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Histoire Médicale de l'Armée d'Orient. Volume 2

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NOTICE
Sur la topographie physique et médicale de Ssalehhyéh; par le citoyen Savaresi , médecin ordinaire de l'armée d'Orient

Ssalehhyéh, dans la province de Charqyéh, est la réunion, au milieu d'une immense forêt de palmiers, d'une trentaine de petits hameaux bâtis avec une boue sablonneuse et séchée au soleil. On y observe douze à quinze petits lacs, qui restent à sec pendant l'été, et un grand nombre de fossés où l'eau vient se déposer et séjourner toute l'année. Il s'élève au milieu de ces hameaux une assez belle mosquée, en partie ruinée, dont le minaret surmonte la forêt, interrompt agréablement la régularité du rideau de verdure, et fait un bel effet dans le paysage. Ce monument, entouré d'une fortification élevée par les Français, et qui doit être considéré comme le point principal de tout ce canton, est situé, d'après les observations exactes et récentes du citoyen Nouet, au 29° 39' 30" de longitude, et au 30° 48' 28" de latitude boréale, méridien de Paris.

Les maisons des paysans, ou plutôt leurs huttes ont six pieds d'élévation sur quatre pieds de large et cinq pieds de long; il y en a de plus petites encore: quelques-unes sont blanchies intérieurement avec du plâtre; elles sont garnies d'un lit et d'une natte de palmier ou de jonc. Les hommes et les animaux vivent à peu près pêle-mêle. Les habitants sont Arabes, et de diverses tribus qui autrefois étaient ennemies et souvent en guerre.

La forêt, qui a trois à quatre lieues de tour, confine à l'est avec le désert, qui, d'après les modernes, sépare l'Asie de l'Afrique, ou forme l'isthme de Souès. C'est à environ deux heures de marche dans ce désert qu'eut lieu le combat de thermidor an VI, lorsque l'armée poursuivit Ibrahim bey dans sa fuite en Syrie.

Le terrain de cette contrée est composé de sable quartzeux et d'argile: on peut assurer que la proportion de la première partie avec la seconde est comme trois à un. Si ce pays était un an sans être arrosé, il deviendrait très aride: les eaux du Nil, qui y arrivent par des canaux, déposent dans leur trajet une assez grande quantité du limon dont elles sont chargées; mais cela ne suffit pas pour engraisser la terre, et la partie sablonneuse y prédomine toujours. C'est malgré cela le seul endroit de la basse Égypte où j'ai vu des prairies naturelles, ornées de fleurs de camomille, de gremil (lithospermum augustifolium. Lin.) de lichens et de narcisses, et qui offre des points de vue aussi agréables.

Quoique le pays présente peu de ressources, les habitants vivent assez bien; ils recueillent du blé et de l'orge; ils ont du trèfle, du tabac, de l'indigo, des radis, des banniers (hibiscus esculentus. Lin.), de la mauve, des dattes excellentes, du poisson, des poulets, des pigeons, des canards, des troupeaux de chèvres et de moutons. J'ai vu fort peu de buffles et de bœufs, et je crois qu'ils ne leur sont pas nécessaires, parce qu'ils arrosent à force de bras, et qu'ils défrichent la terre sans le secours de ces animaux.

Une multitude de hérons et d'oiseaux nageurs passent leur vie sur les bords des lacs dont j'ai parlé; ils y pêchent de petits poissons, et y cherchent des vers pour se nourrir. Les insectes sont en général, et comme dans le reste du désert, de la couleur parfaite du sable; de sorte qu'il y a trois ou quatre espèces d'orthoptères, qu'on ne peut distinguer que quand ils sautent. On prend beaucoup de hérissons dans les bois, et on y chasse le sanglier. Les corbeaux et les milans purgent promptement la terre des cadavres. Les chiens sont comme ceux du reste de l'Égypte. Les déserts voisins sont peuplés de gazelles, d'autruches, de caméléons, et de lézards prodigieux, tels que ceux que l'on fait voir par curiosité dans les rues du Kaire.

