Makossa Love. Recueil (Tome 1 & 2): Tome 1: La recherche de Madame "Visa". Tome 2: La douloureuse lutte amoureuse. Roman

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Z serii: Makossa Love
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— Est-ce que c'est toujours comme ça chez vous ? Demanda-t-elle à Johnny.

Il répondit seulement : — N'est-ce pas normal ? C'est différent chez vous ?

Et oui, elle venait de faire l'amour avec un Camerounais, avec un homme noir. Si on lui avait dit cela il y a deux jours, elle aurait demandé à cette personne s'il ne s'était pas cogné la tête. Elle avait un petit ami, et pour elle il avait toujours été clair qu'on ne faisait l'amour qu'avec l'homme qui partage sa vie. C'est ainsi que ça doit être, dit-on toujours. « Quel non-sens ! », dit-elle, « Pourquoi devrait-on renoncer à quelque chose comme ça ? »

Elle était désormais allongée, nue, sur le corps nu de Johnny, comme un boa qui vient d'avaler sa proie, ventre contre ventre, sa tête sur son torse velu, ses cheveux sur son visage. Il lui caressait le dos, les yeux fermés et le temps passa ainsi.

Combien de minute avait duré son premier sexe avec un homme noir ? Elle n'en savait rien, et ça lui était bien égal, pensa-t-elle en s'endormant. Elle fut réveillée par l'eau que les vagues ramenaient sur eux.

C'était tellement agréable d'être allongée là, la moitié du corps dans l'eau tiède. — Hé ! Johnny, réveille-toi. La mer essaye de nous avaler, dit-elle sans bouger.

Au lieu de répondre, Johnny lui caressa les fesses et ses doigts glissèrent lentement du creux de ses reins vers une destination bien précise. Elle fit un léger mouvement de bassin pour montrer à Johnny qu'il pouvait continuer. Elle leva ses fesses, pressa sa poitrine contre celle de Johnny et écarta légèrement les jambes. Ainsi, il pouvait atteindre le bon endroit sans obstacle. Et le deuxième round débuta.

Lorsque les deux furent forcés de se lever, car la marée était de plus en plus haute, elle remarqua qu'il était déjà tard et que ses vêtements étaient complètement trempés.

Chaque matin, l'eau allait dans la mer pour travailler et chaque fin d'après-midi, elle revenait sur la terre femme pour dormir, disaient les gens ici.

— C'est le prix à payer, dit Johnny en souriant. C'était agréable avec toi, ma blanche fée. Now it's time to go home.

— Johnny, tu es le plus grand, le meilleur. C'était juste fantastique. Lorsque nos regards se sont croisés dans le bus à Douala, j'ai immédiatement su que je te voulais.

— Toi ? Non ! Je te voulais, moi Johnny Win-Win, et je t'ai amené à me vouloir, dit Johnny avec un large sourire.

— C'est ce que tu penses ? Haha, haha, répondit Carla. J'ai tout manigancé. Vous les hommes, vous êtes si naïfs.

— Non, toi ma petite garce, plaisanta Johnny en éclaboussant Carla de sable. Carla essaya, elle aussi, de le recouvrir de sable, mais il avait déjà sauté dans la mer et plongé sous l'eau. Carla courut jusqu'à lui : — Où es-tu, grossier personnage ?

Ils jouèrent ainsi dans l'eau, comme s'ils ne voulaient jamais en sortir. Ils ne voulaient pas se séparer. Ils s'amusaient, et après 30 minutes, sortirent de l'eau, enfilèrent leurs vêtements mouillés et Johnny demanda.

— Que vas-tu raconter à ton petit ami ? Comment vas-tu lui expliquer pourquoi tu es partie si longtemps et pourquoi tu rentres complètement trempée ?

Elle était étonnée. Elle ne lui avait jamais dit que Mauritz était son petit ami et elle n'avait laissé aucun indice qui puisse le mener à cette conclusion.

— Tu sais quoi, Johnny, mon prince chocolaté, je voudrais juste profiter du moment présent. C'est le plus important pour moi actuellement. Humm, ma main est recouverte de ton odeur.

— Et quelle est mon odeur ? Demanda-t-il.

— Ça je ne te le dirais pas, mais j'emmène ton parfum avec moi à l'hôtel.

