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Fierabras

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Comment les françoys furent mis hors de prison et visitez par la noble pucelle Floripes et la beaulté de sa chambre

Le .iiii. chapitre.

Quant floripes la belle eut parlé a son plaisir aux barons prisonniers elle demanda son chamberlam et luy fist aporter une corde et ung baston lié au travers. puis la descendit dedens. et quant les françoys veirent le fait vont monter dessus. premierement Olivier. et puis la fille et son chamberlan le vont tirer a grant force et puis legierement monterent les aultres et puis les mena par une vielle porte et secrete. et sans ce que nul le sceust des payens ils vont entrer en la chambre de floripes dont l'entree estoit faicte merveilleusement selon l'oeuvre sarrazine. dessus la maistresse porte par beaulz ars estoyent faitz les cieulx. les estoilles. le soleil. la lune. le temps d'esté et d'yver. boys. montaignes. oyseaulx. bestes. poissons. y estoyent paintz de toutes especes et figures par merveilleuse façon. et selon les escriptures le filz matusale la fist faire et estoit celle chambre sur une roche noire toute environnee de la mer. et en ung des quarrés de la maison avoit ung pretoire merveilleusement bel ou jamais fleurs ne fruitz ne failloyent. et de la toutes maladies fors de celle de la mort on trouvoit confort et bon adjutoire. La dedens vient et croist la mandegloire. et avec la belle floripes en la salle estoyent ses dames. Claremondine. florette florimonde. et plusieurs aultres belles pucelles et sa maistresse qui se disoit maragonde laquelle dist a floripes. Je vueil mourir se je ne congnois ces françoys Celluy bel escuyer que vous veez c'est Olivier qui est filz a Regnier de gennes et frere a Adam l'une des belles qui soit nee. et est celluy qui a vincu Fierabras ton frere. Et celluy est Guerard de mondidier. et l'autre est Guillaume l'estoc. et le camus qui est par dela est geoffroy l'angevin. mais je prie a mahon mon dieu qu'il me mauldie se jamais menge ne boy que premier ne l'aye compté a vostre pere monseigneur l'admiral. Floripes mua tout le sens quant elle ouyt ces parolles et moult secretement elle retint son ire contre elle. et va demander celle femme au près d'une fenestre. et puis luy donna si grant coup qu'elle la mist a terre. et elle demanda son varlet lequel vint a elle presentement et vont bouter celle femme en la mer. car floripes redoubtoit fort son pere. Et quant la ville tomboyt floripes luy dist. Or alez vielle despiteuse vous avez vostre guerdon je suis bien seure maintenant que les françoys qui sont icy ne seront jamais par vous encombrez ne en dangier. Et de cecy les barons vont faire grant joye. et tantost floripes vint aux françoys et les baisa moult doulcement. et veit olivier qui estoit tout ensanglanté. et congneut qu'il estoit navré et dist. Sire olivier ne vous doubtez. car je vous rendray tantost en bonne santé. et s'en vint a la mandegloire et en print ung petit. Et tantost que Olivier en eut usé il fut reduyt en bonne santé. Les barons estans en celle noble chambre tantost furent assis a table et bien pourveux de tous vivres et de viandes delicieuses desquelles ilz avoyent bien mestier a cause de la fain que desja avoyent enduré. Au departir du mengier ilz eurent les baingz eschauffez esquelz ils se vont