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Mémoires de Constant, premier valet de chambre de l'empereur, sur la vie privée de Napoléon, sa famille et sa cour

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Aussitôt après sa naissance, le roi de Rome avait été confié à une nourrice d'une constitution saine et robuste, prise dans la classe du peuple. Cette femme ne pouvait ni sortir du palais ni recevoir aucun homme: les précautions les plus sévères avaient été prises à cet égard. On lui faisait faire pour sa santé des promenades en voiture; et, alors même, elle était accompagnée de plusieurs femmes.

Voici comment Marie-Louise en usait avec son fils. Le matin, vers neuf heures, on portait le roi chez sa mère; elle le prenait dans ses bras, le caressait quelques instans, puis elle le rendait à sa nourrice, et se mettait à lire les journaux. L'enfant s'ennuyant, la gouvernante l'emmenait. À quatre heures, c'était le tour de la mère d'aller visiter son fils: Marie-Louise descendait dans les appartemens du roi, emportait avec elle un petit ouvrage de broderie auquel elle travaillait avec distraction. Vingt minutes après, on venait la prévenir que M. Isabey ou M. Prudhon étaient arrivés pour la leçon de dessin ou de peinture. L'impératrice remontait alors chez elle.

Ainsi se passèrent les premiers mois qui suivirent la naissance du roi de Rome. Dans l'intervalle des fêtes, l'empereur s'occupait de décrets, de revues, de monumens, de projets, travaillant beaucoup, prenant peu de distractions, infatigable à toute besogne, et pourtant ne paraissant pas avoir de quoi occuper sa tête puissante, heureux dans son intérieur par une jeune femme dont il était tendrement aimé. L'impératrice menait une vie fort simple; cela suffisait à son caractère: Joséphine avait besoin de plus de mouvement; aussi sa vie était-elle plus extérieure, plus animée, plus répandue. Cela n'empêchait pas qu'elle ne fût très-propre aux habitudes du ménage, très-tendre et très-empressée auprès de son mari, qu'elle savait aussi rendre heureux à sa façon.

Un jour que Bonaparte revenait de la chasse, harassé de fatigue, il fit prier Marie-Louise de venir le voir. Elle vint. L'empereur la prit dans ses bras, et lui donna un gros baiser sur la joue. Marie-Louise prit son mouchoir et s'essuya.–Eh bien! Louise, lui dit l'empereur, tu te dégoûtes donc de moi!—Non, répondit l'impératrice; je m'essuie ainsi par habitude; j'en fais autant pour le roi de Rome.—L'empereur parut contrarié. Joséphine était bien différente: elle recevait avec amour les caresses de son mari, et même elle allait au devant. Il arrivait quelquefois à l'empereur de dire à sa jeune femme: Louise, couche chez moi.—Il y fait trop chaud, répondait l'impératrice. Et en effet elle ne pouvait souffrir la chaleur, et les appartemens de Napoléon étaient constamment chauffés. Elle avait aussi une extrême répugnance pour les odeurs, et on ne pouvait brûler chez elle que du vinaigre ou du sucre.

AVERTISSEMENT
DE L'ÉDITEUR

L'éditeur, avant de continuer la publication des documens précieux, dont une partie a déjà été insérée dans le troisième volume des Mémoires de Constant, croit devoir rappeler quelques faits qui serviront à faire comprendre l'importance et l'intérêt des pièces suivantes.

Après la conclusion du traité de paix signé à Tilsitt, les 7 et 9 juillet 1807, Napoléon n'eut plus d'autres ennemis sur le continent que le roi de Suède Gustave-Adolphe, qui avait rompu à la fois avec la France, la Russie, la Prusse et le Danemarck. Un corps de l'armée française commandé par le maréchal Brune investit Stralsund. Gustave, qui s'était jeté dans cette place pour la défendre, ne soutint le siége que quelques jours; et, s'étant embarqué à la hâte, dans la nuit du 19 juillet, il laissa à un chef subalterne le soin d'obtenir une capitulation. Le maréchal Brune, l'ayant accordée, entra, le 21, à Stralsund, prit possession de l'île de Rugen, et toute la Poméranie se trouva conquise.

