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Henri IV en Gascogne (1553-1589)

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V

Mademoiselle Vauvilliers, dans son Histoire de Jeanne d'Albret, a recueilli tous les détails fournis par l'histoire sur le complot franco-espagnol dirigé contre Jeanne d'Albret et ses enfants. Nous résumons quelques parties de son récit, auxquelles nous n'avons pu nous arrêter.

Quelque temps après la mort du duc François de Guise, le capitaine Dimanche reçut, on ne dit pas de qui, des instructions nouvelles, qui lui enjoignaient d'aller se mettre en rapport avec les conjurés espagnols. Il partit de Bordeaux pour se rendre auprès du duc d'Albe, qui le dépêcha aussitôt à Philippe II, sous la conduite de François d'Alaya, plus tard ambassadeur à la cour de France. Philippe II était alors à Monçon, sur les frontières de la Navarre. Dimanche tomba malade à Madrid et, pendant sa maladie, fut mis en relations avec Vespier, natif de Nérac, valet de chambre de la reine Elisabeth. Vespier ayant surpris la moitié du secret du capitaine, obtint de lui une entière révélation. Il en fit instruire aussitôt la reine d'Espagne, par l'entremise de l'abbé Saint-Etienne, son aumônier et son confident; et Elisabeth ayant agi auprès de l'ambassadeur de France, Evrard de Saint-Sulpice, qui avait suivi le roi à Monçon, l'ambassadeur, après avoir fait épier toutes les démarches de l'aventurier, acquit la conviction qu'il y avait un secret entre Philippe II et lui. Il envoya aussitôt son secrétaire Rouleau en France, avec des lettres de créance pour le roi et la reine-mère, et d'autre part, fit tenir les avis nécessaires à Jeanne d'Albret, qui, sur son conseil, quitta la résidence de Pau pour celle de Nérac. Rouleau, arrivé à la cour, fit le récit du complot, donna les preuves, et sur la demande du connétable de Montmorency, l'arrestation de Dimanche fut décidée; mais on présume que le capitaine fut prévenu de ce dessein, par suite de l'indiscrétion ou de la connivence de quelque haut personnage, car il ne put être rencontré sur les chemins qu'il devait prendre pour rentrer en France.

De Thou dit expressément qu'il fut instruit de tous les détails de la conspiration par Rouleau et par les enfants du valet de chambre Vespier, et que, avant d'aller en Espagne, Dimanche avait conféré avec Montluc, d'Escars et d'Aspremont, vicomte d'Orthe, qui avaient des intelligences avec la Maison de Guise.

Tous les témoignages pour ou contre entendus, il demeure acquis, tout au moins, qu'il y eut un projet d'attentat; mais on ne saurait affirmer que l'accord se soit jamais établi pour l'exécution. (Page 39.)

VI

On lit dans le livre de J. Guadet, Henri IV, sa vie, son œuvre, ses écrits, au sujet du voyage de Charles IX (1564-1566): «Jeanne d'Albret reçut à Nérac les royaux voyageurs, et l'histoire a conservé le souvenir de la brillante réception qui leur fut faite. Elle a raconté aussi qu'un jour, le roi s'amusant à tirer de l'arc avec le duc de Guise et le prince de Navarre, le duc, toutes les fois qu'il était vainqueur, cédait à Charles IX le droit de tirer le premier, mais que le prince de Navarre, qui était le plus jeune et le moins fort des trois, ayant été vainqueur à son tour, fut moins courtois et voulut jouir pleinement de ses prérogatives; que le roi le trouvant mauvais, banda son arc et se disposait à tirer, lorsque, prompt comme l'éclair, le jeune Béarnais le devança. D'autres vont plus loin et veulent qu'il ait tourné sa flèche contre la poitrine du roi.» (Page 44.)

VII

François de La Noue, dit Bras de fer, ne fut pas seulement un des grands hommes de guerre du XVIe siècle; ses écrits le recommandent encore au souvenir de la postérité. On peut extraire d'admirables pages des Discours politiques et militaires qu'il composa pendant sa dure captivité à Limbourg. Il s'y rencontre surtout des jugements sur les guerres civiles que les meilleurs moralistes pourraient avouer. (Page 68.)

