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Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même – Tome II

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COMPARAISON
DE LA CONDUITE
DES ANTI-FÉDÉRALISTES
DES ÉTATS-UNIS DE L'AMÉRIQUE,
AVEC CELLE DES ANCIENS JUIFS

Un zélé partisan de la constitution fédérative dit dans une assemblée publique: – «Qu'une grande partie du genre-humain avoit tant de répugnance pour un bon gouvernement, qu'il étoit persuadé que si un ange nous apportoit du ciel une constitution qui y aurait été faite exprès pour nous, elle trouveroit encore de violens contradicteurs». – Cette opinion parut extravagante; l'orateur fut censuré; et il ne se défendit point.

Probablement il ne lui vint pas tout-à-coup dans l'esprit que l'expérience étoit à l'appui de ce qu'il avoit avancé, et qu'elle se trouvoit consignée dans la plus fidèle de toutes les histoires, la Sainte Bible. S'il y eût songé, il aurait pu, ce me semble, s'étayer d'une autorité aussi irréfragable.

L'être suprême se plut à élever une seule famille, et son attentive providence la combla de bienfaits jusqu'à ce qu'elle devînt un grand peuple. Après avoir délivré ce peuple de l'esclavage, par une suite de miracles, que fit son serviteur Moyse, il remit lui-même à ce serviteur choisi, en présence de toute la nation, une constitution et un code de loix, et il promit de récompenser ceux qui les observeroient fidèlement, et de punir avec sévérité ceux qui leur désobéiroient.

La divinité elle-même étoit à la tête de cette constitution; c'est pourquoi les écrivains politiques l'ont appelée une théocratie. Mais malgré cela les ministres de Dieu ne purent parvenir à la faire exécuter. Aaron et ses enfans composoient, avec Moyse, le premier ministère du nouveau gouvernement.

L'on auroit pensé que le choix d'hommes qui s'étoient distingués pour rendre la nation libre, et avoient hasardé leur vie en s'opposant ouvertement à la volonté d'un puissant monarque, qui vouloit la retenir dans l'esclavage, auroit été approuvé avec reconnoissance; et qu'une constitution tracée par Dieu même, auroit dû être accueillie avec les transports d'une joie universelle. Mais il y avoit, dans chacune des treize tribus, quelques esprits inquiets, mécontens, qui, par divers motifs, excitoient continuellement les autres à rejeter le nouveau gouvernement.

Plusieurs conservoient de l'affection pour l'Égypte, leur terre natale; et dès qu'ils éprouvoient quelqu'embarras, quelqu'inconvénient, effet naturel et inévitable de leur changement de situation, ils accusoient leurs chefs d'être les auteurs de leur peine; et non-seulement ils vouloient retourner en Égypte, mais lapider ceux qui les en avoient arrachés26. – Ceux qui étaient enclins à l'idolâtrie, voyoient, avec regret, la destruction du veau d'or. Plusieurs chefs pensoient que la constitution nouvelle devoit nuire à leur intérêt particulier; que les places avantageuses seraient toutes occupées par les parens et les amis de Moyse et d'Aaron, et que d'autres qui étoient également bien nés en seraient exclus27.

Nous voyons dans Josephe et dans le Talmud quelques particularités, qui ne sont pas aussi détaillées dans l'Écriture.

Voici ce que nous y apprenons. – «Coré désiroit ardemment d'être grand-prêtre; et il fut blessé de ce que cet emploi étoit conféré à Aaron, par la seule autorité de Moyse, disoit-il, et sans le consentement du peuple. Il accusa Moyse d'avoir employé divers artifices pour s'emparer du gouvernement, et priver le peuple de sa liberté; et de conspirer avec Aaron pour perpétuer la tyrannie dans sa famille. Ainsi, quoique le vrai motif de Coré fût de supplanter Aaron, il persuada au peuple qu'il n'avoit en vue que le bien général; et les Juifs excités par lui, commencèrent à crier: – Maintenons la liberté de nos diverses tribus. Nous nous sommes, nous-mêmes, affranchis de l'esclavage où nous tenoient les Égyptiens; souffrirons-nous donc que Moyse nous rende encore esclaves? Si nous devons avoir un maître, il vaut mieux retourner vers le Pharaon, par qui nous étions nourris avec du pain et des oignons, que de servir ce nouveau tyran qui, par sa conduite, nous a exposés à souffrir la famine. —

