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CHAPITRE TRENTE-ET-UN

Riley se sentait piégée et isolée.

La maison qu'elle partageait avec quatre autre filles lui semblait déjà surpeuplée...

Mais pas comme ce soir, pensa-t-elle.

Elle regarda les fêtards autour d'elle, entassés dans le séjour du rez-de-chaussée et se demanda...

Est-ce que je m'amuse ?

Elle ne le pensait vraiment pas.

Une grosse soirée pour relâcher la pression avant les examens avait pourtant semblé être une bonne idée lorsqu'elle et ses colocataires l'avaient planifiée. Elle-même était plus que prête pour les examens. Les révisions de dernière minute n'était pas du tout son style. Et une fête pouvait être une bonne idée pour permettre aux étudiants de Lanton d'évacuer un peu de l'anxiété qui planait toujours sur le campus après les deux meurtres.

Et cela semblait fonctionner pour absolument tout le monde à l'exception de Riley.

La musique était assourdissante.

La bière coulait à flot de deux fûts qu'elle et Gina avait ramenés en même temps que leurs courses pour la fête, et il y avait une forte odeur d'herbe dans l'air. Il y avait de la danse, des discussions, des flirts, et les quatre colocataires de Riley se mêlaient aux invités.

Celle-ci faisait tout l'opposé, se tenant seule dans un coin, buvant dans un gobelet en plastique. Elle ne ressentait aucune effervescence malgré sa grande absorption de bière. L'herbe n'était habituellement pas ce qu'elle consommait mais elle se dit qu'elle essayerait peut-être bientôt si elle ne se sentait pas lâcher un peu prise.

En attendant, elle n'était vraiment pas ravie de cette soirée, et après quelques jours dans cette maison, elle n'était pas du tout satisfaite de son nouveau logement.

Elle, Gina et Cassie s'entendait très bien, tout comme c'était le cas au dortoir. Mais de l'avis de Riley, Aurora était une imbécile superficielle qui parlait sans fin de choses qui l'ennuyait à mourir, et Stephanie correspondait parfaitement à la description faite par Gina au téléphone...

« C'est un peu un tyran, si tu veux savoir la vérité. »

Stephanie était une maniaque des règles et de l'organisation, et elle avait affiché des listes de corvées et d'obligations partout dans la maison. Et même en ce moment, elle passait voir les invités pour leur donner des directives...

Comme si elle dirige un film ou quelque chose comme ça.

Riley essaya de garder à l'esprit que c'était uniquement temporaire. Les examens débutaient la semaine prochaine et la remise des diplômes viendrait rapidement après cela.

Pour le moment, elle ne pouvait s'empêcher de s'interroger si elle verrait tout sous un meilleur jour si Ryan Paige franchissait la porte ? Elle n'avait pas été en contact avec lui après avoir quitté son appartement, et elle en ressentait plus de chagrin qu'elle ne s'était imaginé.

Elle savait que la remise de diplômes des étudiants en droit arrivait plus tôt que pour les étudiants en premier cycle. Il n'était donc peut-être même plus à l'école. Il avait peut-être déjà fini et quitté les lieux.

Le reverrait-elle un jour ?

L'idée que ce ne soit pas le cas l'attristait beaucoup.

Puis tout à coup, une chanson familière beugla à travers la stéréo.

C'était « Whiskey in the Jar » de Metallica, la même chanson qu'elle avait entendu au Centaur's Den la nuit du meurtre de Rhea.

Riley frissonna des pieds à la tête, essayant de refouler une vague de souvenirs épouvantables.

Devait-elle aller à la stéréo et changer de chanson ?

Non, tous les autres semblaient apprécier la musique, cela serait grossier de le faire.

Je devrais peut-être juste sortir de là, pensa Riley avec un soupir.

Elle essayait de décider où elle pourrait bien aller lorsque la porte d'entrée s'ouvrit pour livrer passage à quelqu'un qu'elle reconnaissait.

Elle sourit. C'était Leon Heffernan, son partenaire d'entraînement au cours d'aïkido.

Elle avait presque oublié qu'elle l'avait invité, mais il était venu, et en ce moment, il avait l'air de se sentir aussi peu à sa place que Riley.

