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Mémoires du maréchal Berthier … Campagne d'Égypte, première partie

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Ibrahim, fatigué des revers d'une guerre qui ne lui offrait ni espérances ni compensations, s'était laissé ébranler par l'exemple de Mourâd; il avait témoigné au général Kléber le désir d'obtenir les conditions qu'avait acceptées son rival, et devait se séparer des Turcs dès qu'il aurait atteint la lisière du désert. Il était muni d'un passe-port du général en chef, qui l'autorisait à gagner la Haute-Égypte. Mais, soit crainte, soit répugnance, il ne se sépara pas de Nassif-Pacha, comme il s'était engagé à le faire, dès qu'il serait parvenu à Belbéis ou à Salêhiëh, et repassa en Syrie.

Pendant que nous étions aux prises avec les Turcs, les Anglais avaient débarqué à Souez, où ils s'étaient établis avec des troupes, de l'artillerie. Informé de cette occupation par Mourâd, Kléber résolut de jeter les insulaires à la mer, et fit marcher contre eux, dès qu'il eut emporté Boulac. Le chef de brigade Lambert et l'adjudant-général Mac-Sheedy allèrent les chercher à la tête d'un détachement de la 21e légère, d'une compagnie de grenadiers de la 32e de ligne, de cent dromadaires, d'un détachement de dragons, de quelques sapeurs, et de trois pièces d'artillerie légère.

Mac-Sheedy, qui avait déjà commandé Souez, avait ordre de reprendre le commandement de la place, et Lambert de ramener les troupes qui ne seraient pas nécessaires pour la conserver. Cette colonne cheminait à travers les sables, et était près d'atteindre le fort d'Adgeroud, lorsqu'elle rencontra Osman-Bey-Hassan avec plusieurs kiachefs, des mameloucks et des Arabes, au nombre d'environ deux cents. Le bey venait de Ghazah; il avait passé par Souez pour s'entendre avec les Anglais, et les engager à l'accompagner au Caire, où il allait rejoindre Ibrahim-Bey, pour l'aider, disait-il, à exterminer les Français qui souillaient encore cette capitale. La fusillade s'engagea; mais la nuit était épaisse; les mameloucks perdirent quinze à vingt hommes, et échappèrent à la faveur des ténèbres qui ne permettaient pas de les poursuivre. Nous continuâmes; nous espérions joindre les Anglais qui occupaient Souez avec cinq cents nationaux, et sept à huit cents Mekkins; mais Smith avait déjà donné l'éveil à l'officier qui les commandait. L'artillerie avait été embarquée, les troupes européennes étaient à bord et n'avaient laissé sur le rivage que des postes insignifians. Tel était l'état des choses, lorsque quatre mameloucks, échappés à la rencontre d'Adgeroud, vinrent annoncer que nous approchions. Toujours prodigue de déceptions, l'Anglais blâme la frayeur qui les emporte; il proteste que l'armée française est détruite, que le détachement est un ramassis de fuyards qu'il livre au glaive des Mekkins, et regagne son vaisseau.

Cependant, la colonne arrive devant Souez. Les dromadaires se portent sur la montagne de Kalyoumëh, les grenadiers de la 32e tournent la place, interceptent la mer, et empêchent les bâtimens marchands de sortir du port. Ces dispositions faites, on marche à l'ennemi; on l'attaque, on l'enfonce, on entre pêle-mêle avec lui dans la ville, on s'empare de tous les forts. Cette journée mit le complément aux succès qui nous assuraient de nouveau la possession de l'Égypte.

Les Anglais essayèrent d'empêcher les bâtimens de commerce de rentrer dans le port, d'où le combat les avait éloignés. Ils en incendièrent même un qui avait échoué hors de portée de canon et en détruisirent huit autres qui cherchaient à regagner la place. Cette conduite atroce envers des hommes qui, la veille, se battaient pour eux, nous rallia les habitans. Tout étonnés de la bienveillance que nous leur témoignions, ils ne savaient ce qu'ils devaient admirer le plus, de la générosité de leurs vainqueurs, ou de la perfidie de leurs alliés.

