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Histoire amoureuse des Gaules; suivie des Romans historico-satiriques du XVIIe siècle, Tome III

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La Vienne étoit sur le point, de longue main, de dire à ces messieurs-là toutes leurs petites vérités, tellement que le duc de Sault ne se fâcha point de s'entendre dire les siennes. Il lui dit au contraire qu'il vouloit éprouver s'il avoit plus de raison que lui, et que, pour cela, il ne vouloit pas sortir de sa maison de quatre jours; qu'il seroit témoin lui-même qu'il s'abstiendroit de voir le comte de Tallard et Louison d'Arquien, et qu'il eût soin seulement de faire tirer en bouteilles une pièce de vin de Champagne que ses gens avoient découverte dans le cimetière Saint-Jean, aux Deux Torches192; que pour ne la lui pas laisser boire tout seul, il allât avertir le marquis de Sablé193 et deux ou trois autres de ses amis qu'il leur donneroit à manger chez lui; qu'ils y pouvoient amener madame Du Mesnil, s'ils étoient assez habiles pour détourner la bête de l'enceinte de son vieux maréchal194, qui se vantoit d'avoir une partie sur son corps aussi dure que sa jambe de bois; que s'il demandoit cette femme, ce n'étoit pas pour faire la débauche avec elle; que les restes du maréchal de Grancey n'étoient bons que pour le marquis de Sablé, et non pas pour lui, qui aimeroit mieux coucher avec une femme médiocrement belle, et qui eût un galant bien fait, qu'avec une qui seroit toute charmante et qui se produiroit comme elle à un aussi vilain homme qu'étoit ce maréchal.

La Vienne lui dit qu'il faisoit bien d'être si délicat, et qu'il le donnoit assez à connoître en couchant tous les jours avec Louison d'Arquien, qui étoit le reste de toute la terre; qu'au reste, comme ce n'étoient pas ses affaires, il n'avoit garde d'en parler; mais qu'à l'égard de la Du Mesnil, il étoit bien aise de l'avertir de bonne heure de ne la pas faire venir chez lui pour faire de sa maison une maison de scandale et de débauche; qu'ils y boiroient et mangeroient tout leur saoul, mais, pour le reste, il n'avoit que faire de s'y attendre.

Il s'en fut après cela où le duc de Sault lui avoit dit; et les conviés n'ayant pas manqué de s'y rendre avec la Du Mesnil, on fit si bonne chère que le duc de Sault sentit dès ce jour-là que le charme du Polville ne dureroit pas longtemps. Sur la fin du repas, c'est-à-dire entre la poire et le fromage, on leur vint dire qu'un homme demandoit le marquis de Sablé. On lui fit dire d'entrer s'il vouloit; et l'on fut tout surpris de voir un garde de messieurs les maréchaux de France195. Il dit au marquis de Sablé qu'il avoit ordre de le mener au Fort-l'Evêque196, ce qui effraya la compagnie, qui ne savoit pas qu'il lui fût arrivé aucune affaire. Pour lui, il n'en fit que rire; et comme on s'apprêtoit de lui en demander le sujet: «Va, va, retourne t'en, dit-il à ce garde, dire à ton vieux fou de maréchal que nous allons boire à sa santé, qu'après cela nous baiserons sa maîtresse, et que, s'il en veut avoir sa part, il faut qu'il nous vienne trouver. Qu'on lui donne à boire, dit-il en même temps, s'adressant au buffet; voilà tout ce qu'il a la mine d'avoir de sa course.»

Chacun connut bien, à ce qu'avoit dit ce marquis, que le compliment venoit du maréchal de Grancey; et devant que le garde eût le temps de boire son coup, l'on en fit tant de railleries que, quoiqu'il fût un des fieffés ivrognes qu'il y eût dans toute la connétablie, il laissa la moitié de son verre pour dire à ces messieurs qu'ils prissent garde à ne pas manquer de respect envers monseigneur le maréchal. Chacun lui rit au nez à ce discours, et le duc de Sault, qui étoit le plus près du buffet, se leva, sous prétexte de lui faire boire le reste de son vin; mais il le lui répandit malicieusement sur ses habits et sur son linge. Le garde voulut se fâcher, mais le marquis de Sablé le rapaisa en lui présentant une autre rasade et le priant de la boire à la santé de monsieur le maréchal. On lui en donna une autre après celle-là, et enfin, dans un moment, on l'enivra si bien qu'il étoit le premier à médire de celui qui l'avoit envoyé. Quand ils l'eurent mis de si belle humeur, ils le renvoyèrent; et comme le maréchal de Grancey, impatient de savoir quel succès auroit eu sa députation, l'avoit conduit lui-même jusqu'à cent pas de la porte, il ne le vit pas plus tôt revenir qu'il se jeta hors de la portière de son carrosse pour lui demander d'où venoit qu'il avoit été si longtemps. Il reconnut à la première parole que lui dit le garde qu'il étoit saoul, et, se mettant dans une colère non pareille, il demanda s'il n'y avoit pas de canne dans son carrosse. Ne s'en étant point trouvé, il dit à un de ses domestiques, nommé Gendarme, qui lui servoit de valet de chambre et de secrétaire, quoiqu'il ne sût ni lire ni écrire, qu'il lui défit sa jambe de bois et qu'elle lui serviroit de bâton. Mais Gendarme lui ayant dit que cela ne se pouvoit pas, il se jeta sur sa perruque et déchargea sa colère sur lui. Gendarme se vengea en lui écartant la dragée; et comme il étoit aussi grand parleur que son maître, il eut le plaisir de lui disputer le terrain à coups de langue. Le maréchal, étant saoul de le battre, fit approcher le garde, qui s'étoit écarté, et, l'ayant interrogé de nouveau, sa colère fut bien plus grande quand il apprit que la Du Mesnil étoit de la débauche; car jusque-là, tout ce qui l'avoit fâché étoit de savoir qu'elle eût vu le marquis de Sablé en particulier, et il n'avoit point eu d'autre sujet de vouloir l'envoyer en prison.

