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La maison d’à côté

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La maison d’à côté
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La maison d’à côté
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Czyta Nicole Forup
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CHAPITRE QUATORZE

Le lendemain matin, elle retrouva l’agent Greene au bureau central. Il était occupé à envoyer un message sur son téléphone quand elle le croisa dans le hall d’entrée. Il leva les yeux vers elle et sourit, en remettant son téléphone en poche.

« Je t’envoyais justement un message, » dit-il. « On a une autre scène de crime. Est-ce que tu es OK de prendre partiellement la direction des opérations ? »

« Oui, » dit-elle, en lui tendant une tasse de café. « L’autre jour, c’était exceptionnel. Vous avez ma parole. »

« Est-ce que tu as suivi mon conseil d’aller voir Skinner ? »

« Oui, et ça m’a beaucoup aidée. »

« Tant mieux. Pourquoi tu ne prendrais le volant ce matin ? »

C’était un petit geste mais ça comptait beaucoup pour Chloé. C’était une preuve de confiance – une manière pour Greene de lui montrer qu’il n’avait pas peur de lui laisser un peu le contrôle.

Ils roulèrent jusqu’à une petite zone suburbaine, à dix minutes de Baltimore. La scène avait eu lieu dans un terrain pour mobile homes particulièrement bondé. Au moment où elle se gara derrière plusieurs voitures de police, elle vit que de nombreux résidents avaient envahi la petite allée en terre qui traversait le camping.

Greene lui avait expliqué quelques détails sur l’affaire mais sans lui en dire de trop, pour ne pas influencer son jugement. Tout ce qu’elle savait au moment de sortir du véhicule, c’était qu’il s’agissait d’une affaire de drogue qui avait mal tourné. Le FBI avait été appelé car l’un des hommes impliqués était un suspect recherché dans la région de Philadelphia pour trafic de drogue.

Au moment où ils gravirent les marches qui menaient au fragile porche d’entrée – qui avait l’air essentiellement fait à partir de vieilles planches et de clous – les policiers qui se trouvaient sur la scène de crime eurent l’air soulagés. Chloé et Greene montrèrent leurs badges et on les laissa passer.

Chloé remarqua tout de suite l’odeur. Du sang. Des ordures. Et l’odeur poisseuse de la marijuana – et il n’était que huit heures du matin.

La scène était assez facile à reconstituer. Chloé s’avança de quelques mètres pour laisser entrer Greene. Ils observèrent minutieusement l’endroit, même si l’essentiel de ce qui s’était passé était directement visible devant leurs yeux.

Un divan était appuyé contre le mur du fond d’une pièce qui servait visiblement de salon. Deux victimes s’y trouvaient, dont l’une était pratiquement tombée en bas du divan. Il lui manquait la partie supérieure gauche du crâne. Du sang avait éclaboussé les murs et continuait à couler sur la moquette.

Le corps qui se trouvait à côté avait une plaie béante au niveau de la poitrine et de l’abdomen. C’était un spectacle plutôt gore, mais elle s’y était correctement préparée. Bien que ce soit horrible à voir, ça l’était moins que ce qu’elle avait imaginé.

Mais tout de même… il y avait beaucoup de sang. Et c’était très récent.

Fusil de chasse, pensa Chloé. À bout portant. Mon dieu…

La personne qui avait été touchée à la poitrine tenait un Glock. L’arme lui était tombé des mains et se trouvait maintenant à ses pieds. Le Glock avait apparemment été utilisé pour repousser la personne qui gisait actuellement sur le sol, en plein milieu du salon. La victime était couchée sur le ventre, la tête tournée vers le côté. D’après ce que Chloé put voir, il avait été touché en haut de la poitrine, juste en-dessous de la mâchoire, et directement sous l’œil droit. Elle pouvait clairement voir l’impact de sortie de chacune des balles à l’arrière du crâne.

« Ça alors, » dit Greene. Il s’accroupit à côté de la victime qui se trouvait au sol. Il grimaça en la regardant, puis haussa les épaules. « C’est le type sur notre liste. Oscar Estevez. Le FBI le recherche depuis environ trois mois. »

Un policier passa la tête par l’embrasure de la porte derrière eux. « Je vous conseille d’aller jeter un coup d’œil dans la chambre à coucher qui se trouve à l’arrière, » dit-il. « On l’a répertorié mais je pense que vous trouverez ça intéressant. »

Greene hocha la tête et fit signe à Chloé de le suivre. Ils s’avancèrent dans un étroit couloir vers l’arrière du mobile home. L’endroit avait une forte odeur de moisissure et de marijuana. L’odeur devint tellement forte vers l’arrière du mobile home que Chloé fut obligée de respirer par la bouche.

