Makossa Love. Recueil (Tome 1 & 2): Tome 1: La recherche de Madame "Visa". Tome 2: La douloureuse lutte amoureuse. Roman

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Z serii: Makossa Love
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— Pas de problème, dit Johnny qui avait suivi cette petite discussion. Je suis entrepreneur à Douala et j'aimerais trouver un travail à Kribi, un travail dans un hôtel.

Ils étaient tous surpris. Ils avaient tout imaginé, mais pas qu'il se rendait à Kribi pour trouver du travail.

Même Stefan-ça-m'est-égal eut l'air un peu irrité, ou tout du moins surpris.

— Tu te moques de nous, n'est-ce pas ? Demanda Stefan.

— Non, c'est la vérité. J'aimerais trouver un travail dans un hôtel, que ce soit plongeur ou ramasseur de poubelles sur les plages. Peu importe. Je vous préviens : j'expérimente quelque chose. J'aimerais voir ce que ça fait de travailler, non pas comme chef, mais comme simple employé, de suivre les directives d'une tierce personne. Je n'ai jamais vécu ça et ça m'intéresse d'un point de vue socio-économique. Je suis en train d'écrire un livre sur les comportements sociaux des gens de classes soi-disant « inférieures » et ce qu'on peut apprendre d’eux ». Et oui, Johnny pouvait construire une pyramide en or à partir d'un simple mot. Et dans cette situation, ses idées étaient l’or. Il était dans son élément. C'est en quelque sorte un alchimiste de la vie. Il trouvait toujours les mots justes pour se sortir des situations les plus difficiles. Il n'avait encore raconté son plan à personne.

On pouvait voir sur les visages des Allemands que la tension avait disparu.

Stefan était soulagé, car son intuition ne l'avait pas trompé, il dit : — Cela m'aurait bien étonné. Je n'ai pas une si mauvaise connaissance des hommes. Je ne suis pas un spécialiste de la mode, la preuve, j’achète la plupart de mes affaires chez C&A. Mais quand je vois ce que tu portes, tout est nickel, du Boss, du Prada. Quand je vois ton charisme, ton allure, tes manières et ta conduite, je suis sûr à 100% que tu n'as pas besoin d'un travail. Tu fais partie de ces gens aisés qui font ça par ennui, contrairement à ceux qui en ont besoin pour survivre, pas vrai ?

Pour la première fois, Johnny observa vraiment son nouvel ami.

Ce Stefan avait vraiment l'allure d'un agriculteur, comme un écotype. Il était de taille moyenne, peut-être 1,80 m, mince avec de longs cheveux négligés et une barbe courte. Sous cette apparence et avec cinq kilos de plus, on pourrait voir un bel homme. Johnny s'imaginait qu'il devait être dans la trentaine. Il paraissait décontracté, comme ces gens qui ne portent que peu d'intérêt à ce que les autres pensent d'eux, non mieux qui ne s'intéressent pas du tout à ce que les autres pensent d'eux. Il portait un jean et un t-shirt noir qui, à première vue, avait déjà été lavé de nombreuses fois et qui avait beaucoup perdu de sa couleur. Il portait ce genre de chaussure en provenance d'Allemagne, qu'ici au Cameroun, on ne pouvait trouver que dans des magasins d'occasion. De telles chaussures résistent au temps et peuvent encore être portées dans 100 ans.

Günther était tout l'inverse de Stefan. Pas vraiment élégant, mais plutôt très soigné. Ses cheveux étaient très bien coupés. C'était un homme réservé, il riait ici et là, mais ne regardait personne droit dans les yeux. Il était certainement plus âgé que Stefan, mais il n’avait pas plus que 42 ou 43 ans. Il semblait être très cultivé, portait des lunettes, et en le regardant à plus de 100 mètres on pouvait dire que c'était un universitaire. Il portait un jean, une chemise manches courtes blanche et des chaussures en cuir, qui semblaient assez chères.