Sitôt que le garde eut lâché la parole, il s'écria qu'il étoit perdu, et tenant la main à Gendarme: «Çà, lui dit-il, oublions le passé, et dis-moi si je ne suis pas bien malheureux. Que ferons-nous, mon ami? Et surtout ne va pas dire cela à ma femme: car tu sais qu'elle ne cesse de me dire que cette carogne ne vaut rien.» Gendarme n'eût pas voulu, pour les coups qu'il avoit reçus, que cela ne lui fût arrivé. Il se prit à rire dans sa barbe, et ne lui vouloit point répondre. Le maréchal le conjura encore une fois de mettre toute sorte de rancune à bas, et, pour l'obliger à être de belle humeur, il lui promit l'habit qu'il portoit ce jour-là. Gendarme se radoucit à cette promesse; néanmoins, étant bien aise de le mortifier: «Ne vous l'avois-je pas bien dit, lui dit-il, aussi bien que madame la maréchale197, que ce n'étoit qu'une p…! Si j'étois à votre place, je chasserois, dès que je serois au logis, ce coquin de bâtard qui ne vous appartient pas et que vous nourrissez cependant de la meilleure foi du monde, pendant que vous avez des filles qui, faute d'avoir de quoi, peut-être autant que par inclination…; mais il ne s'agit pas de cela maintenant, c'est pourquoi… – Ah traître! interrompit le maréchal, tu raisonneras donc toujours? Quoi! mon fils198 n'est pas à moi? il ne me ressemble pas comme deux gouttes d'eau? il n'a pas les oreilles de Grancey199, marque indubitable qu'il est de la maison? Je te ferai pendre, et, après t'avoir sauvé de la corde à Thionville, il faut que je te renvoie à ta première destinée.»

 

Gendarme ne put s'empêcher de répondre à ces invectives, quand même il eût su qu'il l'eût dû encore plus maltraiter qu'il n'avoit fait. «Voilà qui est beau, vraiment, lui dit-il, de prendre le parti d'un bâtard et d'abandonner celui de ses filles. Je croyois que toute cette colère ne venoit que de ce que j'avois dit d'elles; mais, à ce que je vois, c'est de quoi vous vous souciez le moins. Il est vrai, il a vos grandes oreilles, mais est-ce une marque si indubitable qu'il vous appartient, comme vous croyez? Combien de femmes mettent d'enfans au monde qui ont quelque chose de particulier, parce que les mères se sont arrêtées à quelque objet désagréable? Votre m… ne peut-elle pas avoir regardé…» Il vouloit dire un âne, mais il n'osa lâcher la parole et se mit à bredouiller entre ses dents. Comme cela lui étoit naturel, le maréchal n'y prit pas garde, et s'étant radouci, parce qu'il lui avoit accordé les oreilles: «Eh bien! que ferons-nous donc? lui dit-il; et laisserai-je entre les mains de ces scélérats une enfant qu'ils ont sans doute enlevée par force?» Gendarme, qui les savoit en débauche et qui avoit soif à force d'avoir parlé et craché, crut qu'il pourroit gagner quelques verres de vin au buffet, s'il pouvoit obliger le maréchal à les aller trouver; c'est pourquoi, après avoir fait semblant de rêver en lui-même, pour faire l'homme d'importance: «Ma foi, si vous me croyez, lui dit-il, nous irons de ce pas où ils sont; cela servira à deux fins: l'une, que vous ramènerez madame Du Mesnil chez elle; l'autre, que vous empêcherez peut-être qu'il n'arrive quelque chose qui ne vous plairoit pas: car, que sait-on? il y en a quelquefois qui ont le vin paillard et qui font rage dans ces sortes d'occasions. – Mais n'est-ce point trop me compromettre? lui répondit le Maréchal. – La belle délicatesse que voilà! lui dit Gendarme; et vous qui allez tous les jours où vous savez, ne pouvez-vous pas entrer chez La Vienne, où vont tous les gens de qualité?»