Celle-ci se fraya un chemin au milieu des fêtards pour le rejoindre.

Lorsqu'elle fut à portée de voix, elle parla fort pour essayer de couvrir la musique.

— Salut Leon ! Je suis contente que tu sois venu !

Il sourit, ayant l'air soulagé de voir un visage familier.

— J'en suis content aussi, dit-il fortement.

— Allez, allons te cherche une bière.

Elle le tira par la main jusqu'aux fûts où il se servit un verre et Riley remplit à nouveau le sien. Puis ils battirent en retraite dans le coin où elle se tenait juste avant.

Riley leva son verre.

— A la dernière ligne droite, dit-elle.

Il trinqua avec elle.

— Ouais, à la dernière ligne droite.

Il burent tous les deux une gorgée.

Puis Leon regarda autour de lui.

— Sacrée soirée, hein ?

Riley sourit de sa remarque maladroite.

— Tu peux le dire, répondit-elle sans enthousiasme.

Puis ils se turent tous deux un moment. La gêne entre eux ne la surprenait pas, après tout, elle et Leon ne se connaissaient qu'à peine. Pourtant, l'un d'eux devait dire quelque chose plutôt que de simplement rester planté là.

Qu'avait-il dit à propos de sa spécialisation ?

Puis elle se souvint.

— Alors. Philosophie.

— Ouais, dit-il en hochant de la tête.

— Ça à l'air d'être un truc sacrément profond.

Les yeux de Leon semblèrent briller un peu plus.

— Pas si profond. Et à vrai dire, il y a beaucoup de recoupements entre la Philosophie et ta spécialité, Psychologie, c'est ça ?

— C'est ça.

— Je veux dire, pense aux couleurs. Qu'est-ce que c'est, en réalité ?

Riley eut un étrange sentiment de déjà vu.

Est-ce que j'ai déjà eu cette conversation ? se demanda-t-elle.

— J'abandonne, dit-elle. Que sont les couleurs ?

Leon haussa les épaules.

— Eh bien, scientifiquement parlant, les couleurs n’existent pas. Il y a seulement différentes longueurs d'onde de lumière. Et pourtant... nous vivons en couleur en permanence. Rouge, vert, bleu, toutes les couleurs de l'arc-en-ciel nous semblent bien réelles. Mais comment pouvons-vous vivre quelque chose qui n'existe pas dans le monde réel ? Et que sont les couleurs en réalité ?

La gorge de Riley se serra un peu alors qu'elle se souvenait...

Trudy avait l'habitude de parler de ce même sujet lorsqu'elle avait un peu trop bu. Elle avait été fascinée par la nature des couleurs et la façon dont les gens les vivaient.

Leon but une nouvelle gorgée.

— Donc pour moi, c'est sûr que toute la question des couleurs à un rapport avec la psychologie et la philosophie, ajouta-t-il.

Riley repensa à la façon dont elle et ses amies avait l'habitude de taquiner Trudy à chaque fois qu'elle commençait à tenir ce genre de propos.

A présent, elle aurait voulut ne pas l'avoir fait.

Cela lui semblait même soudainement un sujet vraiment intéressant, et elle aurait souhaité que Trudy soit là pour se joindre à la conversation.

Penser à son amie l’attrista.

— Tu ne trouves pas que c'est plutôt difficile d'avoir une conversation avec autant de bruit ? lui demanda Leon assez fort.

Riley acquiesça.

— Pourquoi on irait pas dans un endroit plus calme ? ajouta Leon.

Riley étudia son visage un moment.

Est-ce que c'est une approche de drague ? se demanda-t-elle.

Si c'était le cas, était-ce une bonne ou une mauvaise chose ?

Elle détailla Leon et observa à nouveau qu'il était séduisant, grand et musclé avec un beau visage. Mais il ne semblait pas le moins du monde vaniteux.

Et intelligent aussi, se dit-elle.

Peut-être qu'un peu d'excitation était ce qui lui fallait pour ce soir.

Elle lui sourit.

— Viens, allons dans ma chambre. Ça sera plus calme.