Au nord de la forêt il y a des tamaris, des saules et des nabkhs (rhamnus napeca. Lin.). J'ai trouvé la salsosa et la suæda, le chenopodium polyspermum. Lin., la filago gallica. Lin., le colchicum autumnale. Lin., le ranunculus sceleratus. Lin., l'alisma, plantago Lin., la fumaria officinalis. Lin., le buphtalmum spinosum. Lin., l'arthemisia absyntium. Lin., et la medicago marina. Lin. Les cyperus, communs sur les bords du Nil, sont ici très rares. La chicorée sauvage, la bourrache et la cynoglosse y croissent en abondance.

On a pour les arbres un respect religieux: cela tient-il à leur grande utilité, ou bien à l'usage où les habitants de ce pays sont d'enterrer quelquefois leurs morts au pied des arbres? Je frappais un jour avec une baguette le tronc d'un beau nabkh; un vieillard s'avança vers moi; il était ému et ses yeux étaient baignés de larmes: Cesse, me dit-il en suppliant, cesse de troubler le sommeil d'un cheikh vénérable qui repose sous les racines de cet arbre. Je me conformai à l'instant à ses désirs, et il me combla de bénédictions.

Les lieux incultes sont, comme le reste de l'Égypte, couverts de muriate de soude. J'ai observé deux citernes ruinées et bâties en brique, sur lesquelles on trouve une matière saline blanche, qui m'a paru du natron.

Il y a très peu de minéraux; on rencontre par fois des morceaux de lave qui sont des débris de meules.

Les habitants de Ssalehhyéh ont peu de maladies, et la mortalité est limitée chez eux. D'après un calcul que j'ai fait, l'ophtalmie attaque tous les ans la vingtième partie de la population. Il y a peu d'aveugles, et beaucoup de borgnes. La perte de la vue est souvent la suite de la petite vérole, qui fait de fréquents ravages, et se joint tous les dix ou quinze ans aux fièvres contagieuses qui se propagent d'ordinaire de Damiette. L'application du feu et les scarifications, moyens énergiques et par conséquent efficaces, quand l'emploi en est sagement déterminé, composent à peu près toute la médecine du pays, qui est d'ailleurs sain, et où il pleut sept ou huit fois par an dans l'hiver. Les habitants se baignent fréquemment dans les lacs. Ils sont sobres. Ils ont placé leurs cimetières loin de leurs habitations. Il est digne d'observation que les hommes et les femmes n'ont pas, comme dans le reste de l'Égypte, l'usage de se couvrir le corps de marques bleues, de noircir leurs paupières, et de colorer leurs ongles avec le henné (lewsonia inermis. Lin.), pratique au reste très ancienne chez les Arabes, même parmi les khalifes, et dont il est fait mention dans l'Histoire sarrasine d'Elmacin, traduite par Erpenius. J'ai vu à Ssalehhiéh un grand nombre de vieillards assez robustes, et n'ai pas observé un seul estropié. Il faut sans doute rapporter en grande partie cette belle conformation à la grande liberté des mouvements qui ne sont jamais comprimés dans l'enfance.

NOTICE
Sur la topographie physique et médicale de Belbeys; par le citoyen Vautier , médecin ordinaire de l'armée d'Orient

Belbeys est une ville de la Charqyéh, et le chef-lieu du 4e arrondissement de l'Égypte, dans la division établie par l'ordre du général en chef Kléber, du 28 fructidor an VII.

Le citoyen Nouet, membre de l'institut, observant au camp un quart-d'heure en avant de Belbeys, en a déterminé la situation au 29° 13' 36" de longitude, et 30° 25' 36" de latitude, méridien de Paris, et à 24,687 toises ou 10 lieues 8 toises, à 2,283 toises par lieue, nord nord-est du grand Kaire, tour des janissaires.