Il était presque 19 h lorsque Carla arriva à l'hôtel. Elle monta directement dans sa chambre. La porte n'était pas fermée et Mauritz jouait sur son pc.

— Où étais-tu ? Je t'ai cherchée partout, je me suis fait du souci, lui demanda-t-il, sans lever la tête et sans la regarder.

Carla profita de la situation pour se rendre rapidement dans la salle de bain. Elle ne ferma pas la porte entièrement, mais répondit d'une manière agressive.

— Et toi, où étais-tu ? Je t'ai cherché moi aussi. Je ne t'ai pas trouvé, que voulais-tu que je fasse ? Que je reste à l'hôtel, seule, à t'attendre ? Je suis donc partie me promener. La ville est très grande.

— Tu aurais pu me laisser un message, se plaignit Mauritz.

Elle sortit de la salle de bain en chemise de nuit, s'assit au bord du lit et resta campée sur ses positions : — Tu aurais pu m'appeler pour savoir où j'étais si tu te faisais autant de soucis.

Énerve, Mauritz se décida à se lever et regarda Carla. — Qu'est-ce que j'y peux, moi, si tu ne décroches pas quand on t'appelle ? J'ai essayé de t'appeler je ne sais combien de fois. A priori, tu ne t'en es même pas rendue compte. Étrange.

« Oh mince ! », se dit-elle intérieurement, « nous avions laissé les objets de valeur dans un sac sur la moto. Il est possible qu'il ait sonné sans que je ne l'aie entendu », mais malgré tout, elle ne voulait pas se laisser rabattre le caquet aussi facilement, et comme la plupart des gens pris en flagrant délit, elle continua dans la confrontation.

— Qu'est-ce qui est étrange ? Hein, qu'est ce qui est si étrange, qu'est-ce que tu veux dire ? Vide ton sac !

— Hum…, répondit simplement Mauritz avant de retourner jouer sur son ordinateur.

Carla s'allongea sur le lit, se demandant si Mauritz se doutait de quelque chose par rapport à Johnny. Que devait-elle faire maintenant ? Devait-elle tout lui dire ? Elle ressentait que cela n'avait rien à voir avec Mauritz. Son attitude et ses sentiments envers Mauritz n'avaient pas (encore) changé. C'est sûr que Johnny avait marqué des points, sexuellement parlant, il avait plus d'expérience, mais ce qui lui avait plu, c'est surtout qu'il était attentionné et tendre.

Bien que son petit ami fût juste à côté, elle continua de rêver. Beaucoup de choses lui passèrent dans la tête : C'est un homme pur, très viril, mais qui fait tout avec tellement de respect et sait exactement ce que je ne veux pas et n'insiste pas non plus. Pourquoi ai-je donc toujours cru qu'on ne pouvait aimer qu'un seul homme et donc apprécier de faire l'amour qu'avec un seul homme ? Où est le problème si je profite du sexe avec un autre et qu'il me fait des choses qui me font du bien et me rendent heureuse ? Si je suis heureuse, Mauritz en tire avantage aussi, non ? L'interdiction de faire l'amour avec un autre homme que son partenaire est purement un acte religieux, pour autant la plupart des gens en Allemagne ne sont pas pratiquants. Mauritz ne l'est pas, moi non plus, pensa Carla. Nous n'allons pas à l'église, ne prions pas. Nous ne connaissons pas l'histoire de Jésus. C'est donc juste un fait de société. Ça n'a rien à voir avec la nature de l'homme en soi.

Des remords ? « Non, aucun », se dit-elle. Pourquoi aurais-je des remords ? Parce que je me sens encore plus femme ? Parce que c'était la meilleure partie de jambes en l'air de toute ma vie ? Parce que je me sens plus belle et plus attirante ? Parce que j'ai élargi mon panel d'expériences sexuelles ? Des remords de me sentir bien ? Balivernes.

Oui, j'ai des remords d'avoir attendu si longtemps avant de connaître quelque chose d'aussi extraordinaire. Oui, ça m'énerve d'avoir attendu quasiment 23 ans pour vraiment découvrir mon corps et ma féminité. C'était la première fois qu'un homme me traitait vraiment comme une Femme et moi lui comme un Homme. Juste ainsi, sans jugements : simplement Homme et Femme. De ça, j'ai un peu honte, mais certainement pas d'avoir découvert des aspects insoupçonnés de ma personnalité et des zones qui me donnent du plaisir.

