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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12

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LETTRE CCCCLI

A M. MURRAY

Ravenne, 12 septembre 1821.

«Par le courrier de mardi, je vous enverrai, en trois paquets, le drame de Caïn, en trois actes, dont je vous prie d'accuser réception aussitôt après l'arrivée. Dans le dernier discours d'Ève, au dernier acte (quand Ève maudit Caïn), ajoutez aux derniers vers les trois suivans:

 
Puisse l'herbe se flétrir sous tes pas! les bois
Te refuser un asile! le monde une demeure! la terre
Un tombeau! le soleil sa lumière! et le ciel son Dieu!
 

»Voilà pour vous, quand les trois vers seront réunis à ceux déjà envoyés, un aussi beau morceau d'imprécation que vous puissiez désirer en rencontrer dans le cours de vos affaires. Mais n'oubliez pas cette addition, qui est le trait du discours d'Ève.

»Faites-moi savoir, ce que Gifford pense (si la pièce arrive saine et sauve); car j'ai bonne opinion de ce drame, comme poésie; c'est dans mon gai style métaphysique, et dans le genre de Manfred.

»Vous devez au moins louer ma facilité et ma variété, quand vous considérerez ce que j'ai fait depuis quinze mois, la tête pleine, d'ailleurs, d'affaires mondaines. Mais nul doute que vous n'évitiez de dire du bien de la pièce, de crainte que je n'en réclame de vous un prix plus élevé; c'est juste: songez à votre affaire.

»Pourquoi ne publiez-vous pas ma traduction de Pulci, – la meilleure chose que j'aie jamais composée, – avec l'italien en regard? Je voudrais être sur vos talons: rien ne se fait tandis qu'un homme est absent; tout le monde court sus, parce qu'on le peut. Si jamais je retourne en Angleterre (ce que je ne ferai pas, toutefois), j'écrirai un poème en comparaison duquel les Poètes Anglais, etc., ne seront plus que du lait: votre monde littéraire d'aujourd'hui, tout composé de charlatans, a besoin de ce coup; mais je ne suis pas encore assez bilieux: attendez encore une saison ou deux, encore une ou deux provocations, et je serai monté au ton convenable, alors j'attaquerai toute la bande.

»Je ne puis supporter cette espèce de rebut que vous m'envoyez pour mes lectures; excepté les romans de Scott, et trois ou quatre autres ouvrages, je ne vis jamais pareille besogne. Campbell professe, – Moore fainéantise, – Southey bavarde, – Wordsworth écume, – Coleridge hébété, – *** niaise, – *** chicane, querelle et criaille, – *** réussira, s'il ne donne pas trop dans le jargon du jour, et qu'il n'imite pas Southey; il y a de la poésie en lui; mais il est envieux, et malheureux comme sont tous les envieux. Il est encore un des meilleurs écrivains du siècle. B*** C*** réussira mieux bientôt, j'ose le dire, s'il n'est pas abîmé par le thé vert, et par les éloges de Pentonville et de Paradise-row. Le malheur de ces hommes-là est qu'ils n'ont jamais vécu dans le grand monde ni dans la solitude; il n'y a point de milieu pour acquérir la connaissance du monde agité ou du monde tranquille. S'ils sont admis pour quelque tems dans le grand monde, c'est seulement comme spectateurs; – ils ne forment point partie de la machine. Or, Moore et moi, lui par des circonstances particulières, et moi par ma naissance, nous sommes entrés dans toutes les agitations et passions de ce monde. Tous deux avons appris par-là beaucoup de choses qu'autrement nous n'aurions jamais sues.

»Tout à vous.

»P. S. J'ai vu l'autre jour un de vos confrères, un des souverains alliés de Grub-Street, Mawman-le-Grand, par l'intermède de qui j'ai envoyé mon légitime hommage à votre impériale majesté. Le courrier de demain m'apportera peut-être une lettre de vous, mais vous-êtes le plus ingrat et le moins gracieux des correspondans. Pourtant vous êtes excusable, avec votre perpétuelle cour de politiques, de prêtres, d'écrivailleurs et de flâneurs. Quelque jour je vous donnerai un catalogue poétique de tous ces gens-là.»

