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Fierabras

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Comment olivier fit priere a dieu quant il se sentit navré

Le .xi. chapitre.

Olivier le noble conte estant en ceste melencolie des grandes playes qu'il avoit au corps pour son reconfort en disant en ceste maniere. O dieu glorieux cause et commencement de tout ce qui est dessus et dessoubz le firmament. par vostre seul plaisir formastes nostre premier pere adam. et pour sa compaignie luy donnastes eve. moyen lesquelz humaine generation se contient. Tous fruitz leur abandonnastes fors seulement d'ung. duquel eve moyen le serpent en fit mengier a adam. dont ilz en perdirent paradis. Et par la sedution des ennemis d'enfer plusieurs ont estez deceuz et damnez. dont vous eustes pitié de la perdition du monde. et venistes prendre chair humaine au ventre de la benoiste vierge marie par la nonciation du saint ange gabriel. et nasquistes comment il vous pleut. Et bien petit après. les trois roys vous vindrent adorer et faire obeissance. D'or d'ensens. et de mirre vous firent les presens. Puis après le roy herodes vous cuidant faire mourir. fist mourir maintz enfans qui sont ores en joye permanable. Et quant vous fustes en aage pour vous determiner vous allastes par le monde en preschant voz amis. dont après par envie les juifz desloyaulx vous pendirent en la croix. en laquelle existant longis le chevalier vous perça vostre costé par l'induction des juifz. Et quant il creut en vous qu'il eut lavé ses yeulx de vostre precieux sang il veit beau et cler. et vous cria mercy dont il eut salvement. Puis par voz amys vous fustes mys au saint sepulchre et le tiers jour après vous ressuscitastes. et reprinstes la vie et descendistes en enfer. et mistes hors adam et Eve et tous ceulx qui estoyent dignes d'avoir paradis. Et au jour de vostre merveilleuse ascention vous montastes es cieulx devant tous voz apostres. Ainsi mon dieu mon createur comme tout cecy est verité et je le croy fermement soyez a mon confort contre ce mescreant que je le puisse vaincre par maniere qu'il soit saulvé. Et cecy estre dit se seigna de son espee en faisant le signe de la croix au nom de dieu et de la sainte trinité. et frappa le cheval sur l'esperance de l'aide de dieu. et fierabras luy va dire en riant. Olivier bel amy je te prie que tu ne me vueilles celer qu'elle est l'oraison que tu as dicte maintenant voulentiers l'ay escoutee par mon dieu talvagant. Or pleust a dieu de paradis dist olivier que vous fussiez en celle grace que vous y creussez ainsi fermement que je fais. car je vous jure que je vous aymeroie autant que je fais rolant. Et fierabras luy respondit. Par mon dieu mahon et talvagant presentement parles d'une folie moult grande.

Comment après grant bataille Olivier conquist le baulme et en beut a son aise. et qu'il en fist. après comment il se trouva a terre quant Fierabras eut occis son cheval

Le .xii. chapitre.

