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Les origines de la Renaissance en Italie

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VIII

L'œuvre de la Renaissance, que les Communes libres avaient commencée, fut reprise par les tyrans. Les maîtres de l'Italie, qui doivent tout à leur valeur personnelle, cherchent à accroître par l'éclat de la civilisation le prestige de leur propre génie. De Frédéric II et Pierre des Vignes à Léon X et Raphaël, il n'en est pas un peut-être qui n'ait protégé les artistes et les écrivains. L'un des plus cruels et des plus cyniques, Sigismondo Pandolfo Malatesta de Rimini, qui a tué sa seconde et sa troisième femme, et qui se rit insolemment des excommunications papales, comble de bienfaits les lettrés de sa cour et fait édifier par Léo Battista Alberti l'une des églises les plus pures de la Renaissance, où il réserve des tombes pour les érudits qu'il a aimés. Le doux Pie II, qui l'a brûlé en effigie, écrit de lui «qu'il connaissait l'histoire – c'est-à-dire l'antiquité, – comprenait à fond la philosophie et semblait né pour tout ce qu'il entreprenait141». Les guerres civiles et les coups d'État se déchaînaient sur les cités, mais n'atteignaient point ces favoris des princes et du peuple, les hommes qui représentent la vie de l'esprit. Pérouse, ensanglantée et brûlée par les Baglioni, abrite entre les sombres murs de ses palais l'école ombrienne et les années printanières de Raphaël.

Ce rôle libéral des tyrans n'était ni un caprice, ni un calcul de politique médiocre ou ombrageuse. Ils ne demandaient point seulement à la poésie et aux arts, pour eux-mêmes, un délassement et une volupté, pour leurs sujets, une distraction propre à effacer les souvenirs de la liberté. Le Mécénat fut l'un des moyens les plus efficaces de leur gouvernement. Les tyrans étaient des hommes nouveaux qu'aucune tradition ne rattachait au passé de l'Italie. L'état social qui les portait au pouvoir était lui-même une nouveauté pour la péninsule et pour l'Europe. «Dans notre Italie si éprise de changements, écrit Æneas Sylvius, où il n'y a rien de solide et plus une maison ancienne, un simple écuyer peut devenir roi142.» Un régime de cette nature n'a point de plus ferme soutien que l'opinion; il est gravement compromis aussitôt qu'il ne semble plus d'accord avec l'esprit public. Ce fut donc pour les tyrans une nécessité d'entrer résolûment dans la marche d'une civilisation qui se tournait tout entière vers l'avenir. Aussi, dès l'origine des tyrannies, aperçoit-on la tradition à laquelle Laurent le Magnifique, les Sforza, Jules II et Léon X devront la meilleure part de leur gloire. Les tyrans des villes du nord qui, au XIVe siècle, recueillent les débris du parti gibelin, le jeune Cane della Scala, à Vérone, et Guido da Polenta, à Ravenne, se concilient les âmes les plus hautes et les esprits les plus cultivés de l'Italie; le jour où Dante proscrit vient s'asseoir à leur foyer, se forme entre la tyrannie et la Renaissance un concert qui ne fut jamais troublé. Les tyrans sentent bien que les lettrés et les artistes sont, non-seulement la parure de leur cour, mais bien leur cortége naturel et leurs alliés. La société qu'ils gouvernent, après avoir jugé trop étroite la forme municipale, s'est livrée à eux à la condition qu'ils maintiendraient vigoureusement l'autonomie de l'État, et arracheraient pour toujours celui-ci au cadre politique du moyen âge, à la primauté plus ou moins lourde de l'Empire ou du Saint-Siége; mais les artistes, les savants, les poëtes ne sont-ils pas, eux aussi, des libérateurs qui, par la notion juste de toutes choses, par les images de la beauté, les leçons de la sagesse antique, par l'enthousiasme et la joie, affranchissent les âmes de l'autorité impérieuse, des terreurs et des rêves du passé? Certes, dans cette alliance, le plus grand profit fut pour les tyrans. Entre Guido da Polenta, qui envoie Dante comme ambassadeur près du sénat de Venise143, et César Borgia, qui nomme Léonard de Vinci son architecte et ingénieur général144, de combien de services, de conseils, d'œuvres de dévouement les hommes de la Renaissance n'ont-ils pas payé la protection de leurs maîtres! Nous sommes dans un pays où la force, en politique, le cède à l'esprit de finesse, où les chefs de l'État défendent leur maison en pénétrant les vues, les passions et les intérêts de leurs rivaux, où l'issue des plus sérieuses difficultés dépend moins d'une bonne armée que d'une note diplomatique, d'un discours d'ambassadeur, d'un soupçon ou d'une espérance que l'orateur saura éveiller dans l'âme d'un prince voisin. Nulle part les humanistes n'ont mieux mérité leur nom, car jamais la culture intellectuelle qu'ils répandaient autour d'eux n'a eu, sur le jeu des choses humaines, un effet plus visible. Florence, à la fin du XVe siècle, a présenté, dans la cour de Laurent le Magnifique, le chef-d'œuvre de cette civilisation. Les érudits, les philosophes, les architectes, les poëtes forment autour du Magnifique une sorte de conseil de gouvernement; il semble que la république de Platon soit enfin une réalité vivante145; sous les sapins des Camaldules146 ou les cyprès de Fiesole renaissent les graves entretiens et les fantaisies riantes de l'Académie. Le maître de Florence est l'un des plus spirituels poëtes de son temps, et, dans ses Chants carnavalesques, retentit parfois un écho douloureux qui vient d'un âge déjà lointain. Laurent trace lui-même un projet d'architecture pour la façade de Santa-Maria-del-Fiore147. Mais ce platonicien, cet artiste sait tenir dans sa main la ville la plus mobile du monde, le peuple qui se presse aux prédications révolutionnaires de Savonarole. Il meurt, et la Renaissance florentine, déconcertée par un retour trop violent à la démocratie et à l'austérité monacale, décline à vue d'œil. Après lui, la civilisation italienne continuera de fleurir, d'une part, dans la vieille Commune oligarchique de Venise; de l'autre, à Rome, à Milan, à Ferrare, à Urbin. Elle ne peut plus se détacher de la tradition sociale au sein de laquelle elle s'était épanouie.