LETTRE CCCCLIII.148

A M. MOORE

Ravenne, 19 septembre 1821.

«Je suis dans le fort de la sueur, de la poussière, et de la colère d'un déménagement universel de toutes mes affaires, meubles, etc., pour Pise, où je vais passer l'hiver. La cause de ce départ est l'exil de tous mes amis carbonari, et, entre autres, de toute la famille de Mme Guiccioli, qui, comme vous savez, a divorcé la semaine dernière «à cause de P. P., clerc de cette paroisse», et qui est obligée de rejoindre son père et ses parens, actuellement en exil à Pise, afin d'éviter d'être enfermée dans un monastère, parce que l'arrêt de séparation, décrété par le pape, lui a imposé l'obligation de résider dans la casa paterna149, ou bien dans un couvent pour l'intérêt du décorum. Comme je ne pouvais dire avec Hamlet: «va-t-en parmi des nonnes», je me prépare à suivre la famille.

Note 148: (retour) la lettre 452e, d'ailleurs fort courte, a été supprimée.

Note 149: (retour) Maison paternelle.

»C'est une forte puissance que ce diable d'amour, qui empêche un homme d'accomplir ses projets de vertu ou de gloire. Je voulais il y a quelque tems aller en Grèce (où tout semble se réveiller) avec le frère de Mme Guiccioli, bon et brave jeune homme (je l'ai vu mettre à l'épreuve) et farouche sur l'article de la liberté. Mais les larmes d'une femme qui a laissé son mari pour moi, et la faiblesse de mon coeur, sont des obstacles à ces projets, et je peux difficilement m'y abandonner.

»Nous nous divisâmes sur le choix de notre résidence entre la Suisse et la Toscane, et je donnai mon vote pour Pise, comme étant plus près de la Méditerranée, que j'aime pour les rivages qu'elle baigne, et pour mes jeunes souvenirs de 1809. La Suisse est un maudit pays de brutes égoïstes et grossières, dans la région la plus romantique du monde. Je n'ai jamais pu en supporter les habitans, et encore moins les visiteurs anglais; c'est pour cette raison qu'après avoir écrit pour prendre quelques informations sur des maisons à louer, et avoir appris qu'il y avait une colonie d'Anglais sur toute la surface des cantons de Genève, etc., j'abandonnai sur-le-champ l'idée, et persuadai aux Gamba d'en faire autant............ .........

.........

»Que faites-vous, et où êtes-vous? en Angleterre? Depuis la dernière lettre que je vous ai écrite, j'ai envoyé à Murray une autre tragédie, – intitulée Caïn, – en trois cahiers; elle est maintenant entre ses mains, ou chez l'imprimeur. C'est dans le style de Manfred, c'est métaphysique et plein de déclamations titaniques150. – Lucifer est un des personnages, et il emmène Caïn en voyage parmi les étoiles, puis dans «l'Hadès» où il lui montre les fantômes d'un monde antérieur. J'ai supposé l'idée de Cuvier, que le monde a été détruit trois ou quatre fois, et a été habité par les mammouths, les mégalosauriens, etc., mais non par l'homme avant la période mosaïque, comme on le voit, en effet, par l'étude des os fossiles; car ces os appartiennent tous à des espèces inconnues ou même connues, mais on ne trouve point d'ossemens humains. J'ai donc supposé que Caïn voit les préadamites151, êtres doués d'une intelligence supérieure à celle de l'homme, mais d'une forme totalement différente, et d'une plus grande force d'esprit et de corps. Vous pouvez croire que la petite conversation qui a lieu entre Caïn et Lucifer sur ce sujet, n'est pas entièrement conforme aux canons.

Note 150: (retour) Analogues à celles des Titans qui se révoltèrent contre le souverain des dieux. (Note du Trad.)

Note 151: (retour) Êtres qui ont existé avant Adam. (Note du Trad.)