Carla s'endormit et lorsqu'elle se réveilla, il était déjà 8 h du matin. Elle était à la fois, fatiguée et détendue.

« Et oui, je suis en vacances », s'écria-t-elle, elle remarqua alors que Mauritz n'était déjà plus dans le lit.

Elle avait envie d'aller nager. Bien qu'il soit encore tôt, il faisait déjà chaud. L'eau était fraîche, mais ça allait. Le soleil brillait déjà.

Mauritz et Anna étaient déjà sur la plage, ils étaient assis dans l'eau et discutaient à voix basse en profitant de la vue sur l'océan. Rien ne lui aurait semblé étrange si Anna n'avait pas sursauté en la voyant arriver. Anna se leva et fut bien trop polie avec elle.

— Ne sois pas effrayée, dit simplement Carla, bonjour, c'est une belle journée aujourd'hui.

Anna rit nerveusement et disparut dans l'hôtel.

Les jours qui suivirent, virent Anna et Mauritz se rapprocher de plus en plus, sans que personne ne remarque quelque chose de particulier.

Carla rejoignit Mauritz, lui demanda de l’accompagner dans l'eau et les deux nagèrent ensemble une bonne heure. Ils se caressèrent, s'embrassèrent et Carla remarqua qu'Anna les avait observés pendant tout ce temps.

Après cette baignade, ils allèrent tous déjeuner. Le buffet était encore là et ils se retrouvèrent tous autour d'une table.

Stefan, qui buvait un café, dit :

— Je propose que nous invitions Johnny aujourd'hui.

Le cœur de Carla s'emballa. Ils avaient justement prévu de se retrouver aujourd'hui, à 14 h. Elle n'avait aucune envie de devoir annuler ce rendez-vous pour qu'ils puissent inviter Johnny.

— Est-il vraiment nécessaire de l'inviter aujourd'hui ? Demanda-t-elle.

Anna demanda dans un rire moqueur : — Et pourquoi pas ?

— Moi je suis d'accord, dit Mauritz, qui ne prenait d'habitude jamais part à ce genre de conversations.

— Et toi, Günther ? Demanda Stefan.

— Pourquoi pas, acquiesça-t-il, ça ne me dérange pas.

— Qu'as-tu contre Johnny Win-Win, Carla ? Demanda ironiquement Anna.

 

Carla ignora simplement la question provocatrice, se leva et rentra dans l'hôtel.

— Qu'est-ce qui lui arrive ? Demanda Stefan à Mauritz.

— Aucune idée. Elle est étrange et pénible depuis hier. Je ne sais pas pourquoi, répondit-il.

Günther se leva et lança, comme s’il ne se doutait de rien, mais bien consciemment de l'impact de sa question : — Pourquoi les femmes pètent un câble en entendant le nom d'un homme ? Et puis il disparut rapidement jusqu'à la table du buffet pour éviter la discussion.

— Je vais l'appeler, dit Stefan.

Après quelques minutes, Anna demanda : — Que se passe-t-il ? Ne voulais-tu pas l'appeler ?

— Si, mais ça sonne tout le temps occupé. Je réessaierai plus tard.

Carla revint environ dix minutes plus tard et Anna dit à Stefan avec un air provocateur :

— Tu peux réessayer. Je pense que maintenant sa ligne sera disponible.

Stefan le fit et il dit tout content : — Ça sonne.

— Je m'en doutais, et je parie qu'il aura du temps libre aujourd'hui, comme par hasard. J'en mettrais ma main à couper, dit Anna sur un ton ironique. Elle savait exactement à qui ces mots étaient destinés.

— Allo Johnny, c'est Stefan.... Bien et toi ?... Oui, ok... Nous voulions t'inviter aujourd'hui... Oui, aujourd'hui. Pourquoi ? As-tu déjà d'autres projets ?... Dis donc, ok ?... Oui, on se réjouit également... Où veux-tu qu'on se retrouve ?... C'est vrai, tu as raison. Nous y serons, vers.... Quand ? Attends une minute Johnny, reste en ligne.

— Ça lui va, il demande quand, à quelle heure et où, dit Stefan aux autres.

— Ça m'est égal où et quand, mais pas dans un restaurant rempli de touristes européens. Un endroit comme la dernière fois serait parfait.

