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Les terres d'or

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CHAPITRE VIII. TEMPÊTES INTÉRIEURES

Le Comptoir de la Cie d’Hudson était situé à environ un mille de Fairview, sur les confins intérieurs du claim de Newcome. L’emplacement était admirable, et occupait une des stations les plus pittoresques de la rivière: adossée au flanc d’une colline boisée, protégée contre les inondations par des enrochements naturels, cette maison, importante pour toute la contrée, représentait le monument le plus estimé de la colonie.



On avait fort habilement choisi un site qui tenait le milieu entre la région habitée et la région sauvage; on avait conservé les grands bouquets de ronces, de vignes sauvages, de sapins touffus qui bordaient la rivière, en groupes irréguliers. Au milieu de cette nature luxuriante et solitaire serpentaient des sentiers isolés, mystérieux, qui conduisaient à la rivière, à la plaine ou à la montagne, au choix des voyageurs.



Cet état des lieux plaisait aux trappeurs Indiens ou sang-mêlés qui venaient pour trafiquer de leurs fourrures ou de leurs venaisons. Cependant les allées et venues de ces hôtes errants de la prairie n’étaient plus, à beaucoup près, aussi fréquentes que par le passé; les races rouges du désert ayant été successivement refoulées par les invasions successives de la race blanche. Par intervalles, seulement, on voyait glisser comme des fantômes silencieux, le chef Indien, drapé dans sa couverture, ou la squaw à peine protégée par un étroit vêtement de calicot fané.



Au Comptoir également, tout était calme et inoccupé; on aurait dit une ferme des frontières. L’agent de la Cie et quelques Indiens ou demi-sang apprivoisés composaient tout le personnel de cet établissement.



L’édifice particulièrement occupé par l’agent formait un bâtiment en troncs d’arbres, plus long que large, couvert d’un immense toit à une seule pente, tout badigeonné de blanc. A chaque étage un grand balcon extérieur; au rez-de-chaussée un promenoir couvert, tels étaient les ornements apparents de cette habitation qui était en tout point conforme au style adopté dans les Settlements français du Sud.



Sur le balcon du second étage, l’agent lui-même daignait se reposer, en fumant un énorme cigare, aux bienfaisants rayons du soleil couchant: de temps à autre ses regards méditatifs faisaient un tour de promenade sur les rives splendides du fleuve; ensuite ils erraient avec nonchalance sur les dépendances du Comptoir.



Apercevant dans la cour un jeune garçon sang-mêlé, il lui fit signe de venir.



– Henry! arrive ici vaurien!



– Oui sir, je cours! répondit l’enfant dont les yeux noirs et l’allure indolente dénotaient le mélange dans ses veines du sang Français et Indien.



Au bout d’une seconde il fut à côté du fauteuil de son maître.



– As-tu porté les cerises et le flacon à cette jeune lady, comme je te l’ai ordonné?



– Oui, sir: répondit l’enfant, sans laisser mouvoir un muscle de son impassible figure.



– Qu’a-t-elle dit?



– Elle a dit: «Je vous remercie; c’est très-joli», reprit le jeune drôle, toujours avec un visage de bronze.



– Lui as-tu annoncé que, vers dix heures, j’irais me promener par là, en voiture?



– Oui, sir.



Et qu’a-t-elle encore dit à cela?



– Elle a dit: «Je vous remercie; ce sera bien joli aussi.»



Sur ce propos maître Henry étouffa un furtif sourire.



– Elle a répondu ainsi? ce sont les paroles de la jeune lady elle-même?… Dis-tu bien la vérité, affreux petit gredin?



– Je ne peux pas bien affirmer, parce qu’elle ne m’a pas parlé; c’est une vieille lady que j’ai rencontrée, répliqua l’enfant, sur le qui-vive.



– Ugh! démon! le diable te!…



Mais Henry fut plus prompt que le fouet du maître; avant qu’il eût fini son moulinet, il dégringolait l’escalier. A la dernière marche il rencontra dame Ka-Shaw, la maîtresse indienne du logis.