Ces raisons suffirent pour résoudre le maréchal; mais, étant bien aise de se faire accompagner d'un garde, il voulut que celui qui étoit venu avec lui le suivît. Cependant il ne se trouva point, et il étoit allé se reposer sur une boutique, où il étoit si bien enseveli dans le sommeil, que lorsqu'on l'eut trouvé, il fut impossible de le réveiller. Le maréchal étoit d'avis que Gendarme endossât son harnois; mais celui-ci, qui ne vouloit point être obligé de faire aucun compliment fâcheux à des gens dont il n'étoit assuré ni de la discrétion ni du respect, le fit ressouvenir qu'il étoit trop connu de la compagnie pour se revêtir d'une autre figure. Le maréchal s'étant rendu à ses raisons, il laissa cuver le vin à ce garde, sans interrompre son sommeil.

Etant arrivé chez La Vienne, il monta aussitôt en la chambre où étoient ces messieurs, sans qu'on eût le temps de les avertir de sa venue. Ils furent extrêmement surpris de le voir; mais celle qui le fut le plus fut madame Du Mesnil, et elle crut bien qu'après cela il ne fourniroit plus à l'appointement. Le duc de Sault, comme le plus considérable, prit la parole le premier et dit au Maréchal, «qu'ayant voulu faire débauche, il avoit été prendre ceux qu'il voyoit, et que de là ils avoient été enlever madame Du Mesnil, laquelle s'étoit extrêmement défendue; que cela les avoit obligés de la porter sur leurs bras jusque dans le carrosse; mais qu'on voyoit bien que leur compagnie ne lui plaisoit pas; qu'elle n'avoit ni bu ni mangé, et qu'une autre fois ils n'amèneroient jamais personne par force.»

Le maréchal goba ce discours, et, étant bien aise de le faire remarquer à Gendarme, qu'il croit derrière lui, mais qui étoit déjà au buffet à trousser un verre de vin, il donna un coup sur le bras d'un laquais qui apportoit un ragoût pour le faire boire, et le fit tomber. Cela interrompit le discours qui étoit sur le tapis, et il se crut obligé de s'excuser de ce qu'il avoit fait. Ils lui dirent tous que ce n'étoit rien, et qu'ils avoient fait si grande chère, qu'il y en avoit encore assez pour lui et pour eux. Au même temps le duc de Sault le prit par le bras et l'obligea de s'asseoir entre madame Du Mesnil et lui, si bien qu'on recommença à manger de plus belle et à boire de même. La Du Mesnil, qui en avoit jusqu'à la gorge, affecta une grande sobriété et une grande mélancolie; en quoi elle se contraignoit plus en l'un qu'en l'autre. Chacun lui disoit qu'elle devoit manger maintenant qu'elle avoit ce qu'elle aimoit auprès d'elle; mais, comme le maréchal ne lui en parloit point, et qu'elle voulut que ce fût lui, elle se défendoit avec un air languissant, ce qui donnoit sujet de rire à tous ceux qui savoient comment elle s'en étoit acquittée avant qu'il entrât. Le maréchal, qui mouroit de faim, ne songeoit qu'à remplir sa panse, et lâchoit bien quelquefois quelque parole pour l'obliger à en faire de même, mais elle vouloit qu'il l'en pressât davantage. Enfin, après qu'il eut rassasié sa grosse faim, il fut plus galant et eut plus soin d'elle. Elle fit mine de se rendre à ce qu'il vouloit, et quoique cela fût capable de lui faire mal, elle recommença à manger.

