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Histoire amoureuse des Gaules; suivie des Romans historico-satiriques du XVIIe siècle, Tome III

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Ce furent ses propres termes, qui désolèrent tellement la maréchale, qu'elle se prit à pleurer. Mais elle avoit affaire à un homme si tendre, qu'au lieu d'en être touché, il n'en fit que rire. Cette comédie s'étant passée de la sorte, la maréchale alla se plaindre au comte d'Olonne, chez qui elle savoit qu'il alloit souvent. «Vous n'avez que ce que vous méritez, lui répondit alors le comte; et après avoir voulu tâter, comme vous avez fait, du sceptre jusqu'à la houlette, comment voulez-vous que vos affaires ne soient pas publiques?» Il lui fit ce reproche parce qu'il se ressentoit du passé; mais, après s'être donné ce petit contentement, il lui promit que cela n'empêcheroit pas qu'il ne fît correction à son fils. En effet, l'ayant vu une heure après, il lui dit qu'il avoit tous les torts du monde d'avoir parlé à sa mère comme il avoit fait; qu'à son âge, il n'étoit pas à savoir que rien ne le pouvoit dispenser du respect qu'il lui devoit; qu'aussi croyoit-il que cela ne lui étoit arrivé qu'après être soûl, autrement qu'il ne sauroit qu'en dire.

Il y avoit apparence que le duc de La Ferté alloit chercher quelque excuse pour colorer une si grande faute, et même qu'en ayant la dernière confusion, il prendroit le parti de la nier; mais, sans s'en s'étonner aucunement: «Il est vrai, lui répondit-il, j'étois soûl, et c'est de quoi elle a été fort heureuse, car sans cela je lui aurois bien dit d'autres vérités… J'ai une liste fidèle de tous les tours qu'elle a faits; et, jusqu'au collier de perles qu'elle a fait escroquer à monsieur de Dreux264, conseiller au grand Conseil, par le chevalier de Lignerac265, rien ne m'est inconnu.» Le comte lui demanda s'il n'avoit point de honte de parler comme cela de sa mère; mais, quelque réprimande qu'il lui fît, il lui fut impossible de lui faire entendre raison.

Comme il ne se passe guère de choses dans le royaume que le Roi ne sache, on lui donna bientôt le divertissement de cette comédie, qui lui inspira un si grand mépris pour cette maison, qu'il ne se put empêcher de le montrer. Mais le duc de La Ferté, qui savoit bien qu'il étoit déjà perdu de réputation auprès de lui, ne s'en mit guère en peine, non plus que la maréchale, laquelle continue toujours à mener la même vie; de sorte que je pourrai une autre fois vous apprendre la suite de son histoire, aussi bien que celle de madame de Lionne: supposé néanmoins qu'elles trouvent toujours des gens qui veuillent d'elles, ou qu'elles ne se convertissent pas.

LA FRANCE DEVENUE ITALIENNE AVEC LES AUTRES DÉSORDRES DE LA COUR266

La facilité de toutes les dames avoit rendu leurs charmes si méprisables à la jeunesse, qu'on ne savoit presque plus à la cour ce que c'étoit que de les regarder; la débauche y régnoit plus qu'en lieu du monde, et quoique le Roi eût témoigné plusieurs fois une horreur inconcevable pour ces sortes de plaisirs, il n'y avoit qu'en cela qu'il ne pouvoit être obéi. Le vin et ce que je n'ose dire étoient si fort à la mode qu'on ne regardoit presque plus ceux qui recherchoient à passer leur temps plus agréablement267; et quelque penchant qu'ils eussent à vivre selon l'ordre de la nature, comme le nombre étoit plus grand de ceux qui vivoient dans le désordre268, leur exemple les pervertissoit tellement qu'ils ne demeuroient pas longtemps dans les mêmes sentiments.

La plupart des gens de qualité étoient non-seulement de ce caractère, mais il y avoit encore des princes, ce qui fâchoit extraordinairement le Roi. Ils se cachoient cependant autant qu'ils pouvoient pour ne lui pas déplaire, et cela les obligeoit à courir toute la nuit, espérant que les ténèbres leur seroient favorables. Mais le Roi (qui étoit averti de tout) sut qu'un jour après son coucher ils étoient venus à Paris269, où ils avoient fait une telle débauche, qu'il y en avoit beaucoup qui s'en étoient retournés soûls dans leurs carrosses. Et comme cela s'étoit passé dans le cabaret270 (car ils ne prenoient pas plus de précaution pour cacher leurs désordres), il prit sujet de là d'en faire une grande mercuriale à un jeune prince qui s'y étoit trouvé, en qui il prenoit intérêt. Il lui dit que du moins, s'il étoit assez malheureux pour être adonné au vin, il bût chez lui tout son soûl, et non pas dans un endroit comme celui-là, qui étoit de toutes façons si indigne pour une personne de sa naissance.

Le reste de la cabale n'essuya pas les mêmes reproches, parce qu'il n'y en avoit pas un qui touchât le Roi de si près; mais, en récompense, il leur témoigna un si grand mépris qu'ils furent bien mortifiés271. Et, à la vérité, ils furent quelque temps sans oser rien faire qu'en cachette; mais comme leur caractère ne leur permettoit pas de se contraindre longtemps, ils en revinrent bientôt à leur inclination, qui les portoit à faire les choses avec plus d'éclat.

