Za darmo

Les terres d'or

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CHAPITRE IX. SACRIFICE

Lorsque Alice se réveilla le lendemain matin, elle trouva la bonne mistress Wyman debout devant son lit:



– Vous êtes paresseuse ce matin, lui dit la bon femme; je parie que vous vous êtes trop fatiguée hier; cependant vous seriez éveillée et alerte comme une caille si vous aviez pu prévoir les bonnes nouvelles que je vous apporte.



– Mon père serait-il en liberté, demanda vivement la jeune fille:



En même temps, secouant un reste de sommeil, elle sauta prestement à bas du lit.



– Non, ma petite chatte; mais je m’attendais à cette question, car je connais votre bon cœur. Cependant il s’agit de votre père. Il a fait dire ce matin qu’il désirait vous voir, et comme je savais d’avance toute la joie que vous éprouveriez, je n’ai pas eu la patience d’attendre votre lever. – Mais quoi?… ajouta-t-elle en remarquant la pâleur et l’émotion silencieuse d’Alice; ça ne vous transporte pas comme je l’aurais cru?



– Si bien! mistress Wyman; oh si! je suis heureuse, s’écria enfin la pauvre enfant; mais le saisissement, la surprise,… je vous remercie de m’avoir éveillée. Je vais m’habiller bien vite: ne m’attendez pas pour déjeuner.



– Là! là! enfant; quelle agitation! Il y a une bonne heure que nous avons déjeuné: Silas est parti en ville. Mais je vous ai gardé quelque chose de chaud; vous le prendrez quand vous serez prête.



Lorsque Alice descendit pour déjeuner, elle trouva sur la table une délicieuse corbeille pleine de cerises fraîches sur lesquelles était cette note «A ma charmante pupille.»



– Le petit groom de M. Mallet, dit mistress Wyman, a expliqué que son maître serait ici à neuf heures avec la voiture, pour vous mener voir votre père. – Enfin qu’avez-vous donc, ma chère fillette? Vous ne mangez rien: prenez donc quelques fruits; ils ont si bon air, ils sont cueillis de ce matin, j’en suis sûre.



– Merci, je n’en ai pas envie. Je ne goûterai qu’à votre délicieux café; il est fort de mon goût.



– Ah! pauvre amie! je pensais que ces bonnes nouvelles vous auraient donné bon appétit, et c’est tout le contraire. Je veux savoir pourquoi vous ne mangez pas, chère; je ne comprends rien à votre trouble; est-ce que tout ça ne vous semble pas bon? je vous ferai autre chose si vous voulez.



– Vraiment vous me gâtez par trop, bonne mistress Wyman, répliqua Alice en essayant de sourire; tout le monde, ici, me choie comme un baby; il n’y a que moi qui soit une petite sotte, bonne à rien.



Malgré toutes les instances de la ménagère, Alice refusa de prendre autre chose qu’une tasse de café, et se hâta de procéder à sa toilette. A peine était-elle prête que le pas des chevaux noirs de l’Agent résonna sous les fenêtres; en même temps ce galant gentilhomme vint se mettre à sa disposition.



Le trajet jusqu’à la prison se fit en silence, chacun d’eux étant agité de pensées impossibles à communiquer.



Lorsque Mallet donna la main à la jeune fille pour l’aider à descendre de voiture, il fut frappé de sa pâleur extraordinaire, et, avec un réel intérêt, lui en demanda la cause. Alice lui ayant répondu simplement qu’elle était dans son état habituel, il la laissa à l’entrée du logement de son père, puis, avec une profonde révérence, lui annonça qu’il se tenait à sa disposition pour la ramener chez mistress Wyman.



Lorsque la porte s’ouvrit pour la laisser entrer Alice éprouva un si affreux battement de cœur, qu’elle chancela au point d’être obligée de s’appuyer contre le mur pour ne pas tomber. Elle jeta un regard effrayé sur le visage morne et livide du prisonnier, et y lut quelque chose de fatal, d’implacable, qui la glaça jusqu’à la moelle des os.



