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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 8

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APPENDICE

EXTRAIT
DE L'HISTOIRE DE LA RÉPUBLIQUE DE VENISE,
PAR P. DARU, DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE

Depuis trente ans, la république n'avait pas déposé les armes. Elle avait acquis les provinces de Brescia, de Bergame, de Crême, et la principauté de Ravenne.

Mais ces guerres continuelles faisaient beaucoup de malheureux et de mécontens. Le Doge François Foscari, à qui on ne pouvait pardonner d'en avoir été le promoteur, manifesta une seconde fois, en 1442, et probablement avec plus de sincérité que la première, l'intention d'abdiquer sa dignité. Le conseil s'y refusa encore. On avait exigé de lui le serment de ne plus quitter le dogat. Il était déjà avancé dans la vieillesse, conservant toujours beaucoup de force de tête et de caractère, et jouissant de la gloire d'avoir vu la république étendre au loin les limites de ses domaines pendant son administration.

Au milieu de ses prospérités, de grands chagrins vinrent mettre à l'épreuve la fermeté de son ame.

Son fils, Jacques Foscari, fut accusé, en 1445 d'avoir reçu des présens de quelques princes ou seigneurs étrangers, notamment, disait-on, du duc de Milan, Philippe Visconti. C'était non-seulement une bassesse, mais une infraction des lois positives de la république.

Le conseil des Dix traita cette affaire comme s'il se fût agi d'un délit commis par un particulier obscur. L'accusé fut amené devant ses juges, devant le Doge, qui ne crut pas pouvoir s'abstenir de présider le tribunal. Là, il fut interrogé, appliqué à la question 5, déclaré coupable; et il entendit, de la bouche de son père, l'arrêt qui le condamnait au bannissement perpétuel, et le reléguait à Naples de Romanie, pour y finir ses jours.

Embarqué sur une galère pour se rendre au lieu de son exil, il tomba malade à Trieste. Les sollicitations du Doge obtinrent, non sans difficulté, qu'on lui assignât une autre résidence. Enfin le conseil des Dix lui permit de se retirer à Trévise, en lui imposant l'obligation d'y rester sous peine de mort, et de se présenter tous les jours devant le gouverneur.

Il y était depuis cinq ans, lorsqu'un des chefs du conseil des Dix fut assassiné. Les soupçons se portèrent sur lui: un de ses domestiques qu'on avait vu à Venise fut arrêté et subit la torture. Les bourreaux ne purent lui arracher aucun aveu. Ce terrible tribunal se fit amener son maître, le soumit aux mêmes épreuves; il résista à tous les tourmens, ne cessant d'attester son innocence 6. Mais on ne vit dans cette constance que de l'obstination; de ce qu'il taisait le fait, on conclut que ce fait existait: on attribua sa fermeté à la magie, et on le relégua à la Canée. De cette terre lointaine, le banni, digne alors de quelque pitié, ne cessait d'écrire à son père, à ses amis, pour obtenir quelque adoucissement à sa déportation. N'obtenant rien, et sachant que la terreur qu'inspirait le conseil des Dix ne lui permettait pas d'espérer de trouver dans Venise une seule voix qui s'élevât en sa faveur, il fit une lettre pour le nouveau duc de Milan, par laquelle, au nom des bons offices que Sforce avait reçus du chef de la république, il implorait son intervention en faveur d'un innocent, du fils du Doge.

Cette lettre, selon quelques historiens, fut confiée à un marchand qui avait promis de la faire parvenir au duc, mais qui, trop averti de ce qu'il avait à craindre en se rendant l'intermédiaire d'une pareille correspondance, se hâta, en débarquant à Venise, de la remettre au chef du tribunal. Une autre version, qui paraît plus sûre, rapporte que la lettre fut surprise par un espion, attaché aux pas de l'exilé 7.

Ce fut un nouveau délit dont on eut à punir Jacques Foscari. Réclamer la protection d'un prince étranger était un crime dans un sujet de la république. Une galère partit sur-le-champ pour l'amener dans les prisons de Venise. À son arrivée, il fut soumis à l'estrapade 8. C'était une singulière destinée pour le citoyen d'une république et pour le fils d'un prince, d'être trois fois dans sa vie appliqué à la question. Cette fois la torture était d'autant plus odieuse, qu'elle n'avait point d'objet, le fait qu'on avait à lui reprocher étant incontestable.

Quand on demanda à l'accusé, dans les intervalles que les bourreaux lui accordaient, pourquoi il avait écrit la lettre qu'on lui produisait, il répondit que c'était précisément parce qu'il ne doutait pas qu'elle ne tombât entre les mains du tribunal, que toute autre voie lui avait été fermée pour faire parvenir ses réclamations, qu'il s'attendait bien qu'on le ferait amener à Venise, mais qu'il avait tout risqué pour avoir la consolation de voir sa femme, son père et sa mère encore une fois.