»Alors ils nièrent la vérité de ses entretiens avec Dieu; et ils prétendirent que le secret de ses rendez-vous, le soin qu'il avoit eu d'empêcher que personne écoutât ses discours, et approchât même du lieu où il étoit, devoit donner beaucoup de doutes à cet égard. Ils accusèrent aussi Moyse de péculat, et d'avoir gardé un grand nombre des cuillers et des plats d'argent que les princes avoient offerts à la dédicace de l'autel28, ainsi que les offrandes d'or, qu'avoit faites le peuple29, et la plus grande partie de la capitation30. Ils accusèrent Aaron d'avoir mis de côté la plupart des joyaux qui lui avoient été fournis pour le veau d'or.

»Indépendamment du péculat qu'ils reprochoient à Moyse, ils prétendoient qu'il étoit rempli d'ambition, et que pour satisfaire cette passion, il avoit trompé le peuple en lui promettant une terre où couloit le lait et le miel. Ils disoient qu'au lieu de lui donner une telle terre, il l'en avoit arraché; et que tout ce mal lui sembloit léger, pourvu qu'il pût se rendre un prince absolu31. Ils ajoutoient que pour maintenir avec splendeur, dans sa famille, sa nouvelle dignité, il devoit faire suivre la capitation particulière qui avoit déjà été levée et remise à Aaron32, par une taxe générale33, qui probablement seroit augmentée de temps en temps, si l'on souffroit la promulgation de nouvelles loix, sous prétexte de nouvelles révélations de la volonté divine, et qu'ainsi toute la fortune du peuple seroit dévorée par l'aristocratie de cette famille.»

Moyse nia qu'il se fût rendu coupable de péculat, et ses accusateurs ne purent alléguer aucune preuve contre lui. – «Je n'ai point, dit-il, avec la sainte confiance que lui inspirait la présence de Dieu, je n'ai point pris au peuple la valeur d'un ânon, ni rien fait qui puisse lui nuire». – Mais les propos outrageans de ses ennemis avoient eu du succès parmi le peuple; car il n'est aucune espèce d'accusation si aisée à faire, ou à être crue par les fripons, que celle de friponnerie.

Enfin, il n'y eut pas moins de deux cents cinquante des principaux hébreux, «fameux dans l'assemblée et hommes de renom»34, qui se portèrent à exciter la populace contre Moyse et Aaron, et lui inspirèrent une telle frénésie, qu'elle s'écria: – «Lapidons-les, lapidons-les; et assurons, par ce moyen, notre liberté. Choisissons ensuite d'autres capitaines, qui nous ramènent en Égypte, en cas que nous ne puissions pas triompher des Cananéens.»

D'après tout cela, il paroît que les Israélites étoient jaloux de leur nouvelle liberté, et que cette jalousie n'étoit pas, par elle-même, un défaut: mais que quand ils se laissèrent séduire par un homme artificieux, qui prétendoit n'avoir en vue que le bien public, et ne songer en aucune manière à ses intérêts particuliers, et qu'ils s'opposèrent à l'établissement de la nouvelle constitution, ils s'attirèrent beaucoup d'embarras et de malheurs. On voit, en outre, dans cette inappréciable histoire, que lorsqu'au bout de plusieurs siècles, la constitution fut devenue ancienne, qu'on en eut abusé et qu'on proposa d'y faire des changemens, la populace qui avoit accusé Moyse d'ambition et de s'être fait prince, et qui avoit crié: – «Lapidez-le, lapidez-le», fut encore excitée par les grands-prêtres et par les scribes, et reprochant au Messie de vouloir se faire roi des Juifs, cria: – «Crucifiez-le, crucifiez-le.» —

 

Tout cela nous apprend qu'une sédition populaire contre une mesure publique, ne prouve pas que cette mesure soit mauvaise, encore que la sédition soit excitée et dirigée par des hommes de distinction.

Je conclus, en déclarant que je ne prétends pas qu'on infère de ce que je viens de dire, que notre convention nationale a été divinement inspirée, quand elle nous a donné une constitution fédérative, parce qu'on s'est déraisonnablement et violemment opposé à cette constitution. Cependant j'avoue que je suis si persuadé que la providence s'occupe du gouvernement général du monde, que je ne puis croire qu'un événement qui importe au bien-être de plusieurs millions d'hommes, qui existent déjà ou qui doivent exister, ait lieu sans qu'il soit préparé, influencé et réglé par cet esprit bienfaisant, tout-puissant et présent partout, duquel émanent tous les autres esprits.

