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Histoire Médicale de l'Armée d'Orient. Volume 2

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Nous abrégeons, et nous finirons en nous pénétrant de l'avantage inappréciable qu'on goûte à connaître la constitution régnante. Une foule de toux qu'on aurait cru être pectorales n'ont cédé qu'aux minoratifs répétés, composés avec la manne et l'oxyde d'antimoine sulfuré rouge.

Nous avons la satisfaction de pouvoir assurer que le nombre des malades que nous avons perdus n'a été si considérable que parce que plusieurs ont été commis à nos soins lorsque les secours de l'art ne pouvaient plus leur être d'aucune utilité. Il est aussi utile d'observer que notre hôpital a été précédemment encombré par des maladies extrêmement graves, circonstance qui l'a rendu évidemment suspect à habiter; c'est ce qui a déterminé le médecin en chef à faire ordonner que le nombre des fiévreux fût réduit d'un tiers, en évacuant cent malades sur le grand hôpital placé au milieu d'un camp retranché, et connu jusqu'ici sous le nom de ferme d'Ibrahim-bey.

Nous avons encore à nous plaindre de n'avoir pu obtenir de nos malades la plus petite modération dans le régime: à peine étaient-ils sortis d'un état pitoyable, qu'ils se livraient à l'intempérance, buvaient de mauvaise eau-de-vie et en quantité, et commettaient d'autres excès; aussi en ont-ils été les tristes victimes. «Il faut non seulement que le médecin fasse son devoir, dit le premier aphorisme d'Hippocrate, mais il faut encore que le malade fasse ce qui convient, aussi bien que les assistants, et qu'il fasse cadrer à ses vues les choses extérieures1

TOPOGRAPHIE
Physique et médicale du vieux Kaire; par le citoyen RENATI , médecin ordinaire de l'armée d'Orient

Le vieux Kaire diffère peu dans sa bâtisse du reste des grandes villes de l'Égypte: on y rencontre partout de vastes édifices ruinés, de petites maisons sans jour, et des huttes très basses, malpropres, presque souterraines, extérieurement emplâtrées de fumier, qu'on y attache pour le faire sécher, et dont on se sert ensuite pour remplacer dans le chauffage le bois qui est très rare. Les rues sont étroites, mal percées, et sans pavé: la ville est baignée à l'est par le Nil, et à l'ouest elle est entourée de monticules poudreux, produits de décombres, cernés eux-mêmes par un désert de sables. À un demi-quart de lieue s'élève le Moqattam, aride, brûlé, et sur lequel on peut à peine arrêter les yeux quand il est éclairé par le soleil. Dans l'espace intermédiaire on observe des ruines, que quelques-uns croient être celles de l'ancienne Babylone, remarquables, au reste, par une assez forte muraille, des édifices en partie démolis, mais qui ont eu de la magnificence, un reste d'aqueduc, un couvent dit de Saint-George, siège du patriarche grec, et les églises de Saint-Macaire et de Saint-Sergius, où l'on montre une petite chambre souterraine dans laquelle on dit que la sainte famille se retira en fuyant de Gaza: c'est un objet de vénération pour les chrétiens.

Le vieux Kaire, situé sur la rive orientale du Nil, à une demi-lieue du grand Kaire, a dû nécessairement devenir l'entrepôt du commerce de la haute Égypte: un nombre prodigieux de barques chargées de blé, d'orge, de fèves, montent et descendent sans cesse pour remplir les magasins du vieux Kaire ou en couvrir le rivage. Dans l'été, ces barques transportent une grande quantité de dattes, de sucre, de volailles et de troupeaux; un nombre considérable d'ânes est continuellement employé au transport des marchandises, et soulève une poussière qui étouffe les passants. Il y a quelques jardins et des plantations agréables de sycomores et d'acacias.

On ne peut pas fixer exactement la population du vieux Kaire à cause de la grande quantité de personnes que le commerce y attire journellement du grand Kaire et des environs.