VIII

Henri de Valois, roi de Pologne, trouva, sur la terre étrangère, de fréquentes et douloureuses allusions à la Saint-Barthélemy.

«Le déplaisir qu'il en eut, dit Pierre Mathieu, se rencontrait si souvent en son âme qu'il en perdit le dormir et, deux jours après son arrivée à Cracovie, ayant l'esprit fort travaillé de ces inquiétudes, il envoya quérir par un valet de chambre, sur les trois heures après minuit, Miron, son premier médecin, qui logeait dans le château, auprès de sa chambre, et qui l'entretenait souvent la nuit, par la lecture ou le discours, comme les princes d'Europe ont de coutume…

«Le roi, voyant entrer Miron en sa chambre, lui parla en la sorte que je rapporte ici ses paroles, car il voulut qu'elles fussent écrites fidèlement par lui, et les ai trouvées si judicieuses et importantes, que encore que je n'aie pas accoutumé d'enfler les volumes de cette Histoire des labeurs d'autrui, j'ai cru qu'il les fallait représenter en leur propre et naturelle forme.»

Mathieu donne ensuite le récit du roi de Pologne à Miron. (Page 81.)

IX

La «déposition du roi de Navarre dans le procès criminel contre le sieur de La Mole, le comte de Coconas et autres» a été reproduite et annotée par Berger de Xivrey dans son recueil des Lettres missives de Henri IV. (Page 86.)

X

Si d'Aubigné était réellement l'homme qu'il a voulu peindre dans ses Mémoires, ce serait un personnage des plus antipathiques et un honnête homme douteux.

A chaque page, pour ainsi dire, il médit de ceux qu'il a connus, et des plus grands, et des meilleurs, lorsqu'il ne les calomnie pas. Il affecte surtout de dire le plus grand mal de Henri IV, dont il fait un avare, un envieux, un ingrat, etc.

Et pourtant, de loin en loin, il ne peut s'empêcher de dire, en termes explicites, que ce prince était bon et grand. Il écrit, à la suite d'une disgrâce: «Tout cela joint ensemble le fit résoudre, à la fin, de me rappeler auprès de lui, et il m'écrivit, pour cela, quatre lettres consécutives, que je jetai au feu en les recevant. Mais mon mécontentement cessa lorsque j'eus appris qu'étant averti de mon entreprise sur Limoges, et ensuite que j'y avais été fait prisonnier, il avait mis à part quelques bagues de la reine sa femme pour payer ma rançon et me tirer de prison; joint que la nouvelle étant venue que j'avais eu la tête tranchée, il en avait témoigné un grand deuil et perdu le repos; tout cela me toucha à mon tour et me détermina à retourner à son service…»

Il le dénigre de toutes façons:

«L'empressement que je témoignais à rechercher toutes les occasions périlleuses pour me distinguer du commun, et à me trouver partout où il y aurait de la gloire à acquérir, m'attira la haine et l'envie du roi de Navarre, à cause des louanges qui m'en revenaient et qu'il voulait toutes pour lui seul: sur quoi je dirai une chose: qu'il souffrait impatiemment qu'on louât ceux de ses serviteurs qui avaient fait les plus belles actions à la guerre et qui lui avaient rendu les plus grands services…»

Et l'on va voir, par d'Aubigné lui-même, ce qu'était, en réalité, ce maître ingrat, ce détestable prince:

«Je pris ce temps-là (en 1582) pour aller faire l'amour à la susdite Suzanne de Lezay (qu'il épousa), et, dans mon absence, le roi de Navarre écrivit en ma faveur plusieurs lettres à ma maîtresse, lesquelles étant réputées contrefaites par mes rivaux et quelques parents de la demoiselle, il vint lui-même au lieu où elle demeurait pour les avouer siennes et pour honorer la recherche de son domestique…»

Après la mort du roi:

«Il faut que je dise ici que la France, en le perdant, perdit un des plus grands rois qu'elle eût encore eus. Il n'était pas sans défauts; mais, en récompense, il avait de sublimes vertus

Il y a beaucoup d'erreurs et, qui pis est, de faussetés dans l'Histoire et les Mémoires de d'Aubigné, si précieux, malgré tout, pour l'histoire du XVIe siècle. Tous les historiens sérieux les ont reconnues et signalées. On trouve, dans les Mémoires, notamment, quantité de gasconnades tragiques ou comiques.