La population actuelle est de deux mille habitants environ, tous musulmans, à l'exception de quelques familles de chrétiens, qui n'exercent aucun culte public, et s'y trouvent fixées seulement depuis l'occupation de l'Égypte par les Français.

On a cru mal-à-propos que Belbeys était bâtie sur les ruines de l'ancienne Bubaste. Les ruines de cette dernière ville sont à six lieues ou six heures de marche, nord nord-est de Belbeys.

Il paraît certain, d'après beaucoup de renseignements, que Belbeys est l'ancienne Pharbætis.

Belbeys était considérable lorsqu'Amauri, roi de Jérusalem, en fit le siège à la tête des croisés, l'emporta d'assaut, et la livra au pillage: depuis cette époque cette ville présente un aspect misérable; les rues sont mal percées et les maisons mal bâties. Il y a seulement une assez belle mosquée, en partie ruinée, et convertie par les Français en hôpital militaire. Les fortifications construites pour notre défense donnent pourtant à cette ville, un aspect et un caractère qu'elle n'avait pas auparavant.

Les environs de Belbeys sont, les uns déserts et sablonneux, et les autres susceptibles d'une belle culture. La partie du nord-est, qui s'étend vers le Mokatam, appartient au premier genre; le reste, abandonné depuis très peu de temps, et par une suite des circonstances de la guerre, était très bien cultivé.

Dans quelques fouilles aux environs de la ville j'ai trouvé beaucoup de terres argileuses, des bois pétrifiés, et une quantité considérable de briques. On remarque quelques traces de l'ancienne enceinte au nord et à l'est de la moderne.

Au nord-est et à cinq cents toises de Belbeys on voit les restes d'une digue appartenant à l'ancien canal de Souès, appelé depuis Abou-Menedjéd; cette digue était revêtue d'un quai en maçonnerie près de Belbeys. Le canal abreuvait la ville, arrosait les environs, servait au commerce, qui consistait principalement en blé et en graine de lin. Les sables portés par les vents ont comblé presque entièrement le canal, abandonné au dépérissement par une suite de l'insouciance des habitants, et de l'inertie coupable du gouvernement, qui n'est cependant institué partout que pour s'occuper de la prospérité publique: c'est l'époque à laquelle a commencé une grande stagnation dans l'activité et dans l'industrie des habitants, et la diminution de l'aisance qui est la récompense du travail. Il n'y a plus à Belbeys que quarante cinq tisserands, et onze fabriques ou moulins à huile de lin, qui se consomme sur les lieux, et s'exporte en Syrie.

 

On cultive le lupin en assez grande quantité dans les environs, et l'on en mange les graines après les avoir fait germer, ce qui leur enlève leur odeur nauséabonde.

On cultive également le henné dans les environs de Belbeys, et autour des villages de Zéribéh et Géty: on ne permet point à cet arbrisseau de s'élever à une grande hauteur, comme dans les jardins du Kaire, où l'on aime ses fleurs blanches et odorantes; on se contente de les laisser croître jusqu'à six à sept pieds de hauteur: on coupe les branches deux fois par an, ensuite on les entasse pour les faire sécher au soleil; après la dessiccation on sépare les feuilles des branches en les battant avec des massues: cette première opération faite, on ramasse les feuilles, que l'on passe dans un tamis afin d'en séparer la terre, ensuite on les pulvérise dans un moulin dont la meule est de granit, et divise en molécules très déliées. La poudre qui en est le résultat est encore passée dans un tamis de crin, afin d'en retirer les parties ligneuses qui ont pu rester dans la pulvérisation. On met ensuite la poudre dans des sacs de cent-vingt livres, et c'est ainsi qu'elle est répandue par la voie du commerce dans l'Égypte, la Syrie, et la Perse, où elle est employée avec beaucoup de succès dans la teinture des étoffes, particulièrement de laine. Les citoyens Berthollet et Descotils, membres de l'institut, ont déjà publié sur les propriétés tinctoriales du henné des observations qui ne me laissent rien à dire sur cet objet.

