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Avant qu’il ne tue

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Avant qu’il ne tue
Avant qu’il ne tue
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CHAPITRE QUATORZE

Mackenzie avait toujours adoré l’odeur du bois fraîchement coupé. Ça remontait aux vacances de Noël qu’elle passait avec ses grands-parents après que son père soit mort. Son grand-père chauffait sa maison avec un ancien poêle à bois et l’arrière de la maison sentait toujours le cèdre et l’odeur pas vraiment désagréable de cendres fraîches.

Elle se rappela de ce vieux poêle à bois au moment où elle sortit de la voiture et qu’elle s’avança sur le parking en gravier de l’entrepôt à bois Palmer. À sa gauche, une scierie était installée et un énorme tronc d’arbre se déplaçait sur un tapis vers une scie qui avait environ la taille de la voiture dont elle venait juste de sortir. Plus loin, plusieurs tas de bois fraîchement abattus attendaient leur tour.

Elle prit un moment pour observer le processus. Une chargeuse qui ressemblait à un mélange entre une petite grue et une machine pour attraper les jouets levait les troncs d’arbre et les déposait dans une machine à l’allure archaïque qui les poussait sur un tapis. À partir de là, les troncs d’arbre étaient dirigés directement vers une scie qui, elle supposait, était réglée pour chaque tronc par un mécanisme ou un panneau de contrôle qu’elle ne pouvait pas voir de là où elle se trouvait. Elle se retourna et vit un camion sortir de l’entrepôt à bois avec une remorque remplie de bois grossièrement coupé et empilé sur une hauteur d’environ trois mètres cinquante.

Bizarrement, elle pensa à Zack pendant qu’elle observait la scène. Il avait posé sa candidature pour travailler dans un endroit comme celui-ci de l’autre côté de la ville au même moment où il avait obtenu la place à l’usine de textile. Lorsqu’il apprit les horaires rotatifs disponibles à l’usine, il avait opté pour ce boulot, en espérant obtenir plus de temps libre. Elle pensa qu’il aurait pu être bon dans un travail lié au bois. Il avait toujours eu un don pour construire des choses.

« Ça m’a tout l’air d’être un travail intense, » dit Ellington.

« Le nôtre n’est pas mal dans le genre non plus, » dit-elle, heureuse de se sortir Zack de la tête.

« De fait, » acquiesça Ellington.

Devant eux, un bâtiment simple en béton était identifié par de simples lettres noires au-dessus de la porte d’entrée qui disaient BUREAU. Elle s’avança vers la porte d’entrée avec Ellington et fut à nouveau décontenancée lorsqu’Ellington lui ouvrit la porte. Elle pensait n’avoir jamais reçu autant de marques de respect et de courtoisie de qui que ce soit dans les forces de police et ce, depuis le premier jour où elle portait un badge.

À l’intérieur, le bruit provenant de l’extérieur se limitait à un bourdonnement sourd. Le bureau était constitué d’un grand comptoir avec des rangées de classeurs alignées derrière. L’odeur de bois coupé imprégnait l’endroit et on aurait dit qu’il y avait de la poussière partout. Un seul homme se tenait derrière le guichet. Il écrivait quelque chose dans un grand registre quand ils entrèrent. Lorsqu’il les regarda, il était clair qu’il fut un peu déconcerté, probablement à cause du costume d’Ellington et de la tenue décontractée de Mackenzie.

« Bonjour, » dit l’homme derrière le comptoir. « Je peux vous aider ? »

Ellington prit la parole, ce qui ne dérangea pas du tout Mackenzie. Il lui avait montré le plus grand respect et il avait plus d’expérience qu’elle. Elle se demanda d’ailleurs où se trouvait Porter. Est-ce que Nelson l’avait gardé au bureau pour analyser les photos ? Ou était-il parti interroger quelqu’un, peut-être les collègues de Hailey Lizbrook ?