Ils arrivèrent à une chambre à l’arrière du mobile home. Les murs étaient décorés de posters de femmes nues. Une vieille télé était posée sur une commode. Mais ce qui attira leur attention, ce fut le fait que le matelas ait été retourné pour atteindre le sommier à ressort. La protection du sommier avait été déchirée, faisant apparaître plusieurs paquets de cocaïne. Ils étaient tous emballés dans du plastique et scotchés avec du ruban adhésif noir. À première vue, il devait y avoir environ vingt paquets.

« Qu’est-ce que tu penses en voyant cette scène ? » demanda Greene.

« Eh bien, on dirait que nos criminels ont plus ou moins fait le travail à notre place. On dirait une affaire de drogue qui a mal tourné. Ou c’est un client qui est venu se plaindre et ça a mal terminé. »

« Oui. À ce stade, on ne peut faire que des spéculations. Ça ressemble à une affaire qui va être classée mais on doit quand même faire une enquête. La mauvaise nouvelle, c’est que c’est nous qui devrons faire toute la paperasse et les rapports. Alors ne perdons pas de temps et commençons à faire une enquête en bonne et due forme – peut-être interroger certains des résidents qui se trouvent dans le coin pour avoir plus de détails et… »

Greene fut interrompu par la sonnerie de son téléphone. Il y jeta un coup d’œil et dit, « Je reviens. »

Il décrocha et sortit dans le couloir. Chloé pouvait entendre ce qu’il disait, pendant qu’elle continuait à examiner la chambre à coucher. Elle regarda dans les tiroirs du bureau et y trouva des vêtement éparpillés, des feuilles à rouler et plusieurs DVD pornos. Elle ne trouva aucune arme, ni aucune preuve qui puisse indiquer qu’il y ait eu autre chose en jeu qu’une affaire de drogue qui ait mal tourné.

Greene revint dans la chambre, en tenant toujours son téléphone en main. « Il va falloir qu’on fasse vite, » dit-il. « On a une autre enquête à mener. Cette fois-ci, c’est dans ton coin, je crois. Pinecrest, c’est bien ça ? »

« Oui, c’est bien ça. En quoi consiste l’enquête ? »

« Une possible affaire de disparition, » dit-il. « Un type du nom de Martin Shields. Rien de spécial en soi. Il est probable qu’on laisse tout simplement la police locale s’en occuper. »

« Vous avez dit Martin Shields ? » demanda Chloé, en espérant vraiment avoir mal compris.

« Oui, pourquoi ? »

Elle pensa tout de suite à Danielle. Est-ce qu’elle était déjà au courant ? Ou peut-être que c’était elle qui avait signalé sa disparition ?

« Merde. Je le connais. Enfin, en quelque sorte. Ma sœur sort avec lui. »

« Vraiment ? » demanda Greene, visiblement surpris.

« Oui. Je ne pense pas que ce soit vraiment sérieux entre eux mais tout de même… »

« Le monde est petit, » dit Greene.

« Exactement. »

« Si c’est quelqu’un qui t’est proche, on peut s’occuper de ça en priorité, avant cette enquête-ci, » dit Greene. « Et même si la police locale finit par vouloir s’en occuper, je peux continuer à te tenir au courant si tu veux. »

« Oui, je vous en serais reconnaissante, » dit-elle. Elle continuait à réfléchir et à se demander le rôle que Danielle avait pu jouer dans tout ça. C’était presque irréel, vu qu’elle venait juste de voir Martin à la fête de quartier.

« Franchement, si ta sœur sortait avec lui, peut-être que tu devrais l’appeler, » dit Greene. « On peut déjà y jeter un coup d’œil tout en bouclant cette affaire-ci. »

Chloé acquiesça d’un signe d’un tête et s’avança dans le couloir. Elle fit de son mieux pour ne pas regarder l’horrible spectacle du salon, au moment où elle sortait du mobile home. Elle chercha le numéro de Danielle et l’appela.

