Za darmo

Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12

Tekst
iOSAndroidWindows Phone
Gdzie wysłać link do aplikacji?
Nie zamykaj tego okna, dopóki nie wprowadzisz kodu na urządzeniu mobilnym
Ponów próbęLink został wysłany

Na prośbę właściciela praw autorskich ta książka nie jest dostępna do pobrania jako plik.

Można ją jednak przeczytać w naszych aplikacjach mobilnych (nawet bez połączenia z internetem) oraz online w witrynie LitRes.

Oznacz jako przeczytane
Czcionka:Mniejsze АаWiększe Aa

»Ne parlons plus de cette accusation banale de licence. Anacréon n'est-il pas étudié dans nos écoles? – traduit, loué, imprimé et réimprimé?.. et les écoles et les femmes anglaises en sont-elles plus corrompues? Quand vous aurez jeté au feu les anciens, il sera tems de dénoncer les modernes. La licence! – il y a plus d'immoralité réelle et de licence destructive dans un seul roman français en prose, dans une hymne morave ou dans une comédie allemande, que dans toute la poésie qui fut jamais écrite ou chantée depuis les rapsodies d'Orphée. L'anatomie sentimentale de Rousseau et de Mme de Staël sont beaucoup plus formidables que n'importe quelle quantité de vers. Ces auteurs sont à craindre, parce qu'ils détruisent les principes en raisonnant sur les passions; tandis que la poésie est elle-même passionnée, et ne fait pas de système. Elle attaque: mais elle n'argumente pas; elle peut avoir tort, mais elle n'a pas de prétentions à avoir toujours raison.»

M. Bowles s'étant plaint, dans son pamphlet, d'avoir reçu une lettre anonyme, Lord Byron commente ainsi cette circonstance:

«Je tombe d'accord avec M. Bowles que l'intention de l'écrit était de le troubler; mais je crains que lui, M. Bowles, n'ait répondu lui-même à cette intention en accusant publiquement réception de la critique. Un écrivain anonyme n'a qu'un moyen de connaître l'effet de son attaque. En cela, il a l'avantage sur la vipère; il sait que son poison a fait effet, quand il entend crier sa victime: – le reptile est sourd. La meilleure réponse à un avis anonyme est de n'en point donner connaissance, ni directement ni indirectement. Je voudrais que M. Bowles pût voir seulement une ou deux des mille lettres de ce genre que j'ai reçues dans le cours de ma vie littéraire, qui, bien que commencée de bonne heure, ne s'est pas encore étendue jusqu'au tiers de la sienne comme auteur. Je ne parle que de ma vie littéraire; – si j'ajoutais ma vie privée, je pourrais doubler la somme des lettres anonymes. S'il pouvait voir la violence, les menaces, l'absurdité complète de ces épîtres, il rirait, et moi aussi, et nous y gagnerions tous deux.

»Par exemple, dans le dernier mois de l'année présente (1821), j'ai eu ma vie menacée de la même manière que la réputation de M. Bowles l'avait été, excepté que la dénonciation anonyme était adressée au cardinal-légat de la Romagne, au lieu de l'être à ***. Je mets ci-joint le texte italien de la menace dans sa barbare, mais littérale exactitude, afin que M. Bowles puisse être convaincu; et comme c'est la seule promesse de paiement que les Italiens remplissent fidèlement, ma personne a donc été au moins aussi exposée à «un coup de feu dans l'obscurité,» tiré par John Heatherblutter (voir Waverley), que la gloire de M. Bowles ne le fut jamais aux vengeances d'un journaliste. Je fis néanmoins à cheval et seul, pendant plusieurs heures (dont partie à la nuit tombante), mes promenades quotidiennes dans la forêt; et cela, parce que c'était «mon habitude de l'après-midi;» et que je crois que si le tyran ne peut éviter le coup au milieu de ses gardes (lorsque le sort en est écrit), à plus forte raison les individus moins puissans verraient échouer toutes leurs précautions.»

J'ai un plaisir particulier à extraire le passage suivant, où Byron rend un juste hommage aux mérites de mon révérend ami comme poète.

