La Suisse entre quatre grandes puissances

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1. Introduction

Le présent ouvrage ne constitue pas une simple étude institutionnelle de l’Etat-major général. Comme son titre l’indique, il représente aussi une histoire des relations internationales de la Suisse avec ses voisins immédiats – France, Allemagne, Autriche-Hongrie et Italie – au cours d’une période charnière, les années 1874–1906. Celles-ci représentent un contexte international nouveau pour la Suisse, caractérisé par le voisinage de quatre grandes puissances qui n’ont pas résolu certains de leurs litiges territoriaux, par la prééminence nouvelle de l’Allemagne et par la constitution de réseaux d’alliances qui formeront les deux blocs de belligérants qui s’affronteront au cours de la Première Guerre mondiale. Dans ce contexte délicat, la position de la Suisse est d’autant plus inconfortable que plusieurs sujets de tensions existent avec ses voisins: construction du réseau fortifié Séré de Rivières, neutralité de la Savoie, accueil de réfugiés politiques, conflits douaniers, etc.

Sur le plan intérieur, la période se caractérise par une forte volonté centralisatrice, au niveau tant politique que militaire avec, notamment, l’adoption de la Constitution de 1874 et les lois d’organisation militaire de 1874 et de 1907. Quant à l’Etat-major général, il s’inscrit parfaitement dans ce contexte de centralisation et de développement institutionnels. Organe de second ordre aux pouvoirs limités jusqu’en 1874, il prend peu à peu davantage d’importance pour devenir, avec la loi de 1907, la première subdivision administrative du Département militaire fédéral.

Ainsi sont donnés les deux grands axes de l’ouvrage. Les bornes chronologiques, imposées dans le cadre de la collection Der Schweizerische Generalstab/L’Etat-major général suisse, sont en adéquation avec les deux approches. 1874 et 1907 marquent l’entrée en vigueur de deux lois d’organisation militaire. La première de ces dates correspond à la mise en place d’une véritable organisation du Bureau d’état-major créé en 1865. La seconde marque le début d’une ère nouvelle; elle correspond à la consécration de la nouvelle place hiérarchique de l’institution et à son inscription dans la législation. De plus, l’Etat-major général entre dans une autre période, avec le départ de son chef, le colonel Arnold Keller, et l’arrivée à sa tête de Theophil Sprecher von Bernegg. Dans le domaine international, 1874 annonce le début du relèvement de la France, ainsi que celui de l’antagonisme avec l’Allemagne qui conduira à la Première Guerre mondiale. L’année 1907, de son côté, marque la fin des modifications majeures dans le domaine de la constitution des blocs d’alliances. Certes, des hésitations apparaîtront encore jusqu’en 1914, mais plus aucun changement significatif n’aura lieu.

2. Eléments historiographiques

A l’instar de ce qui se passe dans d’autres pays, l’intérêt pour l’histoire militaire de la Première Guerre mondiale et de la période qui l’a précédée a connu, en Suisse, un renouveau significatif au cours des dix dernières années et l’historiographie s’est enrichie par la publication d’ouvrages importants sur des thématiques variées. La brève synthèse historiographique que nous présentons ici n’a aucune prétention à l’exhaustivité. Elle a, plus modestement, pour but de mentionner les travaux les plus significatifs et les plus récents sur le sujet. Parmi les livres généraux présentant une vaste synthèse, citons celui de Hans Rudolf Fuhrer qui traite de l’armée et de la défense de la Suisse au cours de la guerre.1 Dans un registre plus spécifique, Christophe Simeon a réalisé un mémoire de licence sur le développement manqué de l’aviation militaire entre 1910 et 1914.2