« Je suis l’agent Ellington et voici la détective White, » dit Ellington. « Nous aimerions vous parler un instant au sujet d’une affaire que nous essayons de résoudre. »

« Oui, bien sûr, » dit l’homme, toujours visiblement surpris. « Mais vous êtes sûrs que vous êtes au bon endroit ? »

« Oui, monsieur, » dit Ellington. « Bien que nous ne puissions pas vous révéler tous les détails de l’enquête, ce que je peux vous dire, c’est qu’un poteau a été retrouvé sur chacune des scènes de crime. Nous avons prélevé un échantillon du bois et les résultats de l’analyse nous ont amenés jusqu’ici. »

« Des poteaux ? » demanda l’homme, d’un air étonné. « Vous voulez parler du tueur épouvantail ? »

Mackenzie fronça les sourcils, n’aimant pas beaucoup le fait que cette enquête soit en passe de devenir un sujet public de conversation. Si un homme seul dans le bureau d’un entrepôt à bois en avait entendu parler, il y avait de grandes chances que les nouvelles concernant l’affaire se répandent comme une trainée de poudre. Et parmi elles, son visage placardé dans les journaux parlant de l’enquête.

Il lui jeta d’ailleurs un coup d’œil et elle crut voir dans son regard qu’il la reconnaissait.

« Oui, » dit Ellington. « Est-ce que vous vous rappelez si quelqu’un d’inhabituel est venu acheter ces poteaux ? »

« Je serais heureux de vous aider, » dit l’homme derrière le comptoir. « Mais j’ai bien peur que ce soit un peu compliqué pour vous. En fait, je ne reçois et ne vends du bois qu’à des entreprises ou à de plus petits entrepôts à bois. Tout ce qui sort d’ici part en général pour un autre entrepôt à bois ou pour une entreprise quelconque. »

« Quelle sorte d’entreprises ? » demanda Mackenzie.

« Ça dépend du type de bois, » dit-il. « La plupart de mes bois partent pour des entreprises de construction. Mais j’ai aussi quelques clients qui font dans le travail artisanal, comme la confection de meubles par exemple. »

« Combien de clients passent par ici par mois ? » demanda Ellington.

« Environ soixante-dix clients, si c’est un bon mois, » dit-il. « Mais les derniers mois ont été assez tranquilles. Ce sera peut-être plus facile de trouver ce que vous recherchez. »

« Autre chose, » dit Mackenzie. « Est-ce que vous faites une marque particulière sur le bois qui sort d’ici ? »

« Pour les grandes commandes, je place parfois un tampon sur un morceau par chargement. »

« Un tampon ? »

« Oui. Je le fais avec une petite presse que je garde à l’extérieur. Elle marque la date et le nom de mon entrepôt sur le morceau en question. »

« Mais rien de gravé ou de taillé ? »

« Non, rien dans le genre, » dit l’homme.

« Pourriez-vous nous montrer les dossiers concernant les clients ayant acheté des poteaux pré-découpés en cèdre ? » demanda Ellington.

« Oui, bien sûr. Vous savez la taille ? »

« Un instant, » dit Ellington, en cherchant son téléphone pour récupérer sans doute l’information.

« Deux mètres sept cent cinquante, » dit Mackenzie, se rappelant du chiffre de mémoire.

Ellington la regarda et lui sourit.

« Trois cents centimètres sous terre, » dit Mackenzie, « et deux mètres quatre cent cinquante au-dessus du sol. »

« Les poteaux étaient également assez anciens, » dit Ellington. « Le bois n’était pas frais et le résultat de nos analyses nous a également révélé qu’il n’avait subi aucun type de traitement. »

« Ça rend les choses un peu plus faciles, » dit l’homme. « Si ça vient d’ici, du bois plus ancien proviendrait de mon stock de rebut. Accordez-moi un instant et je vous trouve l’information. À partir de quelle date vous voulez que je cherche ? »

« Disons les trois derniers mois, juste pour être certain, » dit Ellington.

L’homme hocha de la tête et se dirigea vers l’une des armoires vieillottes de classement placées derrière lui. Pendant qu’ils patientaient, le téléphone de Mackenzie se mit à sonner. Quand elle répondit, elle eut peur que ce soit Zack qui l’appelle pour demander une sorte de réconciliation. Elle fut soulagée de savoir que ce n’était que Porter.