«M. Bowles n'a aucune raison de le céder à d'autres qu'à M. Bowles. Comme poète, l'auteur du Missionnaire peut concourir avec les premiers de ses contemporains. Je rappellerai que mes opinions sur la poésie de M. Bowles furent écrites long-tems avant la publication de son dernier et meilleur poème; et dire d'un auteur que son dernier poème est son meilleur, c'est faire de lui le plus grand éloge. M. Bowles peut prendre une légitime et honorable place parmi ses rivaux vivans, etc., etc., etc.»

Parmi les diverses additions destinées pour ce pamphlet, et envoyées à Murray à différens intervalles, je trouve les passages suivans qui sont assez curieux.

«Il est digne de remarque, après toute cette criaillerie sur «la nature de salon,» et «les images artificielles,» que Pope fut le principal inventeur de ce moderne système de jardins, dont les Anglais se font gloire. Il partage cet honneur avec Milton. Écoutez Warton: «Il semble évident par-là que cet art enchanteur des jardins modernes, dans lequel ce royaume prétend à une supériorité incontestable sur toutes les nations de l'Europe, doit principalement son origine et ses perfectionnemens à deux grands poètes, Milton et Pope.»

»Walpole (ce n'est pas l'ami de Pope) avance que Pope forma le goût de Kent, et que Kent fut l'artiste à qui les Anglais sont surtout redevables de la diffusion «du bon goût dans la disposition des terrains.» Le dessin du jardin du prince de Galles a été fait d'après Pope à Twickenham. Warton applaudit à ses extraordinaires efforts d'art et de goût, pour produire tant de scènes variées sur un emplacement de cinq acres. Pope fut le premier qui ridiculisa «le goût faux français, hollandais, affecté et contre nature, dans la composition des jardins» tant en prose qu'en vers. (Voir, pour la prose, le Guardian.) «Pope a donné plusieurs de nos principales et meilleures règles et observations sur l'architecture et sur l'art des jardins.» (Voir l'Essai de Warton, vol. II, p. 237, etc., etc.)

»Or, après cela, c'est une honte que d'entendre nos Lakistes sur «la verdure de Kendal» et nos bucoliques Cockneys, crier à tue-tête (les derniers dans un désert de briques et de mortier) après la nature, et les habitudes artificielles et sédentaires de Pope. Pope avait vu de la nature tout ce que l'Angleterre seule peut montrer. Il fut élevé dans la forêt de Windsor, et au milieu des beaux paysages d'Eton; il vécut familièrement et fréquemment dans les maisons de campagne des Bathurst, Cobham, Burlington, Peterborough, Digby et Bolingbroke; et dans cette liste des châteaux de plaisance, il faut placer Stowe. Il a fait de son petit jardin «de cinq acres» un modèle pour les princes et pour les premiers de nos artistes qui surent imiter la nature. Warton pense que «le plus charmant des ouvrages de Kent fut exécuté sur le modèle donné par Pope, – du moins dans l'entrée et les ombrages secrets de la vallée de Vénus».

»Il est vrai que Pope fut infirme et difforme; mais il pouvait se promener à pied, monter à cheval (il alla une fois à cheval d'Oxford à Londres), et il avait le renom d'une excellente vue. Sur un arbre du domaine de lord Bathurst, sont gravés ces mots: «Ici Pope chanta.» Il composa sous cet arbre. Bolingbroke, dans l'une de ses lettres, se représente, lui et Pope, écrivant au milieu d'une prairie. Nul poète n'admira plus la nature, ni ne s'en servit mieux que Pope n'a fait, comme je me charge de le prouver d'après ses oeuvres, prose et vers, si rien ne me détourne d'un travail si aisé et si agréable. Je me rappelle je ne sais quel passage de Walpole sur un gentilhomme qui voulait donner des instructions pour la disposition de quelques saules à un homme qui avait long-tems servi Pope dans ses terres. «Oui, monsieur, répliqua cet homme, je comprends; vous voudriez qu'ils se penchassent d'une manière un peu poétique.» Or, cette petite anecdote, fût-elle seule, suffirait pour prouver combien Pope avait de goût pour la nature, et quelle impression il avait produite sur un esprit ordinaire. Mais j'ai déjà cité Warton et Walpole (tous deux ennemis de Pope), et s'il en était besoin, je pourrais citer amplement Pope lui-même pour les hommages nombreux qu'il a rendus à la nature, et dont aucun poète du jour n'a même approché.»