— Ah oui, c'est typique de toi Günther, mais tu ne réponds pas à la question de Stefan. Tu pourrais quand même décider et t’exprimer clairement, non ? Répondit Anna.

Günther, qui préférait éviter les conflits, répondit simplement : —Tu n'as qu'à décider toi du lieu et de l'heure, plutôt que de toujours vouloir te disputer avec moi. Peut-être que je te plais vraiment finalement ?

— Arrêtez vos bêtises. Vos affaires privées n'ont rien à faire ici et pas maintenant. Il est question du lieu et de l'heure pour l'instant. Je propose 19 h, s'énerva Carla.

Stefan remarqua immédiatement qu'elle n’était pas loin de craquer. — Allo Johnny, je te rappelle plus tard, on doit d'abord discuter de l'heure, à plus tard, et il raccrocha.

Comme prévu, Anna répliqua immédiatement : — Qu'est-ce que tu veux dire, Carla ? C'est parce que nous ne faisons pas assez attention à tes histoires privées que tu es aussi agressive ?

— Je ne m'adressais pas à toi personnellement, Anna. Est-ce qu'on peut revenir à notre sujet ? Dit Carla, toujours énervée, mais sur un ton plus calme.

Anna, qui était vraiment énervée, continua avec des remarques déplacées. — Ce n'est pas à toi de décider de ce que nous devons ou pas discuter. Est-ce que tu es encore énervée parce que Johnny sera occupé aujourd'hui, ou plutôt devrais-je dire qu'il sera occupé et ne pourra pas s'amouracher avec toi comme c’était le cas hier ?

Carla n'était pas préparée à ce qu'Anna soit aussi directe avec elle. Elle semblait vraiment choquée. Elle ne pensait pas qu'Anna puisse avoir une idée de ce qui se passait entre elle et Johnny. Elle se demanda si tous étaient au courant, y compris Mauritz. Elle hésita un instant puis attaqua directement Anna telle un cobra : — Occupée, mais malheureusement pas avec toi. C'est ça qui te dérange ? Parce qu'il ne s'intéresse pas du tout à toi ? Peut-être es-tu trop vieille pour lui.

Il n'y avait plus aucune retenue dans leurs propos. Anna ne se laissa pas clouer le bec aussi facilement : — C'est vrai, je capitule, je ne vais certainement pas me jeter sur le premier homme noir venu, comme une pute et lui ouvrir mes cuisses.

Étonnement Carla resta très calme et lui répondit simplement : — Dommage pour toi !

Anna dit encore : — Et tu as un petit ami.

— Double chance pour moi, répondit Carla.

Stefan intervint pour stopper la dispute.

— Ça suffit maintenant. Je trouve votre attitude extrêmement gênante. Avec ou sans vous, nous allons voir Johnny, pas vrai Günther ? Et toi, Mauritz, qu’en dis-tu ?

— Oh oui, bien sûr je suis avec vous, dit Günther.

Et Mauritz d'ajouter : — Si Carla vient, je vous suis.

Sans attendre la réponse d'Anna, il proposa : — Je lui dis donc à 19 h, au croisement de Texaco.

Après le petit déjeuner, chacun vaqua à ses affaires, la plupart se retrouvèrent sur la plage : nager, se reposer, lire, dormir, nager, etc.

La journée se passa finalement dans le calme.

Carla et Anna se calmèrent un peu, si bien que peu avant 19 h, l'ambiance était au beau fixe dans le groupe.

Ils retournèrent dans le même bar de la Rue de la Joie.

Beaucoup de gens se rappelaient des « Blancs » et on les saluait de tous côtés.

Ils commandèrent du poisson et de l'agneau fumés avec des bananes plantains frites et des pommes. Le prix était bien moins cher ici qu'au marché aux poissons, qui était visité par beaucoup de touristes. La qualité était équivalente. Tout était frais, aucun produit surgelé. C'est ce qui était si bon dans la nourriture au Cameroun.

Cette fois-ci, Mauritz n'eut pas envie de danser, cependant il but énormément. Au début, Carla resta avec lui, les autres pendant ce temps profitaient et dansaient.