Mauritz semblait encore plus jeune. Il devait avoir 21 ou 22 ans et ressemblait, comme tous les jeunes de cet âge, aux jeunes qu'on voit souvent à la télévision. Il avait un lecteur MP3 autour du cou, portait une casquette, un jean, un t-shirt et des baskets Adidas. Il était plutôt grand et semblait très sportif. Oui, il y avait peu à dire sur lui. Un jeune homme banal en pleine croissance.

Anna, humm Anna, pensa Johnny, il pourrait l’avoir. Elle pourrait lui plaire. Johnny commençait toujours par-là lorsqu'il décrivait une femme. Lorsqu'il était question de femmes, la première question qu'il se posait était « Peut-elle me plaire ? ». En l'occurrence, sa réponse était plutôt claire : oui. Elle devait mesurer environ 1,74 m, très élégante, bien coiffée, bien maquillée. Elle devait avoir entre 30 et 35 ans, elle semblait bien proportionnée dans sa jupe noire. Des jambes en forme d'icône, ou de V, des cuisses parfaitement musclées, mais pas grosses. Un poids tout à fait normal pour sa taille. Sous sa chemise marronne bien cousue, on pouvait deviner deux beaux seins. Elle était vraiment belle. On pouvait dire que c'était une belle femme. Elle manquait cependant d'un certain charisme érotique, de passion. Mais on pouvait penser que cette femme savait être imaginative. Elle était ouverte, intéressée, riait beaucoup.

Carla était un mélange de tous. Elle était plutôt jeune. Peut-être 18 ou 20 ans ? Mais elle avait déjà un puissant charisme. Elle dégageait de la confiance en elle. Elle faisait penser à ces filles qui savent très tôt ce qu'elles veulent et comment atteindre leurs objectifs. On pouvait tout de suite remarquer que c'était une jeune femme indépendante, mais aussi un peu naïve. Elle devait mesurer environ 1,65-1,70 m avec une belle silhouette africaine. Ni mince, ni grosse, mais avec tout ce qu'il faut où il faut. Elle regardait les gens droit dans les yeux, et dans son regard on pouvait voir qu'elle engloutissait toutes les informations qu'on lui fournissait. Habituellement on dirait ça d'un animal, mais elle répandait involontairement autour d'elle un parfum qui ne laissait personne indifférent. Johnny était persuadé qu'elle ne le faisait pas volontairement, elle était juste trop rêveuse, comme ces personnes qui veulent encore améliorer le monde et qui font confiance à n'importe qui. Johnny était persuadé que cet unique et fortuit, échange visuel entre les deux avait laissé une marque.

Pendant cette réflexion, la conversation reprit normalement entre les quatre passagers. Carla était désormais réveillée, seul Mauritz écoutait sa musique et ne prenait pas part à la conversation.

— Sais-tu déjà dans quel hôtel tu souhaites travailler ? Demanda Anna.

— Non, aucune idée, une fois sur place, je chercherai, répondit Johnny.

— Combien de temps voudrais-tu rester à Kribi et y travailler ? Demanda Carla.

Johnny réfléchit quelques secondes et répondit sans la regarder : — Je ne sais pas exactement combien de temps je vais rester, mais Kribi n'est qu'une étape, une escale sur le chemin d'une plus grosse expérimentation. Je ne me fixe pas de limite de temps afin de ne pas avoir de pression. Je sais juste qu'il sera plus simple pour moi de faire ce dont je rêve en commençant à Kribi.

Comme Carla avait réveillé quelque chose en lui, il avait décidé de ne plus lui accorder un seul regard. Il allait essayer de l'ignorer, afin de se rendre encore plus intéressant et de la troubler.

Carla se demanderait alors : Que se passe-t-il ? Est-ce que je l'ai blessé sans le savoir ? Ce sentiment de doute et d'incertitude, la rendra vulnérable et plus facilement accessible. Johnny avait toujours un plan pour tout, lorsqu’il s’agit de sa personne. Il faisait rarement quelque chose sans y réfléchir au préalable. Quelque chose en lui, lui disait qu'il devait toucher cette femme, l'embrasser, la caresser et lui faire l'amour. Il pressentait que la difficulté pourrait venir du jeune Mauritz. Johnny supposait qu'ils étaient en couple. Bien évidemment, au Cameroun cela n'était pas un obstacle, au contraire, c’est plutôt un défi.