Sur cette naïve déclaration, on confirma sa sentence d'exil; mais on l'aggrava, en ajoutant qu'il serait retenu en prison pendant un an. Cette rigueur dont on usait envers un malheureux, était sans doute odieuse; mais cette politique, qui défendait à tous les citoyens de faire intervenir des étrangers dans les affaires intérieures de la république, était sage. Elle était chez eux une maxime de gouvernement et une maxime inflexible. L'historien Paul Morosini 9 a conté que l'empereur Frédéric III, pendant qu'il était l'hôte des Vénitiens, demanda, comme une faveur particulière, l'admission d'un citoyen dans le grand conseil, et la grâce d'un ancien gouverneur de Candie; gendre du Doge, et banni par sa mauvaise administration, sans pouvoir obtenir ni l'une ni l'autre.

Cependant on ne put refuser au condamné la permission de voir sa femme, ses enfans, ses parens, qu'il allait quitter pour toujours. Cette dernière entrevue même fut accompagnée de cruauté, par la sévère circonspection qui retenait les épanchemens de la douleur paternelle et conjugale. Ce ne fut point dans l'intérieur de leur appartement, ce fut dans une des grandes salles du palais, qu'une femme, accompagnée de ses quatre fils, vint faire les derniers adieux à son mari; qu'un père octogénaire, et la dogaresse accablée d'infirmités, jouirent un moment de la triste consolation de mêler leurs larmes à celles de leur exilé. Il se jeta à leurs genoux en leur tendant des mains disloquées par la torture, pour les supplier de solliciter quelque adoucissement à la sentence qui venait d'être prononcée contre lui. Son père eut le courage de lui répondre: «Non, mon fils, respectez votre arrêt, et obéissez sans murmure à la seigneurie 10.» À ces mots, il se sépara de l'infortuné, qui fut sur-le-champ embarqué pour Candie.

 

L'antiquité vit avec autant d'horreur que d'admiration un père condamnant ses fils évidemment coupables. Elle hésita pour qualifier de vertu sublime ou de férocité cet effort qui paraît au-dessus de la nature humaine 11; mais ici, où la première faute n'était qu'une faiblesse, où la seconde n'était pas prouvée, où la troisième n'avait rien de criminel, comment concevoir la constance d'un père qui voit torturer trois fois son fils unique, qui l'entend condamner sans preuves, et qui n'éclate pas en plaintes; qui ne l'aborde que pour lui montrer un visage plus austère qu'attendri, et qui, au moment de s'en séparer pour jamais, lui interdit les murmures et jusqu'à l'espérance? Comment expliquer une si cruelle circonspection, si ce n'est en avouant, à notre honte, que la tyrannie peut obtenir de l'espèce humaine les mêmes efforts que la vertu? La servitude aurait-elle son héroïsme comme la liberté?

Quelque tems après ce jugement, on découvrit le véritable auteur de l'assassinat dont Jacques Foscari portait la peine; mais il n'était plus tems de réparer cette atroce injustice, le malheureux était mort dans sa prison.

Il me reste à raconter les suites des malheurs du père. L'histoire les attribue à l'impatience qu'avaient ses ennemis et ses rivaux de voir vaquer sa place. Elle accuse formellement Jacques Lorédan, l'un des chefs du conseil des Dix, de s'être livré contre ce vieillard aux conseils d'une haine héréditaire, et qui depuis long-tems divisait leurs maisons 12.

François Foscari avait essayé de la faire cesser, en offrant sa fille à l'illustre amiral P. Lorédano, pour un de ses fils. L'alliance avait été rejetée, et l'inimitié s'en était accrue. Dans tous les conseils, dans toutes les affaires, le Doge trouvait toujours les Lorédano prêts à combattre ses propositions ou ses intérêts. Il lui échappa un jour de dire qu'il ne se croirait réellement prince que lorsque Pierre Lorédano aurait cessé de vivre. Cet amiral mourut quelque tems après d'une incommodité assez prompte qu'on ne put expliquer. Il n'en fallut pas davantage aux malveillans pour insinuer que François Foscari, ayant désiré cette mort, pouvait bien l'avoir hâtée.

Ces bruits s'accréditèrent encore lorsqu'on vit aussi mourir subitement Marc Lorédan, frère de Pierre, et cela dans le moment où, en sa qualité d'avogador, il instruisait un procès contre André Donato, gendre du Doge, accusé de péculat. On écrivit sur la tombe de l'amiral, qu'il avait été enlevé à la patrie par le poison.

Il n'y avait aucune preuve, aucun indice contre François Foscari, aucune raison même de le soupçonner. Quand sa vie entière n'aurait pas démenti une imputation aussi odieuse, il savait que son rang ne lui promettait ni l'impunité ni même l'indulgence. La mort tragique de l'un de ses prédécesseurs l'en avertissait, et il n'avait que trop d'exemples domestiques du soin que le conseil des Dix prenait d'humilier le chef de la république.