Pour ne pas s'attirer néanmoins la colère du Roi, ils jugèrent à propos de faire serment, et de le faire faire à tous ceux qui entreroient dans leur confrérie, de renoncer à toutes les femmes: car ils accusoient un d'entre eux d'avoir révélé leurs mystères à une dame avec qui il étoit bien, et ils croyoient que c'étoit par là que le Roi apprenoit tout ce qu'ils faisoient. Ils résolurent même de ne le plus admettre dans leur compagnie; mais s'étant présenté pour y être reçu, et ayant juré de ne plus voir cette femme, on lui fit grâce pour cette fois, à condition que s'il y retournoit il n'y auroit plus de miséricorde. Ce fut là la première règle de leur confrérie; mais la plupart ayant dit que leur ordre allant devenir bientôt aussi grand que celui de Saint-François, il étoit nécessaire d'en établir de solides, et auxquelles on seroit obligé de se tenir, le reste approuva cette résolution, et il ne fut plus question que de choisir celui qui travailleroit à ce formulaire. Les avis furent partagés là-dessus, et comme on voyoit bien que c'étoit proprement déclarer chef de l'ordre celui à qui l'on donneroit ce soin, chacun brigua les voix et fit paroître de l'émulation pour un si bel emploi. Manicamp272, le duc de Grammont273 et le chevalier de Tilladet274 étoient ceux qui faisoient le plus de bruit dans le chapitre, et qui prétendoient s'attribuer cet honneur, à l'exclusion l'un de l'autre: Manicamp, parce qu'il avoit plus d'expérience qu'aucun dans le métier; le duc de Grammont, parce qu'il étoit duc et pair, et qu'il ne manquoit pas aussi d'acquit; pour ce qui est du chevalier de Tilladet, il fondoit ses prétentions sur ce qu'étant chevalier de Malte, c'étoit une qualité si essentielle pour être parfaitement débauché, que quelque avantage qu'eussent les autres, comme ils n'avoient pas celui-là, il étoit sûr qu'il les surpasseroit de beaucoup dans la pratique des vertus.

 

Comme ils avoient tous trois du crédit dans le chapitre, on eut de la peine à s'accorder sur le choix; et quelqu'un ayant été d'opinion qu'ils devoient donner des reproches les uns contre les autres, afin que l'on choisît après cela celui qui seroit le plus parfait, chacun approuva cette méthode. Et le chevalier de Tilladet, prenant la parole en même temps, dit qu'il étoit ravi qu'on eût pris cette voie, et qu'elle alloit lui faire obtenir ce qu'il désiroit; que Manicamp auroit pu autrefois entrer en concurrence avec lui, et qu'il ne l'auroit pas trouvé étrange, parce que le bruit étoit qu'il avoit eu de grandes qualités; mais qu'aujourd'hui que ses forces étoient énervées, c'étoit un abus que de le vouloir constituer en charge, à moins qu'on ne déclarât que ce qu'on en feroit ne tireroit à aucune conséquence pour l'avenir; qu'en effet, il n'avoit plus rien de bon que la langue, et que toutes les autres parties de son corps étoient mortes en lui.

Manicamp ne put souffrir qu'on lui fît ainsi son procès en si bonne compagnie, et ayant peur qu'après cela personne ne le voulût plus approcher, il dit qu'il n'étoit pas encore si infirme qu'il n'eût rendu quelque service à la maréchale d'Estrées, sa sœur275; qu'elle en avoit été assez contente pour ne pas chercher parti ailleurs; que ceux qui la connoissoient savoient pourtant bien qu'elle ne se satisfaisoit pas de si peu de chose, et que puisqu'elle ne s'étoit pas plainte, c'étoit une marque qu'il valoit mieux qu'on ne disoit.

Il y en eut qui voulurent dire que cette raison n'étoit pas convaincante, et qu'une femme qui avoit pris un mari à quatre-vingt-quinze ou seize ans n'étoit pas partie capable d'en juger; mais ceux qui connoissoient son tempérament leur imposèrent silence et soutinrent qu'elle s'y connoissoit mieux que personne.

Le chevalier de Tilladet fut un peu démonté par cette réponse; néanmoins il dit encore beaucoup de choses pour soutenir son droit, et, entre autres, qu'il avoit eu affaire à Manicamp, et qu'il n'avoit pas éprouvé cette grande vigueur dont il faisoit tant de parade. On fut obligé de l'en croire sur sa parole, et il s'éleva un murmure dans la compagnie qui fit juger à Manicamp que son affaire n'iroit pas bien. Quand ce murmure fut apaisé, le chevalier de Tilladet reprit la parole, et dit qu'à l'égard du duc de Grammont, il y avoit un péché originel qui l'excluoit de ses prétentions: qu'il aimoit trop sa femme276, et que, comme cela étoit incompatible avec la chose dont il s'agissoit, il n'avoit point d'autres reproches à faire contre lui.

Le duc de Grammont, qui ne s'attendoit pas à cette insulte, ne balança point un moment sur la réponse qu'il avoit à faire; et comme il savoit qu'il n'y a rien tel que de dire la vérité, il avoua de bonne foi que cela avoit été autrefois, mais que cela n'étoit plus. La raison qu'il en rapporta fut qu'il s'étoit mépris à son tempérament; qu'il avoit attribué les faveurs qu'il en avoit obtenues avant son mariage au penchant qu'elle avoit pour lui; mais que, celles qu'elle avoit données depuis à son valet de chambre lui ayant fait connoître qu'il étoit impossible de répondre d'une femme, il lui avoit si bien ôté son amitié qu'il lui avoit fait succéder le mépris; que c'étoit pour cela qu'il avoit renoncé à l'amour du beau sexe, lequel avoit eu autrefois son étoile, et qui l'auroit peut-être encore si l'on y pouvoit prendre quelque confiance; que, quoi qu'il fût fils d'un père277 et cadet d'un frère278 qui avoient eu tous deux de grandes parties pour obtenir les premières dignités de l'ordre, il étoit cependant moins redevable de son mérite à ce qu'il avoit hérité d'eux279 qu'à son dépit; que Dieu se servoit de toutes choses pour attirer à la perfection; qu'ainsi, bien loin de murmurer contre sa providence pour les sujets de chagrin qu'il lui envoyoit, il avouoit tous les jours qu'il lui en étoit bien redevable.