En somme, d'Aubigné est très souvent vantard, et il n'avait pas besoin de l'être, puisqu'il avait certainement tous les courages, excepté un pourtant, celui qui consiste à juger sans passion et à ne pas noircir un beau caractère parce qu'on en a été froissé ou méconnu.

Dans la «langue verte» d'aujourd'hui, il faudrait dire que d'Aubigné est un illustre toqué, avec des allures de héros ou de capitan, selon les cas, avec le grand cœur d'un loyal guerrier, les petitesses intellectuelles et morales d'une sorte de Gil-Blas, ou les effervescences moitié baroques, moitié terribles, d'un sectaire tout près d'être visionnaire.

C'était, en définitive, une âme dure et un assez mauvais homme. Mécontent, à juste titre, de son fils Constant, il l'anathématise en ces termes, à la fin de ses Mémoires: «Une telle perfidie me fut si sensible, que je rompis pour jamais avec lui, oubliant absolument tous les liens du sang et de l'amitié qui m'attachaient à ce fripon et misérable fils; et je vous conjure, mes autres enfants, de ne conserver la mémoire de votre indigne frère que pour l'avoir en exécration.» Paroles d'autant plus graves et odieuses qu'elles sont lancées d'outre-tombe. On n'y retrouve, assurément, ni le chrétien, ni le père, ni même l'homme dans la générosité naturelle de son caractère. (Page 90.)

XI

L'édit de pacification rendu au mois de mai 1576 créa (article 18), au parlement de Paris, une chambre composée de deux présidents et de seize conseillers, dont la moitié devait appartenir à la religion réformée. Cette chambre devait être envoyée, trois mois par an, pour y rendre la justice, aux pays de Poitou, Angoumois, Aunis et La Rochelle. Une chambre composée de la même manière était établie à Montpellier, dans le ressort du parlement de Toulouse. Il s'en était créé aussi une formée de deux présidents et de dix conseillers dans chacun des parlements de Grenoble, de Bordeaux, d'Aix, de Dijon, de Rouen et de Bretagne.

 

On appelait chambre tri-partie le tribunal qu'au mois de juillet 1578, en conséquence du traité de Bergerac, on établit à Agen. Il se composait de douze conseillers, 4 réformés et 8 catholiques; deux présidents, l'un catholique, l'autre protestant. Pour un arrêt, il fallait que le tiers des juges appartînt à la religion huguenote.

Après le traité de Fleix, cette chambre fut remplacée par une chambre de justice envoyée en mission. L'article 2 porte: «Le roi enverra au pays et duché de Guienne une chambre de justice composée de deux présidents, quatorze conseillers, un procureur et un avocat de S. M.: gens de bien, amateurs de paix, intégrité et suffisance requises. Lesquels seront par S. M. choisis et tirés des parlements de ce royaume et du grand conseil… Lesquels présidents et conseillers ainsi ordonnés connaîtront et jugeront toutes causes, procès et différends, et contraventions à l'édit de pacification. Serviront, deux ans entiers, audit pays et changeront de lieux et de séances, de six mois en six mois, afin de purger les provinces et rendre justice à chacun sur les lieux…»

Vers la même époque, il fut établi, à l'Isle-d'Albi, une chambre de justice spéciale, qui joua un rôle important, et dont il est souvent parlé dans les lettres et manifestes du roi de Navarre. (Pages 92-124-140.)