Cependant Jacques Lorédan, fils de Pierre, croyait ou feignait de croire avoir à venger les pertes de sa famille 13. Dans ses livres de comptes (car il faisait le commerce, comme à cette époque presque tous les patriciens), il avait inscrit de sa propre main le Doge au nombre de ses débiteurs, «pour la mort, y était-il dit, de mon père et de mon oncle 14». De l'autre côté du registre, il avait laissé une page en blanc, pour y faire mention du recouvrement de cette dette; et en effet, après la perte du Doge, il écrivit sur son registre: «Il me l'a payée, l'ha pagata

Jacques Lorédan fut élu membre du conseil des Dix, en devint un des trois chefs, et se promit bien de profiter de cette occasion pour accomplir la vengeance qu'il méditait.

Le Doge, en sortant de la terrible épreuve qu'il venait de subir pendant le procès de son fils, s'était retiré au fond de son palais; incapable de se livrer aux affaires, consumé de chagrins, accablé de vieillesse, il ne se montrait plus en public, ni même dans les conseils. Cette retraite, si facile à expliquer dans un vieillard octogénaire si malheureux, déplut aux décemvirs, qui voulurent y voir un murmure contre leurs arrêts.

Lorédan commença par se plaindre devant ses collègues du tort que les infirmités du Doge, son absence dans le conseil, apportaient à l'expédition des affaires; il finit par hasarder, et réussit à faire la proposition de le déposer. Ce n'était pas la première fois que Venise avait pour prince un homme dans la caducité; l'usage et les lois y avaient pourvu: dans ces circonstances, le Doge était suppléé par le plus ancien du conseil. Ici, cela ne suffisait pas aux ennemis de Foscari. Pour donner plus de solennité à la délibération, le conseil des Dix demanda une adjonction de vingt-cinq sénateurs; mais comme on n'en énonçait pas l'objet, et que le grand conseil était loin de le soupçonner, il se trouva que Marc Foscari, frère du Doge, leur fut donné pour l'un des adjoints. Au lieu de l'admettre à la délibération, on enferma ce sénateur dans une chambre séparée, et on lui fit jurer de ne jamais parler de cette exclusion qu'il éprouvait, en lui déclarant qu'il y allait de sa vie; ce qui n'empêcha pas qu'on n'inscrivit son nom au bas du décret, comme s'il y eût pris part 15.

Quand on en vint à la délibération, Lorédan la provoqua en ces termes 16: «Si l'utilité publique doit imposer silence à tous les intérêts privés, je ne doute pas que nous ne prenions aujourd'hui une mesure que la patrie réclame, que nous lui devons. Les états ne peuvent se maintenir dans un ordre de choses immuable: vous n'avez qu'à voir comme le nôtre est changé, et combien il le serait davantage s'il n'y avait une autorité assez ferme pour y porter remède. J'ai honte de vous faire remarquer la confusion qui règne dans les conseils, le désordre des délibérations, l'encombrement des affaires, et la légèreté avec laquelle les plus importantes sont décidées; la licence de notre jeunesse, le peu d'assiduité des magistrats, l'introduction de nouveautés dangereuses. Quel est l'effet de ces désordres? de compromettre notre considération. Quelle en est la cause? l'absence d'un chef capable de modérer les uns, de diriger les autres, de donner l'exemple à tous, et de maintenir la force des lois.

«Où est le tems où nos décrets étaient aussitôt exécutés que rendus; où François Carrare se trouvait investi dans Padoue, avant de pouvoir être seulement informé que nous voulions lui faire la guerre? Nous avons vu tout le contraire dans la dernière guerre contre le duc de Milan. Malheureuse la république qui est sans chef!

«Je ne vous rappelle pas tous ces inconvéniens et leurs suites déplorables pour vous affliger, pour vous effrayer; mais pour vous faire souvenir que vous êtes les maîtres, les conservateurs de cet état fondé par vos pères, et de la liberté que nous devons à leurs travaux, à leurs institutions. Ici, le mal indique le remède. Nous n'avons point de chef, il nous en faut un. Notre prince est notre ouvrage, nous avons donc le droit de juger son mérite quand il s'agit de l'élire, et son incapacité quand elle se manifeste. J'ajouterai que le peuple, encore bien qu'il n'ait pas le droit de prononcer sur les actions de ses maîtres, apprendra ce changement avec transport. C'est la Providence, je n'en doute pas, qui lui inspire elle-même ces dispositions, pour vous avertir que la république réclame cette résolution, et que le sort de l'état est en vos mains.»