On sait quel a été le sort de l'imprudent roi de Suède. Comptant sur le secours de l'Angleterre, qui lui envoyait en effet des subsides, il persista à lutter contre des forces démesurément inégales, perdit la Finlande et les îles d'Aland, et laissa les Russes arriver à vingt lieues de Stockholm. La Suède était épuisée d'hommes et d'argent; des murmures éclatèrent parmi le peuple et les troupes, et jusque dans le conseil du souverain. On conjurait Gustave de faire la paix, ce moyen étant le seul de sauver sa personne et le royaume. Mais sourd à ces prières, il se disposait à sortir de sa capitale, pour commencer la guerre civile, à la tête des troupes sur lesquelles il comptait encore, lorsque, dans la matinée du 13 février 1809, les généraux Klingsporre, Adelcreutz et le maréchal de la cour Silversparre forcèrent la consigne à la porte du roi, lui représentèrent l'état déplorable des affaires, et le supplièrent de changer de système. Gustave voulut tirer son épée70 et se jeter sur eux; mais, avant d'en avoir eu le temps, il fut saisi, porté dans une chambre du château, et gardé à vue. Le lendemain, il écrivit et signa de sa main l'acte de son abdication.

Le droit des états de Suède, de choisir leurs souverains et d'établir la succession à la couronne, avait été solennellement reconnu en diverses occasions; ils en usèrent encore cette fois, en proclamant roi, sous le nom de Charles XIII, le duc de Sudermanie, oncle de Gustave, et qui avait été régent du royaume pendant la minorité de son neveu. En outre les états décrétèrent l'exclusion perpétuelle de Gustave et de ses enfans du trône de Suède, et leur interdirent tout séjour dans ce royaume.

Personne n'ignore que le prince royal Charles-Auguste, de la maison de Holstein Sœnderbourg-Augustenberg, étant mort d'une chute de cheval, le 18 mars 1810, Charles XIII adopta pour son fils et successeur, du consentement des états, le maréchal prince de Ponte-Corvo, aujourd'hui roi de Suède. Quant au monarque dépossédé, il a, depuis son abdication, couru toute l'Europe, se faisant appeler d'abord le comte de Gottorp, puis le duc de Holstein, puis enfin le colonel Gustavson, nom qu'il porte encore aujourd'hui. Dans le cours de sa vie errante, les idées les plus bizarres lui passèrent par la tête. Après avoir eu quelque velléité d'entrer dans l'association des frères Moraves, il renonça à ce projet pour celui d'une croisade en Terre-Sainte, qu'il prêcha, par la voie des feuilles publiques, dans toute la chrétienté. De plus il proposa l'établissement d'un ordre des Frères-Noirs, dont il aurait été le chef, et qui se serait composé de pèlerins pris parmi tous les peuples de l'Europe. Enfin, en 1817, il sollicita et obtint le droit de bourgeoisie à Bâle; et l'ex-roi de Suède est ainsi devenu citoyen d'une république. Au reste, ce serait manquer de justice vis-à-vis du colonel Gustavson que d'omettre que sa rupture avec la France était venue à la suite d'une protestation énergique de ce prince contre l'arrestation et la mort du malheureux duc d'Enghien. Il est à regretter qu'une conduite si honorable dans le principe n'ait pas été marquée plus tard par plus de sagesse et de circonspection.

Tel est le prince sur le compte duquel Napoléon s'exprime avec une grande sévérité dans les pièces que l'on va lire, et particulièrement dans une note écrite de sa main au bas d'un ordre envoyé de son quartier-général au prince de Ponte-Corvo.