– Ce n’est pas pour me régaler de votre présence, lui dit-il d’un ton dur et froid, ou pour être assailli par vos jérémiades; j’ai seulement à vous donner des ordres concernant votre position à venir. Prenez une chaise et écoutez-moi.



– Oh! mon père! lui répondit-elle en tendant vers lui ses mains crispées par l’angoisse, vous ne me pardonnerez donc pas?… si vous saviez tout mon chagrin, si vous saviez combien je serai soumise....



– Ne me parlez donc pas d’obéissance, fille d’une mère indisciplinée! je saurai bien vous réduire à la soumission; en tout cas, voici le moment d’obéir.



Il se renferma pendant quelques instants dans un sinistre silence: la malheureuse enfant resta immobile, laissant couler de grosses larmes amères.



– Le trafiquant français, reprit-il avec un méchant rire, s’est épris de votre superbe beauté; il veut, dit-il, vous adopter. Ce mot, pour moi, signifie que, lorsqu’il aura réussi à se débarrasser de sa vermine Indienne, il prétend se marier avec vous. En même temps, pour vous soustraire aux adorations de quelques jeunes galantins, il se dispose à vous fourrer dans une école où vous serez gardée à vue.



Voyant qu’elle avait reçu ce premier coup de boutoir avec une impassibilité de marbre, le mauvais père s’irrita de cette résignation et continua pour la pousser à bout:



– J’ai entendu raconter que vous avez commencé à bien marcher dans les voies de votre mère. La nuit dernière vous êtes allée faire une promenade sentimentale avec le monsieur qui a dénoncé votre père et l’a fait arrêter comme meurtrier.



– Ah! pour l’amour de Dieu! ne parlez pas ainsi, sanglotta la pauvre créature; M. Allen est plein de bons sentiments pour vous; il s’est montré à mon égard le meilleur, le plus généreux ami… Néanmoins, si cela vous déplaît, je ne le reverrai plus.



– Mallet y mettra bon ordre! ricana le vieux gredin.



– Mon père! – et elle se traînait sur ses genoux, – je romprai avec M. Allen, je vous obéirai en ce qui concerne M. Mallet, je remplirai pieusement tous mes devoirs envers vous!… Mais je vous en supplie, mon père! un mot d’affection, un regard, un signe!… permettez-moi de rester ici auprès de vous: tant que ces murs vous serviront de prison, soyons amis, père! je vous en conjure.



Une lueur de sensibilité faillit réchauffer le cœur de ce lâche coquin sans entrailles. Qui n’aurait eu pitié de cette enfant navrée, dont l’unique préoccupation était de baiser la main qui la meurtrissait?… Mais la brutalité reprit sur le champ son empire, l’esprit du mal l’emportait sur l’ange.



– En voilà assez, fit-il séchement; j’ai fini avec vous. Je vous ai livrée à Mallet, c’est à lui que vous devez obéissance. Exécutez mes ordres, ou, par l’Enfer, ça ira mal!



Alice ne pût dire une parole; elle se rejeta en arrière, la tête dans les mains, et resta ainsi perdue de douleur et de désespoir.



L’unique sentiment éprouvé par Newcome fut le désir de s’en débarrasser; «les pleurnicheries» l’ennuyaient. Il se mit à arpenter la chambre avec humeur et ferraillant avec ses chaînes.



Tout à coup le shériff ouvrit la porte et annonça un nouveau visiteur. Sans même savoir de qui il s’agissait, Newcome le fit introduire: c’était une diversion extrêmement opportune.



– Relevez-vous! sotte créature! dit-il à sa fille, et soyez convenable.



Allen était déjà entré, jugeant d’un coup d’œil la triste situation. Il devina tout, comprit qu’il arrivait trop tard, et faillit laisser éclater son indignation. Pourtant il se contint et adressa la parole au prisonnier, comme s’il n’eût rien vu, comme s’ils eussent été entièrement seuls.



– M. Newcome, lui dit-il d’une voix ferme, j’ai désiré vous voir pour obtenir votre consentement à mes fiançailles avec votre fille: je l’aime, et je crois que ma demande est agréée par elle.