»Il s'ensuit que Caïn, à son retour, tue Abel dans un accès de mauvaise humeur, et parce qu'il est mécontent de la politique qui l'a chassé, lui et toute sa famille, hors du paradis, et parce que (conformément au récit de la Genèse) le sacrifice d'Abel est le plus agréable à la divinité. J'espère que la rapsodie est arrivée; – elle est en trois actes, et porte le titre de Mystère, suivant l'ancien usage chrétien, et en honneur de ce qu'elle sera probablement pour le lecteur.

»Tout à vous, etc.»

LETTRE CCCCLV152

A M. MURRAY

Ravenne, 20 septembre 1821.

.................. ........................

Note 152: (retour) La lettre 454e, d'une quinzaine de lignes, a été supprimée.

«Les papiers dont je parle, en cas de survivance, sont des lettres, etc., que j'ai amassées depuis l'âge de seize ans, et qui sont dans les coffres de M. Hobhouse. Cette collection est au moins doublée par celles que j'ai à présent ici, – toutes reçues depuis mon dernier ostracisme. Je désirerais que l'éditeur eût accès dans cette dernière pacotille, non dans le but d'abuser des confidences, ou d'offenser les sentimens de mes correspondans vivans et la mémoire des morts; mais il y a des faits qui n'auraient ni l'un ni l'autre de ces inconvéniens, et que cependant je n'ai ni mentionnés ni expliqués: le tems seul (comme à l'égard de toutes affaires pareilles) permettra de les mentionner et de les expliquer, quoique quelques uns soient à ma gloire. La tâche, sans doute, exigera de la délicatesse; mais cette exigence sera satisfaite, si Moore et Hobhouse me survivent; et, je puis aussi le dire, si vous-même me survivez: et je vous assure que mon sincère désir est que vous soyez tous trois dans ce cas. Je ne suis pas sûr qu'une longue vie soit souhaitable pour un homme de mon caractère, atteint d'une mélancolie constitutionnelle153 que, sans doute, je dissimule en société, mais qui éclate dans la solitude et dans mes écrits malgré moi-même. Cette disposition a été renforcée, peut-être, par quelques événemens de ma vie passée (je ne veux pas parler de mon mariage, etc., – au contraire, alors la persécution ranima mes esprits); mais je la nomme constitutionnelle, parce que je la crois telle. Vous savez, ou ne savez pas, que mon grand-père-maternel (habile et aimable homme, m'a-t-on dit) fut vivement soupçonné de suicide (on le trouva noyé dans l'Avon à Bath), et qu'un autre de mes proches parens de la même ligne s'empoisonna, et ne fut sauvé que par les contre-poisons. Dans le premier cas, il n'y avait pas de motif apparent, vu que mon grand-père était riche, considéré, doué de grands moyens intellectuels, à peine âgé de quarante ans, et pur de tout vice ruineux. Le suicide d'ailleurs ne fut qu'un soupçon fondé sur le genre de mort et sur le tempérament mélancolique de mon aïeul. Dans le second cas, il y eut un motif, mais il ne me convient pas d'en parler: cette mort arriva lorsque j'étais trop jeune pour en être instruit, et je n'en ai entendu parler que plusieurs années après. Je pense donc que je puis appeler constitutionnel cet abattement de mes esprits. On m'a toujours dit que je ressemblais plus à mon aïeul maternel qu'à personne de la famille de mon père, – c'est-à-dire dans le plus sombre côté de son caractère; car il était ce que vous appelez une bonne nature d'homme, ce que je ne suis pas.

 

Note 153: (retour) Ce mot est pris ici comme en anglais, dans son sens physiologique et médical; il signifie ce qui est inhérent à la constitution physique, à l'organisation. Nous avons cru devoir faire cette remarque, parce que le sens politique, beaucoup plus généralement employé, aurait pu préoccuper l'esprit du lecteur. (Note du Trad.)

»Comptez, de plus, le journal ici tenu, que j'ai envoyé à Moore l'autre jour; mais comme c'est un vrai mémorandum quotidien, il ne faudrait en publier que des extraits. Je pense aussi qu'Augusta vous laisserait prendre une copie du journal de mon voyage en 1816.