tous refaire. et au partir chascun fut affeublé d'ung manteau de paille et bordé d'or. Et dist la belle floripes Seigneurs barons vous sçavez comment me suis mise en dangier pour vous mettre hors de la prison mortelle et estes ceans a seurté: mais se d'avanture quelc'un nous avoit ouy nous serions trestous mal venuz et ne suis en aultre doubte Olivier qui est icy present a vaincu mon frere. auquel naturellement je devoye faire opprobre et reprehension je vous congnois bien tous n'en soyés de riens esbahys et vous sçavez que vous m'avez promis que mon secret seroit celé entre vous et tous luy vont promettre de faire sa voulenté de leur pouvoir Et puis dist floripes Seigneurs je vous diray. Il ya ung chevalier en france que j'ay long temps aymé qui se nomme Guy de bourgoigne qui est plus beau que ne sçauroie dire. et est du parentaige a charlemaigne et de rolant le trespuissant. une fois que j'estoye a romme je le veis de celle heure je luy donnay mon cueur quant mon pere l'admiral destruist la cité de romme lucafart de bendas qui estoit moult redoubté entre les payens et ledit guy de bourgoigne jousterent ensemble. mais ledit guy le mist a terre dessoubz son cheval. ainsi que moult me pleut. et prins si en gré la vaillance de luy que despuis que le veis si vaillant je l'ay eu en mon cueur tellement que se je ne l'ay a mary jamais ne seray mariee. Et pour l'amour de luy je me vouldroye baptiser et croyre au dieu des crestiens. A celle parolle les françoys furent moult joyeux et vont rendre graces a dieu de la voulenté de ceste belle pucelle et dist girard. Ma dame je vous jure que se nous estions armez maintenant et nous fussions en la salle des payens nous en ferions grande desconfite. mais floripes fut saige et dist. Seigneurs pensons saigement a noz affaires. et puis que vous estes a seurté prenez ung petit de repos. Veez cy six pucelles de grande noblesse. chascun de vous prengne la sienne pour mieulx desduyre le temps et se reposer et preigne desbatement: et je vous regarderay s'il vous vient a plaisir. car quant est de moy je n'ay que faire de homme qui vive que de guy de bourgoigne a qui j'ay donné mon cueur. toutesfois a bien considerer en cestuy chapitre grant oeuvre. fut comprinse. Quant premierement floripes la courtoise. qui estoit payenne eut desir de parler aux françoys et cecy touche bien la voulenté des femmes pour sçavoir des nouvelles. mais en tant qui touche l'oeuvre qu'elle fit contre le maistre et garde de la prison. et comment ilz furent mis dehors ce fut oeuvre divine bien approuvee et grant dommaige eust esté se ces barons fussent demourez dedens. mais la foy des personnes fait grant allegement de tourment car les saintz de paradis par sainte foy ont obtenu paradis et plusieurs terriennes victoires de leurs ennemis. Et a bon droit celluy qui bataille pour la foy. et il advient qu'il soit detenu. la misericorde de dieu luy est prouchaine pour le delivrer. La cause pourquoy ilz furent delivrez de prison elle estoit de loing venue: c'est de rome pour guy de bourgoigne que avoit en amour. et estoit contente de se baptiser et croire en dieu pour avoir a mary Guy de bourgoigne pourquoy on peult comprendre comme amour en ceste damoiselle estoit enserree et comprinse de longue amour et affection: laquelle fut cause de saulver les prisonniers qui estoyent comme j'ay dit en grant dangier.