Ce discours n'éprouva que de timides contradictions; cependant la délibération dura huit jours. L'assemblée, ne se jugeant pas aussi sûre de l'approbation universelle que l'orateur voulait le lui faire croire, désirait que le Doge donnât lui-même sa démission. Il l'avait déjà proposée deux fois, et on n'avait pas voulu l'accepter.

Aucune loi ne portait que le prince fût révocable: il était au contraire à vie; et les exemples qu'on pouvait citer de plusieurs Doges déposés prouvaient que de telles révolutions avaient été le résultat d'un mouvement populaire.

Mais, d'ailleurs, si le Doge pouvait être déposé, ce n'était pas assurément par un tribunal composé d'un petit nombre de membres, institué pour punir les crimes, et nullement investi du droit de révoquer ce que le corps souverain de l'état avait fait.

Cependant le tribunal arrêta que les six conseillers de la seigneurie, et les chefs du conseil des Dix, se transporteraient auprès du Doge, pour lui signifier que l'excellentissime conseil avait jugé convenable qu'il abdiquât une dignité dont son âge ne lui permettait plus de remplir les fonctions. On lui donnait 1500 ducats d'or pour son entretien, et vingt-quatre heures pour se décider 17.

 

Foscari répondit sur-le-champ avec beaucoup de gravité, que deux fois il avait voulu se démettre de sa charge; qu'au lieu de le lui permettre, on avait exigé de lui le serment de ne plus réitérer cette demande; que la Providence avait prolongé ses jours pour l'éprouver et pour l'affliger, et que cependant on n'était pas en droit de reprocher sa longue vie à un homme qui avait employé quatre-vingt-quatre ans au service de la république; qu'il était prêt encore à lui sacrifier sa vie; mais que, pour sa dignité, il la tenait de la république entière, et qu'il se réservait de répondre sur ce sujet quand la volonté générale serait légalement manifestée.

Le lendemain, à l'heure indiquée, les conseillers et les chefs des Dix se présentèrent. Il ne voulut pas leur donner d'autre réponse. Le conseil s'assembla sur-le-champ, lui envoya demander encore une fois sa résolution, séance tenante; et, la réponse ayant été la même, on prononça que le Doge était relevé de son serment et déposé de sa dignité; on lui assignait une pension de 1500 ducats d'or, en lui enjoignant de sortir du palais dans huit jours, sous peine de voir tous ses biens confisqués 18.

Le lendemain, ce décret fut porté au Doge, et ce fut Jacques Lorédan qui eut la cruelle joie de le lui présenter. Il répondit: «Si j'avais pu prévoir que ma vieillesse fût préjudiciable à l'état, le chef de la république ne se serait pas montré assez ingrat pour préférer sa dignité à la patrie; mais cette vie lui ayant été utile pendant tant d'années, je voulais lui en consacrer jusqu'au dernier moment. Le décret est rendu, je m'y conformerai.» Après avoir parlé ainsi, il se dépouilla des marques de sa dignité, remit l'anneau ducal, qui fut brisé en sa présence; et dès le jour suivant, il quitta ce palais, qu'il avait habité pendant trente-cinq ans, accompagné de son frère, de ses parens et de ses amis. Un secrétaire qui se trouva sur le perron, l'invita à descendre par un escalier dérobé, afin d'éviter la foule du peuple, qui s'était rassemblé dans les cours; mais il s'y refusa, disant qu'il voulait descendre par où il était monté; et quand il fut au bas de l'escalier des Géans, il se retourna, appuyé sur sa béquille, vers le palais, en proférant ces paroles: «Mes services m'y avaient appelé, la malice de mes ennemis m'en fait sortir.»

La foule qui s'ouvrait sur son passage, et qui avait peut-être désiré sa mort, était émue de respect et d'attendrissement 19. Rentré dans sa maison, il recommanda à sa famille d'oublier les injures de ses ennemis. Personne, dans les divers corps de l'état, ne se crut en droit de s'étonner qu'un prince inamovible eût été déposé sans qu'on lui reprochât rien; que l'état eût perdu son chef, à l'insu du sénat et du corps souverain lui-même. Le peuple seul laissa échapper quelques regrets: une proclamation du conseil des Dix prescrivit le silence le plus absolu sur cette affaire, sous peine de mort.

Avant de donner un successeur à François Foscari, une nouvelle loi fut rendue, qui défendait au Doge d'ouvrir et de lire, autrement qu'en présence de ses conseillers, les dépêches des ambassadeurs de la république, et les lettres des princes étrangers 20.

Les électeurs entrèrent au conclave, et nommèrent au dogat Pascal Malipior, le 30 octobre 1457. La cloche de Saint-Marc, qui annonçait à Venise son nouveau prince, vint frapper l'oreille de François Foscari; cette fois sa fermeté l'abandonna: il éprouva un tel saisissement, qu'il mourut le lendemain 21.