« Allô ? » dit-elle, en répondant à l’appel.

« Mackenzie, où es-tu ? » demanda Porter.

« Je suis avec Ellington à l’entrepôt à bois Palmer. On vérifie l’information fournie par les résultats d’analyse des échantillons prélevés sur le poteau. »

« Et ? Quelque chose de neuf ? »

« Ça ressemble à une piste menant à de nombreuses autres pistes. »

« Ah merde, » dit Porter. « Je suis désolé de te l’apprendre mais ça ne s’arrange pas. » Il hésita durant un instant et elle entendit un soupir hésitant de l’autre côté de la ligne avant qu’il n’ajoute :

« On a retrouvé un autre corps. »

CHAPITRE QUINZE

Quand ils arrivèrent à la nouvelle scène de crime quarante minutes plus tard, Mackenzie était assez mal à l’aise de se rendre compte que celle-ci était bien plus proche de chez elle. La scène se trouvait à exactement trente-cinq minutes de sa maison, dans le jardin arrière d’une maison délabrée et abandonnée depuis longtemps. Elle pouvait presque voir l’ombre de cette femme assassinée s’étendre à travers le plat pays, à travers les rues de la ville et descendre jusqu’au pas de sa porte.

Elle fit de son mieux pour calmer ses nerfs au moment où elle et Ellington se dirigèrent vers le poteau. Elle regarda la vieille maison et fixa particulièrement ses encadrements vides de fenêtre. Ils lui apparaissaient tels des yeux menaçants regardant vers l’extérieur et se riant d’elle.

Il y avait une petite foule de policiers autour du poteau et Porter se tenait au milieu d’eux. Il regarda Mackenzie et Ellington s’approcher du poteau mais Mackenzie le remarqua à peine. Elle était trop occupée à observer le corps, remarquant tout de suite deux differences très visibles sur cette victime.

D’abord, la femme avait de petits seins, alors que les deux victimes précédentes étaient plutôt bien dotées. Deuxièmement, les lacérations qui avaient été auparavant présentes sur le dos des autres victimes étaient également visibles sur l’abdomen et la poitrine de cette femme-ci.

 

« Ça commence à dégénérer, » dit Porter, à voix basse et avec un air hagard.

« Qui a trouvé le corps ? » demanda Mackenzie.

« Le propriétaire du terrain. Il vit à trois kilomètres d’ici. Il avait mis une chaîne pour empêcher les gens d’emprunter le chemin de terre privé et il a remarqué qu’elle avait été coupée. Il dit que personne ne vient jamais ici, à part les chasseurs occasionels lors de la saison de la chasse, mais comme tu le sais sûrement, la saison de la chasse ne commence pas avant plusieurs mois. De plus, il dit qu’il connaît tous les hommes qui chassent par ici. »

« C’est un chemin privé ? » demanda Mackenzie, en se retournant pour regarder le chemin de terre qu’ils venaient d’emprunter pour arriver jusqu’ici.

« Oui. Ce qui veut dire que celui qui a fait ça, » dit-il, en désignant le corps pendu d’un geste de la tête, « a coupé la chaîne. Il savait où il venait montrer son nouveau trophée. Il l’avait planifié. »

Mackenzie hocha de la tête. « Ce qui démontre une préméditation et une finalité et pas une pulsion psychologique de déséquilibré. »

« Est-il possible que le propriétaire du terrain soit impliqué? » demanda Ellington.

« Deux hommes sont occupés à l’interroger chez lui à l’instant même, » dit Nelson. « Mais j’en doute. Il a soixante-dix-huit ans et il marche en boîtant. Je ne le vois pas hêler des poteaux ou parvenir à attirer par la ruse des strip-teaseuses dans son camion. »

Mackenzie s’approcha du corps, Ellington la suivant de près. Cette femme avait l’air beaucoup plus jeune que les autres, environ la vingtaine. Sa tête était inclinée vers le bas, en direction du sol, mais Mackenzie remarqua le rouge à lèvre rouge foncé étalé en travers de sa joue et de son menton. Son mascara foncé avait également coulé, en laissant des stries foncées sur son visage.