Deux domaines ont cependant connu un regain d’intérêt particulièrement marqué. Le premier est le genre biographique. Divers historiens se sont ainsi penchés sur les vies de certains personnages parmi les plus marquants de la période, notamment Ulrich Wille,3 nommé général en 1914, Theophil Sprecher von Bernegg,4 chef de l’Etat-major général à partir de 1906, et Fritz Gertsch,5 officier instructeur non-conformiste, envoyé en mission au cours de la guerre russo-japonaise. Ces biographies viennent s’ajouter à des études antérieures, comme celle d’Arnold Linder sur le chef de l’Etat-major général, Arnold Keller.6 Le second domaine est celui, remarquablement vaste, de l’histoire sociale. Un premier ouvrage général s’est intéressé aux relations entre le peuple suisse et son armée.7 Cette intéressante synthèse établit notamment une comparaison entre les situations spécifiques des deux guerres mondiales. Les aspects idéologiques, les conceptions politiques et militaires du corps des officiers, ainsi que les querelles qui en ont découlé, ont aussi fait l’objet d’une attention particulière. Rudolf Jaun a étudié l’influence des conceptions militaires prussiennes sur les officiers suisses de la Belle Epoque.8 De son côté, David Rieder a décortiqué de manière approfondie l’«affaire de l’hydre» qui a entraîné la démission de nombreux chefs de l’administration du Département militaire fédéral, dont le chef de l’Etat-major général.9

En ce qui concerne plus particulièrement cette dernière institution, sujet du présent livre, les principaux ouvrages qui lui sont consacrés pour la fin du XIXe siècle sont plus anciens et datent des années 1980 et du début de la décennie 1990. La collection Der Schweizerische Generalstab/L’Etat-major général suisse, qui retrace son histoire depuis les origines jusqu’au milieu des années 1960, comprend deux volumes qui étudient les questions institutionnelles et politiques. Le premier est celui réalisé par Victor Hofer pour les années 1848–1874.10 Le second, qui aborde la période 1907–1924, a été publié par Hans Rapold.11 Les aspects sociologiques relatifs au corps des officiers d’Etat-major général ont par ailleurs été traités par Rudolf Jaun dans deux autres tomes qui couvrent des tranches chronologiques d’une septantaine d’années chacun, en donnant une vision large et synthétique.12

La période étudiée dans le présent ouvrage, volume IV de la collection, s’intercale chronologiquement entre celles abordées par Victor Hofer et Hans Rapold et comble enfin une lacune vieille d’un quart de siècle! Notre étude complète également celles, prosopographiques, de Rudolf Jaun. Elle approfondit en effet certains aspects sociologiques, la tranche chronologique abordée, plus étroite, permettant une analyse et une présentation plus détaillées.

Notre étude s’inscrit dans le cadre de l’antagonisme franco-allemand qui découla de la guerre de 1870–1871. De par sa situation géographique, la Suisse se trouvait au milieu des belligérants potentiels et elle contrôlait les voies de communication les plus courtes reliant les Etats de la Triplice, ainsi que certaines lignes d’opération particulièrement favorables entre la France et l’Italie. Nous avons utilisé les grands ouvrages classiques français pour donner le contexte international général de cette période.13 Même s’ils sont généralement anciens, ces livres représentent encore une source d’informations importante. De plus, nous avons complété ponctuellement notre texte au moyen de publications plus récentes.14

En ce qui concerne les relations entre la Suisse et ses voisins, surtout les questions politico-militaires, les principaux ouvrages sont souvent anciens, comme le montre l’état des lieux présenté par Roland Ruffieux dans la Nouvelle histoire de la Suisse et des Suisses.15 Les études de Camille Gorgé16 et d’Edgar Bonjour17 sur la neutralité restent de référence pour la période, mais il faut leur ajouter l’article publié il y a une dizaine d’années par Andreas Suter, qui constitue une intéressante synthèse récente sur la question.18 Les relations germano-helvétiques ont fait l’objet de quelques études ponctuelles, mais il n’existe aucun ouvrage de synthèse. L’affaire Wohlgemuth a été étudiée de manière détaillée par Hansjörg Renk,19 tandis que Manfred Todt s’est penché sur la politique allemande au tournant du siècle.20 Plus récemment toutefois, Hans Rudolf Fuhrer a publié un très intéressant article, en collaboration avec Michael Olsansky, sur la menace militaire allemande et le rôle joué par notre pays dans l’élaboration du Plan Schlieffen.21 Quant aux relations avec l’Autriche-Hongrie, elles ont été marquées par une grande cordialité. De plus, la double monarchie a surtout été préoccupée par son expansion à l’est, de sorte qu’il y a peu à dire sur les menaces politico-militaires. L’ouvrage de Dannecker reste la référence dans ce domaine.22

