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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12

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LETTRE CCCCXLIII

A M. MURRAY

Ravenne, 10 août 1821.

»Votre conduite envers M. Moore est certainement belle, et je ne dirais pas cela si je pouvais m'en empêcher, car vous n'êtes point à présent dans mes bonnes grâces.

»À l'égard des additions, etc., il y a un journal que j'ai tenu en 1814, et que vous pouvez demander à M. Moore, plus un journal de mon voyage dans les Alpes, dans lequel se trouvent tous les germes de Manfred, et qu'il faut retirer d'entre les mains de Mrs. Leigh. J'ai encore tenu ici pendant quelques mois de l'hiver passé un petit Mémorandum quotidien, que je vous enverrai. Vous trouverez un facile accès dans tous mes papiers et toutes mes lettres, et ne négligez pas (en cas d'accident) de visiter cette masse, si confuse qu'elle soit, car dans ce chaos de papiers, vous trouverez quelques morceaux curieux, soit de moi soit d'autrui, à moins qu'ils n'aient été perdus ou détruits. Si les circonstances me faisaient jamais consentir (chose presque impossible) à la publication des Mémoires de mon vivant, vous feriez, je suppose, quelques avances à Moore, en proportion du plus ou moins de probabilité de succès. Mais vous êtes tous deux certains de me survivre.

»Il faudra aussi que vous ayez de Moore la correspondance entre moi et lady Byron, à qui j'ai offert le droit de voir tout ce qui la concerne dans ces papiers. Ceci est important. Moore a la lettre de milady et une copie de ma réponse. J'aimerais mieux avoir Moore pour éditeur que tout autre.

»Je vous ai envoyé la lettre de Valpy pour vous laisser décider par vous-même, et celle de Stockdale pour vous amuser. Je suis toujours loyal à votre égard, comme je le fus dans l'affaire de Galignani, et comme vous-même l'êtes avec moi, – par-ci par-là.

»Je vous rends la lettre de Moore, lettre fort honorable pour lui, pour vous et pour moi.

»Tout à vous pour jamais.

LETTRE CCCCXLIV

A M. MURRAY

Ravenne, 16 août 1821.

»Je regrette que Holmes ne puisse ou ne veuille pas venir; c'est agir un peu malhonnêtement, vu que je fus toujours très-poli et très-ponctuel à son égard; mais ce n'est qu'un *** de plus. On ne rencontre pas d'autres gens parmi les Anglais.

»J'attends les épreuves des manuscrits avec une raisonnable impatience.

»Ainsi vous avez publié, ou voulez publier, les nouveaux chants de Don Juan. N'êtes-vous pas effrayé de l'assassinat constitutionnel de Bridge-Street? Quand j'ai vu le nom de Murray, j'ai cru au premier instant que c'était vous, mais j'ai été consolé en voyant que votre homonyme est un procureur, car vous ne faites point partie de cette infâme race.

»Je suis dans un grand chagrin, vu la probabilité de la guerre, parce que mes hommes d'affaires ne sortent pas ma fortune des fonds publics. Si la banqueroute a lieu, c'est mon intention de me faire voleur de grand chemin; toutes les autres professions en Angleterre ont été amenées à un tel point de perversité par la conduite de ceux qui les exercent, que le vol ouvertement pratiqué est la seule ressource laissée à un homme qui à quelques principes; c'est même chose honnête, comparativement parlant, puisqu'on ne se déguise pas.

»Je vous ai écrit par le dernier courrier pour vous dire que vous avez très-bien agi à l'égard de Moore et des Mémoires.......

»Mes amitiés à Gifford.

»Croyez-moi, etc.

»P. S. Je vous rends la lettre de Smith, que je vous prie de remercier de sa bienveillante opinion. Le buste de Thorwaldsen est-il arrivé?

LETTRE CCCCXLV

A M. MURRAY

Ravenne, 23 août 1821.

