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Mariages d'aventure

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XI

Ferdinand était plus fier cent fois qu’un triomphateur romain, le soir où, après trois semaines d’absence, il fit son entrée à la Fresnaie, suivi de son ami Hector.

On attendait les voyageurs. La maison avait cet air de fête qui trahit au dehors la joie de ceux qui l’habitent. Tenue au courant, par son mari, de tout ce qui se passait à Paris, madame Aubanel avait ménagé à Hector la plus douce des surprises. A force d’éloquence, elle avait décidé madame d’Ambleçay à venir dîner à la Fresnaie avec sa fille. La baronne avait essayé de résister, mais quelles bonnes raisons pouvait-elle donner? Sir James lui avait officiellement notifié la rupture, et elle lui avait répondu pour lui rendre sa parole.

C’est donc Louise que la première Hector aperçut lorsqu’il entra dans le salon, et le regard qu’échangèrent les deux amants fut comme un long poème, qui disait leurs angoisses passées et leur félicité présente.

Hector était bien loin de s’attendre à un tel bonheur; il avait redouté de nouveaux obstacles; aussi fut-il obligé, pour ne pas tomber, de chercher un point d’appui sur le bras de son ami, tandis qu’il s’inclinait respectueusement devant la baronne.

– Si j’ose reparaître devant vous, madame, lui dit-il d’une voix tremblante d’émotion, c’est que j’ai rempli les conditions que vous aviez cru devoir m’imposer.

Et il lui présenta une lettre.

Cette lettre était celle où M. et madame Blandureau avaient l’honneur d’informer leurs amis et connaissances du mariage de mademoiselle Aurélie Blandureau, leur fille, avec sir James Wellesley.

S’il y avait «sir» et non pas «mylord,» ce n’était pas la faute de l’ancien négociant; il avait eu à ce sujet une discussion de plus de deux heures avec le baronnet.

Madame d’Ambleçay parcourut rapidement cette lettre qui ne lui apprenait rien de nouveau, et s’adressant à sa fille:

– Eh bien! ma pauvre enfant, dit-elle d’un ton de fausse tristesse, voici que M. Wellesley t’abandonne pour une autre.

Depuis plus de quinze jours déjà mademoiselle Louise se réjouissait de cette bienheureuse trahison, elle fit cependant tous ses efforts pour paraître surprise: elle essaya même, – voyez la perfidie, – une petite moue chagrine. Mais elle était mal exercée à la dissimulation, et ses yeux brillants de joie donnaient à son air dépité un éclatant démenti.

– Et quand se marie M. Wellesley? demanda la baronne à Hector.

– Le trois du mois de mai prochain, répondit Ferdinand, grâce à ma diplomatie qui a fait hâter le mariage.

– Eh bien! reprit madame d’Ambleçay, je crois que nous pouvons faire nos préparatifs pour cette époque.

Et, prenant la main de sa fille, elle la mit dans la main d’Hector.

M. et madame Hector Malestrat sont aujourd’hui fixés en Touraine. Ils habitent le château d’Ambleçay en attendant que soit achevée la jolie maison qu’ils font construire à une lieue de la Fresnaie.

Hector ne retourna jamais à Bordeaux, et si vous ouvrez les Petites Affiches, vous y lirez probablement:

A VENDRE, dans un des plus jolis quartiers de Bordeaux, l’hôtel Malestrat, entièrement remis à neuf et magnifiquement décoré.

Mademoiselle Aurélie, devenue madame Wellesley, règne à Follingham-Castle, le manoir de son mari, dans le Lincolnshire.

Son nom de demoiselle ayant été par hasard prononcé devant quelques-unes des châtelaines du voisinage, elle n’a pas hésité à leur faire entendre que les Blandureau sont alliés aux premières familles de France.

Madame Wellesley, adorée d’un mari qu’elle aime, est d’ailleurs si heureuse, qu’elle ne songe même pas à souhaiter la mort de cet oncle qui doit lui léguer le titre de lady.

Ni Hector, ni sir James, s’ils ont des enfants, ne s’aviseront d’arrêter vingt ans à l’avance leur établissement, ils savent trop ce qu’il en coûte.

– Les promesses de mariage faites par les parents, dit M. Blandureau, sont des lettres de change tirées sur l’avenir, le plus inexact de tous les débiteurs.

Et le hasard est et restera toujours le premier des négociateurs en mariages.

FIN