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Henri IV en Gascogne (1553-1589)

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XXV

Le duc d'Epernon s'attacha d'abord au duc d'Anjou (plus tard Henri III), puis, pendant quelque temps, au roi de Navarre, et s'introduisit à la cour, où il devint un des mignons de Henri III, qui le combla d'honneurs et de richesses. Outre des sommes énormes, il reçut de lui les gouvernements des Trois-Evêchés, du Bourbonnais, de l'Angoumois, de la Saintonge, de l'Aunis, de la Touraine, de l'Anjou et de la Normandie, la charge de colonel-général de l'infanterie en 1581 et celle d'amiral, qu'il céda à son frère Bernard. Disgracié en 1588 et exilé à Loches, il rentra en faveur l'année suivante. Après la mort de Henri III, il refusa de servir Henri IV, et, se retirant avec une partie de l'armée, il mit le roi dans l'obligation de lever le siège de Paris. Plus tard, ayant fait sa soumission, il se montra le plus hautain et le plus turbulent des grands officiers de la couronne. Henri IV eut la faiblesse de recevoir plusieurs fois en grâce cet orgueilleux vassal. On sait que, comme gouverneur de Guienne en 1622, il s'y rendit odieux et eut de violents démêlés avec le parlement de Bordeaux et l'archevêque de Sourdis, qu'il osa bâtonner, mais à qui il fut obligé, l'année suivante, de demander pardon. Quand on étudie la vie et le caractère du duc d'Epernon, il est presque impossible d'y trouver un acte ou un trait qui ne mérite la réprobation générale. (Page 184.)

XXVI

La déclaration qui fut publiée par le cardinal de Bourbon était datée de Péronne et du dernier jour de mars 1585. «C'était lui, dit le Père Daniel, qui parlait dans cet écrit. Il s'y intitulait premier prince du sang, comme il avait déjà fait au traité de Joinville, quoique cette qualité appartînt au roi de Navarre. Il insinuait que la succession à la couronne le regardait. Il y donnait aux ducs de Lorraine et de Guise le titre de lieutenants-généraux de la Ligue. Il y nommait, parmi les associés, outre les autres princes de la Maison de Lorraine, de Guise et de Vaudemont, le cardinal de Vendôme et les ducs de Nemours et de Nevers; et ce qui paraît le plus surprenant, mais ce qui marque, en même temps, combien les intrigues des ligueurs étaient étendues, c'est qu'à la tête de la déclaration on mit une liste de ceux qui entraient dans l'association, où l'on voyait le pape, l'empereur, les princes de la Maison d'Autriche, le roi d'Espagne, etc. Cette liste avait de quoi imposer au peuple et effrayer le roi; car il n'était pas vraisemblable que la Ligue eût osé s'autoriser de tant et de si grands noms, si toutes les puissances dont elle se faisait fort n'y avaient elles-mêmes consenti.

«Le premier et le principal motif exprimé dans la déclaration était que, le roi n'ayant pas d'enfant, on était menacé du danger d'avoir en France pour roi un prince hérétique et relaps, quoique le serment de nos rois à leur couronnement les obligeât à maintenir sur toute chose la religion catholique dans le royaume. On y ajoutait le refus des huguenots de rendre les villes de sûreté, leurs pratiques auprès des princes protestants d'Allemagne, les charges ou les fonctions ôtées aux seigneurs catholiques bien intentionnés pour la religion; les moyens dont on se servait afin d'obliger les gouverneurs des places ennemies des huguenots à se défaire de leurs gouvernements pour de l'argent; l'insatiable avarice des favoris; la multitude des nouveaux impôts; l'accablement et l'oppression de tous les ordres de l'Etat, et enfin l'inutilité du dessein formé aux Etats de Blois, de ne souffrir aucune autre religion dans le royaume que la catholique, dessein qui s'était évanoui par la damnable politique de ceux qui gouvernaient le roi et le royaume.» (Page 190.)

XXVII

Le seul récit que nous connaissions de la surprise et de la reprise de Bourg en 1585 se trouve dans la Vie des grands capitaines français, de Brantôme:

«Ce bourg avait été surpris par les menées de M. de Lansac, bien qu'il fût lors en Espagne, et mena si accortement cette entreprise, laquelle s'exécuta fort heureusement, s'aidant d'un gentil soldat nommé Lantifaux, fors qu'une petite tour qui tint bon par un capitaine janissaire, gentil et déterminé soldat. Cependant, M. d'Epernon étant à Saintes, sur le point de partir pour la France, s'y achemina en telle diligence, que les entrepreneurs, s'étant mis plus à piller qu'à parachever la victoire, prirent l'épouvante dudit M. d'Epernon, et se sauvèrent par la mer, avec si peu de butin qu'ils purent emporter.

