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Les nuits mexicaines

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XXXVI
COMMENCEMENT DE LA FIN

Les quelques jours qui s'étaient écoulé depuis son entrevue avec don Jaime n'avaient pas été perdus par le général don Miguel Miramón.

Décidé à jouer une dernière partie, il n'avait pas voulu la risquer avant que d'avoir mis autant que possible du moins sinon toutes les chances de son côté, mais égalisé les avantages, de façon à rendre la lutte qui, quel qu'en fût le résultat, devait être décisive, plus favorables à ses projets.

Non seulement le Président s'occupait activement à recruter et organiser son armée et à la mettre sur un pied respectable, mais encore, ne se dissimulant point combien l'enlèvement des six cent soixante mille piastres de la convention anglaise, dans la maison même du consul de cette nation, lui était préjudiciable, il faisait d'énergiques efforts, pour remédier au mal que lui avait causé ce coup de main et préparait une négociation par laquelle il s'engageait à rendre à Londres même l'argent dont il s'était si malencontreusement emparé; faisant valoir, comme excuse de cette action audacieuse, qu'elle n'avait été en fait qu'un acte de représailles contre M. Mathew chargé d'affaires du gouvernement britannique dont les incessantes machinations et les démonstrations hostiles au gouvernement reconnu du Mexique avait placé le Président dans la situation critique dans laquelle il se trouvait, et donnant pour preuve de ce dire que, ce qui était vrai, on avait trouvé après la bataille de Toluca, dans les bagages du général Degollado fait prisonnier à cette affaire, un plan d'attaque de México, écrit de la main même de M. Mathew, fait qui constituait un acte de félonie de la part du représentant d'un gouvernement ami.

Le Président, pour donner plus de force à cette déclaration, avait montré l'original de ce plan aux ministres étrangers résidant à México, puis il l'avait fait traduire et publier dans le journal officiel.

Cette publication avait produit tout l'effet que le Président en espérait, et en augmentant la haine instinctive de la population pour la nation anglaise, lui avait ramené quelques sympathies.

Miramón avait alors redoublé d'efforts et était enfin parvenu à armer huit mille hommes, chiffre bien faible contre les vingt-quatre mille qui le menaçaient; car le général Huerta, dont la conduite avait pendant quelque temps été assez empreinte d'hésitation, s'était enfin décidé à quitter Morelia à la tête de quatre mille hommes, ce qui joint aux onze mille de González Ortega, aux cinq mille de Gazza Amondia et aux quatre mille de Auréliano Carvajal et de Cuellar, formait un effectif de vingt-quatre mille hommes en effet, qui s'avançaient à marche forcée sur México et ne tarderaient pas à paraître devant la place.

La situation devenait à chaque instant plus critique. La population ignorant les projets du Président était en proie à la terreur la plus vive, s'attendant à chaque instant, à voir déboucher les têtes de colonnes juaristes, et à subir toutes les horreurs d'un siège.

Cependant Miramón qui tenait avant tout à ne pas perdre l'estime de ses compatriotes, et à calmer les craintes exagérées de la population, se résolut à convoquer l'ayuntamiento.

Alors il s'appliqua à faire comprendre, dans un discours rempli de cœur, à ces représentants de la population de la capitale, que son intention n'avait jamais été d'attendre l'armée ennemie derrière les murs de la ville, qu'il était au contraire décidé à l'aller attaquer en rase campagne et que, quelque fût le résultat de la bataille qu'il se proposait de livrer, la ville n'aurait pas à redouter un siège.

Cette assurance calma un peu les craintes de la population et arrêta comme par enchantement les tentatives de désordre et les cris séditieux que les partisans cachés de Juárez excitaient sourdement dans les groupes rassemblés sur les places et qui, depuis deux ou trois jours, y stationnaient continuellement, y bivouaquant même la nuit.

Lorsque le Président crut avoir pris toutes les mesures de prudence que les circonstances exigeaient, pour attaquer l'ennemi sans trop de désavantage, tout en laissant dans la ville des forces nécessaires pour la maintenir dans le devoir; il réunit un dernier conseil de guerre, afin de discuter le plan le plus convenable pour surprendre et battre l'ennemi.