Elle prit Leon par la main et monta les escalier en direction du deuxième étage, puis la dernière volée étroite de marches menant à sa chambre sous les combles. Elle fut soudainement un peu embarrassée par sa modeste chambre. Le plafond était mansardé des deux côtés, il n'y avait donc pas beaucoup de place pour qu'un grand gaillard comme Leon puisse vraiment y être à l'aise. Et même avec la fenêtre ouverte, c'était étouffant.

Il n'y avait quasiment pas de meubles, seulement deux chaises et une table et un futon pliable.

Au moins, le bruit provenant du rez-de-chaussée parvenait étouffé ici.

— Je suis désolée, cet endroit est tellement... dit Riley.

Avant qu'elle ne puisse finir ses excuses, Leon l'attrapa et la tira vers lui pour l'embrasser.

Riley fut surprise, mais pas mécontente.

Elle sentit une vive chaleur grandir en elle, sentiment qu'elle avait réprimé ces derniers temps à cause de l'anxiété et de la peur.

Elle se rappela...

Tu ne le connais pas vraiment.

Mais étrangement, elle ne parvenait pas à s'en préoccuper vraiment. C'était presque redevenir une adolescente inconsciente à nouveau.

Et elle aimait cette sensation.

Tout en faisant durer le baiser, Leon rapprocha Riley du futon.

Elle commença à se sentir mal à l'aise.

Les choses vont beaucoup trop vite, pensa-t-elle.

Une vague inquiétude muette commença à germer en elle.

Riley essaya de rassembler ses esprits.

Un bel homme...

 

… conversation intéressante...

Si bel homme et intéressant à vrai dire, qu'elle s'était sentie à l'aise pour l'inviter dans sa chambre.

Puis avec un choc, elle se rappela imaginer de quelle façon le tueur était entré dans la chambre au dortoir avec Trudy, tout en charme et fascinante conversation.

C'est lui ! pensa-t-elle horrifiée.

Elle essaya de se dégager de son étreinte mais il la tenait fermement.

Et il était bien plus fort qu'elle ne l'était.

CHAPITRE TRENTE-DEUX

Riley lutta pour se libérer, mais Leon était bien plus grand et fort qu'elle. Elle sentit ses boutons éclater alors qu'il arracha sa blouse. Puis il se mit à griffer son soutien-gorge.

— Arrête ça ! cria-t-elle à bout de souffle. Arrête !

Mais au lieu de s'arrêter, il l'enlaça avec la force d'un ours, lui collant les bras le long de son corps. Plus elle se débattait, plus il affirmait sa prise. C'était presque comme l'un de ces pièges chinois dans lequel on mettait le doigt et qui se refermait encore plus étroitement si on essayait de tirer son doigt de là.

Il essaya à nouveau de l'embrasser mais elle réussit à tourner la tête.

Haletante et manquant d'air à présent, elle hurla aussi fort qu'elle put...

— Au secours !

Mais la musique provenant de la fête en-dessous faisait vibrer toute la maison. Elle savait que personne en bas ne pourrait l'entendre.

Les manœuvres qu'elle avait apprises en cours aujourd'hui lui revinrent à l'esprit. Mais elle ressemblaient à de la danse, gracieuses, de la part du défendeur et de l'attaquant. Elle n'avait pas encore appris comment des douces actions pouvait l'aider en pareille situation.

Il n'y avait rien de gracieux dans ce qui était en train de se passer. C'était maladroit, dégoûtant et dangereux.

Et c'était sur le point d'empirer.

Elle pouvait sentir que Leon essayait de la remettre sur ses pieds. S'il parvenait à la jeter sur le futon, elle serait vraiment sans défense.

Une voix rude sembla retentir dans sa tête...

« L'agression pure est l'élément clef. »

Son père avait dit de combattre l'agression par l'agression, avec le Krav Maga. Il fallait qu'elle soit plus agressive que son attaquant.

Son enseignement sur le combat de front lui revint clairement en mémoire.

D'abord, me faire plus lourde....

Elle se laissa tomber à genoux, utilisant son poids pour les entraîner tous les deux vers le bas. Cela provoqua une légère séparation de leurs corps, mais ses avant-bras étaient toujours maintenus fermement.

Elle ferma ses deux mains en des poings et les cogna dans son entrejambe.

Leon lâcha un hoquet de douleur.