Les membres de la chambre de justice de Guienne arrivèrent à Bordeaux, au mois de mars 1581; mais plusieurs circonstances, dit l'abbé O'Reilly, retardèrent leur réunion jusqu'au mois de janvier 1582. Leur première séance eut lieu le 26 de ce mois. Michel de Montaigne, maire de Bordeaux, assistait à cette séance.

Parmi les conseillers se trouvait Jacques-Auguste de Thou, le futur président à mortier du parlement de Paris, le futur auteur d'une de nos plus belles Histoires. (Page 159.)

XII

La formule de la Ligue de Péronne a été souvent reproduite, mais avec d'innombrables variantes. Le Père Louis Maimbourg et, après lui, le Père Daniel en ont donné comme authentique une version qui diffère en plus d'un point du texte inséré par d'Aubigné dans son Histoire universelle.

Il en fut de ce programme d'opposition politique et religieuse comme de la plupart des programmes: adopté en principe par les ligueurs, il subit diverses interprétations, selon les mobiles et les fluctuations de la lutte.

Nous n'avons pas à juger ici l'œuvre de la Ligue après l'avènement de Henri IV; mais nous dirons volontiers, avec M. Charles Mercier de Lacombe, dans sa belle étude sur Henri IV et sa politique: «Entre les mains des Guises, la Ligue commence avant le moment où elle eût été légitime, et ne finit qu'après le moment où elle devenait inique.» (Page 93.)

XIII

Manaud baron de Batz, seigneur de Sainte-Christie, etc., était du petit nombre des gentilshommes catholiques d'Armagnac qui surent rester fidèles à la fois à leur religion et à leur souverain. (Page 96.)

La lettre d'explication du roi de Navarre, datée de 1578, et que mentionne notre récit, était conçue en ces termes:

«Monsieur de Batz, c'est vrai qu'un gros vilain homme m'a voulu mettre en suspicion votre fidélité et affection; or, à tel que me faut entendre est bien mon oreille ouverte, mais lui sont bouchés mon cœur et ma croyance, comme en telle occasion. Et n'en faites plus de compte que moi. En quel autre que vous pourrais-je tenir ma confiance pour la conservation de ma ville d'Eauze, là où je ne puis donner d'autre modèle que le brave exemple de vous-même? Et tant qu'il vous souviendra du miracle de ma conservation, que daigna Dieu y opérer principalement par votre valeur et bonne résolution, ne pourrez oublier votre devoir. Par quoi vous prié-je de vous en souvenir chaque jour, pour l'amour de moi, qui m'en souviendrai toujours pour le reconnaître envers vous et les vôtres. Sur ce, n'ai autre exprès commandement à vous bailler que de faire très certain état de l'amitié

«Du bien vôtre Henry.»

Voici la dernière des lettres connues du roi de Navarre au baron de Batz. Elle est datée, non de 1587, comme l'a cru Berger de Xivrey, mais du mois de mars 1588, au moment où le roi, allant en Saintonge, quittait la Gascogne, où il ne revint jamais:

«Monsieur de Batz, je suis bien marri que ne soyez encore rétabli de votre blessure de Coutras, laquelle me fait véritablement plaie au cœur, et aussi de ne vous avoir pas trouvé à Nérac, d'où je pars demain, bien fâché que ce ne soit avec vous. Et bien me manquera mon Faucheur par le chemin où je vas; mais avant de quitter le pays, je vous le veux bien recommander. Je me défie de ceux de Saint-Justin. Vous m'avez bien purgé ceux d'Eauze, mais ceux de Cazères et de Barcelone sont de vilains remuants, et je n'ai nulle assurance au capitaine La Barthe, qui a par là une bonne troupe et qui m'a cependant juré son âme: beaucoup m'ont trahi vilainement, mais peu m'ont trompé. Celui-ci me trompera s'il ne me trahit bientôt. De plus, ces misérables que j'ai déchassés d'Aire tiennent les champs. De tout ce serai-je tout inquiet jusqu'à tant que je vous sache sur pied avec votre troupe, éclairant le pays. Mon ami, je vous laisse en mains ces affaires; et, quoique soit en vous ma plus sûre confiance pour ce pays, toutefois, vous aimerait bien mieux là où il va et près de lui,

«Votre affectionné ami, Henry.»

