La Suisse entre quatre grandes puissances

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CHAP. II:

Les plans de mobilisation de l’armée





1.

De 1874 à 1890





1.1.

Siegfried et la prescription sur la mise sur pied de l’armée du 18 novembre 1878



Entre la chute de l’ancienne Confédération et le début de l’Etat fédéral, la mobilisation de l’armée suisse se faisait sans réelle préparation commune entre les différents cantons chargés de la mise sur pied de leurs contingents.

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 Les levées de troupes se faisaient avec beaucoup d’improvisation, étaient mal coordonnées et connaissaient des retards dans leur exécution. Peu de choses étaient planifiées en matière d’organisation générale et de structures, de commandement et de stocks de matériels ou de ravitaillement.



A partir de 1848, avec la mise en place des institutions militaires de l’Etat fédéral, une plus grande attention fut portée aux questions de mobilisation. La législation confia au Département militaire fédéral la mission de préparer des plans de mise sur pied et de concentration des troupes. Elle réglementa également les effectifs des contingents à fournir par les cantons en hommes, chevaux et matériels de guerre. Le personnel à disposition du Département militaire fédéral ne lui permettait toutefois pas d’accomplir les travaux qui lui étaient confiés avec toute la rigueur et le suivi nécessaires.



Après la création du poste d’adjoint du Département militaire et instructeur en chef de l’infanterie en 1857, celui-ci fut chargé, dès 1863, de «la mise en œuvre et la préparation de tout ce qui peut être utile et nécessaire lors d’une mobilisation de l’armée et de la prise d’un dispositif, soit notamment le fractionnement de ladite armée, l’adoption de plans de défense en fonction des diverses menaces aux frontières, la préparation d’instructions appropriées en fonction des diverses éventualités possibles, la formulation de propositions pour la prise en compte et la conduite de tous les travaux qui, d’une manière générale, se rapportent, lors d’une éventuelle mobilisation de l’armée, à l’ordonnancement, au rassemblement et à la fourniture en quantité suffisante des moyens, dans la mesure où lesdits moyens ne sont pas du ressort des chefs d’arme ou des administrations; il est aussi responsable de veiller à l’unification des susdits moyens, lorsque les divers chefs d’arme et les administrations sont compétents pour leur gestion».

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En 1865, les tâches liées à la mobilisation et à la concentration furent reprises dans l’instruction pour le chef du Bureau d’état-major, institution qui venait d’être créée. Les compétences de ce dernier et celles de l’instructeur en chef de l’infanterie n’étaient toutefois pas clairement délimitées. De plus, les moyens manquaient toujours et l’organisation militaire de 1850 comportait de nombreux défauts dont les autorités étaient conscientes. La fin des années 1860 et le début des années 1870 furent marqués par deux projets de réorganisation militaire de grande ampleur: le projet Welti de 1868 et le projet de Constitution fédérale de 1872. Par ailleurs, les expériences des mobilisations de 1870–1871 montrèrent de manière exemplaire les énormes carences du système militaire, confirmant les idées de Welti qui avait toujours considéré la mobilisation comme une des plus importantes tâches de la préparation de l’armée à la guerre.

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 En octobre 1871, celui-ci, soucieux de trouver un remède à la situation, ordonna la mise en place d’une planification de la mobilisation. Ce fut à nouveau l’instructeur en chef de l’infanterie, le colonel Gustav Hofstetter, qui reçut cette mission. En raison de l’ampleur de la tâche, il ne put la réaliser, d’autant qu’il était déjà très absorbé par sa fonction. Il mourut le 9 février 1874, sans avoir pu mener à bien la mission confiée par Welti.





1.1.1. La loi sur l’organisation militaire du 13 novembre 1874



La loi sur l’organisation militaire du 13 novembre 1874 conserva l’ambiguïté en matière de compétences entre le Bureau d’état-major et le chef d’arme de l’infanterie à propos de la mobilisation de l’armée.

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 D’une part, le chef de l’infanterie, par l’article 248 de la loi sur l’organisation militaire, était tenu «de surveiller les affaires du Département et de présenter à leur sujet des rapports et des propositions dispositions générales concernant la mise sur pied, le rassemblement et l’équipement des corps de troupes, ainsi que toutes les mesures à prendre au sujet de l’armée dans son ensemble».

