Si elle savait

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Si elle savait
Si elle savait
Audiobook
Czyta Emanuel Wickenburg
20,92 
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« Est-ce que vous voulez dire par là que vous aimeriez que je participe à certaines enquêtes ? » demanda Kate. Elle fit de son mieux pour que le ton de sa voix n’ait pas l’air trop optimiste.

« Eh bien, pas de manière aussi claire et nette. Nous pensions éventuellement à faire revenir un agent ou l’autre avec des états de service brillants pour travailler sur de vieilles affaires. Mais rien non plus à long terme, ni à temps plein. Et quand nous en avons parlé, votre nom a été le seul qui revenait à chaque fois. Maintenant, avant que vous ne soyez trop excitée à l’idée, il faut que vous sachiez que ce n’est pas pour tout de suite. Nous voulons toujours que vous vous reposiez. Que vous preniez du temps pour vous. Vraiment des vacances. »

« Je peux faire ça, » dit Kate. « Merci. »

« Ne me remerciez pas encore, » dit Duran. « Ça pourrait être seulement dans quelques mois. Et j’ai bien peur de devoir revenir sur cette offre si vous rentrez chez vous et que vous commencez à tabasser des hommes beaucoup plus jeunes que vous devant leur porte. »

« Je pense que je vais pouvoir me retenir, » dit Kate.

À nouveau, Logan ne put s’empêcher de pouffer de rire à ses côtés.

Duran avait l’air tout aussi amusé quand il se mit debout.

« Maintenant… si vous voulez vraiment donner un coup de main, j’ai bien peur qu’il faille y passer par l’un des aspects les moins agréables de ce boulot. »

En croyant qu’il voulait parler de paperasseries, Kate soupira. « Des formulaires ? Des documents ? »

« Oh non, rien de tel, » dit Duran. « J’ai organisé une réunion pour qu’on s’y mette. Je me suis dit que ce serait le meilleur moyen de maintenir tout le monde au courant. »

« Ah, je déteste les réunions. »

« Oh, je sais, » dit Duran. « Je m’en rappelle. Mais bon… quel meilleur moyen de vous souhaiter la bienvenue ? »

Logan gloussa à ses côtés au moment où ils se levèrent pour suivre Duran hors de son bureau. Pour Kate, tout avait l’air étrangement familier.

***

Finalement, la réunion s’avéra plutôt agréable. Il n’y avait que trois personnes qui les attendaient dans la petite salle de conférence au bout du couloir. Deux d’entre elles étaient des agents, un homme et une femme. D’autant que Kate pouvait s’en rappeler, elle ne connaissait aucun des deux. La troisième personne était un homme qui avait un air vaguement familier. Si elle se rappelait bien, son nom de famille était Dunn. Au moment où Duran referma la porte derrière eux, l’un des agents se leva et tendit la main en direction de Kate.

« Agent Wise, je suis vraiment enchanté de vous rencontrer, » dit-il.

Elle tendit le bras d’un air gêné et lui serra la main. Au moment où elle le fit, l’agent eut l’air de se rendre compte qu’il s’était un peu donné en spectacle.

« Désolé, » dit-il tout bas, avant de retourner rapidement s’asseoir.

« Pas de soucis, agent Rose, » dit Duran, en s’asseyant au bout de la table. « Vous n’êtes pas le premier agent à être subjugué par la présence de la légendaire Kate Wise. » Il dit ces mots sur un ton un peu sarcastique et décocha un léger sourire à Kate.

L’homme qu’elle pensait être Dunn se démarquait par rapport aux deux autres – qui étaient visiblement des agents plus jeunes. Il devait être une sorte de superviseur ; ça se voyait à son expression stoïque et à son costume tiré à quatre épingles.

« Agent Wise, » dit Duran, « voici les agents Rose et DeMarco. Ils sont partenaires depuis environ sept mois, mais seulement parce que moi-même et l’assistant directeur Dunn n’avons pas encore pu leur trouver la place qui leur convient. Ils ont tous les deux des atouts uniques. Et si vous finissez par diriger cette affaire à Richmond, l’un d’entre eux travaillera probablement avec vous. »

L’agent Rose avait encore l’air gêné mais ne se laissa pas déconcentrer. Kate ne se rappelait pas à quand remontait la dernière fois où quelqu’un avait était aussi visiblement secoué par le fait de la rencontrer. Ça devait être au cours de la dernière année de sa carrière quand une personne lui avait été assignée de Quantico pour travailler une journée avec elle en laboratoire. C’était un véritable exercice d’humilité mais également un peu déconcertant.