ARMÉE
DE DALMATIE

Tilsitt, le 3 juillet 1807.
AU MARÉCHAL BRUNE

Je vous préviens, monsieur le maréchal, qu'il est possible que l'expédition anglaise débarque à Stralsund; l'intention de l'empereur est donc que vous retiriez les troupes qui sont devant Colberg, où vous ne laisserez que les troupes de Nassau et les Polonais. Vous ferez venir les Hollandais, les Bavarois et les Espagnols; vous entrerez en Poméranie, et mettrez le siége devant Stralsund. Vous ferez connaître de nouveau au général Blücher l'armistice conclu avec le roi de Prusse, et par cet armistice les troupes prussiennes ne peuvent rien entreprendre; vous disposerez aussi des Italiens pour renforcer votre armée. Je viens de donner l'ordre au général Rapp de faire partir de suite le 19e et le 23e régiment de chasseurs, et le 19e régiment d'infanterie de ligne, pour se rendre à grandes marches de Dantzig à la hauteur de Colberg, où ces troupes seront à vos ordres. Vous aurez donc soin de leur en envoyer.

L'intention de l'empereur, monsieur le maréchal, est que, dans le cas même où les Anglais, apprenant les suites de la bataille de Friedland, ne débarqueraient pas, vous ayez toujours à occuper la Poméranie suédoise. Sa Majesté vous défend d'avoir aucune entrevue avec le roi de Suède, qui ne se trouve point compris dans les armistices conclus entre l'empereur Alexandre et le roi de Prusse. Dans votre proclamation en entrant en Poméranie, vous devez faire connaître que le roi de Suède vous a proposé de trahir votre patrie et votre souverain. Informez-moi, monsieur le maréchal, des dispositions que vous aurez faites.

Tilsitt, le 3 juillet 1807.
AU GÉNÉRAL CLARKE

L'empereur, général, ordonne que vous dirigiez le 5e régiment d'infanterie légère, le régiment de dragons italiens et le 14e régiment de chasseurs, sur le lieu où les Anglais auraient débarqué ou pourraient le faire. Il ordonne au maréchal Brune, dans tous les cas, d'occuper la Poméranie. Mettez-vous en correspondance avec lui.

 
Tilsitt, le 3 juillet 1807.
AU GÉNÉRAL LOISON

Je vous envoie, général, une copie de l'armistice conclu entre le roi de Prusse et l'empire, que vous devez déjà avoir reçu. Vous êtes aux ordres du maréchal Brune, et vous devez exécuter ceux qu'il donnera aux troupes que vous commandez.

Tilsitt, le 4 juillet 1807.
À M. LE MARÉCHAL BRUNE, PORTÉE PAR M. LOUIS DE PÉRIGORD

Je vous ai expédié hier, par un de mes aides-de-camp, monsieur le maréchal, les ordres de l'empereur. Sa Majesté n'a reçu aucune nouvelle de vous sur l'expédition anglaise; ce qui la porte à penser que peut-être elle n'a pas mis en mer, et que la nouvelle donnée avait été prématurée. Dans tout état de cause, monsieur le maréchal, l'intention de l'empereur est que ses troupes occupent la Poméranie suédoise et assiégent Stralsund, afin d'avoir par là une province qui servira de compensation, quand on sera dans le cas de faire la paix avec l'Angleterre. Vous aurez huit régimens d'infanterie française en comprenant le 5e d'infanterie légère, que vous placerez dans la division Boudet. Vous avez quatre régimens italiens que vous retirerez de Colberg. Le 19e de ligne et les 19e et 25e régimens de chasseurs sont partis de Dantzig pour se rendre devant Colberg, d'où vous les ferez aller sur le point qui vous paraîtra le plus convenable, lorsque vous recevrez cette lettre. Le 14e régiment de chasseurs et un régiment de dragons italiens doivent être arrivés. Vous devez également avoir dans l'arrondissement de votre armée une brigade bavaroise et une brigade de Bade; ainsi, toutes ces troupes réunies vous formeront plus de trente-deux mille hommes, ce qui, joint à cinq ou six mille hommes, portera vos forces à quarante mille hommes, sans dégarnir Hambourg de la division hollandaise du centre, ni de la division espagnole en Poméranie; ce qui fera un accroissement considérable à vos forces. Vous avez donc de quoi occuper la Poméranie et faire le siége de Stralsund, occuper les îles et l'embouchure de l'Oder.