Le chevalier de Tilladet n'eut rien à répondre à cela, et chacun crut que l'humilité du duc de Grammont, jointe à une si grande sincérité, feroit faire réflexion aux avantages qu'il avoit par dessus les autres, soit pour les charmes de sa personne ou pour le rang qu'il tenoit. En effet, il alloit obtenir tout d'une voix la chose pour laquelle on étoit alors assemblé, si le comte de Tallard280 ne se fût avisé de dire que l'ordre alloit devenir trop fameux pour n'avoir qu'un grand maître; que tous trois étoient dignes de cette charge, et qu'à l'exemple de celui de Saint-Lazare281, où l'on venoit d'établir plusieurs grands-prieurs, on ne pouvoit manquer de les choisir tous trois.

Chacun, qui prétendoit à son tour de parvenir à cette dignité, approuva cette opinion; mais comme on fit réflexion que dans quelque établissement que ce soit, c'est dans les commencements où l'on a particulièrement besoin d'esprit, on résolut de faire choix d'un quatrième, parce que les trois autres n'étoient pas soupçonnés de pouvoir jamais faire une hérésie nouvelle. Le choix tomba sur le marquis de Biran282, homme qui avoit plus d'esprit qu'il n'étoit gros; mais dont la trop grande jeunesse l'eût exclus de cet honneur sans le besoin qu'on en avoit. D'abord que l'élection fut faite, on les pria de travailler tous quatre aux règles de l'ordre, dont le principal but consistoit de bannir les femmes de leur compagnie. Pour pouvoir vaquer à une chose si sainte, ils quittèrent non-seulement la cour, mais encore la ville de Paris, où ils craignoient de recevoir quelque distraction, et, étant enfermés dans une maison de campagne, ils donnèrent rendez-vous aux autres deux jours après, leur promettant qu'il ne leur en falloit pas davantage pour être inspirés. En effet, chacun les étant allé trouver au bout de ce temps-là, on trouva qu'ils avoient rédigé ces règles par écrit, dont voici les articles:

I

Qu'on ne recevroit plus dorénavant dans l'ordre des personnes qui ne fussent visitées par les grands maîtres, pour voir si toutes les parties de leur corps étoient saines, afin qu'elles pussent supporter les austérités.

 
II

Qu'ils feroient vœu d'obéissance et de chasteté à l'égard des femmes, et que si aucun y contrevenoit, il seroit chassé de la compagnie, sans pouvoir y rentrer sous quelque prétexte que ce fût.

III

Que chacun seroit admis indifféremment dans l'ordre, sans distinction de qualité, laquelle n'empêcheroit point qu'on ne se soumît aux rigueurs du noviciat, qui dureroit jusqu'à ce que la barbe fût venue au menton.

IV

Que si aucun des frères se marioit, il seroit obligé de déclarer que ce n'étoit que pour le bien de ses affaires, ou parce que ses parents l'y obligeoient, ou parce qu'il falloit laisser un héritier. Qu'il feroit serment en même temps de ne jamais aimer sa femme, de ne coucher avec elle que jusqu'à ce qu'il en eût un; et que cependant il en demanderoit permission, laquelle ne lui pourroit être accordée que pour un jour de la semaine.

V

Qu'on diviseroit les frères en quatre classes, afin que chaque grand prieur en eût autant l'un que l'autre. Et qu'à l'égard de ceux qui se présenteroient pour entrer dans l'ordre, les quatre grands prieurs les auroient à tour de rôle afin que la jalousie ne pût donner atteinte à leur union.

VI

Qu'on se diroit les uns aux autres tout ce qui se seroit passé en particulier, afin que quand il viendroit une charge à vaquer, elle ne s'accordât qu'au mérite, lequel seroit reconnu par ce moyen.

VII

Qu'à l'égard des personnes indifférentes, il ne seroit pas permis de leur révéler les mystères, et que quiconque le feroit en seroit privé lui-même pendant huit jours, et même davantage si le grand-maître dont il dépendroit le jugeoit à propos.

VIII

Que néanmoins l'on pourroit s'ouvrir à ceux qu'on auroit espérance d'attirer dans l'ordre; mais qu'il faudroit que ce fût avec tant de discrétion, que l'on fût sûr du succès avant que de faire cette démarche.

IX

Que ceux qui amèneroient des frères au couvent jouiroient des mêmes prérogatives, pendant deux jours, dont les grands-maîtres jouissoient; bien entendu néanmoins qu'ils laisseroient passer les grands-maîtres devant, et se contenteroient d'avoir ce qu'on auroit desservi de dessus leur table.