Comment le roy charles manda a Ballant l'admiral sept pers de france qui n'y vouloyent pas aller

Le .v. chapitre.

Le duc de gennes pere d'olivier qui ne povoit dormir ne boire ne menger pour la douleur qu'il avoit de son filz. quant il ne peust plus endurer il s'en vint au roy charles et luy dist. Sire empereur pour la sainte amour de dieu que il vous plaise prendre pitié de moy. vous sçavés ma douleur. doy je perdre mon filz olivier. et pour lequel je suis en angoisse continuellement se je n'en ay aultres nouvelles je mourray devant deux jours de melencolie. ou il m'est force de me mettre a chemin pour y aller. Quant charles l'entendit moult fut esmeu et plain de compassion pour la melancolie de regnier et demanda Rolant et luy dist Beau nepveu Rolant entendés a moy demain bien matin il vous fault aller a aigremoire et dictes a ballant l'admiral sans riens celer qu'il vous rende la couronne de jhesucrist et les aultres reliques. pour lesquelles j'ay prins grant peine. et puis luy demandés mes barons qu'il tient prisonniers. et s'il vous contredit dictes luy que je feray trainer villainement et puis après pendre par le col les yeulx bendés comme larron prouvé. Quant il eut dit Rolant respondit. Sire roy et bel oncle prenez mercy de moy. Je suis bien seur que se je y voys veritablement que jamais ne me verrés. Le duc naymes fut la qui dist. Sire empereur regardez que vous voulez faire. Rolant est vostre nepveu vous sçavez de quelle valeur il est. s'il va la ou vous dictes jamais n'en reviendra. Et charles respondit. Et je vous jure sire naymes que vous irés avecques luy et porterés mes lettres que je mande a l'admiral. Cecy estre dit basin de genevoys vint devant et dist. Et comment voulez vous ainsi perdre voz chevaliers je suis certain que s'ilz y vont comme vous l'avés dit ung seul jamais n'en retournera. Charles jura les deux yeulx de sa teste que basin iroit avec les deux aultres et par ainsi seront trois. Tierry le duc d'ardaigne dit comme les aultres pourquoy il fut ordonné pour y aller. Ogier le dannoys semblablement parla qu'on n'y deust point aller mais avec les aultres il fut ordonné pour y aller Richart de normandie s'en vint a l'empereur et dist. Sire roy je suis esbahy comment il ne vous prent pitié de voz chevaliers que sachamment vous voulés faire mourir je sçay bien que se celle part vont vous les avez perduz. Par le dieu en qui je croy dist charles vous irés entre les aultres et serez six pour pourter mes lettres a ballam que j'ay tant en hayne et puis regarde guy de bourgoigne et luy dist venez a moy. vous estes mon cousin et mon parent de moy prisé et aymé: vous serez le septiesme pour faire mon messaige a l'admiral d'espaigne. Et luy dirés qu'il propose de soy baptiser et qu'il tiengne de de moy son royaulme ses villes et citez et aussi qu'il me rende les reliques dont je prens tant grant peine et travail. Et s'il vous contredit dittes luy que je le fray pendre et estrangler et mourir villainement. Helas dist guy de bourgoigne empereur treschier je congnois a ceste fois que vous me voulés perdre. Se je y vois jamais je n'en reviendray j'en suis bien seur. Et sur ce le souleil coucha et fut encliné vers la nuyt et vont soupper. Et le matin aussi tost que le soleil fut levé les sept barons dessus nommés vindrent devant charles. Et va dire naymes de bavieres. Empereur de noblesse redoubté en tous lieux nous sommes icy pour obeyr a ton commandement. Nous te prions que nous donnes licence et congié pour partir. et s'il ya personne en ceste presence ne en tout l'exercite qui nous ait mesfait: nous luy pardonnons et semblablement se nous avons offencé a nulluy en l'onneur de dieu qu'il nous soit pardonné. A ces parolles les françoys qui estoyent presens de pitié commencerent a plourer et dist charles aux barons. Mes princes et barons treschiers et tresbiens amez a dieu de paradis je vous commande: et du merite de la saincte passion et au glorieux vaisseau de la croix qu'il vous soit en aide. Et a chemin se mirent hastivement eulx transportans en estrange pays.

 

Comment l'admiral transmettoit quinze roys sarrazins a l'empereur pour ravoir fierabras lesquelz furent rencontrez par les pers de france et mis a mort

Le .vi. chapitre.