Ce conseil de guerre dura plusieurs heures. Nombre de projets furent émis, dont quelques-uns ainsi que cela arrive toujours en pareille circonstance étaient impraticables et dont d'autres s'ils avaient été adoptés auraient peut-être sauvé le gouvernement.

Malheureusement dans cette circonstance le général Miramón, ordinairement si sensé et si prudent, se laissa emporter par son ressentiment personnel, au lieu de considérer le véritable intérêt national.

Don Benito Juárez est avocat: nous constaterons en passant, que depuis la proclamation de l'indépendance mexicaine, ce personnage est le seul président de la République qui ne soit pas sorti des rangs de l'armée et appartienne à la magistrature. Or, Juárez n'étant pas militaire ne pouvait se mettre à la tête de son armée; aussi avait-il fixé sa résidence à la Veracruz, dont provisoirement il avait fait sa capitale, et avait nommé don González Ortega général en chef avec les pouvoirs les plus étendus quant à la question de stratégie militaire; s'en rapportant entièrement à ses connaissances spéciales et à son expérience pour la conduite de la guerre; mais il s'était réservé complètement la question diplomatique; ne voulant pas que le général Ortega, brave soldat, mais fort mauvais négociateur, compromît, par une générosité mal entendue, les succès qu'il attendait de sa politique cauteleuse et sournoise.

Le général Ortega était celui par lequel Miramón avait été vaincu à Silao; le ressentiment de cette défaite était resté toujours présent dans le cœur du président et il éprouvait le plus vif désir de laver l'affront qu'il avait reçu en cette circonstance; aussi, oubliant sa prudence habituelle, contre l'avis de ses plus sages conseillers, il insista dans le conseil, pour que la première attaque fût dirigée contre le corps à la tête duquel se trouvait Ortega.

Du reste, les motifs qu'il alléguait pour faire adopter cette résolution, bien qu'assez spécieux, ne manquaient pas cependant d'une certaine logique.

Il prétendait que Ortega, commandant en chef et se trouvant à la tête du corps le plus nombreux, onze mille hommes, s'il réussissait à le battre, la démoralisation se mettrait dans l'armée ennemie, dont on aurait alors bon marché.

Le Président soutint son opinion avec tant d'éloquence et d'opiniâtreté, qu'il finit par vaincre l'opposition des membres du conseil et faire définitivement adopter le plan qu'il avait conçu; une fois cette décision prise, le général, ne voulant pas perdre un instant pour la mettre à exécution, indiqua pour le lendemain une revue de toutes les troupes et fixa le départ pour le jour même afin de ne pas laisser refroidir l'enthousiasme des soldats.

Lorsque le conseil fut enfin levé, le Président se retira dans ses appartements, afin de prendre ses dernières dispositions, mettre ordre à ses affaires personnelles, et brûler certains papiers compromettants qu'il ne voulait pas laisser derrière lui.

Depuis plusieurs heures déjà, le président était renfermé dans son cabinet, la soirée était avancée, lorsque l'huissier de service lui annonça la visite de don Jaime; il donna aussitôt l'ordre de l'introduire.

L'aventurier entra.

– Vous me permettez de continuer, n'est-ce pas? lui dit-il en souriant, je n'ai plus que quelques papiers à mettre en ordre et ce sera fini.

– Faites, faites, général, répondit don Jaime en s'installant dans une butaca.

Le Président reprit son travail un instant interrompu.

Don Jaime le considéra un instant avec une expression d'indicible mélancolie.

– Ainsi, dit-il, votre résolution est définitivement prise, général?

– Oui, le sort en est jeté! J'ai franchi le Rubicon, dirai-je, s'il n'était pas ridicule à moi de me comparer à César: je vais offrir la bataille à mes ennemis.

– Je ne blâme pas cette résolution, elle est digne de vous, général; me permettez-vous de vous demander quand vous comptez vous mettre en marche?

– Demain, aussitôt après la revue que j'ai ordonnée.

– Bon, j'ai le temps alors d'expédier deux ou trois batteurs d'estrade intelligents qui vous informeront de la position exacte de l'ennemi.

– Bien que plusieurs soient déjà partis, j'accepte votre offre avec reconnaissance, don Jaime.