«M. de Lansac m'a dit depuis que, s'ils eussent tenu seulement quatre jours, qu'il venait au secours, menant une fort belle armée espagnole de mer, avec laquelle il eût bien fait du mal à Bordeaux et au pays.

«M. d'Epernon s'accommoda dudit bourg fort bien, et le mit en sa main, y établit bonne et forte garnison sous Campagnol, qui le garda très bien jusqu'à la restitution commandée par le roi (Henri IV). M. le maréchal demanda sa place, qui était de son gouvernement, à M. d'Epernon, lequel, autant ambitieux que courageux, ne la voulut point rendre, disant qu'il l'avait secourue, gagnée et conquise à la sueur de son corps, et que de droit elle était sienne.» (Page 196.)

XXVIII

On ne connaît rien de bien précis sur les tentatives d'assassinat dirigées contre le roi de Navarre.

«Un jour, dit Samazeuilh, un capitaine espagnol, du nom de Loro, vint à Nérac offrir au roi de Navarre de lui livrer Fontarabie. Cet homme était effroyable à voir. «Il avait, dit d'Aubigné avec lequel il s'aboucha d'abord, l'œil louche, le nez troussé, les naseaux ouverts et le front enflé en rond.» Ses paroles plus affreuses encore, tout en soulevant le cœur de notre historien, finirent par lui inspirer de graves soupçons. Il s'agissait du massacre de toute la garnison de Fontarabie, à commencer par le frère de Loro qui la commandait, «car, disait-il, si mon frère gagnait, avec quelques soldats, un coin de tour, il serait secouru et nous perdus». D'Aubigné, d'accord avec Frontenac, prit d'extrêmes précautions, lors de l'entrevue de ce capitaine espagnol avec leur maître, qui s'impatientait de la curatelle où le tenaient ses gens.

«Cependant les soupçons contre le capitaine Loro s'étant confirmés, il fut mis en prison; puis pour éviter le bruit, car d'Aubigné donne à entendre que des princes français se trouvaient compromis dans cette sombre affaire, on le dirigea sur Casteljaloux. Parvenu sur le pont de Barbaste, Loro se précipita dans la Gélise, où il fit tout ce qu'il put pour se noyer; mais ses gardes l'en retirèrent, et n'ayant pu enfouir son secret au fond de cette rivière, il avoua tout à Casteljaloux, où on venait de le conduire. Les motifs déjà signalés firent qu'on l'exécuta dans sa prison. D'Aubigné termine ce récit par ces réflexions à l'adresse sans doute du duc d'Epernon: «Ah! que ce prince n'a-t-il toujours été en si fidèles mains!»

«Une autre fois, ce fut un nommé Gavarret, gentilhomme de Bordeaux et réformé converti à la religion romaine, qui, pour donner une garantie de sa foi, résolut de tuer le roi de Navarre. Monté sur un cheval de prix, il se présente au prince, en route avec trois écuyers seulement, pour se rendre à Gontaud. Henri, qui le soupçonnait, débute par louer l'allure de son cheval. Puis il lui demande de le lui laisser monter. Gavarret n'ayant osé lui refuser cette courtoisie, Henri se voit à peine en selle, sur le cheval de l'assassin, qu'il s'empare des pistolets trouvés à l'arçon, et les tire en l'air, à la grande surprise de Gavarret; après quoi ce prince poussa, d'un temps de galop, jusqu'à Gontaud, où il rendit le cheval et «donna l'ordre à Meslon de se défaire du compagnon, comme il fit le plus honnêtement qu'il put», ajoute d'Aubigné. D'autres attribuent cette tentative de régicide au capitaine Michaud, et transportent le lieu de la scène dans le bois d'Aillas. Mais si les noms diffèrent, l'identité des détails prouve qu'il s'agit du même crime.»

