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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12

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LETTRE CCCCIV

A M. MOORE

Ravenne, 2 janvier 1821.

«En entrant dans notre projet relativement aux Mémoires, vous me faites grand plaisir. Mais je doute (contre l'opinion de ma chère Mme Mac F***, que j'ai toujours aimée et aimerai toujours, – non-seulement parce que j'éprouvai une réelle affection pour elle personnellement, mais encore parce que c'est elle et environ une douzaine d'autres personnes de son sexe qui seules me soutinrent dans le grand conflit de 1815), – mais je doute, dis-je, que les Mémoires puissent paraître ma vie durant, et, en vérité, je préférerais qu'ils ne parussent pas; car un homme a toujours l'air mort après que sa vie a été publiée, et certes je ne survivrais pas à la publication de la mienne.

»Je ne puis consentir à altérer la première partie des Mémoires.............

»Quant à notre journal projeté, je l'appellerai comme il vous plaira: nous l'appellerons, si vous voulez, «La Harpe,» ou lui donnerons tout autre titre.

»J'ai exactement les mêmes sentimens que vous sur notre art110; mais il s'empare de moi dans des accès de rage qui se renouvellent par intervalles, comme…111; alors, si je n'écris pour vider mon esprit, je deviens furieux. Quant à cette régulière et infatigable passion d'écrire, que vous décrivez dans votre ami, je ne la comprends pas du tout. Le besoin d'écrire est pour moi un tourment, dont il faut me débarrasser; mais jamais un plaisir: au contraire, je regarde la composition comme une grande fatigue.

Note 110: (retour) Ce passage s'expliquera mieux par un extrait d'une de mes lettres; à laquelle celle de Lord Byron faisait réponse: «Par rapport au journal, il est assez bizarre que Lord *** et moi ayions compté (il y a environ une semaine ou deux, avant que je reçusse votre lettre) sur votre assistance pour réaliser une entreprise à-peu-près semblable, mais plus littéraire et moins régulièrement soumise à une publication périodique. Lord ***, comme vous le verrez si son volume d'Essais vous parvient, a une manière fine, délicate et adroite d'exprimer de profondes vérités sur la politique et sur les moeurs; et, quelque plan que nous adoptions, il sera pour nous un associé utile et actif, vu qu'il écrit avec un plaisir tout-à-fait inconcevable pour un pauvre scribe comme moi, qui ai sur mon art les mêmes sentimens que ce mari français, qui, trouvant un homme occupé à faire l'amour à sa femme, s'écria: Comment, monsieur! sans y être obligé? Toutefois, en parlant ainsi, je n'entends parler que de la partie exécutive de l'art d'écrire; car, imaginer et esquisser un ouvrage à venir, c'est, je l'avoue, un plaisir délicieux.» (Note de Moore.)

Note 111: (retour) Suppression pudique de Moore. (Note du Trad.)

»Je désire que vous songiez sérieusement à notre plan de journal; – car je suis aussi sérieux qu'on peut l'être, dans ce monde, pour quoi que ce soit. .................

»Je resterai ici jusqu'en mai ou juin, et à moins que «la gloire ne survienne imprévue112,» nous nous rencontrerons peut-être, en France ou en Angleterre, dans le courant de l'année.

»Votre, etc.

»Je ne puis vous exposer l'état actuel des circonstances, parce qu'on ouvre toutes les lettres.

»Me placerez-vous dans vos maudits Champs-Élysées? Est-ce és ou ées pour l'adjectif? Je ne sais rien du français, vu que je suis tout Italien. Quoique je lise et comprenne le français, je n'essaie jamais de le parler; car je le déteste.

»Quant à la seconde partie des Mémoires, retranchez ce qu'il vous plaira de retrancher.»

Note 112: (retour) Honour comes unlooked for. Expression de Moore pour désigner la mort trouvée dans un combat. (Note du Trad.)

LETTRE CCCCV

A M. MURRAY

Ravenne, 4 janvier 1821.

