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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12

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LETTRE CCCCXXV

A M. MURRAY

14 mai 1821.

«Un journal de Milan annonce que la pièce a été représentée et universellement condamnée. Comme l'opposition a été vaine, la plainte serait inutile. Je présume toutefois, dans votre intérêt (sinon dans le mien), que vous et mes autres amis aurez au moins publié mes différentes protestations contre la mise en scène de la tragédie, et montré que Elliston, en dépit de l'auteur, l'a transportée de force sur le théâtre. Il serait absurde de dire que cela ne m'a pas grandement vexé; mais je ne suis point abattu, et je ne recourrai pas à l'ordinaire ressource de blâmer le public, qui était dans son droit, – ou mes amis de n'avoir pas empêché-ce qu'ils ne pouvaient empêcher, pas plus que moi, – la représentation donnée malgré nous par un directeur qui croyait faire une bonne spéculation. C'est un malheur que vous ne leur ayez pas montré combien la pièce était peu propre au théâtre, avant de la publier, et que vous n'ayez pas exigé des directeurs la promesse de ne pas la représenter. En cas de refus de leur part, nous ne l'eussions pas publiée du tout. Mais c'est trop tard.

»Tout à vous.

»P. S. Je vous envoie les lettres de M. Bowles; remerciez-le en mon nom de sa bonne foi et de sa bonté. – De plus, une lettre pour Hodgson, que je vous prie de remettre promptement. Le journal de Milan dit que c'est moi «qui ai poussé à la représentation!!!» c'est encore plus plaisant. Mais ne vous inquiétez pas: si (comme il est probable) la folie d'Elliston nuit à la vente, je suis prêt à faire toute déduction convenable, ou même à annuler entièrement votre traité.

»Vous ne publierez pas, sans doute, ma défense de Gilchrist, parce qu'après les bons procédés de M. Bowles, elle serait par trop dure.

»Apprenez-moi les détails; car je ne sais encore que le fait pur et simple.

»Si vous saviez ce que j'ai eu à supporter par la faute de ces gueux de Napolitains, vous vous en amuseriez; mais tout est apparemment fini. On semblait disposé à rejeter tout le complot et tous les plans de ce pays sur moi principalement.»

LETTRE CCCCXXVI

A M. MOORE

14 mai 1821.

«S'il y a dans la lettre à Bowles quelque passage qui (sans intention de ma part, autant que je me rappelle le contenu) vous ait causé de la peine, vous êtes pleinement vengé; car je vois par un journal italien, que nonobstant toutes les remontrances que j'ai fait faire par mes amis (et par vous-même entre autres), les directeurs ont persisté à vouloir représenter la tragédie, et qu'elle a été «unanimement sifflée!!!» Telle est la consolante phrase du journal milanais (lequel me déteste cordialement, et me maltraite, en toute occasion, comme libéral), avec la remarque additionnelle que c'est moi qui ai «fait représenter la pièce» de mon plein gré.

»Tout cela est assez vexatoire, et semble une sorte de calvinisme dramatique, – de damnation prédestinée, sans la faute même du pêcheur. J'ai pris toutes les peines que peut prendre un pauvre mortel pour prévenir cette inévitable catastrophe, – et d'une part, en faisant des appels de tous genres au lord Chamberlain, – d'autre part, en m'adressant à ces diables de directeurs eux-mêmes; mais comme la remontrance fut vaine, la plainte est inutile. Je ne comprends pas cela, – car la lettre de Murray du 24, comme toutes ses lettres antérieures, me donnait les plus fortes espérances qu'il n'y aurait pas de représentation. Jusqu'à présent, je ne connais que le fait, que je présume être vrai, comme la nouvelle est datée de Paris et du 30. Il faut qu'on ait mis une hâte d'enfer pour cette damnée tentative, puisque je n'ai pas même encore appris que la pièce ait été publiée; et si la publication n'eût eu lieu préalablement, les histrions n'eussent pas mis la main sur la tragédie. Le premier venu aurait pu voir d'un coup d'oeil qu'elle était souverainement impropre au théâtre; et ce petit accident n'en augmentera nullement le mérite dans le cabinet.