Les Égyptiens colorent en rouge orangé leurs ongles, et souvent la peau de leurs mains, avec une pâte faite de poudre de henné: c'est ordinairement à l'époque à laquelle ils vont contracter le mariage; et ce signe de leurs engagements répond en quelque sorte à nos fiançailles.

Indépendamment des productions dont j'ai parlé, on cultive encore dans la campagne du blé, des lentilles, des fèves, du tabac, de la coriandre, etc.

On a sans fondement donné le nom de Camp des Romains à l'enceinte d'une ancienne ville ou plutôt d'un temple égyptien d'une haute antiquité, qui se trouve près du village de Mit-Habit. Ces ruines sont désertes; mais les environs sont bien cultivés, arrosés par les eaux du Nil; ils sont ornés d'un grand nombre de dattiers.

Les habitants de Belbeys sont généralement secs, maigres, et très robustes. Il y a parmi eux beaucoup de vieillards; mais on ne peut, comme dans le reste de l'Égypte, fixer l'âge bien précis d'aucun d'entre eux.

Le caractère des habitants m'a paru doux, de même qu'ils m'ont paru attachés aux Français. Cette bienveillance, fruit de la justice de notre gouvernement, n'a pas même échappé à nos ennemis, quand le grand-vizir s'avança, l'an VIII, jusqu'aux portes du Kaire pour exécuter la partie de la convention d'êl-A'rych qui lui était avantageuse.

Les maladies dont les habitants de Belbeys sont le plus souvent affectés sont l'ophtalmie, la diarrhée, la dysenterie, les fièvres gastriques, et les intermittentes, la petite vérole discrète, et surtout la confluente, qui est, sans en excepter les fièvres pestilentielles, celle de toutes les maladies qui fait le plus de ravages en Égypte.

Les habitants sont très sujets aux vomissements, quand, après avoir mangé, ils boivent l'eau des citernes: les troupes françaises ont éprouvé la même indisposition. Cela tient à ce que ces eaux, surtout quand elles sont anciennes, contiennent beaucoup de gaz hydrogène sulfuré; mais en les exposant à l'air, en les agitant, en les versant de haut, on leur rend l'oxygène nécessaire pour être très bonnes et agréables à boire.

Le peuple écoute avec plaisir en Égypte les avis des médecins européens. En profitant de cette disposition confiante des esprits, on pourrait répandre des principes d'hygiène énoncés avec clarté et simplicité; et quand ils seraient réduits en pratique, l'on aurait beaucoup moins de maladies à craindre et à combattre.

NOTICE
Sur la topographie physique et médicale de Rosette; par le citoyen L. Frank , médecin ordinaire de l'armée d'Orient

Rosette, située au 31° 54' 2" de latitude boréale, et au 28° 11' 24" de longitude, méridien de Paris, est l'une des plus belles villes de l'Égypte; elle est bâtie sur la rive occidentale du Nil, à une lieue et demie de la mer. En considérant les blocs considérables et les nombreuses colonnes de granit qui se trouvent fréquemment, on pourrait croire cette ville très ancienne; mais l'histoire ne fait pas remonter sa fondation plus haut que le huitième siècle. El-Macin nous apprend qu'elle fut bâtie sous le règne d'èl-Metouakel, khalife de Bagdad, vers l'an 870 de l'ère vulgaire, et sous le pontificat de Canna, patriarche des jacobites à Alexandrie.

Rosette, d'une forme demi-ovalaire, a à-peu-près une lieue de longueur sur un quart de largeur; les maisons y sont d'une forme élégante, construites assez solidement, et terminées par des terrasses: les rues ne sont point régulièrement alignées, et la plupart sont étroites; mais le quai qui borne le Nil est très beau, la vue en est extrêmement agréable. Il y règne de la fraîcheur et un grand mouvement qui produit beaucoup de diversion.

Au nord de la ville on trouve une place assez belle et très spacieuse; c'est là qu'est établi l'hôpital militaire, propre à recevoir commodément trois cents malades.