«Je viens de voir, par le journal de Galignani, qu'on est dans une grande attente d'une tragédie nouvelle par Barry Cornwall. Parmi ce que j'ai déjà lu de lui, j'ai fort goûté les Esquisses Dramatiques; mais j'ai trouvé que son Histoire sicilienne et son Marcien Colonne, en vers, étaient tout-à-fait gâtés par je ne sais quelle affectation imitée de Wordsworth, de Moore et de moi-même, – le tout confondu en une sorte de chaos. Je crois cet auteur très-capable de produire une bonne tragédie, s'il garde un style naturel et ne s'amuse pas à faire des arlequinades pour l'auditoire. Comme il fut un de mes camarades d'école (Barry Cornwall n'est pas son vrai nom), je prends à son succès un intérêt plus qu'ordinaire, et je serai charmé d'en être vite instruit. Si j'avais su qu'il travaillât en ce genre, j'aurais parlé de lui dans la préface de Marina Faliero. Il créera une merveille du monde s'il fait une belle tragédie; je suis toutefois convaincu qu'il n'y réussira pas en suivant les vieux dramaturges, – qui sont pleins de fautes grossières, effacées par la beauté du style, – mais en écrivant naturellement et régulièrement, et en composant des tragédies régulières, à l'instar des Grecs; mais non par voie d'imitation, – en suivant seulement les bases de leur méthode, et en les adaptant aux tems et aux circonstances actuelles, – et, sans contredit, point de choeur.

»Vous rirez et direz: «Que ne faites-vous ainsi vous-même?» J'ai, comme vous voyez, tenté une ébauche dans Marino Faliero; mais beaucoup de gens pensent que mon talent est «essentiellement contraire au genre dramatique», et je ne suis pas du tout certain qu'on n'ait pas raison. Si Marino Faliero ne tombe pas-à la lecture, – je ferai peut-être un nouvel essai (mais non pour le théâtre); et comme je pense que l'amour n'est pas la principale passion pour une tragédie (quoique la plupart des nôtres reposent sur ce sujet), vous ne me trouverez pas écrivain populaire. À moins que l'amour ne soit furieux, criminel et infortuné, il ne doit pas servir pour sujet tragique. Quand il est moelleux et enivré, il en sert, mais il ne le doit pas: c'est alors pour la galerie et les secondes loges.

»Si vous désirez avoir une idée de l'essai que je tente, prenez une traduction d'un quelconque des tragiques grecs. Si je disais l'original, ce serait de ma part une impudente présomption; mais les traductions sont si inférieures aux auteurs originaux, que je pense pouvoir risquer cette question: ainsi jugez «de la simplicité de l'intrigue», etc., et ne me jugez point d'après vos vieux fous d'auteurs dramatiques, car ce serait boire de l'eau-de-vie pour goûter ensuite d'une fontaine. Après tout, néanmoins, je présume que vous ne prétendez pas que l'esprit-de-vin soit un plus noble élément qu'une source limpide bouillonnant au soleil. Et telle est la différence que je mets entre les Grecs et ces nuageux charlatans, – en exceptant toutefois Ben Johnson, qui était humaniste et classique. Ou bien prenez une traduction d'Alfieri, et, près de ce tragique mis sous forme anglaise, faites expérience de l'intérêt de mes nouveaux essais dans l'ancien genre, puis dites-moi franchement votre opinion. Mais ne me mesurez pas à l'aune de vos vieux ou nouveaux tailleurs: Rien de plus aisé que de compliquer les ressorts du drame. Mrs. Centlivre, dans la comédie, a dix fois plus d'intrigue que Congreve. Mais lui est-elle comparable? et cependant elle chassa Congreve du théâtre.»

LETTRE CCCCVI

A M. MURRAY

Ravenne, 19 janvier 1821.

«Votre lettre du 29 du mois dernier est arrivée. Il faut que je vous requière positivement et sérieusement de prier M. Harris ou M. Elliston de laisser le Doge tranquille. Ce n'est pas un drame à jouer; la représentation ne remplira pas leur but, nuira au vôtre (qui est la vente de l'ouvrage); et me fera de la peine. C'est manquer de courtoisie, et même d'honnêteté, que de persister dans cette usurpation des écrits d'un homme.

»Je vous ai déjà fait passer par le dernier courrier une courte protestation, adressée au public, contre ce procédé; au cas que ces gens-là persistent, ce que je n'ose point croire, vous la publierez dans les journaux. Je ne m'en tiendrai pas là, s'ils vont leur train; mais je ferai un plus long appel sur ce point, et établirai l'injustice que je vois dans leur manière d'agir. Il est dur que je doive avoir affaire à tous les charlatans de la Grande-Bretagne, aux pirates qui me publieront, et aux acteurs qui me joueront, – tandis qu'il y a des milliers de braves gens qui ne peuvent trouver ni libraire ni directeur… ................

»Le troisième chant de Don Juan est «faible»; mais, si les deux premiers et les deux suivans sont tolérables, qu'attendez-vous? surtout puisque je ne dispute pas avec vous sur ce point, ni comme objet de critique ni comme objet d'affaires.

