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Histoire des Musulmans d'Espagne, t. 3

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A la nuit tombante les vizirs convoquèrent les principaux habitants de Cordoue dans la mosquée et se consultèrent avec eux sur ce que l’on ferait de Hichâm. On résolut de l’enfermer dans une forteresse qu’on nomma et de le faire partir sans délai. Quelques chaikhs furent chargés d’aller communiquer cette décision au captif.

Quand ils furent arrivés dans le corridor, un triste spectacle frappa leurs regards. Ils trouvèrent Hichâm assis sur les dalles et entouré de ses femmes qui pleuraient les cheveux épars et à peine vêtues. L’œil triste et morne, il tâchait de réchauffer dans son sein sa fille unique, qu’il aimait passionnément et jusqu’à la folie. La pauvre enfant, trop jeune encore pour comprendre le malheur qui avait frappé son père, frissonnait dans cet endroit mal aéré, humide et que le froid très-vif de la nuit rendait plus glacial encore, et elle se mourait de faim, car, soit oubli, soit raffinement de cruauté, personne n’avait songé à donner un peu de nourriture à cette famille infortunée.

Un des chaikhs prit la parole.

– Nous venons vous annoncer, seigneur, dit-il, que les vizirs et les notables, réunis dans la mosquée, ont arrêté que vous…

– Bien, bien, interrompit Hichâm, je me soumettrai à leur décision, quelle qu’elle soit; mais faites donc donner, je vous en supplie, un morceau de pain à cette pauvre enfant qui se meurt de faim.

Profondément émus, les chaikhs ne purent retenir leurs larmes. Ils firent apporter du pain, et alors celui qui portait la parole reprit en ces termes:

– Seigneur, on a arrêté qu’à la pointe du jour vous serez transporté dans une forteresse où vous devrez rester prisonnier.

– Soit, répondit Hichâm d’un air triste, mais résigné. Je n’ai plus qu’une seule grâce à vous demander: donnez-nous une lumière, car l’obscurité qui règne dans ce triste endroit nous fait peur.

Le lendemain, dès que Hichâm eut quitté la ville, les vizirs annoncèrent par un manifeste aux Cordouans que le califat était aboli à perpétuité et que le conseil d’Etat avait pris en mains les rênes du gouvernement. Puis ils se rendirent au palais. Omaiya y était encore. Il avait cru fermement jusque-là aux promesses secrètes des vizirs, et déjà il avait convoqué les officiers afin qu’ils lui prêtassent serment. Il allait être détrompé. Les vizirs reprochèrent aux officiers et aux soldats la précipitation avec laquelle ils allaient reconnaître un aventurier, sans avoir attendu la décision des notables. «Les notables, poursuivit Ibn-Djahwar, ont aboli la monarchie, et le peuple a applaudi à cette mesure. Gardez-vous donc, soldats, d’allumer la guerre civile; souvenez-vous des bienfaits que vous avez reçus de nous, et attendez-vous à en recevoir de plus considérables, si vous vous montrez disposés à nous obéir.» Puis s’adressant aux officiers: «Je vous charge, leur dit-il, d’arrêter Omaiya, de le conduire hors du palais d’abord, et ensuite hors du territoire de la ville.»

Cet ordre fut exécuté sur-le-champ. Omaiya, au comble de la fureur, criait vengeance contre les perfides vizirs qui, après l’avoir bercé d’espérances trompeuses, le chassaient comme un vil criminel, et il essayait d’intéresser les officiers à sa cause; mais comme ceux-ci étaient accoutumés à obéir aux membres du conseil, les promesses qu’il leur prodigua furent aussi vaines que ses menaces et ses injures. On ne sait pas au juste quel fut son sort. Quelque temps se passa sans qu’on entendît parler de lui. Dans la suite il tâcha de rentrer dans Cordoue, et il y en a qui disent qu’à cette occasion les patriciens le firent assassiner secrètement454.

Quant au malheureux Hichâm, il s’enfuit du château où on l’avait enfermé[455] et se rendit à la ville de Lérida qui était alors au pouvoir de Solaimân ibn-Houd. Soit oubli, soit dédain, dit un auteur de l’époque, le sénat (car nous pouvons donner désormais ce nom au conseil d’Etat) ne lui avait jamais fait signer un acte d’abdication; jamais il ne lui avait fait déclarer, en présence de témoins, qu’il était incapable de régner et que le peuple était délié de son serment, comme cela se faisait d’ordinaire quand on détrônait un prince[456]. Personne ne s’occupa plus de lui, on l’oublia, et quand il mourut cinq ans plus tard (décembre 1036), sa mort fut à peine remarquée à Cordoue. Le reste de l’Espagne s’en soucia moins encore.

FIN DU TOME TROISIÈME
454Voyez Ibn-al-Athîr, sous l’année 407.
455Le même, ibid.
456Ibn-Haiyân, apud Ibn-Bassâm, t. III, fol. 139 v. -143 v.