Mais Riley savait que ce n'était pas encore fini. Il la maintenait toujours, déterminé à la mettre au sol. Et elle avait conscience que le blesser pourrait le rendre encore plus dangereux.

Elle monta son genou droit dans son entrejambe deux fois de suite, produisant un gémissement aigu à chaque fois, puis lui écrasa le pied.

Cela le fit tanguer et presque tomber, mais pas tout à fait.

Elle entendit encore la voix de son père...

« C'est juste des purs combats de rue bas et infâmes. »

On va la jouer infâme, se dit-elle.

Elle mordit violemment le cou de son agresseur.

Leon lâcha un cri de douleur, sous le choc, et se recula d'elle.

Il toucha son cou et réalisa qu'elle l'avait mordu au sang.

— Putain tu m'as mordu, salope ! grogna-t-il.

Alors qu'il se redressait pour se jeter sur elle à nouveau, Riley tâtonnait autour d'elle pour attraper l'objet le plus proche, une lampe sur le dessus d'une commode. Au moment où Leon chargea, elle balança la lampe sur sa tête. La forme en plastique de mauvaise qualité se brisa et les morceaux tombèrent, et l'ampoule éclata contre son visage.

A présent, il serrait son visage ensanglanté, titubant.

Avec un hurlement de rage, Riley fondit sur lui et le frappa au menton aussi fort qu'elle le put. Il tomba à genoux, et elle le frappa à nouveau dans la poitrine. Il s'effondra en arrière, sur le dos.

Riley sentait maintenant littéralement le sang de Leon dans sa bouche provenant de l'impact de son coup.

Cela avait bon goût.

Elle se rappela une autre chose que son père avait dit...

« Si quelqu'un veut vraiment te tuer, tu as tout intérêt à le tuer en premier et en finir avec ça. »

« Ce n'est pas un jeu. »

Elle sentit un sourire cruel se former sur son visage.

Le tuer semblait être une bonne idée.

Elle s'accroupit au-dessus de lui et planta un genoux dans sa poitrine. Puis elle leva le poing, prévoyant de lui écraser la trachée. Il suffoquerait dans une terrible agonie jusqu'à en mourir.

Mais une voix familière l'arrêta.

Riley leva les yeux et vit Gina en haut des escaliers, plusieurs fêtards derrière elle.

Elle enleva son genoux de la poitrine de Leon à contrecœur. Il resta au sol.

Gina et les autres continuait de la fixer, avec sa blouse déchirée.

— Il m'a agressée, haleta Riley. Appelle la police.

Gina se précipita dans les escaliers. Trois gars se précipitèrent pour maintenir Leon au sol.

Leon les regardait comme pour faire appel à leur sympathie.

— Cette cinglée vient d'essayer de me tuer ! cria-t-il.

Les gars se contentèrent de rire.

— J'imagine que tu as eu de la chance, dit l'un d'eux.

Le visage ensanglanté de Leon rougit de colère, et pendant un moment, il sembla vouloir essayer de se jeter en avant pour se battre à nouveau. Mais son visage se radoucit ensuite comme s'il pensait qu'il valait mieux éviter. En aucune façon il ne serait victorieux de ces trois grands gaillards qui le tenaient.

Riley resta les bras croisés, n'essayant pas de dissimuler son sourire de grande satisfaction.

Mais elle vit soudainement un éclat de quelque chose de brillant sortir de la poche de son pantalon. Elle s'approcha et tendit la main pour le prendre.

Leon cria d'une voix stridente.

— Ne me touche pas, salope !

— Du calme, dit Riley d'une voix gentiment moqueuse. Ça ne fera pas mal.

Elle sortit la chose brillante de sa poche.

Elle eut un hoquet de surprise en voyant de quoi il s'agissant.

Un grand couteau de poche pliable.

Ses mains se mirent à trembler avec tant de force qu'elle faillit le lâcher.

C'est ça, pensa-t-elle.

C'est le couteau qu'il a utilisé pour tuer Rhea et Trudy.

Et si je ne l'avais pas arrêté...

Elle mit le couteau dans sa propre poche, frissonnant à l'idée qu'elle était sans aucun doute sa prochaine victime. Les gars tenaient toujours Leon au sol, alors elle recula et s'assit sur son futon. Elle entendait les autres étudiants marmonner entre-eux, mais ne fit aucun effort pour essayer de comprendre ce qu'ils disaient.