– Qu’est-ce qu’il y a encore de nouveau? demanda-t-elle en fort bon anglais.



– Rien! répondit l’enfant, en essayant de s’échapper.



– Ah! vraiment, rien?… alors, parlez, et dites-moi tout! ou bien, ça ira mal! reprit-elle d’une voix pleine d’orages.



Le jeune drôle savait trop bien ce qui se passait quand «ça allait mal,» pour en courir le risque. Il s’arrêta humblement devant la terrible questionneuse et répondit:



– Mallet m’a chargé d’un message pour une lady; et j’ai mal fait la commission.



– Ah! ah! c’était la fille Newcome? demanda l’indienne dont les yeux brillèrent.



Toute réflexion faite, Henry jugea plus prudent et moins compromettant pour lui, de répondre affirmativement. Mais cela ne suffit pas; il lui fallut expliquer en détail toute la teneur et composition du message.



– Ah! ah! ah! fit la princesse Rouge, in crescendo, des cerises que j’avais cueillies moi-même ce matin! Apparemment il s’imagine que je vais lui fournir des fruits pour en faire hommage aux ladys blanches de son choix!



A ce moment on entendit la voix impérieuse du maître qui appelait: «Henry! Henry!»



Le jeune garçon remonta tout doucement les escaliers, avec mille précautions concernant le fouet. Cependant l’instrument redouté ne fonctionna pas, quoique levé d’une façon inquiétante: il y avait même quelque chose de rassurant dans les yeux du maître, malgré ses sourcils froncés.



– Ah! vous mentirez donc toujours, canaille indienne! vous devez être un Pawnie; ce sont tous des menteurs et des filous. Oui, vous êtes un Pawnie, jeune louveteau!



Les yeux de l’enfant étincelèrent:



– Moi Omaha! Mallet! grommela-t-il.



– Eh bien! les Omahas sont des menteurs! vous n’avez rien à répondre. Courez vite dire à José d’atteler les chevaux, les noirs, Henry. Dites-lui aussi qu’il s’arrange de manière à ce que l’équipage ait très-bonne façon; sans quoi je vous fouaillerai tous les deux.



Henry disparut avec empressement; l’Agent principal (comme il se nommait lui-même), se recueillit quelques moments pour achever son cigare; ensuite il quitta le balcon pour rentrer dans l’appartement. Là il trouva Ka-Shaw qui l’attendait.



– Où est mon plus bel habit, Ka-Shaw?



– Quel besoin avez-vous de votre plus bel habit, Mallet? quel besoin avez-vous de descendre à la rivière aujourd’hui?



– Je veux inviter quelques amis, Ka-Shaw, et je suis fort pressé. Où m’avez-vous donc caché ça, dites-moi?



– Mallet ne peut avoir son habit, répliqua tranquillement l’Indienne.



– Ah ça! que signifie cette mauvaise plaisanterie? demanda Mallet commençant à se mettre en colère.



– Vous pouvez bien aller voir cette fille Newcome avec vos vieux habits, riposta la squaw avec un sourire malicieux qui dissimulait mal sa fureur jalouse.



– Bah! bah! vous voilà encore jalouse, Ka-Shaw, dit l’agent en reprenant aussitôt son sang-froid, et s’asseyant avec nonchalance sur le bord du lit: est-ce que je n’ai pas été fidèle à vous et à votre tribu, depuis dix-sept ans? Ne vous ai-je pas accordé tous les privilèges que vous pouviez désirer? Toutes nos plus belles marchandises, toute notre meilleure monnaie, toutes les préférences n’ont-elles pas été pour vous? que vous faut-il donc de plus?



– Je veux que vous restiez fidèle à votre femme indienne, Mallet!



– Très-bien! très-bien! réservez votre colère pour une autre occasion, Ka-Shaw. Mais n’ayez pas la prétention de me tenir éternellement en lisière: si j’ai des amis dans votre tribu, j’en ai aussi parmi mon peuple; voyons, soyez raisonnable, donnez-moi cet habit.