« Je voudrais ajouter, » dit l’assistant directeur Dunn, « que le directeur adjoint Duran et moi-même sommes ceux qui avons encouragé ce programme de réintégration d’agents récemment partis à la retraite. Je ne sais pas s’il vous l’a déjà dit, mais votre nom a été le premier à être cité. »

« Oui, » acquiesça Duran. « Il va sans dire que nous apprécierions vraiment que vous gardiez ça secret pour l’instant. Et que vous excelliez dans votre boulot, bien entendu. »

« Je ferai de mon mieux, » dit Kate. Elle commença à sentir qu’ils cherchaient à lui mettre un peu la pression. Mais ça ne la dérangeait pas. Au contraire… elle fonctionnait généralement beaucoup mieux sous pression.

« OK, » dit Duran. « En attendant, est-ce que vous voulez nous faire part des détails de cette affaire, tels que vous les avez pour l’instant ? »

Kate hocha la tête et eut instantanément la sensation de retrouver son rôle. C’était comme si elle n’avait jamais été absente un seul jour, et encore moins une année. Alors qu’elle les informait sur ce qui se passait à Richmond et comment elle avait fini par être impliquée, les agents Rose et DeMarco ne la quittèrent pas des yeux, essayant peut-être de voir de quelle manière ils pourraient travailler avec elle.

Mais elle ne se laissa pas distraire par ça. Alors qu’elle passait en revue les détails de l’affaire, elle eut l’impression de retourner dans le passé.

Et ce passé était bien supérieur à ce qu’elle avait pu vivre au présent.

CHAPITRE SEPT

Trois heures plus tard, Kate et Logan étaient assis à la terrasse d’un petit restaurant italien. Logan était occupé à dévorer un sandwich à la viande, tandis que Kate mangeait une salade de pâtes et savourait un verre de vin blanc. Elle ne buvait pas souvent et presque jamais avant dix-sept heures mais c’était une occasion spéciale. La seule idée qu’elle pourrait de nouveau être en service au FBI était une raison suffisante pour célébrer.

« Alors, sur quel genre d’enquêtes tu travailles pour l’instant ? » demanda Kate.

« Que des choses qui t’ennuieraient à mourir, j’en suis sûr, » dit-il. Mais elle savait qu’il finirait par lui en parler car au fond, il adorait autant son boulot qu’elle.

« J’essaie surtout de mettre la main sur quelques arnaqueurs qui ont trafiqué des distributeurs d’argent. Et je travaille en collaboration avec quelques autres agents sur un petit réseau de prostitution à Georgetown, mais c’est un peu près tout. »

« Beurk, » dit Kate.

« Je te l’avais dit… Barbant. »

« Alors rien à voir avec ces vieilles affaires non résolues dont Duran a parlé ? D’ailleurs, qu’est-ce que tu sais à ce sujet ? Ça fait combien de temps que ce petit projet se prépare ? »

« Un petit temps, j’imagine. J’ai seulement été mis au courant il y a deux semaines. Duran et d’autres supérieurs ont commencé à me poser des questions concernant certaines des affaires sur lesquelles nous avions travaillé et qui n’avaient jamais été résolues. Ils ne cherchaient pas à avoir des informations concernant la méthodologie ni quoi que ce soit du genre, mais ils m’ont plutôt demandé des détails sur d’anciens dossiers. »

« Et ils ne t’en ont pas donné la raison ? »

« Non. Mais… attends, pourquoi tu prends un ton méfiant ? Je pensais que tu allais être enchantée par cette opportunité. »

« Oui, bien sûr. Mais je me demande tout même s’il y a une affaire en particulier qui les intéresse plus qu’une autre. Quelque chose a dû déclencher cet intérêt soudain pour des affaires classées. Je doute sérieusement que ce soit uniquement pour que Duran trouve un moyen de me faire revenir. »

« Je ne sais pas, » dit Logan. « Tu serais surprise de constater comme ton départ a fait un vide au FBI. Certains des agents les plus récents parlent encore de toi comme si tu étais une sorte de personnage mythologique. »