»Je suis très-peiné que Gifford n'approuve pas mes nouveaux drames. Certes, ils sont aussi contraires que possible au drame anglais; mais j'ai idée que s'ils sont compris, ils trouveront à la fin faveur, je ne dis pas sur le théâtre, mais dans le cabinet du lecteur. C'est à dessein que l'intrigue est simple, l'exagération des sentimens évitée, et les discours resserrés dans les situations sévères. Ce que je cherche à montrer dans les Foscari, c'est la suppression des passions, plutôt que l'exagération du tems présent, car ce dernier genre ne me serait pas difficile, comme je crois l'avoir montré dans mes jeunes productions, – à la vérité, non dramatiques. Mais, je le répète, je suis peiné que Gifford n'aime pas mes drames; mais je n'y vois pas de remède, nos idées sur ce point étant si différentes. Comment va-t-il? – bien, j'espère! faites-le moi savoir. Son opinion me cause d'autant plus de regret, que c'est lui qui a toujours été mon grand patron, et que je ne connais aucune louange capable de compenser pour moi sa censure. Je ne songe pas aux Revues, attendu que je puis les travailler avec leurs armes.

»Tout à vous, etc.

»Adressez-moi vos lettres à Pise, où je vais maintenant. La raison de mon changement de résidence est que tous mes amis italiens d'ici ont été exilés, et sont réunis à Pise pour le moment, et je vais les rejoindre, comme il en a été convenu, pour y passer l'hiver avec eux.»

LETTRE CCCCLVI

A M. MURRAY

Ravenne, 24 septembre 1821.

«J'ai réfléchi à notre dernière correspondance, et je vous propose les articles suivans pour règles de notre conduite à venir.

»Premièrement, vous m'écrirez pour me parler de vous, de la santé, des affaires et des succès de tous nos amis; mais de moi, – peu ou point.

»Secondement, vous m'enverrez du soda-powder, de la poudre dentifrice, des brosses à dents, et tous autres articles anti-odontalgiques ou chimiques, comme auparavant, ad libitum, avec obligation de ma part à vous rembourser.

»Troisièmement, vous ne m'enverrez point de publications modernes, ou, comme on dit, d'ouvrages nouveaux, en anglais, excepté la prose et les vers de Walter-Scott, de Crabbe, de Moore, de Campbell, de Rogers, de Gifford, de Joanna Baillie, de l'Américain Irving, de Hogg et de Wilson (l'homme de l'île des Palmiers), ou un ouvrage d'imagination jugé d'un mérite transcendant. Les voyages, pourvu qu'ils ne soient ni en Grèce, ni en Espagne, ni en Asie-Mineure, ni en Italie, seront bien venus. Ayant voyagé dans les pays ci-dessus mentionnés, je sais que ce qu'on en dit ne peut rien ajouter à ce que je désire connaître sur eux. – Point d'autres ouvrages anglais, quels qu'ils soient.

»Quatrièmement, vous ne m'enverrez plus d'ouvrages périodiques; – plus de Revue d'Édimbourg, de Quarterly ou Monthly Review, ni de journaux anglais ou étrangers, de quelque nature que ce soit.

»Cinquièmement, vous ne me communiquerez plus d'opinions d'aucune espèce, favorables, défavorables ou indifférentes, de vous ou de vos amis ou autres, concernant mes ouvrages passés, présens ou futurs.

»Sixièmement, toutes les négociations d'intérêt entre vous et moi se traiteront par l'intermédiaire de l'honorable Douglas Kinnaird, mon ami et mon fondé de pouvoirs, ou de M. Hobhouse, comme alter ego, et mon représentant dans mon absence-et même moi présent.