»Sa supériorité en divers genres est réellement merveilleuse: architecture, peinture, jardins, tout est soumis également à son génie. Rappelons-nous que les jardins anglais ont pour but d'embellir une nature pauvre, et que sans eux l'Angleterre n'est qu'un pays de haies et de fossés, de bornes et de barrières, de bruyères et autres monotonies, depuis que les principales forêts ont été abattues. C'est, en général, bien loin d'être un pays pittoresque. Il n'en est pas de même de l'Écosse, du pays de Galles, et de l'Irlande; j'excepte encore les comtés des lacs et le Derbyshire, avec Éton, Windsor, ma chère Harrow-on-the-Hill, et quelques endroits, près de la côte. Dans l'abondance actuelle «des grands poètes du siècle» et des écoles de poésie-dénomination qui, comme celles d'écoles d'éloquence, et d'écoles de philosophie ne s'est introduite que lorsque la décadence de l'art s'est étendue avec le nombre des maîtres, – dans l'époque actuelle, dis-je, il s'est élevé deux espèces de naturistes; – la secte des lakistes, qui gémissent sur la nature parce qu'ils vivent dans le Cumberland; et leur sous-secte (qu'on a malicieusement nommée l'école des Cockneys), formée de gens qui sont pleins d'enthousiasme pour la campagne, parce qu'ils vivent à Londres. Il est à remarquer que les champêtres fondateurs de l'école sont très-disposés à désavouer toute connexion avec leurs imitateurs de la capitale, qu'ils critiquent peu gracieusement, et à qui ils donnent les noms de Cockneys, d'athées, de fous, de mauvais écrivains, et autres épithètes non moins dures qu'injustes. Je pense comprendre les prétentions du poète aquatique de Windermere à ce que M. Bowles appelle un enthousiasme pour les lacs, les montagnes, les asphodèles et les jonquilles; mais je serais charmé d'apprendre le fondement de la propension citadine de leurs imitateurs pour le même noble sujet. Southey, Wordsworth et Coleridge ont parcouru la moitié de l'Europe, et vu la nature dans la plupart de ses formes variées, (quoique, à mon avis, ils n'en aient pas toujours tiré un bon parti); mais qu'ont vu les autres, – qu'ont-ils vu de la terre, de la mer et de la nature? Pas la moitié, ni même la dixième partie de ce que Pope avait vu. Eux qui rient de sa Forêt de Windsor, ont-ils jamais rien vu de Windsor, que ses briques?

 

»Quand ils auront réellement vu la vie, – quand ils l'auront sentie, – quand ils auront voyagé au-delà des lointaines limites des déserts de Middlesex, – quand ils auront franchi les Alpes d'Highgate, et suivi jusqu'à ses sources le Nil de la New-River, – alors, et seulement alors, ils pourront se permettre de dédaigner Pope, qui avait été près du pays de Galles, sinon dans le pays même, quand il décrivait si bien les oeuvres artificielles du bienfaiteur de la nature et de l'humanité, de l'homme de Ross, dont le portrait, encore suspendu dans la salle de l'auberge, a si souvent fixé mes regards en me pénétrant de respect pour la mémoire de l'original, et d'admiration pour le poète sans qui cet homme, malgré la durée même de ses bonnes oeuvres qui existent encore; aurait à peine conservé son honorable renommée. ................