Johnny et Anna dansèrent ensemble et Johnny fut étonné de la voir remuer ses hanches et ses fesses comme une black, de façon si rythmée et dynamique. — Wow, hoho, je n'avais pas imaginé ça, dit Johnny vraisemblablement étonné et aussi flatteur.

— Étonné de quoi ? Dit Anna en riant.

— Où as-tu appris à danser ainsi ? Nous avons toujours entendu, ou plutôt vu à la télé ou dans des vidéos, que les Blancs ne savaient pas danser sur le rythme et c'est pour cette raison que les musiques technos ou électros ont été inventées, raconta Johnny en rigolant.

— Eh bien, je pense qu'il ne faut jamais faire de généralités. Ce que tu dis est en grande partie vrai, mais je connais aussi des Noirs qui ne savent pas danser, répondit Anna.

— Tu as certainement raison, exactement comme je remarque en ce moment, qu'il existe des Blancs qui savent très bien danser, dit Johnny.

— Et puis, j'ai pris des cours de danse africaine quand j'étais en Allemagne. J'ai participé à beaucoup de séminaires et je danse depuis plus de dix ans, même si notre professeure est blanche et que nous ne sommes que des blanches dans ce groupe, raconta fièrement Anna.

Ils continuèrent à danser pendant ce dialogue et pour se comprendre par-dessus ce brouhaha, ils se rapprochèrent et entrèrent souvent en contact l'un avec l'autre. On pouvait remarquer qu'ils appréciaient tous les deux ce semblant de flirt.

— As-tu finalement pu trouver un travail ? Demanda Anna, pour changer le sujet et s'éloigner de ce qu'elle commençait à ressentir.

— Pas encore. Je dois encore attendre un peu. Mais je pense que d’ici à deux semaines je devrais avoir réussi à en trouver, répondit Johnny.

— Hum, tu veux vraiment être plongeur ? Quand je te regarde, j'ai vraiment du mal à t'imaginer en train de laver des assiettes. Mais je trouve ça vraiment super.

Johnny la regarda avec un visage sérieux. — Oui, je veux vraiment le faire, et même si je suis un peu agité de ne pas avoir encore commencé, j'ai encore du temps. Jusque-là, je vais juste profiter de la vie.

Anna le regardait de manière compatissante. — Est-ce que je peux t'aider, peut-être en demandant dans l'hôtel dans lequel nous logeons ? Le directeur est vraiment gentil, il essaye tout le temps de flirter avec moi.

Johnny rigola et plaisanta un peu : — Eh ben, le directeur te drague, et toi tu essayes de me draguer maintenant ? Ce n'est pas très bien, voire très dangereux.

— Ah oui ! Pas bien et plutôt dangereux ? Pour qui ? As-tu quelque chose à cacher ? Le provoqua Anna. Je suis juste une bonne personne, et je voulais t'aider.

— Voyons donc, as-tu toi aussi quelque chose à cacher ? Seuls ceux qui s'y connaissent savent quand il y a quelque chose de secret, ne crois-tu pas ? Mais par-dessus tout, j'aime beaucoup quand une fille me drague. Ce sont souvent des femmes très féminines, authentiques et qui ont de l'assurance.

— Ça veut dire que pour toi, des femmes qui se laissent draguer par des hommes ont moins confiance en elles ou sont moins féminines ? Voulut savoir Anna.

— Viens, on discutera de ce sujet demain ou après-demain. C'est trop intéressant, pour être discuté dans ce tumulte, dit Johnny.

Après leur danse, ils revinrent à la table ou Carla et Mauritz étaient encore assis. Stefan, une « fausse bière » à la main, dansait avec un groupe de personnes et semblait ne plus du tout se préoccuper de ce qui se passait autour de lui. Il allait simplement bien.

Günther, comme la fois précédente, avait à nouveau disparu, mais cette fois, personne ne se fit de soucis pour lui. Le calme et discret Günther avait bien le droit de se faire plaisir lui aussi. « Étrange », pensa Johnny, « les dictons se vérifient bien avec ces Allemands : les eaux calmes sont les plus profondes ; ce n'est pas le serpent qui fait le plus de bruit qui est le dangereux. Les plus dangereux sont ceux qui, sans faire de bruit, se faufilent. Ce n’est que quand on est mordu qu’on se rend compte qu’il y avait un serpent ». Ces deux proverbes lui faisaient penser à Carla et à Günther. Ce sont les deux personnes à qui on prêterait le moins d'aventures ou de désirs sexuels. Ils ont l'air tellement réservés et retirés. Ainsi va la vie. On ne devrait jamais juger et évaluer les gens sur leur apparence.