En aigremoire pour lors estoit Balam l'admiral doulent et courroucé et avoit mandé venir vers luy .xv. roys sarrazins pour avoir conseil. lesquelz il attendoit. Et quant il furent venus Maradas le plus fier des xv. parla premierement et dist a Balam. Sire admiral pourquoy sommes nous mandez a toy Balam respondit et dist. Seigneurs je vous diray la verité. charlemaigne de france me requiert grand folie car il veult que je soye subject a luy et que je tiengne mes pays de luy: mais cecy ne se fera point et il est bien fol a mon semblant de pancer en ces folyes pour son meilleur preigne plaisir a dormir et en chambres reposer son corps et prier dieu en ses eglises et qu'il mange ce qu'il a: toutesfois je conseille que vous aillés a luy a mormionde ou il a son logis et que je luy mande le viellart rassoté que il croye en mahon nostre dieu sans prendre dilation et il fera que saige: et oultre plus qu'il me rende mon filz fierabras pour lequel je suis detenu en douleur et d'aultre part veulx qu'il tiengne de moy france et toute sa region: et que s'il ne le fait comme vous deviserez je le iray querir atout cent mille hommes armez. et se d'aventure en vostre chemin vous trouvés homme crestien couppez luy la teste sans avoir mercy. Quant l'admiral eut ce dit Maradas respondit. Sire admiral je congnois que vous nous voulés affoller: car les françois sont moult felons et se nous disons ce que vous avés proposé de nous sera fin: car tantost serons desmembrez: mais ne croyés point que je die cecy pour obvier a vostre commandement ne que je soye celluy qui n'y veulle aller: car j'ay ce couraige que se d'aventure je me mesle parmy ces crestiens j'en mettray a mort dix avant que je soye lassé. Et se je ne faiz comme je l'ay dit je vueil que me facez copper la teste. ses compaignons dirent que chascun d'eulx feroit bien autant que Maradas: pourquoy sans aultre chose deliberer ilz monterent sur gros chevaulx sejournez a grosses lances pennons levez puissantement se sont mys a chemin et n'arresterent jusques au pont de mantrible et le plustost qu'ilz peurent sont passez oultre. et les françoys devant nommez vont rencontrer les sarrazins. et premierement les veit venir le duc naymes qui va dire. O sire dieu de paradis quelle entreprise ont fait les sarrazins les veez vous venir contre nous a grant puissance avisons que nous pourrons faire rolant va dire. seigneurs ne vous doubtez riens regardez ilz ne sont ne vingt ne trente allons tout droit a eulx: les aulcuns furent de son oppinion et vont oultre roydement de la partie des payens fut maradas puissant et bien armé qui va dire aux françoys et comment que vous soiés maulditz estes vous crestiens. Le duc naymes respondit quelque tu soyes tu parlles villainement vasal et ung petit trop follement. nous sommes hommes de charles l'empereur redoubté et allons de par luy faire ung message a ballant l'admiral. Maradas luy dist vous estes en dengier vous voulez vous deffendre ou faire aultrement. Naymes respondit. nous nous voulons deffendre a l'aide de jhesus nostre createur. Maradas va dire. lequel de vous oseroit a moy jouster. Je suis tout prest dist naymes. Maradas respondit tu es bien presumptueulx. car se j'en avoye telz dix comme tu es a mon espee je les vouldroie confondre et leurs testes porter a l'admiral sans gueires me lasser. envoye moy pour jouster quelque abile chevalier. car tu es trop vieillart et chenu pour te prendre a moy et puis dist a ses compaignons attendez moy. personne de vous ne se bouge car seulet je les vueil conquerre. et puis les presenteray a ballant l'admiral. Quant rolant l'eut escouté il cuida perdre le sens et puis dist a maradas. tu as follement parlé et pensé chose ou ja ne te verras avant qu'il soit vespre tu sçauras que nous sçavons faire garde toy de moy. car tu es deffié. Cecy disant frappa son cheval de l'esperon asprement et se rencontrerent si durement a tout les espieux quarrez et agus que ce fut grant merveilles que tous deux ne sont mors De ce coup leurs haubertz furent cassez si asprement et feruz durement sur leurs heaulmes richement oeuvrés Rolant tout furieux tint durandal et attaint maradas fort sur son heaulme et le descercla et divisa. et puis par grant force recouvra son coup sur la teste nue et luy fendit jusques au dessoubz de la cervella et tout mort le renversa a terre. Quant les aultres veirent le roy maradas mort que le roy vouloit emporter sa teste. ilz regarderent l'ung l'autre comme tous esperdus et prindrent conclusion de vouloir prendre vengence des françoys et coururent sur rolant pour le mettre a mort. mais trop merveilleusement se deffendit Et sur ce l'une des parties vint sur l'autre. Et se tindrent en bataille si rudement et especiallement les françoys contre les payens que tous furent mors et occis. Et ne fut saulvé des quinze sinon ung qui s'en fouit quant il veit les aultres mourir et s'en vint denoncer comment ils estoient destruitz par les françoys. et ne cessa celluy qui se saulva de fuyr jusques il fut en la maison de l'admiral. auquel ledit admiral va dire. Sire roy vous estes bien hatif au retourner. dictes moy maintenant comment vous avez fait. L'autre luy dist. Sire admiral par mahon il va tresmal oultre le pont de mantrible nous avons rencontré sept gloutons qui sont tous enragez. et sont des hommes du roy charles. et dirent qu'ilz vous venoyent faire ung messaige par luy. et puis sont courus dessus nous et ont fait si grand devoir contre nous que tous sont mors sinon moy qui suis eschappé a grant peine pour le vous venir denoncer. Quant l'admiral l'entendit bien peu qu'il ne mourut tant fut doulent de la mort de ses roys dessusditz.