CHAPITRE IV
Causes supérieures de la Renaissance en Italie.La tradition classique

L'Italie du moyen âge était restée, avec l'antiquité, en communion plus intime que les autres peuples de l'Occident. Elle n'avait pas connu, au même degré que ceux-ci, les cinq ou six siècles de profondes ténèbres qui suivirent, en France et dans l'Allemagne latine, les invasions barbares. Elle gardait vaguement cette notion, effacée partout ailleurs, que l'ancien monde, la Grèce surtout, avait ouvert à l'esprit humain la source des plus nobles conceptions. La Renaissance ne fit qu'achever une culture intellectuelle que les accidents de l'histoire n'avaient jamais abolie. Pétrarque, le premier des grands humanistes, continue une tradition séculaire dont la perpétuité fut l'une des causes originelles de la civilisation italienne.

I

Dans cette tradition, l'antiquité latine est dominante. Plusieurs causes contribuent à maintenir, en Italie, le prestige de la vieille Rome. L'Église adopte le latin; le droit romain persiste, grâce à la politique intelligente des Goths, à la primauté byzantine sous Justinien, à la tolérance des rois lombards, à l'importance que la querelle du Sacerdoce et de l'Empire donne à la loi écrite148. Rome, enfin, qui, malgré des calamités inouïes, ne peut se résigner à la déchéance, garde l'orgueil de son nom, de ses monuments et se console de tant de misères en maintenant dans ses institutions et dans ses mœurs quelques débris du passé et le souvenir de son génie.

 

C'est par Rome, en effet, que l'Italie du moyen âge se rattache d'abord à la civilisation antique. Pour les Italiens, elle est encore la capitale de l'humanité, non pas seulement la ville sainte où siége le vicaire de Jésus-Christ, mais la maîtresse politique de tout l'Occident. La vision de l'Empire romain plane sur toute cette histoire. C'est à Rome que les rois francs et les empereurs germaniques viennent prendre leur couronne. Pour les gibelins, l'Empereur est toujours, d'une façon idéale, le souverain de Rome, l'héritier direct de César et d'Auguste. Dante nous montre la grande cité en deuil et en larmes, qui tend les bras vers lui et qui l'appelle:

 
Cesare mio, perchè non m'accompagne 149 ?
 

Mais Rome est aussi le berceau de la liberté, la République éternelle. Elle a gardé son sénat qui, au XIIe siècle, fait la loi à l'empereur Conrad III; le pape Lucius, qui tente de le chasser du Capitole, périt dans une émeute150. Alexandre III, vainqueur de Frédéric Barberousse, ne rentre dans Rome qu'après avoir conclu la paix avec le sénat151. Chaque fois que la main du Pape ou celle de l'Empereur faiblit, la vieille ville tressaille et se croit revenue au temps des Gracques. Le tribun Crescentius prend le titre de consul et chasse Grégoire V; quelques années plus tard, son fils Jean rétablit la république et l'assemblée du peuple152. En 1145, Arnauld de Brescia propose aux Romains de reformer l'ordre équestre et de rendre aux plébéiens leurs tribuns153. Au XIVe siècle, c'est au tour de Rienzi d'apporter un instant à Rome l'illusion de ses anciens jours et de réveiller la liberté «dans ces vieux murs, dit Pétrarque, que le monde craint et aime encore, et qui le font trembler au souvenir du temps passé».