C'est ainsi que les règles de l'ordre furent dressées; et, ayant été lues en présence de tout le monde, elles furent approuvées généralement, à la réserve que quelques-uns furent d'avis qu'on apportât quelque tempérament à l'égard des femmes, crime qu'ils vouloient n'être pas traité à la dernière rigueur, mais pour lequel ils souhaitoient qu'on pût obtenir grâce, après néanmoins qu'on l'auroit demandé en plein chapitre et observé quelque forme de pénitence. Mais tous les grands-maîtres se trouvèrent si zélés que ceux qui avoient ouvert cette opinion pensèrent être chassés sur-le-champ; et s'ils n'avoient témoigné un grand repentir, on ne leur auroit jamais pardonné leur faute.

On célébra dans cette maison de campagne de grandes réjouissances pour être venu à bout si facilement d'une si grande entreprise; et après bien des choses qui se passèrent, et qu'il est bon de taire, on convint que les chevaliers porteroient une croix entre la chemise et le justaucorps, où il y auroit élevé en bosse un homme qui fouleroit une femme aux pieds, à l'exemple des croix de saint Michel283, où l'on voit que ce saint foule aux pieds le démon.

Après qu'on eut accompli ces saints mystères, chacun s'en revint à Paris, et quelqu'un n'ayant pas gardé le secret, il se répandit bientôt un bruit de tout ce qui s'étoit passé dans cette maison de campagne, de sorte que les uns excités par leur inclination, les autres par la nouveauté du fait, s'empressèrent d'entrer dans l'ordre.

Un prince, dont il ne m'est pas permis de révéler le nom, ayant eu ce désir, fut présenté au chapitre par le marquis de Biran, et ayant demandé à être relevé des cérémonies, on lui fit réponse que cela ne se pouvoit et qu'il falloit qu'il montrât exemple aux autres. Tout ce qu'on fit pour lui, c'est qu'on lui accorda qu'il choisiroit celui des grands-maîtres qui lui plairoit le plus; et il choisit celui qui l'avoit présenté, ce qui fit grand dépit aux autres, qui le voyoient beau, jeune et bien fait.

Cette grâce fut encore suivie d'une autre qu'on lui accorda, savoir: qu'il pourroit choisir de tous les frères celui qui lui seroit le plus agréable, dont néanmoins la plupart commencèrent à murmurer, disant que, puisqu'on violoit sitôt les règles, tout seroit bientôt perverti. Mais on leur fit réponse que ces règles, quelque étroites qu'elles pussent être, pouvoient souffrir quelque modération à l'égard d'une personne de si grande qualité; que, quoiqu'on eût dit qu'elles seroient égales pour tout le monde, c'est qu'on n'avoit pas cru qu'il se dût présenter un prince d'un si haut rang; que comme à Malte les princes de maison souveraine étoient naturellement chevaliers grand'-croix, il étoit bien juste qu'ils eussent pareillement quelque privilége dans leur ordre; autrement qu'ils n'y entreroient pas, ce qui ne leur apporteroit pas grand honneur.

On n'eut garde de ne se pas rendre à de si bonnes raisons, et, chacun ayant calmé sa colère, on complimenta le prince sur l'avantage qui revenoit à l'ordre d'avoir une personne de sa naissance, et il n'y en eut point qui ne s'offrît à lui donner toute sorte de contentement. Il se montra fort civil envers tout le monde et promit qu'on verroit dans peu qu'il ne seroit pas le moins zélé des chevaliers. En effet, il n'eut pas plustôt révélé les mystères à ses amis, que chacun se fit un mérite d'entrer dans l'ordre, de sorte qu'il fut bientôt rempli de toute sorte d'honnêtes gens.

Mais comme le trop grand zèle est nuisible en toutes choses, le Roi fut bientôt averti de ce qui se passoit, et que même on avoit séduit un autre prince, en qui il prenoit encore plus d'intérêt qu'en celui dont je viens de parler. Le Roi, qui haïssoit à la mort ces sortes de débauches, voulut beaucoup de mal à tous ceux qui en étoient accusés; mais eux, qui ne croyoient pas qu'on les en pût convaincre, se présentèrent devant lui comme auparavant, jusqu'à ce que, s'étant informé plus particulièrement de la chose, il en relégua quelques-uns dans des villes éloignées de la cour, fit donner le fouet à un de ces princes en sa présence, envoya l'autre à Chantilly284, et enfin témoigna une si grande aversion pour tous ceux qui y avoient trempé que personne n'osa parler pour eux.

Le chevalier de Tilladet, qui étoit cousin germain du marquis de Louvois285, se servit de la faveur de ce ministre pour obtenir sa grâce, et lui protesta si bien qu'il étoit innocent qu'il en fut parler à l'heure même à Sa Majesté. Mais Elle, qui ne croyoit pas légèrement, ne s'en voulut pas rapporter à ce qu'il lui disoit, et remit à lui faire réponse quand il en seroit instruit plus particulièrement. Pour cet effet, il fit appeler le jeune prince qui avoit eu le fouet, et lui ayant commandé, en présence du marquis de Louvois, de lui dire la vérité, le marquis de Louvois fut si fâché d'entendre que le chevalier de Tilladet lui avoit menti, qu'il s'en fut du même pas lui dire tout ce que la rage et le dépit étoient capables de lui inspirer.

Il n'y eut que le duc de Grammont à qui le Roi ne parla de rien, comme s'il n'eût pas été du nombre; ce qui donna lieu de murmurer aux parents des exilés, qui étoient fâchés de le voir rester à Paris pendant que les autres s'en alloient dans le fond des provinces. Mais le Roi, sachant leur mécontentement, dit qu'ils ne devoient pas s'en étonner; qu'il y avoit longtemps que le duc de Grammont lui étoit devenu si méprisable, que tout ce qu'il pouvoit faire lui étoit indifférent, de sorte que ce seroit lui faire trop d'honneur que d'avoir quelque ressentiment contre lui. La cour étoit trop peste286 pour cacher au duc une réponse comme celle-là; et au lieu qu'il tiroit vanité auparavant d'avoir été oublié, il eut tant de sujet de s'en affliger que tout autre que lui en seroit mort de douleur.