Les menaces politico-militaires italiennes ont été davantage étudiées. Il faut d’emblée préciser que l’Etat-major italien a régulièrement planifié des actions militaires en Suisse à la suite de la signature de la Triplice. De plus, les revendications irrédentistes ont été perçues, dans notre pays, comme une menace importante, même si, en réalité, elles ne provenaient que de milieux extrémistes particuliers qui n’ont jamais exercé une influence significative sur les instances dirigeantes italiennes. L’étude de Hans Eberhart23 et l’article synthétique de Rudolf Dannecker24 constituent les références de base pour toutes ces questions. Pour les aspects plus strictement militaires, les publications d’Antonello Biagini/Daniel Reichel25 et d’Alberto Rovighi26 présentent beaucoup d’intérêt, d’autant qu’elles contiennent nombre de documents en annexe.

 

A l’instar des relations avec l’Italie, celles avec la France ont également été bien étudiées. Le livre d’Adolf Lacher, en dépit de son âge, représente l’ouvrage fondamental sur la question.27 Les actes du colloque de Neuchâtel de 1982 apportent de précieux compléments, notamment l’article de Jean-Claude Allain sur la politique helvétique de la France.28 Plus récemment, la Revue historique des armées a publié un numéro spécial sur les relations franco-suisses comprenant deux articles concernant notre période.29 Nous avons par ailleurs publié deux articles sur la perception de la menace militaire française en Suisse dans les années 1870–1880,30 ainsi qu’un recueil de documents d’archives qui contient l’ensemble des rapports des attachés militaires français en poste à Berne relatifs aux grandes manœuvres de l’armée suisse.31 Enfin, pour ce qui touche plus particulièrement à la Savoie, citons l’ouvrage récent de Rita Stöckli, qui traite de l’affaire de Savoie de 1860.32

3. Plan

L’ouvrage est articulé en deux parties. La première est consacrée aux aspects institutionnels de l’Etat-major général et comprend quatre chapitres. Le premier traite de l’organisation de l’Etat-major général, de son Bureau, de l’Etat-major de l’armée et du Grand Quartier général. Nous avons également voulu présenter de manière synthétique les différentes «ères» de l’institution, par le biais de courtes biographies de ses différents chefs, dans le but de montrer ce que chacun d’eux a réalisé, ce qu’il a apporté, ainsi que l’évolution de leur position institutionnelle. Enfin, le Service de renseignements a fait l’objet d’une étude spécifique. Elément indispensable de la planification stratégique, même s’il fut l’un des parents pauvres de l’Etat-major général, ce service méritait une étude plus particulière, notamment de son organisation et de ses méthodes de travail, ce qui a permis de mettre en évidence une partie des raisons des difficultés à évaluer les menaces politico-militaires étrangères.

Un deuxième chapitre étudie l’une des plus importantes activités de l’Etat-major général: l’élaboration des plans de mobilisation de l’armée. Cette activité a été régie successivement par deux documents essentiels qui structurent la première moitié du chapitre: l’instruction sur la mise sur pied de l’armée du 18 novembre 1878 et l’ordonnance sur la mobilisation du 18 novembre 1884. Ce dernier texte législatif fut complété trois ans plus tard par une ordonnance sur le Service territorial, le Service des étapes et celui des chemins de fer, formant ainsi un ensemble cohérent qui sera amélioré constamment sous l’ère Keller, qui forme la deuxième partie du chapitre.

Le chapitre III s’intéresse à la formation des officiers de l’Etat-major général et à leurs activités. Il analyse les différents documents régissant les modalités de recrutement et de formation – sélection, cursus et enseignements des différentes écoles –, ainsi que les carrières, avec le lancinant problème du retour périodique à la troupe. Il met en lumière les différences existant entre les textes législatifs et la réalité des pratiques quotidiennes dans ces divers domaines, ainsi que les différentes conceptions relatives à la fonction d’officier EMG. L’approche est largement quantitative, avec l’utilisation de nombreuses données statistiques sur les carrières et les activités des membres de l’Etat-major général au sein ou en dehors de l’institution.