– Maintenant, veuillez me dire quelle direction vous comptez suivre, et le corps que vous avez résolu d'attaquer.

– Je veux prendre le taureau par les cornes, c'est à González Ortega lui-même que j'ai l'intention d'avoir affaire.

L'aventurier hocha la tête, mais il ne hasarda pas la plus légère observation.

– C'est bien, dit-il.

Miramón quitta son bureau et vint s'asseoir près de lui.

– Là! Voilà qui est fini, dit-il; maintenant me voici tout à vous, voyons, je devine que vous désirez me faire quelque communication importante: parlez, don Jaime, je vous écoute.

– Vous ne vous trompez pas, général; j'ai en effet à vous communiquer une affaire de la plus grande importance, veuillez être assez bon pour prendre connaissance de ce papier.

Et il présenta au Président un papier plié en quatre. Le Président le prit, le lut sans que sur son visage éclatât la moindre marque de surprise, puis il le rendit à l'aventurier.

– Vous avez lu la signature? dit celui-ci.

– Oui, répondit-il froidement, cet écrit est une lettre de créance donnée par don Benito Juárez à don Antonio Cacerbar, pour lui servir auprès de ses adhérents.

– C'est bien cela, en effet, général; il ne vous reste plus aucun doute, maintenant, sur la trahison de cet homme?

– Aucun.

 

– Pardonnez-moi de vous interroger, général: que comptez-vous faire?

– Rien.

– Comment, rien? s'écria-t-il avec une surprise nullement jouée.

– Non, je ne ferai rien, reprit-il.

L'aventurier fit un geste de stupeur.

– Je ne vous comprends pas, Excellence, murmura-t-il.

– Écoutez-moi, don Jaime, et vous me comprendrez, répondit le Président d'une voix douce et pénétrante. Don Francisco Pacheco, l'ambassadeur extraordinaire de Sa Majesté la reine d'Espagne, m'a rendu, depuis son arrivée au Mexique, d'immenses services; après la défaite de Silao, lorsque ma situation était des plus précaires, il n'a pas hésité à reconnaître mon gouvernement; depuis, il m'a prodigué les meilleurs conseils et donné les preuves les plus grandes de sympathie; sa conduite a été si bienveillante envers moi, qu'il a compromis sa position diplomatique et que dès que Juárez arrivera au pouvoir, il lui donnera ses passeports: le señor Pacheco sait tout cela et cependant, en ce moment où je suis presque perdu, sa conduite demeure la même; c'est sur lui seul, je vous l'avoue, que je compte, pour obtenir de l'ennemi, au cas probable d'une défaite, de bonnes conditions, non pour moi, mais pour la malheureuse population de cette ville, et les personnes qui, par amitié pour moi, se font le plus compromises pendant ces derniers temps. Or, l'homme dont vous me dénoncez la trahison, trahison, je me hâte d'en convenir avec vous, tellement flagrante, qu'il ne peut exister le plus léger doute à cet égard; cet homme non seulement est Espagnol et porteur d'un grand nom, mais encore il m'a été personnellement recommandé par l'ambassadeur lui-même, dont, j'en suis convaincu, la religion a été surprise et qui a été le premier trompé en cette circonstance. Le but principal de la mission du señor Pacheco, vous ne l'ignorez pas, est de demander satisfaction de nombreuses injures faites à ses nationaux, et réparation de vexations dont, depuis plusieurs années, ils ont été victimes.

– Oui, général, je sais cela.

– Bien; maintenant que penserait l'ambassadeur, si je mettais en jugement pour crime de haute trahison, non seulement un Espagnol de la plus grande noblesse du royaume, mais encore un homme dont il m'a répondu; croyez-vous qu'il serait flatté, après les les services qu'il n'a cessé de me rendre et ceux que, peut-être bientôt, il sera appelé à me rendre encore, d'un tel procédé de ma part? Je pourrais, me direz-vous peut-être, prendre cette lettre et traiter confidentiellement cette affaire avec l'ambassadeur; mon ami, l'insulte serait plus grave encore de cette façon, vous allez en juger: don Francisco Pacheco est le représentant d'un gouvernement européen, il appartient à la vieille école des diplomates du commencement du siècle; pour ces deux raisons et d'autres encore que je passe sous silence, il nous a, nous autres pauvres diplomates et gouvernants américains, dans une estime assez mince, tant il est infatué de son mérite et de sa supériorité sur nous, si j'étais assez niais pour lui prouver qu'il s'est laissé berner par un coquin, qui s'est joué de lui avec la plus audacieuse effronterie, don Francisco Pacheco serait furieux, non pas d'avoir été trompé, mais de ce que j'aurais démasqué le trompeur; son amour-propre blessé ne me pardonnerait pas, cet avantage que le hasard me donnerait gratuitement sur lui, et d'un ami utile, je me ferais un ennemi irréconciliable.