 
L'antiche mura, ch'ancor teme ed ama,
E trema'l mondo quando si rimembra
Del tempo andato 154.
 

Crescentius, Arnauld de Brescia et Rienzi ont payé de la vie leurs rêves généreux. La restauration républicaine qu'ils ont tentée était peut-être une chimère archéologique; leur politique, tout inspirée des harangues de Cicéron et des récits de Tite-Live, fondée sur l'enthousiasme, fut surtout une œuvre de poëtes et non point, comme les constitutions communales dans le reste de l'Italie, une entreprise conforme à l'état social, à l'organisation intérieure, à la richesse, à l'industrie, aux conditions féodales des cités. Mais c'est justement le caractère poétique et même un peu pédantesque de cette politique qui doit retenir notre attention. L'esprit de la Renaissance italienne s'y manifeste clairement. Les Italiens se sont rapprochés de l'antiquité bien moins par l'imitation des formes de la pensée et de l'art (c'est ainsi que le XVIIe siècle français est revenu aux anciens) que par un retour aux sentiments et aux passions de l'âme antique. Ils se considéraient comme fils légitimes des anciens et prétendaient n'abandonner aucune part de leur héritage intellectuel. C'est pourquoi ils ont embrassé avec une telle tendresse les fantômes du passé. Le peuple romain est l'aîné de la famille. Populus ille sanctus, pius et gloriosus, dit Dante155. C'est donc autour de sa gloire que se forme la première tradition classique de la Renaissance. Au temps de Pétrarque, la piété filiale de l'Italie remontera jusqu'à la Grèce, la grande aïeule; au XVe siècle, à Florence, Platon régnera souverainement. Mais le culte de Rome recevra encore, au XVIe siècle, dans les Discours de Machiavel sur la première Décade de Tite-Live, un dernier témoignage. Machiavel cherchera, dans les maximes de la politique romaine, le secret du salut de la patrie, quelques années seulement avant le Sac de Rome et la ruine définitive de l'Italie.

II

Ce respect, mêlé d'admiration et d'amour pour l'antiquité latine, n'est point le propre de quelques esprits cultivés, tels que Dante, de quelques moines lettrés perdus au fond de leur cellule: c'est un sentiment populaire, une passion vivante. Il est resté du paganisme dans les âmes, et Rome dévastée, les temples envahis par les ronces, les statues mutilées des dieux, le Forum et le Colisée hantés par les bêtes fauves, parlent encore mystérieusement au cœur du peuple. A la fin du VIe siècle, on lit solennellement Virgile au forum de Trajan; les poëtes viennent y déclamer leurs ouvrages et le sénat donne aux vainqueurs un tapis de drap d'or156. Ce sera longtemps une gloire de recevoir au Capitole le laurier poétique. Les Romains se réjouissent de voir Théodoric relever les monuments et sauver les statues de leur ville157. Un jour, Grégoire le Grand, qui n'aimait point le paganisme, parlant à la foule, s'écria: «Rome, autrefois la maîtresse du monde, en quel état se trouve-t-elle aujourd'hui? Où est le sénat? Où est le peuple? Les édifices mêmes tombent et les murailles croulent de toutes parts158». Toutes sortes de légendes fleurissent dans la ville apostolique, et les superstitions païennes envahissent la religion populaire. On croit aux Sibylles, qui ont eu la révélation du Messie; on leur donnera bientôt, dans les églises, une place à côté des prophètes juifs. Les Mirabilia Urbis Romæ159 sont pleins de ces fables sorties des ruines de Rome. Les souvenirs de plus en plus indécis du paganisme ont pour les imaginations un charme étrange. Les légendes germaniques du fidèle Eckart et du Tannhäuser doivent être d'origine italienne; elles mettent en présence, dans Rome, le pape et l'amant de Vénus; la montagne de Vénus s'élève en Italie aussi bien qu'en Allemagne160. Au XIIe siècle, un souffle tiède de Renaissance toute païenne vivifie les poésies en langue latine des Clerici vagantes, ces clercs ou étudiants voyageurs qui, partis d'Italie, et particulièrement de Lombardie, portent dans toute l'Europe leur belle humeur, leur goût du plaisir et un sentiment très-délicat de la beauté161. Ils se jouent de l'Église, et chantent la messe du dieu Bacchus:

 
Introibo ad altare Bacchi,
Ad eum qui lætificat cor hominis 162.
 

Ils profanent le texte de l'Évangile163 et médisent de la cour pontificale164; ils croient, dit un contemporain, «plus à Juvénal qu'aux prophètes; ils lisent Horace au lieu de saint Marc»:

 
 
Magis credunt Juvenali,
Quam doctrinæ prophetali,
Vel Christi scientiæ.
Deum dicunt esse Bacchum,
Et pro Marco legunt Flaccum,
Pro Paulo Virgilium 165.
 