»Si ces gens-là n'avaient rien dit de Pope, ils auraient pu rester seuls dans leur gloire; car je n'eusse rien dit ou pensé sur eux et leurs absurdités. Mais s'ils s'attaquent au petit rossignol de Twickenham, d'autres pourront l'endurer, – mais non pas moi. Ni le tems, ni la distance; ni la douleur, ni l'âge, ne diminueront jamais ma vénération pour celui qui est le plus grand poète moraliste de tous les tems, de tous les climats, de tous les sentimens, et de toutes les conditions de la vie. C'est lui qui fut le charme de mon enfance, et l'étude de mon âge mûr, c'est lui peut-être qui sera la consolation de ma vieillesse (si le destin m'y laisse parvenir). La poésie de Pope est le livre de la vie. Sans hypocrisie, et sans dédaigner non plus la religion, il a rassemblé et revêtu de la plus belle parure tout ce qu'un homme de bien, un grand homme peut recueillir de sagesse morale. Sir William Temple fait observer «que de tous les individus de l'espèce humaine, qui vivent dans l'espace de mille ans, pour un homme qui naît capable de faire un grand poète, il y en a des milliers capables de faire d'aussi grands généraux et d'aussi grands ministres que les plus célèbres dont parle l'histoire.» C'est l'opinion d'un homme d'état sur la poésie; elle fait honneur à sir Temple et à l'art. Ce poète, qui ne se rencontre que dans l'espace de mille ans, fut Pope. Mille ans s'écouleront avant qu'on en puisse espérer un second pour notre littérature. Mais elle peut s'en passer; – car Pope, lui seul, est une littérature entière.

»Un mot sur la traduction d'Homère, si brutalement traitée. «Le docteur Clarke, dont l'exactitude critique est bien connue, n'a pas été capable de noter plus de trois ou quatre contre-sens dans toute l'Iliade. Les fautes réelles de la traduction sont d'une espèce différente.» Ainsi parle Warton, humaniste lui-même. Il est donc évident que Pope a évité le défaut principal d'une traduction. Quant aux autres fautes, elles consistent à avoir fait un beau poème anglais d'un poème grec sublime. Cette traduction durera toujours. Cowper et tous les autres faiseurs de vers blancs, auront beau faire, ils n'arracheront jamais Pope des mains d'un seul lecteur sensé et sensible.

»Le principal caractère des classes inférieures de la nouvelle école poétique, est la vulgarité. Par ce mot, je n'entends pas la bassesse, mais ce qu'on appelle «la mesquinerie.» Un homme peut être bas sans être vulgaire, et réciproquement. Burns est souvent bas, mais jamais vulgaire. Chatterton n'est jamais vulgaire, ni Wordsworth non plus, ni les meilleurs poètes de l'école Lakiste, quoiqu'ils traitent de tous les plus bas détails de la vie. C'est dans leur parure même que les poètes inférieurs de la nouvelle école sont le plus vulgaires, et c'est par là qu'ils peuvent être aussitôt reconnus; comme ce que nous appelions à Harrow un homme endimanché, pouvait être facilement distingué d'un gentilhomme, quoiqu'il eût les habits les mieux faits et les bottes les mieux cirées; – probablement parce qu'il avait coupé les uns ou nettoyé les autres de sa propre main.