Il avait toujours tellement de succès avec les femmes noires, il avait eu beaucoup de liaisons avec des femmes déjà en couple. Est-ce que cela fonctionnerait aussi avec une femme blanche ? Il ne s'appellerait pas Johnny Win-Win s'il ne relevait pas ce défi.

— Et que fais-tu donc de ta famille ? Tu en as bien une ? Femme, enfants, etc., restent-ils seuls ? Demanda Günther sur un ton réprobateur.

Johnny prit cette question comme une provocation ciblée de Günther afin de ternir son image auprès des deux femmes. Il garda cependant son calme et riposta gentiment avec un sourire : — Justement toi Gunder…, mais Anna s'en mêla : — Non pas Gunder, mais Günther.

— Peu importe, je vais simplement l'appeler Docteur, c'est beaucoup plus facile que Gunder, reprit Johnny, justement toi Docteur, tu devrais savoir qu’une telle chose est possible et que la famille ne doit pas être un frein pour la réalisation d’un plan. Tu es ici notre grand frère comme on dirait en Afrique. Tu es sûrement celui d'entre nous qui a fondé premièrement une famille. Je ne vais qu'à Kribi qui ne se trouve qu’à 150 km de Douala. Et toi ? Tu es ici depuis six mois, à environ 6000 km de ta famille, de ta jolie femme, de tes enfants, de tes parents, etc. Tu vois cependant que c’est bien possible non ?

Ils étaient tous silencieux. Stefan et Anna savaient que Günther était touché par ces propos. Son histoire était compliquée et douloureuse. Mais Stefan ne compatissait nullement pour lui. Un léger sourire se dessina même sur le coin de sa bouche, comme s'il se réjouissait de ce que venait de dire Johnny. Il pensait que Günther était le seul responsable de sa peine, à faire ainsi le moralisateur comme s'il était lui-même exempt de défauts. Quand on a soi-même quelque chose à cacher, il vaut mieux ne pas parler des squelettes dans le placard des autres.

— N'est-ce pas Günther ? Tu comprends ce que je veux dire, n’est-ce pas ? Rajouta Johnny.

Günther sourit, embarrassé et haussa les épaules.

Il faisait déjà nuit, mais les lumières qui apparaissaient petit à petit plus nombreuses, montraient que l'on arrivait à Kribi, après deux heures de route dans la forêt tropicale.

On pouvait voir le sable blanc des plages et entendre le bruit de la mer.

 

On sentait partout dans l'air, l'odeur marine. Il faisait chaud, mais le temps était légèrement humide.

— Est-ce que tu sais déjà où tu loges Johnny ? Je veux dire dans quel hôtel tu descends, demanda Stefan.

— Non. Tout a été un peu soudain. Une fois arrivé à la gare routière, je prendrai un taxi et je chercherai un hôtel. Et vous ?

— Nous avons déjà réservé depuis un mois des chambres dans un hôtel aux abords de la plage, à travers un collègue à nous qui y a passé des vacances. C'est plus simple et sans stress, vois-tu ? Nous avons pris un hôtel où tout inclus, même Carla et Mauritz qui prévoient de beaucoup visiter. Nous voulons juste nous allonger sur la plage, dormir, manger, lire, nous reposer, répondit Stefan.

Johnny connaissait bien cet hôtel. Au bon vieux temps, il s'y rendait souvent. Les chambres n'étaient pas données, mais la qualité était au rendez-vous, comme beaucoup d'hôtels de ce standard à Kribi. Beaucoup de ces hôtels pourraient sans problème rivaliser avec des hôtels similaires en Europe, ou n'importe où d'ailleurs. Oui, on pouvait tout avoir. Ce n'était qu'une question d'argent, et c'est justement pour l'argent et une belle vie qu'il était venu à Kribi.

