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Fierabras

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comment olivier fut entretenu de son pere regnier qu'il n'allast combattre le geant requerant charles que ainsi ne fust dont force lui fut qu'il y allast

Le .vii. chapitre.

Quant olivier fut licencié du tout pour aler son chemin regnier de gennes son pere quant il veit le fait par grant compassion s'en va mettre aux piedz du roy et dist. Sire roy je vous crye mercy prenés pitié de mon filz et de moy. je vous dy de moy: car je me voy du tout desconforté quant je voy que mon enfant va tout a perdicion veu le dangier ou il est de sa personne. Je vous dis aussi que vous ayés pitié de son jouvent presumptueulx et de son desir trop couvoiteux et de son corps navré moult dangereusement. Vous savez bien que ung homme qui est navré ainsi dangereusement. et aussi qui a perdu son sang ne peut pas bonnement encores endurer bataille. Mais regnier perdoit bien sa peine car le roy luy avoit desja donné son gant en signe de licence. Et nonobstant ces parolles olivier ne doubtoit riens qu'il ne fist son devoir bien grandement Et de rechief Regnier requist au roy et dist. Sire roy en l'onneur de celluy qui pour nous voulut pendre en croix ne permettés point pour le present que mon filz aille jouster. Helas quant j'auray perdu mon filz en quel lieu pourray je aller vous pourrez bien aultre trouver pour faire ceste guerre presente. L'empereur Charles respondit. Regnier vous sçavez bien que je ne puys contredire: car en signe de licence je luy ay getté mon gant devant mes piedz. dont Olivier fut content: et va dire a haulte voix devant chascun. Sire roy tous voz aultres barons ung don par vous me soit donné que je vous requiers: c'est que se j'ay a nul mesprins ne en fait ne en parolle au nom de dieu qu'il me soit pardonné. quant les françoys le vont ouyr n'y eut celluy qui ne plorast tendrement. Et ainsi en prenant chemin a tout son estandart levé le roy le beneist en faisant le signe de la croix et le commenda en la grace du pere du filz et du saint esperit.

Comment olivier parla premierement a fierabras qui ne tenoit compte de luy avecques aultres disputacions

Le .viii. chapitre.