– Si Mallet veut l’avoir, qu’il le cherche, répondit la squaw, sur un ton amer, et sans bouger de la place où elle s’était assise par terre.



L’agent se leva et fouilla dans une armoire à côté de la cheminée. Finalement il trouva l’objet cherché, mais dans quel état! troué, déchiré, en haillons!



– Qu’est-ce que ça signifie? hurla-t-il en fureur.



La squaw, sans rien dire, le regarda d’un air diabolique.



– Ah! vieille louve! vociféra Mallet hors de lui; je te chasserai hors d’ici, sur l’heure!



Ka-Shaw, qui nourrissait une bonne petite vengeance à l’Indienne, bondit exaspérée, et, un couteau à la main, s’élança sur Mallet avec l’agilité d’un chat sauvage.



L’agent, pris au dépourvu, s’efforça de lui arracher son arme en la saisissant par les deux mains: mais la squaw, souple et forte comme tous ceux de sa race, avait pris le dessus; pesant sur lui de tout son corps, elle le renversa sur le lit, de façon à lui rendre la lutte impossible.



Heureusement, à cet instant critique, un employé du Comptoir survint et s’interposa en faveur de son patron. Ka-Shaw dut battre en retraite, et se retira, humble et repentante en apparence, mais la rage dans l’âme.



Mallet, bonhomme au fond et sans rancune, la conduisit jusqu’à la porte en lui adressant force remontrances et observations philosophiques; en même temps il lui promit de ne point la chasser si elle voulait se bien conduire à l’avenir.



– Il verra! il verra un jour! grommela Ka-Shaw lorsque la porte se fut refermée sur elle: Ka-Shaw n’est pas une Pawnie, elle n’est pas une Otoë, pour souffrir une insulte pareille.



Une demi-heure plus tard, on n’aurait pu découvrir chez le galant Français aucun souvenir de cette échauffourée, lorsqu’il aidait la tremblante Alice à monter dans sa voiture.



Ce qui agitait la jeune fille, c’était la conscience de faire là une chose qui déplairait aux deux personnes dont elle ambitionnait surtout l’approbation – Allen et son père.



Cependant elle avait été encouragée par mistress Wyman qui lui avait déclaré ne voir aucun inconvénient à ce qu’elle fît une petite promenade avec le «vieux bonhomme». Dans l’opinion de la ménagère, l’extrême distance des deux âges autorisait cette innocente familiarité; Mallet était un vieillard, Alice une enfant et une enfant convalescente.



En définitive, il n’y avait pas une lady qui n’eût tressailli de joie, et mis ses plus belles plumes à son chapeau, en se voyant courtisée aussi civilement par le riche et aimable Français. D’ailleurs, Alice ne tarderait pas à être absorbée par les travaux de son école, et en attendant elle ne pouvait mieux faire que d’accepter une politesse aussi inoffensive.

 



Ainsi rassurée, Alice se sentit bientôt remise; le grand air, le mouvement, la beauté du jour, les gracieux compliments de son compagnon, tout contribuait à lui rendre agréable et salutaire cette partie de plaisir.



Au trot rapide des chevaux, on traversa le village; on dépassa la maison où Newcome était prisonnier; on adressa un «bonjour» sonore à la femme du Juge, un signe amical à Allen debout sur le seuil de son bureau; et on se lança en pleine campagne.



– L’air vif et frais a rappelé sur vos joues leurs roses accoutumées, miss Newcome; lui dit M. Mallet avec sa fine fleur de galanterie habituelle.



Alice reçut ce compliment avec son franc et naïf sourire, exempt d’amour-propre et de coquetterie; mais elle ne répondit rien, car elle n’était pas de ces jeunes filles hardies et loquaces que rien n’intimide.



– Ce serait bien dommage de les condamner à pâlir dans une école, poursuivit Mallet.



– Je ne suppose pas que mes futures fonctions soient terribles à ce point.



