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Le crime de l'Opéra 2

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Le capitaine ne prit pas le temps de changer de toilette. Il envoya son groom lui chercher un fiacre, et il se fit mener rue Rougemont.

Il y arriva juste pour rencontrer dans la cour de l’hôtel l’oncle et le neveu. M.  Roger Darcy était très pâle, et Gaston avait la figure bouleversée.

– Vous voilà, monsieur, s’écria le magistrat. Connaissez-vous l’affreuse nouvelle?

– Je viens de l’apprendre, répondit le capitaine, bien décidé à ne pas dire par quelle voie il l’avait apprise.

– Vous m’excuserez alors de ne pas vous recevoir. Je suis allé trois fois chez vous, hier, et j’ai eu le regret et la surprise de ne pas vous y rencontrer. Vous m’apportez sans doute cette lettre.

– Non, monsieur. Je ne l’ai plus. Elle m’a été volée.

Le juge fit un haut-le-corps, mais ce fut tout.

– Ces étrangers que je vous ai signalés avaient intérêt à supprimer les preuves de leur complicité avec Golymine, reprit Nointel, qui jugea utile de colorer son mensonge. On s’est introduit chez moi, en mon absence, et les papiers que j’avais trouvés dans la pelisse ont disparu.

M.  Darcy regarda le capitaine comme s’il eût cherché à lire au fond de sa pensée, et comme le capitaine ne bronchait pas, il le salua d’une inclination de tête et il passa.

– Ah! mon ami, quelle épouvantable catastrophe! dit Gaston qui s’arrêta pour serrer la main de Nointel.

– Épouvantable, en effet, et bien imprévue.

– On eût dit pourtant que madame Cambry la prévoyait, car elle avait fait son testament. Elle me laisse toute sa fortune.

– L’accepteras-tu?

– Oui, pour la transmettre aux pauvres en son nom.

– Tu feras bien.

M.  Darcy était déjà monté dans son coupé qui l’attendait devant la grille. Son neveu courut l’y rejoindre. Le cheval fila vers l’avenue d’Eylau, et Nointel s’éloigna en murmurant:

– Je crois que ce galant homme ne me parlera plus jamais de la lettre. Il a tout deviné.

Nointel se trompait-il? Il ne le sait pas encore et il ne le saura jamais.

Cinq mois se sont écoulés, et le mystère qui enveloppait le crime de l’Opéra n’a pas été éclairci. L’instruction a été abandonnée. Paris n’y pense plus. Il n’y a que Lolif qui s’en occupe encore, à ses moments perdus. Il a, du reste, d’autres soucis. Les assassins lui ont donné beaucoup de besogne pendant ces derniers mois.

Un jour, cependant, vers la fin d’avril, il a cru que l’affaire du meurtre de la d’Orcival allait prendre une face nouvelle. La Gazette des Tribunaux annonçait que le bouton de manchette, l’autre, celui qui complétait la paire, avait été retrouvé dans un égout de l’avenue d’Eylau. C’était une fausse joie. Personne n’a pu dire qui l’avait jeté là, et pas un bijoutier ne l’a reconnu.

La mort de madame Cambry n’a donné lieu à aucun commentaire. Les amis de la charmante veuve l’ont beaucoup regrettée, et mademoiselle Lestérel la pleure encore. Elle la pleurera toujours.

Gaston Darcy a consacré à la fondation d’un hôpital et d’un asile pour les jeunes filles pauvres la fortune que lui a léguée madame Cambry. Le testament assurait une situation indépendante à dame Jacinthe, qui est allée finir de vivre au fond d’une province éloignée.

Gaston Darcy n’est pas encore magistrat. Mais sa nomination est signée, et il se mariera au mois d’octobre. Son oncle a donné sa démission, et il est allé passer l’été au bord de la mer pour se remettre de violentes secousses qui ont gravement altéré sa santé. Il reviendra pour assister au mariage, et il compte voyager ensuite pendant toute une année.

La disparition de la marquise a fait beaucoup de bruit. On l’a expliquée de cent façons. Quelques-uns n’y ont vu qu’un caprice de grande dame. D’autres ont inventé et répandu des histoires malveillantes. Personne n’a deviné la vérité.

On s’est beaucoup inquiété aussi de savoir où madame de Barancos était allée. On a cru d’abord qu’elle était tout simplement retournée à la Havane. Mais on a fini par savoir qu’elle naviguait dans la Méditerranée sur un yacht dont elle a fait l’acquisition en Angleterre. On l’a vue dans les mers du Levant. Elle a passé les fêtes de Pâques à Jérusalem, et elle habitait au mois de mai un kiosque sur le Bosphore. Plus tard, elle s’est rapprochée de la France. Le yacht qui porte ses couleurs a été signalé dans les eaux de la Sicile, et les gens bien informés assurent qu’elle a acheté près de Palerme une délicieuse villa où elle vit indépendante et solitaire. Elle ne reçoit pas les citadins, et les brigands qui tiennent la campagne la respectent.

Nointel, qui était resté à Paris jusqu’à la fin de juillet, vient de partir sans dire où il allait. Son ami Gaston sait seulement qu’il s’est dirigé vers le Midi, et s’étonne un peu de cette fantaisie. Le capitaine s’en va, en pleine canicule, au pays du soleil. Il est vrai qu’il a longtemps fait la guerre en Algérie et au Mexique. Et puis les amoureux ne se préoccupent ni des saisons ni des climats. Nointel serait allé au pôle Nord, si la marquise s’était mise en tête de se fixer dans les régions arctiques.

Simancas et Saint-Galmier ont fait voile vers d’autres parages, et il est probable qu’on n’aura jamais de leurs nouvelles. Les deux coquins avaient depuis longtemps préparé leur fuite, et ils ont pris le train en sortant de la salle des ventes.

Claudine Rissler est partie pour la Russie avec Wladimir. Elle a emmené Mariette, et la tombe de Julia d’Orcival serait fort négligée si Berthe Lestérel n’en prenait soin. Elle y porte souvent des fleurs, et elle prie Dieu tous les jours pour la courtisane.

Elle prie aussi pour sa bienfaitrice, pour madame Cambry, dont elle bénit la mémoire, et pour sa malheureuse sœur, dont elle élèvera la fille, comme si cette fille était la sienne.

Elle chante encore quelquefois l’air de Martini, mais elle ne s’attriste plus quand elle arrive à la dernière phrase, car elle ne redoute plus que la prophétie s’accomplisse. Pour elle, chagrins d’amour n’ont duré qu’un moment, et elle espère que son bonheur durera autant que sa vie.

Prébord vient de faire une fin. Il épouse les cinq millions de miss Anna Smithson.

Crozon a repris le commandement d’un navire. Les baleines n’ont qu’à bien se tenir.

Fin