»Allons, la patience est une vertu, et elle devient parfaite, je présume, à force de pratique. Depuis l'an dernier (c'est-à-dire le printems de l'an dernier), j'ai perdu un procès de grande importance sur les houillères de Rochdale; – j'ai été la cause d'un divorce; – ma poésie a été dépréciée par Murray et par les critiques; – les hommes d'affaires ne m'ont pas permis de disposer de ma fortune pour un placement avantageux en Irlande; – ma vie a été menacée le mois dernier (on a fait courir ici une circulaire pour exciter à mon assassinat pour motifs politiques, et les prêtres ont répandu le bruit que j'étais dans une conspiration contre les Allemands); et enfin, ma belle-mère, s'est rétablie la dernière quinzaine, et ma pièce a été sifflée la semaine dernière: c'est comme «les vingt-huit infortunes d'Arlequin.» Mais il faut supporter tout cela. Je ne m'en serais pas tant inquiété, si nos voisins du Sud ne nous avaient point, par leurs sottises, fait perdre la liberté encore pour cinq cents ans.

»Connaissiez-vous John Keats? On dit qu'il a été tué par un article de la Quarterly sur lui, si toutefois il est mort, ce que je ne sais pas positivement. Je ne comprends pas cette faiblesse de sensibilité. Ce que j'éprouve est une immense colère pendant vingt-quatre heures; et je l'éprouve aujourd'hui, comme d'ordinaire, – à moins que cette fois elle ne dure plus long-tems. Il faut que je monte à cheval pour me tranquilliser. Tout à vous, etc.

»François Ier écrivait, après la bataille de Pavie: «Tout est perdu, fors l'honneur.» Un auteur sifflé peut dire l'inverse: «Rien n'est perdu, fors l'honneur.» Mais les chevaux attendent, et le papier est rempli. Je vous ai écrit la semaine dernière.»

LETTRE CCCCXXVII

A M. MURRAY

Ravenne, 19 mai 1821.

«Par les journaux de jeudi, et deux lettres de M. Kinnaird, j'ai vu que la gazette italienne avait menti italiennement, et que le drame n'avait pas été sifflé, et que mes amis étaient intervenus pour empêcher la représentation. Pourtant il semble que les directeurs continuent de jouer la pièce en dépit de nous tous: pour cela il faut que «nous les inquiétions un tantinet.» L'affaire sera portée devant les tribunaux; je suis déterminé à tenter les voies de la justice, et je ferai toutes les dépenses nécessaires. La raison du mensonge lombard est que les Autrichiens, – qui ont une inquisition établie en Italie, et la liste des noms de tous ceux qui pensent ou parlent d'une façon contraire à leur despotisme, – m'ont depuis cinq ans outragé sous toutes les formes dans la gazette de Milan, etc. Je vous ai écrit il y a huit jours sur ce sujet.

»Maintenant je serais charmé de connaître quel dédommagement M. Elliston me donnerait, non-seulement pour traîner mes écrits sur le théâtre en cinq jours, mais encore pour être cause que je suis resté quatre jours (du dimanche au jeudi matin, ce sont les seuls jours où la poste arrive) dans l'entière persuasion que la tragédie avait été représentée et «unanimement sifflée,» et cela avec la remarque additionnelle que c'était moi qui avais «mis la pièce au théâtre,» d'où il s'ensuivait qu'aucun de mes amis n'avait eu égard à mes réclamations. Supposez que je me fusse rompu un vaisseau, comme John Keats, ou fait sauter la cervelle dans un accès de fureur, – hypothèses qui n'eussent pas été improbables il y a quelques années. À présent je suis, par bonheur, plus calme que je ne l'étais, et cependant je ne voudrais pas avoir ces quatre jours à passer encore une fois pour-je ne sais combien128.