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 D’autre part, l’article 75 de la loi confiait la direction et la surveillance des préparatifs de la mobilisation et de la concentration au Bureau d’état-major: «Le bureau d’état-major dirige et surveille, avec l’aide du nombre nécessaire d’officiers de l’état-major général, tous les travaux préparatoires pour la mise sur pied et le mouvement de l’armée. Il réunit et utilise les collections et les travaux scientifiques sur l’armée nationale et les armées étrangères.»

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Ce problème de compétences avait été évoqué par le colonel Paravicini, ancien chef de l’Etat-major de l’armée, au moment des débats tenus dans les différents milieux militaires suisses avant l’acceptation de la loi.

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 Pour remédier au problème, il avait préconisé, dans son commentaire du projet de loi publié dans la

Revue militaire suisse,

 de donner au Bureau d’état-major toutes les compétences en matière de préparatifs de mobilisation de l’armée. Il ne fut cependant pas écouté et les difficultés de collaboration entre le chef du Bureau d’état-major et celui de l’infanterie apparurent très vite au grand jour. Le conflit entre les deux institutions fut soumis à l’arbitrage en 1877. La situation fut clarifiée après que le chef de l’Etat-major général eut reçu la responsabilité des projets de mobilisation et la conduite des activités de déploiement de l’armée jusqu’au moment de la désignation d’un général.





1.1. 2. Le projet de mobilisation de 1876–1877 et l’instruction sur la mise sur pied de l’armée du 18 novembre 1878



Après l’acceptation de la nouvelle loi sur l’organisation militaire de 1874, Siegfried se mit rapidement au travail.

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 Dans son règlement d’organisation du Bureau d’état-major de février 1875, il confia la réalisation des préparatifs de mobilisation à la Section tactique. En décembre de la même année, il demanda au Département militaire fédéral un inventaire des lieux de dislocation du matériel, afin de commencer les travaux dans ce domaine. Au cours de l’hiver 1876–1877, le chef de l’Etat-major général réalisa un premier projet de mobilisation de l’armée.

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 Ce document ne constitue pas un plan à proprement parler. Il s’agit d’un brouillon sans doute inachevé, fréquemment raturé et annoté. Il est cependant assez détaillé, quoique avec beaucoup de variations, et il aborde de nombreux points.

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 Il répartit notamment les tâches que devraient accomplir le Conseil fédéral, les chefs de service du Département militaire fédéral, les chefs d’armes et les autres instances concernées par la mise sur pied de l’armée. Siegfried subit l’influence des idées de deux officiers de l’Etat-major général: le major Alfred Züricher et le colonel Wilhelm Rüstow.

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 Ce dernier avait quitté l’institution depuis 1875, mais il était un penseur militaire connu et il enseignait les sciences militaires à l’Ecole polytechnique de Zurich. De plus, il avait été le chef de la Section historique et statistique de l’Etat-major de l’armée au cours de la mobilisation de 1870–1871. De par cette fonction, il connaissait bien les archives concernant ces événements et il était particulièrement bien placé pour guider Siegfried dans son travail de documentation.



Le système de mobilisation de Siegfried comprenait trois phases successives. Dans un premier temps, les hommes étaient mis sur pied, les corps de troupes rassemblés et équipés. Une fois ces activités achevées, les divisions étaient constituées de manière à pouvoir, ensuite, passer à la dernière phase, celle de la concentration de l’armée. Siegfried prévoyait des modalités de mobilisation différentes selon que l’armée ait été ou non mise de piquet auparavant.



La philosophie du système imaginé par le chef du Bureau d’état-major était basée, pour les troupes d’infanterie, sur le principe de la décentralisation. Chaque corps de troupes de cette arme disposait d’une place de rassemblement, dans la région de provenance des soldats qui le composaient, où il était équipé. Cette manière de faire ne faisait que continuer une pratique ancestrale. Depuis le Moyen Age, les hommes composant les milices étaient en effet rassemblés sur leurs lieux de résidence. Cette procédure permettait de mettre sur pied rapidement les soldats mobilisés. Elle présentait par ailleurs deux autres avantages importants. Tout d’abord, elle permettait, par un choix approprié des lieux de rassemblement, de faire prendre d’emblée un dispositif tactique aux troupes. Ensuite, la décentralisation facilitait en partie la logistique. Il était à la fois plus facile de trouver des cantonnements et du ravitaillement pour les hommes et les chevaux.