La république arrêta qu'on lui rendrait les mêmes honneurs funèbres que s'il fût mort dans l'exercice de sa dignité. Mais lorsqu'on se présenta pour enlever ses restes, sa veuve, qui de son nom était Marine Nani, déclara qu'elle ne le souffrirait point; qu'on ne devait pas traiter en prince, après sa mort, celui que, vivant, on avait dépouillé de la couronne; et que, puisqu'il avait consumé ses biens au service de l'état, elle saurait consacrer sa dot à lui faire rendre les derniers honneurs 22. On ne tint aucun compte de cette résistance; et, malgré les protestations de l'ancienne dogaresse, le corps fut enlevé, revêtu des ornemens ducaux, exposé en public, et les obsèques furent célébrées avec la pompe accoutumée. Le nouveau Doge assista au convoi en robe de sénateur.

La pitié qu'avait inspirée le malheur de ce vieillard, ne fut pas tout-à-fait stérile. Un an après, on osa dire que le conseil des Dix avait outrepassé ses pouvoirs; et il lui fut défendu, par une loi du grand conseil, de s'ingérer à l'avenir de juger le prince, à moins que ce ne fût pour cause de félonie 23.

Un acte d'autorité tel que la déposition d'un Doge inamovible de sa nature aurait pu exciter un soulèvement général, ou au moins occasionner une division dans une république autrement constituée que Venise. Mais, depuis trois ans, il existait dans celle-ci une magistrature, ou plutôt une autorité, devant laquelle tout devait se taire.

EXTRAIT
DE L'HISTOIRE DES RÉPUBLIQUES DU MOYEN AGE,
PAR J.C.L. SIMONDE DE SISMONDI, TOME X

Le Doge de Venise, qui avait prévu par ce traité une guerre non moins dangereuse que celle qu'il avait terminée presque en même tems par le traité de Lodi, était alors parvenu à une extrême vieillesse. François Foscari occupait cette première dignité de l'état dès le 13 avril 1423. Quoiqu'il fût déjà âgé de plus de cinquante-et-un ans à l'époque de son élection, il était cependant le plus jeune des quarante-et-un électeurs. Il avait eu beaucoup de peine à parvenir au rang qu'il convoitait, et son élection avait été conduite avec beaucoup d'adresse. Pendant plusieurs tours de scrutin ses amis les plus zélés s'étaient abstenus de lui donner leur suffrage, pour que les autres ne le considérassent pas comme un concurrent redoutable 24. Le conseil des Dix craignait son crédit parmi la noblesse pauvre, parce qu'il avait cherché à se la rendre favorable, tandis qu'il était procurateur de Saint-Marc, en faisant employer plus de trente mille ducats à doter les jeunes filles de bonne maison, ou à établir de jeunes gentilshommes. On craignait encore sa nombreuse famille; car alors il était père de quatre enfans, et marié de nouveau; enfin on redoutait son ambition et son goût pour la guerre. L'opinion que ses adversaires s'étaient formée de lui fut vérifiée par les événemens; pendant trente-quatre ans que Foscari fut à la tête de la république, elle ne cessa point de combattre. Si les hostilités étaient suspendues durant quelques mois, c'était pour recommencer avec plus de vigueur. Ce fut l'époque où Venise étendit son empire sur Brescia, Bergame, Ravenne et Crême; où elle fonda sa domination de Lombardie, et parut sans cesse sur le point d'asservir toute cette province. Profond, courageux, inébranlable, Foscari communiqua aux conseils son propre caractère; et ses talens lui firent obtenir plus d'influence sur la république que n'avaient exercé la plupart de ses prédécesseurs. Mais si son ambition avait eu pour but l'agrandissement de sa famille, elle fut cruellement trompée: trois de ses fils moururent dans les huit années qui suivirent son élection; le quatrième, Jacob, par lequel la maison Foscari s'est perpétuée, fut victime de la jalousie du conseil des Dix, et empoisonna par ses malheurs les jours de son père 25.

En effet, le conseil des Dix, redoublant de défiance envers le chef de l'état, lorsqu'il le voyait plus fort par ses talens et sa popularité, veillait sans cesse sur Foscari, pour le punir de son crédit et de sa gloire. Au mois de février 1445, Michel Bevilacqua, Florentin, exilé à Venise, accusa en secret Jacques Foscari, auprès des inquisiteurs d'état, d'avoir reçu du duc Philippe Visconti des présens d'argent et de joyaux, par les mains des gens de sa maison. Telle était l'odieuse procédure adoptée à Venise, que, sur cette accusation secrète, le fils du Doge, du représentant de la majesté de la république, fut mis à la torture. On lui arracha par l'estrapade l'aveu des charges portées contre lui; il fut relégué pour le reste de ses jours à Napoli de Romanie, avec obligation de se présenter tous les matins au commandant de la place 26. Cependant le vaisseau qui le portait ayant touché à Trieste, Jacob, grièvement malade de la torture, et plus encore de l'humiliation qu'il avait éprouvée, demanda en grâce au conseil des Dix de n'être pas envoyé plus loin. Il obtint cette faveur, par une délibération du 28 décembre 1446; il fut rappelé à Trévise, et il eut la liberté d'habiter tout le Trévisan indifféremment 27.