Fierabras courroucé des parolles de olivier par grant ire luy dist. garde toy de moy. car je te deffie A moy l'auras dist olivier et a dieu me commande. Et se vont rencontrer par si dure maniere qu'on veoit le feu habondamment par leurs harnoys. leurs chevaulx plaioyent dessoubz eulx et la terre trembloit de ce bruit en la prarie de mormionde. Fierabras print l'espee en la main et frappa olivier dont fut mallement navré en la poictrine soubz la mammelle et de ce coup luy tournerent les ieulx en le teste et eut la face moult muee Et haultement s'escria dieu et la vierge marie qu'ilz luy voulsissent garantir l'ame. Fierabras par grant couvoitise luy va dire. Olivier entens a moy descens bas seurement et va prendre du baulme et en boy a ton aise: et tantost tu seras guery. et te pourras mieulx defendre encontre moy. et recouvreras force nouvelle. mais olivier pour riens ne l'eust fait s'il eust deu mourir. car d'armes loyalles il le vouloit avoir. Et prestement vindrent l'ung contre l'autre. et adonc se frapperent tellement que fierabras fut navré dangereusement. car l'espee de olivier luy entra dedens la cuysse bien demy pié de parfont. et du sang qui en yssoit l'erbe en estoit toute arrousee. et quant il se veit ainsi navré il beut de son baulme par lequel il fut tantost guery dont olivier fut moult doulant de ce qu'il ne pouvoit mettre fin en ce payen. Et les françoys qui les veoyent feirent a dieu grande priere qu'il voulsist conserver en ce jour olivier et especiallement charlemaigne qui entre les aultres pluschier le tenoit. mais quant olivier veit le payen guery et pour le baulme ainsi consolé. se confiant de l'aide de dieu vint a luy et le frappa sur le heaulme si durement que le coup descendit sur la selle. et trencha la cordelle a laquelle les barilz estoient estachez. et le cheval de fierabras eut paour de celluy coup et fist une petite course par le plaisir de dieu dont olivier avant que le payen s'en print garde s'enclina contre terre et leva les barilz et en beut a son aise et largement. et tantost il fut guery et reconfermé en force nouvelle. et se pensa que se d'aventure fierabras estoit plus navré par luy et ne pouvoit jamais ravoir ses barilz que en la fin il luy en pourroit mal venir. pour quoy luy estant près d'une grande riviere print les barilz et les getta dedens. lesquelz furent tantost enfondrez. Et comme on lit a toutes les festes de saint jehan ces deux barilz se demonstrent dessus l'eaue evidamment. Quant fierabras veit que ces deux barilz estoient perduz a peu de fait qu'il ne perdit le sens. et par grant reprouche dist a olivier O mauvais homme que tu es m'as tu perdu mes barilz qui valoient mieulx que tout l'or de crestienté. mais je te prometz que avant qu'il soit vespre. ilz te seront bien chiers venduz/ car je ne cesseray jusques a ce que tu ayes le chief couppé. Et ce disant vint contre luy: mais olivier qui ne le doubta plus tant comme par avant le vint attendre puis qu'il le pouvoit a son aise eviter. et quant il le veit venir il mist a la deffense de son chief son escu pour eviter le coup. toutesfois fierabras conceut olivier si asprement que son heaulme en fut demaillé. et ne fut point navré et descendit bas le coup si impetueusement qu'il trencha le col du cheval d'olivier et cheut bas a terre et se trouva. olivier tout de pié. mais grant miracle fut du cheval de fierabras qui ne fist semblant de courre sur luy comme il avoit aprins selon que devant j'en ay parlé mais se tint quoy oultre sa propre acoustumance.

Comment fierabras et olivier bataillerent ensemble a piedz merveilleusement. et la pierre que charles fist pour olivier

Le .xiii. chapitre.