»Dans le cas actuel, je parle des écrits, et non des personnes, car je ne sais rien des personnes; quant aux écrits, j'en juge d'après ce que j'y trouve. Ces hommes peuvent avoir un caractère honorable et un bon ton; mais ils prennent à tâche de cacher cette dernière qualité dans les ouvrages qu'ils publient. Ils me rappellent M. Smith et les miss Broughtons à Hampstead dans Evelina. Sur ces points (du moins en fait de vie privée), j'ai la prétention d'avoir quelque peu d'expérience, parce que, dans le cours de mon jeune âge, j'ai vu un peu de toute espèce de société, depuis le prince chrétien, le sultan musulman, et les hautes classes des états de l'un et de l'autre, jusqu'au boxeur de Londres, au muletier espagnol, au derviche turc, au montagnard écossais, et au brigand albanais; – pour ne pas parler des curieuses variétés de la société italienne. Loin de moi de présumer qu'il y ait ou puisse y avoir quelque chose qui ressemble à une aristocratie de poètes; mais il y a une noblesse de pensées et d'expressions ouverte à tous les rangs, et dérivée en partie du talent, et en partie de l'éducation; – noblesse que l'on trouve dans Shakspeare, Pope et Burns, non moins que dans Dante et Alfieri, mais que l'on ne peut apercevoir nulle part dans les faux oiseaux et faux bardes du petit choeur de M. Hunt. Si l'on me demandait de définir ce que c'est que le bon ton, je dirais qu'on ne peut le définir que par les exemples-de ceux qui l'ont, et de ceux qui ne l'ont pas. Je dirais que, dans l'usage de la vie, la plupart des militaires, mais peu de marins, plusieurs hommes de rang, mais peu de légistes en font preuve; qu'il est plus fréquent chez les auteurs (quand ils ne sont pas pédans), que chez les théologiens; que les maîtres d'escrime en ont plus que les maîtres de danse, et les chanteurs que les acteurs ordinaires; et qu'il est plus généralement répandu parmi les femmes que parmi les hommes. En poésie comme en toute sorte de composition en général, il ne constituera jamais à lui seul un poète ou un poème; mais sans lui, ni poète ni poème ne vaudront jamais rien. C'est le sel de la société, et l'assaisonnement de la composition. La vulgarité est cent fois pire que la franche licence; car celle-ci admet l'esprit, la gaîté et quelquefois un sens profond, tandis que la première est un misérable avortement de toute idée, et une insignifiance absolue. La vulgarité ne dépend point de la bassesse des sujets, ni même de la bassesse du langage, car Fielding se complaît dans l'une et l'autre; – mais est-il jamais vulgaire? Non. Vous voyez l'homme bien élevé, le gentilhomme, le lettré, jouer avec bon sujet; – en être le maître, non l'esclave. L'écrivain vulgaire l'est d'autant plus que son sujet est plus élevé; tel homme qui montrait la ménagerie de Pidcock avait coutume de dire: «Cet animal, messieurs, est l'aigle du soleil d'Archangel en Russie..............127

Note 127: (retour) Il y a de grosses fautes d'anglais, mises dans la bouche du cicerone de la ménagerie, c'est donc intraduisible. – The otterer it is, the igherer he flies. (Note du Trad.)

Dans une note sur un passage relatif aux vers de Pope sur lady Mary W. Montague, il dit:

«Je crois pouvoir montrer, s'il en était besoin, que lady Mary W. Montague fut aussi grandement blâmable dans cette affaire, non pour l'avoir repoussé, mais pour l'avoir encouragé; mais j'aimerais mieux éluder cette tâche, – quoique lady Mary dût se rappeler son propre vers:

 
Celui-là vient trop près, qui vient se faire refuser.
 

»J'admire à tel point cette noble dame, – sa beauté, ses talens, – que je ne plaiderais contre elle qu'à contre-coeur. Je suis d'ailleurs si attaché au nom même de Marie, que, comme dit Johnson: «Si vous appeliez un chien Harvey, je l'aimerais.» Pareillement, si vous appeliez Marie une femelle de l'espèce canine, je l'aimerais mieux que tous les autres individus du même sexe (bipèdes ou quadrupèdes) différemment nommés. Lady Montague était une femme extraordinaire; elle pouvait traduire Épictète, et cependant écrire un chant digne d'Aristippe. Les vers:

 
Quand les longues heures consacrées au public sont passées,
Et qu'enfin nous nous trouvons ensemble avec du champagne et un poulet,
Puissent les plus tendres plaisirs nous faire chérir cet instant!
Loin de nous la gêne et la crainte!
Dans l'oubli ou le mépris des airs de la foule,
Lui peut renoncer à la retenue, et moi à la fierté,
Jusques, etc., etc., etc.
 