Johnny rit et pensa : les Européens sont bizarres. Comment peut-on se détendre en allant à une plage qui se trouve à dix mètres de son hôtel pour nager, dormir sur le sable, lire, manger et recommencer le lendemain, et ceci pendant 14 jours d'affilée ? C'était impensable pour lui. C'était pire que de travailler. — Oui, c'est bien pour vous, mais ça ne serait pas ma façon de me détendre. J'ai besoin de musique, d'ambiance, de danser, rire, faire du sport, bouger, visiter et bien évidemment d'intimité. Vous voyez ce que je veux dire.

— Oui Johnny, effectivement nous avons remarqué que les gens ici au Cameroun ne connaissent pas ou plutôt n'aiment pas passer des vacances ainsi. J'ai constaté que mes collègues Camerounais préfèrent partir avec toute la famille pour voir les grands-parents, les parents, les frères et sœurs, des connaissances, des amis, pendant leurs vacances. Ils se détendent en étant en groupe, tandis que nous, nous avons besoin de solitude. Étrange, n'est-ce pas ? Dit Anna.

Günther hocha la tête, il avait peur de se prendre encore une remarque. C’est pourquoi il évitait désormais de trop parler. Carla ajouta une déclaration très idéaliste aux dires d’Anna : — Oui, nous, Européens, nous pourrions en apprendre beaucoup ici pour devenir plus sociables. On est de plus en plus seuls et égoïstes en Europe. Chacun pour soi, ou pour sa famille proche femme, enfants, papa et maman. Point. Ce n'est pas bien à mon avis.

Le bus stoppa à une station essence qui se trouvait à côté d'un croisement sur la route principale. Tout droit on allait au marché aux poissons et aux autorités locales, à gauche on allait directement dans le centre-ville.

Il faisait noir et on ne distinguait que très peu la ville. À droite, on voyait la mer avec ses vagues blanches, qui arrivaient quasiment jusqu'au niveau de la route. Ils se trouvaient au bord de l'Atlantique.

Les gens qui habitaient dans le quartier et les touristes qui avaient réservé un hôtel au bord de la mer descendirent à la station essence. Certains pouvaient aller à pied à leur hôtel, d'autres devaient prendre un taxi, et d'autres encore, pour la plupart les gens de Kribi, prenaient un taxi moto pour rentrer à la maison.

Certaines personnes descendirent là, parmi eux les Allemands, mais Johnny resta dans le bus. Il ne pouvait pas se permettre de se payer un hôtel dans ce quartier touristique. Il avait si peu d'argent en poche. Ça suffisait à peine pour deux jours dans un hôtel peu cher du centre-ville. Il devait cependant trouver une excuse pour ses amis, pour leur expliquer pourquoi il ne descendait pas ici pour essayer de faire son expérimentation dans leur hôtel.

Comme si Stefan l'avait senti, il lui proposa : — Johnny, pourquoi ne viens-tu pas simplement avec nous ? Nous avions réservé 6 chambres, mais nous n’avons appris seulement que ce matin que nos deux collègues qui devaient venir de Yaoundé, ne pourraient peut-être pas être là. Aujourd'hui, demain et après-demain pour sûr. Mais nous devons malgré tout payer leurs chambres. C'est tout de même 35 € par chambre.

— Merci Stefan, donne-moi ton numéro et je t'appelle plus tard pour te dire si je viens et quand. Je dois d'abord aller voir un ami qui m'attend pour le dîner. Ensuite nous aviserons.

Stefan lui donna son numéro et dit : — Même si tu ne viens pas ou si tu ne loges pas dans notre hôtel, n'oublie pas notre dîner. Je m'en réjouis d'avance. Je suis peut-être maigre comme tu le vois, mais ça n’a rien avoir avec une pénurie alimentaire. J'adore juste manger camerounais. Ce sont sûrement les meilleurs plats au monde. Donne-moi ton numéro toi aussi. Ainsi nous resterons en contact.

Johnny sourit, un peu gêné et dit : — Carla a déjà mon numéro. Je l'ai glissé dans la poche de son pantalon, je vous appelle. Bonne nuit. Le bus roulait déjà.

