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Le canon du sommeil

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XX. LE COUP DE MINUIT

Vous connaissez le Colosseo à Rome, ce Colosseo qu’en France vous appelez Colisée[4], je n’ai jamais pu comprendre pourquoi.

C’est la ruine gigantesque et hautaine du cirque des Césars, où, sur les gradins, un peuple tout entier venait se repaître de l’agonie de centaines de gladiateurs, de fauves, de chrétiens, de barbares, victimes volontaires ou non, offertes en holocauste à la cruauté d’une race accoutumée par dix siècles de victoires à se croire une race de maîtres, érigée au milieu du troupeau vulgaire et esclave de l’humanité.

Eh bien, sous les gradins effondrés, en ces remises, souterraines autrefois, où les belluaires, rétiaires, martyrs, attendaient l’heure de mourir, j’avais rêvé naguère la pensée des disparus ayant attendu là.

J’avais rêvé l’adieu à la vie, dans le temps qui fuit imperturbable. Mon imagination m’avait retracé les lèvres s’ouvrant sur les mots sans lendemain, les mains pressées dans l’étreinte finale.

J’eusse ri, au milieu de mes pensées mélancoliques, si quelqu’un dans la vaste ellipse du Colosse, où cent mille spectateurs trouvaient place, m’avait dit:

– Un jour, dans notre société prétendue humanitaire, tu connaîtras les mêmes angoisses!

Et cela pourtant se réalisait à cette heure.

Nous étions tous trois, Tanagra, miss Ellen, moi, dans la salle commune de notre gîte. Nul n’avait songé à s’isoler.

Assis les uns auprès des autres, les mains unies, nous ne parlions pas. Qu’aurions nous pu dire? X. 323 vaincrait-il? Serait-il abattu par ses adversaires, complotant à cet instant nous ne savions quelle tortueuse machination?

Nous souhaitions la victoire pour lui, c’était le vœu ultime nous rattachant à la vie. Car, pour le reste, nous étions déjà des morts.

La lèpre était en nous.

Et puis, à un moment, miss Ellen se prit à interroger. Elle voulait tout savoir de la lèpre, et surtout comment progressait l’atroce maladie.

J’étais hélas! en mesure de satisfaire cette curiosité macabre.

Un de mes confrères et amis avait naguère publié une étude remarquée sur la léproserie d’Antananarivo, à Madagascar, et je dis ce dont je me souvenais.

La lèpre apparaissait sous la forme d’une petite tache rosée grandissant peu à peu, creusant la chair.

Ellen m’avait écouté. Enfin elle murmura:

– Alors, nous aurions un ou deux mois de répit, avant que l’horrible maladie éclate.

– Oui, à peu près.

– Deux mois, fit-elle, sont une existence bien courte, mais enfin on en peut faire un siècle de bonheur. Combien n’ont jamais ces quelques semaines heureuses.

Et comme je la considérais, étonné, ne comprenant pas la douce pensée, elle ajouta:

– Tout à l’heure, quand vous avez défendu mes yeux, il m’a semblé…

Elle s’arrêta, un trouble délicieux plaquant du rose à ses joues.

– Oui, répondis-je gravement, oui, j’ai senti alors que mon cœur s’était engagé à vous.

Elle mit un doigt sur ses lèvres, me désigna du regard sa sœur immobile auprès de nous, absorbée en une rêverie sombre.

– Elle n’espère plus rien, fit-elle d’une voix si basse que je percevais à peine ses paroles… Montrons du courage, nous qui pouvons escompter des jours de contentement.

Un nuage passa sur son front, mais elle reprit courageusement:

– Après,… oh! après cette brève incursion dans le pays des joies, nous aurons une consolation encore: mourir ensemble et en beauté… N’est-ce pas, sir Max Trelam, vous tuerez votre femme avant qu’elle soit devenue hideuse.

Puis avec une émotion soudaine dont son accent palpitait:

– Vous aurez aimé ma beauté… Je ne veux plus être laide.