Note 128: (retour) Cette assertion de Byron est complètement confirmée par Mme Guiccioli, qui peint ainsi l'anxiété de son amant: Ma però la sua tranquillità era suo malgrado sovente alterata dalle pubbliche vicende, et dagli attacchi che spesso si direggevano a lui nei giornali come ad autore principalmente. Era in vano che egli protestava d'indifferenza per codesti attacchi. L'impressione non era è vero che momentanea, e purtroppo per una nobile fierezza sdegnava sempre di rispondere ai suoi detrattori. Ma per quanto fosse breve quella impressione, era però assai forte per farlo molto soffrire e per affliggere quelli che lo amavano. Tuttociò che ebbe luogo per la rappresentazione del suo Marino Faliero lo inquietò pure moltissimo, e dietro ad un articolo di una gazzetta di Milano in cui si parlava di quell' affare, egli mi scrisse così. – «Ecco la verità di ciò che io vi dissi pochi giorni fa, come vengo sacrificata in tutte le maniere senza sapere il perchè ed il come. La tragedia di cui si parla, non è (e non era mai) nè scritta nè adattata al teatro; ma non è però romantico il disegno, è piuttosto regolare-regolarissimo per l'unità del tempo, e mancando poco a quella del sito. Voi sapete bene se io aveva intenzione di farla rappresentare, poichè era scritta al vostro fianco, e nei momenti per certo più tragici per me come uomo che come autore, – perché voi eravate in affanno ed in pericolo. Intanto sento dalla vostra gazzetta che sia nata una cabala, un partito, e senza ch'io vi abbia presa la minima parte. Si dice che l'autore ne fece la lettura!!! – qui forse? a Ravenna? ed a chi? forse a Fletcher? – quel illustre letterato, etc., etc.» (Note de Moore.)

»Je vous écrivais pour soutenir votre courage, car le reproche est toujours inutile, et il irrite; – mais j'étais profondément blessé dans mes sentimens, en me voyant traîné comme un gladiateur à la destinée d'un gladiateur, par ce retiarius129, M. Elliston. Que veut dire ce diable d'homme avec son apologie et ses offres de dédommagement? N'est-ce pas le même cas que lorsque Louis XIV voulait acheter, à quelque prix que ce fût, le cheval de Sydney, et, en cas de refus, le prendre de force; Sydney tua son cheval d'un coup de pistolet. Je ne pouvais tirer un coup de pistolet à ma tragédie, mais j'eusse mieux aimé la jeter au feu que d'en permettre la représentation.

 

Note 129: (retour) On nommait ainsi, à Rome, le gladiateur dont l'adresse consistait à envelopper dans un rets son adversaire qui avait l'épée à la main. (Note du Trad.)

»J'ai déjà écrit près de trois actes d'une autre tragédie (dans l'intention de l'achever en cinq), et je suis plus inquiet que jamais sur les moyens de me garantir d'une pareille violation des égards littéraires et même de toute courtoisie et politesse.

»Si nous réussissons, tant mieux: si non, avant toute publication, nous requerrons de ces gens-là la promesse de ne pas jouer la pièce, promesse que je leur paierai (puisque l'argent est leur but), ou je ne laisserai pas publier, – ce que peut-être vous ne regretterez pas beaucoup.

»Le chancelier s'est conduit noblement. Vous aussi, vous vous êtes conduit de la manière la plus satisfaisante, et je ne puis trouver en faute que les acteurs et leur chef. J'ai toujours eu tant d'égards pour M. Elliston, qu'il aurait dû être le dernier à me causer de la peine.

»Il y a un horrible ouragan qui détonne au moment même où je vous écris, en sorte que je n'écris ni au jour, ni à la chandelle, ni à la lumière des torches, mais au feu des éclairs; les sillons de la foudre sont aussi brillans que les flammes les plus gazeuses de la compagnie du gaz hydrogène. Ma cheminée vient d'être renversée par un coup de vent; – encore un éclair! mais

 
Vous, élémens, je ne vous accuse pas d'ingratitude;
Je ne vous écrivis jamais franc de port, ni ne mis ma carte chez vous130.
 

comme je l'ai fait pour M. Elliston.

Note 130: (retour)

 
I tax not you, ye elements, with unkindness;
I never gave ye franks, not call'd upon you.
 

»Pourquoi ne m'écrivez-vous pas? Vous devriez au moins m'envoyer une ligne de détails: je ne sais rien encore que par Galignani et l'honorable Douglas.

»Eh bien! comment va notre controverse sur Pope? et le pamphlet? Il est impossible d'écrire des nouvelles: les gueux d'Autrichiens fouillent toutes les lettres.

»P. S. J'aurais pu vous envoyer beaucoup de commérage et quelques informations réelles, si toutes les lettres ne passaient point par l'inspection des barbares, et que je voulusse leur faire connaître autre chose que mon horreur pour eux. Ils n'ont vaincu que par trahison, soit dit en passant.»

LETTRE CCCCXXVIII

A M. MOORE

Ravenne, 20 mai 1821.

