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Chronique de 1831 à 1862, Tome 4 (de 4)

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PIÈCES JUSTIFICATIVES

I

Article du Times donné par le Galignany du 17 février 1853

L'adresse aux dames américaines, partie de Stafford-House, a reçu l'accueil auquel nous nous attendions. Les dames du monde de l'État de Virginie qui, à l'exemple de leurs mères, ont toujours eu des esclaves, se soulèvent maintenant à l'unanimité contre cette ingérence dans ce qu'elles considèrent comme un privilège séculaire.

Par l'organe d'un journal de la Virginie, le Richmond-Enquirer, ces dames en appellent à Mme Julia Gardiner Tyler (l'ex-présidente Tyler, comme on l'appelle officiellement), qui, élevée par ses alliances, ses talents, sa naissance, son mariage avec l'ex-président, et enfin, par son long séjour dans une plantation de Virginie comme maîtresse d'une colonie d'esclaves, était le digne champion de l'esclavage considéré comme institution sociale.

Appelée par un pareil devoir, l'illustre citoyenne prit la plume et ne l'a quittée qu'après avoir fait justice sommaire de la Duchesse (de Sutherland) et de ses amis.

Notre correspondant de New-York, qui est, certes, fort américain, ne s'est pas rendu compte, comme il aurait dû le faire, de l'importance à donner à cette rivalité de dames en colère, se battant aux yeux du monde pour leurs compatriotes. Nous ne doutons point que, malgré les huit années passées à la tête d'une plantation, Mme Tyler ne soit encore jeune, belle, intelligente et charmeuse, comme le décrit le New-York Herald; mais décidément, on peut dire qu'elle est agressive et bavarde. Elle voudrait que la doctrine de Monroe fût appliquée, non seulement au territoire, mais aussi aux institutions de l'Amérique du Nord; et elle se venge de la Duchesse, en énumérant soigneusement toutes les allusions déplaisantes pour les institutions anglaises que lui fournissent son intelligence, sa mémoire et ses amis. Au fait, en allant au fond des choses, nous y trouvons pour les neuf dixièmes des redites; comme la presse anglaise semble prendre un soin tout particulier de mettre les étrangers au courant de nos défauts, la tâche de cette dame était facile, et l'intérêt pour le lecteur anglais en reste minime.

En disant que la réponse de Mme Julia Tyler contient des redites et des contradictions, nous devons ajouter que le même jugement peut s'appliquer à la Duchesse. On n'aurait jamais dû publier une lettre ouverte, capable de provoquer une semblable réponse, et, d'autre part, quand une semblable publication a été faite et que le bon sens du pays où elle a eu lieu la désapprouve, les personnes auxquelles elle était adressée auraient donné une preuve de tact en ne la relevant pas.

Il faut dire à l'honneur des dames américaines qu'aucune d'entre elles n'a répondu, à l'exception de la propriétaire d'une plantation de tabac, seule capable, peut-être, de manier la plume avec autant de férocité. Elle ne nous fait grâce sur aucun point: l'Islande, la corruption de la métropole, le Dun robin Estate, l'ancien commerce des esclaves, les diamants de la duchesse de Sutherland, notre journalisme, notre impôt des pauvres, nos souscriptions de bienfaisance, notre reine, nos évêques, nos hommes d'État, nos importations de coton et nos larmes de crocodile, tout, tout est successivement attaqué avec autant d'adresse que d'âpreté, tout et tous ont leur part.

Nous en sommes redevables à une petite coterie de femmes philanthropes, que les souffrances de l'oncle Tom et de ses compagnons héroïques touchèrent au point de leur faire oublier que ces types, modèles de toutes les vertus, étaient le fruit du système qu'elles blâmaient.

Notre métier de journaliste nous met en contact si intime avec la fragilité de notre édifice social, que nous hésitons à lancer des pierres que nos adversaires pourraient trop facilement nous rejeter.