Chacun se récria là-dessus, et dit qu'on voyoit bien ceux qui avoient du pouvoir sur elle. Cela faisoit rire sous cape le maréchal, et il donna si bien dans le panneau, qu'il ne fit que marcher sur les pieds de sa dame, en signe d'amitié. On poussa la débauche jusqu'à l'excès, et, après avoir médit de tout le genre humain, ils médirent d'eux-mêmes. Le maréchal dit au duc de Sault qu'il ne falloit pas s'étonner s'il étoit si gros et si gras, et le marquis de Ragni200, son frère, si mince et si maigre; qu'il avoit été fait entre deux portes, au lieu que l'autre avoit été fait dans un lit; que les coups fourrés étoient toujours mieux fournis que les autres, et qu'il l'avertissoit, s'il ne le savoit pas, qu'il étoit obligé de porter respect au duc de Roquelaure201, comme à son propre père. Le duc de Sault, pour lui rendre le change, lui dit qu'il ne pouvoit pas lui parler si précisément du sien, parce que sa mère202 avoit eu tant de galans, qu'il étoit impossible de dire auquel il devoit sa naissance; que c'étoit dommage que les filles du maréchal de Grancey n'eussent été élevées de la main d'une si habile femme; qu'elles ne seroient pas si glorieuses; que cependant il n'y avoit point de différence entre leur tempérament et celui de leur grand'mère, sinon qu'elles avoient deux princes pour galans, au lieu qu'elle avoit toujours le premier venu; que cependant le bruit étoit qu'elles n'avoient pas eu toujours le cœur si relevé; que, si l'on en croyoit la médisance, elles n'avoient pas haï un de leurs domestiques; qu'il n'en falloit pas parler de peur de leur faire tort, et que même il étoit prêt de signer, pour leur faire plaisir, que ce n'étoit qu'un conte inventé par quelque médisant.

Le maréchal de Grancey jura que c'étoit une fausseté; qu'il étoit bien vrai que ce domestique leur étoit plus agréable que les autres, parce qu'il étoit bien fait de sa personne, qu'il se mettoit bien et qu'il avoit de l'esprit; mais que, voyant qu'on en parloit dans le monde, il l'avoit chassé pour couper racine à toutes ces médisances. Pour autoriser ce qu'il venoit de dire, il demanda du vin, et dit qu'il vouloit boire encore quatre coups d'une main et autant de l'autre; qu'après cela il jureroit la même chose, et que c'étoit une preuve qu'il n'avoit rien dit contre la vérité, puisqu'on savoit bien que les ivrognes n'avoient pas l'esprit de la déguiser. On n'eut garde de lui contester une chose si authentique, et l'on se retrancha sur l'amour de Monsieur203, pour mademoiselle de Grancey, et sur celui de monsieur le Duc204 pour la comtesse de Maré sa sœur205. Cela donna lieu à un de la compagnie de faire cette chanson, qu'il chanta à l'heure même, sur l'air d'un Noël:

 
Laissez baiser vos filles,
Illustre maison de Grancey,
Laissez baiser vos filles,
Leur cœur est bien placé;
Leur bonheur n'eut jamais d'égal,
C'est lui qui fait par leur canal
Couler chez vous le sang royal.
Ces deux beautés si tendres
Pouvoient-elles, dans leur saison,
Vous procurer deux gendres
De meilleure maison 206 ?
 

Le maréchal étoit tellement en pointe, qu'il voulut apprendre la chanson, et la chanta avec les autres. Ils firent chorus longtemps sur le même air, après quoi chacun prit le parti de s'en retourner chez soi. Le duc de Sault, sans se souvenir de ce qu'il avoit promis à La Vienne, monta en carrosse, résolu d'aller coucher avec la Du Mesnil, si le maréchal de Grancey, qui l'avoit fait entrer dans le sien, la pouvoit laisser en liberté. Pour cet effet il commanda à un de ses laquais de les suivre et de lui en venir dire la réponse à un endroit qu'il lui marqua. Le laquais ne tarda guère à revenir, et lui ayant appris que le maréchal, après l'avoir ramenée chez elle, s'en étoit retourné chez lui, il s'y fit mener et y passa la nuit.

 

Comme il y avoit du vin sur le jeu, et qu'il n'étoit pas sur le pied de se beaucoup contraindre, il ne s'aperçut pas si le charme du Polville étoit rompu, et remit toutes choses au lendemain. Mais il étoit encore endormi lorsque Gendarme vint à la porte; et comme c'étoit de la part du patron et qu'on ne pouvoit pas la lui refuser, la Du Mesnil n'eut le temps que de l'éveiller et de le prier de se cacher derrière le rideau. Gendarme, qui, pour faire enrager son maître, remarquoit jusqu'aux moindres choses, aperçut, en lui faisant son compliment, qu'il y avoit une autre place que la sienne qui étoit foulée; et, impatient de l'aller redire au vieillard, il courut plus vite qu'à l'ordinaire, si bien que, quand il arriva à l'hôtel de Grancey, il étoit tout hors d'haleine.

Le maréchal lui demanda pourquoi il étoit si échauffé? «Pour vous dire, répondit-il, que vous êtes la plus grande dupe qu'il y eut jamais; que pendant que vous dormez ici tranquillement on vous fait de belles affaires; que tous les enfants que vous pensez à vous ont d'autres pères malgré leurs belles oreilles, et qu'en un mot, vous êtes cocu. Levez-vous seulement, continua-t-il, et vous verrez encore la bête au gîte, ou tout du moins le gîte si bien marqué qu'il sera aisé de la suivre à la piste.» Le maréchal, qui savoit le plaisir qu'il prenoit à lui donner des soupçons, lui dit qu'il prît garde à ce qu'il disoit, qu'il y alloit de sa vie et qu'il ne le lui pardonneroit plus. Cependant il demandoit sa jambe, son caleçon et ses habits; et il étoit si pressé de se lever, Gendarme si pressé de lui montrer ce qu'il avoit promis, que l'un oublia de lui demander son brayer, et l'autre de lui mettre.