— Les deux ont l'air de s'ennuyer, dit Johnny en regardant Mauritz et Carla.

— Eh ben, ça ressemble à des problèmes de couples, dit Anna.

— Ils sont en couple ?! Je veux dire vraiment ensemble ? Demanda Johnny apparemment étonné.

— Que veux-tu dire par vraiment ensemble ? Existe-t-il de faux couples, ou as-tu quelque chose à te reprocher ? le taquina Anna.

Johnny fit comme s'il n'avait pas entendu et proposa : — Nous allons leur amener un peu de joie. On va les tirer sur la piste de danse et simplement, humm, tu comprends quoi, simplement.… Enfin, allez viens.

Il se leva et partit en direction de Carla et Mauritz. — Est-ce que Jésus est-il mort aujourd'hui ? Qu'est-ce qu'il vous arrive ? Allez debout, venez prendre et donner un peu de plaisir.

Il les prit tous les deux par les mains et les souleva. Ils se levèrent et le suivirent sur la piste de danse. Anna, en revanche, ne revint vers eux qu'après deux ou trois chansons de Kouchouam Mbada, et l'ambiance commença lentement à s'améliorer. Kouchouam Mbada est un groupe de chanteurs qui a rendu populaire au Cameroun le nouveau style de musique « Ben Skin ». Le Ben Skin est une façon de danser avec le dos courbé en avant, une danse fascinante.

Le rire strident de Mauritz consolida ce sentiment. Maintenant tout pouvait enfin démarrer.

Dans l'euphorie de cette ambiance électrique et des bières, Mauritz était de plus en plus ouvert et bavard. — Hé Johnny ! Johnny, c'est génial ici. Je rêve de coucher avec une femme noire, vraiment. C'est mon plus grand fantasme.

Johnny fit comme s'il n'avait pas entendu par respect pour Carla. Carla semblait absorbée dans sa danse, et Anna était en train de tenter un « bal à terre » avec un Camerounais. Il s'agissait d'une Mapouka, une danse très populaire en Côte d'Ivoire. Cette danse est souvent considérée comme une danse érotique à cause de ses mouvements osés. Lors d'une Mapouka, l'acte sexuel chez les Africains est représenté de façon artistique et avec la danse. Les Africains utilisent leurs sexes et leurs corps de façon très confiante.

Le Mapouka est parfois très extrême : les gens dansent extrêmement serrés, se frottant les uns aux autres. On ressent vraiment les parties génitales de l'autre et cela mène clairement à des érections. On peut facilement se rendre compte de l'augmentation de volume au niveau du sexe d'un homme dans son pantalon. Mais ça en reste là. Il n'y a pas de sexe ensuite. Pour un étranger, c'est comme faire l'amour habillé, mais pour les Africains c'est juste une danse comme une autre. Personne ne pense ensuite à aller faire l'amour avec la personne avec qui on vient de danser. Cette personne peut bien être sa petite amie, sa sœur ou une étrangère dont le partenaire est assis là et qui regarde en souriant.

 

Oui, l'ambiance dans ce bar était vraiment hot.

— M'as-tu entendu Johnny ? Demanda Mauritz.

Il parlait si fort, que même avec cette musique si forte on pouvait l'entendre à 100 mètres à la ronde.

Mauritz était tout simplement saoul et c'est dans ce genre de situation que le tempérament des personnes faibles ressort généralement.

— Ah, toi, comment, qu'as-tu dit..., bégaya Johnny, puis il s'excusa auprès d'Anna et de Carla et tira doucement Mauritz loin de la piste de danse. Ils allèrent prendre un peu l'air dans la rue. Ici, tout était calme et silencieux. — J'ai remarqué que tu voulais vraiment parler. Mais ce n'était pas très malin d'entamer ce genre de conversation devant ta petite amie, Mauritz. Tu ne penses pas que ça peut la blesser ? Ici, nous pourrons discuter plus tranquillement. Oui, il faisait un peu chaud pour moi aussi là-bas, dedans. Veux-tu encore une bière ?

Mauritz acquiesça, deux minutes plus tard Johnny était de retour avec deux bouteilles de bière.