– Oh! oh! à son âge, une fille a encore longtemps pour penser au mariage: cependant elle me paraît bien hardie d’avoir osé déjà décider cette question.



– Rien, sans votre approbation, sir; elle n’a aucune pensée qui ne soit soumise à vos volontés.



– Le sort de ma fille est autrement fixé, répondit séchement Newcome.



Voyant cet homme acharné dans son implacable obstination, Allen se tourna vers Alice qui était restée la tête dans les mains, immobile comme la statue du désespoir.



– Vous avez donc été vendue à ce Français? lui demanda-t-il d’une voix amère, en dépit de ses efforts pour rester calme.



La malheureuse enfant fit un geste affirmatif.



– Et vous consentez à pareil marché! vous vous laisserez trafiquer comme une squaw? s’écria le jeune homme hors de lui.



– J’obéis à mon père, dit-elle d’un ton morne.



– Votre père! ah! vraiment, il a bien droit à ce titre! Est-ce là un père?



Allen se tut, de peur d’en trop dire. A ce moment il avait un vif regret d’avoir arrêté les Lynchers dans leur exécution sommaire.



La jeune fille lui fit signe de s’approcher:



– Ne devenez pas l’ennemi de mon père, lui dit-elle, comme si elle eut deviné ses pensées secrètes; continuez de lui être favorable dans cette malheureuse affaire.



Allen ne répondit que par un mouvement d’indignation, et par un serrement de main.



– Alice, votre Maître vous attend, fit le père avec dureté.



Elle se leva sur le champ pour partir.



– Pourrai-je revenir vous voir? demanda-t-elle timidement.



– Mallet décidera cela: allez!



La pauvre créature, renfonçant ses larmes, s’approcha de la chaise sur laquelle se tenait Newcome, et lui donna un baiser d’adieu, tout en tremblant d’être repoussée. Ensuite elle sortit à la hâte sans dire un mot ni adresser un regard à Allen.



Allen réprimant son vif désir de la suivre, essaya de rester avec Newcome pour lui adresser les plus chaleureuses observations.



Mais ce fut en vain qu’il se confondit en discours persuasifs, suppliants, admirables de douceur et de patience: le prisonnier finit par ne plus même lui répondre.



Alors, le jeune homme se leva, gonflé d’amertume et de désespoir, renonçant à prolonger la lutte avec cet être vicieux et dénaturé.



– J’ai à vous apprendre une nouvelle qui pourrait bien modifier vos intraitables résolutions, lui dit-il au moment de partir: savez-vous que les parents maternels de votre fille font des démarches pour la retrouver?

 



Un flamboyant regard de bête fauve, lancé par Newcome, apprit à Allen qu’il venait d’atteindre le point vulnérable.



– Si cette protection tutélaire s’offrait à votre fille, ne la préféreriez-vous pas à celle de l’Agent français.



– Non! mille malédictions! hurla le prisonnier. J’aimerais mieux pour elle l’enfer avec Mallet!



Allen s’enfuit pour ne pas succomber à une féroce tentation d’assommer ce misérable.



CHAPITRE X. ÉCLAIRCISSEMENT DU MYSTÈRE

– Ohé! Hup! Comment va? s’écria Flag en faisant irruption dans le cabinet de Squire (Allen), et le trouvant plongé dans ses méditations, l’air lugubre, la tête dans les mains, les coudes sur la table. Ah çà! mon vieux garçon, qu’est-ce donc que vous avez? Je ne vous ai jamais vu si abattu; qu’est-ce qui va mal?… les affaires, les amours, la santé?…



– Tiens! c’est vous Flag! j’ai une joie prodigieuse de vous voir; répondit Allen en lui errant les mains; depuis quand êtes-vous ici?



– Depuis une demi-heure: ma foi, il était temps! Je viens de faire une tournée monstre jusqu’à Elkhown et sur les confins de la Platte… glorieuse contrée! je vous le dis.



– Avez-vous découvert quelque emplacement meilleur que celui-ci?