Danielle décrocha d’une voix endormie à la troisième sonnerie : « Allô ? »

« Salut, c’est Chloé. »

Danielle laissa échapper un soupir exagéré. « Oui, j’ai pris mes médicaments aujourd’hui. Et maintenant, j’aimerais retourner dormir si ça ne te dérange pas. »

« Danielle, à quand date la dernière fois où tu as vu Martin ? »

« Euh, l’après-midi de la fête de quartier. Il m’a déposée chez moi. On était fâché l’un sur l’autre et on ne s’est plus parlé depuis. Pourquoi ? »

« Je… eh bien, je suis au boulot et on vient de recevoir un appel. Quelqu’un vient de signaler sa disparition. Et un adulte doit avoir disparu pendant au moins vingt-quatre heures avant que ce soit pris au sérieux. »

« C’est une blague ? » dit Danielle. « Disparu ? »

« C’est tout ce que je sais pour l’instant. On va aller y jeter un coup d’œil. Mais j’ai pensé que tu savais peut-être quelque chose. »

« Eh bien, ce qu’il y a de sûr, c’est que ce n’est pas moi qui ai appelé pour signaler sa disparition. »

« Est-ce que tu sais qui pourrait l’avoir fait ? »

« Apparemment, il couchait avec une autre. »

« Et tu sais qui c’est ? » demanda Chloé.

« Je ne connais pas son nom, mais je l’ai vue nue. Il y avait des photos sur le téléphone de Martin. Mais attends… tu veux dire que c’est vraiment vrai ? Il a vraiment disparu ? »

« J’espère en savoir plus dès que possible. »

« OK, tiens-moi au courant, » dit Danielle, avant de raccrocher.

Mais d’après Chloé, il n’y avait absolument rien dans la voix de Danielle qui exprimait une quelconque préoccupation.

 

CHAPITRE QUINZE

C’était un peu énervant de consulter des faire-part de mariage alors qu’elle ne parvenait pas à entrer en contact avec sa sœur. Chloé espérait vraiment que Danielle refusait de répondre à ses appels uniquement parce qu’elle était attristée par la nouvelle concernant Martin. Mais en même temps, vu la manière dont Danielle agissait en général, il était difficile d’envisager le scénario le plus raisonnable.

Mais elle avait envie d’être une bonne épouse et de prouver à Steven qu’elle pouvait s’impliquer autant pour lui et pour leur mariage que pour le bien-être de Danielle. De plus, ce n’était pas comme si Danielle n’avait jamais agi de cette manière auparavant. C’était déjà souvent arrivé qu’elle ne réponde pas aux coups de fil et qu’elle devienne distante. Et puis finalement, Chloé se rendit compte que cette recherche de design pour leur faire-part commençait à lui plaire. Vu la manière dont les derniers jours s’étaient déroulés, c’était agréable de pouvoir enfin s’asseoir et de planifier leur mariage.

L’atmosphère était toujours tendue entre eux depuis la dispute mais ils étaient maintenant capables de se retrouver dans la même pièce sans se fâcher. Ils firent défiler plusieurs options de faire-part sur l’iPad de Chloé et consultèrent les exemples de designs conçus par l’imprimeur que les parents de Steven leur avaient recommandé. Alors qu’ils cherchaient à prendre une décision, Chloé commença à se rendre compte que Steven avait l’air distrait. Il acquiesçait d’un geste de la tête ou laissait échapper un oui, bonne idée de temps en temps, mais c’était tout.

« Ça va ? » lui demanda-t-elle.

« Oui, » dit-il, d’une voix qui semblait complètement endormie.

« Tu as l’air distrait. Tout va bien ? »

« Oui, » dit-il. « C’est juste que je pense à des trucs du boulot. Demain, j’ai une journée de fous. Désolé… on dirait que je ne me suis pas entièrement déconnecté du mode travail. »

Elle ravala le commentaire qui lui vint aux lèvres. Tu es distrait, hein ? Laisse-moi te dire ce que c’est d’être distrait. C’est savoir que le petit ami de ta sœur a disparu et que ta sœur ne répond plus à tes appels. Ça, c’est perturbant !

« Tu veux en parler ? » demanda Chloé.