Elle abaissa ses paupières…; on eut dit qu’elles pressaient les larmes encloses en ses doux yeux; deux perles liquides glissèrent lentement sur ses joues.

D’instinct, je me penchai, je les bus, emportant sur les lèvres cette saveur salée qui fait songer aux embruns de l’Océan.

Il me sembla que cet acte… enfantinement tendre nous liait indissolublement.

Puissance d’une pensée aimante. Elle et moi maintenant entendions chanter, au fond de nous-mêmes, un doux cantique d’espoir.

Pauvre Tanagra. Elle seule ne pouvait plus rien attendre de la vie.

Et le temps passait. On nous avait apporté une collation vers sept heures, avec l’ordre de nous tenir prêts à suivre ceux que le prince Strezzi dépêcherait vers nous.

J’avais encouragé mes compagnes à prendre quelque nourriture, et bien que la faim ne me tourmentât point, j’avais prêché d’exemple.

Ma montre marquait dix heures quand cinq hommes, conduits par Hermann, vinrent nous chercher.

Le revolver au poing, nos gardes nous conduisirent au laboratoire, dans lequel Strezzi, Morisky avec son crâne immense et luisant, Goertz aux regards diaboliques sous les verres rouges de ses lunettes, nous attendaient.

Hermann et ses hommes fermèrent la porte accédant aux galeries souterraines. Ils l’assujettirent avec une chaîne d’acier. Après quoi, ils disparurent ainsi que des ombres par la baie aux obturateurs de caoutchouc, établissant la communication entre le laboratoire et la logette d’expériences, laquelle, on s’en souvient, permettait, à son tour de passer dans le hall destiné à recevoir les victimes des expérimentations des terribles produits créés par le professeur russe.

D’un geste brusque, Strezzi nous indiqua des sièges; nous nous assîmes. Un lourd silence régnait et nos geôliers, j’en avais l’impression, écoutaient le silence.

Leurs traits immobiles reflétaient l’anxiété. Ils avaient l’inquiétude du bruit qui se produirait à un moment venu, annonçant l’approche de X.323.

Et je me surprenais à tendre l’oreille comme eux.

Oh! ce fut long, je vous assure, d’arriver à l’instant où Goertz, tirant de son gilet de laine une grosse montre d’argent, fit entre haut et bas:

– Onze heures trente cinq. Il est temps!

Deux minutes et mes compagnes, moi-même, avons les mains immobilisées par des menottes métalliques que relient des chaînettes, dont Goertz tient l’extrémité.

Il nous entraîne vers la logette d’expériences, nous y pousse, s’y enferme avec nous.

Les judas des portes opposées, percés sur le laboratoire et sur le hall, sont ouverts. Ils laissent pénétrer chacun un rayon lumineux. Il y a donc de la lumière dans les deux pièces contiguës à la logette.

Et tandis que Goertz se livre à des opérations que je ne discerne pas, dans la pénombre, opérations que trahissent deux ou trois cliquetis métalliques, je réussis à couler un regard par les ouvertures non encore obturées.

Morisky et Strezzi sont dans le laboratoire. À l’instant où je les observe, ils rapprochent leurs chaises de la table comme pour s’y accouder.

Dans le hall, les ouvriers, le gardien Hermann, sont rassemblés, en armes. Ils échangent des propos à voix basse. Le chuchotement m’arrive imprécis…; mais je n’ai pas besoin de percevoir les paroles, je suis assuré qu’ils parlent de ce qui va se passer dans quelques minutes. On devine si bien dans leur attitude, qu’ils sont là pour jouer une partie dont l’enjeu est la possibilité de vivre.

Je tressaille au son de la voix de Goertz.

Le contremaître est debout, les lèvres à hauteur du judas du laboratoire.

– Minuit moins cinq, a-t-il dit…, attention.

Sans doute, l’avertissement a secoué le prince et son complice, car un bruit de chaises remuées parvient jusqu’à moi.

Goertz se porte à l’ouverture du hall. Il répète son appel en le modifiant légèrement:

– Minuit moins cinq, braves gens! Le revolver en main! Et si j’ouvre la porte, précipitez-vous comme un seul homme.