Riley fut reconnaissante d'entendre le bruit des sirènes approcher. Tout le monde dans la pièce était maintenant silencieux, attendant que la police prenne le relais.

Ils entendirent bientôt le bruit des pas montants les escaliers et plusieurs policiers se frayèrent un chemin. Riley ne fut pas très heureuse de voir l'officier Steele, qui chargea à travers la pièce, demandant ce qui se passait. Elle fut contente de voir qu'il était suivit de la policière, l'officier Frisbie. Puis arriva l'officier White et la petite pièce fut absolument pleine à craquer.

Il fallut quelques instants pour que Riley remarque la présence de l'agent Crivaro. Elle désirait tout lui expliquer, même par-dessus la mer de gens les séparant. Mais aucuns mots ne sortirent.

Elle réalisa qu'elle était ébranlée. Elle ne savait simplement pas quoi dire. Heureusement, Gina expliqua que certains fêtards avait entendu un combat dans le grenier. Ils étaient montés pour découvrir que Riley avait déjà maîtrisé l'homme qui l'avait agressée d'après ses dires.

— Je veux que vous sortiez tous, les enfants, aboya Steele.

Les étudiants redescendirent les escaliers docilement. Tandis que l'officier White menottait Leon, l'officier Steele lui lisait ses droits. Leon continuait de protester, assurant qu'il n'avait rien fait de mal, que Riley l'avait attaqué sans raison.

Même Steele ne semblait pas trouver cela probable. Lui et White emmenèrent Leon en garde à vue.

Riley laissa sortir un profond soupir de soulagement. Les seules personnes encore présentes étaient l'officier Frisbie et l'agent Crivaro. Frisbie s'assit à côté d'elle, sortant un stylo et un carnet. Crivaro prit place sur une chaise à côté.

— Maintenant, raconte-moi ce qui s'est passé, dit Frisbie à Riley d'une voix douce.

Elle rassembla ses esprits et raconta tout à Frisbie, en commençant au moment où Leon était arrivé à la soirée, et finissant par le moment ou les invités étaient entrés dans la chambre, la trouvant un genoux appuyé contre la poitrine de Leon.

En racontant son histoire, elle commença à s'inquiéter...

Est-ce que ce n'était pas une situation classique de 'ma parole contre la sienne' ?

Leon racontait sans doute une version différente de l'histoire aux policiers qui l'avaient arrêté.

Qui allaient-ils le plus probablement croire, Riley ou Leon ?

Lorsqu'elle finit son récit, Riley dit à Frisbie...

— Vous devez me croire. Je dis la vérité.

Frisbie gloussa en remettant son stylo et son carnet dans sa poche.

— Oh, je pense que ton histoire tiendra parfaitement la route. L'alternative serait de croire que tu as attiré un garçon innocent dans ta chambre dans le seul but de lui mettre une raclée. Est-ce que c'est crédible ?

Riley rigola u peu.

— Pas trop, lui accorda-t-elle.

Riley se rappela alors du couteau de poche de Leon.

Elle le sortit de sa poche.

— Officier Frisbie, j'ai trouvé ça dans la poche de Leon.

Frisbie saisit le couteau, l'ouvrit et observa la lame avec un vif intérêt.

L'agent Crivaro se leva de sa chaise et dit à l'officier Frisbie...

— J'aimerais voir ce couteau.

Celle-ci lui tendit et il s'écarta pour l'étudier de près.

— Il est le tueur, n'est-ce pas ? demanda Riley à l'officier Frisbie. Leon à tué Rhea et Trudy ?

— Ça ne semble pas improbable, dit Frisbie en inclinant la tête.

Elle tapota l'épaule de Riley.

— Tu t'en es bien sortie, jeune fille. Tu t'en es vraiment bien sortie. Il se pourrait qu'on ait encore des questions à te poser plus tard, mais ne t'en inquiète pas.

Puis Frisbie se leva du futon et sortit un appareil photo de son sac.

— Ta blouse est déchirée, et tu es couverte de bleus. Je dois prendre des photos de tout ça.

Riley se tint debout et laissa l'officier Frisbie prendre les photos.