Mais le chanteur vagabond qui a écrit la poésie:

 
Dum Dianæ vitrea sero lampas oritur 166,
 

avait reçu un rayon du génie antique; ces singuliers épicuriens font pressentir, d'un côté, l'incrédulité railleuse de Pulci, de l'autre, ils rappellent la grâce des Muses profanes et l'Italie virgilienne.

III

Virgile fut, avec Rome, pour le moyen âge italien, le symbole du monde antique. Il avait survécu au triomphe du christianisme, au passage des barbares; l'Énéide fut le dernier livre que les clercs et les grammairiens étudièrent assidûment au lendemain des invasions. L'Italie entoura d'un amour infini le poëte qui avait si pieusement chanté Rome et la terre de Saturne. Les lettrés saluaient en lui le docteur de la sagesse païenne; les gibelins lui savaient gré d'avoir parlé magnifiquement des droits et des destinées de l'Empire; les chrétiens, que charmait sa douceur virginale, voulaient trouver dans ses vers l'annonce du Messie et la vision de la Jérusalem céleste:

 
Tu se' lo mio maestro e lo mio autore,
 

lui dit Dante, et toute l'Italie, les clercs, les savants et le peuple, l'ont pensé depuis bien des siècles. Virgile n'est pas moins populaire que Rome167, et dans la première tradition classique de la péninsule, il ranime les souvenirs de Naples, de la Grande Grèce, des régions infernales ou élyséennes, Cumes, le lac Averne, le cap Misène. On honore son tombeau sur la colline de Pausilippe. Les simples le regardent comme un magicien, un évêque, un mathématicien, un astrologue, un prophète, un saint; Innocent VI imagine que Pétrarque, lecteur assidu de Virgile, est lui-même un peu sorcier168. Virgile n'a-t-il pas construit un palladium qui doit rendre Naples imprenable; n'a-t-il pas été, dans les temps très-anciens, «duc de Naples»? Nos trouvères recueillent sa légende et l'arrangent à leur façon; dans leurs récits, l'enchanteur italien joue même un rôle assez triste; les femmes «assottent» le chantre de Didon.

 
Par femme fut Adam déçu,
Et Virgile moqué en fut.
 

Encore aujourd'hui, dans les pays perdus de la terre d'Otrante, les chansons de village gardent la mémoire de son nom et de ses doux sortiléges169. Jamais poëte ne fut plus véritablement national. Lorsque, dans le Purgatoire, Sordello embrasse Virgile avec un cri si touchant,

 
O mantovano, io son Sordello
Della tua terra 170,
 

c'est l'Italie elle-même qui rend hommage au plus grand précurseur de sa Renaissance.

IV

L'usage du latin entretenait, dans la péninsule entière, le prestige de l'antiquité, quelque gâté qu'il apparaisse à certains moments, tels que la période lombarde. On prêcha en latin jusqu'au temps de saint François et de saint Antoine. Il est certain qu'au XIIIe siècle encore on haranguait la foule en latin dans les délibérations politiques. Le peuple chantait des poésies latines. On plaidait en cette langue que parlaient couramment les jurisconsultes et les gens d'affaires. Le profond travail des écoles, des universités et des monastères explique cette continuité de la culture classique171.

Il faut distinguer ici deux courants intellectuels qui traversent l'Italie du moyen âge en la fécondant, d'une part, les écoles laïques, issues des anciennes écoles impériales et qui aboutissent aux grandes universités; de l'autre, les écoles ecclésiastiques et les ordres religieux, pour lesquels l'étude est une discipline et un moyen d'apostolat.