– Peuh! pas précisément! J’aime à être proche de la rivière, de façon à entendre quelquefois siffler le steam-boat. Que deviennent ces Irlandais nos voisins?



– Je n’en sais rien; ils ne vont pas mal, je crois: c’est bien le dernier de mes soucis. Avez-vous revu Ed?…



– Que le diable l’emporte! Il doit y avoir quelque cause à sa disparition mystérieuse: voilà six semaines qu’il est parti; nous devrions bien nous occuper un peu de ça.



– Je m’en suis occupé, reprit Allen en se renversant dans son fauteuil, et faisant claquer ses doigts, et j’ai trouvé plus que je ne cherchais.... Que diriez-vous si je vous apprenais que Ed est un voleur de chevaux?



Flag fut si confondu qu’il ne put rien dire pendant quelques instants, et resta en contemplation devant Allen.



– Mille dieux! s’écria-t-il enfin; et quand je pense que nous nous sommes acoquinés avec un pareil gredin! ah! quelle parfaite canaille!



– Tout scélérat, pour réussir doit avoir adresse, audace et sang-froid; reprit Allen; or il possédait ces qualités au grand complet. Je ne l’ai surpris qu’une seule fois hors de garde.



– Mais, comment avez-vous fait ces découvertes, Squire? Ed a-t-il été surpris en flagrant délit?



– Je vais vous raconter cela. Vous vous souvenez de l’apparition que nous vîmes, une nuit? Nous pensions que Ed était endormi.



– Oh oui! je m’en souviens; je crois que je n’oublierai jamais cette nuit-là… Mais vous ne m’avez point parlé de vos doutes à cet égard.



– Pour dire vrai, je n’ai eu d’abord qu’une ombre de soupçon: ce n’est que plus tard, au moment de la procédure dirigée contre Newcome, qu’un nouveau jour s’est fait dans mon esprit; je me suis rappelé qu’il y avait eu deux coups de feu, et les terribles indications du Fantôme… – Il a bien montré du doigt Ed, dans son lit, n’est-ce pas?



– Oh! oui certes! et avec quel regard!



– Vous concevez, on a beau n’être pas superstitieux et ne pas croire aux revenants… Il y avait là de quoi faire réfléchir. J’ai donc prodigieusement songé à toute cette affaire; j’ai observé Ed; sa conduite n’a pas été naturelle… vous vous rappelez ce que je vous ai dit de mon dernier entretien avec lui, lors de l’affaire des Lynchers…



– Oui, oui, il ne dormait pas, le traître!



– Et, depuis lors; depuis qu’il s’est vu percé à jour, il a disparu!



Flag réfléchit pendant quelques instants:



– Étrange! vraiment étrange! dit-il enfin. Maintenant, une autre réflexion me vient à l’esprit: le lendemain du meurtre il m’a dit avoir, vendu son fusil. Pourquoi cela? Il y tenait énormément, et, dans une occasion précédente, il avait refusé de s’en défaire.



– Mon cher ami, interrompit Allen, apprenez qu’il ne l’a point vendu: j’ai fait à ce sujet des recherches de chat, et je l’ai trouvé, ce fusil, caché dans un arbre creux, à peu de distance du théâtre du meurtre, dans un creux de terrain correspondant parfaitement aux hypothèses du docteur-médecin qui a fait l’expertise.



– Ma foi! voilà des preuves irrécusables à mon avis. Mais comment avez-vous su que Ed était aussi voleur de chevaux?



– Par induction certaine. Deux chevaux splendides ont été enlevés dans une ferme; on a eu le temps d’apercevoir à distance le larron qui les emmenait; on m’a rapporté son signalement; c’est celui de notre homme.



– Oh! vous avez raison, Ed n’est autre chose qu’un vil scélérat. Qui aurait pu le croire tel… il faisait si bien l’hypocrite avec nous. Et dire que peut-être tout cela n’est qu’une suite de notre détestable plaisanterie envers Ed! ajouta Flag douloureusement; il aura voulu se venger.... Ah! je ne jouerai de ma vie à pareils jeux! Enfin, je conclus de là que Newcome doit être acquitté.