Ne perdez pas un moment pour faire les dispositions nécessaires à l'exécution des ordres de l'empereur.

Vous n'écrirez plus au roi quand bien même il serait à son armée, mais au général commandant l'armée suédoise. Désormais vous n'aurez aucune communication avec ce prince comme roi, mais ayez-en avec la nation et avec les officiers. Si le roi demandait à vous voir et à vous parler, vous vous y refuserez, et vous n'aurez d'entrevue qu'avec le général Essen, ou avec quelque Suédois raisonnable, s'il demandait à vous voir.

Vous renverrez en France les prisonniers suédois qui ne sont pas encore échangés, et vous déclarerez qu'il ne peut y avoir de cartel tant que les révoltés et le soi-disant duc de Pienne resteront dans le pays.

Quant au pays de Mekclembourg, la ville de Rostock sera occupée par vos troupes; mais le souverain doit rentrer dans tous ses droits; et vous le considérerez à l'avenir comme un prince ami de l'empereur, et auquel il porte un intérêt particulier. Vous aurez le soin de prévenir M. le général de Buckler de l'armistice conclu entre l'empereur et le roi de Prusse, et que ce dernier a dû lui envoyer. Si ce général vous demandait à passer de votre côté avec les troupes prussiennes pour se soustraire aux extravagances du roi de Suède, vous l'y autoriserez; vous aurez soin de faire comprendre que c'est le roi de Suède qui a rompu l'armistice, soit en insultant la nation dans la personne d'un de ses maréchaux en osant l'engager à la trahir, soit en formant un régiment de rebelles, soit en cherchant tous les moyens d'insulter la France.

Note de la main de l'empereur

Dans vos propos, M. le maréchal, et dans ceux que tiendront vos officiers, mais non par écrit, vous direz que nous ne reconnaissons plus le roi de Suède, que nous ne le reconnaîtrons que quand il aura aboli la constitution qui ôte les priviléges à la nation suédoise. Vous parlerez de ce souverain comme d'un fou plutôt digne de régner aux Petites-Maisons que sur la brave nation suédoise.

Tilsitt, le 3 juillet 1807.
AU ROI DE NAPLES

L'empereur me charge d'avoir l'honneur d'adresser à Votre Majesté la notice qui annonce la paix entre l'empereur et roi Napoléon et l'empereur Alexandre.

Par un des articles, Corfou doit être remis à la France. Sa Majesté a nommé comme gouverneur de cette île et de ses dépendances le général César Berthier. L'intention de l'empereur est qu'un régiment français, un régiment italien du royaume d'Italie, deux compagnies d'artillerie française, deux compagnies d'artillerie italienne, deux compagnies de sapeurs, formant ensemble au moins une force de quatre mille hommes commandée par un général de brigade, soient de suite cantonnés à Otrante et à Tarente, afin d'être prêts à être transportés à Corfou aussitôt que les ordres de l'empereur de Russie arriveront; jusque là le général César Berthier continuera à exercer le poste que vous lui avez confié. Il est important, Sire, de garder le plus grand secret sur l'occupation de Corfou et de Cattaro, place qui doit également être remise au pouvoir des Français.....

Tilsitt, le 8 juillet 1807.
À S. A. S. LE PRINCE EUGÈNE, VICE-ROI D'ITALIE

L'empereur m'ordonne de faire connaître à Votre Altesse qu'il vient de signer la paix avec la Russie, ainsi qu'elle le verra par la notice ci-jointe qu'elle peut rendre publique.