»Quelques-unes de ces propositions peuvent au premier abord sembler étranges, mais elles sont fondées. La quantité des mauvais livres que j'ai reçus est incalculable, et je n'en ai tiré ni amusement ni instruction. Les Revues et les Magazines ne sont qu'une lecture éphémère et superficielle: – qui songe au grand article de l'année dernière dans une Revue quelconque? Puis, si on y parle de moi, cela ne tend qu'à accroître l'égotisme. Si les articles me sont favorables, je ne nie pas que l'éloge n'énorgueillisse; s'ils sont défavorables, que le blâme n'irrite. Dans ce dernier cas, je pourrais être amené à vous infliger une sorte de satire qui ne vaudrait rien pour vous ni pour vos amis: ils peuvent sourire aujourd'hui, et vous aussi; mais si je vous prenais tous entre les mains, il ne serait pas malaisé de vous hacher comme chair à pâté. Je l'ai fait à l'égard de gens aussi puissans, à l'âge de dix-neuf ans, et je ne sais pas ce qui, à trente-trois ans, m'empêcherait de faire de vos côtes autant de grils ardens pour vos coeurs, si telle était mon envie; mais je ne me sens pas en pareille disposition: que je n'entende donc plus vos provocations. S'il survient quelque attaque assez grossière pour mériter mon attention, je l'apprendrai par mes amis légaux. Quant au reste, je demande qu'on me le laisse ignorer. ................

»Toutes ces précautions seraient inutiles en Angleterre: le diffamateur ou le flatteur m'y atteindrait malgré moi; mais en Italie nous savons peu de chose sur le monde littéraire anglais, et y pensons encore moins, excepté ce qui nous parvient par quelque misérable extrait inséré dans quelque misérable gazette. Depuis deux ans (hors deux ou trois articles), je n'ai lu de journal anglais qu'autant que j'y ai été forcé par quelque accident; et, au total, je n'en sais pas plus sur l'Angleterre que vous sur l'Italie, et Dieu sait que c'est fort peu de chose, malgré tous vos voyages, etc. Les voyageurs anglais connaissent l'Italie comme vous connaissez l'île de Guernesey; et qu'est-ce que c'est que cela?

»S'il s'élève quelque attaque assez grossière ou personnelle pour que je doive la connaître, M. Douglas Kinnaird m'en instruira. Quant aux louanges, je désire n'en rien savoir.

»Vous direz: «À quoi tend tout ceci?» Je répondrai: «Cela tend à ne plus laisser surprendre et distraire mon esprit par toutes ces misérables irritations que causent l'éloge ou la censure; – à permettre à mon génie de suivre sa direction naturelle, tandis que ma sensibilité ressemblera au mort qui ne sait ni ne sent rien de tout ce qui se dit ou se fait pour ou contre lui.»

»Si vous pouvez observer ces conditions, vous vous épargnerez à vous et à d'autres quelques chagrins. Ne me laissez pas pousser à bout; car si jamais ma colère s'éveille, ce ne sera pas pour un petit éclat. Si vous ne pouvez observer ces conditions, nous cesserons de correspondre, – sans cesser d'être amis, car je serai toujours le vôtre à jamais et de coeur,

BYRON.

»P. S. J'ai pris ces résolutions non par colère contre vous ou vos gens, mais simplement pour avoir réfléchi que toute lecture sur mon propre compte, soit éloge, soit critique, m'a fait du mal. Quand j'étais en Suisse et en Grèce, j'étais hors de la portée de ces discours, et vous savez comme j'écrivais alors! – En Italie, je suis aussi hors de la portée de vos articles de journaux; mais dernièrement, moitié par ma faute, moitié par votre complaisance à m'envoyer les ouvrages les plus nouveaux et les publications périodiques, j'ai été écrasé d'une foule de Revues, qui m'ont déchiré de leur jargon, dans l'un et l'autre sens, et ont détourné mon attention de sujets plus grands. Vous m'avez aussi envoyé une pacotille de poésie de rebut, sans que je puisse savoir pourquoi, à moins que ce ne soit pour me provoquer à écrire le pendant des Poètes Anglais, etc. Or c'est ce que je veux éviter; car si jamais je le fais, ce sera une terrible production, et je désire être en paix aussi long-tems que les sots n'embarrasseront pas mon chemin de leurs absurdités.»

LETTRE CCCCLVIII154

Note 154: (retour) La lettre 457e a été supprimée.

A M. MURRAY

28 septembre 1821.