– Ces raisons que vous daignez me donner, général, sont fort bonnes, je le reconnais; malgré tout cet homme est un traître.

– C'est vrai, mais ce n'est pas un sot, tant s'en faut; que demain je livre bataille et que je sois vainqueur, soyez persuadé qu'il demeurera attaché à ma fortune, ainsi qu'il l'a déjà fait à Toluca.

– Fidèle, oui, jusqu'à ce qu'il trouve une occasion favorable de vous trahir définitivement.

– Je ne dis pas non, mais qui sait? Peut-être trouverons-nous, d'ici là, le moyen de nous en défaire, sans bruit et sans scandale.

L'aventurier réfléchit un instant.

– Tenez, général, dit-il tout à coup, ce moyen je crois l'avoir trouvé.

– Avant tout, laissez-moi vous adresser une question, et promettez-moi de me répondre.

– Je vous le promets.

– Vous connaissez cet homme, il est votre ennemi personnel.

– Oui, général, répondit-il franchement.

– Je m'en doutais, l'acharnement que vous mettez à le perdre ne me semblait pas naturel; maintenant voyons votre moyen.

– Le seul motif qui vous retient, vous me l'avez dit vous-même, est la crainte d'indisposer l'ambassadeur de Sa Majesté catholique.

– C'est le seul en effet, don Jaime.

– Eh bien, général, si le señor Pacheco consentait à abandonner cet homme?

– Vous parviendriez à obtenir cela?

– J'obtiendrai plus s'il le faut, je me ferai donner par lui une lettre dans laquelle non seulement il abandonnera don Antonio Cacerbar, ainsi qu'il se fait nommer, mais encore où il vous autorisera à le mettre en jugement.

– Oh! Oh! Vous vous avancez beaucoup il me semble, don Jaime, dit le Président avec doute.

– Ceci me regarde, général, le principal est que vous ne soyez compromis en rien, et que vous demeuriez neutre.

– C'est mon seul désir, vous en comprenez les raisons graves.

– Je les comprends, oui général, et je vous donne ma parole que votre nom ne sera même pas prononcé.

– A mon tour, je vous donne ma parole de soldat, que si vous réussissez à obtenir cette lettre, ce misérable sera fusillé par derrière, au milieu de la place Mayor, quand même je n'aurais plus qu'une heure de pouvoir.

– Je retiens votre parole, général; d'ailleurs j'ai le blanc-seing que vous avez daigné m'accorder; j'arrêterai moi-même ce misérable, lorsque le moment sera veau.

– N'avez-vous rien de plus à me dire?

– Pardonnez-moi général, j'ai encore une demande à vous adresser.

– Laquelle?

– Général, je désire vous accompagner dans votre expédition.

– Je vous remercie, mon ami, j'accepte avec joie.

– J'aurai l'honneur de me joindre à vous au moment du départ de l'armée.

– Je vous attache à mon état-major.

– C'est une grande faveur sans doute, répondit-il en souriant, malheureusement il m'est impossible de l'accepter.

– Pourquoi donc?

– Parce que je ne serai pas seul, général: les trois cents cavaliers qui déjà m'ont suivi à Toluca, viendront encore avec moi, mais pendant la bataille ma cuadrilla et moi nous serons à vos côtés.

– Je renonce à vous comprendre, mon ami, vous avez le privilège d'accomplir des miracles.

– Vous en aurez bientôt la preuve. Maintenant, général, permettez-moi de prendre congé de vous.