Elle ignora le compliment, toujours concentrée sur son cheminement de pensée. « Puis, pourquoi est-ce qu’il me convoquerait pour ensuite me renvoyer chez moi, en me disant qu’il voudrait que je prenne encore un peu des vacances avant de commencer ? Je me demande si la vraie raison derrière tout ça n’est tout simplement pas encore en cours de concrétisation. »

« Eh bien, tu sais, » dit Logan. « Vu la manière dont tu cogites sur tout ça, peut-être qu’il a raison. Détends-toi, Kate. Comme il te le disait… il y a des tonnes d’agents à la retraite qui rêveraient d’avoir cette opportunité. Alors oui, retourne chez toi. Repose-toi. Contente-toi de ne rien faire. »

« Tu me connais assez bien pour savoir que je ne suis pas comme ça, » dit-elle. Elle but une gorgée de son vin, en pensant qu’il avait peut-être raison. Peut-être qu’elle devrait se contenter de savourer le bonheur d’avoir l’occasion de revenir travailler… d’une certaine manière.

« La retraite n’y a rien changé, alors ? » demanda Logan.

« Non. Au contraire, ça a eu l’effet inverse. Je ne supporte pas de rester à ne rien faire. Je déteste avoir l’esprit inoccupé. Les mots croisés et le tricot, ce n’est pas mon truc. Peut-être qu’au fond de lui, Duran savait que j’étais trop jeune pour être mise au rancart. »

Logan sourit et secoua la tête. « Et pourtant, ça pourrait être un bien joli rancart ! »

« Oui, mais d’un ennui mortel. »

Logan soupira, en avalant la dernière bouchée de son sandwich. « OK, » dit-il. « Ce n’est pas tout ça, mais il y en a qui bosse ici. »

 

« Oh, le coup bas… » dit-elle, en buvant la dernière gorgée de son vin.

« Alors qu’est-ce que tu vas faire ? » demanda-t-il. « Rentrer chez toi ? »

Franchement, elle ne savait pas encore. Quelque part, elle avait envie de rester un peu à Washington, juste pour le plaisir. Peut-être qu’elle ferait un peu de shopping ou qu’elle irait à son endroit favori au National Mall pour s’asseoir et réfléchir. C’était certainement une splendide journée pour le faire.

Mais en même temps, elle avait aussi envie de rentrer. Bien que la piste de Brian Neilbolt pouvait définitivement être écartée, le fait est que quelqu’un avait assassiné Julie Meade. Et apparemment, la police n’avait aucune piste.

« Je ne sais pas encore, » dit-elle. « Il se pourrait que je reste un peu en ville mais je rentrerai sûrement chez moi avant la tombée de la nuit. »

« Si tu changes d’avis, appelle-moi. Ça m’a vraiment fait plaisir de te voir, Kate. »

Ils payèrent l’addition et ils quittèrent le restaurant après s’être brièvement embrassés. Mais déjà avant de partir, l’esprit de Kate avait été envahi par une idée en particulier, qui semblait avoir surgi de nulle part.

Julie a été assassinée chez elle, alors que son mari était en voyage d’affaires. S’il y a eu une entrée par effraction, personne ne me l’a mentionné. Ni la police quand ils m’ont fait la leçon, ni même Debbie ou Jim. S’il y a eu une entrée par effraction, on me l’aurait sûrement dit.

Je me demande du coup… et si l’assassin avait été invité à entrer ? Ou peut-être qu’il savait où se trouvait le double de la clé ?

Ces questions résolurent le dilemme de savoir si elle allait rester ou pas à Washington. Dès qu’elle aurait digéré son verre de vin, elle reprendrait la route pour Richmond. Elle avait promis au directeur adjoint Duran de ne plus frapper sur qui que ce soit.

Mais elle n’avait rien dit concernant le fait d’enquêter.

Bien entendu, il y avait d’abord l’enterrement. Elle irait présenter ses respects et elle ferait de son mieux pour être présente pour Deb demain. Et après ça, elle reprendrait son rôle – peut-être avec un peu plus d’enthousiasme qu’elle ne voulait l’admettre.