»D'ailleurs, que dois-je croire? Vous, Douglas Kinnaird, et d'autres, m'écrivez que les deux premiers chants déjà publiés sont au nombre des meilleures pièces que j'aie écrites, et sont réputés comme tels; Augusta écrit qu'ils sont jugés «exécrables» (mot bien amer pour un auteur: – qu'en dites-vous, Murray?) même comme composition littéraire, et qu'elle en avait entendu dire tant de mal, qu'elle a résolu de ne jamais les lire, et a tenu sa résolution. Quoiqu'il en soit, je ne puis retoucher; ce n'est pas mon fort. Si vous publiez les trois nouveaux chants sans ostentation, ils réussiront peut-être.

»Publiez, je vous prie, le Dante et le Pulci (je veux dire la Prophétie de Dante). Je regarde la traduction de Pulci comme ma grande oeuvre. Le reste des Imitations d'Horace où est-il? Publiez tout en même tems: autrement «la variété» dont vous vous targuez sera moins évidente.

 

»Je suis de mauvaise humeur. – Des obstacles en affaires venus de ces maudits procureurs, qui s'opposent à un prêt avantageux que je devais faire sur hypothèque à un noble personnage, parce que la propriété de l'emprunteur est en Irlande, m'ont appris comment un homme est traité pendant son absence. Oh! si je reviens, je ferai marcher droit quelques hommes qui n'y songent guère; – ou eux ou moi, nous déménagerons.».........

LETTRE CCCCIX113

A M. MOORE

Ravenne, 22 janvier 1821.

«Rétablissez votre santé, je vous prie. Je ne suis pas content de votre maladie. Ainsi écrivez-moi une ligne pour me dire que vous êtes sur pied, sain et dispos de plus belle. Aujourd'hui j'ai trente-trois ans.

 
Dans le chemin de la vie, etc., etc.114
 

»Avez-vous entendu dire que la confrérie des Bronziers115 ait présenté ou veuille présenter une adresse à Brandenburgh-House «sous les armes», et avec toute la variété et splendeur possible d'un attirail d'airain?

Note 113: (retour) Les lettres 407 et 408, adressées à M. Murray, ont été supprimées; elles ne parlent que des moyens d'empêcher la mise en scène de Marino Faliero. (Note du Trad.)

Note 114: (retour) Déjà cité dans le Journal. (Note de Moore.)

Note 115: (retour) Nous traduisons ainsi en un seul mot braziers, ouvrier en bronze, de brass, bronze. (Note du Trad.)

 
Les bronziers, ce semble, se disposent à voter
Une adresse, et à la présenter tout revêtus de bronze;
Pompe superflue! – car, près de lord Harry,
Ils trouveront où ils veulent aller, plus de bronze qu'ils n'en porteront.
 

»Il y a une ode pour vous, n'est-ce pas? – digne

 
De ****, grand poète métaphysiqueur,
Homme d'un vaste mérite, quoique peu de gens s'en doutent,
Si je l'ai lu (comme je vous l'ai dit à Mestri116;
J'en suis pour beaucoup redevable à ma passion pour la pâtisserie.
 

Note 116: (retour) Pour rimer avec pastry, pâtisserie.

»Mestri et Fusina sont les passages ordinaires par où on va à Venise; mais ce fut de Fusina que vous et moi nous nous embarquâmes, quoique «la misérable nécessité de rimer» m'ait fait mettre Mestri dans le voyage.

»Ainsi, un livre vous a été dédié? J'en suis charmé, et je serais très-heureux de voir le volume.

»Je suis au comble de l'embarras à propos d'une mienne tragédie qui n'est bonne que pour le cabinet d***; et que les directeurs, s'arrogeant un droit absolu sur toute poésie une fois publiée, sont déterminés à faire représenter, avec ou sans mon agrément, peu leur importe, et, je présume, avec les changemens que M. Dibdin fera pour leur usage. J'ai écrit à Murray, à lord Chamberlain, et à d'autres, pour qu'ils interviennent dans cette affaire et me préservent d'une telle exposition publique. Je ne veux ni les impertinens sifflets, ni les applaudissemens insolens d'un auditoire de théâtre. Je n'écris que pour le lecteur, et ne me soucie que de l'approbation silencieuse de ceux qui ferment un livre de bonne humeur, et avec une paisible satisfaction.

»Or, si vous voulez écrire aussi à notre ami Perry, pour le prier d'employer sa médiation auprès d'Harris et d'Elliston, afin d'empêcher l'exécution de ce projet, vous m'obligerez beaucoup. La pièce n'est pas du tout propre au théâtre, comme un simple coup-d'oeil le leur montrera, ou le leur a, j'espère, déjà montré; et, y fût-elle jamais propre, je n'aurai jamais, la volonté d'avoir rien à faire avec les théâtres.