L'hôpital militaire est un des mieux placés de l'armée; c'est un bâtiment vaste et commode, presque isolé, et suffisamment élevé, qui se trouve à l'entrée de l'ancien Fostad, à deux cents pas de l'aqueduc qui autrefois menait l'eau à la citadelle; il s'étend le long du Nil: on ne voit dans ses alentours ni décombres ni montagnes poudreuses. Environné d'agréables vergers, ouvert à tous les vents, il est singulièrement dominé par les vents du nord et nord-est, très salutaires dans ces contrées. À l'avantage de voir couler sous ses murs une branche assez considérable du Nil qui fournit facilement à ses besoins, il unit la charmante perspective de l'île de Raoudah, toujours verdoyante, et renommée par sa fertilité et par le méqyas, situé à l'extrémité sud, et faisant face au courant de la grande branche qui se partage pour former l'île.

Ce méqyas ou nilomètre tant vanté, que la politique ignorante et ténébreuse des Turks enveloppait d'un voile mystérieux, cet objet enfin de la curiosité de tous les voyageurs, est une simple colonne octogone de marbre commun, élevée au milieu d'un bassin carré, dont le fond se trouve de niveau avec le lit du Nil; elle est partagée en coudées égyptiennes, et les coudées en doigts. Les ingénieurs des ponts et chaussées à la suite de l'armée donneront une histoire très exacte de ce monument. L'eau est montée cette année au chapiteau de la colonne, mais elle n'a point touché la poutre qui la surmonte.

L'île de Raoudah n'a pas été inondée. Selon l'expérience des naturels du pays, la crue des eaux est regardée comme bonne, et l'on s'attend déjà à une récolte abondante. C'est dans cette île vraiment délicieuse que j'ai vu les plus beaux sycomores de l'Égypte; il y en a une belle ligne sur la côte occidentale, qui forme une arcade majestueuse et impénétrable aux rayons du soleil. Les dattiers, les orangers, les citronniers, les tamaris, les grenadiers, les acacias, les bananiers, et les arbres qui donnent la casse, sont les arbres que l'on observe le plus communément en Égypte: ils sont tous réunis dans cette île, et plantés sans ordre et sans distribution; ils forment ces forêts et ces vergers que les gens du pays appellent improprement jardins. On y cultive la canne à sucre, le coton, et l'indigo avec assez de succès: cette terre infatigable ne se refuse à rien.

Le Nil coule sous mes fenêtres, et il m'invite à la méditation. On en a tant parlé et depuis si longtemps, qu'il me reste peu de choses à ajouter: cependant on ne peut voir sans une surprise mêlée d'un certain sentiment de respect, un fleuve qui, dans ses débordements, pourrait submerger à la fois et anéantir une immense population, augmenter sans dangers, par un phénomène unique, annuel et constant, le volume de ses eaux, charrier un limon qui fertilise des sables arides, et devenir une source d'existence et de bonheur. En réfléchissant sur cet objet, on excuse volontiers les alarmes et les inquiétudes de ce peuple à demi sauvage sur la crue du Nil; et on lui pardonne aisément les transports bruyants auxquels il se livre, et l'ivresse de sa joie dans les eaux abondantes, lorsqu'on voit que sans elles l'Égypte ne présenterait qu'un océan de sable stérile, impénétrable à tout être animé.

Les écrivains de tous les temps et de toutes les nations ont constamment vanté et célébré la fertilité du sol de l'Égypte, qu'ils ont tous attribuée au limon que le Nil transporte de l'Éthiopie et de l'Abyssinie; mais cet état, emprunté et étranger au sol, ne pourrait-il pas venir à cesser pour plusieurs motifs, sans parler des révolutions physiques auxquelles le globe est fréquemment sujet. Combien de fois l'explosion violente des volcans et les tremblements de terre n'ont-ils pas desséché ou détourné le cours des fleuves, et aplani ou fait sortir des montagnes du sein de la terre! Ces grands mouvements de la nature, isolés ou combinés, ne pourraient-ils pas agir un jour avec une grande énergie sur le Nil, qui conserve toujours ses eaux troubles et bourbeuses, et qui court libre sans que son lit soit retenu et encaissé par des digues?

C'est une vérité hydrostatique démontrée, que les fleuves abandonnés aux seules lois régulières de la nature prolongent leur ligne, en déposant à leur embouchure une grande partie de ce qu'ils charrient des montagnes dont ils descendent, et des terres sur lesquelles ils passent; par ce moyen ils forment ces nouveaux continents qu'on appelle de nouvelle alluvion: en déposant continuellement au fond du canal qu'ils parcourent, ils élèvent les lits des canaux jusqu'à l'horizon des campagnes; alors les eaux, ne pouvant plus y être contenues, cherchent un plan incliné pour couler, et ne manquent pas de préférer le plus court qui est le plus droit; alors, par la gravité de leur masse et la rapidité accélérée, elles franchissent tout obstacle, entraînent tout ce qui s'oppose à leur marche, et se rendent à la mer. Les déluges d'Ogygès et de Deucalion ne furent probablement que des rivières qui avaient changé de direction, inondé des terres basses, et submergé des villes et des villages qu'elles rencontrèrent sur leur route.