La cabale fut dissipée par ce moyen; mais, quelque pouvoir qu'eut le Roi, il lui fut impossible d'arracher de l'esprit de la jeunesse la semence de débauche, qui y étoit trop fortement enracinée pour être sitôt éteinte. Cependant les dames firent de grandes réjouissances de ce qui venoit d'arriver, et, quelques-unes des croix de ces chevaliers étant tombées entre leurs mains, elles les jugèrent dignes du feu, quoique ce fût une foible vengeance pour elles. Après cela, elles crurent que cette jeunesse seroit obligée de revenir à elles; mais elle se jeta dans le vin, de sorte que tous les jours on ne faisoit qu'entendre parler de ses excès.

Cependant, quelque débauche qu'elle fît287, pas une n'approcha de celle qui fut faite dans un honnête lieu où, après avoir traité à la mode d'Italie celles des courtisanes qui lui parurent les plus belles, elle en prit une par force, lui attacha les bras et les jambes aux quenouilles du lit, puis lui ayant mis une fusée dans un endroit que la bienséance ne me permet pas de nommer, elle y mit le feu impitoyablement, sans être touchée des cris de cette misérable, qui se désespéroit. Après une action si enragée, elle poussa sa brutalité jusqu'au dernier excès: elle courut les rues toute la nuit, brisant un nombre infini de lanternes288 et ne s'arrêtant que sur le pont de bois qui aboutit dans l'île289, où, pour comble de fureur, ou pour mieux dire d'impiété, elle arracha le crucifix qui étoit au milieu; de quoi n'étant pas encore contente, elle tâcha de mettre le feu au pont, dont elle ne put venir à bout.

Un excès si abominable fit grand bruit dans Paris; on l'attribua à des laquais, ne croyant pas que des gens de qualité fussent capables d'une chose si épouvantable; mais la femme chez qui ils avoient fait la débauche étant venue trouver M. Colbert le lendemain, sous prétexte de lui présenter un placet, lui dit que, s'il ne lui faisoit justice de son fils le chevalier290, qui étoit fourré des plus avant, elle alloit se jeter aux pieds du Roi et lui apprendre que ceux-là qui avoient servi de bourreaux à la fille étoient les mêmes qui avoient arraché le crucifix; elle ajouta qu'elle les avoit suivis à la piste, dans le dessein de les faire arrêter par le guet291, mais que malheureusement il s'étoit déjà retiré.

M. Colbert n'eut pas de peine à croire cela de son fils, qui lui avoit déjà fait d'autres pièces de cette nature; et comme il appréhendoit sur toutes choses que cela ne vînt aux oreilles du Roi, non-seulement il prit soin de la fille, mais il empêcha encore sous main qu'on ne fît une perquisition exacte de ce qui étoit arrivé la nuit. Mais quelque précaution qu'il eût, la chose pensa éclater lorsqu'il y pensoit le moins. Un laquais de ces débauchés fut pris, deux ou trois mois après, pour vol; et étant menacé par Deffita292, lieutenant criminel, d'être appliqué à la question s'il ne révéloit tous les crimes qu'il pouvoit avoir commis, il avoua de bonne foi que pas un ne lui faisoit tant de peine que d'avoir aidé au chevalier Colbert à arracher le crucifix dont nous avons parlé; qu'il en demandoit pardon à Dieu, et qu'il croyoit que c'étoit pour cela qu'il le punissoit. Mais il en arriva tout autrement, et ce fut au contraire la cause de son salut; car Deffita, qui étoit homme à faire sa cour au préjudice de sa conscience, s'en fut trouver au même temps M. Colbert, et lui demanda ce qu'il vouloit qu'il fît du prisonnier, après lui avoir insinué toutefois, auparavant, qu'il étoit dangereux qu'il ne parlât si on le faisoit mourir. M. Colbert le remercia du soin qu'il avoit de sa famille, et, l'ayant prié de sauver ce misérable, il le rendit blanc comme neige, quoiqu'il méritât mille fois d'être roué.

Le duc de Roquelaure293, père du marquis de Biran, étoit au désespoir de voir son fils mêlé dans toutes ces débauches; et comme il croyoit qu'un mariage étoit capable de le retirer, il jeta les yeux sur quelque naissance, quelque bien et beaucoup de faveur: car, comme il n'étoit que duc à brevet294, et que son fils après sa mort ne devoit pas tenir le même rang295, il vouloit tâcher, par le moyen de la femme qu'il épouseroit, de lui procurer une si grande marque de distinction. Il trouva tout cela dans la fille du duc d'Aumont296, qui étoit nièce de M. de Louvois du côté maternel, et, en ayant parlé à son fils, il le trouva si peu disposé à lui obéir, qu'il se mit dans une furieuse colère contre lui. Cependant il le menaça de le déshériter, s'il ne se conformoit à ses volontés; et le marquis de Biran lui ayant demandé quinze jours pour s'y résoudre, il employa ce temps-là à voir ses amis, qui étoient revenus de leur exil.