L'expédition terminée, le chef de brigade Lambert ramena une partie des troupes au Caire, que les Osmanlis venaient d'évacuer. Les palissades, les fortifications dont ils l'avaient coupée, furent aussitôt détruites, et l'armée se réunit dans la plaine de la Koubbé. Elle reçut les éloges de Kléber, exécuta diverses manœuvres, qui firent l'admiration des beys Osman-El-Bardisy et Othman-El-Achâr; elle défila ensuite, et fit une entrée triomphante, au bruit répété des décharges de l'artillerie des régimens et des forts, qui célébraient à l'envi les succès que nous avions obtenus. La population ne resta pas étrangère au spectacle qui était étalé sous ses yeux; elle s'était répandue dans la plaine, elle couvrait les terrasses, les avenues, et suivait avec émotion les ploiemens et les déploiemens qui lui avaient été si funestes.

L'Égypte était pacifiée, les pachas avaient repassé le désert; Kléber put se livrer tout entier à sa solitude administrative. Le Caire et Boulac attendaient avec anxiété les châtimens qu'il réservait à leur révolte. Cette disposition se prêtait aux mesures qu'il méditait; il frappa le commerce, fit contribuer les riches, et imposa ces deux places à 12 millions. Elles s'attendaient à beaucoup plus; elles acquittèrent avec joie une contribution que, dans leurs mœurs orientales, elles regardaient comme une vengeance bien légère pour le mal qu'elles nous avaient fait. Elle suffit néanmoins pour solder l'arriéré, aligner la solde, et mettre le général à même d'attendre la saison du recouvrement; mais ce n'était pas assez d'être au pair; il fallait s'assurer, se créer des ressources, se faire un fonds de réserve, élever, en un mot, la recette au-dessus de la dépense. Ce fut là que tendirent les efforts de Kléber. Il prit connaissance de toutes les sources du revenu public; il s'adressa à tous ceux qui en avaient fait une étude spéciale, demanda, recueillit partout des lumières, et acquit bientôt la preuve qu'une partie des contributions nous échappait. Il mit fin à cet abus, fit rentrer dans les caisses de la colonie tout ce que la perception en détournait, et se trouva bientôt dans la situation la plus prospère. Il pourvut alors à ce qu'exigeait la défense du pays qu'il occupait; il répara, étendit les fortifications qui existaient déjà, et en éleva de nouvelles dans les lieux où le besoin s'en était fait sentir: les places, comme la capitale, les côtes, comme le désert, se couvrirent également d'ouvrages. Les chances de l'agression extérieure étaient diminuées, et celles de l'attaque intérieure n'existaient plus. Nous avions formé, avec le seul parti qui pût la tenter, une alliance d'autant plus durable, qu'elle était utile à l'un et nécessaire à l'autre; elle était nécessaire aux mameloucks, parce qu'elle seule pouvait leur assurer une existence tranquille, et les faire jouir d'un repos dont deux ans de guerre continue leur avaient révélé tout le prix; elle nous était utile par l'effet moral qu'elle produisait sur les indigènes. Nous avions battu le visir; Mourâd s'honorait du titre de sultan français. Le peuple, qui voyait notre prise de possession sanctionnée par la victoire et par celui qui l'avait si long-temps combattue, la jugeait irrévocable, et s'accoutumait à regarder l'Égypte comme nous étant bien acquise. Ces dispositions avaient encore un autre avantage; elles nous donnaient le moyen de faire des recrues parmi les naturels, de réparer les pertes que nous éprouvions. Déjà la légion grecque, qui, au départ de Bonaparte, était encore peu nombreuse, comptait deux mille hommes dans ses rangs. Elle avait ses grenadiers, ses canonniers, son artillerie de campagne, et avait fait preuve de bravoure pendant le siége du Caire. Une nouvelle compagnie de Syriens s'était formée; on avait aussi organisé des mameloucks de la même nation, et appelé les Cophtes sous les drapeaux. Tous les corps s'organisaient, se disciplinaient, et promettaient de rivaliser avec les demi-brigades, dont ils admiraient la bravoure. L'armée, la colonie, tout prenait une face nouvelle, lorsque Kléber tomba sous les coups d'un assassin.

FIN DES MÉMOIRES DU MARÉCHAL BERTHIER SUR LA CAMPAGNE D'ÉGYPTE