»Je vous envoie ci-inclus les deux actes corrigés. Quant aux accusations relatives au naufrage143, je crois vous avoir dit à vous et à Mr Hobhouse, il y a déjà quelques années, qu'il n'y avait pas une seule circonstance qui n'eût été prise dans les faits, non pas, il est vrai, dans l'histoire d'un naufrage particulier quelconque, mais dans les accidens réels de différens naufrages. Presque tout Don Juan est une peinture de la vie réelle, soit de la mienne, soit de celle de gens que j'ai connus. Par parenthèse, une grande partie de la description de l'ameublement, dans le troisième chant, est prise du Tully's Tripoli (je vous prie de noter cela), et le reste, de mes propres observations. Souvenez-vous que je n'ai jamais voulu cacher cela; et que si je ne l'ai pas publiquement déclaré, c'est uniquement parce que Don Juan a paru sans préface et sans nom d'auteur. Si vous pensez que cela en vaille la peine, mettez-le en note à la prochaine occasion. Je ris de pareilles accusations, tant je suis convaincu que jamais nul écrivain n'emprunta moins que moi, ou ne s'appropria davantage les matériaux empruntés. Beaucoup de plagiats apparens ne sont dus qu'à une coïncidence fortuite. Par exemple, Lady Morgan (dans un livre sur l'Italie, vraiment excellent, je vous assure) appelle Venise Rome de l'Océan. J'ai employé la même expression dans les Foscari, et pourtant vous savez que la pièce est écrite depuis plusieurs mois, et envoyée en Angleterre. Je n'ai reçu l'Italie que le 16 courant.

Note 143: (retour) On avait ridiculement accusé Byron de plagiat, parce qu'il n'avait pas puisé sa description dans sa seule imagination, mais dans les relations authentiques des divers naufrages. (Note du Trad.)

»Votre ami, ainsi que le public, ne sait pas que ma simplicité dramatique est à dessein toute grecque, et que je continuerai dans cette voie; nulle réforme n'a jamais réussi144 tout d'abord. J'admire les vieux dramaturges anglais; mais le système grec est sur un tout autre terrain, et n'a rien à démêler avec eux. Je veux créer un drame anglais régulier, peu m'importe qu'il soit propre ou non au théâtre, ce n'est point là mon but; – je ne veux créer qu'un théâtre pour l'esprit.

Note 144: (retour) «Nul homme, dit Pope, ne s'est jamais élevé à quelque degré de perfection dans l'art d'écrire sans lutter avec une obstination et une constance opiniâtres contre le courant de l'opinion publique.»

Que les ennemis de la nouvelle école méditent cette réflexion d'un auteur reconnu pour classique. (Notes du Trad.)

»Tout à vous.

»P. S. Je ne puis accepter vos offres… ..................

Il faut traiter ces affaires-là avec M. Douglas Kinnaird. C'est mon fondé de pouvoirs, et il est homme d'honneur. C'est à lui que vous pourrez exposer toutes vos raisons mercantiles, plutôt que de me les exposer à moi-même directement. Ainsi donc, la mauvaise saison, – le public indifférent, – le défaut de vente, – sa seigneurie écrit trop, – la popularité déclinant, – la déduction pour le commerce, – les pertes presque constantes, – les contre-façons, – les éditions en pays étranger, – les critiques sévères, etc., etc., etc., et autres phrases et doléances oratoires; – je laisse à Douglas, qui est un orateur, le soin d'y répondre.

»Vous pourrez exprimer plus librement toutes ces raisons à une tierce personne, tandis qu'entre vous et moi elles pourraient faire échanger quelques mots piquans qui n'orneraient pas nos archives.

»Je suis fâché pour la reine, et cela plus que vous ne l'êtes.»

LETTRE CCCCXLVI

A M. MOORE

Ravenne, 24 août 1821.

»Votre lettre du 5 ne m'est parvenue qu'hier, tandis que j'ai reçu des lettres datées de Londres du 8. La poste farfouille-t-elle dans nos lettres? Quelque arrangement que vous fassiez avec Murray, – si vous en êtes satisfait, je le serai aussi. Point de scrupule; – il est bien vrai que maintes fois j'ai dit par plaisanterie (car j'aime la pointe tout autant que le barbare lui-même, – c'est-à-dire Shakspeare.) – oui, j'ai dit que «comme un Spartiate, je vendrais ma vie aussi cher que possible.» – Mais ce ne fut jamais mon intention d'en tirer un profit pécuniaire pour mon propre compte, mais de transmettre ce legs à mon ami, – à vous-en cas de survivance. J'ai devancé l'époque, parce que nous nous sommes trouvés ensemble, et que je vous ai pressé de tirer de cette affaire tout le parti possible aujourd'hui même, pour raisons qui sont évidentes. Je ne me suis privé de rien par là, et je ne mérite pas les remercîmens que vous m'adressez........... ..................