Les grammairiens ne cessèrent de tenir leurs écoles ni sous les Goths, ni sous les Lombards, ni sous les Francs. Au VIIIe siècle, Paul Diacre se formait près des maîtres de Pavie172; au IXe, Bénévent, à l'extrémité du royaume lombard, comptait trente-deux professeurs de lettres profanes173. Au Xe, l'évêque de Vérone permet à ses clercs de suivre les écoles laïques; au XIe, Pierre Damien s'afflige de voir les moines s'y précipiter; dans le même temps, le poëte allemand Wippo écrit: «Toute la jeunesse en Italie va suer aux écoles174 et s'y exerce dans les lettres et la science des lois.» Le droit prend, dès lors, une place considérable dans l'éducation publique; la révolution communale oblige les Italiens à l'étudier de près afin de soutenir leur procès contre l'Empire et l'Église. Bologne, Mater studiorum, fonde l'enseignement de la jurisprudence, «science des choses divines et humaines». Frédéric Barberousse accorde des priviléges aux maîtres et aux disciples. Au XIIIe siècle, cette université compta dix mille étudiants à la fois. Ils étaient pleins de zèle pour l'étude, selon le professeur de Digeste, Odofredo, mais payaient mal les leçons extraordinaires. «Scholares non sunt boni pagatores. Scire volunt omnes, mercedem solvere nemo. Non habeo vobis plura dicere: eatis cum benedictione Domini.» Le pape Honorius III félicite Bologne de distribuer au monde entier le pain de la science et de former les chefs —condottieri– du peuple de Dieu. Vers 1260, Padoue est dans tout son éclat. La maison de Souabe favorise Naples et Salerne, sede e madre antica di studio. A Ferrare, les professeurs de droit, de médecine, de grammaire et de dialectique sont dispensés du service militaire. Innocent IV et Boniface VIII protégent dans l'université de Rome l'enseignement du droit civil175. Les papes d'Avignon, que les Italiens ont si fort maltraités, encouragent les écoles de Rome, de Florence, de Bologne, de Pérouse176. Les lettres pures, la grammaire et l'éloquence sont cultivées avec ardeur, à côté du droit romain, à Florence et à Bologne. On commente sans relâche l'Énéide et les Métamorphoses177. Buoncompagno, qui enseignait à Bologne vers 1221, est qualifié par Salimbene de «grand maître de grammaire et docteur solennel». Un de ses livres fut couronné en grande pompe en présence des maîtres de l'université et des étudiants. Gherardo de Crémone, Bonaccio de Bergame, Galeotto ou Guidotto, le traducteur de la Rhétorique de Cicéron, ont pareillement illustré les chaires littéraires de Bologne178. Au temps de Pétrarque, l'École semble être la grande préoccupation de l'Italie. Le XIVe siècle voit instituer les universités de Fermo (1303), de Pérouse (1307), de Pise (1339), de Florence (1348), de Sienne (1357), de Pavie (1369)179. On montrera plus loin à quel degré de culture intellectuelle pouvait s'élever l'esprit italien vers la fin du XIIIe siècle.

V

L'Église avait aidé puissamment à ce progrès de la civilisation. La tradition littéraire des Pères, si soigneusement entretenue dans les premières chrétientés de la Gaule et de l'Espagne, garda en Italie toute son autorité. Cassiodore, à la fin du Ve siècle, commence une recherche des livres anciens qui ne fut guère interrompue au sein des ordres monastiques. Sans doute, les moines ont détruit bien des manuscrits. On n'a pas réfuté le récit de Boccace, que rapporte Benvenuto d'Imola, sur la bibliothèque du mont Cassin, ouverte à tous les vents, sur les parchemins précieux découpés en amulettes et vendus aux femmes. En 1431, Ambroise le Camaldule écrivait sur les basiliens de Grotta Ferrata: «Vidimus ruinas ingentes parietum et morum, librosque ferme putres atque concisos180.» Mais, de même que, dans ces instituts, la règle canonique a souvent fléchi et qu'il fallut la rétablir d'une main assez rude, la discipline intellectuelle s'est plus d'une fois relâchée et les bonnes études ont pâti alors comme les bons livres. Il ne s'agit point ici des ordres qui, tels que les franciscains, faisaient profession d'ignorance. Et non curent nescientes litteras litteras discere, avait dit le fondateur181. En dépit de cette maxime indulgente, ils eurent cependant quelques docteurs assez savants pour troubler l'école de saint Thomas. Mais l'Église avait confié à des ordres plus studieux, aux bénédictins, puis aux dominicains, le soin de veiller aux intérêts des lettres. Comme elle fut longtemps la maîtresse de la civilisation, elle aurait pu, en sept ou huit siècles, tout détruire et consommer dans le domaine intellectuel, d'une façon irréparable, l'œuvre des invasions. Par ses écoles épiscopales et ses grands monastères, elle sauva en partie les trésors de l'esprit humain.

Le plus curieux document relatif à l'enseignement religieux en Italie est l'édit de Lothaire (825) qui, fidèle à la politique de son aïeul Charlemagne, fixe les circonscriptions scolaires de Pavie, Ivrée, Turin, Crémone, Florence, Fermo, Vérone, Vicence, Cividal del Friuli182. Ces écoles, présidées par les évêques, traversèrent les mauvais jours du Xe siècle et se multiplièrent dès le XIe. A cette époque, Milan en possède deux, où l'on trouve des prêtres versés dans les lettres grecques et latines183. L'école du Latran, à Rome, continue la tradition un peu étroite de saint Grégoire. A Naples, saint Athanase oblige ses clercs soit à étudier la grammaire, soit à copier les livres184.