Il paraît que cette importante vérité cosmogonique n'a pas échappé aux mages de l'Égypte: ils en faisaient un mystère au peuple, qui n'était pas plus éclairé sur ses intérêts qu'il ne l'est aujourd'hui; ils l'obligeaient à des travaux immenses et pénibles, soit en creusant le lit du Nil, soit en ouvrant de nouveaux canaux, pour conserver au fleuve une profondeur constante, et pour élever en même temps l'horizon des terres avec ce qu'ils en retiraient du fond: c'était toujours en célébrant quelque fête, ou pour plaire à quelque divinité que cela se faisait. La science mystérieuse des hiéroglyphes, leur polythéisme, aussi bizarre à nos yeux, ne tenait peut-être qu'à cette grande vérité, et n'avait pour but que de diriger le peuple vers son bonheur sans l'effrayer.

 

Le dépérissement de tant de villes, jadis très célèbres et très florissantes, et dont les restes misérables et ignorés sont épais dans les déserts, n'est que l'effet de la cessation des travaux des anciens. Le Delta, qui est un de ces nouveaux continents formés par des atterrissements systématiques des rivières, ne nous dédommage pas des pertes que nous avons faites par cette négligence. Il resterait à voir à quoi nous sommes exposés en abandonnant le Nil à soi-même. Je n'entrerai point dans le détail d'une matière si vaste, qui n'est pas de mon ressort, et qui demande tant de connaissances et d'observations; il me suffit de faire part d'une idée qui m'est passée par la tête en regardant le Nil.

J'aurais voulu donner des observations météorologiques; elles seraient de beaucoup d'utilité à la médecine; mais, faute d'instruments nécessaires, je n'en puis rien dire: je puis seulement assurer que les changements qui se sont tour-à-tour succédés dans l'atmosphère ont eu une influence marquée sur la constitution des maladies. Les vents septentrionaux soufflent avec assez de constance et de force pendant environ neuf mois de l'année; la pluie est tombée plusieurs fois cet hiver, toujours accompagnée d'orage; j'ai entendu le tonnerre gronder souvent, mais seulement dans le jour; j'ai observé l'air s'embraser fréquemment par quelque météore; et à la retraite des eaux il y a des brouillards très épais, comme en Europe, et les rosées tombent avec une grande abondance.

L'Égyptien, enveloppé dans sa longue robe bleue ou noire, la barbe longue, la tête entourée d'un gros turban, tantôt rouge, tantôt vert, et plus souvent blanc, a généralement un aspect fier et imposant; sa physionomie est prononcée, sa taille avantageuse, le corps musculeux et bien dessiné; il a les yeux noirs et vifs, les dents blanches, une voix forte et sonore; il semble annoncer qu'il vit dans un pays sain, mais qui n'est pas libre: il est rampant, astucieux, menteur, et sans courage. Les femmes ont les traits du visage plus adoucis, mais sans délicatesse et sans expression; leur corps est souple et pliant; les bras et les mains sont bien arrondis et potelés; leur démarche est agréable, mais leur sein est flasque et pendant: elles sont bien loin d'avoir les grâces et les charmes de nos Européennes.

L'habitant de l'Égypte est laborieux sans être actif; il ne manque pas d'adresse et d'imitation: ses facultés intellectuelles ne sont pas exercées, et portent l'empreinte d'un gouvernement oppressif, et d'une religion superstitieuse et intolérante.

Le peuple, sain, robuste, borné dans ses besoins, vivant sous un ciel constamment serein, s'abandonne facilement à la gaieté; mais le riche, sybarite, fainéant, tourmenté souvent par l'ambition, conserve un maintien grave et imposant: il est extrêmement soupçonneux et curieux.

Les hommes sont libidineux et jaloux au plus haut point: ils deviennent souvent impuissants à l'âge de quarante ans. Les femmes sont très fécondes; la stérilité est rare. L'onanisme est peu connu; mais le vice qui contrarie les vues de la nature est très usité, singulièrement parmi les grands: les chrétiens ne sont pas à l'abri de ce reproche.