– Vous êtes assez jeune pour être encore une écolière, au lieu de devenir institutrice, ma chère miss.



– Oh oui! et assez ignorante, surtout! ajouta la jeune fille avec un petit soupir.



– Mais non! mais non! Loin d’être ignorante pour votre âge, vous êtes au contraire remarquablement intelligente et sympathique. Toute jeune que vous êtes, vous savez charmer quiconque vous approche. Au surplus, je pensais qu’il serait infiniment meilleur que vous allassiez passer un an ou deux dans quelque bon pensionnat de grande ville, au lieu d’entreprendre la tâche de pédagogue dans un pays comme celui-ci! Ne préfériez-vous pas cela?



– Si c’était possible! répartit vivement Alice, je serais trop heureuse!



– Tout ce qui est en mon pouvoir ne devient-il pas possible pour vous? demanda M. Mallet en épiant avec soin l’effet produit par ses paroles.



– Vous… M. Mallet? s’écria-t-elle en rougissant de surprise joyeuse.



– Certainement, riposta-t-il avec un sourire gracieux; comment ne serais-je pas charmé de me rendre utile ou agréable à une ravissante enfant comme vous, surtout dans les circonstances actuelles?



– Moi, je ne connais rien à tout cela, M. Mallet, et ne puis rien décider par moi-même; je voudrais, avant tout, consulter mes amis. Je ne pense pas que mon père consente à vous avoir une telle obligation.



– Vous consulterez votre père, miss; peut-être ne sera-t-il pas aussi hostile à cette idée que vous le craignez, insista Mallet en la regardant avec une admiration visible: mais, si Newcome se décide à me confier l’agréable mission de veiller amicalement sur vous, quels autres amis voudriez-vous donc consulter?



– J’aimerais avoir l’avis de mistress Wyman, et… celui de M. Allen, répondit Alice en hésitant.



– Vraiment, c’est à moi d’être surpris, maintenant, miss Newcome! Je ne sache pas qu’il soit reçu ou même convenable que les jeunes filles consultent, sur leurs affaires, les jeunes gens de vingt-trois ou de vingt-quatre ans. Le jugement de M. Allen vous semble-t-il donc plus empreint de maturité que le mien?



Le ton demi-moqueur, demi-sévère, pris par le rusé Français, fit complétement perdre contenance à la jeune fille.



– Il a été si bon pour moi… balbutia-t-elle.



– Mais moi aussi, je ne demande pas mieux que d’être bon pour vous,… si vous voulez bien me le permettre, répartit vivement Mallet avec un sourire aigre-doux.



– Oh! sir, vous avez eu déjà bien des bontés pour moi, et je vous en suis très-reconnaissante. Tout le monde m’a comblé d’amitiés, bien au delà de mes mérites.



– Personne n’a rien fait de trop, mignonne rose de la prairie! Qui n’aimerait à cultiver et posséder une aussi charmante fleur que vous? – M. Allen est un garçon d’avenir, et qui donne des espérances, comme tous les jeunes gens: mais il n’est ni assez âgé, ni assez sage, ni assez riche, ni assez bien posé pour devenir le protecteur d’une charmante jeune lady comme vous.



– Et vous êtes tout cela?… demanda Alice avec une intention malicieuse.



– Mais, je pense que oui! Au surplus, afin de ne pas laisser à vos susceptibilités enfantines l’ombre d’un prétexte, je me charge de vous réconcilier avec votre père. Aurez-vous quelques bons sentiments pour moi, miss Alice, lorsque j’aurai accompli cette promesse?



– Oh! sir, je serai si heureuse! si reconnaissante! oui, oui, heureuse! murmura la jeune fille en tournant, avec une expression adorable, vers Mallet, ses beaux yeux ingénus, tout humides de larmes.



– Certes, fût-ce impossible, je le ferai! répondit Mallet.