En effet, un peu avant que le bus ne s'arrête à la station essence, il avait sorti une carte de son portefeuille et sans demander l’avis de Carla il l'avait glissé dans une des poches serrées de son jean. Il avait ainsi « par inadvertance » glisser un doigt un peu plus loin que nécessaire et il l’avait légèrement, mais clairement griffée avec son ongle en sortant le doigt de sa poche. Carla avait été si étonnée, qu'elle n'avait pas réagi. Elle n'avait encore jamais rencontré un homme si audacieux, que ce soit en Allemagne ou au Cameroun.

Johnny savait qu'il y avait une possibilité, il y avait une brèche à exploiter avec Carla. Les prochains jours, si ce n'est les prochaines heures, seraient primordiales pour un éventuel rapprochement.

Johnny devait d'abord trouver un hôtel plus simple, moins cher et demain serait un autre jour. Le lendemain, il avait déjà prévu de partir chercher un travail. Il devait absolument trouver du travail dans un hôtel en bord de mer, où beaucoup de touristes se logeaient.

L'hôtel dans lequel les Allemands séjournaient était top. Propre, climatisé, bon service, etc., après avoir pris une douche et dîner ensemble, les Allemands retournèrent chacun dans leurs chambres.

Carla était allongée sur son lit, mais ne trouvait pas le sommeil. Elle était toute retournée. Elle pensait à Johnny. D'abord il était gentil, puis il l'avait complètement ignorée comme si elle avait fait quelque chose de mal ou comme si elle ne lui plaisait pas du tout et finalement cette carte. Elle était persuadée, que si l'une d'entre elles devait avoir son numéro, ce serait Anna. Elle avait tellement bien discuté avec lui.

Carla avait su d'instinct, lorsqu'elle avait senti ce doigt soi-disant discret et involontaire dans sa chair, que pour la première fois de sa vie, elle allait faire l'amour avec un homme noir. Elle allait en arriver là, ces hormones le lui disaient et elle savait aussi à quel point c'était dommage, car pour la première fois de sa vie, depuis qu'elle eut son premier petit ami à 16 ans, qu’elle allait blesser quelqu'un, et peut-être qu’elle n’aurait de choix que de le faire. Elle allait lui être infidèle. Ce constat la rendait triste, lui faisait peur et la désolait ça l'excitait aussi. Son petit ami ne devait pas le découvrir. Tout devait rester secret et caché. Ce mélange de sentiments l'excita d'une puissance qu'elle n'avait jamais connu auparavant. Elle resserra fortement ses jambes, ce qui conduisit à une contraction des muscles du plancher pelvien et du ventre. Elle gémit et laissa échapper un cri incontrôlé. Elle était très mouillée. Elle venait d'avoir un orgasme sans aucune intervention extérieure. Elle ne comprenait plus son corps. Est-ce que c'était à cause de Johnny, de sa personne, ou bien parce qu'il était un noir ? Jusqu'à présent, elle ne s'était jamais posée la question de savoir si quelqu'un était blanc ou noir. Tout était toujours si normal. Mais aujourd'hui, elle venait de passer les deux dernières heures à se poser toutes les questions possibles et imaginables à propos des hommes noirs. Elle était comme ensorcelée. Son corps avait déjà décidé depuis longtemps. Elle voulait caresser et griffer ce corps chocolaté. Elle voulait ce corps sur elle, le ressentir, peu importe ce qu'il se passerait. Elle s'occuperait des conséquences plus tard. Elle ne pouvait simplement pas faire autrement.

Elle retourna dans la salle de bain, pris une douche et en ressortit fraîche et propre. Elle s'allongea et regarda Mauritz, qui était si fatigué qu'il dormait depuis bien longtemps.