L'intention de l'empereur, monseigneur, est de renforcer son armée de Dalmatie. Sa Majesté désire donc que vous envoyiez à chacun des régimens qui y sont des renforts provenant des conscriptions, mais en n'y comprenant aucun des conscrits provenant de la conscription de 1808, ces hommes étant très-jeunes et devant rester en Italie. L'intention de l'empereur serait que ces troupes passassent par mer, afin qu'elles ne se fatiguassent pas trop. Dans le cas cependant où elles seraient obligées de passer par terre, elles ne devraient se mettre en marche qu'au mois de septembre; mais, dans tous les cas, il faut les préparer de suite. Sa Majesté voudrait que vous fissiez passer assez de monde pour que les sept régimens qui se trouvent en Dalmatie reçoivent les renforts nécessaires pour que les compagnies de chaque bataillon soient portées à cent quarante hommes chacune; pour cela l'empereur désire donc que vous fassiez passer en Dalmatie la division Clozel; par là, des six cents hommes du 8e léger qui forment les six compagnies, on n'en formerait que deux; de même du 18e régiment d'infanterie légère et du 5e de ligne on formerait trois compagnies.


De manière que ces compagnies, formant une force de cinq à six mille hommes qui arriveraient en Dalmatie, y seraient encadrées dans les bataillons de guerre.

L'empereur, monseigneur, désire que votre altesse passe elle-même la revue des troupes dont je viens de parler, de manière à s'assurer que l'habillement et l'armement sont en bon état, que les hommes ont deux paires de souliers, leurs bidons et leurs marmites, et qu'ils ne manquent de rien. Votre altesse rendra compte directement à l'empereur de la revue qu'elle passera; de cette manière les cadres des troisièmes bataillons resteront en Italie et recevront les conscrits de 1808 qui vont y arriver; rien ne presse, monseigneur: il n'y aurait qu'une circonstance où votre altesse pourrait faire partir ces troupes sans attendre de nouveaux ordres de l'empereur; ce serait celle où son altesse jugerait que la paix avec les Russes nous laisserait pour le moment maîtres de la mer, et qu'elle prévoirait que dans quelque temps des bâtimens anglais pourraient arriver dans l'Adriatique, et empêcher ces troupes d'aller en Dalmatie.

Tilsitt, le 8 juillet 1807, quatre heures du soir.
AU GÉNÉRAL RAPP

Sa Majesté me charge de vous dire, général, que vous avez eu tort de ne pas conclure avec les habitans de Dantzig. Sa Majesté accorde et approuve tout ce qui a rapport aux observations que vous lui faites.

La ville aura un territoire qui s'étendra à deux lieues autour de son enceinte et elle sera régie comme elle l'était avant sa réunion à la Prusse; enfin il ne pourra être mis aucune espèce de péage depuis Dantzig jusqu'à Varsovie; il faut donc, peu d'heures après avoir reçu cette lettre, conclure votre traité secret, et faire sentir que la ville de Dantzig trouvera en cela des avantages immenses.

Tilsitt, 8 juillet 1807.
AU GÉNÉRAL MARMONT

Je vous expédie un courrier général pour vous faire connaître que la paix est faite entre la France et la Russie, et que cette dernière puissance va remettre à notre pouvoir Cattaro.

Vous devez en conséquence faire vos dispositions pour prendre possession de cette place aussitôt que les ordres seront parvenus.

Vous ne devez pas, général, attaquer les Monténégrins, mais au contraire tâcher d'avoir avec eux des intelligences, et de les ramener à nous pour les ranger sous la protection de l'empereur; mais vous sentez que cette démarche doit être faite avec toute la dextérité convenable.

Aussitôt que le mois d'août sera passé, c'est-à-dire les chaleurs, les ordres sont envoyés pour que les troisièmes bataillons des régimens de votre armée complètent ceux que vous avez en Dalmatie, de manière à porter chaque compagnie à cent quarante hommes, et par conséquent chaque bataillon à douze cent soixante.

Raguse doit définitivement rester uni à la Dalmatie; vous devrez donc faire continuer les fortifications et les mettre dans le meilleur état.

Occupez-vous essentiellement à obtenir des renseignemens, soit par des officiers que vous enverrez à cet effet, soit par toute autre manière, et que vous adresserez directement à l'empereur, pour lui faire connaître, par des officiers sûrs, géographiquement et administrativement, 1º ce que vous pourrez obtenir sur la Bosnie, la Macédoine, la Thrace, l'Albanie, etc.; 2º quelle population turque, quelle population grecque, quelles ressources ces pays offriraient en habillemens, vivres, argent, pour une puissance européenne qui posséderait ce pays; enfin quel revenu on pourrait tirer de suite au moment de l'occupation, car les améliorations sont sans bases.

