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Victor, ou L'enfant de la forêt

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CONCLUSION

Après avoir soumis à mon lecteur les lettres qu'il vient de lire, et qui lui ont appris, avec leurs détails, la mort du généreux Fritzierne, ainsi que l'espèce de résurrection de notre intéressant Victor, il ne me reste plus qu'à l'instruire de ce qui se passa, entre nos amis, depuis la convalescence du fils d'Adèle.

Victor se rétablit très-promptement; et, cédant aux consolations de tous ceux qui lui étaient chers, il oublia, autant qu'il lui fut possible, et sa maladie, et la mort funeste de Roger, qui l'avait causée. Clémence était libre maintenant de lui donner la main, et Clémence, seule héritière du nom et des grands biens d'un des plus riches seigneurs de l'Allemagne, se glorifiait de faire le bonheur de son amant. Elle en parla donc à Victor, qui en fut pénétré de reconnaissance, ainsi qu'à M. de Rosange, qui fut ravi de cet hymen. En conséquence, dès que Victor eut recouvré ses forces, Clémence, Victor, Rosange, Valentin, et Berthe, qui avait eu le temps de revenir de Bodwits, où elle avait arrangé ses petites affaires, tous nos amis furent saluer le sensible duc d'Autriche, qui les accabla de présens, en leur promettant sa protection pour la vie; puis ils retournèrent en Bohême, où les attendaient Fritz et son père.

Quelles émotions diverses éprouvèrent Clémence et Victor, à la vue du manoir de Fritzierne, qui avait vu s'élever leur enfance sous les auspices du meilleur des pères, du plus généreux bienfaiteur! Victor et Clémence, se tenant par le bras, versèrent ensemble des larmes, excitées par les mêmes sentimens. Ils examinèrent l'extérieur de la forteresse, et se dirent réciproquement: Voilà tes croisées, Victor. – Voilà ton appartement, Clémence; ce fut là que je chantai une romance plaintive, la première fois que j'eus l'intention de te fuir. – Et cette petite porte, Victor, la reconnais-tu? ne fut-elle pas ouverte tour-à-tour pour deux amans malheureux? – Ô Clémence! qui nous aurait dit qu'après tant de maux, nous arriverions au même point d'où nous étions partis? – Victor, entrons, soutiens-moi; le cœur me bat: hélas! le maître de ce château, mon père, ton bienfaiteur, il y est encore, Victor, mais il ne peut plus recevoir nos embrassemens… Ah! mon ami, j'ai abrégé les jours d'un père, ce remords sera toujours là toute ma vie…

Victor s'efforça de consoler Clémence: le pont-levis s'abaissa devant eux, ils entrèrent; et Fritz, ainsi que son père, se précipitèrent dans leurs bras. Après avoir donné quelques jours au repos, on s'occupa des derniers devoirs à rendre aux restes précieux du baron; et cette cérémonie religieuse et triste se fit avec toute la pompe qu'exigeait le rang de M. de Fritzierne. Son corps fut déposé dans le parc, en face du bosquet où reposait celui de la pauvre madame Germain. Une superbe pyramide fut élevée sur le cercueil du baron: on y grava ces mots:

L'an 1699, fut déposé le corps d'Alexandre Bolosqui, baron de Fritzierne. La tendresse paternelle et la bienfaisance firent le charme de ses jours; elles le conduisirent au tombeau! Passant, arrête-toi; pleure, pleure sur cette pierre, que placèrent sur sa tombe sa fille désolée et son gendre Victor, l'Enfant de la forêt

M. de Rosange, qui assista à ce convoi funèbre, versa des larmes, sur-tout, sur la tombe de madame Germain, son ancienne amie, la confidente de ses amours, et la victime des erreurs de sa fille.

Quand tous ces embarras furent terminés, mademoiselle de Fritzierne épousa solemnellement son cher Victor, dans la chapelle de son château; et les deux époux, heureux enfin, et réunis pour la vie, ne songèrent plus qu'à partir, avec M. de Rosange, pour la France, où ils voulaient se fixer. Les malheurs de Victor, sa naissance, toutes ses aventures, avaient fait trop de bruit en Allemagne, pour qu'il pût s'y fixer. Le monde est méchant et jaloux: le bonheur actuel de Victor, ses grandes richesses, pouvaient exciter la médisance; on eût peut-être osé le nommer le fils de Roger, titre qui inspirait l'horreur et l'effroi: il valait mieux s'expatrier, et chercher ailleurs un sol qu'il n'eût point arrosé de ses larmes, des hommes pour qui il fût absolument nouveau! c'est ce qu'il fit.

Victor et son épouse vendirent donc toutes leurs propriétés d'Allemagne, ainsi que leur superbe château, en se réservant seulement la portion du parc où reposaient leur père et madame Germain: ce jardin devait rester dans leur famille, et passer à leurs enfans, sans qu'ils pussent s'en défaire, ainsi qu'ils avaient le projet de leur en prescrire la loi. Ce n'est pas que nos deux époux qui allaient habiter une autre contrée, voulussent venir de temps en temps visiter cet asyle des morts; mais ils le gardèrent par respect pour la mémoire d'un père infortuné.

Ils donnèrent à Fritz, une de leurs terres de Silésie; où ils le déterminèrent à vivre avec son père, qui faible et presqu'en démence, avait besoin de tous les soins de la piété filiale. Puis ils partirent, avec Rosange, Berthe et Valentin: après un voyage assez long, ils arrivèrent à Paris, le 20 janvier de l'année 1701, et descendirent à la place royale, dans l'hôtel même de M. de Rosange, que des subalternes fidèles avaient gardé pendant la longue absence de leur maître. Victor ensuite, qui prit le nom de Rosange, d'après le vœu et le testament que son aïeul avait déjà fait en sa faveur, Victor acheta un magnifique hôtel dans le fauxbourg S. – Germain, près de la rue de Condé, qu'avait autrefois habité madame du Sézil, et nos deux époux s'y retirèrent avec M. de Rosange, qui ne voulut point les abandonner. Ce fut même dans ce quartier-là, qu'ils retrouvèrent Henri, marié avec Constance, et qui, comme nos héros, était passé en France avec ses parens.

Victor et son épouse s'aimèrent toujours: Valentin les servit jusqu'à sa mort, avec Hyacinthe, cet enfant adopté par madame Germain, et que Valentin avait retiré, en Bohême, des mains de la fermière à qui il l'avait confié: Hyacinthe fut un bon serviteur, et heureux chez ses maîtres. La bonne Berthe eut la garde de la porte de l'hôtel, et fut accablée de bienfaits. M. de Rosange mourut très-âgé, et Victor et Clémence vécurent très-long-temps: ils eurent des enfans qui leur fermèrent les yeux, et qui, en héritant de leur nom, de leurs grands biens, profitèrent de l'exemple de leurs malheurs, de leur courage, de leur constance, et furent vertueux.

FIN