Siegfried était conscient du grand défaut de son système: la nécessité de déplacer le matériel de corps des troupes d’infanterie depuis les arsenaux cantonaux jusque sur les places de rassemblement de corps. Il préférait toutefois cet inconvénient à celui de la saturation des lieux de mobilisation dans un système centralisé. D’ailleurs, le principe de décentralisation ne s’appliquait qu’à l’infanterie. La mobilisation de l’artillerie se faisait de manière centralisée, les places de rassemblement de corps se situant à proximité des arsenaux. Quant aux autres armes et services, ils avaient des modalités de mobilisation particulières, qui prenaient en compte l’importance du matériel et le fait que ces troupes étaient essentiellement des troupes fédérales, composées d’hommes provenant de plusieurs cantons.

 



A une époque où les armées étaient essentiellement hippomobiles, la question des chevaux retenait toute l’attention de Siegfried. Il consacrait plusieurs pages à la mise de piquet des chevaux. L’armée suisse ne pouvait entretenir en temps de paix le nombre de chevaux de selle, de bât et de trait nécessaires lors d’une mobilisation générale. Le seul moyen de disposer d’un aussi grand nombre d’animaux était de recourir à la réquisition des chevaux civils employés dans l’agriculture et l’économie du pays. Une telle opération ne pouvait toutefois pas s’improviser si l’armée voulait disposer à temps et en nombre suffisant des différentes catégories de chevaux. C’est pourquoi Siegfried pensait qu’un contrôle des chevaux devait être mis en place. Celui-ci devait se faire par l’armée, directement chez les propriétaires.



Une fois résolue la question des compétences, le Bureau d’état-major put commencer les travaux de réalisation des plans de mobilisation selon les directives de Siegfried. Celui-ci avait préparé un programme de travail, comprenant la liste des documents à réaliser, pour le cours d’état-major qui devait avoir lieu en février et mars 1878. En tant que chef de la Section tactique, Arnold Keller reçut la mission de s’acquitter de cette tâche. Il s’agissait d’une activité totalement nouvelle pour lui, car il n’avait jamais eu à s’occuper de telles questions. Il fut obligé d’innover, car il ne pouvait s’inspirer ni des organisations de mobilisation des pays étrangers, ni de celles, antérieures, des cantons. Les premières étant tenues secrètes, peu d’informations étaient disponibles. Quant aux anciens systèmes de mobilisation de la Confédération, différents d’un canton à l’autre, leur degré d’élaboration était très variable. D’autre part, les changements de l’organisation militaire découlant de la loi de 1874 étaient tels que ces systèmes ne pouvaient guère servir de modèle ou être repris tels quels. Keller se documenta donc en employant la méthode historique. Il se mit à étudier avec soin les différentes mobilisations de l’armée suisse qui avaient eu lieu depuis 1805. Sa tâche fut toutefois facilitée par l’existence de divers documents de l’Administration. Il disposa tout d’abord d’un système de contrôle unifié des unités. Ensuite, il put s’appuyer sur un bon matériel cartographique. Enfin, il avait à disposition le dernier recensement des chevaux, tout récent.













Illustration 5:

 Wilhelm Friedrich Hertenstein, chef du Département militaire fédéral (1879–1888).

Bibliothèque nationale.





Dans la réalisation de sa tâche, l’Etat-major général n’était pas le seul acteur. Siegfried dut collaborer avec les autorités militaires des différents cantons, les chefs d’arme et de service de l’administration militaire fédérale et, enfin, avec les différentes sociétés de chemin de fer, institutions avec lesquelles il entretint une correspondance qui commença en 1874 déjà.

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 Siegfried devait tenir compte de leurs opinions, de leurs propositions et des moyens dont elles disposaient. Keller passa l’année 1878 à harmoniser les différentes positions. En novembre, il put rédiger une instruction sur la mise sur pied de l’armée, qu’il continua à travailler au cours de l’année 1879.