Léo Drouyn, dans ses Variétés girondines, donne un autre récit des faits et gestes de ce Gavarret ou Gabarret, récit tiré de l'Histoire de d'Aubigné et du Journal du chanoine Syreuilh: «Gabarret se retira dans le château de Semens où il demeurait; ayant résolu de changer de religion et d'inaugurer sa conversion par un coup d'éclat, il fit prévenir, le 22 août 1580, huit capitaines huguenots et en particulier Meslon, qu'il avait des intelligences dans une importante place forte appartenant aux catholiques; il les engageait à venir le voir à Semens, dîner avec lui, afin de combiner, pendant le repas, les moyens de parvenir à s'emparer de la forteresse qu'il ne nommait pas encore. Les huit capitaines s'y rendirent en effet, accompagnés de quatre marchands du pays et de soldats tous bien montés et armés, faisant, en tout, une troupe de 26 hommes.

«A peine était-on à table, que l'un des invités s'aperçut qu'il n'y avait pas de couteaux et en demanda; à ces mots, le capitaine Lestaire sortit, puis revint aussitôt avec 58 hommes armés, qui massacrèrent les soldats et les capitaines qui ne pouvaient payer rançon et emprisonnèrent les autres; puis Gabarret écrivit à du Puy, commençant sa lettre par ces mots: «Mon père», contraignit Meslon à lui écrire également de venir avec le capitaine d'Auché, trois autres et un jeune homme nommé Baptiste de Bat, parent aussi et pupille de du Puy qu'il ne quittait guère, et qui avait «une des plus belles voix et des mieux conduites qu'on eût pu ouïr». De Bat avait été élevé avec Gabarret. A leur arrivée, ils furent massacrés, sauf de Bat et du Puy.» Gabarret mit ensuite à mort ces deux derniers convives, avec des raffinements de cruauté qui semblent avoir été inventés à plaisir. Meslon et deux autres prisonniers sauvèrent leur vie en payant une forte rançon.

 

L'histoire de Gabarret est restée mystérieuse en partie: l'origine en est obscure, et la fin inconnue. Un point semble pourtant acquis: c'est le motif de la grande haine de cet aventurier pour le roi de Navarre. Le 8 août 1580, Henri écrivait à André de Meslon: «Quant au sieur de Gabarret, je vous prie lui faire entendre que je désire grandement le contenter, mais qu'il ne m'est possible de lui accorder l'état de mestre-de-camp dans Monségur qu'il prétend. D'autant que c'est une chose que je n'ai encore faite en nulle autre place, en faveur de personne, ni résolu faire ci-après; mais s'il me veut venir trouver, je lui ferai si bon traitement et si favorable qu'il en sera satisfait.»

Cette lettre, dit justement Léo Drouyn, nous initie aux motifs probables de la haine que Gabarret voua au roi et qui l'amena plus tard à tenter de l'assassiner. (Page 196.)

XXIX

Voici l'analyse du traité de Nemours (7 juillet 1585):

«Il y fut convenu qu'il n'y aurait désormais en France qu'une seule religion; que les ministres huguenots sortiraient du royaume dans un mois, et dans six mois tous les autres qui ne voudraient pas rentrer dans la religion catholique; que tout hérétique, pour la seule raison d'hérésie, serait incapable de posséder aucune charge, dignité ou bénéfice; que les chambres mi-parties appelées chambres de l'édit seraient supprimées; que le roi autoriserait ce traité par un édit irrévocable; et que lui, son conseil et tous les corps du royaume le confirmeraient par leur serment; qu'il serait enregistré au parlement et exécuté sans délai; qu'on retirerait des mains des huguenots les villes qu'on leur avait cédées; que le cardinal de Bourbon aurait Soissons pour ville de sûreté; le duc de Mercœur, Dinan et Le Conquet, en Bretagne; le duc de Guise, Verdun, Toul, Saint-Dizier et Châlons; le duc de Mayenne, le château de Dijon, la ville et château de Beaune; le duc d'Aumale, Saint-Esprit de Rue, en Picardie; que le gouvernement de Bourbonnais, vacant par la mort du sieur de Ruffec, serait donné au duc d'Elbeuf; que le cardinal de Bourbon aurait, pour sûreté de sa personne, soixante-dix gardes à cheval et trente arquebusiers; et les ducs de Mercœur, de Guise et Mayenne, trente gardes à cheval; et que tout ce qui avait été fait et entrepris par la Ligue catholique serait avoué et approuvé du roi, comme fait pour son service et pour celui de l'Etat. A tout cela il fut ajouté que la citadelle de Lyon serait rasée, que le roi fournirait aux Ligués la somme de deux cent mille écus, dont les deux tiers seraient employés à payer les troupes étrangères qu'ils avaient levées, et qu'il donnerait cent autres mille écus pour bâtir une citadelle à Verdun, outre l'entretien des gardes qu'il accordait aux princes ligués.