»À propos, quand vous écrirez à lady Morgan, remerciez-la pour les belles phrases qu'elle a faites dans son livre sur le compte des miens. Je ne sais pas son adresse. Son ouvrage sur l'Italie est courageux et excellent. – Je vous prie de lui faire part de cette opinion d'un homme qui connaît le pays. Je regrette qu'elle ne m'ait pas vu, j'aurais pu lui dire un ou deux faits qui auraient confirmé ses assertions.

»Je suis charmé que vous soyez content de Murray, qui semble apprécier les lords morts à une plus haute valeur que les lords vivans..... ................

»Tout à vous pour jamais, etc.

»P. S. Vous me dites quelques mots d'un procureur en route pour se rendre auprès de moi, pour traiter d'affaires. Je n'ai reçu aucun avis d'une telle apparition. Que peut vouloir l'individu? J'ai des procès et des affaires en train, mais je n'ai pas entendu dire qu'il fallût ajouter à toutes les dépenses faites en Angleterre les frais de voyage d'un homme de loi.

»Pauvre reine! mais peut-être est-ce pour le mieux, si l'on doit croire l'anecdote d'Hérodote… ..................

»Rappelez-moi au souvenir de tous nos amis communs. À quoi vous occupez-vous? Ici, je n'ai été occupé que des tyrans et de leurs victimes. Il n'y eut jamais pareille oppression, même en Irlande.»

 

LETTRE CCCCXLVII

A M. MURRAY

Ravenne, 31 août 1821.

«J'ai reçu les chants de Don Juan, qui sont imprimés avec si peu de soin (surtout le cinquième), que la publication en serait honteuse pour moi, et peu honorable pour vous. Il faut réellement revoir les épreuves avec le manuscrit, les fautes sont si grossières; – il y a des mots ajoutés, – il y en a de changés, – d'où s'ensuivraient mille cacophonies et absurdités. Vous n'avez pas soigné ce poème, parce que quelques hommes de votre escouade ne l'approuvent pas; mais je vous dis qu'avant long-tems vous n'aurez rien de moitié aussi bon, comme poésie ou style. D'après quel motif avez-vous omis la note sur Bacon et Voltaire? et une des stances finales que je vous ai envoyées pour être ajoutées au chant? C'est, je présume, parce que la stance finissait par ces deux vers:

 
Et ne réunissez jamais deux ames vertueuses pour la vie,
En ce centaure moral, mari et femme.
 

»Or, il faut vous dire, une fois pour toutes, que je ne permettrai jamais à personne de prendre de telles libertés à l'égard de mes écrits à cause de mon absence. Je désire que les passages retranchés soient remis à leur place (excepté la stance sur Sémiramis); – mais reproduisez surtout la stance sur les mariages turcs. Je requiers d'ailleurs que le tout soit revu avec soin sur le manuscrit.

»Je ne vis jamais d'impression si détestable: -Gulleyaz au lieu de Gulbeyaz, etc. Savez-vous que Gulbeyaz est un nom réel, et que l'autre est un non sens? J'ai copié les chants avec soin, en sorte que les fautes sont inexcusables.

»Si vous ne vous souciez pas de votre propre réputation, ayez, je vous prie, quelques égards pour la mienne. J'ai relu le poème avec soin, et, je vous le répète, c'est de la poésie. Votre envieuse bande de prêtres-poètes peut dire ce qu'il lui plaît; le tems montrera que sur ce point je ne me suis pas trompé.

»Priez mon ami Hobhouse de corriger l'impression, surtout pour le dernier chant, d'après le manuscrit tel qu'il est............ ................145

»Il ne faudrait pas s'étonner que le poème tombât (ce qui n'arrivera pas, vous verrez) – avec un pareil cortége de sottises. Replacez ce qui est omis, corrigez ces ignobles fautes d'impression, et laissez le poème aller droit son chemin; alors je ne crains plus rien. .........

»Vous publierez les drames quand ils seront prêts. Je suis de si mauvaise humeur à cause de cette négligence dans l'impression de Don Juan, que je suis obligé de clore ma lettre.

»Tout à vous.

»P. S. Je présume que vous n'avez pas perdu la stance dont je vous parle? Je vous l'ai envoyée après les autres; cherchez dans mes lettres, et vous la trouverez.»

Note 145: (retour) Nous supprimons plusieurs fautes d'impression que Byron se remet encore à citer. (Note du Trad.)