CHAPITRE HUIT

Le lendemain après-midi, Kate se tenait à l’arrière du cortège funèbre au moment où la famille Meade et leurs plus proches amis se réunirent au cimetière. Elle était accompagnée de ses deux amies – Clarissa et Jane – qui étaient vêtues de noir et avaient l’air sincèrement affligées. Debbie avait l’air d’aller beaucoup mieux que le jour où elle avait demandé à Kate d’enquêter sur le meurtre. Elle pleurait ouvertement et laissait de temps en temps échapper un gémissement de douleur, mais son esprit était bien présent. En revanche, Jim avait l’air complètement anéanti. Il ressemblait à un homme qui allait rentrer chez lui et passer son temps à réfléchir au fait que la vie était parfois vraiment trop injuste.

Kate ne put s’empêcher de penser à sa propre fille. Elle savait qu’il fallait qu’elle appelle Melissa une fois que l’enterrement serait terminé. Elle n’avait pas vraiment connu Julie Meade mais sur base des conversations qu’elle avait eues avec Debbie, Kate supposait qu’elle devait avoir environ le même âge que Melissa, à quelques années près.

Elle écouta le prêtre réciter des passages de la Bible et bien que ses pensées soient de tout cœur avec Debbie, elle continuait tout de même à se demander comment tout ça avait bien pu arriver. Elle n’avait pas directement posé la question de savoir s’il y avait eu une entrée par effraction depuis son retour de Washington mais elle avait été très attentive à ce qui se disait autour d’elle. Elle avait remarqué que ni Jane, ni Clarissa n’avaient mentionné une entrée par effraction. Et c’était bizarre car Clarissa était en général au courant de tout, vu son penchant pour les commérages.

Elle regarda en direction de Debbie et de son mari et remarqua un homme de grande taille qui se tenait debout à côté de Jim. Il était relativement jeune et fringant, dans le genre propre sur lui. Elle donna un léger coup de coude à Jane qui se tenait à ses côtés et demanda : « Le grand type à côté de Jim. C’est le mari de Julie ? »

« Oui. Il s’appelle Tyler. Ils n’étaient pas mariés depuis très longtemps. Moins d’un an, je pense. »

Kate se rendit compte que finalement elle ne connaissait pas vraiment bien ces copines avec lesquelles elle allait boire son café une fois par semaine. Bien sûr, elles avaient parlé de leur boulot passé, elles savaient quel genre de café elles préféraient et elles connaissaient les souhaits et les rêves de chacune d’entre elles en ce qui concernait la retraite. Mais elles n’étaient jamais allées beaucoup plus loin. Ça avait été une sorte de silence mutuel. Elles avaient rarement parlé de leurs familles et leurs conversations restaient généralement superficielles.

Il n’y avait rien de mal à ça, bien sûr. Mais du coup, Kate en savait très peu concernant la famille Meade. Tout ce qu’elle savait, c’était que Julie était leur seul enfant… de la même manière que Melissa était sa seule fille à elle. Et bien qu’elle ne soit plus aussi proche de Melissa qu’elle l’avait été dans le passé, elle imaginait la douleur que sa perte pourrait provoquer.

Une fois que le service fut terminé et que la foule commença à se disperser avec des embrassades et des poignées de main, Kate et ses amies suivirent le mouvement. Mais Kate décida de rester un peu en arrière, là où quelques personnes s’étaient arrêtées pour fumer une cigarette. Bien que Kate ne fume pas (elle trouvait que c’était une sale habitude), elle avait envie de rester à l’abri des regards pendant un moment. Elle observa la foule et vit la haute silhouette de Tyler Hicks. Il parlait à un couple âgé, qui sanglotait ouvertement. En revanche, Tyler avait l’air de faire de son mieux pour rester calme.

Une fois que le couple âgé fut parti, Kate s’avança dans sa direction. Tyler était sur le point de tourner son attention vers une femme d’âge moyen et ses deux enfants, mais Kate mit un point d’honneur à arriver la première.

« Excusez-moi, » dit-elle, en se penchant vers lui. « Vous êtes Tyler, c’est bien ça ? »

« Oui, c’est moi, » dit-il. Quand il tourna son visage vers elle, elle put y voir toute la douleur qui s’y peignait. Il était vidé, épuisé et il semblait ne plus avoir de forces. « Est-ce que je vous connais ? »

« Non, à vrai dire, » dit-elle. « Mais je suis une amie de la mère de Julie. Je m’appelle Kate Wise. »

Elle vit dans ses yeux que son nom lui disait quelque chose. L’expression de son visage s’anima durant une fraction de seconde. « Oui, j’ai entendu Debbie mentionner votre nom. Vous êtes un agent du FBI, c’est bien ça ? »