»Je me hâte de me dire votre, etc.»

LETTRE CCCCX

A M. MURRAY

Ravenne, 27 janvier 1821.

«Je diffère d'avis avec vous sur le compte de la Prophétie de Dante, que je crois devoir être publiée avec la tragédie. Mais faites ce qu'il vous plaît; vous êtes nécessairement le meilleur juge des finesses de votre métier. Je suis d'accord avec vous sur le titre. Le drame peut être bon ou mauvais, mais je me flatte que c'est un tableau original, d'un genre de passion si naturel à mon esprit, que je suis convaincu que j'aurais agi précisément comme le doge, sous l'influence des mêmes provocations.

»Je suis charmé de l'approbation de Foscolo.

»Excusez-moi si je me hâte. Je crois vous avoir dit que: – je ne sais plus ce que c'était: mais peu importe.

»Merci pour vos complimens du premier jour de l'an. J'espère que cette année sera plus agréable que la dernière. Je ne parle que par rapport à l'Angleterre, où j'ai eu, en ce qui me concerne, toute espèce de désappointement; – j'ai perdu un procès important, – et les procureurs de lady Byron me refusent de consentir à un prêt avantageux que je voulais faire de mon propre bien à lord Blessington, etc., etc., etc., comme pour clore convenablement les quatre saisons. Ces contrariétés, et cent autres pareilles, ont rendu cette année un tissu d'affaires pénibles pour moi en Angleterre. Heureusement, les choses ont ici une tournure un peu plus agréable pour moi; autrement j'aurais usé de l'anneau d'Annibal117.

»Remerciez, je vous prie, Gifford de toutes ses bontés. L'hiver est ici aussi froid que les latitudes polaires de Parry118. Il faut que j'aille galoper dans la forêt; mes chevaux attendent. Votre sincère, etc.»

Note 117: (retour) On sait qu'Annibal mit fin à ses jours en avalant un poison caché dans son anneau.

Note 118: (retour) Célèbre marin anglais, qui, en cherchant un passage dans l'Océan arctique, s'est approché du pôle plus près qu'aucun des navigateurs qui l'ont précédé. (Notes du Trad.)

LETTRE CCCCXI

A M. MURRAY

Ravenne, 2 février 1821.

«Votre lettre d'excuse est arrivée. J'accueille la lettre, mais je n'admets pas les excuses, si ce n'est par courtoisie; ainsi, lorsqu'un homme vous marche sur les orteils et vous demande pardon, on lui accorde ce pardon, mais la phalange ne vous fait pas moins mal, surtout s'il y existe un cor.

»Dans le dernier discours du doge, il y a la phrase suivante (voici, du moins, comme ma mémoire me la donne):

 
Et toi qui fais et défais les soleils;
 

Il faut la changer en celle-ci:

 
Et toi qui allumes et éteins les soleils,
 

c'est-à-dire, si le vers coule également bien, et si M. Gifford croit l'expression meilleure. Ayez, je vous prie, la bonté d'y faire attention. Vous êtes tout-à-fait devenu un ministre d'état. Songez s'il n'est pas possible qu'un jour vous soyez jeté à bas. *** ne sera pas toujours tory, quoique Johnson dise que le premier whig fut le diable lui-même.

»Vous avez, par la correspondance de M. Galignani, appris un secret (un peu tard, à la vérité); savoir qu'un Anglais peut exclusivement disposer de ses droits d'auteur en France, – fait de quelque importance au cas qu'un écrivain obtienne une grande popularité. Or, je veux bien vous dire ce qu'il faut que vous fassiez, et ne point prendre d'avantage sur vous, quoique vous ayez été assez méchant pour rester trois mois sans accuser réception de ma lettre. Offrez à Galignani l'achat du droit de propriété en France; s'il refuse, désignez tel libraire qu'il vous plaira, et je vous signerai tel contrat qu'il vous plaira aussi, et il ne vous en coûtera pas un sou de mon côté.

»Songez que je ne veux point me mêler de cette affaire, sinon pour vous assurer la propriété de mes oeuvres. Je n'aurai jamais de marché qu'avec les libraires anglais, et je ne désire aucun honoraire hors de ma patrie.

»Or, cela est candide et sincère, et un peu plus beau que votre silence matois, pour voir ce qu'il en adviendrait. Vous êtes un excellent homme, mio caro Moray, mais il y a encore en vous, par-ci par-là, un peu de levain de Fleet-Street, – une miette de vieux pain. Vous n'avez pas le droit d'agir envers moi en homme soupçonneux; car je ne vous en ai donné aucune raison. Je serai toujours franc avec vous............