Au-dessus de tous ces pieux instituts, qui méprisent un peu trop les fables profanes et les écrits des Gentils, «chansons de nourrices185», s'élèvent les grandes maisons monacales du mont Cassin, de Bobbio, de Novalesa, de Nonantola. Elles possédaient, aux IXe et Xe siècles, des bibliothèques, déjà riches en auteurs anciens échappés à la torche des Sarrasins. Le catalogue de Bobbio, publié par Muratori186, est remarquable; on y trouve, en nombreux exemplaires, Aristote, Démosthène, Cicéron, Horace, Virgile, Lucrèce, Ovide, Juvénal. En ce temps, Loup, abbé de Ferrières, demande à Benoît III l'Orateur de Cicéron, les Institutions de Quintilien et le Commentaire de Donat sur Térence187. Gerbert, devenu pape, envoie au couvent de Bobbio, dont il a été l'abbé, une multitude de manuscrits188. Ce savant pontife connaissait Cicéron, César, Pline, Suétone. «Tu sais, écrivait-il à un ami, avec quel soin je recueille partout des livres189.» Les moines du mont Cassin s'exercent, au XIe siècle, à la poésie latine et aux compositions historiques190. Ils ornent de miniatures très-fines, enchâssées dans l'or et l'azur, les missels et les antiphonaires de l'abbaye191. Au XIIIe siècle, ils donnent à Thomas d'Aquin sa première éducation. Le jeune homme, qui voyait clair dans l'état de l'Église et de la société, ne demeura point dans un ordre où l'on usait tant de papier:

 
la regola mia,
 

dit saint Benoît dans le Paradis,

 
Rimasa è giù per danno delle carte 192.
 

Il alla à l'Église militante, chez les dominicains. Ceux-ci ont brûlé beaucoup de livres, en qualité d'inquisiteurs, mais ils en lisaient aussi beaucoup. Il faut leur tenir compte du goût qu'ils ont eu pour les études grecques193. On a vu plus haut quelle petite fortune le grec avait trouvée dans la France du moyen âge. Ce fut l'une des forces intellectuelles de l'Italie de ne jamais perdre de vue l'étoile polaire de la Grèce.

VI

La Grèce, en effet, ne fut point pour elle, comme pour la France, un nom vaguement gardé dans le souvenir, une pure abstraction ensevelie dans de vieux livres où l'on ne sait plus lire. C'était une réalité très-voisine, longtemps encore après la chute de l'Exarchat, que les armateurs de Venise, de Gênes, de Pise, d'Amalfi, voyaient face à face chaque année. Une grande partie de la Sicile était peuplée de Grecs, qui parlent encore aujourd'hui leur langue dans quelques villages194. Au VIIIe siècle, l'Église sicilienne s'était séparée de Rome et rattachée au patriarchat de Constantinople. Nous avons, du IXe, un recueil d'homélies grecques de Teofano Cerameo, archevêque de Taormine195. Les chroniques normandes du XIe siècle distinguent toujours les Grecs des chrétiens196. A cette époque, Palerme possédait une population grecque importante; le jour où Roger entra dans cette ville, la messe d'actions de grâces fut célébrée par un archevêque grec, Nicodémos197.

La Grande Grèce avait maintenu, dans un certain nombre de villes du littoral, sa race et son idiome. Du XIIIe au XVIe siècle, les écoles d'Otrante et de Nardo furent florissantes198. Jusqu'au XIe siècle, les chartes rédigées en grec des archives de Naples et de Sicile montrent que l'usage de cette langue persistait dans l'Italie méridionale199. Sergius, duc de Naples au IXe siècle, traduisait couramment en latin le livre grec qu'il ouvrait200. Dans le même temps, à l'abbaye de Casauria, on disputait sur Platon et sur Aristote201. A partir du XIe siècle, les moines basiliens, qui étaient nombreux surtout en Calabre, se servirent du grec pour la liturgie202. Celle-ci était d'ailleurs pratiquée depuis longtemps dans Naples même203. L'Église se préoccupait toujours du schisme d'Orient et des moyens d'y mettre fin. C'est ainsi que l'Italie, qui touchait de si près à la Grèce, était ramenée sans cesse, par ses intérêts religieux comme par ses relations de commerce, à la langue grecque, et, par conséquent, aux livres de l'hellénisme.