Steven eut l’air d’y réfléchir un instant, avant de secouer la tête. « Non. Je n’ai pas envie de rendre ce moment encore plus pénible. »

« Choisir un faire-part de mariage, ce n’est pas ton truc, hein ? »

« Apparemment non. Tu ne m’en veux pas ? »

Chloé haussa les épaules. « Ça ne me dérange pas de prendre cette décision pour nous deux. »

« Ah, et en parlant de prendre des décisions… Maman a appelé aujourd’hui et elle nous a invités à revenir dîner chez eux. »

Bien que Chloé eût préféré qu’on lui arrache les ongles un à un, elle n’avait pas envie de créer davantage de tension entre eux. « OK, » dit-elle. « Dis-moi juste quand. Mais si j’étais toi, j’attendrais quelques jours. Je laisserais un peu de temps à cet œil pour dégonfler. »

Steven leva la main pour toucher délicatement la zone gonflée et décolorée en-dessous de son œil – le résultat du coup reçu par Martin. Ça allait déjà mieux mais ça se voyait encore beaucoup.

« Est-ce que tu as parlé à ta mère de ce qui s’était passé ? » demanda Chloé.

« Non. Pas la peine de me mettre plus la honte, j’imagine. Et je n’avais pas envie de devoir lui dire que c’était le petit ami de Danielle. »

Il en resta là, en laissant cette insinuation en suspens – l’insinuation que sa mère n’aimait pas du tout Danielle. Non pas que ce soit un secret.

« En parlant de ça, » dit Chloé. « J’ai travaillé sur une affaire aujourd’hui… qui concerne Martin. Apparemment il a disparu. »

« Vraiment ? Qui a signalé sa disparition ? »

« Je ne sais pas encore, » dit Chloé.

« Quelle blague, » dit Steven. « Ce genre de type… tu sais. Ce n’est vraiment pas étonnant qu’il disparaisse. Il a probablement juste mis les voiles pour une autre ville parce qu’il est trop instable pour rester longtemps au même endroit. »

Chloé en resta là sur le sujet. Il était clair qu’il n’était pas du tout intéressé par son travail. Il était trop préoccupé à essayer de satisfaire sa mère avec les projets de mariage. En plus, le laisser continuer à parler de Martin ne ferait que mettre le sujet de Danielle sur le tapis. Et elle n’avait vraiment pas la patience pour ça.

Ils laissèrent le silence s’installer entre eux et se mirent de nouveau à regarder les faire-part, mais sans véritable enthousiasme pour le mariage à venir.

***

Chloé fut réveillée le lendemain par son alarme. Elle était encore fatiguée car elle s’était préoccupée pour Danielle toute la nuit. Elle s’assit sur son lit et vit que Steven dormait toujours. Elle consulta son téléphone en espérant que Danielle lui ait au moins envoyé un message pendant la nuit.

Mais il n’y avait aucun message de Danielle. En revanche, elle en avait reçu un de l’agent Greene. Il disait : C’est une femme du nom de Sophie Arbogast qui a signalé la disparition de Martin Shields. Je vérifie ses antécédents dès que possible.

C’était déjà ça… au moins il y avait une direction à donner à cette enquête. Elle se demanda si Danielle connaissait cette Sophie Arbogast.

Elle sortit de son lit, enfila ses vêtements de jogging et sortit sans attendre de la maison. Elle préférait faire son jogging avant de manger ou de boire, et laisser l’exercice physique la réveiller et lui vider l’esprit. Elle n’avait fait qu’un seul jogging à Lavender Hills depuis leur arrivée. Et ça avait été à la tombée de la nuit, le premier jour de leur installation.

Elle fut ravie de se rendre compte qu’un silence total régnait dans le quartier à 5h45 du matin. Le soleil commençait seulement à poindre à l’horizon et baignait tout ce qui l’entourait de cette lumière éthérée typique de l’aube. Elle parcourut deux pâtés de maisons avant de rencontrer une première personne – une dame âgée assise sur son porche avec une tasse de café et occupée à lire une Bible. Au bout de la même rue, elle croisa un homme qui promenait son chien mais il portait des écouteurs sur les oreilles et il ne prit pas la peine de saluer Chloé.

L’appli de jogging sur son téléphone indiquait qu’elle avait parcouru 2,8 kilomètres quand elle vit un visage familier courir dans sa direction au moment où elle passa l’angle d’une rue. C’était Tammy Wyler. Elles se reconnurent tout de suite et Chloé sut qu’il n’y avait pas moyen de l’éviter. À moins que Tammy soit l’une de ces personnes qui prenait son jogging très au sérieux, elle allait devoir s’arrêter et lui parler.