Mauritz continua : — Merci. Peut-être qu'elle aussi, elle m'a blessé, mais je m'en fiche. Vraiment Johnny, je te le dis, déjà en Allemagne les personnes noires m'ont toujours fasciné. Ce n'est pas un hasard si j'ai décidé de faire mon stage sur ce continent. Il y avait quelques filles noires dans mon école. Une me plaisait particulièrement, j'ai essayé de me mettre avec elle, mais ça n'a pas marché.

Maintenant, Johnny semblait vraiment être intéressé.

— Et pourquoi donc ?

— Je ne sais pas. J'ai flirté avec elle, mais elle n'a pas flirté en retour. On a bien discuté ensemble, mais elle ne semblait pas intéressée. Et après, elle s'est mise avec un jeune homme noir qui venait d'arriver dans notre école, dit Mauritz.

Johnny écoutait. — Eh bien, ça a peut-être à voir avec le fait que tu ne l'as pas dragué directement. Chez nous, seuls les hommes qui ont peur de parler aux femmes, flirtent gentiment. Tu dois aller vers elle directement et lui raconter combien elle te plait, comment elle te fait tourner la tête, que tu ne penses plus qu'à elle, que tu n'arrives plus à manger. Tu dois lui dire qu'elle est belle comme une fée, qu'elle est un miracle sur cette terre, etc. Ça n'a pas d'importance, si ce que tu dis est vrai, ce qui compte, c’est que cela sonne authentique et que tu sois convaincant. Elle doit voir et ressentir, comment tu te bats pour elle, quitte parfois à mentir pour l'avoir.

— Je ne peux pas juste mentir comme ça, comment est-ce possible ? Rétorqua Mauritz.

Johnny but une gorgée de bière en rigolant : — Non, Mauritz Boy, le mensonge n'est pas ce qui importe ici. Il s'agit de drague et la drague a ses lois. Le mot à lui seul en dit long. Ça ne l'intéresse pas de savoir si tu mens. Ce qui l'intéresse, c’est ce que tu dis et comment tu le dis. Vous, les Blancs, vous rendez tout compliqué et ennuyeux. Tout doit-il forcément être scientifique chez vous ? Même pour avoir une femme ? Flirter, flirter, quelle bêtise !

Mauritz semblait un peu perturbé. — J'ai toujours pensé qu'elle ne voulait pas être avec moi parce que j'étais blanc. Elle était tout le temps toute seule, et puis tout d'un coup ce jeune homme noir est arrivé et peu de temps après ils étaient en couple. En plus, ce jeune avait plusieurs petites amies allemandes aussi, ça m'a toujours énervé. Mais je ne sais pas, si elle le savait, se plaignit-il.

— Écoute, Mauritz Boy, M-Boy, ça sonne plus cool. Tu ne fais que de te plaindre, de ce que tu n'as pas eu, mais devant toi, il y a tout ce que tu souhaites et peux avoir. Mon Dieu, vous les Européens, toujours à la recherche de quelque chose au lieu de simplement profiter de ce que vous pouvez avoir !!! Écoute-moi bien : Si tu veux une femme africaine, tu dois simplement lui en parler, dit Johnny.

— Et comment ? Et pourquoi elles n'aiment pas flirter ? Ha, c'est juste trop compliqué, dit Mauritz.

— Tu dois simplement étudier les mentalités des gens et savoir comment ils fonctionnent. J'ai l'impression que les Blancs n'ont pas la capacité ou ont du mal à s'adapter, à observer les us et coutumes autour d'eux et à sortir de leurs idées fixes. Ce que vous ne connaissez pas est soit nul, soit trop compliqué. Sais-tu pourquoi les autres peuples vous dépassent ? Mauritz secoua la tête en signe de négation. — Non, eh bien oui, c'est parce qu'ils s’adaptent pour mieux vous comprendre et mieux vous conquérir.

— Eh bien, c'est ton point de vue, soutint Mauritz.

— C'est possible. Mais est-ce un Africain ici qui se demande comment faire craquer une femme ? Vois-tu ? Mais tu es là avec tes « Eh bien... », se moqua Johnny.

— Ok, tu as peut-être raison. Alors comment faire craquer une femme africaine ? Demanda Mauritz.