Boëce «le disciple d'Athènes», selon Cassiodore, avait traduit un grand nombre d'auteurs grecs204. L'Irlandais saint Colomban, fondateur de Bobbio, dont la règle oblige à la connaissance du grec, laissa, dans l'Italie du nord, des traces savantes205. Aux VIIe et VIIIe siècles, les papes Léon II et Paul Ier, qui envoya à Pépin le Bref la Dialectique d'Aristote; Étienne IV et Léon IV, au IXe, se rattachèrent à la même tradition, fortifiée encore par les institutions carlovingiennes. Le Bibliothécaire Anastase (870), l'auteur du Liber Pontificalis, traduisit beaucoup d'ouvrages grecs206. Pierre de Pise, Paul Diacre, Jean de Naples, Domenico Marengo, Pierre Grossolano, Mosè di Bergamo, Leone Eteriano, Burgundio da Pisa, Bonnacorso da Bologna, Nicolas d'Otrante, entre le VIIIe et le XIIIe siècle, emploient le grec à la théologie ou à la réfutation du schisme; Papias, au XIe siècle, cite des vers d'Hésiode; Jacobo da Venezia, au XIIe, traduit plusieurs livres d'Aristote; au XIIIe siècle, Bartolomeo de Messine traduit les Morales d'Aristote; Jean d'Otrante chante en vers grecs Frédéric II; Guido delle Colonne écrit un ouvrage sur la guerre de Troie, où il témoigne de la connaissance d'Homère207. En 1339, le moine Barlaam, envoyé d'Andronicus, vint de Constantinople à Avignon pour traiter avec le pape du rapprochement des deux Églises. C'était, selon Boccace, un homme très-savant208; il était originaire de Seminara, colonie grecque voisine de Reggio. Pétrarque se lia avec lui209. Le moine inspira au poëte un désir ardent de connaître la langue d'Homère; il lui en apprit les premiers éléments. Barlaam fut le bibliothécaire du roi Robert de Naples, qui était curieux de manuscrits anciens, et fit traduire Aristote210. Quelque temps après, un compatriote et disciple de Barlaam, le Calabrais Leonzio Pilato, parcourait l'Orient et y étudiait à fond la langue grecque. Il fut l'hôte de Boccace pendant trois ans, et, en 1363 et 1364, le familier de Pétrarque à Venise. C'est lui qui, à la prière de Boccace et de Pétrarque, et aux frais de ce dernier, entreprit de traduire Homère en latin. Il mérite d'être regardé comme le rénovateur des études grecques en Occident.

La tradition classique en Italie était entrée dans sa plénitude. Il n'y aura pas désormais, dans l'histoire de la Renaissance, de fait plus constant que cette éducation, chaque jour plus avidement recherchée, du génie italien par l'antiquité grecque. Le concile de Florence, la prise de Constantinople et l'exode des lettrés byzantins, la protection des papes lettrés du XVe siècle, les progrès du platonisme, le déclin de la foi chrétienne, le paganisme qui pénètre de plus en plus les mœurs comme les esprits, tout aidera à la fortune de l'hellénisme. A la fin du XIVe siècle, le dominicain Giovanni Dominici se plaint déjà de la culture toute profane des âmes que l'histoire de Jupiter et de Vénus enlève aux enseignements du Saint-Esprit, et que les livres grecs habituent à l'incrédulité211. Au XVIe siècle, quand la Renaissance franchira les Alpes, la plupart des grands humanistes, en France, dans les Pays-Bas, en Allemagne, se rattacheront à la Réforme, au parti religieux qui s'efforça de ramener le christianisme à l'austérité primitive212. Si l'évolution morale de l'Italie se fit plutôt dans le sens du paganisme, c'est qu'elle avait commencé, d'une façon latente, depuis plusieurs siècles; Chrysoloras, Philelphe, Gémisthe Pléthon, Marsile Ficin, Politien enseignèrent et écrivirent non-seulement au sein d'une société de lettrés et d'érudits, mais en face de tout un peuple qui n'avait jamais perdu de vue les traditions de l'esprit humain. Une longue continuité de souvenirs et de connaissances explique ainsi l'un des traits les plus remarquables de la Renaissance italienne: la conciliation, que l'Église accepta longtemps et qu'approuvait le sentiment populaire, de la civilisation antique et de la civilisation catholique; c'est en Italie seulement, et dans le palais des papes, qu'un peintre pouvait placer en présence l'une de l'autre la Dispute du Saint-Sacrement et l'École d'Athènes.