La témérité de l'appel Sutherland prouve que les belles plaignantes ne connaissent aucunement les maux existant beaucoup plus près d'elles, qu'il aurait été peut-être de leur devoir de connaître et de secourir. Cependant, nous ne saurions subir les verges de Mme Julie sans réagir; nous ne saurions tolérer que l'ex-présidente Tyler écrive, comme si l'Angleterre n'avait jamais rien fait, rien souffert, rien payé pour la cause de l'abolition de l'esclavage. Nous ne saurions admettre que rien n'ait changé chez nous, depuis le temps où la Reine Anne partageait, avec le Roi d'Espagne, le gain produit par la traite des nègres, et que nos hommes d'État, nos législateurs, nos prélats, nos pairesses, soient ce qu'ils étaient encore il y a deux cents ans. Pour appuyer son raisonnement, la belle Julie attribue le procès Wilberforce et Clarkson à des causes que jamais le lutteur n'aurait imaginées. Selon elle, il serait dû à l'envie que nous éprouvons pour les États-Unis, au désir de nous venger du succès de leur récolte, la douleur d'y avoir perdu un marché (que d'ailleurs nous n'avons pas perdu), au dessein infâme de semer la discorde entre les États du Nord et du Sud, et à d'autres motifs semblables qui pourront paraître évidents à une certaine classe de femmes, mais qui paraissent absurdes à tout homme de bon sens.

Nous voudrions encore prier la belle lutteuse de Sherwood-Forest de jeter un regard sur l'espace occupé sur la carte par son pays, baigné, comme elle le dit, par deux Océans, et de le comparer à celui qu'occupent les Iles-Britanniques; elle verrait qu'on peut nous excuser, si nous avons plus de peine à nourrir une population de trente millions, que les Américains pour en nourrir une de vingt-six. Elle aurait beaucoup mieux fait, pour avoir raison, si, en défendant les institutions de son pays contre toute ingérence anglaise, elle ne se fût pas mêlée de nos affaires; mais, elle se mêle de nos institutions et perd, en les attaquant, le terrain gagné en défendant celles de son pays, justifiant presque, ainsi, l'intervention des philanthropes de Stafford-House. Les institutions monarchiques et aristocratiques, dont elle parle, durent depuis dix siècles et nous ne pourrions, même en le voulant, nous en débarrasser aisément. D'ailleurs, il est incontestable qu'elles ont beaucoup contribué à la formation du caractère de notre race, dont les États-Unis eux-mêmes sont le plus éclatant résultat.

Nous avons encore à régler avec Mme Tyler une petite affaire pour notre propre compte. Quel droit a-t-elle de dire que la lettre de Stafford-House a eu son origine dans les journaux? Nous n'en avons rien su, jusqu'à ce qu'elle fut approuvée par le conclave et couverte de nombreuses signatures. Il nous est fort pénible d'avoir été crus les complices de cette singulière affaire. Quant aux éloges patriotiques, dont Mme Tyler a enjolivé sa réplique, nous sommes enchantés de pouvoir en reconnaître l'exactitude; nous apprécions, selon leur mérite, le territoire des fleuves, les deux Océans, le sol, les ports, la population, l'esprit d'entreprise, la politique, le coton, le riz et le tabac des États-Unis, et quoique nous en ayons souvent entendu parler, nous sommes enchantés qu'une belle dame vienne nous les rappeler; mais nous ne comprenons pas comment toutes ces belles choses puissent nous empêcher de prendre des mesures pour l'abolition complète de l'esclavage.

II

NOUVELLES DISSIDENCES ENTRE LES PRINCES D'ORLÉANS
ET LE COMTE DE CHAMBORD
Lettre du comte de Chambord au duc de Nemours
5 février 1857.

MON COUSIN,

J'ai lu votre lettre avec un profond sentiment de tristesse et de regret. J'aimais à penser que nous avions compris de la même manière la réconciliation accomplie entre nous, il y a bientôt quatre ans. Ce rétablissement de nos rapports politiques et de famille, en même temps qu'il plaisait à mon cœur, semblait à ma raison un gage de salut pour la France et une des plus fermes garanties de son avenir. Pour justifier mon espérance, pour rendre notre union efficace et digne tout ensemble, il ne fallait que deux choses qui étaient bien faciles: rester de part et d'autre également convaincus de la nécessité d'être unis, mais vouer une confiance inébranlable en nos mutuels sentiments.

Je n'ai pas douté de votre dévouement aux principes monarchiques; personne ne peut mettre en question mon attachement à la France, mon respect de sa gloire, mon désir de sa grandeur et de sa liberté. Ma sympathique reconnaissance est acquise à tout ce qui s'est fait par elle, à toutes les époques, de bien, d'utile et de grand. Ainsi que je n'ai cessé de le dire, j'ai toujours cru, et je crois toujours à l'inopportunité de régler, dès aujourd'hui, et avant le moment où la Providence m'en imposerait le devoir, des questions que résoudront les intérêts et les vœux de notre patrie. Ce n'est pas loin de la France et sans la France, qu'on peut disposer d'elle.