Et ce n’était pas un problème en soi. C’était juste qu’après la fête de quartier, il était facile de deviner quel serait le sujet de la conversation. Elle se demanda également si Kathleen ou l’une des autres filles lui avait raconté ce qui s’était passé lorsqu’elles s’étaient retrouvées pour aller boire un verre.

Comme elle s’y attendait, Tammy ralentit considérablement le pas au moment où elle arriva à sa hauteur. Tammy finit par s’arrêter mais Chloé continua à courir sur place, en espérant que Tammy comprenne par là qu’elle n’avait pas l’intention de s’arrêter trop longtemps pour papoter.

« Je me disais bien que tu étais du genre à t’entraîner, » dit Tammy. « Impossible que quelqu’un puisse rester aussi mince et jolie sans y mettre un peu du sien. »

« Merci, » dit Chloé.

« Je suis contente qu’on soit tombé l’une sur l’autre, » dit Tammy, en souriant. « J’ai beaucoup pensé à toi depuis samedi. »

Oh, j’imagine, pensa Chloé.

« Tout va bien, » dit Chloé, en continuant à courir sur place. « C’était juste un malentendu. Mais maintenant, tout est rentré dans l’ordre.

« Et Danielle ? » demanda Tammy. « Comment va-t-elle ? »

Ça exaspérait Chloé au plus haut point que toute personne ayant un jour connu Danielle pense tout savoir à son sujet. Quand Tammy posa la question, elle le fit sur un ton très affligé, comme si elle pensait que la pauvre Danielle devait probablement avoir besoin de toute l’aide qu’elle pourrait avoir.

« Elle va bien, » dit Chloé.

Elle essaya de penser à un juste milieu – un moyen de sauver la face, d’épargner la réputation déjà fragile de sa sœur, tout en restant dans les bonnes grâces de ces femmes. Si elle comptait rester à long terme dans ce quartier, il allait falloir qu’elle essaye de réparer les dégâts qui avaient été faits. Elle détestait l’idée même de tout ça mais elle savait que c’était une réalité à laquelle elle allait devoir faire face.

« Eh bien, dis-lui que je me préoccupe pour elle. Tu sais… J’ai entendu dire que son petit ami avait disparu. Est-ce que c’est vrai ? »

La vitesse à laquelle les nouvelles se propageaient avait tendance à surprendre Chloé et cette fois-ci ne fut pas une exception. Elle essaya de dissimuler sa surprise, en demandant : « Comment l’as-tu appris ? »

« Oh, les nouvelles vont très vite dans un endroit comme ici, » répondit Tammy, comme si elle venait de lire dans les pensées de Chloé.

« Je vois ça, » dit Chloé, sans parvenir à dissimuler son dédain.

« Enfin… que ce soit vrai ou pas, pourras-tu dire à Danielle que je pense à elle ? Et que je prie pour elle. »

« Bien sûr, » dit Chloé, à contrecœur. « Profite bien de ton jogging. »

Et sans aucun signe en particulier indiquant que la conversation était arrivée à son terme, Chloé se remit à courir. Elle n’aimait pas le fait d’être déjà exaspérée par le côté ragot des gens qui vivaient dans son quartier. Ça allait rendre les choses très intéressantes au fur et à mesure qu’elle avancerait dans sa carrière au FBI. Ça mettait déjà sa vie privée à rude épreuve.

Chloé fit de son mieux pour essayer de mettre ce ressentiment de côté pour l’instant. Le seul fait que Tammy Wyler ait mentionné le nom de Danielle lui avait de nouveau fait penser à elle. Ça arrivait souvent à Danielle de ne pas répondre aux appels ou aux message, mais il y avait quelque chose de différent cette fois-ci – surtout en prenant en compte le fait que Martin ait disparu.

Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, pensa-t-elle.

Elle repensa aux médicaments de Danielle. Elle revit le sourire étrange qui flottait sur ses lèvres au moment où Martin avait pris la tête de Steven en étau.

Avant même de s’en rendre compte, Chloé écourtait son jogging et se dirigeait vers la maison. Elle allait commencer sa journée plus tôt. Elle allait partir tôt et essayer d’attraper Danielle par surprise.

Elle ne voulait pas s’immiscer dans sa vie privée mais il y avait quelque chose au fond d’elle – que ce soit de l’intuition ou un instinct protecteur de sœur – qui commençait sérieusement à se préoccuper pour Danielle.

Et avec cette sensation, la quiétude du matin ne semblait plus paisible mais plutôt sinistre.