»Eh bien! M. Bowles! – que dites-vous d'un tel souper avec une telle femme? et de la description qu'elle-même en donne? Son «champagne» et son «poulet» ne valent-ils pas une forêt ou deux? N'est-ce pas de la poésie? Il me semble que cette stance contient la «pensée» de toute la philosophie d'Épicure. – Je veux dire la philosophie pratique de son école, et non pas les préceptes du maître; car j'ai été trop long-tems à l'université pour ne pas savoir que le philosophe fut un homme fort modéré. Mais après tout, quelques-uns de nous n'auraient-ils pas été aussi fous que Pope? Pour ma part, je m'étonne qu'avec sa sensibilité, avec la coquetterie de la dame, et après son désappointement, il n'eût pas fait plus que d'écrire quelques vers qu'on doit condamner s'ils sont faux, et regretter s'ils sont vrais.»

LETTRE CCCCXXIV

A M. HOPPNER

Ravenne, 11 mai 1821.

«Si j'avais su vos idées à l'égard de la Suisse, je les aurais adoptées sur-le-champ: maintenant que la chose est faite, je laisserai Allegra dans son couvent, où elle me semble bien portante et heureuse pour le moment. Mais je vous serai fort obligé si vous prenez des informations, quand vous serez dans les cantons, sur les meilleures méthodes qu'on y suit pour l'éducation des filles, et que vous me fassiez savoir le résultat de vos réflexions. C'est une consolation pour moi que M. et Mrs. Shelley m'aient écrit pour m'approuver entièrement d'avoir placé l'enfant chez les religieuses pour le moment. Je puis prendre à témoin toute ma conduite, attendu que je n'ai épargné ni soins, ni tendresse, ni dépenses, depuis que l'enfant m'a été envoyé. Le monde peut dire ce qu'il lui plaît, je me contenterai de ne pas mériter (dans cette occasion) qu'on parle mal de moi.

»L'endroit est un petit bourg de campagne en bon air; il y a un vaste établissement d'éducation où sont placés beaucoup d'enfans, dont quelques-uns d'un rang élevé. Comme campagne, ce séjour est moins exposé aux objections de tout genre. Il m'a toujours paru que la corruption morale en Italie ne procède pas de l'éducation du couvent, puisque, à ma connaissance, les filles sortent de leurs couvens dans une innocence portée même jusqu'à l'ignorance du mal moral, mais que la faute en est due à l'état de société où elles sont immédiatement plongées au sortir du couvent. C'est comme si l'on élevait un enfant sur une montagne, et qu'on le mît ensuite à la mer, qu'on l'y jetât pour l'y faire nager. Toutefois le mal, quoique encore trop général, s'évanouit en partie, depuis que les femmes sont plus libres de se marier par inclination; c'est aussi, je crois, le cas en France. Et, après tout, qu'est la haute société d'Angleterre? D'après ma propre expérience, et tout ce que j'ai vu et entendu (et j'ai vécu dans la société la plus élevée et la meilleure, comme on dit), la corruption ne peut nulle part être plus grande. En Italie pourtant elle est, ou plutôt elle était plus systématisée; mais aujourd'hui on rougit d'un serventisme régulier. En Angleterre, le seul hommage qu'on rende à la vertu est l'hypocrisie. Je parle, bien entendu, du ton de la haute société; – les classes moyennes sont peut-être très-vertueuses.

»Je n'ai encore lu, ni même reçu, aucun exemplaire de la lettre sur Bowles; certes, je serais charmé de vous l'envoyer. Comment va Mrs. Hoppner? très-bien, j'espère. Faites-moi savoir quand vous partez. Je regrette de ne pouvoir me trouver avec vous cet été dans les Alpes bernoises, comme j'en avais l'espoir et l'intention. Mes plus profonds respects à madame.

»Je suis à jamais, etc.

»P. S. J'ai donné à un musicien une lettre pour vous il y a déjà quelque tems; vous l'a-t-il présentée? Peut-être vous pourriez l'introduire chez les Ingrams et autres dilettanti. Il est simple et modeste, – deux qualités extraordinaires dans sa profession, – et il joue du violon comme Orphée ou Amphion. C'est pitié qu'il ne puisse faire mettre Venise en branle pour chasser le tyran brutal qui la foule aux pieds.»