Le second Mémoire sera un mémoire militaire.

Si deux armées européennes entraient à la fois, l'une par Cattaro et la Dalmatie et dans la Bosnie; l'autre par Corfou, quelles devraient être les forces de toute arme, pour être certain de la réussite, quelle espèce d'arme serait la plus avantageuse, comment passerait l'artillerie, comment pourrait-on la remonter, comment se recruterait-on, quel serait le meilleur temps pour agir? Tout ceci, général, ne doit être regardé que comme un calcul hypothétique; tous ces rapports doivent être envoyés par des hommes de confiance qui puissent arriver à bon port.

Faites connaître aux Russes que la paix est faite avec eux, et envoyez-leur des ampliations de la notice ci-incluse.

Faites tenir très-stricte la prise de possession des forteresses; faites seulement dire aux croisières russes que vous leur donnerez tous les secours qu'elles demanderont. La Russie a accepté la médiation de la France pour faire sa paix avec la Porte; tenez-vous toujours en bonne amitié avec le pacha de Bosnie, auquel vous ferez part de ce qui se passe; mais néanmoins vous resterez dans une situation plus circonspecte que ci-devant; envoyez des officiers, faites tous ce qui vous sera possible pour bien connaître le pays.

Tilsitt, 9 juillet 1807.
INSTRUCTIONS POUR M. L'ADJUDANT-COMMANDANT GUILLEMIMOT

L'empereur, monsieur l'adjudant-commandant, vous charge d'une mission importante de confiance. L'intention de Sa Majesté est que vous partiez de Tilsitt avec un officier russe que vous désignera M. le lieutenant russe Labanoff de Rostow; vous vous rendrez, le plus promptement possible, avec cet officier, au camp de M. le général Michelson, auquel vous porterez une lettre de M. le prince de Bénévent.

 

Vous serez aussi porteur d'une autre lettre chiffrée de ce ministre pour le général Sébastiani; votre mission, monsieur l'adjudant-commandant, a deux objets importans, le premier sur le Danube, le second à Constantinople.

Sur le Danube vous porterez une lettre du prince de Bénévent au grand-visir, ou au pacha qui commande l'armée turque; vous aurez outre cela ouvert l'article du traité qui regarde la poste, signé du prince de Bénévent; vous demanderez au grand-visir, s'il est encore à l'armée, s'il adhère aux dispositions de ce traité; dans tout état de cause, vous exigerez que les hostilités cessent de suite entre les deux empires de Russie et de Turquie; de là vous expédierez à l'empereur un des officiers qui vous accompagneront, pour rendre compte de ce qui se sera passé, et faire connaître la situation des choses. Cet officier passera par Varsovie, et vous lui remettrez une lettre pour le général français commandant les troupes, par laquelle vous lui ferez connaître ce que vous aurez fait, et la situation, et enfin si tout marche selon les désirs de l'empereur.

Après avoir rempli votre mission près le grand-visir, vous continuerez votre route pour Constantinople. Arrivé dans cette ville, vous remettrez les dépêches au général Sébastiani; vous aurez soin d'insister fortement auprès des ministres de l'empereur et roi pour que la Porte déclare si elle accorde ou non les conditions du traité de paix qui la concernent; de là vous retournerez au quartier-général du général Michelson pour présider à la conclusion de l'armistice et à tous les arrangemens provisoires qui se feront entre la Porte et la Russie, conformément au traité de paix; vous ne perdrez pas de vue que l'empereur, en soutenant la Porte, est dans l'intention d'extrêmement ménager la Russie, tant dans les choses que dans les formes; vous emmenerez avec vous deux officiers d'état-major, M. M… et un ingénieur-géographe, M… Vous expédierez un de vos officiers du Danube, après avoir vu le général Michelson, et l'autre à votre retour de Constantinople sur le Danube. Un des buts importans de votre mission est de prendre, soit à Constantinople, soit dans tous les pays que vous parcourrez, tout ce qui peut vous mettre à même de rapporter une bonne statistique sur la population, les richesses, et enfin sur la configuration topographique des pays que vous parcourrez; c'est à quoi vous emploierez l'ingénieur-géographe, qui marchera avec vous.