Johnny était enfin allongé sur un lit. Ça avait été une très longue journée, remplie d'événements. Ce voyage précipité avec si peu d'argent. Comment allait-il vivre s'il ne trouvait pas rapidement du travail ? Et même s'il trouvait du travail, comment allait-il tenir le premier mois ? L'hôtel lui coûtait seulement 7,50 € par nuit, mais c'était déjà beaucoup trop pour lui. Dès le lendemain, il chercherait plutôt à louer une chambre, quelque chose sans confort, mais qui ne lui coûterait que 15 € par mois. Et il devait encore inviter ses nouveaux amis à dîner. Ça ne serait pas gratuit. Au moins 30 € pour tous, et ce qu'il avait en poche ne suffisait même pas pour 3 jours d'hôtel. Il rit et se dit : « Allons bon, demain est un autre jour. Le soleil se lèvera demain avec des solutions. Il n'y avait rien de dramatique. Ce n'est que notre représentation qui rend les choses graves, c'est quelque chose que l'homme moderne a tendance à oublier, car il croit qu'il peut avoir le contrôle sur sa vie. Oui, et autre chose encore : ce cadeau de la nature, ou plutôt de Dieu : le hasard. Il renferme en lui beaucoup d'opportunités. On devrait apprendre à attendre l'imprévu. Et oui “ça va aller'' n'est pas simplement une affirmation vide de sens ». Et, il décida de ne plus penser à l'argent.

Il repensa aux adieux avec Amina, Rita et les enfants, et à Nicole. Il ne lui avait tout simplement pas dit au revoir. Il n'y avait même pas pensé. Il était peut-être amoureux, mais il ne l'aimait pas vraiment, comme il aimait Amina. Il était simplement obsédé par elle, simplement empli d'envies sexuelles. Ce désir ardent pour son corps était comme une drogue, dont il devait désormais apprendre à se passer.

Elle ne s'était pas manifestée non plus, aucun appel. Il regarda son téléphone et remarqua qu'il avait été éteint tout le temps du trajet. Elle ne pouvait tout simplement pas le joindre. Il essaya d'allumer son téléphone et se rendit compte qu'il était à plat. Il se releva pour prendre le chargeur dans son sac. Il le chercha partout dans le sac sans le trouver. Il se rappelait pourtant de l'avoir emporté, ou du moins de l'avoir eu en mains. Il ouvrit la poche du côté, et le trouva finalement dedans, à côté de l'enveloppe que lui avait donné Wadjo. Il avait totalement oublié ce petit paquet. Il prit l'enveloppe et se recoucha. Le téléphone chargeait.

Il ouvrit l'enveloppe et resta bouche bée devant son contenu. Il ouvrit grand les yeux, se leva, s'agenouilla au bord du lit et fit une prière. « Je te remercie Dieu. Je te remercie, pour tout ce que tu fais pour moi. Je te remercie d'être toujours là et de toujours veiller sur moi. Je te remercie de toujours mettre sur ma route les bonnes personnes. Je me sens bien de savoir que tu es là. Ça me donne de la force, de savoir que rien de mauvais ne peut m'arriver, car tu es à mes côtés. Je suis désormais sûr que le chemin que j'ai entamé aujourd'hui est le bon, c’est un chemin béni. Je te remercie Dieu d'avoir créé Amina. S'il te plaît, protège-la, elle et sa famille, fait en sorte que ses affaires soient encore florissantes et qu'elle ait encore plus de succès qu'aujourd'hui. Ce qu'elle m'a donné aujourd'hui, elle devrait en recevoir 1000 fois plus de toi. Je lui dis à travers toi : merci, Amina. Ton fils n'est pas mort inutilement pour nous. Je t'aime parce que je sais que tu m'aimes et tu me montres cet amour chaque jour. Avec toi à mes côtés, je ne peux que triompher. Ce sera tout pour aujourd'hui, Dieu. Je ne dois pas trop te flatter et chanter tes louanges. Bonne nuit et guide-moi encore demain. Je voulais dire, dors bien. Mais dors-tu seulement ? Dieu, je voulais juste que tu ries un peu avec moi. Je te remercie.

Il se releva.

Johnny n'allait jamais à l'église. Contrairement à ses parents, il n'était pas particulièrement croyant. Mais il avait trouvé dans la Bible, ce dont il avait besoin pour vivre sa vie comme il l'entendait. Dieu est là pour tous, disait-il toujours.