141Voigt, Enea Silvio de' Piccolomini, t. III, p. 123. – Pii II, Comment., lib. II.
142De dict. et fact. Alphonsi. Op. fol. 475.
143Villani, lib. IX, cap. 136.
144Archiv. Melzi.
145Reumont, Lorenzo de' Medici, t. II, ch. I-VI.
146V. les Disputationes Camaldulenses.
147Vasari, Vita di Andrea del Sarto.
148Tiraboschi, Storia, t. III, lib. I, cap. 6.
149Purgat., VI, 114.
150Sismondi, Répub. ital., t. II, p. 36.
151Id., ibid., p. 255. Au XVe siècle, le sénateur et le chancelier de Rome ont encore un rôle pompeux dans les cérémonies d'État. V. Augustini Patricii Senensis descriptio adventus Frederici III Imperatoris ad Paulum Papam II. Ap. Mabillon, Museum Italicum, t. I, p. 258.
152Sismondi, ibid., p. 166.
153Id., ibid., t. II, p. 40.
154Canz. II.
155Nobilissimo populo convenit omnibus aliis præferri: Romanus populus fuit nobilissimus: ergo convenit ei omnibus aliis præferri. De Monarchia, lib. II.
156Ozanam, Docum. inéd. pour servir à l'hist. de l'Italie depuis le VIIIe siècle jusqu'au XIIe, p. 6.
157Tiraboschi, Storia, t. III, lib. I, cap. 7.
158Dissoluta mœnia, eversas domos, ædificia longo senio lassata. Dialog., II, 15.
159Ap. Mabillon. – Comp. Graphia aureæ Urbis Romæ, Ozanam, Docum. inéd.
160Grimm, Deutsche Mythol., 817, 888, 1230.
161Giesebrecht, De literar. stud. apud Italos primis medii ævi sæcul. Berol., 1845.
162Wright and Halliwell, Reliq. antiq., t. II, p. 108.
163Initium sancti Evangelii secundum Marcas argenti.– Édel. Du Méril, Poés. popul. latines antér. au douzième siècle, p. 407.
164Comp. la Satire de Pierre des Vignes, Vehementi nimium commotus dolore, ap. Du Méril, Poés. popul. latines du moyen âge, p. 163.
165Anzeig. für Kunde der deutschen Vorzeit, 1871, 232.
166Carmina Burana. Biblioth. des literar. Vereins in Stuttgart, t. XVI.
167«Mille légendes se formèrent, dont il faut chercher l'origine ou dans les noms défigurés de ses parents, ou dans la connaissance incomplète de certaines parties de ses œuvres.» Eug. Benoist, Œuvres de Virgile, 2e édit., t. I. Notice.
168Le Clerc, Discours, t. I, p. 25.
169Domenico Comparetti, Virgilio nel medio Evo. Livorno, 1872. – Édel. du Méril, Mélanges archéol. Paris, 1850.
170VI, 74.
171Ozanam, Docum. inéd., p. 65, 68, 71, 73. – Fauriel, Dante, t. II, p. 352, 379, 429.
172Tiraboschi, Storia, t. III, lib. III, cap. 3.
173Pertz, Monum. Germ. script., III, 534.
174Tiraboschi, Storia, t. III, lib. IV, cap. 2.
175Tiraboschi, Storia, t. IV, lib. I, cap. 3.
176V. Le Clerc, Discours, t. I, 1re part.
177Ozanam, Docum. inéd., p. 24.
178Tiraboschi, Storia, t. IV, lib. III, cap. 5.
179V. Le Clerc, Discours, t. I, p. 300.
180V. Le Clerc, Discours, t. I, p. 361.
181Wadding, Annal. Minorum, t. II, p. 67.
182Tiraboschi, Storia, t. III, lib. III, cap. 1.
183Muratori, Scriptores, IV, 92.
184Ozanam, Docum. inéd., p. 41.
185Gumpoldus, ap. Pertz, Monum., IV, 213.
186Antiq. ital., t. III, p. 840.
187Tiraboschi, Storia, t. III, lib. III, cap. 1.
188Dantier, Monast. bénédict. d'Ital., t. II, p. 30.
189Tiraboschi, Storia, t. III, lib. III, cap. 1.
190Id., ibid., t. III, lib. IV, cap. 2.
191Dantier, Monast. bénédict., t. I, p. 400.
192XXII, 74.
193Hist. litt. de la France, t. XXI, p. 143, 216.
194Par ex., à Piano de Greci; de même aussi en Pouille et en Calabre.
195Amari, Storia dei Musulmani di Sicilia, t. I, p. 485 et suiv.
196Id. Ibid., t. II, p. 398; III, p. 204.
197Amari, Storia dei Musulmani di Sicilia, t. III, p. 130.
198Tiraboschi, Storia, t. III, lib. II, cap. 2.
199Ambr. Firmin-Didot, Alde Manuce et l'Hellénisme à Venise, p. 17.
200Muratori, Scriptor., t. II, 2.
201Ozanam, Docum. inéd., p. 42.
202Ambr. Firmin-Didot, Alde Manuce, p. 17.
203Tiraboschi, Storia, t. III, lib. II, cap. 3.
204Tiraboschi, Storia, t. III, lib. I, cap 1.
205Ozanam, Études germaniques.
206Tiraboschi, Storia, t. III, lib. II, cap. 3; lib. III, cap. 1.
207Ambr. Firmin-Didot, Alde Manuce, XXVI. – Tiraboschi, Storia, t. III, lib. IV, cap. 3; t. IV, lib. II, cap. 2; lib. III, cap. 1.
208De Genealog. Deor., XV, 6.
209Epist. famil., XVIII, 2. Epist. senil., XI, 9. De sui ips. et multor. ignor., 1162.
210Ambr. Firmin-Didot, Alde Manuce, XXVIII.
211Regola del governo di cura familiare. Firenze, 1860.
212V. notre ouvrage, Rabelais, la Renaiss. et la Réf., 1re part., ch. II et III.