Cette instruction, monsieur l'adjudant-commandant-général, vous fait assez connaître la confiance que l'empereur a dans vos talens.

Kœnisberg, le 12 juillet 1807.
AU GÉNÉRAL DEJEAN, MINISTRE, ETC

L'empereur me charge de faire connaître à Votre Excellence que son intention est que tous les prisonniers russes qui sont en France soient sur-le-champ formés en régimens provisoires, et que le baron de Muller Lakometsky, général major au service de Russie, auquel l'empereur de Russie donne le commandement de ces troupes, soit chargé de désigner les officiers russes qui seront attachés à chaque compagnie des bataillons provisoires. Sa Majesté me charge de vous faire connaître que sa volonté est que tous les prisonniers russes qui sont en France soient sur-le-champ habillés à neuf, suivant l'uniforme de leur nation. Vous leur ferez fournir la buffleterie, la coiffure, sacs, etc, redingotes, etc.; vous leur ferez donner des fusils neufs; et enfin ils seront arrangés de manière à ce que ces prisonniers, formés en bataillons provisoires, puissent servir et entrer en campagne, si le cas l'exigeait. Quant aux prisonniers russes qui sont encore à la rive droite du Rhin, quand mes ordres parviendront, ils doivent rétrograder pour se rendre en Russie, dans l'état où ils seront. Je pense que vous n'avez pas plus de dix mille Russes en France.

Prenez, général, les mesures les plus promptes pour l'exécution de ces ordres, auxquels Sa Majesté attache beaucoup de prix.

Faites parvenir à M. le général Muller, prisonnier de guerre en France, la lettre ci-jointe de l'empereur Alexandre, et celle que je lui écris.

Berlin, le 25 juillet 1807.
AU GÉNÉRAL CHASSELOUP

L'empereur, général, ordonne que vous vous rendiez sur-le-champ devant Stralsund, pour prendre directement le commandement du génie. L'intention de Sa Majesté est qu'on fasse à la fois trois attaques, et que la place soit enlevée le plus tôt qu'il sera possible. Je donne des ordres au général Songis pour faire arriver toute l'artillerie et les munitions nécessaires de votre côté; portez devant Stralsund le personnel et le matériel du génie que vous jugerez nécessaire pour déployer promptement la plus grande vigueur contre cette place. Destinez le reste de l'argent que pouvez encore avoir à votre disposition, aux ouvrages à faire devant Stralsund. L'empereur me charge de vous dire qu'il compte sur votre zèle.

Berlin, le 25 juillet 1807.
AU GÉNÉRAL SONGIS

Je vous préviens, général, que je viens de donner ordre au général Chasseloup d'aller prendre le commandement du siége de Stralsund, auquel Sa Majesté porte une grande sollicitude. L'intention de l'empereur, général, est que vous donniez sur-le-champ les ordres nécessaires pour que l'artillerie de siége arrive le plus promptement possible, et en grande quantité, devant Stralsund, de manière que l'on puisse faire à la fois trois attaques, et que cette place soit promptement enlevée. Envoyez le personnel et le matériel d'artillerie nécessaire. Désignez un général pour commander l'artillerie de siége sous le général Lacombe-Saint-Michel. Donnez les ordres pour que toutes les nouvelles compagnies d'artillerie qui arrivent de France, et qui sont à Magdebourg ou ailleurs, qui n'ont point fait la guerre, soient envoyées directement sur Stralsund pour y pousser vigoureusement le siége.

Faites-moi connaître à Berlin les dispositions que vous aurez faites. Je compte me rendre moi-même à Stralsund pour en voir l'effet.

L'empereur s'en rapporte à votre zèle et à l'activité ordinaire du corps de l'artillerie.