«Depuis ma lettre de la semaine dernière, j'ai reçu des lettres et des journaux anglais, qui me font apercevoir que ce que j'ai pris pour une vérité italienne est, après tout, un mensonge français de la Gazette de France. Celle-ci contient deux assertions ultra-fausses en deux lignes. En premier lieu, Lord Byron n'a pas fait représenter sa pièce, mais s'y est opposé; et secondement, elle n'est pas tombée, mais elle a continué d'être jouée, en dépit de l'éditeur, de l'auteur, du lord chancelier, – du moins jusqu'au Ier mai, date de mes dernières lettres. Vous m'obligerez beaucoup en priant madame la Gazette de France de se rétracter, ce à quoi elle est habituée, je présume. Je ne réponds jamais à la critique étrangère; mais ceci est un point de fait, et non de goût. Je suppose que vous me portez assez d'intérêt pour faire cela en ma faveur; – mais, sans doute, comme ce n'est que la vérité que nous voulons établir, l'insertion pourra être difficile.

»Comme je vous ai écrit depuis quelque tems de fréquentes et longues lettres, aujourd'hui je ne vous ennuierai plus que d'une seule phrase: c'est que vous ayez la bonté de vous conformer à ma demande; et je présume que l'esprit du corps (est-ce du ou de? car ma science ne va pas jusque-là) vous engagera suffisamment, comme un des nôtres, à mettre cette affaire sous son véritable aspect. Croyez-moi toujours tout à vous pour la vie et de coeur,

BYRON.

LETTRE CCCCXXIX

A M. HOPPNER

Ravenne, 25 mai 1821.

«Je suis très-content de ce que vous me dites de la Suisse, et j'y réfléchirai. Je préférerais que ma fille s'y mariât plutôt qu'ici pour cette raison. Quant à la fortune, – je lui en ferai une avec tout ce que je pourrai épargner (si je vis, et qu'elle se conduise bien); et si je meurs avant qu'elle soit établie, je lui ai laissé par testament cinq mille livres sterling, ce qui est, hors d'Angleterre, une assez jolie somme pour un enfant naturel. J'y ajouterai tout ce que je pourrai, si les circonstances me le permettent; mais, sans doute, cela est très-incertain, comme toutes les choses humaines.

»Vous m'obligerez beaucoup d'employer votre intervention pour rétablir les faits relatifs à la représentation, attendu que ces coquins paraissent organiser un système d'outrages contre moi, parce que je suis sur leur liste. Je me soucie peu de leur critique, mais c'est un point de fait. J'ai composé quatre actes d'une autre tragédie: ainsi vous voyez qu'ils ne peuvent m'effrayer.

»Vous savez, je présume, qu'ils ont actuellement une liste de tous les individus, résidant en Italie, qui ne les aiment pas: – la liste doit être longue. Leurs soupçons et leurs alarmes actuelles sur ma conduite et sur mes intentions présumées dans le dernier mouvement, ont été vraiment ridicules, – quoique, pour ne pas vous abuser, je m'y sois un peu mêlé. Ils ont cru ici, et croient encore ou affectent de croire, que c'est moi qui ai dressé le plan entier du soulèvement, et qui ai fourni les moyens, etc. Tout ceci a été fomenté par les agens des barbares. Ils sont ici fort nombreux, et, par parenthèse, l'un d'eux a reçu hier un coup de poignard; mais peu dangereux; – et quoique le jour où le commandant a été tué devant ma porte, en décembre dernier, je l'aie fait transporter dans ma maison, coucher dans le lit de Fletcher; et lui aie fait donner tous les secours jusqu'au dernier moment; quoique personne n'eût osé lui donner asyle chez soi, et qu'on le laissât périr la nuit dans la rue; cependant on répandit, il y a trois mois, un papier qui me dénonçait comme le chef des libéraux, et qui excitait à m'assassiner. Mais cela ne me fera jamais taire, ni changer mes opinions. Tout cela est venu des barbares allemands.»

LETTRE CCCCXXX

A M. MURRAY

Ravenne, 25 mai 1821.

«Depuis quelques semaines, je n'ai pas reçu une ligne de vous. Or, je serais charmé de savoir d'après quel principe ordinaire ou extraordinaire vous me laissez sans autres informations que celles que je puise dans des journaux anglais et d'injurieuses gazettes italiennes (vu que les Allemands me haïssent comme charbonnier), tandis qu'il y a eu tout ce tumulte pour la pièce? Vous êtes un coquin!!! – Sans deux lettres de Douglas Kinnaird, j'aurais été aussi ignorant que vous êtes négligent.