Le branle du carrosse fit que le maréchal s'aperçut le premier de la bévue; il fallut retourner au logis pour le quérir, et pendant ce temps-là le duc de Sault s'habilla et sortit. La Du Mesnil, qui savoit que Gendarme ne l'aimoit pas, fit refaire son lit en même temps et se coucha tout au beau milieu. Ce fut un opéra que d'accommoder le brayer dans le carrosse. Gendarme juroit comme un charretier que le maréchal l'avoit fait exprès pour donner le temps à l'oiseau de prendre l'essor; le maréchal, au contraire, que cela venoit de lui pour avoir une excuse; enfin c'étoit quelque chose de fort divertissant que de voir leur dispute, et ils parloient si haut que le monde s'amassoit déjà autour du carrosse. Les laquais, qui étoient accoutumés à ce manége, ayant fait retirer ceux qui vouloient s'arrêter, le maréchal tira ses rideaux pour ne pas faire voir son infirmité à ceux qui ne la savoient pas.

La chose s'étant achevée avec grand'peine, ils continuèrent leur chemin, et étant arrivés chez la Du Mesnil, Gendarme fut fort étonné de ne voir qu'une place foulée au lieu de deux qu'il avoit remarquées. Le maréchal, qui s'aperçut de sa surprise, eut peur qu'il ne voulût enfiler la porte, et, pour le prévenir, y courut avec précipitation; mais, n'ayant pas la jambe sûre, il tomba et se fit beaucoup de mal. Gendarme, qui vit bien que, quoiqu'il n'eût pas tort, tout alloit tomber sur lui, prit ce temps-là pour s'échapper; ce qui mit le maréchal dans une furieuse colère. Il jura qu'il le feroit pendre, ce qui rassura la Du Mesnil, qui avoit eu peur d'abord qu'il n'eût plus de créance en lui qu'en elle.

Elle lui donna la main pour se relever, et quand il eut repris haleine il lui avoua franchement ce qui s'étoit passé et lui demanda pardon de son soupçon. Comme elle le vit en si beau chemin, elle lui fit une forte réprimande, lui demanda si c'étoit là la récompense de ce qu'elle faisoit tous les jours pour lui, et n'oublia rien de ce qui pouvoit lui prouver son innocence et engendrer en lui un extrême repentir.

Il lui en donna toutes les marques qu'elle pouvoit souhaiter; mais rien ne la persuada tant qu'un cierge d'une livre qu'il envoya quérir à l'heure même pour le porter aux Quinze-Vingts, en reconnoissance, disoit-il, de ce que Dieu avoit permis qu'il eût découvert la méchanceté de Gendarme; car, quoi qu'il fît tous les jours une offrande de même nature à cette église, comme celle-ci étoit plus forte de moitié que les autres, elle jugea qu'il étoit véritablement touché.

Pendant que le maréchal se reposoit tranquillement à l'ombre de sa bonne fortune, le duc de Sault songeoit à rétablir sa réputation auprès de madame de Lionne. Cependant, quelque confiance qu'il eût en son tempérament et en sa jeunesse, non seulement il s'abstint de voir le comte de Tallard et Louison, mais il mangea encore de tout ce qui pouvoit contribuer à une vigoureuse santé. Ne doutant plus alors qu'il ne fût en état de combattre, il s'en fut sur le champ de bataille; mais il y trouva un autre combattant. Le comte de Fiesque étoit revenu plus amoureux que jamais; et quoique ce qu'il avoit fait lui dût donner un grand mépris pour madame de Lionne, et que madame de Lionne, de son côté, ne dût pas souhaiter de le revoir, ils ne s'étoient pas plutôt vus qu'ils s'étoient raccommodés. Il n'eut pas lieu d'en douter en arrivant. Comme on savoit qu'il étoit des amis de la maison, on le laissa entrer sans annoncer sa venue, et, ne trouvant personne dans la chambre, il s'avisa de regarder au travers de la serrure du cabinet. Il vit là qu'ils étoient aux prises, ce qui ne l'auroit pas étonné s'il n'eût su leur querelle. Cependant, quoiqu'il vînt pour la même chose et qu'il ne dût pas être content de voir la place prise, il s'assit tranquillement dans un fauteuil, se doutant bien que, comme le comte de Fiesque n'étoit pas un rude joueur, il auroit bientôt achevé sa partie. En effet, elle ne fut pas plutôt faite qu'ils vinrent tous deux dans la chambre, et leur surprise fut grande de voir un homme qu'ils n'attendoient pas et qu'ils n'avoient eu garde de demander.