»Je ne dirai plus rien à présent, sinon que je suis,

»Votre, etc.

»P. S. Si vous vous aventurez, comme vous le dites, à Ravenne cette année, je remplirai les devoirs de l'hospitalité tant que vous y vivrez, et vous enterrerai bel et bien (pas en terre sainte, néanmoins), si vous êtes tué par la balle ou par le glaive; ce qui devient fréquent depuis peu parmi les indigènes. Mais peut-être votre visite sera prévenue; je viendrai probablement dans votre pays; et dans ce cas, écrivez à milady le duplicata de l'épître que le roi de France adressa au prince Jean.»

LETTRE CCCCXII

A M. MURRAY

Ravenne, 16 février 1821.

«Au mois de mars arrivera de Barcelonne signor Curioni, engagé pour l'Opéra. C'est une de mes connaissances, un jeune homme de manières distinguées, et fameux dans sa profession. Je requiers en sa faveur votre bienveillance personnelle et votre patronage. Introduisez-le, je vous prie, chez tous les gens de théâtre, éditeurs de journaux, et autres, qui pourront lui rendre, dans l'exercice de sa profession, des services publics et particuliers.

»Le cinquième chant de Don Juan est si loin d'être le dernier, que c'est à peine si le poème commence. Je veux faire faire à Don Juan le tour de l'Europe, avec un mélange convenable de siéges, de batailles et d'aventures, et le faire finir, comme Anacharsis Clootz, dans la révolution française. Je ne sais combien de chants ce plan exigera, ni si je l'achèverai (même hormis le cas de mort prématurée); mais enfin telle a été ma première idée. J'ai songé à faire de Don Juan un cavaliere servente en Italie, la cause d'un divorce en Angleterre, et un homme sentimental «à figure de Werther» en Allemagne, afin de mettre au jour les différens ridicules de la société dans chacun de ces pays, et de montrer mon héros graduellement gâté et blasé au fur et à mesure qu'il vieillira, comme c'est naturel. Mais je n'ai pas définitivement arrêté si je le ferai finir en enfer ou par un malheureux mariage, car je ne sais lequel est le pire; la tradition espagnole dit l'enfer; mais il est probable que ce n'est qu'une allégorie de l'autre état. Vous êtes maintenant en possession de mes idées sur le sujet.

»Vous dites que le Doge ne sera pas populaire; ai-je écrit jamais pour la popularité? Je vous défie de me montrer un de mes ouvrages (excepté un conte ou deux), de style ou mine populaire. Il me paraît qu'il y a place pour un différent genre de drame, qui ne soit ni une imitation servile du drame ancien, genre erroné et grossier, ni trop français non plus, comme ceux qui succédèrent aux écrivains du vieux tems. Il me paraît qu'un bon style anglais et une observation plus sévère des règles pourraient produire une combinaison qui ne déshonorât pas notre littérature. J'ai essayé, de plus, à faire une pièce sans amour; et il n'y a non plus ni anneaux, ni méprises, ni surprises, ni scélérats enragés, ni mélodrame enfin. Tout cela l'empêchera d'être populaire, mais ne me persuadera pas qu'elle soit par conséquent mauvaise. Toutes les fautes y naîtront plutôt de l'imperfection dans l'exécution et la conduite que de la conception, qui est simple et sévère.............. ..................

»Dans la lettre sur Bowles (que je vous ai envoyée par le courrier de mardi), après ces mots «on a fait plusieurs tentatives.» (en parlant de la réimpression des Poètes anglais et Réviseurs écossais), ajoutez: «en Irlande;» car je crois que les pirates anglais n'ont commencé leurs tentatives qu'après que j'eus quitté l'Angleterre pour la seconde fois. Veillez-y je vous prie. Faites-moi savoir ce que vous et votre synode pensez sur la controverse Bowles… ..................

»Comment George Bankes a-t-il été amené à citer les Poètes anglais dans la chambre des communes? Tout le monde me jette ce poème à la tête.

»Quant aux nouvelles politiques, les Barbares marchent sur Naples, et s'ils perdent une seule bataille, toute l'Italie sera en insurrection. Ce sera comme la révolution espagnole.

 

»Vous parlez des lettres ouvertes. Certainement, les lettres sont ouvertes, et c'est la raison pour laquelle je traite toujours les Autrichiens de vils gredins. Il n'y a pas un Italien qui les abhorre plus que je ne fais: et tout ce que je pourrais faire pour délivrer l'Italie et la terre de leur infâme oppression, je le ferais con amore.

»Votre, etc.»