»Eh bien! j'apprends que Bowles a maltraité Hobhouse! Si cela est vrai, il a rompu la trève, comme le successeur de Murillo, et je le traiterai comme Cochrane traita Esmeralda.

»Depuis que j'ai écrit le paquet ci-joint, j'ai achevé (mais non copié) quatre actes d'une nouvelle tragédie. Quand j'aurai fini le cinquième acte, je copierai le tout. C'est sur le sujet de Sardanapale, dernier roi des Assyriens. Les mots de reine et de pavillon s'y rencontrent, mais ce n'est point par allusion à sa majesté britannique, comme vous pourriez vous l'imaginer en tremblant. Vous verrez un jour (si je finis la pièce) comme j'ai fait Sardanapale brave (quoique voluptueux, comme l'histoire le représente), et de plus, aussi aimable que mes pauvres talens ont pu le rendre; – ainsi, ce ne peut être ni le portrait ni la satire d'aucun monarque vivant. J'ai, jusqu'à présent, observé strictement toutes les unités, et continuerai ainsi dans le cinquième acte, si cela est possible; mais ce n'est pas pour le théâtre. Tout à vous, en hâte et en haine, infidèle correspondant.»

N.

LETTRE CCCCXXXI

A M. MURRAY

Ravenne, 28 mai 1821.

«Depuis ma dernière, du 26 ou 25, j'ai fini mon cinquième acte de la tragédie intitulée Sardanapale. Mais maintenant il faut copier le tout, ce qui est un rude travail, – tant d'écriture que de lecture. Je vous ai écrit au moins six fois sans avoir de réponse, ce qui prouve que vous êtes un-libraire. Je vous prie de m'envoyer un exemplaire de l'édition du Plutarque de Langhorne, revue par M. Wrangham. Je n'ai que le texte grec, imprimé en caractères un peu fins, et la traduction italienne, qui est d'un style trop lourd, et aussi fausse qu'une proclamation patriotique des Napolitains. Je vous prie aussi de m'envoyer la Vie du magicien Apollonius de Tyane, publiée il y a quelques années. Elle est en anglais, et l'éditeur ou auteur est, je crois, ce que Martin Marprelate appelle un prêtre vantard.

»Tout à vous, etc.»

N.

LETTRE CCCCXXXII

A M. MURRAY

Ravenne, 30 mai 1821.

Cher Moray,

«Vous dites que vous m'avez écrit souvent; j'ai reçu seulement la vôtre du 11, laquelle est fort courte. Par le courrier d'aujourd'hui, je vous envoie, en cinq paquets, la tragédie de Sardanapale, fort mal écrite: peut-être Mrs. Leigh pourra vous aider à la déchiffrer. Vous voudrez bien en accuser réception par le retour du courrier. Vous remarquerez que les unités sont toutes strictement observées. La scène se passe toujours dans la même salle; la durée de l'action est celle d'une nuit d'été, environ neuf heures ou même moins, quoique la pièce commence avant le coucher du soleil, et ne finisse qu'après son lever. Dans le troisième acte, quand Sardanapale demande un miroir pour se voir en armes, songez à citer le passage latin de Juvénal sur Othon (homme d'un caractère semblable, qui fit la même chose). Gifford vous aidera pour la citation. Le trait est peut-être trop familier, mais il est historique (pour Othon du moins), et naturel dans un caractère efféminé.»

LETTRE CCCCXXXIII

A M. HOPPNER

Ravenne, 31 mai 1821.

«Je vous envoie ci-joint une autre lettre, qui ne fera que confirmer ce que je vous ai dit.

»Quant à Allegra, – je prendrai pour elle une mesure décisive dans le courant de l'année; à présent, elle est si heureuse où elle est, que peut-être il vaudrait mieux qu'elle apprît son alphabet dans son couvent.

«Ce que vous dites de la Prophétie de Dante est la première nouvelle que j'en reçois, – tout semble être plongé dans le tumulte causé par la tragédie. Continuer ce poème!! – hélas! Qu'est-ce que Dante lui-même pourrait prophétiser, aujourd'hui sur l'Italie? Toutefois, je suis charmé que vous goûtiez cette oeuvre, mais je présume que vous serez seul de votre opinion. Ma nouvelle tragédie est achevée.»

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