La ville est entourée de jardins, surtout au nord et au sud. La plupart de ces jardins sont hérissés d'orangers, de citronniers, de bananiers, de dattiers, etc., plantes sans aucun ordre. L'art de cultiver les orangers et les citronniers est absolument inconnu. Au reste l'hiver ne les dépouille point de leur verdure, et ils sont toujours comme au printemps; dans le temps des fleurs ils embaument au loin l'air que l'on respire. On cultive avec quelque soin une prodigieuse quantité d'excellentes plantes potagères, que l'on transporte à Alexandrie, dont le terrain stérile n'a pas les mêmes richesses. On trouve encore à Rosette et on en exporte des melons, des figues, des bananes, des pêches, des abricots, des grenades, des oranges, etc.

Au sud et au sud-ouest il y a des monticules de sable, et au nord une plaine à perte de vue très bien cultivée et très agréable.

Rosette est en face du fertile Delta, où l'on cultive entre autres choses une prodigieuse quantité d'excellent riz. Les rizières ne me paraissent pas entraîner l'insalubrité dont on se plaint tant et avec fondement en Europe.

Il est très difficile d'évaluer au juste la population d'aucune ville de l'Égypte; cependant je crois que celle de Rosette est de douze à quinze mille habitants. La population était beaucoup plus considérable, et peut-être double, il y a quelques années; mais une interruption notable dans le commerce intérieur et extérieur, ainsi que des épidémies fréquentes ont contribué à cette diminution. La célèbre peste appelée en Égypte d'Ismael-bey, qui a eu lieu en 1791, a fait à Rosette des ravages particuliers.

Le plus grand nombre des habitants de Rosette sont musulmans; le reste est Juif, ou catholique du rite grec ou latin. Le gouvernement des Mamelouks attachait peu d'importance à la diversité des cultes, et les tolérait tous.

Les habitants de Rosette sont généralement d'un caractère froid et tranquille, sans désirs, sans ambition, supportant également la bonne et la mauvaise fortune, rapportant tout à la volonté de Dieu. Les hommes passent le jour occupés à fermer, à leurs affaires, ou au milieu de leur famille; rarement ils se promènent même dans leurs suaves jardins. Tout ce qu'a raconté Savary sur les fréquents rendez-vous des jeunes Géorgiennes est une fiction de son imagination; les femmes ne sortent pas plus de leurs maisons que dans le reste de l'Égypte: c'est une habitude prise dès l'enfance, et non pas une contrainte.

Les hommes sont généralement d'une belle taille, robustes, et d'une physionomie mâle; leur marche est grave et mesurée.

Quant aux femmes, il est difficile de les voir et de les juger. La coutume de les voiler, qui nous paraît ridicule, n'est pas sans de grands avantages pour le bonheur individuel des familles. C'est dans l'Orient que les hommes peuvent se flatter d'avoir une femme qui leur appartient exclusivement, et des enfants qu'ils ont faits. Les femmes n'ont qu'une occupation, celle de plaire à leurs époux: il est vrai qu'elles sont aussi plus jalouses de la toilette, des belles étoffes et des bijoux, que les Européennes, et que c'est par leurs caresses qu'elles obtiennent tout ce qu'elles veulent. Quoique les femmes de ces contrées se croient assez instruites sur les moyens de concevoir aisément, elles consultent encore avec empressement les médecins sur cet objet. Un grand caractère de beauté pour les femmes est d'avoir de l'embonpoint, quelque loin qu'il soit porté; et ce que l'on peut dire de plus flatteur pour une femme c'est qu'elle est belle comme la lune.