Mackenzie se dirigea vers l’arrière du Poteau. Les lacérations étaient similaires à celles des deux autres victimes. Certaines étaient encore assez fraîches et les rebords en étaient encore humides, le sang n’ayant pas encore eu totalement le temps de sécher. Elle s’accroupit vers la base du poteau mais elle fut interrompue par Nelson. .

« J’ai déjà vérifié, » dit-il. « Tes chiffres sont bien là. »

Ellington la rejoignit et s’accroupit pour jeter un coup d’oeil. Il regarda Mackenzie. « Des indices sur ce que ces chiffres représentent ? »

« Non, rien, » dit-elle.

« Je pense que ça va de soi, » dit Nelson, « mais cette affaire est maintenant la top priorité. Agent Ellington, combien de temps avant de pouvoir recevoir des renforts sur cette enquête ? »

« Je peux passer un coup de fil et obtenir probablement déjà des renforts cet après-midi même. »

« Allez-y, faites-le, s’il vous plaît. Des résultats du côté de l’entrepôt à bois ? »

« On a obtenu seize noms, » dit Mackenzie. « La plupart sont des entreprises de construction. Nous allons les vérifier une à une et voir si elles peuvent nous fournir une quelconque information utile. »

« Je vais mettre quelques hommes là-dessus, » dit-il. « Pour l’instant, je veux que toi et Ellington suiviez les pistes les plus prometteuses. Vous êtes mes hommes de pointe sur cette affaire, alors faites ce que vous avez à faire pour la résoudre. Je veux ce salopard de malade assis dans une salle d’interrogation avant la fin de la journée. »

« Pendant ce temps, je vais demander à quelques-uns de mes hommes d’étudier les cartes de la région dans un rayon de cent cinquante kilomètres. On divisera le terrain et on mettra sous surveillance toute zone isolée comme celle-ci, comme celle du champ du dernier meurtre ou comme les champs de maïs facilement accessibles. »

« Autre chose ? » demanda Ellington.

« Rien auquel je puisse penser pour l’instant. Maintenez-moi informé des moindres détails que vous pourriez trouver. On en parle davantage dans un instant, » dit Nelson. Il se retourna vers Mackenzie et lui adressa un mouvement de la tête. « White, je peux te parler un instant ? »

Mackenzie s’éloigna du Poteau et suivit Nelson du côté de la maison en ruines, se demandant de quoi il s’agissait.

« Es-tu à l’aise de travailler avec Ellington ? » demanda-t-il.

« Oui monsieur. Son point de vue est très pertinent et il a été très utile au moment de mettre les choses au clair. »

« OK, tant mieux. Écoute, je ne suis pas un idiot. Je connais ton potentiel et je sais que s’il y a une seule personne sous mes ordres qui peut arrêter ce salopard, c’est bien toi. Et il est hors de question que je laisse les fédéraux s’emparer de cette enquête. Alors je veux que tu travailles avec lui. J’ai déjà parlé avec Porter et je l’ai réassigné. Il est toujours sur l’affaire mais je lui ai demandé d’aider avec le porte à porte. »

« Et il était d’accord avec cette décision ? »

« Ne te tracasse pas pour ça. Pour l’instant, tu restes collée à cette affaire et tu te fies à ton instinct. Je te fais confiance et je sais que tu prendras les bonnes décisions. Tu n’as pas besoin de me consulter pour chaque petit détail. Fais ce que tu as à faire pour arrête cette tuerie. Tu peux faire ça pour moi ? »

« Oui, monsieur. »

« C’est bien ce que je pensais, » dit Nelson avec un petit sourire. « Maintenant, toi et Ellington, foutez-moi le camp d’ici et ramenez-moi des résultats. »

Il lui donna une petite tape dans le dos qui, tout bien considéré, valait presque autant que le geste d’Ellington lui tenant la porte à l’entrepôt de bois. C’était une grande avancée venant de Nelson, et elle lui en fut reconnaissante. Ils marchèrent ensemble jusqu’au corps et Mackenzie regarda à nouveau les chiffres. Elle sentait qu’ils contenaient un indice, que ces fichus chiffres étaient la clé pour résoudre toute cette histoire.