Le duc de Sault, qui savoit que le silence augmenteroit encore leur confusion, voulut les tirer de celle où il les voyoit en le rompant; et comme il n'y avoit que de la débauche à son fait, il avoit pris son parti à l'heure même, si bien qu'il se trouvoit une certaine liberté d'esprit, qu'il n'eût eu garde d'avoir si son cœur eût pris le moindre intérêt à son aventure. «Je vous croyois de mes amis tous deux, leur dit-il. Sur ce pied-là je m'attendois que vous ne feriez point de réjouissance sans moi. Vous savez qu'un raccommodement vaut une noce, et cependant vous venez de vous donner les joies du paradis sans m'y avoir appelé. Je n'ai jamais été curieux qu'aujourd'hui; mais j'en suis rebuté pour toute ma vie. La sotte chose, de voir le plaisir des autres par le trou d'une serrure! Et je crois que, si j'eusse été encore au collége, il m'en auroit coûté un péché mortel. Que ne laissez-vous du moins, Madame, dit-il en s'adressant à madame de Lionne, quelque femme de chambre ici? On s'amuseroit à peloter en attendant partie. C'est un conseil que je vous donne, et dont vous vous trouverez fort bien. Cela ôtera du moins la curiosité qu'on peut avoir, et vos affaires pourroient tomber entre les mains d'un homme qui n'en usera pas aussi bien que moi.»

Quelque banqueroute qu'on ait faite à la vertu, il reste toujours une certaine confusion dès que nos affaires sont découvertes, surtout à une femme, qui a la pudeur en partage. Le duc de Sault put remarquer cette vérité en madame de Lionne: elle fut encore plus confuse qu'auparavant, et, quand ç'auroit été son mari qui lui eût parlé, je ne sais si elle auroit fait une autre figure; elle avoit les yeux baissés, et, si elle les levoit quelquefois, ce n'étoit que pour regarder le comte de Fiesque, qu'elle sembloit exciter à prendre sa défense; mais il étoit encore plus sot qu'elle; tellement que voyant qu'il n'avoit pas l'esprit de la tirer de ce mauvais pas: «Voilà de quoi vos folies sont cause, dit-elle à ce comte. Vous avez fermé la porte contre ma volonté, et monsieur le duc aura vu sans doute que vous vous êtes émancipé à quelque bagatelle. – Pardonnez-moi, Madame, en vérité, lui répondit le duc de Sault, ce n'est point une bagatelle que ce que j'ai vu, à moins que vous n'appeliez de ce nom-là ce que nous appelons, nous autres, bonne fortune. Mais n'en rougissez pas: le comte de Fiesque en vaut bien la peine, et avouez-moi seulement que le plaisir en est tout autre quand on a eu quelque petite brouillerie.»

Madame de Cœuvres entra sur ces entrefaites, et tira sa mère d'un grand embarras: car le duc de Sault, qui se sentoit pour elle, non pas une grande passion, mais du moins assez d'attachement pour prendre plaisir à l'entretenir, la tira dans la ruelle et donna moyen à ces amants de se remettre de leur trouble. Madame de Lionne, qui avoit le cœur grand, c'est-à-dire à qui un seul amant ne suffisoit pas, ne fut pas plutôt sortie d'une inquiétude qu'elle entra dans une autre. En effet, quoiqu'elle eût promis secours au duc, il lui sembla que sa fille écoutoit trop attentivement ses raisons, et à chaque parole qu'il lui disoit, elle prêtoit l'oreille pour voir si elle ne se trompoit point.

Le comte de Fiesque remarqua sa distraction, et lui en fit la guerre; mais il lui fut impossible de la détourner de son dessein. Enfin elle s'aperçut effectivement, comme elle se l'étoit imaginé, que sa fille étoit tout attendrie, et elle n'en douta plus, principalement quand elle vit que sans se faire aucune violence, elle lui donnoit sa main à baiser. Le duc de Sault sortit dans le même temps, ce qui lui fit présumer que leurs affaires étoient bien avancées et que c'étoit sans doute des arrhes d'une plus grande promesse. Elle se résolut, si cela étoit, de traverser ces amants de tout son pouvoir, et, s'étant défaite du comte de Fiesque, elle envoya quérir une chaise à porteurs et fit semblant d'avoir affaire ce jour-là à des emplettes. Cependant elle ne sortit point qu'elle ne vît les chevaux au carrosse de sa fille, et, s'étant mise dans sa chaise, elle se défit de ses laquais, sous prétexte de quelque commission. Cette affaire faite, elle fit arrêter les porteurs au coin de la rue, et leur commanda de suivre le carrosse quand il sortiroit. Elle ne fut pas longtemps en embuscade: le carrosse fut aux Tuileries, du côté des écuries du Roi207, et elle y fut presque aussitôt que sa fille.