Prosper Alpin a déjà parlé des différents moyens qu'emploient les femmes pour s'engraisser: mais je me propose de traiter amplement cette matière dans un ouvrage étendu, que je compte publier dès que les circonstances me le permettront, et dont l'annonce est déjà connue par une lettre adressée au citoyen Desgenettes, médecin en chef de notre armée, en date du 18 pluviôse an VIII, et imprimée le 30 du même mois dans le no 59 du courrier d'Égypte.3

La manière de vivre des habitants de Rosette est très simple, et offre un grand exemple de sobriété. L'eau du Nil devient saumâtre quand ce fleuve décroît, parce que l'eau de la mer vient s'y mêler; et on boit alors l'eau des citernes, que l'on remplit tous les ans dans le temps de la crue du fleuve.

Parmi les animaux domestiques celui qui prospère le plus est le buffle; son lait est très substantiel, mais sa chair est inférieure à celle du bœuf et des vaches. Plusieurs épizooties ont réduit considérablement le nombre de ces derniers animaux. Il est remarquable qu'au plus fort de la maladie les buffles vivaient pêle-mêle avec les bœufs et les vaches, prenaient la même nourriture sans en prendre la maladie.

Il y a beaucoup de chameaux à Rosette. L'entretien de cet animal utile est peu coûteux: mais il exige beaucoup de soins; si on charge mal un chameau on court risque de le blesser et de le mettre facilement hors de service. Ceux qui ont mangé du chameau le préfèrent au cheval. Les chameaux et les chameliers sont très sujets à la gale: on la traite chez les uns et les autres avec du soufre. Au reste la gale est très rare dans toute l'Égypte, même parmi les Juifs, qui, comme on le sait, sont partout ailleurs sujets à cette maladie de la peau.

Le climat de Rosette est beaucoup plus tempéré que celui du Kaire. Dans le printemps, l'automne, et l'hiver, l'atmosphère est sensiblement humide du coucher au lever du soleil. Il pleut en hiver quelquefois plusieurs jours de suite; et c'est ce qui a déterminé les habitants à bâtir solidement leurs maisons. Les vents du nord sont fréquents en été; on s'en aperçoit à la direction de quelques sycomores. Quand le vent diminue, on est abattu comme dans le reste de l'Égypte; et c'est le temps des maladies.

La peste, la dysenterie, la petite vérole, et les maux d'yeux sont les maladies les plus fréquentes et les plus redoutables à Rosette. Les moins dangereuses sont les affections hémorroïdales, l'asthme, la faiblesse, et les flatuosités de l'estomac. Le rachitis, la dentition difficile, et les convulsions enlèvent une quantité considérable d'enfants dans la première et seconde année de leur vie. On voit assez fréquemment une tuméfaction monstrueuse des extrémités inférieures.

 

L'expérience a prouvé qu'il est avantageux d'envoyer les convalescents du Kaire à Rosette: cette translation guérit souvent des dysenteries rebelles.

Rosette n'a ni médecins, ni chirurgiens, ni pharmaciens instruits ou expérimentés. Il est d'usage de traiter les maladies vénériennes avec la salsepareille et les bains; ce qui réussit. Ce qu'ils savent sur la peste se réduit à son histoire.

J'aurais désiré donner plus d'extension à cette notice; mais je n'ai pu me refuser à la rendre publique pour me conformer aux vues énoncées dans la circulaire du médecin en chef de l'armée, du 25 thermidor an VI.

3Tout mon travail est divisé en neuf articles; savoir: 1o Topographie physique du grand Kaire; 2o Son climat, différence des saisons, etc.; 3o État actuel de la médecine, de la chirurgie, et de la pharmacie. 4o Recherches sur la manière la plus vraisemblable d'évaluer la population du Kaire; 5o Qualités physiques et morales des habitants; 6o Leur manière de vivre; 7o Les bains d'étuves, et leur influence sur la santé; 8o Les principales maladies qui s'observent; 9o Exposé de la matière médicale des habitants du Kaire. Je compte encore publier différents autres mémoires, parmi lesquels il s'en trouve un sur le commerce des nègres au Kaire, et sur les maladies auxquelles ils sont sujets en arrivant. Il contient, à ce que je crois, des détails assez curieux, entièrement négligés par les voyageurs qui ont jusqu'à présent visité l'Égypte.