Elle sentait qu’une partie de lui avait envie d’être pris. Il leur tendait des perches.

« Tout va bien ? » demanda Ellington, en se tenant debout de l’autre côté du poteau.

Elle hocha de la tête et se remit debout.

« Vous avez déjà travaillé sur une affaire de ce style ? »

« Seulement deux, » dit-il. « L’une d’entre elles finit par comptabiliser huit meurtres avant qu’on ne parvienne à l’attraper. »

« Vous pensez que c’est ce qui va se passer ici ? » demanda-t-elle.

Elle n’aimait pas l’idée que ses questions la fassent paraître peu sûre d’elle et même inexpérimentée mais elle avait besoin de savoir. Tout ce qu’elle avait à faire, c’était de se rappeler combien elle avait été terrifiée durant quelques instants dans sa propre maison, effrayée par ce qui apparemment n’avait été que le bruit imaginé d’un plancher qui grinçait, pour comprendre combien cette affaire commençait à l’affecter. Elle y avait perdu un petit ami et elle commençait tout doucement à y perdre son sang-froid, alors il était hors de question qu’elle y perde quelque chose de plus.

« Pas si on peut l’éviter, » répondit Ellington. Il soupira. « Alors dis-moi, qu’est-ce que tu vois de nouveau ici ? »

« Et bien, le fait que le tueur ait choisi une route au milieu de nulle part semble étrange. La chaîne qui fermait le chemin ne l’a pas arrêté. En outre, il savait qu’elle serait là. Il s’était préparé à la couper. »

« Ce qui veut dire ? »

Elle savait qu’il la testait mais il le faisait d’une manière qui n’insultait pas son intelligence. Il la stimulait et elle en appréciait chaque instant.

« Ce qui veut dire qu’il ne choisit pas les endroits au hasard. Il les choisit pour une raison. »

« Donc non seulement les meurtres sont prédéfinis mais également les lieux. »

« On dirait bien. Je pense que je… » dit-elle mais elle s’interrompit.

Sur la droite, en lisière de la forêt clairsemée, elle avait vu quelque chose bouger.

Pendant un instant, elle pensa qu’elle avait rêvé.

Puis elle vit à nouveau du mouvement.

Quelque chose se déplaçait, s’enfonçant dans les bois. Elle pouvait en discerner la forme et elle vit qu’il s’agissait d’une silhouette humaine.

« Hé ! »

C’était tout ce qu’elle avait trouvé à dire et le son était sorti de sa bouche un peu rapidement. Au son de sa voix, la silhouette s’éloigna encore plus rapidement. Toute tentative de discrétion maintenant abandonnée, elle faisait craquer les branches et bruisser le feuillage dans sa fuite.

Agissant instinctivement, Mackenzie piqua un sprint en direction de la forêt. Quand Ellington eut compris ce qu’il se passait et la suivit, Mackenzie était déjà sortie du jardin et parvenue aux bois. Les arbres autour d’elle avaient l’air aussi délaissés et incolores que la maison derrière elle avec ses tristes fenêtres noires la fixant toujours du regard.

Elle écartait les branches en courant à travers la forêt. Elle distinguait le bruit d’Ellington qui la suivait mais elle ne perdit pas de temps ni d’énergie pour se retourner.

« Arrêtez-vous ! » ordonna-t-elle.

Elle ne fut pas surprise de voir que la silhouette continuait à courir. Mackenzie s’était très vite rendue compte qu’elle était plus rapide que sa proie qu’elle rattrapait avec une rapidité dont elle avait toujours été très fière. Elle se prit quelques branches au visage et sentit quelques toiles d’araignée s’accrocher à sa peau mais elle continuait à foncer à travers bois, ímperturbable.