Comme elle s'étoit déguisée, elle espéra qu'elle ne la reconnoîtroit pas. Néanmoins, se défiant de sa taille et de son air coquet, qui la faisoient remarquer entre mille autres, elle fit la boiteuse et la suivit. La marquise de Cœuvres fit deux tours d'allée, pour dépayser quelques personnes qu'elle avoit reconnues en entrant; mais après cela elle prit le chemin de la porte du Pont Rouge208, ce qui obligea sa mère de doubler ses pas. Comme elle avoit laissé quelque distance entre deux, il lui fut impossible d'y arriver sitôt qu'elle eût voulu, tellement que quand elle vint à la porte, sa fille étoit déjà disparue. Elle jeta les yeux de tous côtés, pour voir si elle n'en reconnoîtroit point du moins les vestiges; mais tout ce qu'elle vit fut un carrosse sans armes et sans couleurs, qui s'éloigna si fort dans un moment, qu'elle l'eut bientôt perdue de vue. Elle fut fort fâchée de n'avoir pas une voiture toute prête pour le suivre, et elle résolut de n'y être pas attrapée la première fois, se doutant bien que, si ses soupçons étoient véritables, ces amants n'en demeureroient pas à cette entrevue.

Mais elle n'avoit garde de se tromper, elle étoit trop habile sur cette matière, et c'étoit justement dans ce carrosse qu'étoient entrés la marquise et le duc. Il la mena à Auteuil, dans une maison que le maréchal de Grancey avoit louée à la Du Mesnil, et dont elle lui permettoit de disposer quand il vouloit.

Ils n'y furent pas plutôt arrivés, qu'il voulut voir s'il étoit encore ensorcelé. Mais il trouva que deux ou trois jours de repos aux hommes de son âge étoient un remède merveilleux contre toutes sortes de charmes. Après l'avoir caressée deux fois, il fut bien aise de l'entretenir de quelque chose de divertissant, et il crut que rien ne le pouvoit être davantage que ce qui lui étoit arrivé avec sa mère. La marquise de Cœuvres lui dit que cela ne se pouvoit pas, et que sa mère étoit trop attachée au comte de Fiesque pour avoir voulu essayer ses forces. Mais comme l'histoire n'étoit pas trop à son avantage, et qu'il n'y avoit point de serments qu'il ne fit pour la lui assurer, elle fut obligée d'y ajouter foi, et l'empêcha par là de jurer davantage.

Cependant elle eut encore d'autres marques que c'étoit la vérité, mais dont elle se seroit bien passée. Je veux dire que, le duc de Sault ayant voulu recommencer à la caresser, le charme se renouvela sur toutes les parties de son corps, de sorte qu'il devint perclus de ses membres. La marquise de Cœuvres, qui étoit une des plus jolies femmes de Paris, crut que c'étoit lui faire affront et s'en sentit touchée. Elle ne se contenta pas de lui en faire paroître quelque chose sur son visage, mais elle lui témoigna encore son ressentiment en ces termes: «Je n'ai jamais été gourmande sur l'article, et si vous saviez ce que monsieur de Cœuvres dit de moi là-dessus, vous verriez bien que ce n'est pas ce qui me fait parler. Aussi ai-je de la peine quelquefois à le souffrir, et cela lui fait dire souvent que je ne suis pas fille de ma mère et qu'il faut qu'on m'ait changée en nourrice. Cependant, quoique ma froideur le doive rebuter, il ne m'a jamais fait l'affront que vous me faites; je ne l'ai jamais vu demeurer en chemin, et il me souvient que la première nuit de mes noces… Mais je n'ai garde de vous le dire, je vous ferois trop de honte; cependant c'est un mari, et vous êtes un amant. Mais quel amant! un amant qui n'a pris ce nom-là que pour m'abuser, et qui, dès la première entrevue, me fait voir quelle confiance je dois avoir en lui. Mais encore vaut-il mieux que je n'aie pas été trompée plus longtemps; il y a remède partout, et je sais le parti que je dois prendre.» Le duc de Sault n'étoit guère honteux de lui-même, toutefois il le fut à ces reproches, et pria madame de Cœuvres de se laisser voir à découvert, lui assurant que cela rétabliroit toutes ses forces.

C'étoit quelque chose qu'une promesse comme celle-là, et il y en auroit eu à sa place qui n'auroient pas hésité à lui accorder ce qu'il demandoit; mais, soit qu'elle se défiât de ses beautés cachées, ou qu'elle crût cela fort inutile, elle n'en voulut rien faire: de sorte que dès cette première entrevue ils commencèrent à être mécontents l'un de l'autre.