La menstruation commence de dix à douze ans, et finit de trente-cinq à quarante. Les pâles couleurs et toutes les indispositions qu'elles entraînent à leur suite sont fréquentes chez les Turques, très ordinaires chez les chrétiennes, qui mènent les unes et les autres une vie fort peu active, et restent toujours enfermées dans leurs maisons.

Le terme de la vie est comme en Europe; cependant on voit beaucoup plus de vieillards et mieux portants: les hommes de cent ans sont fréquents; et on en voit jusqu'à l'âge de cent vingt ans marcher dans les rues sans soutien et sans bâtons. Les femmes ne conservent pas longtemps leur fraîcheur, et à trente ans elles ont les marques de la vieillesse sur la figure. Peut-être commencent-elles trop tôt leur carrière; mais la meilleure raison sont les fatigues qu'elles éprouvent, et leur mauvaise nourriture.

Il est impossible d'être plus sobre que l'est l'Égyptien; en général, un peu de pain, des dattes et du fromage salé, des fèves, quelques racines dans l'été, les pastèques, forment toute sa nourriture. Le riche met sur sa table du mouton, des poulets, du riz, et quelques friandises, et mange fort peu. Leurs mets sont apprêtés avec beaucoup d'aromates, et presque sur tout ils pressent des limons. Riche ou pauvre, tout le monde fume la pipe et boit le café avec beaucoup de volupté; ils en font un véritable abus: la boisson ordinaire est la bonne eau du Nil.

Malgré tant de sobriété, malgré la fécondité des femmes, et la salubrité du climat, il est de fait que l'Égypte, et singulièrement le Kaire, dévore la population. Il y en a deux causes principales, la peste, et le rachitis. La première de ces maladies enlève quelquefois le tiers de la population du Kaire. L'ignorance et l'insouciance n'ont cherché à lui opposer aucune digue, pas même l'isolement pratiqué par les Francs avec succès. Au moment où j'écris, cette maladie s'est déjà développée à Alexandrie dans différents militaires; et nous aurons en conséquence sur cet objet des observations qui répandront beaucoup de jour sur cette matière peu connue; car on doit tout attendre du courage et de l'instruction des médecins mes collègues. La seconde maladie, que je regarde comme un grand agent de destruction, le rachitis, enlève une grande quantité d'enfants depuis un an jusqu'à trois ans. Comme il n'est ici question que de réunir des observations, je n'examinerai pas s'il est plus probable que cette maladie soit ancienne que nouvelle, non plus que les rapports qu'elle peut avoir avec les maladies vénériennes: sans vouloir de même assigner les causes, peut-être encore fort cachées, du rachitis, j'observerai cependant que les enfants sont très mal nourris, que les femmes les font téter tout le jour et au-delà de deux ans, et que c'est toujours vers cette époque que la maladie se déclare. On la regarde avec superstition; c'est l'effet d'un sortilège, des regards jaloux ou empoisonnés de quelque ennemi. On est surpris, d'après ce que je viens de dire sur la manière dont cette maladie est généralement répandue, de voir que les vices de conformation qui en sont les suites ordinaires ne sont pas très communs dans l'Égypte: cela doit sûrement tenir à la liberté dans laquelle on élève les enfants, que l'on n'entoure jamais de liens, qu'on laisse agir et se développer à leur gré, et qui passent leur vie à jouer en plein air.

La petite vérole fait aussi de temps en temps de grands ravages. On ne peut ici s'empêcher de faire quelques réflexions. L'histoire nous porte à croire que la petite vérole a passé d'Asie en Europe dans le temps des croisades, et de celle-ci dans l'Amérique dans le temps que Ferdinand Cortès conquit le Pérou. Rhazès est un auteur classique sur cette maladie, et le traitement reçu dans les lieux où il aurait pu germer des souvenirs de ses leçons est absurde et meurtrier. À quelles ténèbres le monde se trouve-t-il livré! L'Europe seule est éclairée sur cet objet, et elle ne l'est complètement que depuis l'époque peu reculée de l'introduction de l'inoculation, dont l'idée lui est venue de la Géorgie. Au Brésil, la petite vérole est mortelle pour le plus grand nombre; dans l'Amérique méridionale, elle fait les plus grands ravages; en Barbarie et dans le Levant, on a calculé que sur cent malades il en meurt communément plus de trente. Quand y aura-t-il au moins une hygiène publique et liée aux constitutions politiques, s'il n'est pas encore permis d'espérer une thérapeutique ou un corps de principes et d'axiomes curatifs du même genre?