– Allez donc, mon ami, je ne vous retiens plus. Après avoir serré affectueusement la main que lui tendait le général, don Jaime se retira.

López l'attendait à la porte du palais, il monta à cheval, et rentra aussitôt chez lui.

Après avoir écrit quelques lettres, qu'il chargea son peon de porter tout de suite, don Jaime changea de vêtements, prit certains papiers renfermés dans une boîte de bronze fermant à clef, s'assura que l'heure n'était pas indue (il était à peine dix heures du soir), puis il sortit, et se dirigea à grands pas vers l'ambassade d'Espagne, dont il n'était pas fort éloigné.

La porte de l'ambassadeur était encore ouverte; des valets en grande livrée allaient et venaient dans les cours et sous le péristyle; un suisse se tenait, à l'entrée du zaguán, une hallebarde à la main.

Don Jaime s'adressa à lui.

Le suisse appela un valet de pied, et fit signe à l'aventurier de suivre cet homme.

Arrivé dans une antichambre, un huissier, portant une chaîne d'argent au cou, s'approcha.

Don Jaime lui remit une carte renfermée dans une enveloppe sous cachet volant.

– Remettez cette carte à Son Excellence, dit-il. Au bout de quelques minutes l'huissier rentra, et soulevant une portière:

– Son Excellence attend votre seigneurie, dit-il. Don Jaime le suivit, traversa plusieurs salons, et pénétra enfin dans un cabinet dans lequel se tenait l'ambassadeur.

Don Francisco Pacheco fit quelques pas au-devant de lui, et le saluant gracieusement.

– A quel heureux motif dois-je votre visite, caballero? lui dit-il.

– Je supplie votre Excellence de m'excuser, répondit don Jaime en s'inclinant, mais il n'a pas dépendu de moi de choisir une heure plus convenable.

– A quelque heure qu'il vous plaise de venir, monsieur, je serai toujours charmé de vous recevoir, répondit l'ambassadeur.

Sur un signe de lui, l'huissier approcha un siège et se retira.

Les deux personnages se saluèrent de nouveau et s'assirent.

– Maintenant je suis prêt à vous entendre, dit l'ambassadeur; veuillez parler, je vous prie, monsieur le C…

– Je supplie votre Excellence, interrompit vivement don Jaime, de me permettre de garder l'incognito, même vis-à-vis d'elle.

– Soit, monsieur, je respecterai votre désir, reprit l'ambassadeur en s'inclinant.

Don Jaime ouvrit son portefeuille, en retira un papier, et le présenta tout ouvert à l'ambassadeur.

– Que votre Excellence, dit-il, daigne jeter les yeux sur cet ordre royal.

L'ambassadeur prit le papier, et après s'être incliné devant son visiteur, il commença à le lire avec la plus sérieuse attention; lorsque cette lecture fut terminée, il tendit le papier à don Jaime, qui le plia et le replaça dans son portefeuille.

– C'est l'exécution de cet ordre royal que vous exigez, caballero? dit l'ambassadeur.

Don Jaime s'inclina.

– Soit, reprit don Francisco Pacheco.

Il se leva, alla à son bureau, écrivit quelques mots sur une feuille de papier portant les armes d'Espagne et le timbre de l'ambassade, signa, apposa son cachet, et présentant le papier tout ouvert à don Jaime:

– Voici, dit-il, une lettre pour Son Excellence le général Miramón; désirez-vous vous en charger, ou préférez-vous qu'elle soit envoyée par l'ambassade?

– Je m'en chargerai, si votre Excellence y consent, répondit-il.

L'ambassadeur plia la lettre, la plaça sous enveloppe et la remit ensuite à don Jaime.

– Je regrette, caballero, lui dit-il, de ne pouvoir vous donner d'autres preuves de mon désir de vous être agréable.

– J'ai l'honneur de prier votre Excellence d'agréer l'expression de ma vive reconnaissance, répondit don Jaime en s'inclinant respectueusement.

– N'aurai-je donc pas le plaisir de vous revoir, caballero?

– J'aurai l'honneur de venir présenter mes devoirs à votre Excellence.

L'ambassadeur toucha un timbre, l'huissier parut. Les deux personnages se saluèrent cérémonieusement, et don Jaime se retira.