D’autres documents, comme les formulaires de mise sur pied pour les troupes, les instructions pour les officiers, les employés des arsenaux et les commissions d’évaluation des chevaux, étaient également prêts. Les secteurs de mobilisation des unités et des corps de troupes, les bases logistiques devant garantir l’équipement et le soutien des formations, ainsi que les premiers déplacements de ces dernières en vue de constituer les unités tactiques, les opérations de concentration et de surveillance de la frontière furent définies. Les autres acteurs de la mobilisation pouvaient ainsi, de leur côté, se mettre au travail et réaliser leurs propres préparatifs.



En 1879, les plans de mobilisation étaient presque terminés et ils allaient bientôt pouvoir être évalués par le Conseil fédéral. Ils ne le furent cependant jamais, car deux événements empêchèrent la poursuite de la procédure. Tout d’abord, Siegfried mourut au mois de décembre. Sa succession fut, comme nous l’avons vu, difficile et une période de plusieurs années d’instabilité fragilisa la position du chef de l’Etat-major général.

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 L’autre événement fut l’arrivée de Hertenstein à la tête du Département militaire fédéral.

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 Elu le 21 mars 1879 au Conseil fédéral, il succéda à Johann Scherrer décédé à la fin de l’année précédente. Hertenstein était totalement opposé au principe de la décentralisation de la mise sur pied des troupes qui sous-tendait le plan de mobilisation développé par l’Etat-major général. En dépit de l’avancement des travaux et des coûts financiers qu’impliquait la mise en place d’un nouveau plan – les tableaux et les instructions en allemand et en français étaient déjà imprimés –, le chef du Département militaire fédéral fit reprendre le projet depuis le début.





1.2.

L’ère Pfyffer



Au début de l’année 1882, le chef du Département militaire donna personnellement de nouvelles missions pour la reprise des travaux concernant les plans de mobilisation de l’armée, imposant une nouvelle philosophie.

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 Il avait compris la grande faiblesse du système imaginé par Siegfried. Si la mobilisation décentralisée des corps de troupes de l’infanterie permettrait de rassembler rapidement les hommes mis sur pied, elle nécessiterait en revanche beaucoup plus de temps pour les équiper. Le matériel de guerre des corps de troupes était en effet stocké de manière centralisée, généralement dans les arsenaux situés dans les principales villes des cantons. Le plan de Siegfried impliquait de le transporter depuis les arsenaux cantonaux jusqu’aux places de rassemblement de corps. De tels transports nécessiteraient l’emploi des voitures et des chevaux de réquisition. Ils ne pourraient donc commencer avant que cette dernière opération ne soit terminée. La rapidité de la mise sur pied des hommes serait ainsi largement contrebalancée par la lenteur de leur équipement et l’armée ne serait, en fin de compte, pas mobilisée plus rapidement.



Le système Hertenstein prenait le contrepied de celui de Siegfried. Hertenstein voulait mobiliser toutes les troupes de manière centralisée, dans les villes où se trouvaient les arsenaux des cantons. Ainsi, le grand défaut du plan Siegfried disparaissait. De plus, celui imaginé par Hertenstein s’appuyait sur l’infrastructure existante. Toutefois, il avait ses propres désavantages: la mise sur pied des hommes se ferait plus lentement et il n’y aurait plus la possibilité d’adopter d’emblée un dispositif tactique. Le plus important défaut était cependant le risque de voir la mobilisation massive de troupes dans les grandes villes des cantons conduire à une saturation des moyens de transport et des infrastructures de logement, sans parler des problèmes de ravitaillement. Par ailleurs, il existait des incertitudes quant à la rapidité de l’équipement des troupes et à l’efficacité du système de réquisition des chevaux. Enfin, il fallait compter avec une augmentation des déplacements des troupes.





1.2.1. L’ordonnance sur la mobilisation du 18 novembre 1884



Comme pour la préparation du plan précédent, ce fut Arnold Keller qui réalisa les nouveaux documents.