Il se plaignit à eux de la dureté de son père, qui le contraignoit de faire une chose si éloignée de son inclination. Il leur demanda s'il ne perdroit point par là leur amitié; mais l'ayant assuré que non, pourvu qu'il en usât si sobrement avec son épouse qu'ils n'en fussent pas tout à fait oubliés, cette réponse le satisfit tellement qu'il s'en fut trouver à l'heure même M. de Roquelaure, à qui il dit qu'il pouvoit parler d'affaires quand il voudroit, et qu'il étoit tout disposé à lui obéir. M. de Roquelaure, ayant le consentement de son fils, fut trouver M. le chancelier297, grand-père de mademoiselle d'Aumont, à qui il proposa le mariage. M. le chancelier (dont la coutume étoit de recevoir favorablement tout le monde) n'eut garde de se démentir en cette occasion, quoique dans le fond la proposition ne lui plût pas. Mais comme il étoit sûr que les obstacles qui se rencontreroient dans la suite fourniroient assez de matière pour ne pas passer plus avant, il embrassa M. de Roquelaure, lui dit qu'il seroit au comble de la joie si, ayant toujours été amis, leur union devenoit encore plus étroite par l'alliance de leurs maisons; et, après lui avoir fait mille autres compliments de cette nature, il lui dit qu'il n'avoit qu'à en parler au duc d'Aumont, lequel seroit aussi sensible que lui à l'honneur qu'il leur faisoit.

M. de Roquelaure, tout raffiné courtisan qu'il étoit, crut la chose faite après un accueil si favorable. Mais M. le chancelier étoit trop sage pour donner sa petite-fille à un homme aussi débauché qu'étoit le marquis de Biran, et, ayant peur que le duc d'Aumont ne se laissât surprendre par les grands biens qui sembloient ne lui pouvoir manquer, il lui envoya dire la conversation qu'il avoit eue avec le duc de Roquelaure, et qu'il insistât à ce que son fils fût duc avant que de rien conclure. Le duc de Roquelaure étant allé voir le duc d'Aumont, fut fort surpris de cette difficulté, qu'il lui mit d'abord en avant. Toutefois, espérant que M. le chancelier l'y serviroit, il s'en fut le trouver, et lui dit qu'il attendoit ce service de son amitié; mais M. le chancelier, traitant la chose de bagatelle, lui dit qu'il n'avoit qu'à en parler lui-même au Roi, qu'il la lui accorderoit en même temps; que s'il s'excusoit de le faire, ce n'étoit qu'à cause de toutes les grâces qu'il lui faisoit, et de peur de paroître insatiable, si, après toutes celles qu'il avoit reçues, il lui en demandoit encore de nouvelles.

C'est ainsi que le chancelier renvoya adroitement l'éteuf au duc de Roquelaure, lequel, pour un Gascon, donna si grossièrement dans le panneau, qu'il s'en fut dès le lendemain au lever du Roi. Mais ce prince, qui avoit mille sujets de ne pas vouloir de bien au marquis de Biran, lui dit, d'abord qu'il eut ouvert la bouche, qu'il étoit fâché de ne lui pouvoir accorder ce qu'il demandoit; que la conduite de son fils en étoit cause; que, s'il avoit de l'esprit, il ne l'employoit qu'à faire du mal; et qu'en un mot ce n'étoit pas pour ces sortes de gens-là qu'une dignité si considérable étoit réservée.

Le duc de Roquelaure vit bien qu'il étoit pris pour dupe; mais la faveur où étoit le chancelier et toute sa famille l'obligeant à dissimuler, il fit même semblant de croire tout ce qu'il lui dit encore d'honnête sur ce sujet, et songea à pourvoir son fils d'un autre côté. Le marquis de Biran, qui ne faisoit guère de différence entre le mariage et l'esclavage, fut ravi de se voir délivré d'un fardeau si pesant, et ayant assemblé ses amis pour leur faire part de sa joie, ils firent une débauche où rien ne manqua que les femmes. Ils s'en étoient bien passés plusieurs fois, ce qui devoit faire croire qu'ils s'en passeroient bien encore celle-là; mais l'inconstance de la nation leur ayant fait faire réflexion qu'on n'étoit jamais heureux si on ne goûtoit de toutes choses, ils se dirent, entre la poire et le fromage, qu'il falloit qu'ils devinssent amoureux, ou du moins qu'ils feignissent de l'être. Le marquis de Biran dit que, pour lui, il vouloit aimer madame d'Aumont298, pour se venger de son mari, et que, n'ayant pu coucher avec sa fille, il coucheroit peut-être avec elle. Les autres se choisirent des maîtresses à leur gré; mais le chevalier de Tilladet et le comte de Roussi299 dirent au marquis de Biran qu'étant autant de ses amis qu'ils en étoient, ils vouloient aimer le même sang qu'il aimeroit; que la duchesse d'Aumont avoit deux sœurs, que c'étoit à elles qu'ils alloient donner leurs soins; et, mettant en même temps dans un chapeau deux billets où le nom de ces deux dames étoit écrit, ils tirèrent au sort laquelle ils serviroient.

La duchesse de la Ferté300, cadette des trois, échut au chevalier de Tilladet, et la duchesse de Vantadour301 au comte de Roussi; tellement que la fortune prit plaisir à assembler les humeurs qui pouvoient convenir ensemble, car, si la duchesse de Vantadour fût tombée au chevalier de Tilladet, il étoit trop brusque pour se donner le temps de se mettre bien dans son esprit, outre qu'elle eût peut-être fait scrupule d'en faire son ami après avoir été l'amie de son frère302. De même la duchesse de la Ferté, qui se peut dire folle à l'excès, auroit peut-être aussi déplu au comte de Roussi, dont l'inclination est portée à la sagesse, quoiqu'on lui ait vu faire le fou quelquefois comme les autres.