SUR L'ÉTAT INTÉRIEUR
DE L'AMÉRIQUE,
OU
TABLEAU DES VRAIS INTÉRÊTS
DE CE VASTE CONTINENT

La tradition rapporte que les premiers Européens qui s'établirent à la Nouvelle-Angleterre, éprouvèrent beaucoup de peines et de difficultés, comme cela arrive ordinairement quand un peuple civilisé fonde une colonie dans un pays sauvage. Ils étoient portés à la piété, et ils demandoient des secours au ciel, par des prières et des jeûnes fréquens. Cet objet de leurs méditations constantes et de leurs entretiens, tenoit leurs esprits dans la tristesse et le mécontentement; et semblables aux enfans d'Israël, plusieurs d'entr'eux désiroient de retourner dans cette Égypte, que la persécution les avoit engagés à abandonner.

Un jour qu'on proposa dans une assemblée de proclamer un nouveau jeûne, un fermier, plein de bon sens, se leva et observa: – «Que les inconvéniens auxquels ils étoient exposés, et pour lesquels leurs plaintes avoient si souvent fatigué le ciel, n'étoient pas si grands qu'ils auroient pu le craindre, et qu'ils diminuoient chaque jour, à mesure que la colonie se fortifioit; que la terre commençoit à compenser leur travail et à fournir libéralement à leur subsistance; que la mer et les rivières étoient remplies de poisson; que la température étoit douce, le climat sain; qu'ils pouvoient sur-tout, jouir pleinement de la liberté civile et religieuse; qu'il croyoit donc qu'il falloit s'entretenir de pareils sujets, parce qu'ils étoient plus consolans, plus propres à les rendre contens de leur situation; et qu'il convenoit mieux à la gratitude, qu'ils devoient à l'Être-Suprême, de proclamer, au lieu d'un jeûne, un jour d'action de graces.»

L'avis de ce bon cultivateur fut goûté; et depuis ce moment, les habitans de la colonie ont eu, chaque année, assez de motifs de félicité publique, pour pouvoir en remercier Dieu; et en conséquence, un jour d'action de graces a été constamment ordonné par eux et religieusement observé.

Je vois dans les différentes gazettes des États-Unis, de fréquentes réflexions sur la dureté du temps, la décadence du commerce, la rareté de l'argent. – Mon intention n'est point d'affirmer que ces plaintes sont totalement dénuées de fondement. Il n'y a aucun pays, aucun état, où quelques individus n'éprouvent des difficultés à gagner leur vie; où des gens qui n'ont point de métier lucratif, manquent d'argent, parce qu'ils n'ont rien à donner pour s'en procurer; et il est toujours au pouvoir d'un petit nombre d'hommes, de faire beaucoup de bruit. – Mais observons froidement la situation générale de nos affaires, et peut-être nous paroîtra-t-elle moins triste qu'on ne l'a imaginé.

La grande occupation du continent de l'Amérique septentrionale, est l'agriculture. Four un artisan ou un marchand, nous comptons au moins cent laboureurs qui, pour la plupart, cultivent leurs propres champs, et en retirent non-seulement leur subsistance, mais aussi de quoi se vêtir, de sorte qu'ils ont besoin de fort peu de marchandises étrangères; et qu'ils vendent, en outre, une assez grande quantité de denrées pour accumuler insensiblement beaucoup d'argent.

La providence est si bienfaisante envers ce pays, le climat y est si favorable, qu'à compter des trois ou quatre premières années de son établissement, où nos pères eurent à y supporter beaucoup de peine et de fatigue, on n'y a presque jamais entendu parler de disette: au contraire, quoique quelques années aient été plus ou moins fécondes, nous avons toujours eu assez de provisions pour nous nourrir, et même pour exporter. La récolte de l'année dernière a été généralement abondante; et cependant le fermier n'a jamais vendu aussi cher ce qu'il a livré au commerce, ainsi que l'attestent les prix courans qu'on a publiés. La valeur des terres augmente continuellement, à mesure que la population s'accroît. En un mot, le fermier est en état de donner de si bons gages à ceux qui travaillent pour lui, que tous ceux qui connoissent l'ancien monde, doivent convenir qu'il n'y a pas d'endroit où les manouvriers soient si bien nourris, si bien vêtus, si bien logés, que dans les États-Unis de l'Amérique.