Berlin, le 25 juillet 1807.
À S. A. R. LE PRINCE DE PONTE-CORVO

Vous verrez, M. le maréchal, par les ordres que j'ai expédiés aujourd'hui, que les Hollandais qui sont aux ordres du maréchal Brune retournent en Hollande, passant par Hambourg. Je donne également l'ordre à tous les Espagnols, même à ceux qui viennent de France, de se réunir à Hambourg, où ils serviront à former le noyau de l'armée qui vous est destinée; vous aurez donc sous vos ordres quinze cents Espagnols et quinze cents Hollandais; les quinze cents Hollandais se réuniront dans l'Oldembourg et dans l'Ostfrise sous les ordres du général hollandais, qui, en cas d'événement, y recevrait des ordres de vous. Les Espagnols formant le noyau de votre armée se réuniront à Hambourg, où vous établirez votre quartier-général.

Berlin, le 25 juillet 1807.
À M. DARU, INTENDANT-GÉNÉRAL DE L'ARMÉE

Je vous envoie par un officier de mon état-major, des paquets de M. de Talleyrand; je vous renvoie ampliation des lettres qu'il m'a adressées dans le cas où votre paquet ne contiendrait pas la même chose. Conformez-vous à leur contenu dans ce qui peut vous concerner. Jusqu'à nouvel ordre, je reste à la grande armée. Je compte aller passer un jour ou deux devant Stralsund au corps d'armée du maréchal Brune; je reviendrai à Berlin, où je désire vous trouver, afin de nommer les commissaires français ou plénipotentiaires qui, conformément à l'article de la convention, doivent se réunir à Berlin avec les plénipotentiaires ou commissaires prussiens. Il faudrait donc que M. de Golz se rendît à Berlin si c'est lui le plénipotentiaire ou commissaire pour l'exécution de l'article 6 de la convention. Je verrai avec vous quels sont les Français que nous pourrions désigner.

Quant à M. le maréchal Soult, il continuera à avoir son quartier-général à Elbing, et successivement sur l'Oder aux époques déterminées.

Quand je vous aurai vu, et que la commission sera installée, s'il n'y a rien de nouveau, je me rendrai à Hanovre. Je compte donc vous retrouver à Berlin au retour de la Poméranie suédoise.

Berlin, le 25 juillet 1807.
AU GÉNÉRAL LEGRAND, À BAYREUTH

L'empereur, M. le général Legrand, m'ordonne de vous faire connaître que son intention est que vous pressiez l'entier paiement, non-seulement de la contribution frappée sur le pays de Bayreuth, mais encore ce que le pays doit sur les revenus. Prenez telles mesures que vous jugerez nécessaires, et mettez-moi à même de faire connaître à l'empereur que ses intentions sont exécutées.

Berlin, le 25 juillet 1807.
À M. LE MARÉCHAL COMTE DE KALKREUTH

Je vous préviens, M. le maréchal, que je suis chargé d'entrer avec vous dans quelques explications sur l'exécution du traité de paix entre sa majesté l'empereur et sa majesté le roi de Prusse; elles n'ont pour but que de lever toute incertitude et de prévenir toute discussion qui pourrait retarder l'évacuation de la Prusse.

Les articles 16, 25 et 26 doivent avoir reçu leur entière exécution avant l'évacuation des provinces prussiennes; en conséquence, les troupes françaises ne quitteront le pays, entre l'Oder et la Vistule, que lorsque:

1º La convention qui, au terme de l'article 16, doit avoir lieu pour la fixation d'une route de communication entre le royaume de Saxe et le duché de Varsovie, aura été conclue avec M. le maréchal Soult, qui a reçu des plénipotentiaires à cet effet.

70C'était l'épée de Charles XII, que Gustave avait tirée de l'arsenal de Stockholm, et qu'il avait fait raccourcir et alléger pour l'ajuster à sa taille. Gustave s'était proposé Charles XII pour modèle, et portait, comme lui, un costume très-simple et les cheveux courts et relevés.