Du pont merveilleux de mantrible du tribut qui y failloyt payer pour y passer et comment par belles parolles les françoys passerent oultre

Le .vii. chapitre.

Quant les françoys dessusditz eurent mis a mort les sarrazins ilz en furent tous travaillés et lassés. et s'en vont reposer en ung pré verdoient et puis dist le duc naymes. Mes seigneurs je conseille que nous nous en retournons a charles et luy dirons comment nous avons fait. et je sçay bien qu'il sera bien content quant il verra nostre governement. Adonc rolant va respondre. et comment sire duc naymes parlés vous du retourner. n'en parlés plus. car entre tant qu'il plaira a dieu que je pourray tenir durandal en ma main je ne me pense retourner si aurons nous parlé a ballant l'admiral comment qu'il soit et feront une chose dont chascun parlera nous prendrons de ces testes chascun la sienne et la presenterons a l'admiral. Naymes luy dist. Sire rolant il me semble que vous soyés hors du sens: car se cecy se fasoit nous serions tantost occis. Tierry et les aultres furent de l'oppinion de rolant et prindrent chascun une teste et se mirent au chemin. Le duc naymes fut le premier qui va regarder le pont de mantrible merveilleux comme vous orrez et dist a ses compaignons. Seigneurs entendés dela le pont est aigremoire ou nous devons trouver l'admiral. Ogier le dannois dist. Il nous convient premier passer le pont moult dangereux il ya trente arches de marbres bien spacieuses qui sont fondees a plomb et cyment et a grandes barres de fer: sur lequel pont sont grosses tours et beaulx pilliers richement ordonnez et les meurs sont de grant force: car au plus bas on peult bien dix toises mesurer. de la largeur du pont vous la pouvez bien comprendre. car vingt chevaliers y pouvoient bien aller bras a bras a leur aise et y est le pont pour lever qui descend a dix grosses chaynes de fer et en hault ung aigle d'or moult reluysant et apparent comme le soleil tellement qu'il semble que ce soit feu alumé et la veoit on d'une grande lieue reluyre et la riviere qui passe par dessoubz se nomme flagot et a plus de quinze piedz mesurez jusques aux arcz du pont et court si impetueusement qui sembloit ung quarreau d'arbaleste tellement qui n'est navyre ne engin moyennant lesquelz on peust passer celle riviere pour son impetueuseté. et si vous dis plus oultre Le pont est gardé d'ung geant de par l'admiral qui se nomme galaffre l'ung des terribles des humains et tient une grosse hache d'acier pour consumer celluy qui fera oultre sa voulenté: et plus oultre il est de necessité qui vouldra parler a l'admiral il convient passer par luy. Seigneurs va respondre rolant. Ne vous doubtez de riens je vous en prie ne vous chaille de passer par le pont car je vous jure que tant comme il plaira a dieu de me garder mon corps et que je pourray tenir durandal en ma main je ne doubteray payen la valeur d'ung denier quel qu'il soit. Et par le dieu qui pendit en croix je frapperay le portier s'il se met devant moy quoy qu'il en doyve advenir. Le duc naymes de bavieres le print et dist. Sire rolant vous ne parlés pas saigement: il n'est pas bon de donner ung coup pour en retourner quinze: laisse moy faire. car au plaisir de dieu et de ses sainctz je leur diray tant de menssonges et d'aultres choses que nous passerons oultre sans dangier. Quant les françoys furent devant le pont le portier print cent