Elle n’osa pas lui demander par quels moyens il comptait mener à bonne fin une tâche aussi difficile. Dans sa candeur confiante et inexpérimentée, elle considérait comme tout naturel qu’un homme d’âge et d’importance, tel que Mallet, réussît où elle avait échoué. Elle s’estima heureuse de rencontrer tant d’amis si chauds et si dévoués; ces pensées agréables se reflétèrent en teintes joyeuses et rosées sur son charmant visage, sans qu’aucune méfiance ni aucune autre idée vînt s’y mêler.



Lorsqu’au retour, la voiture traversa de nouveau le village, Alice aperçut de loin Allen debout sur le seuil de son bureau: mais elle remarqua qu’il rentra dédaigneusement chez lui sans se retourner pour lui adresser un regard.



Cet incident, tout minime qu’il fût, inquiéta la jeune fille et lui gâta tout le plaisir de sa promenade.



– Adieu, miss Newcome, dit Mallet en la déposant à la porte de mistress Wyman; ne vous installez pas dans votre école avant que j’aie vu votre père.



Ensuite, après l’avoir saluée d’un gracieux signe de main, l’aimable séducteur fit voler son attelage au triple galop, et disparut, comme un brillant météore, au milieu d’un tourbillon de poussière.



Le même soir Allen se présenta chez mistress Wyman; il venait voir si «sa petite sœur» pensait être bientôt assez forte pour entreprendre sa grande tâche d’institutrice.



La jeune fille, qui parmi ses excellentes qualités, avait surtout une rare franchise, lui fit connaître de point en point tout ce que l’Agent-Principal avait dit.



– Ainsi donc, vous n’hésiteriez pas à vous livrer à la générosité de cet homme! demanda Allen, lorsqu’elle eut fini.



– Je ne pense pas que mon père y consente, répondit-elle évasivement.



– Alors, si votre père y consentait, vous vous abandonneriez aux soins de ce trafiquant Indien? poursuivit Allen d’un ton amer et dédaigneux.



Alice avait toujours les larmes proches de ses paupières; un ruisseau coula aussitôt le long de ses joues.



– Je voudrais avoir aussi votre consentement, murmura-t-elle d’une voix humble.



– Et si je ne le donnais pas?



– Oh! alors je n’aurais aucun désir de me prêter à tout cela.



Ce fut presque en sanglottant qu’elle fit cette dernière réponse.



Le jeune homme imposa silence à ses pensées tumultueuses:



– Tenez, petite sœur, vos larmes sont folles, lui dit-il en la prenant par les mains, et la faisant lever de dessus sa chaise; la lune brille, la brise est douce, le ciel est pur; courez vite demander à mistress Wyman la permission de faire avec moi un tour de promenade sur le bord de la rivière.



La permission fut gracieusement donnée, avec recommandation de ne pas aller trop loin, et de prendre des vêtements chauds.



Alice ne se sentit pas de joie lorsqu’elle fut en route, le bras au bras du jeune homme, allongeant ses petits pas pour les accorder avec sa démarche souple et agile.



Allen reprit, sans tergiverser, la conversation, au point où elle en était restée:



– Vous dites donc que vous ne vous laisserez pas envoyer en pension par ce Français, si je ne donne pas mon approbation à cet arrangement? demanda-t-il avec un léger accent de triomphe dans la voix.



– Je serais très-malheureuse si je faisais quelque chose contre votre gré.



– Vraiment! malgré l’assentiment de tous vos autres amis, vous craindriez de faire quelque chose qui me déplairait? J’en conclus que vous tenez mon avis en grande estime. Savez-vous bien, miss, que c’est pour moi un compliment flatteur.



– Je suis sûre que vous le méritez: ne m’avez-vous pas donné déjà les preuves de la plus sincère et de la plus prudente amitié? Je me sens fière et heureuse lorsque vous m’appelez «petite sœur.»



– Je voudrais ne plus vous donner ce nom, chère Alice, mais un autre qui me fournît la possibilité de mettre à distance ce chercheur de liaisons avec les jeunes filles. Enfin, si ce monsieur français voulait vous épouser après vous avoir tenue en pension un an ou deux que diriez