Enfin, le dernier chapitre aborde la double question des compétences de l’Etat-major général et de ses relations avec les autres instances militaires. Organisation naissante au début de la période étudiée, l’Etat-major général ne possédait que des pouvoirs limités. Il partageait certaines compétences particulièrement importantes avec d’autres services du Département militaire fédéral, comme le chef d’arme de l’infanterie. Les habitudes antérieures, notamment la constitution de commissions, ne furent, par ailleurs, que peu à peu abandonnées. Ultérieurement, l’ère Keller fut marquée par une nouvelle répartition des pouvoirs, avec la consolidation de la position institutionnelle de l’Etat-major général et l’apparition de nouveaux acteurs en la personne des commandants de corps d’armée. La seconde partie du chapitre s’intéresse aux critiques faites à l’encontre de l’Etat-major général. Celui-ci fut accusé de cultiver un esprit bureaucratique et de caste. Des attaques plus violentes, qui ne visaient pas prioritairement l’Etat-major général, et que l’histoire a retenues sous le nom d’affaire de l’hydre, font l’objet de la fin du chapitre.

La seconde partie de l’ouvrage est consacrée aux relations politico-militaires de la Suisse avec ses quatre grands voisins. Le plan est articulé selon le principe chronologico-thématique. Nous avons divisé l’ensemble de la période en deux, avec l’année 1890 comme césure. Cette date constitue en effet une rupture à plus d’un titre. Tout d’abord, au niveau international, elle marque la fin de l’ère bismarckienne en Allemagne et le début d’une nouvelle politique, la Weltpolitik, avec l’avènement de Guillaume II et de Leo von Caprivi. De plus, le début des années 1890 voit aussi la Russie se détacher de l’Allemagne et se rapprocher de la France. Enfin, dès 1891, Alfred von Schlieffen remplace Alfred von Waldersee à la tête du Grand Etat-major allemand.

Sur le plan national, l’année 1890 représente un double tournant. Arnold Keller devient chef de l’Etat-major général, fonction qu’il occupera jusqu’en 1905. Cette nomination a donné une impulsion nouvelle à l’Etat-major général. En effet, la compétence technique de Keller, la durée de son activité et le fait que, pour la première fois, le chef de l’EMG soit nommé à titre permanent ont permis un développement significatif de l’institution. L’arrivée de Keller à la tête de l’Etat-major général a toutefois aussi marqué la fin de la bonne coopération entre ce dernier et le Département des affaires étrangères. Celle-ci avait commencé quelques années plus tôt, au moment de la crise boulangiste et était le fait de la bonne entente personnelle entre Alphons Pfyffer et Numa Droz. Enfin, au point de vue de la diplomatie, le début de la décennie marque la fin du «système Droz» et le retour aux pratiques anciennes en matière de relations extérieures, après le départ du Conseiller fédéral neuchâtelois en 1892.

Les deux périodes ont été abordées de manière thématique. Nous avons essentiellement travaillé par front. En raison du contexte politique international et de la situation géographique, nous avons distingué le front nord-ouest et le front sud. Le premier d’entre eux correspond bien évidemment au cas d’une guerre franco-allemande au cours de laquelle la Suisse pouvait être impliquée. Toutefois, l’Etat-major général a aussi envisagé la possibilité d’une action militaire directe de la part de la France ou de l’Allemagne. Nous verrons que la France a été perçue, pour diverses raisons, comme une menace particulièrement aiguë jusqu’au milieu des années 1880. Quant à l’Allemagne, une certaine méfiance est née à la suite de l’affaire Wohlgemuth, qui a montré que la neutralité helvétique pouvait être remise en cause par les Puissances.