Il reprit l'enveloppe dans sa main et alluma son téléphone. Pendant qu'il découvrait l'intégralité du contenu de cette enveloppe son téléphone bipa plusieurs fois. Il regarda pourquoi. Les SMS étaient tous des SMS automatiques envoyés par le prestataire de services. Nicole avait essayé de le joindre à maintes reprises. Il avait supprimé les SMS un par un et tout d'un coup, il y en eut trois qui lui étaient personnellement adressés. L'un d'entre eux était de Nicole : « Mon lion, je m'inquiète beaucoup pour toi. Tu n'es pas venu à notre rendez-vous, tu ne m'as pas appelé et ton téléphone est tout le temps éteint. S'il te plaît rappelle-moi. Je suis si triste et anxieuse. Je prie Dieu qu'il ne te soit rien arrivé. À plus tard, je t'aime, je t'aime, je t'aime. Bisou, je t'embrasse ».

 

Ce message le rendit tout de même un peu triste. Il avait une mauvaise conscience, mais il savait déjà ce qu'il allait lui raconter la prochaine fois qu'il l'appellerait.

Dans l'enveloppe, en plus de l'argent, se trouvait également une photo d'Amina, une lettre et une carte de visite. La carte de visite était celle du directeur d'un hôtel. Amina avait certainement dû déjà appeler là-bas et demander un travail pour Johnny. Son cœur se mit à battre à tout rompre lorsqu'il lut le nom de l'hôtel. Il s'agissait de l'hôtel dans lequel ses amis étaient descendus. Quelle coïncidence ? Se dit-il. Pourquoi précisément cet hôtel ? Il ne pouvait tout simplement pas travailler là où des gens le connaissait et le prenait pour un riche homme d'affaires. « Merci Amina, mais je ne travaillerais certainement pas là. Tout du moins, pas pour les deux prochaines semaines. Il glissa la carte dans son portefeuille et commença à lire la lettre d'Amina. Il n'y avait que quatre lignes, mais des phrases très émouvantes. Il mit également la lettre dans son portefeuille et compta l'argent. Il y avait plus de 1600 €, il n'en croyait pas ses yeux.

Il pourrait donc inviter ses amis à dîner demain et ouvrir une bouteille de champagne. « Ce que Dieu te donne gratuitement, tu ne dois pas le conserver pour toi seul. Tu dois aussi en faire profiter gratuitement d'autres personnes pour que la loi de la nature continue son chemin », disait toujours son grand-père. Il donnerait environ 100 € à des mendiants et à des personnes nécessiteuses, il dépenserait environ 100 € avec ses amis, il enverrait 250 € à Rita pour pouvoir payer les factures d'eau et d'électricité à temps, il achèterait du poisson séché pour 50 € et en enverrait à Wadjo pour lui demander de transmettre un paquet à Amina. Il rembourserait aussi sa dette de 20 € à Wadjo. Et le reste serait pour lui.

Il était déjà 23 h 55 lorsqu'il éteignit toutes les lumières. Il faisait très chaud, mais la chambre n'avait pas de climatisation. Le lendemain, il se chercherait quelque chose de mieux. Il pouvait désormais payer jusqu'à 50 € par mois pour une chambre et payer trois mois d'avance. Pour 50 € il trouverait une chambre individuelle assez luxueuse. Et si les choses allaient vite, il pourrait aussi trouver un hôtel dans lequel il aurait tout le service souhaité.

Il se couvrit d'un drap léger, mais le retira après seulement 15 minutes. Il n'y avait rien à faire, il faisait simplement trop chaud. Comme il n'arrivait pas à s'endormir, il commença à penser aux Allemands. « Ils sont vraiment très gentils », se dit-il. Günther et Mauritz lui semblaient bien un peu mystérieux. Stefan était plutôt sympa, Anna et Carla aussi.

Anna semblait être plus ouverte, mais il avait le pressentiment qu'elle pas une femme pour une aventure rapide. Carla non plus à vrai dire, mais elle était une femme qui porte en elle des fantasmes inavoués. Il avait envie d'elle, mais il ne savait pas si Mauritz était son petit ami ou pas. De toute façon, ça lui était bien égal. Au Cameroun, ça n'est pas si important. Ce qui compte, c’est ton courage, tes mots et quelle influence l'autre homme a sur sa femme ou sur sa petite amie.