«J'ajoute une autre enveloppe pour vous prier de demander à Moore qu'il retire, si c'est possible, d'entre les mains de lady Cowper mes lettres à feue lady Melbourne. Elles sont très-nombreuses, et m'auraient dû être rendues depuis long-tems, vu que je suis prêt à donner celles de lady Melbourne en échange. Celles-ci sont confiées à la garde de M. Hobhouse avec mes autres papiers, et elles seront fidèlement rendues en cas de besoin. Je n'ai pas voulu m'adresser auparavant à lady Cowper, parce que je m'abstins de l'importuner à l'instant même de la mort de sa mère. Quelques années se sont écoulées, et il est nécessaire que j'aie mes épîtres. Elle sont essentielles comme confirmant cette partie des Mémoires qui a trait aux deux époques (1812 et 1814) où mon mariage avec la nièce de lady Melbourne fut projeté, et elles montreront quelles furent mes idées, quels furent mes sentimens réels sur ce point.

»Vous n'avez pas besoin de vous alarmer; les quatorze ans155 ne peuvent guère s'écouler sans que la mortalité frappe sur l'un de nous: c'est une longue portion de vie comme objet de spéculation....

Note 155: (retour) Allusion à un passage d'une lettre de Murray, qui remarquait que si les Mémoires n'étaient pas publiés du vivant de sa seigneurie, la somme actuellement payée (2,100 liv.) pour prix d'achat, monterait, d'après un calcul très-probable des chances de vie, à près de 8,000 livres sterling. (Note de Moore.)

»Je veux aussi vous donner une ou deux idées à votre avantage, vu que vous avez eu réellement une très-belle conduite envers Moore dans cette affaire, et que vous êtes un brave homme dans votre genre. Si par vos manoeuvres vous pouvez reprendre quelques-unes de mes lettres à lady ***, vous pourrez en faire usage dans votre recueil (en supprimant, bien entendu, les noms et tous les détails qui pourraient blesser des personnes encore vivantes, ou celles qui survivent aux personnes compromises). J'y ai traité parfois des sujets autres que l'amour............... ..................

»Je vous dirai encore quelles personnes peuvent avoir de mes lettres en leurs mains: lord Powerscourt, quelques-unes à feu son frère; M. Long de-(j'ai oublié le nom du pays), mais père d'Édouard Long, qui se noya en allant à Lisbonne en 1809; miss Élisabeth Pigot de Southwell (elle est peut-être devenue mistress156 par le tems qui court, car elle n'avait qu'un an ou deux de plus que moi): ce ne sont pas des lettres d'amour, ainsi vous pouvez les obtenir sans difficulté. Il y en a peut-être quelques-unes à feu révérend J. C. Tattersall, dans les mains de son frère (à moitié frère) M. Wheatley, qui demeure, je crois, près de Cantorbéry. Il y en a aussi à Charles Gordon, aujourd'hui de Dulwich, et quelques-unes, en très-petit nombre, à Mrs. Chaworth; mais ces dernières sont probablement détruites ou imprenables.

 

.................. ........................

Note 156: (retour) Madame.

»Je mentionne ces personnes et ces détails comme de simples possibilités. La plupart des lettres ont été probablement détruites; et, dans le fait, elles sont de peu d'importance, ayant été pour la plupart écrites dans ma première jeunesse, à l'école et au collége.

»Peel (le frère cadet du secrétaire-d'état) entretint avec moi une correspondance, ainsi que Porter, fils de l'évêque de Clogher; lord Clare en eut une très-volumineuse; William Harness, ami de Milman; Charles Drummond, fils du banquier; William Bankes, le voyageur, votre ami; R. G. Dallas, Esq.; Hodgson, Henri Drury en eurent aussi, et Hobhouse, comme vous en êtes déjà instruit.

»J'ai mis dans cette longue liste:

 
Les amis froids, infidèles et morts.
 

parce que je sais que, comme les curieux gourmets, vous êtes amateur des choses de ce genre.

»En outre, il y a par-ci par-là des lettres à des littérateurs et autres, lettres de compliment, etc., qui ne valent pas mieux que le reste. Il y a aussi une centaine de notes italiennes, griffonnées avec un noble mépris de la grammaire et du dictionnaire, en étrusque anglicanisé; car je parle l'italien couramment, mais je l'écris avec une négligence et une incorrection extrêmes.»