Si nous entrons dans nos cités, nous voyons que, depuis la révolution, les propriétaires des maisons et des terreins qui y sont compris, ont vu considérablement augmenter leur fortune. Les loyers se sont élevés à un prix étonnant; ce qui fait multiplier les bâtisses et fournit du travail à un nombre immense d'ouvriers. L'accroissement du luxe, et la vie splendide de ceux qui sont devenus riches, entretiennent aussi beaucoup de monde. Les ouvriers demandent et obtiennent un prix plus haut que dans aucune autre partie du monde, et ils sont toujours payés comptant. Cette classe n'a donc pas à se plaindre de la dureté du temps; et elle compose une très-grande partie des habitans des villes.

Comme je vis fort loin de nos pêcheries américaines, je ne peux pas en parler avec beaucoup de certitude. Mais j'ai entendu dire que l'estimable classe d'hommes qu'on y emploie, est la moins bien payée, ou qu'elles ont moins de succès qu'avant la révolution. Ceux qui font la pêche de la baleine, ont été privés d'un marché où ils alloient vendre leur huile: mais je sais qu'il s'en ouvre un autre qui pourra leur être également avantageux; et les demandes de chandelle de spermaceti augmentent chaque jour; ce qui conséquemment, en fait hausser le prix.

Restent à présent les détailleurs, ou ceux qui tiennent des boutiques. Quoiqu'ils ne composent qu'une petite partie de la nation, leur nombre est considérable, et même trop pour le genre d'affaires qu'ils ont entrepris; car dans tous les pays, la consommation des marchandises a ses limites, qui sont les facultés du peuple, c'est-à-dire, ses moyens d'acheter et de payer. Si les marchands calculent mal ces proportions, et qu'ils importent trop de marchandises, ils doivent nécessairement trouver difficilement à vendre l'excédent; et quelques-uns d'entr'eux diront que le commerce languit. L'expérience les rendra, sans doute, sages, et ils importeront moins. Si trop d'artisans des villes, et de fermiers de la campagne deviennent marchands, dans l'espoir de mener une vie plus agréable, la quantité d'occupation de ce genre divisée entr'eux tous, est trop peu de chose pour chacun en particulier; et ils doivent se plaindre de la décadence du commerce. Ils disent aussi que cela n'est dû qu'à la rareté de l'argent; tandis que, dans le fait, l'inconvénient provient moins de la diminution des acheteurs, que de la multiplicité des vendeurs; et si les fermiers et les ouvriers qui se sont faits marchands, retournoient à leur charrue et à leurs outils, il y auroit assez de veuves et d'autres femmes pour tenir les boutiques, et elles trouveroient suffisamment à gagner dans ce commerce de détail.

Quiconque a voyagé dans les différentes parties de l'Europe, et a observé combien peu on y voit de gens riches ou aisés, en comparaison des pauvres; combien peu de gens y sont grands propriétaires, en comparaison de la multitude de misérables ouvriers mal payés, et de journaliers déguenillés et souffrant la faim; quiconque, dis-je, se rappelle ce tableau, et contemple l'heureuse médiocrité qui règne dans les états américains, où le cultivateur travaille pour lui-même et entretient sa famille dans une honnête abondance, doit, ce me semble, juger que nous avons raison de bénir la divine providence, qui a mis tant de différence en notre faveur, et être convaincu qu'aucune nation connue, ne jouit d'une plus grande portion de félicité humaine.

Il est vrai que la discorde et l'esprit de parti troublent quelques-uns des États-Unis. Mais regardons en arrière, et demandons-nous s'ils en ont jamais été exempts? Ce mal existe par-tout où fleurit la liberté, et peut-être aide-t-il à la conserver. Le choc des sentimens opposés fait souvent jaillir des étincelles de vérité, qui produisent une lumière politique. Les diverses factions qui nous divisent, tendent toutes au bien public; et il n'y a réellement de différence entr'elles, que dans la manière d'y parvenir. Les choses, les actions, les opinions, tout enfin, se présente à l'esprit sous des points de vue si différens, qu'il n'est pas possible que nous pensions, tous à-la-fois, de la même manière, sur un objet quelconque, tandis qu'à peine le même homme en a la même idée en différens temps. L'esprit de parti est donc le lot commun de l'humanité; et celui qui règne chez nous n'est ni plus dangereux, ni moins utile que celui des autres pays et des autres siècles qui ont joui, au même degré que nous, de l'extrême bonheur d'une liberté politique.