– C’est ce qui arrivera, je suppose: aucun jury ne voudrait le condamner en présence de pareilles incertitudes.... Quoique, à vrai dire, ce ne soit qu’une autre variété de coquin.



– Allons bon! il y a encore quelque chose de ce côté-là? Je le devine à vos airs consternés. Voyons, racontez-moi toute cette affaire.



Allen se trouvait justement dans la période des confidences: il fit à son ami le récit minutieux de tout ce qui concernait Alice et leurs amours éplorées.



– Vieux cormoran! vieux vautour! que ce Newcome, s’écria Flag: il mérite bien d’être pendu aussi; ce serait un fameux débarras pour la société. Quant à Mallet, tout n’ira pas comme il l’espère. Mistress Ka-Shaw est là, qui veillera au grain, je n’en doute pas… Vous connaissez ce dragon femelle?…



– Tiens! au fait, je n’y avais pas songé, répliqua Allen dont le visage fut illuminé par un sourire. Ce sera probablement un auxiliaire: d’autre part le mystérieux étranger reparaîtra; il faut l’espérer. – Mais, que vois-je?… Wyman accourt à corps perdu, que vient-il nous annoncer?



En effet l’honnête constable enfonça la porte, plutôt qu’il ne l’ouvrit, et vint tomber sur un banc comme une bombe.



– De part tous les diables! je veux dire!… Elle est empoisonnée!! s’écria-t-il d’une voix étranglée, tout en essuyant la sueur qui baignait son visage.



– Qui?… de qui parlez-vous?… demanda Allen devenu horriblement pâle.



– Ah! mon Dieu! la «petite fille…» De par tous les....



– Alice! fit le jeune homme d’une voix terrible, en se levant.



– Elle est chez nous… Je devrais dire, son pauvre corps… soupira Wyman.



– Allons! allons donc! hurla Allen en prenant ses pistolets et un couteau de chasse; ah! malheur! si tout est fini pour elle, d’infernales catastrophes commenceront dans Fairview!!



Et il s’élança furieusement dans la direction de la maison où gisait la jeune fille.



En arrivant il ne vit ni mistress Wyman en pleurs, ni le médecin qui soignait Alice: il n’apercevait qu’elle, pâle, froide, inanimée, renversée dans un fauteuil. Il lui prit les mains, elles étaient glacées; il lui parla, elle ne répondit pas.



Cependant le médecin cherchait, par ses questions, à être quelque peu renseigné sur les causes de cette catastrophe.



– Qu’a-t-elle mangé ce matin? demandait-il en préparant un vomitif.



– Presque, rien, répondait mistress Wyman; elle n’a pas même voulu toucher à ces cerises fraîches, envoyées ce matin par Mallet; elle n’a bu qu’un peu de café.



– Quelqu’un a-t-il touché à ces fruits?



– Personne: les voilà tels que je les avais placés sur l’étagère, en les recevant.



– Il faut les ranger, dit Allen; on les soumettra à une analyse.



Pendant la nuit entière ou s’empressa autour de la malade et, vers le matin, quelques symptômes favorables apparurent.



Le bruit de cet événement était promptement arrivé aux oreilles de Mallet. Sur le champ ses soupçons se portèrent sur Ka-Shaw, la terrible Indienne; mais, allant au plus pressé, il s’élança vers l’écurie pour enfourcher un cheval et courir chez Wyman.



Par un hasard étrange, Ka-Shaw se trouva sur son passage.



– Ah! démon! vociféra Mallet en sautant sur elle et la saisissant par le bras; tu l’as empoisonnée, cette pauvre enfant qui ne t’avait jamais rien fait. Mais tu mourras aussi, vieille louve enragée!



– Elle est donc morte, cette fleur blanche? fit-elle, l’œil étincelant; ah! Ka-Shaw en est fâchée pour ce pauvre Mallet!



– Misérable! avoue ton crime! reprit le Maître hors de lui.



– Mallet est ivre, répondit froidement l’Indienne, plus impass