264Joachim de Dreux étoit conseiller au Grand Conseil depuis l'année 1681. Il étoit docteur de Sorbonne et avoit été chanoine de l'Eglise de Paris.
265Voy. ci-dessus, et t. 2, p. 420.
266Ce pamphlet embrasse une période de plusieurs années, de 1670 à 1686 environ. On en verra diverses preuves dans les notes que nous joindrons aux récits de l'auteur.
267Var. 1754: innocemment.
268Var. 1754: le désordre le plus infâme.
269La cour se tenoit alors tantôt à Fontainebleau, tantôt à Saint-Germain, tantôt à Versailles.
270La faute étoit d'autant plus grande qu'ils étoient entrés la nuit dans un cabaret. Or, par un règlement de 1666, les cabarets devoient être fermés à six heures depuis le 1er novembre jusqu'à Pâques, et à neuf heures dans les autres temps. Plus tard on toléra que les cabarets fussent ouverts, du 1er avril au 1er novembre, jusqu'à dix heures, et, dans les autres temps, jusqu'à huit heures seulement. En 1700, une ordonnance rendue par M. d'Argenson, lieutenant général de police, parle d'un cabaretier chez qui furent saisis six jeunes gens mangeant de la viande en carême, à dix heures du soir. Procès-verbal fut dressé de ce délit. Mais le commissaire ne prit pas les noms des jeunes gens, et le cabaretier s'excusa en disant qu'il n'avoit pas fourni la viande, «ajoutant que, ces six jeunes gens, qu'il n'a voulu nommer, étant des personnes de considération, il n'a pas osé leur résister.» Ainsi, quand des personnes de considération étoient surprises, même en faute, dans des cabarets, la police fermoit volontiers les yeux pour ne pas les connoître et ne pressoit pas trop les cabaretiers de révéler leurs noms.
271Cf. t. 2, p. 425.
272Voy. t. 1, p. 68.
273Le duc de Grammont, fils du maréchal et frère du comte de Guiche, dont il a été plusieurs fois parlé dans ces volumes, ne reçut le titre de duc de Grammont qu'après la mort de son père, qui mourut en 1678, six ans après la mort de son fils aîné, tué au passage du Rhin. Le duc dont il est parlé ici, connu auparavant sous le nom de comte de Louvigny, avoit épousé, le 15 mai 1668, Marie-Charlotte de Castelnau, fille du maréchal de ce nom.
274Une sœur du chancelier fut mariée avec le marquis de Tilladet, qui fut chassé de la cour après le supplice de Cinq-Mars: celui-ci eut plusieurs enfants, entr'autres Gabriel de Cassagnet, dit le chevalier de Tilladet, chevalier de Malte en 1646, lieutenant-général des armées du Roi comme l'avoit été son père et comme le fut un de ses frères, et gouverneur d'Aire, etc. Il mourut le 11 juillet 1702.
275Gabrielle de Longueval, sœur du marquis de Manicamp, étoit la troisième femme du maréchal d'Estrées; elle avoit épousé, en 1663, le vieux duc, qui mourut en 1670, âgé de quatre-vingt-dix-huit ans. (Voy. madame de Sévigné, Lettre du 24 avril 1672. – Voy. aussi ce volume, p. .)
276Marie-Charlotte de Castelnau, fille du maréchal de ce nom, étoit née en 1648. Mariée en 1668, elle mourut le 29 janvier 1694.
277Sur le maréchal de Grammont, voyez ci-dessus passim, et surtout t. 1, p. 135.
278Sur le comte de Guiche, voyez ci-dessus passim, et surtout t. 1, p. 65.
279Le marquis de Louvigny hérita de son père en 1678; le comte de Guiche, nous l'avons vu plus haut, étoit mort depuis 1672.
280Voy. ci-dessus, p. .
281Le marquis de Nérestang, restaurateur de l'ordre presque éteint de Saint-Lazare, se décida, en 1666, à user d'un droit qui lui étoit accordé par les bulles des papes Pie V et Paul V: il nomma des titulaires aux cinq grands-prieurés de l'ordre. A la date du 4 juin de cette année, «il fit: 1º grand-prieur, bailli et son vicaire général, tant par terre que par mer, dans la langue d'Aquitaine, le chevalier César Brossin, marquis de Méré; 2º grand-prieur et bailli des provinces de Dauphiné et de Lyonnois, le commandeur Loras de Chamanieu; 3º grand-prieur et bailli de la langue des Belges, le chevalier Le Picard, marquis de Sévigny; 4º grand-prieur et bailli de la langue de France, le commandeur François de Bernières; 5º grand-prieur et bailli du Languedoc, le chevalier de Solas, président à la Chambre des comptes et Cour des aides de Montpellier; tous avec le titre de vicaire général du grand-maître dans leur grand-prieuré.» (Gautier de Sibert, Hist. de l'ordre de Saint-Lazare, 1772, 2 vol. in-12, t. 2, p. 103.)
282Sur le marquis de Biran, plus tard duc de Roquelaure, voyez ci-dessus passim, et surtout t. 1, p. 165, la fin de la note consacrée à son père, et t. 2, p. 423.
283L'ordre de Saint-Michel fut institué par Louis XI, à Amboise, le 1er août 1469. Les chevaliers portoient un collier d'or fait à coquilles lacées l'une avec l'autre, et posées sur une chaînette d'or d'où pendoit une médaille de l'archange saint Michel. Tous les chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit prenoient l'ordre de Saint-Michel la veille du jour où ils recevoient l'ordre du Saint-Esprit, et c'est pour ce motif que leurs armes étoient entourées d'un double collier et qu'on les appeloit chevaliers des ordres du Roi.