(Pages 133-134.)

XIV

On lit, sur l'aventure d'Eauze, dans le livre premier de la Vie de Mornay: «Même se trouva (M. de Mornay) avec le roi de Navarre, au fait d'Eauze, non assez expliqué par ceux qui ont écrit l'histoire. Cette ville est du patrimoine de Navarre en Armagnac, en laquelle il pensait entrer avec toute sûreté; et, de fait, les magistrats lui étaient venus au-devant présenter les clefs avec les chaperons rouges. Entré néanmoins qu'il est, lui cinquième, un certain qui était en la tour de la porte laisse tomber la herse, criant en son langage: «Coupe le râteau, il y en a prou, le Roy y est (Coupo lo rastel, che prou n'y a, lo Re y es).» Tellement qu'il se trouva enfermé entre ce peuple, les mutins lui portant l'arquebuse à la poitrine. Et sans doute y eût été accablé, n'eût été que trois de ses gardes, qui étaient entrés à pied, se jetèrent dans une tour qui était sur la muraille, à la faveur de laquelle une autre porte fut ouverte à ceux qui étaient demeurés dehors. A peine ce prince fut-il en plus évident péril.»

Berger de Xivrey, dans ses notes, dit, à propos de la lettre royale qui nomme Manaud de Batz gouverneur de la ville d'Eauze et du pays d'Eauzan:

«Cette lettre à M. de Batz montre qu'il était un des quatre seigneurs qui accompagnaient le roi, et on doit conclure du passage des Economies royales, qui diffère peu de celui de Mornay, mais est plus circonstancié, que les deux autres étaient Rosny et Béthune.»

Berger de Xivrey ajoute les observations suivantes:

«Des quatre seigneurs qui s'étaient trouvés avec le roi de Navarre à une si chaude affaire, Mornay lui était nécessaire pour le conseil, Rosny était encore trop jeune pour avoir le commandement d'une place. Restaient donc de Batz et Béthune. Ce dernier fut d'abord nommé gouverneur d'Eauze. Mais je le trouve accompagnant le roi dans les premières expéditions de 1577. Or, la prise d'Eauze était de 1576, comme le remarque l'abbé Brizard, qui avait des renseignements de la famille de Batz, et j'ai cru devoir placer cette lettre-ci vers la fin de cette année (1576).»

Le lecteur fera encore une autre observation: c'est que le silence absolu gardé par Du Plessis-Mornay et Sully sur la part prise par Manaud de Batz au combat d'Eauze montre combien peu ils se souciaient de rendre justice aux catholiques, même à ceux que le roi distinguait parmi les plus fidèles et les plus vaillants.

Roquelaure était certainement à Eauze, aux côtés du roi de Navarre. Rappelons brièvement sa glorieuse carrière.

Antoine de Roquelaure, seigneur de Roquelaure en Armagnac, de Gaudoux, etc., baron de Lavardens et de Biran, fils de Géraud, seigneur de Roquelaure, et de Catherine de Bezolles, était né en 1543 et jouissait déjà de beaucoup de crédit auprès de Jeanne d'Albret. Elle lui donna sa part dans la terre de Roquelaure, dont il était co-seigneur avec elle, et l'engagea au service de son fils. Roquelaure fut lieutenant de la compagnie des gendarmes de ce prince et maître de la garde-robe. Il continua cette dernière fonction auprès de Henri IV, qui le nomma, en 1595, chevalier de ses ordres. Il joignit à ces titres, en 1610, quelque temps avant la mort de Henri IV, ceux de lieutenant de roi dans la haute Auvergne, capitaine du château de Fontainebleau, gouverneur du comté de Foix, et lieutenant-général du gouvernement de Guienne. En 1615, il devint maire perpétuel de Bordeaux et maréchal de France. Il mourut à Lectoure, le 9 juin 1625.