Il vivait en paix à Trévise, et la fille de Léonard Contarini, qu'il avait épousée le 10 février 1441, était venue le joindre dans son exil, lorsque, le 5 novembre 1450, Almoro Donato, chef du conseil des Dix, fut assassiné. Les deux autres inquisiteurs d'état, Triadano Gritti et Antonio Venieri, portèrent leurs soupçons sur Jacob Foscari, parce qu'un domestique à lui, nommé Olivier, avait été vu ce soir-là même à Venise, et avait des premiers donné la nouvelle de cet assassinat. Olivier fut mis à la torture; mais il nia jusqu'à la fin, avec un courage inébranlable, le crime dont on l'accusait, quoique ses juges eussent la barbarie de lui faire donner jusqu'à quatre-vingts tours d'estrapade. Cependant, comme Jacob Foscari avait de puissans motifs d'inimitié contre le conseil des Dix qui l'avait condamné, et qui témoignait de la haine au Doge son père, on essaya de mettre à son tour Jacob à la torture, et l'on prolongea contre lui ces affreux tourmens, sans réussir à en tirer aucune confession. Malgré sa dénégation, le conseil des Dix le condamna à être transporté à la Canée, et accorda une récompense à son délateur. Mais les horribles douleurs que Jacob Foscari avait éprouvées, avaient troublé sa raison; ses persécuteurs, touchés de ce dernier malheur, permirent qu'on le ramenât à Venise le 26 mai 1451. Il embrassa son père, il puisa dans ses exhortations quelque courage et quelque calme, et il fut reconduit immédiatement à la Canée 28. Sur ces entrefaites, Nicolas Erizzo, homme déjà noté pour un précédent crime, confessa, en mourant, que c'était lui qui avait tué Almoro Donato 29.

Le malheureux Doge, François Foscari, avait déjà cherché, à plusieurs reprises, à abdiquer une dignité si funeste à lui-même et à sa famille. Il lui semblait que, redescendu au rang de simple citoyen, comme il n'inspirerait plus de crainte ou de jalousie, on n'accablerait plus son fils par ces effroyables persécutions. Abattu par la mort de ses premiers enfans, il avait voulu, dès le 26 juin 1433, déposer une dignité durant l'exercice de laquelle sa patrie avait été tourmentée par la guerre, par la peste, et par des malheurs de tout genre 30. Il renouvela cette proposition après les jugemens rendus contre son fils; mais le conseil des Dix le retenait forcément sur le trône, comme il retenait son fils dans les fers.

En vain Jacob Foscari, obligé de se présenter chaque jour au gouverneur de la Canée, réclamait contre l'injustice de sa dernière sentence, sur laquelle la confession d'Erizzo ne laissait plus de doutes. En vain il demandait grâce au farouche conseil des Dix; il ne pouvait obtenir aucune réponse. Le désir de revoir son père et sa mère, arrivés tous deux au dernier terme de la vieillesse, le désir de revoir une patrie dont la cruauté ne méritait pas un si tendre amour, se changèrent en lui en une vraie fureur. Ne pouvant retourner à Venise pour y vivre libre, il voulut du moins y aller chercher un supplice. Il écrivit au duc de Milan, à la fin de mai 1456, pour implorer sa protection auprès du sénat: et sachant qu'une telle lettre serait considérée comme un crime, il l'exposa lui-même dans un lieu où il était sûr qu'elle serait saisie par les espions qui l'entouraient. En effet, la lettre étant déférée au conseil des Dix, on l'envoya chercher aussitôt, et il fut conduit à Venise le 19 juillet 1456 31.

Jacob Foscari ne nia point sa lettre; il raconta en même tems dans quel but il l'avait écrite, et comment il l'avait fait tomber entre les mains de son délateur. Malgré ces aveux, Foscari fut remis à la torture, et on lui donna trente tours d'estrapade, pour voir s'il confirmerait ensuite ses dépositions. Quand on le détacha de la corde, on le trouva déchiré par ces horribles secousses. Les juges permirent alors à son père, à sa mère, à sa femme et à ses fils, d'aller le voir dans sa prison. Le vieux Foscari, appuyé sur un bâton, ne se traîna qu'avec peine dans la chambre où son fils unique était pansé de ses blessures. Ce fils demandait encore la grâce de mourir dans sa maison. – «Retourne à ton exil, mon fils, puisque ta patrie l'ordonne, lui dit le Doge, et soumets-toi à sa volonté.» Mais, en rentrant dans son palais, ce malheureux vieillard s'évanouit, épuisé par la violence qu'il s'était faite. Jacob devait encore passer une année en prison à la Canée, avant qu'on lui rendît la même liberté limitée à laquelle il était réduit avant cet événement; mais à peine fut-il débarqué sur cette terre d'exil, qu'il y mourut de douleur 32.