Alors qu’elle rattrapait la silhouette, elle vit qu’il s’agissait d’un homme habillé d’un sweat noir à capuche et d’une paire de jeans foncé. Comme il ne s’était pas retourné une seule fois, Mackenzie n’arrivait pas à deviner son âge mais elle avait pu se rendre compte qu’il avait un léger surpoids et qu’il manquait apparemment d’entraînement. Elle entendait sa respiration siffler alors qu’elle lui collait aux talons.

« Mais merde, » dit-elle en l’atteignant, en tendant le bras et en l’agrippant par l’épaule. « J’ai dit stop ! »

Sur ce, elle le poussa avec force et il tomba au sol. Il roula sur lui-même avant de s’immobiliser.

Je l’ai eu, pensa Mackenzie.

L’homme tenta de se remettre debout mais Mackenzie lui assèna un coup de pied à l’arrière du genou qui le mit à nouveau à terre. En tombant, il se cogna le visage à une racine.

Mackenzie planta son genou dans le dos de l’homme et chercha à atteindre son arme. Ellington finit par arriver et il cloua également l’homme au sol. Maintenant que tout le poids d’Ellington pesait sur lui, il avait arrêté de se tortiller. Mackenzie tendit la main vers sa ceinture et sortit ses menottes pendant qu’Elington lui mettait les mains dans le dos, ce qui lui arracha un autre cri de douleur. Mackenzie lui mit les menottes et remit brutalement l’homme sur ses pieds.

« Quel est votre nom ? » demanda Mackenzie.

Elle se mit debout devant lui et le vit pour la première fois. Le type avait l’air totalement inoffensif. Il était un peu enrobé et devait avoir près de la quarantaine.

« Vous n’êtes pas supposés me poser ce genre de questions avant de m’agresser ? »

Ellington le secoua un petit peu et appuya au niveau de son épaule. « Elle t’a posé une question. »

« Ellis Pope, » dit l’homme, visiblement secoué.

« Et pourquoi êtes-vous ici ? »

Il commença par ne rien dire et au milieu du silence, Mackenzie entendit davantage d’agitation dans les bois. Le bruit venait de sa droite et lorsqu’elle se retourna dans cette direction, elle vit Nelson et trois autres policiers lutter à travers les arbres et le feuillage.

« Mais qu’est-ce qu’il vous arrive ? » hurla Nelson. « Je vous ai vus partir en courant dans mon rétroviseur et… »

Il s’arrêta de parler quand il vit la troisième personne qui les accompagnait, les mains menottées derrière le dos.

« Il dit qu’il s’appelle Ellis Pope, » dit Mackenzie. « Il traînait à la lisière du bois et nous observait. Quand je l’ai interpelé, il s’est mis à courir. »

Nelson s’approcha du visage de Pope et il était clair qu’il se retenait de ne pas lui mettre son poing dans la figure. « Et qu’est-ce que vous faisiez ici, Mr. Pope ? » demanda Nelson. « Vous êtes resté à proximité pour admirer votre oeuvre ? »

« Non, » dit Pope, d’un air bien plus effrayé.

« Alors qu’est-ce que vous faisiez là ? » demanda Nelson. « C’est la dernière fois que je vous le demande avant de perdre mon sang-froid. »

 

« Je suis journaliste, » dit-il.

« Pour quel journal ? » demanda Mackenzie.

« Pas un journal, Un site internet. Le journal rectangulaire. »

Mackenzie, Nelson et Ellington échangèrent un regard pesant jusqu’à ce que Mackenzie sorte son téléphone de sa poche. Elle ouvrit la page de son navigateur, fit une recherche sur Le journal rectangulaire et ouvrit leur page internet. Elle surfa rapidement vers la page du personnel et non seulement elle trouva le nom d’Ellis Pope mais la photo de la biographie montrait également le même homme que celui qui se trouvait devant eux.

Il était très rare que Mackenzie sorte un juron mais elle tendit son téléphone à Nelson en laissant échapper un « Putain. »

« Maintenant, » dit Ellis Pope, se rendant compte qu’il reprenait tout doucement le contrôle de la situation. « Auquel d’entre vous il faut que je m’adresse afin de déposer plainte ? »