Je n'en conserve pas moins ma conviction profonde, que c'est dans l'union de notre maison, et dans les efforts communs de tous les défenseurs des institutions monarchiques que la France trouvera un jour son salut. Les plus douloureuses épreuves n'ébranlent pas ma foi.

III

Lettre adressée par l'Empereur Napoléon III au Pape Pie IX le 31 décembre 1859

TRÈS SAINT-PÈRE,

La lettre que Votre Sainteté a bien voulu m'écrire le 2 décembre m'a vivement touché, et je répondrai avec une entière franchise à l'appel fait à ma loyauté.

Une de mes préoccupations, avant comme après la guerre, a été la situation des États de l'Église, et certes, parmi les raisons puissantes qui m'ont engagé à faire si promptement la paix, il faut compter la crainte de voir la révolution prendre tous les jours de plus grandes proportions. Les faits ont une logique inexorable, et, malgré mon dévouement au Saint-Siège, malgré la présence de mes troupes à Rome, je ne pouvais échapper à une certaine solidarité avec les effets du mouvement national, provoqué par la lutte contre l'Autriche.

 

La paix une fois conclue, je m'empressai d'écrire à Votre Sainteté pour lui soumettre les idées les plus propres, suivant moi, à avancer la pacification des Romagnes, et je crois encore que si, dès cette époque, Votre Sainteté eût consenti à une séparation administrative de ces provinces et à la nomination d'un gouvernement laïque, elles seraient rentrées sous son autorité.

Malheureusement, cela n'a pas eu lieu, et je me suis trouvé impuissant à arrêter l'établissement du nouveau régime. Mes efforts n'ont abouti qu'à empêcher l'insurrection de s'étendre, et la démission de Garibaldi a préservé les Marches d'Ancône d'une invasion certaine.

Aujourd'hui le Congrès va se réunir. Les puissances ne sauraient méconnaître les droits incontestables du Saint-Siège sur les Légations. Néanmoins, il est probable qu'elles seront d'avis de ne pas recourir à la violence pour les soumettre; car si cette soumission était obtenue à l'aide des forces étrangères, il faudrait encore occuper les Légations militairement pendant longtemps. Cette occupation entretiendrait les haines et les rancunes d'une grande portion du peuple italien, comme la jalousie des grandes puissances; ce serait donc perpétuer un état d'irritation, de malaise et de crainte.

Que reste-t-il donc à faire? car enfin, cette incertitude ne peut pas durer longtemps. Après un examen sérieux des difficultés et des dangers que présentaient les diverses combinaisons, je le dis avec un regret sincère, et quelque pénible que soit la solution, ce qui me paraîtrait le plus conforme aux intérêts du Saint-Siège, ce serait de faire le sacrifice des provinces révoltées. Si le Saint-Père, pour le repos de l'Europe, renonçait à ces provinces qui, depuis cinquante ans, suscitent tant d'embarras à son gouvernement, et qu'en échange, il demandât aux puissances de lui garantir la possession du reste, je ne doute pas du retour immédiat de l'ordre. Alors, le Saint-Père assurerait, à l'Italie reconnaissante, la paix pendant de longues années, et au Saint-Siège, la possession paisible des États de l'Église.

Votre Sainteté, j'aime à le croire, ne se méprendra pas sur les sentiments qui m'animent; elle comprendra la difficulté de ma situation; elle interprétera avec bienveillance la franchise de mon langage, en se souvenant de tout ce que j'ai fait pour la religion catholique et pour son auguste chef.

J'ai exprimé, sans réserve, toute ma pensée et je l'ai cru indispensable avant le Congrès. Mais je prie Votre Sainteté, quelle que soit sa décision, de croire qu'elle ne changera en rien la ligne de conduite que j'ai toujours tenue à son égard.

En remerciant Votre Sainteté de la bénédiction apostolique qu'elle a envoyée à l'Impératrice, au Prince Impérial et à moi, je lui renouvelle l'assurance de ma profonde vénération.

De Votre Sainteté, votre dévot fils,

NAPOLÉON.

Palais des Tuileries, le 31 décembre 1859.

Cette pièce est tirée du Journal des Débats du 12 janvier 1860.