Dès-lors, et pendant quinze mois, le vieux Doge, accablé d'années et de chagrins, ne recouvra plus la force de son corps ou celle de son ame; il n'assistait plus à aucun des conseils, et il ne pouvait plus remplir aucune des fonctions de sa dignité. Il était entré dans sa quatre-vingt-sixième année; et si le conseil des Dix avait été susceptible de quelque pitié, il aurait attendu en silence la fin, sans doute prochaine, d'une carrière marquée par tant de gloire et de malheurs. Mais le chef du conseil des Dix était alors Jacques Lorédano, fils de Marc, et neveu de Pierre, le grand amiral, qui, toute leur vie, avaient été ennemis acharnés du vieux Doge. Ils avaient transmis leur haine à leurs enfans, et cette vieille rancune n'était pas encore satisfaite 33. A l'instigation de Lorédano, Jérôme Barbarigo, inquisiteur d'état, proposa au conseil des Dix, au mois d'octobre 1457, de soumettre Foscari à une nouvelle humiliation. Dès que ce magistrat ne pouvait plus remplir ses fonctions, Barbarigo demanda qu'on nommât un autre Doge. Le conseil, qui avait refusé par deux fois l'abdication de Foscari, parce que la constitution ne pouvait la permettre, hésita avant de se mettre en contradiction avec ses propres décrets. Les discussions dans le conseil et la junte se prolongèrent pendant huit jours, jusque fort avant dans la nuit. Cependant on fit entrer dans l'assemblée Marco Foscari, procurateur de Saint-Marc, et frère du Doge, pour qu'il fût lié par le redoutable serment du secret, et qu'il ne pût arrêter les menées de ses ennemis. Enfin, le conseil se rendit auprès du Doge, et lui demanda d'abdiquer volontairement un emploi qu'il ne pouvait plus exercer. «J'ai juré, répondit le vieillard, de remplir jusqu'à ma mort, selon mon honneur et ma conscience, les fonctions auxquelles ma patrie m'a appelé. Je ne puis me délier moi-même de mon serment; qu'un ordre des conseils dispose de moi, je m'y soumettrai, mais je ne le devancerai pas.» Alors une nouvelle délibération du conseil délia François Foscari de son serment ducal, lui assura une pension de 2,000 ducats pour le reste de sa vie, et lui ordonna d'évacuer en trois jours le palais, et de déposer les ornemens de sa dignité. Le Doge ayant remarqué parmi les conseillers qui lui portèrent cet ordre, un chef de la Quarantie, qu'il ne connaissait pas, demanda son nom: «Je suis le fils de Marco Memmo,» lui dit le conseiller. «Ah! ton père était mon ami,» lui dit le vieux Doge en soupirant. Il donna aussitôt des ordres pour qu'on transportât ses effets dans une maison à lui; et le lendemain, 23 octobre, on le vit, se soutenant à peine, et appuyé sur son vieux frère, redescendre ces mêmes escaliers sur lesquels, trente-quatre ans auparavant, on l'avait vu installé avec tant de pompe, et traverser ces mêmes salles où la république avait reçu ses sermens. Le peuple entier parut indigné de tant de dureté exercée contre un vieillard qu'il respectait et qu'il aimait; mais le conseil des Dix fit publier une défense de parler de cette révolution, sous peine d'être traduit devant les inquisiteurs d'état. Le 20 octobre, Pascal Malipieri, procurateur de Saint-Marc, fut élu pour successeur de Foscari; celui-ci n'eut pas néanmoins l'humiliation de vivre sujet là où il avait régné. En entendant le son des cloches qui sonnaient en actions de grâces pour cette élection, il mourut subitement d'une hémorragie causée par une veine qui s'éclata dans sa poitrine 34.