Moult furent dolens les françoys quant ilz veirent olivier a pié et se vouloyent armer pour le secourir. mais charles n'y voulut pas consentir pour maintenir son honneur et sa loyaulté. et mist ledit charles les deux genoulx a terre. et fist priere a dieu qu'il fust en confort a olivier qui estoit ainsi de cheval despourveu. Quant olivier se veit ainsi de pié moult fut dolent. et vint a quatre pas de fierabras et luy dist. O roy d'alixandrie envers moy t'es vaillamment porté. aujourd'uy au matin tu t'es tant prisé et as dit que se cincq chevaliers venoyent a toy que tu le vouloyes attendre et conquester. et tu sçays que le roy qui occist cheval doit partie avoir en l'eritage Fierabras respondit. je sçay que tu as dit verité. mais je ne l'ay pas fait de mon gré. toutesfois affin que tu ne soyes mal content de moy je descendray a terre/ et te donneray mon cheval pommelé et tu seras bien monté/ et sachez que jamais jour de ma vie je ne fus si esbahy comme quant il t'a veu a terre qu'il ne t'a estranglé: car jamais je ne mys homme a terre et il fust present qu'il ne fust tantost par luy occis et mis a mort. Olivier respondit. je te prometz que je ne prendray ja ton cheval que premierement ne soit par moy conquesté et gaigné justement. Sur cecy fierabras fut tant noble que pour la vaillance de olivier va dire certes pour la noblesse que je congnois en toy. je vueil faire ce que jamais ne fis pour homme et mist piedz a terre. et fut content de batailler a luy a piedz pource qu'il avoit point de cheval qui fust sien. et estoit ledit fierabras plus hault que olivier d'ung grant pié. et joustoyent de pié l'ung contre l'autre d'un accort si merveilleusement que ce fut grant chose que tous deux ne demourerent au champ tous pasmez du travail qu'il vont la prendre. Ainsi continua celle bataille qui ne povoit prendre fin entre eulx. Pluseurs parolles et reprouches se disoyent l'un a l'autre. mais le noble empereur charles tout cecy voyant grant pitié luy print d'olivier. dont le conte Regnier qui estoit pere de olivier moult doulant de son filz vint aux piez de charles et dit. O noble empereur en l'onneur de dieu prens remors de mon filz que je voy en moment de mourir. aumoins fay priere a Jhesus le createur qu'il luy soit en aide par maniere que je le puisse revoir près de moy en santé. Incontinent charles va dire. Sire dieu se vous permettez que olivier soit vaincu. et que mon droit pour le present soit ainsi avillé je fais promesses que tout crestienté sera destruite. je ne laisseray en france eglise ne monastere. ymage ne aultel. Et puis se mist a deux genoulx a terre et pria en ceste maniere. Mon createur qui pour nostre salvacion naquistes de la vierge marie comme bien je le croy et de vostre glorieuse naissance tout le monde fut enluminé. qui alastes par le monde et y fustes plus de trentedeux ans passez. et fistes au commencement Adam et Eve desquelz nous sommes venuz. et fut en paradis terrestre lieu moult delectable: et leurs furent par vous tous fruitz abandonnez excepté seulement le fruit de vie comme vous pleust l'ordonner. duquel Adam mangea et fut desobeissant. Pourquoy a la reparacion de son meffait et pour le racheter de captivité eternelle et nous aussi vous fustes content de prendre mort en l'abre de la croix après que par judas le traistre vous fustes vendu .xxx. deniers sans plus. Et ung jour de vendredi ainsi fustes pené. et les mains et les piedz mortellement clouez et couronné d'une moult aspre couronne d'espines. Et puis longis vous frappa au cousté qui jamais n'avoit veu. et après qu'il mist sur ses yeulx de vostre sang precieulx il veit clerement. et puis descendites es enfers et en mittes hors voz amys. Et en la fin devant tous voz apostres. montastes es cieulx. Et laissates vostre lieutenant saint pierre. et ordonnastes baptesme pour nous regenerer et faire crestiens pour avoir sauvement. Sire comme tout cecy est vray et je le croy fermement. aujourd'uy soyés en aide a olivier pour le present qu'il ne soit mort ne vaincu: Cecy disant devotement en son secret tantost si luy