Eauze et l'Eauzan formaient un territoire de sept lieues de long sur quatre de large. Il était borné au nord par le Gabardan, au sud et à l'est par l'Armagnac, à l'ouest par le Marsan. (Page 104.)

XV

Ce qui suit est extrait de l'Histoire de l'Agenais, du Condomois et du Bazadais, par J. – F. Samazeuilh:

«La Vachonnière, gouverneur de cette ville, se laissant entraîner par ses jeunes officiers dans une excursion du côté de Marmande, «pour aller chercher, disaient-ils, à la mode de leur pays, de quoi faire fumer le pistolet», ils montèrent à cheval, au nombre de 38 arquebusiers.

«Parmi eux se trouvaient deux Bacoue et les Brocas.

«Or il arriva que le baron de Mauvezin, chef catholique, venait de concerter avec les Metges de La Réole et les capitaines Massiot et Métaut, l'un d'Aiguillon, l'autre de Saint-Macaire, une entreprise contre la garnison de Casteljaloux avec 20 salades d'élite, outre la compagnie des gens d'armes de ce baron et 750 arquebusiers tirés de Marmande et des lieux circonvoisins. Leur plan était de cacher ces arquebusiers au moulin de Labastide, situé sur leur route, à une lieue de Casteljaloux, et d'aller provoquer ensuite les réformés de cette ville pour les entraîner, par une fuite simulée, dans une embuscade.

«Mais La Vachonnière étant parti le premier, ce dessein ne put recevoir son exécution. Seulement, lorsque l'avant-garde de Casteljaloux, composée de 15 salades et commandée par d'Aubigné, que secondait le capitaine Dominge avec 15 arquebusiers à cheval, parvint sur le bord de la Garonne, ils virent tout le bord opposé en aval de Marmande «noirci de gens de guerre», et une première batelée d'ennemis qui allaient atteindre la rive gauche à Valassins. Aussitôt d'Aubigné commande à Dominge de mettre pied à terre et de donner sur ceux qui abordaient. Dominge tue ou noie toute cette avant-garde, au nombre de 60 hommes; la plupart n'eurent pas même le temps d'ajuster leurs mèches. Mais comme le reste s'empressait de s'embarquer pour venir les venger, La Vachonnière, qui avait suivi de près son lieutenant, prévoyant que la partie ne serait pas égale, se mit alors en retraite, au simple pas de ses chevaux…»

Les catholiques, suivant, en toute hâte, leurs ennemis, offrirent le combat près de Malvirade. «Ce fut l'un des engagements les plus acharnés et les plus glorieux pour les réformés, car ces derniers étaient à peine un contre dix, et d'Aubigné fait observer avec raison qu'il ne faut pas dédaigner cette affaire, «pour ce que les hommes n'y sont pas comptés par milliers.»

«L'aîné des Brocas et un cavalier d'Aiguillon se coupèrent la gorge avec leurs poignards. Bacoue, en tuant l'ennemi qu'il avait en tête, reçut aussi une blessure mortelle; puis vinrent quelques hallebardiers qui l'achevèrent dans le fossé où il venait de combattre. La Vachonnière tomba, «les reins coupés d'une balle ramée, et de plus, brûlant de quatre arquebusades»; d'Aubigné voulut le sauver et le remettre en selle; mais il tomba presqu'aussitôt, à son tour, couvert de blessures, et lorsque le capitaine Dominge vint à son secours, il le vit qui, sous trois cadavres, s'escrimait encore de son épée, dont il blessa mortellement Métaut, Bastanes et Metges le jeune. A l'aide de quelques-uns de ses compagnons, Dominge dégagea le lieutenant de La Vachonnière et le remonta sur son cheval. Quant à La Vachonnière lui-même, il était déjà mort.