«Tel fut le fameux édit de Nemours, que l'on put appeler le triomphe des rebelles et l'anéantissement de l'autorité royale.» (Page 198.)

XXX

J. – F. Samazeuilh a recueilli les détails relatifs à l'expédition de Marguerite contre Villeneuve-sur-Lot:

«C'est la reine de Navarre qui conduisit elle-même ses troupes au siège de Villeneuve. Quelques pratiques dans la partie de cette place située sur la rive gauche du Lot lui firent livrer les portes. Mais Nicolas de Cieutat, seigneur de Pujols, premier consul, défendit l'autre partie, sur la rive droite, avec autant de succès que de courage. Marguerite s'empare de ce magistrat, qui se présentait devant elle pour lui offrir de respectueuses observations, et le faisant conduire à la vue des remparts de Villeneuve, elle mande au fils de Cieutat que son père va périr, s'il ne rend la place à l'instant.

«Que l'on juge de la douleur de ce jeune commandant. Cependant il se recueille, il se ranime à la pensée qu'il est possible de sauver à la fois et Villeneuve et le premier consul. Aux signes qu'il fait comme pour parlementer, les gens de Marguerite s'approchent avec leur prisonnier. Aussitôt la porte s'ouvre et vomit sur eux vingt braves. L'ennemi, surpris, déconcerté, cède à cette généreuse attaque, et le père, délivré, rentre dans la ville avec ses libérateurs. Bientôt on entend un bruit de fanfares sur la route de Périgord. De toutes parts on annonce l'arrivée du roi de Navarre; des prisonniers, adroitement relâchés, portent cette nouvelle au camp de Marguerite, et cette princesse s'enfuit vers Agen.» (Page 199.)

XXXI

Le roi de Navarre fit publier le manifeste de Saint-Paul-de-Cap-de-Joux après avoir conféré dans cette ville avec le prince de Condé et le maréchal de Montmorency. Cet écrit, intitulé: Avertissement sur l'intention et but de Messieurs de Guise dans la prise des armes, et composé par Du Plessis-Mornay, contenait, entre autres choses, les preuves du dessein que les cadets de la Maison de Lorraine avaient formé de se frayer un chemin au trône par la destruction de la Maison royale. Il était signé de Henri et de Condé. Le maréchal de Montmorency publia, de son côté, une déclaration semblable. (Page 202.)

XXXII

Les sentiments et les arguments de la lettre «à MM. de la Faculté de théologie du collége de Sorbonne», œuvre de Du Plessis-Mornay, sont résumés avec force dans la dernière page:

«Jugez donc ici, Messieurs, qui des deux parties a plus de droit, qui des deux doit avoir plus de respect en son droit, qui des deux aussi propose un expédient plus salutaire à ces Etats, plus favorable à l'Eglise. L'étranger requiert que l'enfant de la maison soit chassé par force, sous prétexte d'hérésie, l'étranger qui de longtemps trame d'entrer en sa place; moi certes, je n'ai désiré et ne désire que d'être ouï en ma cause, d'être instruit en un concile, de mieux faire, si mieux je suis enseigné…

«Si, nonobstant ma requête, on poursuit, contre tout ordre de l'Eglise, par proscriptions, meurtres et autres rigueurs et barbaries, à ces énormes précipitations et violences je me délibère d'opposer une juste défense, et la malédiction en soit sur ceux qui ont troublé cet Etat sous le faux prétexte de l'Eglise…» (Page 204.)

XXXIII

Diane d'Andouins, vicomtesse de Louvigny, surnommée la «belle Corysandre», était fille unique de Paul d'Andouins, vicomte de Louvigny, seigneur de Lescun. Elle épousa, en 1567, Philibert de Gramont, comte de Guiche, qui eut un bras emporté au siège de La Fère, en 1580, et mourut de ses blessures. Sa liaison avec le roi de Navarre paraît remonter aux premières années de son veuvage.