apparust ung ange que dieu de paradis luy envoya. et dist l'ange a charles O empereur de noblesse saches de vray que je suis icy envoyé de par dieu te dire que tu ne te doubtes riens de olivier. car sans faulte il gaignera la bataille quoy qu'il tarde et sera par luy le sarrazin vaincu Cecy dit l'ange s'en alla et charles par glorieuse meditacion remercia dieu devotement. Toutesfois après plusieurs batailles entre fierabras et olivier faictes et grans menasses. Fierabras par grant fureur voulut frapper olivier oultre mesure. mais olivier qui veit le coup venir se desavança par telle maniere qu'il donna deux mauvais coupz a fierabras. Pourquoy le payen fut si induré de maltalent sur olivier et olivier sur luy que tous deux furent tresactifz de non jamais se departir jusques a tant que l'ung fust vaincu et destruit. Et pour celle fois olivier fut si fort affoibly que la main ou il tenoit son espee luy vint toute endormie et enflee pour la peine qu'il avoit de frapper. et lui desirant frapper son ennemy a oultrance son espee voula loing de luy plus d'une toise. dont il fut moult esmeu et determiné. et ce n'estoit point merveille. et moult courageusement courut prendre son espee. et mist sur sa teste son escu pour le preserver. mais nonobstant le payen le frappa deux fois si puissamment qu'il luy mist son escu en pluseurs parties. et son haulbert fut moult fort cassé et se trouva tout estourdy pour celle fois. et doubta si fort le payen qu'il n'osa prendre son espee. Et moult subitement les françois qui veirent ainsi olivier despourveu furent armez. et en propos de courre sur le sarrazin pour secourir olivier mais Charles ne voulut point que homme y alast leur disant que dieu estoit assez puissant pour le maintenir en son bon droit. car s'il n'eust contredit plus de .xiiii. mille hommes estoyent desja tous prestz pour y aler. et nonobstant de tout cecy le payen n'en fist que rire et dist a olivier. Pour verité j'ay obtenu sur toy ung petit de mon intencion. mais pourquoy n'oses tu prendre ton espee. et je congnois de present que tu es assez vaincu puis que tu te acouardis. tu ne te sçauroye baisser pour demy le tresor du monde. et je suis bien content de te faire une pache. Regnie la foy que tu tiens. le baptesme ou tu as esté lavé. et le dieu ou tu croys pour lequel tu as prins tant de peine. croy en mon dieu mahon plein de bonté et je te lairray vivre. Et plus oultre je seray bien content de te donner ma seur a femme en laquelle tu seras richement marié c'est floripes l'une des plus belle de mere nee. puis tantost conquerrons france avant que l'an soit passé. et de l'ung des royaulmes je te feray roy couronné. Olivier luy respondit. Payen tu me parle d'une grande folie: car a dieu ne plaise que jamais soye de telle intencion de laisser mon dieu qui m'a fait creé et formé et les saintz sacremens qui ont esté establis pour mon saulvement pour croire en mahom et en tes dieux pleins d'abusion qui n'ont force ne vertu sinon cause de damnacion. Fierabras luy dist. Par mon dieu mahon tu es tousjours bien obstiné pour peine ne pour tourment on ne te peut desvier. et d'une chose plus grande tu te peulx bien vanter que jamais de personne ne fus si travaillé ne si agravé comme je suis de toy et tu t'en dois bien louer. je suis content prens ton espee hardiment et seurement: car sans glave competent tu ne peulx valoir plus que une femme. Olivier respondit. Payen je ne sçauroy dire que tu ne me presentes service et bonté: mais pour la valeur de dix mille mars d'or je ne le feroye nompas pour mourir: car se j'avoye moyen toy mon espee par ta courtoisie: et il advenoit que tu fusses dessoubz ma puissance et tu me demandoies amitié et je te mettoye a mort ce seroit vileté a moy et reprouche. Et de present ma mort et ma vie soyent en la volenté de dieu mon createur auquel je me suis donné: mais je gaigneray mon espee ou tu le comparras et deusse cy mourir autre chose n'en auras Par ma foy dist fierabras tu es bien oultrecuidé et glorieux pourquoy soyes seur que briefvement seras confus desconfis et matté.