« Eh bien, à la retraite depuis récemment. Mais oui, dans les grandes lignes, c’est ça. »

« Désolé qu’elle vous ait demandé d’enquêter sur ce qui est arrivé à Julie. J’imagine très bien que ça a dû être une situation plutôt inconfortable. »

« Pas besoin de vous excuser, » dit Kate. « Je n’imagine même pas ce qu’elle a dû traverser. Mais écoutez… je vais faire vite, car je ne veux pas prendre trop de votre temps. Debbie voulait que j’enquête sur l’ex petit ami. Je n’ai pas encore eu l’occasion de le lui dire, mais il est hors de cause. »

« Madame Wise, vous n’avez pas besoin de faire ça. »

« Je sais, » dit-elle. « Mais je me demandais si vous pourriez peut-être répondre à quelques-unes de mes questions. »

Il eut d’abord l’air offusqué mais il finit par se résigner. Une expression faite de curiosité et de tristesse traversa son visage au moment où il demanda : « Vous pensez qu’il y a des questions qui valent la peine d’être posées ? »

« Peut-être. »

« Alors oui, j’y répondrai. Mais faites vite, s’il vous plaît. »

« Bien sûr. Je me demandais si vous aviez vu quoi que ce soit autour de la maison qui vous aurait semblé bizarre ou pas à sa place quand vous êtes rentré. Peut-être quelque chose qui ne vous a pas semblé si important que ça, vu ce qui venait d’arriver à Julie. Peut-être quelque chose que vous avez laissé pour plus tard, pour quand les choses se seraient calmées. »

Il secoua lentement la tête et regarda en direction de l’endroit où sa femme serait enterrée dans moins d’une heure. « Rien auquel je puisse penser. »

« Même pas un signe d’effraction ? »

Il reporta son attention sur elle. Il avait maintenant l’air un peu effrayé. « Vous savez, j’ai commencé également à me poser la question, » dit-il. « Toutes les portes étaient verrouillées quand je suis rentré le lendemain. J’ai sonné à la porte parce que mes clés se trouvaient dans un de mes sacs et que je n’avais pas envie de fouiller. Mais Julie n’est jamais venue m’ouvrir. Je n’y ai plus pensé jusqu’à hier, quand j’essayais de m’endormir. Quelqu’un est entré facilement, sans effraction. Puis ils ont verrouillé la porte derrière eux. Donc ils savaient comment entrer. Mais ça n’a pas de sens. »

« Et pourquoi pas ? »

« Parce qu’il y a un code pour le système de sécurité que seulement Julie, moi-même et notre femme de ménage connaissons. Nous le changeons tous les deux mois. »

« Des soupçons concernant votre femme de ménage ou sa famille ? »

« Eh bien, elle a presque soixante ans et nous ne connaissons pas sa famille. La police a enquêté à ce sujet mais n’a rien trouvé. »

« Et vous, que pensez-vous ? » demanda Kate. « Est-ce qu’il y a qui que ce soit que vous connaissiez qui pourrait être capable de faire une telle chose ? »

Il secoua la tête sans prendre la peine d’y réfléchir trop longtemps. « Depuis que je suis rentré et que j’ai trouvé son cadavre, j’ai passé chaque seconde à me demander qui pourrait bien avoir eu une raison de la tuer – ou même seulement d’être fâchée sur elle. Et je n’arrive pas à penser à qui que ce soit. » Il s’interrompit, puis la regarda d’un air sceptique. « Vous m’avez dit que vous étiez à la retraite. Alors pourquoi êtes-vous si intéressée par cette affaire ? »

Elle lui donna la seule réponse qui soit acceptable. « Je tiens juste à faire tout ce que je peux pour rassurer Debbie. »

Mais elle savait qu’il y avait une autre raison. Et celle-là était plus égoïste.

Parce que m’impliquer ne serait-ce qu’un tout petit peu dans cette affaire est la chose la plus constructive que j’ai faite depuis que j’ai pris ma retraite il y a un an.