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 Même s’il y avait une rupture en ce qui concernait les principes sur lesquels devaient reposer la mobilisation, l’instruction de novembre 1878 continua à servir de document de base pour les nouveaux travaux. Celle-ci subit toutefois une refonte importante en 1880 déjà. De plus, on envisagea de lui donner un autre statut juridique en en faisant une ordonnance. Sous l’impulsion de Hertenstein, le texte fut retravaillé au cours des années 1882–1883. Keller reprit sa collaboration avec les instances communales, cantonales et fédérales. Les commandants de division, les chefs d’arme et de service furent consultés. Keller tint compte de leurs remarques et de celles en provenance du chef du Département militaire fédéral.



Le 18 novembre 1884, le Conseil fédéral put promulguer l’ordonnance sur la mobilisation générale. Après sept années de travail et un changement d’orientation fondamental, Keller était enfin arrivé au bout de sa mission. La procédure de mobilisation suivait un système de cascade. La décision de mise sur pied, prise par le Conseil fédéral, était communiquée oralement aux chefs d’arme et de service et par télégramme aux gouvernements cantonaux et aux commandants des divisions. Les cantons étaient ensuite responsables de la transmission des ordres aux soldats et aux cadres des troupes fédérales et cantonales de l’armée. La liste des formations et des états-majors mis sur pied était publiée dans la

Feuille fédérale

 et dans les principaux journaux suisses et étrangers. Elle devait également être affichée dans les gares et les bureaux de poste et des télégraphes. L’exécution de cette opération était facilitée par le stockage d’affiches sur lesquelles il suffisait d’inscrire les dernières indications relatives à l’entrée en service des troupes.



La responsabilité des différentes activités de la mobilisation était répartie entre les instances fédérales, cantonales et communales. Les gouvernements cantonaux étaient compétents pour la mise sur pied et l’équipement de leurs troupes. Ils devaient organiser les places de rassemblement de corps près de leurs arsenaux et s’occuper du logement et du ravitaillement des troupes mobilisées. Par ailleurs, ils avaient aussi pour tâche de contrôler les préparatifs des communes. Celles-ci devaient mettre sur pied la réquisition des voitures et des chevaux et en assurer l’exécution. La mobilisation des chevaux et des voitures et l’équipement des formations avaient, comme dans le système précédent, une importance particulière. Arnold Linder souligne que 19 articles de l’ordonnance étaient consacrés à ces questions contre 17 seulement à la mise sur pied, à l’organisation et à l’équipement de la troupe. Les communes jouaient le rôle principal dans la procédure de réquisition. Chacune d’entre elles avait un quota de chevaux et de voitures à fournir en fonction de ses moyens. Elles recevaient également la liste des troupes à qui les chevaux et les voitures devaient être remis. Elles devaient les amener, avec leur propre personnel et sans utiliser les chemins de fer, jusqu’aux places d’estimation.



Les opérations de mobilisation se déroulaient en plusieurs phases bien définies et réglées dans le temps. Le premier jour de la mobilisation commençait le surlendemain du jour de la décision du Conseil fédéral. La veille de ce premier jour, un dispositif de protection de la mobilisation était mis en place, assuré par les détachements de la police frontière qui avaient pour mission la surveillance de la frontière et des gares frontière. Ces détachements avaient également des missions de recherche de renseignements et de destruction d’ouvrages d’art et de voies de communication. Ils devaient enfin, le cas échéant, mener des actions de défense à partir de la frontière, en coopération éventuelle avec les hommes du

landsturm.



Les formations de l’élite entraient en service sur des places de rassemblement de corps. La responsabilité de la conduite des activités de la mobilisation sur ces places incombait au commandant de la place. Ce dernier était, le plus souvent, le chef du Département militaire du canton. Ces activités se déroulaient en trois phases durant lesquelles les troupes se déplaçaient relativement beaucoup, pour l’entrée en service, la réception du matériel de corps ou l’organisation des formations.

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 L’équipement de l’infanterie et de la cavalerie devait être achevé dans la matinée du deuxième jour de mobilisation. Les formations qui devaient recevoir du matériel lourd, comme celles de l’artillerie ou du génie, disposaient d’un peu plus de temps. Une fois la mobilisation de l’élite terminée, les infrastructures étaient mises à dispos