LETTRE CCCCXLVIII146

A M. MURRAY

«La lettre ci-incluse est écrite avec mauvaise humeur, mais non sans motif. Toutefois, tenez-en peu de compte (je veux dire de la mauvaise humeur); mais je réclame instamment une attention sérieuse de votre part aux fautes de l'imprimeur, à qui pareille chose n'aurait jamais dû être permise. Vous oubliez que tous les sots de Londres (principaux acheteurs de vos publications) rejetteront sur moi la stupidité de votre imprimeur. Par exemple, dans les notes du cinquième chant, «le bord adriatique du Bosphore» au lieu d'asiatique. Tout cela peut vous sembler peu important, à vous, homme honoré d'amitiés ministérielles; mais c'est très-sérieux pour moi, qui suis à trois cents lieues, et n'ai pas l'occasion de prouver que je ne suis pas aussi sot que me fait votre imprimeur.

»Dieu vous bénisse et vous pardonne, car pour moi je ne le puis.»

Note 146: (retour) Écrite dans l'enveloppe de la lettre précédente. (Note de Moore.)

LETTRE CCCCXLIX

A M. MOORE

Ravenne, 3 septembre 1821.

«Par l'entremise de M. Mawman (payeur dans le corps dont vous et moi sommes de simples membres), j'expédiai hier, à votre adresse, sous une seule enveloppe, deux cahiers, contenant le Giaour-nal, et une ou deux choses. Tout cela n'est pas propre à réussir, – même auprès d'un public posthume; – mais des extraits le seraient peut-être. C'est une courte et fidèle chronique d'un mois environ; – quelques parties n'en sont pas fort discrètes, mais sont suffisamment sincères. M. Mawman dit qu'il vous remettra lui-même, ou vous fera remettre par un ami le susdit paquet dans vos champs élysées.

»Si vous avez reçu les nouveaux chants de Don Juan, songez qu'il y a de grossières fautes d'impression, particulièrement dans le cinquième chant. – Par exemple: précaire pour précoce, adriatique pour asiatique, etc.; plus, un luxe de mots et de syllabes additionnelles, qui changent le rhythme en une véritable cacophonie........... ..................

»Je fais mes préparatifs de départs pour me rendre à Pise: – mais adressez vos lettres ici, jusqu'à nouvel ordre.

»Tout à vous à jamais, etc.»

Un des cahiers mentionnés ci-dessus comme confiés à M. Mawman pour m'être remis, contenait un fragment, d'environ cent pages, d'une histoire en prose, où Byron racontait les aventures d'un jeune gentilhomme andalous, et qu'il avait commencée à Venise, en 1817. Je n'extrairai que le passage suivant de cet intéressant fragment.

«Peu d'heures après, nous fûmes très-bons amis, et, au bout de quelques jours, elle partit pour l'Arragon avec mon fils, pour aller voir son père et sa mère. Je ne l'accompagnai pas immédiatement, parce que j'avais déjà été en Arragon; mais je devais rejoindre la famille dans son château moresque, au bout de quelques semaines.

»Durant le voyage, je reçus une lettre très-affectueuse de dona Josepha, qui m'instruisait de sa santé et de celle de mon fils. À son arrivée au château, elle m'en écrivit une autre encore plus affectueuse, où elle me pressait, en termes très-tendres et ridiculement exagérés, de la rejoindre immédiatement. Comme je me préparais à partir pour Séville, j'en reçus une troisième: – celle-ci était du père don Jose di Cardozo, qui me requérait, de la façon la plus polie, de dissoudre mon mariage. Je lui répondis avec une égale politesse, que je ne consentirais jamais à sa requête. Une quatrième lettre arriva; – elle était de Dona Josepha, qui m'informait que c'était d'après son désir, que la lettre de son père avait été écrite. Je lui écrivis courrier par courrier, pour savoir quelle était sa raison: – elle répondit, par exprès, que, comme la raison n'était pour rien là-dedans, il était inutile de donner une raison quelconque; – mais qu'elle était une femme excellente et offensée. Je lui demandai alors pourquoi elle m'avait écrit précédemment deux lettres si affectueuses, où elle me priait de venir en Arragon. Elle répondit que c'était parce qu'elle me croyait hors de mes sens; – qu'étant incapable de me soigner moi-même, je n'avais qu'à me mettre en route, et que, parvenu sans obstacle jusque chez don Jose di Cardozo, j'y trouverais la plus tendre des épouses, – et la camisole de force.