La cécité est commune en Égypte: elle est l'effet des ophtalmies répétées, et souvent mal traitées; la trop grande vivacité de la lumière, le sable brûlant qui voltige dans l'air, et qui se porte aux yeux, forment dans cette partie délicate et sensible de notre corps un point d'irritation, et deviennent les bases principales de ces fréquentes ophtalmies. Quelquefois la maladie est compliquée, et plus difficile à traiter; quelquefois encore elle est symptomatique de la gastricité ou de la suppression de la dysenterie; je l'ai vue quelquefois enfin se soutenir sans autre cause que l'atonie de l'estomac. Cette maladie attaque également les gens de la ville, de la campagne, et du désert; elle ne respecte ni âge ni sexe: cependant elle n'a rien d'extraordinaire. Il faut faire beaucoup d'attention pour la bien traiter: un préservatif reconnu, c'est de se coucher la nuit bien couvert, les yeux bandés, et la tête chaude.

Les maux de dents ne sont pas ordinaires: la surdité est presque inconnue. Une maladie très fréquente est l'asthme, qui tient, à ce que je pense, à la poussière qu'on avale en respirant, et à l'abus de la pipe: elle est difficile ou impossible à guérir, et finit toujours par une mort subite, comme j'ai eu occasion de l'observer bien des fois.

On voit beaucoup de hernies de toute espèce, singulièrement ombilicales, qu'on abandonne à la nature. Les Égyptiens vivent longtemps avec de telles incommodités, sans se montrer trop gênés, et sans croire qu'il existe des moyens qui pourraient les soulager: quand on leur en parle, ils répondent Ma cha Allah, (la volonté de Dieu), et les voilà tranquilles et patients!

Quoique le peuple boive l'eau du Nil trouble, sans qu'elle soit auparavant reposée, il ne connaît point ou peu la gravelle ou la pierre. Les hydrocèles sont communes.

On ne voit guère les paralysies que dans les extrémités inférieures, jamais à la suite de l'apoplexie: l'épilepsie est plus fréquente, singulièrement parmi les femmes, qui sont, comme en Europe, souvent tourmentées par des convulsions: c'est toujours le diable qu'elles croient avoir dans le corps. Les prêtres se gardent bien de les désabuser; la plupart d'entre eux sont assez ignorants pour y ajouter foi eux-mêmes: ainsi les amulettes et les exorcismes sont les remèdes les plus recherchés; il y a des sortes de chapelets d'amulettes dont chaque grain a une vertu spécifique.

La médecine, cette science si difficile, qui demande la réunion de tant de connaissances, et qui suppose dans ceux qui la pratiquent une éducation si soignée, n'est en Égypte qu'un empirisme aveugle et brutal, confié à des barbiers ignorants, et, par conséquent, présomptueux; tout ce que savent et ce qu'ont retenu ces médecins bâtards de la science des Avicenne, des Rhazès, des Aly-A'bbas, et de tant d'autres illustres médecins, se réduit à quelques opérations chirurgicales, telles que des saignées locales, dont ils abusent souvent, et presque toutes les fois qu'il faut du discernement pour les employer. Ils font un grand usage du feu, qu'ils appliquent sur la tête et sur toutes les parties du corps, souvent avec avantage; ils emploient aussi avec succès un bouton de feu entre le doigt indicateur et celui du milieu dans des fièvres, que je crois doubles, tierces et subcontinues; ce qui rentre dans les méthodes perturbatrices.

Je me suis livré à des réflexions et à des observations qui pourront paraître et qui sont à la vérité un peu éloignées du titre d'une topographie particulière placé à la tête de cet écrit; mais j'ai cru pouvoir et même devoir le faire pour rentrer dans l'esprit et le but du travail physico-médical sur l'Égypte, recommandé aux médecins de l'armée d'Orient par la circulaire du médecin en chef, du 25 thermidor an 6.

1Opportet autem non modo se ipsum exhibere quæ opportet facientem, sed etiam ægrum, et presentes, et externa.>Hipp. Aph. I, sect. I, ex versione Jansonii ab Almeboveen.[Retour au texte principal]