— Officier Frisbie, lui dit Crivaro lorsqu'elle eut fini, j'aimerais parler à la fille, seul à seul, si je peux.

Celle-ci lui jeta un regard interrogateur mais elle hocha ensuite la tête et quitta le grenier. Crivaro allait et venait devant Riley, examinant le couteau.

Son silence était inquiétant. Elle aurait préféré qu'il dise quelque chose.

— C'est fini, n'est-ce pas ? demanda-t-elle finalement. Nous avons attrapé le tueur. Il ne tuera plus personne.

Crivaro secoua la tête lentement.

— Riley...

— Quoi ?

— Ce n'était pas lui. Ce gamin n'a jamais tué personne dans sa vie.

Riley en resta bouche bée, ne parvenant pas à y croire.

— Comment le savez-vous ?

Crivaro haussa légèrement les épaules.

— J'ai connu un grand nombre de tueurs. Je peux le dire à une chose. De toute évidence, il a essayé de vous agresser sexuellement. Il n'y avait aucuns éléments sexuels dans les autres meurtres, pas la moindre trace. Et...

Il désigna la lame du couteau.

— Ce couteau n'a jamais été utilisé comme arme de crime. C'est trop petit et trop émoussé pour ce genre de chose. Les plaies des victimes ont dû être faites par une arme bien plus grande et affûtée.

Riley sentit un éclair de colère.

— Est-ce que vous êtes en train de me dire que c'était juste une coïncidence que le gars qui m'a attaqué se soit retrouvé avec un couteau ?

— C'est exactement ce que je dis.

 

Riley commença à trembler.

— Je ne crois pas aux coïncidences.

— Eh bien, vous feriez mieux de commencer à y croire, dit-il, ayant l'air lui-même un peu en colère. Dans ma branche, les coïncidence sont des faits de la vie. Ainsi qu'une petite chose appelée « biais de confirmation ». C'est quand vous interprétez tout ce que vous voyiez comme preuve ce que vous voulez croire.

Riley était à présent vraiment choquée.

Est-ce qu'il me traite avec condescendance ? pensa-t-elle.

— C'est lui, dit-elle. Leon est le tueur.

Crivaro soupira amèrement.

— Vous devez prendre une décision, Riley. Leon est assurément un prédateur sexuel, et il attaquera d'autres jeunes femmes s'il n'est pas stoppé tout de suite. Êtes-vous prête à porter plainte contre lui pour tentative de viol ? Il prendra entre cinq ans et perpétuité. Et il le mérite bien.

— C'était une tentative de meurtre. J'en suis convaincue.

Crivaro replia le couteau.

— Oui, les policiers vont penser la même chose. Ils vont l'accuser de meurtre, très bien. Mais ils se tromperont. Et vous vous tromperez aussi.

Riley sentit son visage rougir de rage. Elle était trop en colère pour parler.

— Je retourne au poste de police maintenant, dit finalement Crivaro. Peu importe ce que vous décidez de faire, je vais inculquer la peur de Dieu à ce bâtard. Vous avez donné à Frisbie un solide récit de ce qu'il a essayé de faire. En tout cas, je vais essayer de lui faire savoir que cet incident sera retenu contre lui s'il essaye un jour de recommencer.

Il s'arrêta un moment.

— Réfléchissez-y, Riley. Reconsidérez la question.

Puis il redescendit les escaliers, laissant Riley seule.

Elle ne parvenait pas à croire ce qui venait de se passer.

« Reconsidérez la question. », il m'a dit.

Il ne manque pas de culot.

Elle s’effondra sur le futon, douloureuse et épuisée, se demandant quoi faire ensuite.

Elle devrait sans doute redescendre et vérifier comment allaient les choses ici. Les invités avaient dû se disperser, mais elle devait vérifier comment allaient ses colocataires. Ensuite, elle aurait besoin d'une douche et d'une bonne nuit de sommeil.

Si c'est au moins possible, pensa-t-elle.

Elle n'avait pas l'impression que quoi que ce soit dans sa vie allait bien en ce moment.

Il n'y avait qu'une chose qui pourrait arranger la situation.

Je dois prouver que j'ai raison, se dit-elle.

Je dois prouver que Leon est le tueur.