»Je n'avais, pour réplique à ce trait d'affection, qu'à réitérer la demande de quelques éclaircissemens. Je fus averti qu'on ne les donnerait qu'à l'inquisition. En même tems, nos différends domestiques étaient devenus un objet de discussion publique; et le monde, qui décide toujours avec justice, non-seulement en Arragon, mais en Andalousie, jugea que non-seulement j'étais digne de blâme, mais que dans toute l'Espagne il ne pourrait jamais exister personne de si blâmable. Mon cas fut présumé comprendre tous les crimes possibles, et même quelques-uns impossibles, et peu s'en fallut qu'un auto-da-fé ne fût annoncé comme le résultat de l'affaire. Mais qu'on ne dise pas que nous sommes abandonnés par nos amis dans l'adversité; – ce fut tout le contraire. Les miens se pressèrent autour de moi pour me condamner, m'admonester, me consoler par leur désapprobation. – Ils me dirent tout ce qui a été ou peut être dit sur le sujet. Ils secouèrent la tête, m'exhortèrent, me plaignirent, les larmes aux yeux, et puis-ils allèrent dîner.»

LETTRE CCCCL

A M. MURRAY

Ravenne, 4 septembre 1821.

»Par le courrier de samedi, je vous ai envoyé une lettre farouche et furibonde sur les bévues commises par l'imprimeur dans Don Juan. Je sollicite votre attention à cet égard, quoique ma colère se soit changée en tristesse.

»Hier je reçus M. ***, – un de vos amis, et je ne l'ai reçu que parce qu'il est un de vos amis; et c'est plus que je ne ferais pour les visiteurs anglais, excepté pour ceux que j'honore. Je fus aussi poli que j'ai pu l'être au milieu de l'emballage de toutes mes affaires, car je vais aller à Pise dans quelques semaines, et j'y ai envoyé et envoie encore mon mobilier. J'ai regretté que mes livres et mes papiers fussent déjà emballés, et que je ne pusse vous envoyer quelques écrits que je vous destinais; mais les paquets étaient scellés et ficelés, et il eût fallu un mois pour retrouver ce dont j'aurais eu besoin. J'ai remis sous enveloppe, à votre ami, la lettre italienne147 à laquelle je fais allusion dans ma défense de Gilchrist. Hobhouse la traduira pour vous, et elle vous fera rire et lui aussi, surtout à cause de l'orthographe. Les mericani, dont on m'appelle le capo ou chef, désignent les Américains, nom donné en Romagne à une partie des carbonari, c'est-à-dire, à la partie populaire, aux troupes des carbonari. C'était originairement une société de chasseurs, qui prirent le nom d'Américains; mais à présent elle comprend quelques milliers de personnes, etc. Mais je ne vous mettrai pas davantage dans le secret, parce que les directeurs de la poste pourraient en prendre connaissance. Je ne sais pourquoi l'on m'a cru le chef de ces gens-là; leurs chefs ressemblent au démon nommé Légion, ils sont plusieurs. Toutefois, c'est un poste plus honorable qu'avantageux; car, aujourd'hui que les Américains sont persécutés, il est convenable que je les aide; et ainsi ai-je fait, autant que mes moyens me l'ont permis. Il y aura quelque jour un nouveau soulèvement; car les sots qui gouvernent sont frappés d'aveuglement; ils semblent actuellement ne rien savoir, ils ont arrêté et banni plusieurs personnes de leur propre parti, et laissé échapper quelques-uns de ceux qui ne sont pas leurs amis.

Note 147: (retour) Une lettre anonyme qui le menaçait d'un assassinat. (Note de Moore.)

»Que penses-tu de la Grèce?

»Adressez vos lettres ici comme d'ordinaire, jusqu'à ce que vous receviez de mes nouvelles.

»J'ai chargé Mawman d'un Journal pour Moore; mais ce Journal ne vaudrait rien pour le public, – ou du moins en grande partie; – des extraits en peuvent réussir.

»Je relis les chants de Don Juan: ils sont excellens. Votre escouade a complètement tort, et vous le verrez bientôt. Je regrette de ne pas continuer ce poème, car j'avais mon plan tout fait pour plusieurs chants, pour différentes contrées et différens climats. Vous ne dites rien de la note que je vous ai envoyée, laquelle expliquera pourquoi j'ai cessé de continuer Don Juan (à la prière de Mme Guiccioli).

»Faites-moi savoir que Gifford est mieux. Nous avons, vous et moi, besoin de lui.»