284Chantilly appartenoit au prince de Condé.
285Voy. plus haut la filiation, note , p. .
286Peste, mot du temps, équivalent de mauvaise langue. Déjà Tallemant l'employoit dans ce sens.
287Que fît cette jeunesse.
288Ces désordres étoient dans l'esprit du temps. (Voy. Edouard Fournier, Les Lanternes, histoire de l'éclairage de Paris.)
289Ce pont de bois étoit celui qui servoit de communication entre la cité et l'île Notre-Dame. Il fut commencé en 1614 par le sieur Marie. On l'appeloit Pont-Rouge, à cause de la couleur dont il étoit peint, et Pont-Marie, du nom de l'entrepreneur chargé de le construire.
290Voy. t. 2, p. 426.
291Le guet étoit composé de cent archers à pied, trente-neuf à cheval, quatre lieutenants, un guidon, huit exempts, un greffier, un contrôleur et un trésorier, sous le commandement d'un chevalier du guet. La charge de chevalier du guet constituoit à celui qui l'exerçoit quelques priviléges utiles, comme d'avoir le droit de committimus, l'exemption de gens de guerre, etc.; – ou flatteurs: tel le droit d'entrer chez le Roi à toute heure, et même en bottes. Le chevalier du guet, après la suppression de l'ordre de l'Etoile, sous Charles VIII, continua à en porter les insignes. Le guet prenoit son service à la nuit et le quittoit à la pointe du jour. Au dix-huitième siècle, d'autres compagnies se formèrent, sous d'autres noms et avec différents uniformes, pour la sûreté de Paris. C'est de là qu'est sortie la garde municipale, garde de Paris, etc.
292Le lieutenant criminel présidoit à tous les jugements criminels, et c'étoit à lui d'en faire l'instruction. Le lieutenant criminel Tardieu, si connu par les satires de Boileau, qui le désigne sans le nommer, étoit prédécesseur de M. Deffita. – M. Deffita, dès son entrée en charge, se montra d'une rigueur inouïe; sa justice étoit toujours fort sommaire. Voy. Guy Patin, Lettres, passim.
293Voy. t. 1, p. 163 et suiv.
294Le duc à brevet jouissoit de presque toutes les prérogatives dont jouissoient les autres gentilshommes chez lesquels ce titre étoit héréditaire, mais il n'en jouissoit que par une faveur toute personnelle, et qui ne se pouvoit transmettre que par suite d'un nouveau brevet.
295Le marquis de Biran devint duc de Roquelaure et fut même fait maréchal de France. Le crédit de sa femme, mademoiselle de Laval, lui servit.
296Louis-Marie d'Aumont de Rochebaron, duc et pair de France, étoit chef du nom et des armes depuis le 14 février 1669. Le 12 mars 1669, il céda au marquis de Rochefort sa charge de capitaine des gardes du corps et prêta serment de premier gentilhomme de la chambre. Il avoit épousé Madelaine-Fare Le Tellier, qu'il perdit le 22 juin 1668. Plus tard il sera parlé de son second mariage. La fille du duc d'Aumont, Magdelaine-Elisabeth-Fare, ne fut mariée qu'en 1677. Du reste, avant le second mariage de son père (1669), elle étoit bien jeune encore, puisque le duc avoit épousé la sœur du marquis de Louvois en 1660, quand elle avoit à peine quatorze ans.
297Le chancelier Le Tellier, père du marquis de Louvois et de la première femme du duc d'Aumont.
298La seconde femme du duc d'Aumont, qu'il épousa le 28 novembre 1669, étoit Françoise-Angélique de la Mothe, fille du maréchal de la Mothe-Houdancourt et de Louise de Prie, gouvernante des enfants de France.
299François de Roye de la Rochefoucauld, deuxième du nom, comte de Roucy, né en 1658, mort en novembre 1721 à l'âge de soixante-trois ans, étoit fils de Frédéric-Charles de la Rochefoucauld-Roucy et d'Isabelle de Duras. Il fut lieutenant général des armées du Roi, capitaine lieutenant des gendarmes écossois, et, après M. de Pradel, gouverneur de Bapaume. Il se maria le 8 février 1689, avec mademoiselle d'Arpajon. Cette branche des La Rochefoucauld avoit pris le nom de Roucy par suite du mariage de François III de la Rochefoucauld avec la dernière héritière des comtes de Roucy, famille célèbre où l'on connoît surtout ces deux frères jumeaux, ménechmes identiques, dont Pasquier a raconté l'histoire (Recherches, liv. VI).
300Voy. ci-dessus, passim. Henri de Senneterre, duc de la Ferté, fils du maréchal, épousa, le 13 mars 1675, Marie-Isabelle-Gabrielle-Angélique de la Mothe-Houdancourt.
301Louis-Charles de Lévis, duc de Ventadour, épousa, le 14 mars 1671, Charlotte-Eléonore de la Mothe-Houdancourt.
302Le frère du chevalier de Tilladet dont il est question ici, étoit Jean-Baptiste de Cassagnet, marquis de Tilladet, mort le 22 août 1692, des suites des blessures qu'il reçut à la bataille de Steinkerque.