 

Comment en ceste bataille fierabras fut vaincu par olivier après que il eut recouvree l'une des espees de fierabras

Le .xiiii. chapitre.

Quant fierabras va ouyr que olivier estoit si fier de fait et de couraige grant merveille s'en donna: car il n'avoit voulu son espee: mais la vouloit a juste guerre conquester pourquoy le payen vint desmesurement contre luy et tenoit en sa main plorance son espee: alors ce ne fut pas merveille se olivier eust paour de attendre son contraire: luy estant despourveu de glave et de son escu qui estoit cassé rompu et en deux parties divisé: mais comme il pleut a dieu il regarda au cousté de luy et veit le cheval de fierabras dont a l'arçon de sa selle estoyent les deux autres espees dont j'ay dessus parlé et tantost s'en y courut olivier moult abillement et print une des espees dessusdittes qui se disoit baptisme qui avoit le talliant moult large et reluysant a merveilles et puis s'en vint contre le payen et mist devant luy de son escu ce qu'il en povoit avoir. Et quant il fut près du payen il commença a dire. O roy d'alixandrie il est maintenant temps de compter: car je suis de present pourveu de vostre espee de laquelle je vous feray mal content et gardez vous bien de moy: car je vous deffie. Adonc quant fierabras le veit et l'eut ainsi ouy parler tantost il commença a muer la couleur et dit. o baptisme bonne espee maintz jours je t'ay gardee pour l'une des bonnes espees que jamais pendit au cousté de moy ne de homme qui oncques fut vivant. et puis regarda olivier en disant. Par mon dieu mahon je te cognois de grant fierté se tu veulx: pren ton espee et me laisse la mienne: et puis ferons comme nous avons commencé. Par mon chief dist olivier ce ne sera ja fait a mon gré: car avant que je face pache a toy je esproveray ceste espee sur ta personne: garde toy bien de moy car trop avons sermonné. Cecy disant et aultre chose comme ung lyon qui est affamé vint olivier contre fierabras le payen et frappa premierement son adversaire. mais ne le peust point attindre sur la teste qu'il ne rencontrast premierement l'escu du payen lequel il cassa et rompit mallement par telle façon que la moytié volla a ses piedz dont Fierabras redoubta moult celluy cop: car oultre tout l'espee de ce coup entra près d'ung piez dedens la terre. Adonc benist olivier celluy qui l'espee avoit forgee et trempee. Et après plusieurs menasses rigoreuse ilz furent en partie descouvers de leurs heaulmes. Et quant olivier veit le payen fierabras au visaige fier et courageux il va dire. O sire dieu de paradis createur du ciel et de la terre que celluy payen est preux et plain de cruaulté. Or fut il vray que maintenant le tenist charles a son povoir et qu'il se voulsit baptiser rolant et moy serions ses compaignons privez. Glorieuse vierge marie mere de dieu priés nostre seigneur jhesucrist vostre enfant qu'il doint grace a cestuy payen qu'il croye en la foy chrestienne car par luy moult pourroit estre exaulcee. Fierabras respondit en ceste maniere. Olivier laisse ces parolles. dy moy se tu veulx plus batailler ou que tu as entreprins. Ouy dist olivier garde toi de moy: car je te deffie. Et se coururent sus et fut premierement frappé olivier sus son escu par telle fierté et rudesse que au près du poing luy fut mis en pieces son escu et fut grant merveille qu'il ne fut coppé. Pourquoy ledit Fierabras luy dist ainsi qu'il l'avoit mys en terme par telle maniere qu'il n'avoit plus guaires a vivre en ce monde. Olivier ne dist mot: mais s'en vint a son espee contre le payen fierabras moult furieusement Adonc le payen qui veit le cop venir getta son escu contre olivier pourquoy il fut tantost esquartellé et furent tous deux si estourdis que les yeulx en la teste si leur furent tous de douleur troublez et firent faillir le feu des espees et escutz moult abondamment. Et ainsi en frappant fierabras dist au noble olivier en ceste maniere. Ores est il l'eure que jamais n'auras aide de ton dieu jhesus en qui tu croys que tantost ne soyes mort puis que tu te sens vaincu. Et olivier respondit Jhesus est bien puissant pour monstrer sa puissance: mais tantost tu congnoistras que mahon et tavergant ne te pourront aider: ne estre si grant que tu ne soyes mort je t'en feray tantost congnoissance. Et sur ce vindrent l'ung sur l'autre et olivier fut frappé sur son heaulme tout auprès de la chair par tel endroit que tout ce qu'il conceut trencha et passa oultre et dit a olivier: Je te jure mon dieu mahon que je t'ay bien conceu et feru: ne jamais ne verras charles ne rolant de ce tu es bien seur. Olivier respondit. O fierabras de alexandrie ne soyes si esperdu: car avant que je parte de toy je te tiendray mort ou vaincu: et dieu m'en ottroye ce que j'ay si souventesfois desiré. Et sur ce frapperent si merveilleusement l'un sur l'autre que les corps de tous deux tressuerent d'angoisse et peine. Fierabras frappa olivier sur son heaulme si durement que jusques a la chair il mist tout bas et se dieu n'y eust ouvré il estoit mort a celle foys. pourquoy olivier comme homme enraigé vint contre le payen et le payen leva hault son escu tant qu'il fut tout descouvert dessoubz les bras et eut desarmez les flans. Olivier fut saige et print garde au fait et bien tost. et frappa fierabras aux flans puissamment et tellement qu'il luy mist l'espee dedans l'un des flans bien perfont et fut son espee fort ensanglantee. Ainsi fut navré que a peu que les boyaulx de son ventre ne tombirent par terre. Car en celluy cop olivier employa toute sa puissance pour le mettre a fin: car longuement l'avoit combatu et luy fit prendre fin.