L’heure du choc est imminente. J’entends mes compagnes respirer avec force. Pauvres chères filles, comme elles doivent être anxieuses. Il fait trop sombre, dans cette logette, je ne puis réussir à distinguer leurs traits. Je veux leur parler.

– Courage…

– Silence! ordonne rudement Goertz.

Dans le laboratoire, une pendulette, que je me souviens avoir remarquée le matin, frappe sur son timbre clair et grêle, le premier coup de minuit.

Alors, le contremaître précipite des gestes inexplicables pour moi; ce sont des gestes d’ombre dans une ombre à peine plus claire. Il me semble que ses mains se portent successivement au judas du laboratoire, puis à celui du hall, que des bruissements légers fusent dans l’air, et les ténèbres deviennent complètement opaques.

Les volets obturateurs des judas se sont fermés, interceptant toute communication avec les pièces voisines.

Et cependant, je sais que les douze coups de minuit jaillissent du flanc fragile de la pendulette, que Strezzi, Morisky, d’un côté, Hermann et ses hommes, de l’autre, sont attentifs, prêts à bondir sur celui qui, seul, a osé les défier.

À cet instant, l’organe de miss Tanagra gémit:

– Mon Dieu!

Toute la douleur de l’attente réside en cette exclamation.

J’entends un léger murmure, caressant comme le souffle alangui des grands pankas de plumes balancés sur les terrasses hindoustanes.

Je devine que miss Ellen caresse, de sa divine pensée de jeune fille, sa sœur qui n’a pu retenir l’expression articulée de son angoisse.

Puis plus rien. Tous, nous sommes muets, comme pétrifiés dans l’ombre absolue, redoutant et espérant nous ne savons quoi.

 

Soudain, une lueur éclaire le réduit. Le contremaître Goertz vient d’enflammer une allumette. Oh! il ne s’inquiète pas de nous. Il approche la flamme vacillante des parois, éclairant les manomètres qui établissent la communication scientifique avec les salles voisines. Il murmure à demi-voix:

– Bien! Pression redescendue à zéro. Les pompes peuvent fonctionner!

Il abaisse son allumette de cire, faisant ainsi sortir de l’ombre un levier coudé s’articulant au ras du sol. Il le rabat. Aussitôt résonne le pfou! pfou! rythmé de pistons en marche, accompagné d’un bruissement continu comme celui d’une pluie tombant régulière sur des feuillages.

Ah ça! Que fait-il donc… Je me remémore l’odieuse visite du propriétaire, à laquelle Strezzi nous a conviés hier.

Le levier actionné par Goertz commande les pompes destinées à pulvériser le triformaldéhyde, le liquide destructeur de microbes.

Quels microbes détruit donc Goertz?

Non, ma pauvre cervelle doit battre la campagne. J’ai mal interprété les explications du prince… Autrement ce serait absurde.

Je hais, je méprise l’ignoble contremaître, et cependant, mon désir de comprendre est tel que j’interroge:

– Que faites-vous donc?

Il me coupe la parole avec impatience:

– Assez… la curiosité aura son tour.

Ah ça! je deviens fou! Voilà que je ne reconnais plus sa voix, et derrière moi, dans l’ombre, deux voix chéries jettent un cri inexplicable:

– Ah!

XXI. LE SOLEIL BRILLE

Au cri des deux sœurs, succéda un ensemble de faits précipités qui ne me permirent pas de les interroger.

Goertz avait ouvert la porte du laboratoire. Il avait bondi dans cette pièce, où nous avions laissé le prince Strezzi en tête à tête avec son complice Morisky.

Je fis un pas en avant, me trouvai ainsi dans l’encadrement de la baie, demeurée ouverte au large.

Et je dus ressembler véritablement à une statue de la stupéfaction, genre anglais.

Assis près de la table, rigides, immobiles, se tenaient Strezzi et le professeur russe.

Un rire effroyable convulsionnait leurs physionomies.