5E datagli la corda per avere da lui la verita; chiamato il consiglio de' Dieci colla giunta, nel quale fù messer lo Doge, fù sentenziato. (Marin Sanuto, Vite de' Duchi, F. Foscari.)
6E fù tormentato nè mai confessò cosa alcuna, pure parve al consiglio de' Dieci di confinarlo in vita alla Canea. (Ibid.) Voici le texte du jugement: «Cùm Jacobus Foscari, per occasioneni percussionis et mortis Hermolai Donati, fuit retentus et examinatus, et propter significationes, testificationes, et scripturas quœ habentur contra eum, clare apparet ipsum esse reum criminis prœdicti; sed propter incantationes et verba quœ sibi reperta sunt, de quibus exsistit indicia manifesta, videtur, propter obstinatam mentem suam, non esse possibile extrahere ab ipso illam veritatem, quœ clara est per scripturas et per testificationes, quoniam in fune aliquam nec vocem, nec gemitum, sed solum intra dentes voces ipse videtur et auditur infra se loqui, etc… Tamen non est standum in istis terminis, propter honorem status nostri et pro multis respectibus, prœsertìm quòd regimen nostrum occupatur in hac re, et qui interdictum est ampliùs progredere; vadit pars quòd dictus Jacobus Foscari, propter ea quœ habentur de illo, mittatur in confinium in civitate Caneœ, etc.» Notice sur le procès de Jacques Foscari, dans un volume intitulé, Raccolta di memorie storiche e annedote, per formar la Storia dell' eccellentissimo consiglio de' Dieci dalla sua prima istituzione sino a' giorni nostri, con le diverse variazioni e riforme nelle varie epoche successe. (Archives de Venise.)
7La notice citée ci-dessus, qui rapporte les actes de cette procédure.
8Ebbe prima par sapere la verità trenta squassi di corda. (Marin Sanuto, Vite de' Duchi, F. Foscari.)
9Historia di Venezia, lib. 23.
10Marin Sanuto, dans sa Chronique, Vite de' Duchi, se sert ici, sans en avoir eu l'intention, d'une expression assez énergique: «Il Doge era vecchio, in decrepita eta, et camminava con una mazzetta: É quando gli ando parlogli molto constantemente che parea che non fosse suo figliuolo, licet fosse figliuolo unico, e Jacopo disse, Messer padre, vi prego che procuriate per me, acciocchè io torni a casa mia. Il Doge disse: Jacopo, va e obbedisci a quello che vuole la terra, e non cercar più oltre.»
11«Cela fut un acte que l'on ne sçaurait ni suffisament louer, ny assez blasmer: car, ou c'estait une excellence de vertu qui rendait ainsi son cœur impassible, ou une violence de passion qui le rendait insensible; dont ne l'une ne l'autre n'est chose petite, ains surpassant l'ordinaire d'humaine nature, et tenant ou de la divinité ou de la bestialité. Mais il est plus raisonnable que le jugement des hommes s'accorde à sa gloire, que la faiblesse des jugeants fasse descroire sa vertu. Mais pour lors'quand il se fut retiré, tout le monde demoura sur la place; comme transy d'horreur et de frayeur par un long temps sans mot dire, pour avoir veu ce qui avait été fait.» (Plutarque, Valérius Publicola.)
12Je suis principalement dans ce récit une relation manuscrite de la déposition de François Foscari, qui est dans le volume intitulé, Raccolta di memorie storiche e annedote, per formar la Storia dell' eccellentissimo consiglio de' Dieci. (Archives de Venise.)
13Hasce tamen injurias, quamvis imaginarias, non tam ad animum revocaverat Jacobus Lauredanus defunctorum nepos, quam in abecedarium vindictam opportunam. (Palazzi, Fasti ducales.)
14Note ci-contre, et l'histoire vénitienne de Vianolo.
15Il faut cependant remarquer que, dans la notice où l'on raconte ce fait, la délibération est rapportée, que les vingt-cinq adjoints y sont nommés, et que le nom de Marc Foscari ne s'y trouve pas.
16Cette harangue se lit dans la notice citée ci-dessus.
17Ce décret est rapporté textuellement dans la notice.
18La notice rapporte aussi ce décret.
19On lit dans la notice ces propres mots: «Se fosse stato in loro potere, volentieri lo avrebbero restituito.»
20Hist. di Venezia, di Paolo Morosini, lib. 24.
21Hist. di Pietro Justiniani, lib. 8.
22Hist. d'Egnatio, lib. 6, cap. 7.
23Ce décret est du 25 octobre 1458. La notice le rapporte.
24Marin Sanuto, Vite de' Duchi di Venezia, p. 967.
25Marin Sanuto, page 968.
26Marin Sanuto, p. 968.
27Ibid. Vite, p. 1123.
28Marin Sanuto, p. 1138. – M. Ant. Sabellico, Dec. III, lib. VI, fol. 187.
29Marin Sanuto, p. 1139.
30Ibid., p. 1032.
31Marin Sanuto, p. 1162.
32Ibid., p. 1163. – Navagiero, Storia Venez., p. 1118.
33Vettor Sandi, Storia civile Venez., pt. II, lib. VIII, p. 715-717.
34Marin Sanuto, Vite de' Duchi di Venezia, p. 1164. -Chronicon Eugubinum, t. XXI, p. 992. – Cristoforo de Soldo, Istoria Bresciana, t. XXI, p. 891. – Novigero, Storia Veneziana, t. XXIII, p. 1120. – M.A. Sabellico, Dec. III, lib. VIII, f. 201.