Quelques-uns d'entre nous ne sont pas si inquiets de l'état présent de nos affaires, que de ce qui peut arriver un jour. L'accroissement du luxe les alarme; et ils pensent que c'est-là ce qui nous conduit à grands pas vers notre ruine. Ils remarquent qu'il n'y a jamais de revenu suffisant sans économie; et que toutes les productions annuelles d'un pays peuvent être dissipées en dépenses vaines et inutiles, et la pauvreté succéder à l'abondance. – Cela peut-être. Cependant cela arrive rarement; car il semble qu'il y a chez toutes les nations une plus grande quantité de travail et de frugalité, contribuant à les enrichir, que de paresse et d'oisiveté, tendant à les appauvrir; de sorte que tout balancé, il se fait une accumulation continuelle de richesses.

Songez à ce qu'étoient du temps des anciens Romains, l'Espagne, les Gaules, la Germanie, la Grande-Bretagne, habitées par des peuples presqu'aussi pauvres que nos Sauvages; et considérez les richesses qu'elles possèdent à présent, l'innombrable quantité de villes superbes, de fermes bien établies, de meubles élégans, de magasins remplis de marchandises; sans compter l'argenterie, les bijoux et tout le numéraire. Oui, elles possèdent tout cela, en dépit de leurs gouvernement exacteurs, dispendieux, extravagans, et de leurs guerres destructives. Cependant on n'a jamais gêné, dans ces contrées, ni le luxe, ni les prodigalités de l'opulence. – Ensuite, examinez le grand nombre de fermiers laborieux et sobres, qui habitent l'intérieur des états américains, et composent le corps de la nation, et jugez s'il est possible que le luxe de nos ports de mer puisse ruiner un tel pays.

Si l'importation des objets de luxe pouvoit ruiner un peuple, nous serions probablement ruinés depuis long-temps, car la nation anglaise prétendoit avoir le droit de porter chez nous, non-seulement les superfluités de son pays, mais celles de toutes les autres contrées de la terre. Nous les achetions, nous les consommions; et cependant nous avons prospéré et sommes devenus riches. À présent nos gouvernemens indépendans peuvent faire ce qui leur étoit alors impossible. Ils peuvent diminuer par des impôts considérables ou empêcher par une prohibition sévère, ces sortes d'importations; et nous nous enrichirons davantage, si toutefois, et cela est incertain, le désir de nous parer de beaux habits, d'être bien meublés, d'avoir des maisons élégantes, ne doit pas, en excitant le travail et l'industrie, produire beaucoup plus que ne nous coûtent ces objets.

 

L'agriculture et les pêcheries des États-Unis sont les grandes sources de l'accroissement de nos richesses. Celui qui sème un grain de bled, est peut-être récompensé de sa peine par quarante grains de bled que la terre lui rend; et celui qui tire un poisson du sein de la mer, en retire une pièce d'argent.

Nous devons être attentifs à ces choses-là, et nous le serons sans doute. Alors, les puissances rivales, avec tous leurs actes prohibitifs, ne pourront pas beaucoup nous nuire. Nous sommes les enfans de la terre et des mers, et semblables à l'Antée de la fable, si en luttant avec un Hercule nous avons quelquefois le dessous, le seul attouchement de nos parens nous rendra la force de renouveler le combat.

26Nombres, chap. 14.
27Nombres, chap. 14, vers. 3. – «Et ils se réunirent tous contre Moyse et Aaron, et leur dirent: Vous prenez trop sur vous. Vous savez que toutes les assemblées sont saintes, ainsi que chaque membre de ces assemblées: pourquoi donc vous élevez-vous au-dessus de l'assemblée?»
28Nombres, chap. 7.
29Exode, chap. 35, vers. 22.
30Nombres, chap. 3, et Exode, chap. 30.
31Nombres, chap. 14, vers. 13. – «Tu regardes comme peu de chose de nous avoir ôtés d'une terre où coule le lait et le miel, et de nous faire périr dans le désert, pourvu que tu deviennes notre prince absolu».
32Nombres, chap. 3.
33Exode, chap. 30.
34Nombres, chap. 14.