Mais, par Jupiter, c’était là le rire provoqué par les affreux projectiles du canon du sommeil.

Avec cela une odeur violente de triformaldéhyde me remplissant les yeux, les narines, la gorge, d’insupportables picotements.

Je cherchai Goertz du regard, afin de quêter auprès de lui la solution du problème insoluble pour mon esprit.

Il était à l’autre extrémité du laboratoire, fouillant dans un meuble, en tirant des papiers, des plans, qu’il enfouissait vivement, après un rapide coup d’œil, dans la propre serviette de bureau de Morisky.

Il avait pris sans doute ce qu’il voulait, car il referma la serviette de maroquin et se retourna de mon côté. Il m’aperçut, éclata de rire et prononça:

– Enfin, nous tenons la victoire, sir Max Trelam, mais cela a été dur… Je vous demande le pardon pour les mauvaises heures que votre amitié pour nous vous a fait dépenser.

Je faillis tomber à la renverse.

X. 323 ! C’était lui! Je reconnaissais la voix entendue naguère à Vienne, dans le noble logis de Graben-Sulzbach.

– Vous, mais comment! Comment?

– Permettez que je vous délivre ainsi que mes sœurs…

Agile comme un clown, il extrayait Tanagra et miss Ellen de la logette, les étreignant tendrement, faisait sauter nos menottes, et en même temps il parlait:

– J’ai quitté le ballon derrière vous… À ce propos, Max Trelam, remerciements; vous avez joué votre rôle de maladroit en conscience.

– Cela n’est rien. J’avais une crainte terrible que vous n’eussiez pas réussi à vous échapper et l’explosion…

– Votre ouvrage, n’est-ce pas, frère, murmura Ellen avec orgueil.

– Oui, petite chère Ellen, un fil, branché sur le réseau distribuant la lumière à bord de la nacelle. Le contact, était commandé par le mouvement de l’hélice, il devait se produire après tant de tours, dix minutes de marche environ. Alors des étincelles passant dans la masse d’hydrogène, devaient fatalement amener l’incendie et l’explosion… Bref, je vous suivis, je connus l’entrée de cette caverne… Une enquête rapide m’apprit l’entente existant entre le nommé Goertz et une certaine Francesca, habitant tout près de Weissenbach, le joli bourg situé à l’extrémité du lac de Weissen, dont nous sommes tout proche. Goertz, voilà la figure qu’il me fallait pour pénétrer auprès de vous. La Francesca avait un portrait de lui… Je pus me procurer au bourg les accessoires nécessaires à ma transformation… Goertz, que je guettais, arriva à point nommé. Surpris, sous menace de la torture, que j’aurais infligée à ce misérable sans hésitation aucune, il me renseigna sur les travaux, sur la disposition des cavernes… Ah! ces gens-là ont la trahison facile, allez… Je le récompensai de sa docilité par la mort foudroyante… Il s’est envolé, sans s’en douter, avec sa Francesca, une vulgaire coquine également, vers l’inconnu de justice… Un projectile du Canon du Sommeil a détruit ce destructeur.

– Vous en possédez donc, ne pus-je m’empêcher de dire?

Il sourit narquoisement.

– Vous le voyez bien – sa main désignait les cadavres de Strezzi et de l’horrible Morisky. Si vous voulez regarder dans le hall, vous distinguerez leurs complices réduits au même état. On ne quitte pas un dirigeable aussi curieux que celui du prince sans emporter quelques… souvenirs.

J’exultais littéralement… Soudain une idée atroce traversa mon cerveau.

– Ah! m’écriai-je, pourquoi nous avoir communiqué la lèpre… Votre victoire est une victoire à la Pyrrhus…

Une gaieté folle le secoua tout entier.

– Oh! Max Trelam, vous trois m’êtes êtres sacrés, j’aurais péri avec vous, mais jamais…

Et changeant de ton:

– Prévenu par Goertz, qui ne marchanda pas les révélations pour éviter le supplice, je savais ce qui devait se produire. À Weissenbach, je me procurai une seringue de Pravaz, je remplis l’ampoule d’eau colorée avec de la sépia; une substitution d’escamoteur, au moment de l’opération et l’on vous a injecté une substance colorante mais inoffensive.