Johnny le regarda droit dans les yeux fit comme s'il pensait à quelque chose d'extrêmement important. Il n'était pas encore trop tard. Il ne sonnait que 23 h. — Allons-nous asseoir dans ce café, là-bas. Le café avec la lumière jaune. Le vois-tu ? Oui, là-bas en dessous du grand bâtiment, oui, c’est ça, de ce que je vois d'ici, ça à l'air calme et vide, dit-il.

Ils traversèrent la rue, Mauritz regarda encore une fois derrière lui, comme s'il souhaitait faire un signe à Carla, mais elle avait l'air bien. Elle dansait avec plein de gens et avait l'air tout à fait heureuse.

Le petit café était très tranquille, avec une légère musique d'ambiance et était presque vide.

— Hé, Madame, une bière Kadji et un whisky s’il vous plaît, commanda-t-il avant de continuer la conversation avec Mauritz.

— Comment séduire une Africaine est une longue histoire. Peut-être que nous discuterons de ce sujet une autre fois. Mais ce que je peux te dire, c'est que seuls les hommes mal élevés et les prostituées flirtent ici. Ces femmes font ça pour attirer l'attention sur elles. Une jeune fille de bonne éducation ne fait pas ça. Elle doit être conquise dans les règles de l'art. C'est peut-être là la raison... Ah, oui maintenant je comprends.

— Quoi donc, qu'as-tu compris maintenant ? Voulait savoir Mauritz.

— Oui, je comprends désormais pourquoi les Blancs ici n'ont que des prostituées comme petites amies ou des femmes qu’on ne peut attirer qu’avec de l’argent. On retrouve ces femmes dans tous les bars, restaurants, toutes les places fréquentées par les Blancs. Les femmes normales ont honte d'aller là-bas, ou même d'être vues là-bas. Je n'ai encore jamais vu un homme blanc avec une femme noire normale. Je ne pense pas que ce soit uniquement culturel, mais plutôt que ces hommes manquent de courage, comme toi, pour aller parler directement aux femmes.

— Je n'en savais rien. C'est agréable d'apprendre quelque chose de toi. Tu as dit que ce n'était pas qu’à cause de la culture que les Africaines ne sortaient pas avec les hommes blancs ; ça j'ai du mal à le comprendre. Est-ce que l'inverse est aussi vrai, les hommes noirs avec les femmes blanches ? Demanda Mauritz.

Johnny répondit honnêtement : — C'est vrai qu'ici, la plupart des gens n'apprécient pas beaucoup quand leurs enfants se marient avec une personne blanche. Ils ne vous connaissent, les Européens, que grâce à la télévision ou aux livres, et ils pensent que vous n'avez pas de culture ou plutôt que vous avez la culture de l'argent, de la possession, que vous n'avez aucun respect pour vos ainés, que vous êtes toujours dans l'excès, que vos enfants sont mal éduqués, que vous vivez une vie peu morale, que vous n'avez pas peur de Dieu, que vous n'êtes pas assez civilisés à cause de vos richesses, votre égoïsme, votre méchanceté, votre cruauté, et c'est pour ça que les gens ont peur. Je ne sais pas d'où viennent ces craintes, car la plupart des gens ici n'ont jamais eu à faire avec des Blancs. Les Blancs qui vivent ici, restent entre eux. Peut-être est-ce parce que les Blancs ont fait des choses ici auparavant ? Étonnamment, les gens ici sont prévenus par leurs compatriotes qui vivent chez vous. Ils ne racontent quasiment rien de bon à propos de vous, seulement comment vous traitez les étrangers dans vos pays. Ça vient aussi des médias, dans lesquels on peut lire ou voir, à quel point le racisme semble faire partie de la culture européenne. Les gens ici n'arrivent pas non plus à comprendre comment on peut haïr une personne ou lui refuser un logement simplement parce qu'il est Noir ou Arabe ? C'est ce qu'on entend toujours à propos de la France. Je ne sais pas comment c'est en Allemagne. Les Africains disent que les gens qui sont si sélectifs et qui souhaitent vivre uniquement entre eux comme des animaux, sont aussi primitifs que ces animaux et de ce fait ne souhaitent pas que leurs enfants soient en couple avec eux. Et puis on lit beaucoup qu'en Europe, la plupart des couples ne durent pas. Tout ça fait peur aux gens.

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