La question du front sud est plus complexe. Elle ne se limite pas à la seule menace d’un conflit direct avec l’Italie. En raison de sa position géographique, la Suisse pouvait être directement impliquée en cas de guerre entre l’Italie et la France ou l’Autriche. Ce danger était particulièrement grand dans la première hypothèse, car les plus importantes lignes d’opérations entre les deux pays se trouvaient sur sol helvétique. De plus, la neutralisation de la Savoie pouvait également entraîner la Suisse dans les hostilités. Par ailleurs, la signature de la Triplice a fait naître un nouveau danger: celui d’un passage des armées italiennes à travers le territoire suisse, dans le but de coordonner l’action militaire germano-italienne contre la France. Dès lors, les chapitres relatifs au front sud comprennent également les thèmes en rapport avec le problème de la neutralité savoyarde et celui de la Triplice. Enfin, il faut encore dire deux mots du front est. Des quatre voisins de la Suisse, l’Autriche a été celui qui a été considéré comme le moins menaçant. L’Etat-major général a peu travaillé à l’hypothèse d’une guerre contre ce pays et la place qui revient à cette question se limite à la portion congrue.

La partie consacrée à la période 1890–1905 contient également deux autres chapitres. Le premier se rapporte à la nouvelle conception de la neutralité développée à la fin des années 1880, qui est née de la menace qui a commencé à peser sur son respect par les Puissances. Le second étudie les plans généraux de défense établis par l’Etat-major général. Ces plans correspondent aux préparatifs stratégiques destinés à jouer un rôle dans n’importe quelle situation de guerre. Ils comprennent les fortifications semi-permanentes en plaine, ainsi que les travaux découlant de l’importance stratégique du massif alpin.

4. Sources

Le fonds E 27 des Archives fédérales représente la première source employée pour cette étude. Il contient l’ensemble des documents émis par les différentes instances militaires au cours de la période: Département militaire fédéral, Etat-major général, chefs d’arme et de service, etc. Cette documentation a été complétée au moyen des informations recueillies dans les rapports annuels de gestion du DMF qui ont été dépouillés de manière systématique. La Revue militaire suisse, qui figure parmi les plus importantes publications militaires de l’époque, a également fait l’objet d’un traitement identique. Présentant de manière détaillée les différentes questions abordées, citant ou reproduisant, intégralement ou partiellement, des articles publiés dans d’autres périodiques militaires, la RMS a constitué une source particulièrement précieuse pour notre travail. Enfin, diverses publications de contemporains, livres, articles, ont également été consultées.

En ce qui concerne les relations internationales, nous devons beaucoup aux ouvrages publiés, dont nous avons donné une présentation au début de cette introduction. Nous avons toutefois eu recours à nombre d’autres documents. Il y a tout d’abord les publications contemporaines qui concernent particulièrement les conceptions relatives à la neutralité et à la question de la Savoie. Nous avons également travaillé sur divers documents d’archive, publiés ou non, pour compléter ou approfondir certaines questions. Les deux fonds E 2001 et E 2300 des Archives fédérales, ainsi que les Documents diplomatiques suisses33 nous ont fourni la documentation du point de vue suisse. Nous avons plus spécifiquement travaillé sur la correspondance échangée entre les représentations diplomatiques helvétiques à l’étranger et le Département politique.

L’étude des menaces étrangères nous a également conduit à étudier les documents des pays voisins de la Suisse. Concernant l’Allemagne, l’immense collection de documents diplomatiques publiés au lendemain de la Première Guerre mondiale par la Deutsche Verlagsgesellschaft für Politik und Geschichte nous a été des plus utiles, notamment les tomes IV, VI, VII et XVIII.34 Pour l’Italie, les annexes des ouvrages, déjà cités, d’Antonello Biagini/Daniel Reichel35 et d’Alberto Rovighi36 ont mis à notre disposition divers plans, études et analyses des instances militaires de ce pays. Enfin, en ce qui concerne la France, nous avons utilisé trois fonds conservés au Service historique de la Défense, Département Terre à Vincennes: 1 M, 1 N et 7 N, ainsi que divers rapports des attachés militaires français dont nous avons réalisé récemment la publication.37