était accouru pour dissiper les ténèbres du droit civil. Giamb. Corniani, i secoli della Lett. ital., t. I, p. 86.
594Francesco, Cervotto et Guglielmo. Tirab. t. IV, lib. II, p. 218.
595Id. Ibid., p. 225.
596Opera laquale, benche alcuni vi ritrovin talvolta oscurità è contraddizione, è stata non dimeno avuta sempre in gran pregio, e che al suo autore ha meritato da molti giureconsulti i gloriosi titoli di monarca del Diritto, di lume risplendentissimo de' canoni, di padre ed organo della verità. Ibid. p. 246.