 

«Les pertes éprouvées au combat de Malvirade n'avaient pas découragé la garnison de Casteljaloux, car, peu de temps après, et sous les ordres de d'Aubigné qui, durant le repos occasionné par ses blessures, venait de dicter au juge de cette juridiction «les premières stances de ses Tragiques», elle s'empara «par escalade (d'après ses Mémoires) et par intelligence (d'après son Histoire universelle) de Castelnau-de-Mesmes, sur la rivière de Ciron, où fut tué le juge du lieu, avec trois autres habitants.

«Sur ces entrefaites, l'armée de Villars, grossie de toute la noblesse de l'Armagnac et des troupes des capitaines Gondrin, Fontenille, Labatut, Poyanne, Lartigue et autres, avait entrepris le siège de Manciet. Le capitaine Mathieu défendit cette ville avec tant de résolution que l'on s'empressa de lui accorder une capitulation honorable, sur le faux avis que le roi de Navarre assiégeait, de son côté, Beaumont-de-Lomagne. Mais il n'était question ici que d'une attaque dirigée par les habitants de cette ville, vers la fin de juin ou au commencement de juillet 1577, contre notre prince en marche sur Montauban, et qu'il repoussa de manière à leur ôter le goût de semblables insultes.

«Il résulterait, d'un passage des Mémoires de Sully, que, dans le cours de cette campagne, Villars «fit quelques tentatives sur Casteljaloux et sur Nérac, mais qu'il trouva partout le roi de Navarre qui déconcerta ses desseins. «Ce prince s'exposait comme le moindre soldat, et fit devant Nérac un coup d'une extrême hardiesse, lorsqu'un gros de cavalerie s'étant détaché pour venir le surprendre, il le repoussa presque seul. Nos prières ne furent point capables de l'engager à prendre plus de soin de sa vie.»

«Rassuré sur ses villes de l'Albret, Henri s'en alla du côté de la Dordogne. Le 2 septembre 1577, il était à Sainte-Foy-la-Grande, d'où il envoya aux consuls de Bergerac et à M. de Meslon, sénéchal d'Albret, des instructions pour assurer la défense de cette contrée. «Ces mesures sont d'autant plus nécessaires, ajoutait-il, que, traitant en ce moment de la paix, il faut empêcher, pour obtenir de meilleures conditions, que l'ennemi ne nous enlève nos places pendant les négociations.» Ces craintes se réalisèrent au sujet de Langon, que les réformés venaient d'enlever au capitaine La Salle du Ciron, et que Largimarie leur reprit et démantela. Seulement ce fait peut se confondre avec la prise de Langon, du 8 avril 1578.

«Jusqu'à la paix dont il est question dans cette lettre, nous ne trouvons plus à dire, pour nos contrées, qu'une petite campagne des réformés de Casteljaloux dans les Landes.» Elle se termina par un engagement des plus meurtriers.

«Les catholiques, forcés au combat, jetèrent leurs arquebusiers dans un bois voisin, et, protégés ainsi sur leur flanc, ils attendirent la charge. Le capitaine de Casteljaloux imita cette manœuvre: il envoya également ses arquebusiers dans le bois, pour ne pas être inquiétés de ce côté, et se formant ensuite en bataille à cent cinquante pas des ennemis, les 45 salades des réformés entamèrent leur charge, dont le succès fut complet, car ils passèrent sur le ventre aux catholiques, et lorsqu'ils tournèrent bride pour achever leur tâche, ils virent ceux qui avaient survécu à genoux et demandant quartier.» Les soldats de Bayonne eurent seuls la vie sauve, et ils furent renvoyés au vicomte d'Orthe avec leurs armes et leurs chevaux.

«Peu de jours après, il vint à Casteljaloux un trompette de Bayonne, chargé de présents en écharpes et en mouchoirs ouvrés, pour toute la garnison; et, plus tard, le roi de Navarre se trouvant, le septième, à une fête que lui donnait La Hilière, successeur du vicomte d'Orthe, dans son gouvernement, les habitants de Bayonne apprirent que le capitaine de Casteljaloux était dans la compagnie de ce prince, et, pour payer sa «courtoisie», ils l'accablèrent de soins et de prévenances.» (Page 118.)