« Eh bien, je vous remercie pour votre aide, » dit Tyler. « Et si vous avez besoin de quoi que ce soit de ma part, n’hésitez pas à demander. »

« Merci, je n’hésiterai pas, » dit-elle, en lui donnant une tape compatissante dans le dos et en le laissant seul avec son chagrin. Mais en vérité, elle était certaine qu’elle ne lui reparlerait probablement plus. Elle avait travaillé assez longtemps en tant qu’agent pour reconnaître un innocent et un homme sincèrement meurtri de chagrin quand elle en voyait un. Elle aurait mis sa main à couper que Tyler Hicks n’avait pas assassiné sa femme. Elle n’était déjà pas très fière de l’avoir harponné comme ça après l’enterrement. Alors à partir de maintenant, elle garderait ses distances avec Tyler. S’il pouvait offrir son aide pour quoi que ce soit, elle laisserait faire la police.

Elle retourna à sa voiture et rejoignit la file de trafic qui sortait du cimetière. Elle roula silencieusement en direction de chez elle, ses pensées revenant continuellement à Melissa et à sa future petite-fille.

Son téléphone se mit à sonner, interrompant le fil de ses pensées. Sur l’écran, s’affichait un numéro mais pas de nom. Elle répondit d’un ton méfiant, encore secouée par l’enterrement et le fait que ce dernier lui fasse beaucoup penser à sa propre fille.

« Kate Wise ? » demanda la voix d’un homme à l’autre bout du fil.

« Oui, c’est Kate, » dit-elle.

« C’est Randall Budd. Comment allez-vous ? »

« D’humeur plutôt maussade, » répondit-elle en toute franchise, un peu énervée de devoir parler au commissaire Budd à un tel moment.

« Vous êtes allée à l’enterrement aujourd’hui ? » demanda-t-il.

Elle fut un peu surprise qu’il sache que Julie avait été enterrée aujourd’hui. Peut-être qu’elle devrait être un peu moins dure avec lui, finalement. « Oui, » répondit-elle. « J’y étais encore il y a à peine un quart d’heure. »

« Eh bien, écoutez. Je voulais vous appeler pour vous dire qu’à huit heures ce matin, nous avons reçu un appel anonyme. Une arrestation a été effectuée dans le cadre du meurtre de Julie Hicks. Nous sommes toujours occupés à l’interroger. C’est un type qui est venu régler leur connexion internet il y a quelques semaines. Il connaissait donc leur intérieur et il a déjà été arrêté dans le passé pour comportement sexuel répréhensible. Nous sommes occupés à vérifier son récit mais c’est une piste solide. »

 

« Qui est-ce ? »

Budd soupira, et ce fut comme un bruit d’électricité statique à travers le téléphone. « Madame Wise, vous savez que je ne peux pas vous le dire. »

« Bien sûr que vous pouvez. Je ne ferai rien d’autre avec cette information qu’essayer de vous aider. »

« Oui, mais avec tout le respect que je vous dois, je ne vous ai pas demandé votre aide. »

« Est-ce que vous pouvez au moins me dire si le suspect connaissait personnellement la victime ? »

Le silence s’installa pendant quelques secondes à l’autre bout de la ligne. Budd soupira et finit par lui dire : « Non. »

Elle faillit continuer à lui poser des questions mais se ravisa. Si elle voulait vraiment savoir, il lui suffirait d’appeler Logan. Ce ne serait pas la chose à faire mais au moins l’option était bien là.

« Et on dirait que c’est notre type ? »

« C’est très certainement une possibilité, » dit Budd. « Une fois qu’on aura assez d’éléments pour l’arrêter pour meurtre, nous préviendrons Debbie et Jim Meade. Alors s’il vous plaît, n’en parlez pas pour l’instant. J’ai préféré avoir la courtoise de vous le dire… en espérant que vous ne jouiez plus à la justicière. »

« Et je vous en remercie, » dit-elle. « Je vous souhaite une bonne journée, commissaire. »

Elle raccrocha avec un sentiment de soulagement. Affaire classée. C’était une bonne chose. Maintenant Debbie et Jim pourraient enfin faire leur deuil et tourner la page.

Puis elle repensa à ce que Tyler Hicks lui avait dit concernant le code de sécurité. Mais aussi aux choses qu’il n’avait pas dites. Qu’il fallait savoir comment entrer sans être vu. Comment il fallait connaître assez bien la famille pour entrer dans la maison après la tombée de la nuit, en faisant fi des mesures de sécurité et des portes verrouillées.

Au moment où elle arriva chez elle à Carytown, le sentiment de soulagement avait complètement disparu. En fait, il s’était transformé en une autre sorte de certitude.

Une certitude qui lui disait que l’assassin de Julie Hicks était toujours dans la nature.

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