Carla serait aussi sa première femme blanche. Ça l'excitait énormément. Comment sont les femmes blanches nues ? Comment font-elles l'amour ? Comment sont leurs vagins ? Etc. Jusqu'à cette journée d’hier, il ne s'était jamais posé la question de la couleur de peau de ses petites amies. C'était étrange, car il y avait beaucoup de femmes blanches à Douala. Cela ne l'avait jamais particulièrement intéressé. Il n'avait jamais imaginé que cela pourrait se produire aussi vite, mais maintenant, une petite voix dans sa tête lui disait que quelque chose allait se passer avec Carla. Il finit par s'endormir, fantasmant de Carla dans son lit.

Lorsqu'il se réveilla, il était quasiment 11 h. Il avait étonnamment bien dormi.

Johnny ne voulait pas perdre une seconde et espérait avoir demandé un travail dans chaque hôtel du bord de mer avant la fin de l'après-midi. Cela irait plus vite avec un taxi moto.

Il fit le tour très rapidement, allant même jusqu'au July Beach, l'hôtel où les Allemands se trouvaient. On lui avait dit non de partout, ou alors le salaire était vraiment ridicule. Son habillement avait suscité des suspicions de la part de quelques directeurs d'hôtels ou de restaurants. « Comment un homme en costume de marque pouvait-il chercher un travail comme commis de cuisine ? C'est sûrement un espion du fisc ou quelque chose dans le genre. Il a certainement un plan », se disaient-ils.

Effectivement, Johnny avait un plan, mais pas de ce genre-là. Que devait-il faire maintenant ? Il ne lui restait plus que l’adresse de July Beach. Il était tellement fatigué et avait faim. Cependant, il voulait d'abord récupérer ses affaires et changer d'hôtel, mais un hôtel aux abords de la plage, mais il prendrait quelque chose de meilleure qualité et climatisé. Il n'avait aucune envie de chercher encore aujourd’hui une chambre à louer comme il l’avait planifié. Alors qu'il allait ouvrir la porte de sa chambre, son téléphone sonna. Il ne connaissait pas le numéro. « Qui ça peut bien être ? », se demanda-t-il. Il hésita un instant puis décrocha. — Allô, dit-il prudemment. Ça pourrait être Nicole qui essayait de le joindre avec un autre numéro de téléphone. Mais son visage s'illumina d'un grand sourire. — Ah, Stefan, comment vas-tu ? .... Oui... Non... ce soir ? .... Trop tard ? .... Quand alors ? .... Ok c'est possible.... Oh non, Johnny tient toujours ses promesses. Vous allez avoir le meilleur repas que vous n’avez jamais mangé au Cameroun, voire en Allemagne, .... haha haha, oui, si cela ne tenait qu’à moi, on pourrait le faire ce soir, demande aux autres. Je serais chez vous vers 18 h. Il s'agissait de Stefan qui voulait avoir le dîner promis.

Ça plaisait à Johnny : « Il fait ça comme un Africain ce Stefan, directement, il dit ce qu'il pense. Ça me plait », pensa Johnny tandis qu'il rentrait dans sa chambre.

Il rangea ses affaires dans son sac, descendit à la réception, rendit ses clés et quitta l'hôtel.

Il était déjà 16 heures, mais il faisait encore très chaud, il n'y avait pas une once de vent. Il transpirait dans sa chemise sexy et serrée, qui mettait en valeur tout son corps.

Après avoir trouvé un meilleur hôtel, pas très loin de la mer, il décida d'aller se promener quelques minutes sur la plage.

Pendant sa promenade, il pensa à Nicole, qui avait à nouveau essayé de le joindre à plusieurs reprises. Il allait l'appeler et lui raconter qu'il avait dû s'envoler de façon imprévue vers Paris. Il raconterait n'importe quelle sottise.