La comtesse de Gramont fut la constante amie de Henri, qui songea, quelque temps, avant son avènement au trône de France, à répudier Marguerite de Valois pour épouser cette femme, dont l'affection et la générosité efficace l'avaient si puissamment soutenu au milieu de tant de luttes. Après leur rupture, graduellement amenée par les infidélités du roi, Corysandre, qui était, depuis longtemps, la confidente de Catherine de Bourbon, encouragea et servit son projet de mariage avec le comte de Soissons. Il s'ensuivit, entre elle et le roi, une irrémédiable froideur. La comtesse survécut à Henri IV. On date sa mort de l'année 1624. Son souvenir est inséparable, dans l'histoire, de celui du prince dont elle aima avec une passion désintéressée la personne et la cause.

La comtesse de Gramont était une femme lettrée. Elle composait de beaux vers, qui malheureusement ne sont pas venus jusqu'à nous, et on vantait son habileté à chanter en s'accompagnant sur le luth. Michel de Montaigne lui a décerné un glorieux témoignage en lui dédiant les sonnets d'Etienne de La Boétie, «pour l'honneur, disait-il, que ce leur sera d'avoir pour guide cette grande Diane d'Andouins, d'autant qu'il y a peu de femmes en France qui jugent mieux et se servent plus à propos que vous de la poésie.» (Page 206.)

XXXIV

Léo Drouyn, dans les Variétés girondines, reproduit les protestations des officiers de la garnison de Monségur en faveur d'André de Meslon. Nous donnons un de ces certificats:

«Je soussigné déclare que je n'ai jamais tenu langage à personne du monde au préjudice de l'honneur du sieur de Meslon, ni n'ai jamais dit qu'il eût failli aux devoirs de sa charge de gouverneur de Monségur, et qu'il n'eût fait ce qu'homme d'honneur doit faire, durant le siège; et s'il y a quelqu'un qui ait dit ou veuille dire que j'ai parlé au contraire, je dis qu'il a menti.

«La Croix.»

Ce La Croix était capitaine au régiment des gardes du roi de Navarre. (Page 224.)

XXXV

Par le récit du siège de Castillon (1586) qui, rédigé d'après d'Aubigné et de Thou, se trouve dans l'Histoire de Libourne, par M. Raymond Guinodie, on peut se convaincre que ce siège fut un des plus remarquables de l'époque. Les assiégés y firent preuve d'héroïsme, et les assiégeants, d'une énergie passionnée. Il ne restait plus à la place qu'une centaine de défenseurs valides, lorsqu'elle capitula. Turenne, Vivans et Favas prolongèrent sa résistance par les attaques continuelles dont ils harcelaient les troupes de Mayenne. Il paraît certain que si la peste n'avait pas régné dans les murs de Castillon, d'où finirent par s'écarter les secours envoyés par les réformés, le duc, à bout de forces lui-même, aurait compté un échec de plus dans sa campagne. (Page 230.)

XXXVI

Loin de reconnaître l'insuccès de la campagne de Mayenne (1586) en Guienne et en Gascogne, les partisans de la Maison de Guise exaltèrent outre mesure les prétendus exploits d'un de leurs princes. Mais les réformés ne laissèrent point passer ces éloges sans critique. La réplique suivante de Du Plessis-Mornay donnera une idée de cette polémique:

«La vérité est que 15 ou 16 arquebusiers furent taillés en pièces. Pour telle victoire on n'accorda jamais triomphe à Rome. Mais il aurait dû dire que le sieur de Béthune, gouverneur de Monflanquin, lui défit, en ce temps, une compagnie de gendarmes entière; que celles de Clairac, en moins d'une semaine, lui taillèrent en pièces 18 corps de garde… De même nature sont les conquêtes qu'il fit du Mas-d'Agenais, Damazan, Tonneins, Meilhan, etc., et faut dire qu'il est malicieux ou mauvais capitaine; car on sait qu'il y a deux sortes de places: les unes qui peuvent soutenir les efforts d'une armée, les autres, non. Celles-là, on les débat jusqu'à l'extrémité, ce que M. de Mayenne a très bien expérimenté; celles-ci, et de cette espèce sont celles qu'il nomme, on les garde pour faire vivre les troupes et pour être au large, si longtemps qu'on peut, résolu de les quitter, à la venue d'une grande force. Et de fait, Le Mas et Damazan sont deux villettes qui ne valent pas Toury en Beauce; et la reine de Navarre ayant fait prendre Tonneins par ses gardes, le roi de Navarre les y força, le même jour, à coups de main. Et Meilhan qu'il dit ici, a été, depuis, repris sans peine par le sieur de Vivans, qui le tient aujourd'hui. Mais pensons certainement qu'ils ont bien peu de villes, puisqu'ils font mine de ces villages.» (Page 231.)