192Le cimetière Saint-Jean étoit situé au bout de la rue de la Verrerie, dans le quartier Sainte-Avoie. Malgré son nom, qu'il conservoit toujours, le cimetière Saint-Jean étoit devenu un marché dès l'année 1391, et il étoit entouré de nombreux cabarets. (Voy. l'Histoire des hôtelleries et cabarets, par M. Ed. Fournier, et les Variétés historiques et littéraires de la Bibliothèque elzevirienne publiées par lui, passim.)
193Le marquisat de Sablé étoit alors passé de la maison de Laval à la maison de Servien. Abel Servien, oncle de M. de Lionne, dont il est parlé ici, étoit marquis de Sablé. C'est de son fils qu'il est ici question. Celui-ci, né en 1644, mourut sans alliance en 1710; il fut, après son père, sénéchal d'Anjou.
194Jacques Rouxel de Grancey, maréchal de France, gouverneur de Thionville, né en 1602, étoit fils de Pierre de Grancey et d'une fille du maréchal de Fervaques. Marié une première fois à Catherine de Mouchy, sœur du maréchal d'Hocquincourt, il épousa en secondes noces Charlotte de Mornay, fille de P. de Villarceaux. Il ne laissa pas moins de dix-neuf enfants, dont sept du premier lit, douze du second. Le maréchal de Grancey mourut le 20 novembre 1680.
195Voy. t. 2, p. 443.
196Le fort l'Evêque étoit surtout une prison pour dettes. Il étoit situé au milieu de la rue Saint-Germain-l'Auxerrois. Antérieurement, c'étoit le siége de la juridiction épiscopale; mais, dit Hurtaut, comme il y avoit dans Paris dix-neuf juridictions de seigneurs, l'incertitude de leurs limites causoit souvent des conflits. Par édit de février 1674, toutes ces juridictions furent réunies à celle du Châtelet. On conserva seulement les justices d'Enclos, comme celles de l'archevêché, etc. A l'époque qui nous occupe, il semble qu'il reçut les gentilshommes punis par le tribunal d'honneur des maréchaux de France.
197Il s'agit ici de la seconde femme du maréchal, Charlotte de Mornai. (Voy. l'avant-dernière note. Cf. I, 113.)
198Nous avons dit dans une note précédente (voy. ci-dessus, p. ) que le Maréchal de Grancey avoit eu dix-neuf enfants. Il nous seroit difficile de dire de quelles filles et de quel fils entend parler l'auteur.
199De grandes oreilles plates. (Note du texte.)
200Charles-Nicolas de Bonne de Lesdiguières, marquis de Ragny, par sa mère, Anne de la Madelaine de Ragny, seconde femme de son père.
201Sur Gaston, marquis, puis duc de Roquelaure, fils du maréchal, voyez une longue et savante note de M. P. Boiteau, t. 1, p. 163.
202La mère du maréchal de Grancey étoit Charlotte de Hautemer, comtesse de Grancey, fille de Guillaume, seigneur de Fervaques, maréchal de France.
203Monsieur, duc d'Anjou, frère de Louis XIV.
204M. le duc, fils du grand Condé.
205La comtesse de Maré étoit Marie-Louise Rouxel de Grancey, mariée le 11 novembre 1665 à Joseph Rouxel, fils de Guillaume Rouxel, lequel étoit frère du maréchal. A l'époque où nous sommes arrivés, madame de Maré étoit veuve depuis 1668, année où son mari fut tué, à Candie. Après la mort de sa mère, madame de Maré fut gouvernante de mademoiselle d'Orléans, depuis duchesse de Lorraine, puis des princesses filles de Philippe, duc d'Orléans, régent.
206Cette chanson se trouve partout. C'est une longue suite de couplets où paroît à plusieurs reprises madame de Maré, et, à côté d'elle, madame de Grignan, madame d'Alluye, madame de Fiesque, madame de Lamothe, madame de Belin, etc., etc. On attribue à cette pièce la date de 1670.
207La grande écurie du Roi étoit située derrière le grand pavillon du château des Tuileries, du côté de la rue Saint-Honoré, entre cette rue et le logement du grand écuyer. Quant à la petite écurie, elle étoit entre la rue d'Enghien et la rue de la Michodière. C'est de la grande écurie qu'il est ici question.
208Le Pont-Rouge, autrefois, étoit le pont qui relioit la cité et l'île Notre-Dame. Depuis, et au temps qui nous occupe, on appeloit Pont-Rouge, après l'avoir appelé pont Barbier et pont Sainte-Anne, le pont que nous appelons maintenant pont des Tuileries. Ce pont fut longtemps, et encore à la fin du dix-huitième siècle, le seul qui traversât la Seine dans toute sa largeur. Jusqu'en 1685, qu'il fut emporté et remplacé par un pont de pierre, ce pont resta construit en bois peint en rouge, et de là son nom.