chevaliers et le vint avaller avec gisarmes. et aultres glayves de deffence. Le premier qui se mist devant ce fut le duc naymes a tout ses cheveulx meslez car il estoit eagé plus que nulz des aultres. Tantost le portier passa oultre et print naymes par la main et puis luy dist. Respondés moy ou voulés vous aller. Naymes respondit. je vous diray la verité. Nous sommes hommes de charles le noble empereur et allons a aigremoire faire messaige a ballant l'admiral: mais certainement il a bien acquité son pays de faulces gens: car n'a pas long temps que sur les champs nous trouvasmes quinze gloutons lesquelz sans raison nous vouloient oster noz chevaulz et nostre vie toutesfois nous les avons gouvernez par maniere que veez cy les testes: regardez bien quelz ilz sont se vous ne m'en croyez. Quant le portier l'eut ouy a bien peu de fait qu'il ne perdit le sens et dist a naymes. Vassal entendez moy. car il vous fault paier le passaige du pont devant toutes choses. Le duc naymes luy dist. demandés moy ce qu'il vous fault et nous vous contenterons. Par mahon dist le portier ce n'est pas peu de fait. car je vous demande premierement trente couples de chiens: puis cent pucelles chastes et de bonnes meurs et cent faulcons muez: après il vous fault cent palefrois en bon point et pour chascun pié de cheval ung marc d'or affiné: et finablement il nous convient avoir quatre sommiers chargez d'or et d'argent: pour ainsi vous sçavez ce qu'il vous fault ou vous ne debvez point icy estre venuz. Et celluy qui ne peult donner le tribut luy convient laisser sa teste sans aultre excusation. Le duc naymes ne fut point esbahy nonobstant qu'il congneust l'occasion que le portier queroit qu'il deusse mourir a cause qu'il n'estoit pas possible de payer ce qu'il avoit devisé. et respondit au portier en ceste maniere. Sire portier se je ne vous doys plus que vous avez devisé je vous feray content avant que midy soit sonné. Après nous vient nostre bagage et harnoys a plus de nombre de cent mille ou il ya pucelles belles et gentes faucons et chiens a grant planté de haubertz heaulmes et bons escutz il ya sans nombre et plusieurs aultres bagues nobles et riches prenez ce qu'il vous plaira a vostre volenté. Le portier se pensa qu'il dist verité et fut bien content et lacha ce pont et puis passerent oultre legierement. Rolant qui ce ouyoit ne se pouvoit tenir de rire et dist. En verité sire duc naymes vous avez bien parlé. car par voz mensonges nous passerons le pont: et alloit rolant tout derriere les aultres. Et quant ilz furent ung petit avant sur le pont rolant va rencontrer ung turc et puis dist a son couraige. Ha sire dieu de paradis laisse moy faire chose dont tu soyes honnoré et tout bien en puisse advenir et sans dire mot a ses compaignons il descendit de dessus le cheval puis print celluy turc par le millieu du corps et le getta hastivement en la riviere Le duc naymes regarda derriere luy et veit cheoir le turc que rolant mist dedens et fut moult courroucé et dist. Sire dieu de paradis je croy que le dyable est au corps de rolant car il n'a point de pacience en luy et se dieu ne nous aide il nous fera occir et villainement mourir. car rolant estoit si fier de couraige que il ne regardoit ne le temps ne le lieu pour soy gouverner mais vouloit ouvrer de fait a son ennemy quelque par que il le peust trouver: car il estoit couraigeux a merveilles.