Il est impossible de rendre les cris qui saluèrent cette péroraison. Nous étions fous. Miss Ellen, je ne sais comment, et la chère petite chose m’a affirmé depuis qu’elle ne s’était jamais expliqué cette chose, se trouva dans mes bras.

Nous ressuscitions d’entre les morts.

– À présent, trois jours de travail, Max Trelam. Vous êtes délivrés, il nous faut délivrer le monde en effaçant toute trace de la monstrueuse imagination de Strezzi. Nous allons volatiliser la provision de triformaldéhyde des bandits, afin d’exterminer tous leurs microbes… Ensuite, la mine réduira en miettes l’usine de mort.

Cet homme admirable, dans la fièvre même du triomphe, songeait au devoir.

Et il fut fait comme il avait dit. Trois jours plus tard, des explosions, dont les paisibles habitants de Weissenbach cherchent encore la cause, comblèrent les méandres de la caverne souterraine creusée au cours des siècles par les eaux laborieuses dans la masse calcaire.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je ne m’étendrai pas sur le succès qu’obtint dans les colonnes du Times, le récit de mon expédition contre le Canon du Sommeil.

Quand la presse mondiale encense un homme, il est décent de se montrer modeste.

X. 323 reçut des décorations variées, parmi lesquelles l’ordre britannique de la Jarretière, à l’ordinaire réservé aux souverains.

Peut-être notre Roi, si subtil, avait pensé obliger mon ami à dévoiler, au moins à Lui, sa véritable identité.

Mais l’habileté se trouva impuissante; car on apprit que chacun des membres de la famille de l’illustre espion possédait légalement un nom, ce qui lui permettait de conserver pour lui seul, son nom réel.

X. 323, par lettres patentes de S. M. le roi d’Espagne, avait été promu marquis de Almaceda.

Miss Tanagra, de par titres authentiques de la chancellerie autrichienne, avait le droit de revendiquer le titre de comtesse de Graben-Sulzbach.

Enfin miss Ellen elle-même, avait été autorisée, en récompense des services rendus par son frère, lors du vol des documents Downingby et de l’affaire de Casablanca, à ajouter à son prénom si doux, le nom patronymique de Pretty.

Et ce fut Ellen Pretty que Max Trelam, promu baronnet par la faveur royale, épousa dans la nef majestueuse de Saint-Paul Church, notre grande église londonienne.

Ma joie de cœur était complète. X. 323 voulut que le bonheur du reporter fut aussi complet que celui du tendre mari.

Ce jour-là, il me confia son véritable nom et me permit, dans un tête-à-tête de quelques minutes, de délecter mes yeux de son visage réel, lequel ne ressemblait aucunement à tous ceux que je lui avais vus jusqu’alors.

Seulement, vous comprenez que s’il m’a donné pareille preuve de confiance, c’est qu’il était absolument sûr que je ne le trahirais jamais. Et vous m’approuverez de me montrer digne de sa confiance.

Tanagra nous a dit adieu… Elle seule ne connaîtra aucune joie. Elle est partie, je le sais, avec un cœur inconsolable et inconsolé.

Et comme miss Ellen, ma chère petite adorée Mrs. Trelam, est triste de songer à la détresse de la sœur si dévouée, nous allons entreprendre un long voyage. En voyage, la séparation est normale; il semble moins douloureux de ne pas sentir sa famille autour de soi.

Note. – J’ai écrit ces dernières lignes, il y a deux mois. Je ne soupçonnais pas que le Monsieur Destin allait m’aiguillier sur: Les Dix Yeux d’Or, que j’aurai peut-être à vous raconter si je reviens.

FIN
4Le Colisée se nommait en latin Colosseum, à cause d’une statue gigantesque de Néron. Les Italiens lui ont conservé le nom de Colosse, nom justifié par ses dimensions. Cent mille spectateurs y trouvaient place.