Olivier se mist en chemin et n'arresta jusques a tant qu'il fut devant Fierabras. Lequel tout desarmé se gisoit a l'ombre. Et quant olivier l'eut araisonné le payen tourna sa teste contre luy et ne le daigna a peine regarder tant peu tenoit compte de luy car il tenoit beaucoup plus moindre que luy et dist Olivier au sarrazin. Reveille toy. aujourd'uy m'as tant appellez que je suys venu icy. si te prie que tu me diez ton nom. Fierabras luy respondit par mahommet mon dieu a qui je doy tout honneur. je suys le plus riche qui soit au monde né. Fierabras d'alixandrie me faitz nommer. Je suys celluy pource que tu le saiches qui fis destruire romme vostre cité: et occis l'apostolle et des aultres plusieurs. et emportay les relicques que je y peuz trouver. dont vous prenés grant peine a les recouvrer. Et plus aultre je tiens Jherusalem celle belle cité. et le sepulchre avec ou vostre dieu fut mis reposer. Olivier luy respondit. Par ma foy je t'ay bien voulu ouyr dire ce que tu as dit. Et s'il est verité comme tu l'exposez. saches pour certain que de present tu te peulx bien dire dolent et malheureux reputer. Or ça sans plus oultre parler despeche toy soyes armé. vois tu la les françois qui ne nous font que regarder. ou par le dieu en qui je croy je te frapperay durement. Quant Fierabras l'ouyt qu'il parloit si hardiement commença a rire et dist. Je suys bien esbahy donc vient en toy la presumpcion de parler ainsi hastivement. mais pour verité je ne bougeray d'icy si sçauray je qui tu es. et quant tu me auras dit ton nom tu me verras armé. et aussy de quel lignaige tu es party. Olivier luy respondit. O payen saiches pour verité que avant qu'i soit nuyt tu sçauras quel je suys. Par moy te mande Charles l'empereur mon redoubté seigneur qui pour la consecracion de ton corps et a la salvacion de ton ame tu laisses la creance de ton dieu mahon et aultres ydoles qui ne sont que abusions et decepcions qui n'ont sens ne raison. ne n'ya sentement ne bon entendement par quoy on soit encliné de y consentir aulcunement. et pense d'icy en avant de croire en dieu le tout puissant. La saincte trinité. le pere. le filz. et le saint esperit. trois persones en une pure essence. d'une voulenté qui a fait le ciel et la terre et tout ce qui y habite. qui pour nostre salvacion voulut naistre de la vierge marie. et quant tu auras celle creance moyen le saint sacrement de baptesme qui a esté sur ce estably. tu pourras parvenir a la gloire eternelle. et se tu ne le fais ainsi comme je le te intime. je suis icy pour te faire batailler. et de deux choses il te fault faire l'une. Premierement que tu t'en allies hors de ceste terre comme ung souffreteux sans aultre chose emporter et sans jamais toy y trouver. ou il te fault venir combattre contre moy pour exaulser ton corps et soustenir ta loy faulse. Fierabras va respondre. qui que tu soyes tu es bien oultrecuidé d'avoir intencion de me vouloir batailler. car seurement tu me vois debout sans armes tu seras bien hardy se de paour tu ne trembles. mais par le dieu en qui tu crois dy moy quel homme est charlemaigne car long temps a que je l'ay ouy priser et redoubter en maintz pays. et plus oultre que je saiche novelles de Rolant et de olivier: et de Ogier le dannois de Gerard de mondidier. car par verité je me vouldroye de ceulx acointer. Olivier respondit. payen sur ce que tu me demandes je te dis que charles l'empereur est si grant maistre qu'il n'ya homme au monde qui se puisse comparer a luy tant pour la valeur de sa personne et de ses meurs comme de sa puissance et richesse innumerable. Au regart de son nepveu Rolant Olivier n'est riens moindre que luy: des aultres françois soies content. car entre tous les humains ilz sont vaillans gens. mais ces parolles n'ont point icy lieu. Depesche toy soies armé. car par le dieu en qui je croy se tu ne t'avance je te frapperay de ceste espee d'acier. fierabras commença a lever la teste et dist. par mon dieu mahommet se je ne pensoye avoir deshonneur de me prendre a toy de ceste heure te copperoye la teste. Olivier respondit je te prie laisse a plaidier. car avant qu'il soit nuyt tu sauras que je suis. car de certain j'ay intencion de plonger en ton ventre mon espee durement. Sur ce fierabras ne sejourna riens tant fut noble et reposa sa teste sur son escu et dist a olivier duquel il ne tenoit compte. Je te prie que tu me dies ton nom et ton lignaige. Olivier luy dist Je me nomme garin. et suis de pierregort filz d'ung homme qui se disoit josué qui m'en vins l'autre jour en france. ou je fus ainsi adoubé par le noble roy charles et suis ordonné pour defendre son droit. mesmement contre toy pourquoy concluons sans plus demourer soies armé et monte a cheval. car je suis prest de faire la bataille se tu es sy hardy de m'atendre fierabras estoit la qui ne vouloit consentir a la batalle car il luy sembloit que c'estoit peu de chose d'olivier pour jouster contre luy et luy dit Garin je te demande pourquoy n'est venu par deça rolant ou olivier. ou gerart: ou ogier qui sont de si grant renommee comme j'en ay ouy parler. car ilz ne tiennent compte de toy. et ne le font sinon pour mesprisance: mais je suis venu a toy comme celluy qui n'a point prins regart a leur intencion et feray la bataille se tu me veulx attendre: mais je te jure saint pierre l'apostre de jhesus que se tu ne te armes je te frapperay mortellement de ce dart que je tiens en ma main. Garin respondit fierabras je te veulx bien dire que de ma vie je ne joustay sinon a roys. a contes ou barons de bien haulte valeur: et tu es de bien basse main party pour dire que je me prengne a toy trop grant deshonneur me seroit que tu fusse mis a mort par moy: mais pour le vouloir que je congnois en toy moult noble. je suis content que tu me frappes et je me laisseray cheoir a terre et prendras mon cheval et mon escu. et t'en yras au roy charles et luy diras que tu m'as vaincu. Et se je fais cecy pour toy ce sera grant amitié. et devras pour le present estre content Sur ce olivier ne peust avoir pacience qu'il ne luy dist. Ton fait ne gist sinon en parolles pleines de presumpcion: car je suis de ceste intencion que devant qu'il soit vespre je te feray vouler la teste de dessus les espaules. Je ne suis pas lievre ne beste sauvaige pour me devoir espuenter. Et tu sces le proverbe commun qui dit qu'il est temps de parler et temps de taire et de l'un et de l'autre on peut estre fol reputé. Or te despeche de ce que je t'ay dit. ou autrement je te feray marry. Fierabras respondit. Je ne te prie ne te demande fors que tu me transmettes rolant ou olivier. ou l'un des autres. et se les deux ne sont hardys viennent les troys ou les quatre. car par ma foy ilz ne seront point refusez. Disans ces parolles olivier qui estoit navré des le jour devant ses playes se commencerent a ouvrir par la force de chevaucher. et seigna tellement que fierabras veit saillir le sang par dessus le genol de olivier. et luy demanda dont luy sailloit le sang qui luy venoit par dessus et couroit par terre. Olivier luy respondit qu'il n'estoit point navré. mais que son cheval estoit dur a l'esperon. pourquoy il estoit ainsi ensanglanté. Fierabras se print garde que ce n'estoit point du cheval et respondit Certes garin vous avez menty: car vous estes au corps blessé. et je le congnois au sang qui vous a desja surmonté le genoil: mais vecy que je te feray il y a deux barilz penduz a la selle de mon cheval qui sont pleins de baulme que j'ay conquis en jherusalem et est celluy dont vostre dieu fut enbaulmé le jour qu'il fut descendu de la croix et mis au sepulchre. despeche toy et en va boire et je te prometz que incontinent seras guery. et te pourras deffendre trop mieulx et sans dangier. Olivier luy respondit qu'il n'en feroit riens. et qu'il parloit d'une grant folie. Dont fierabras respondit qu'il estoit bien fol et sans raison et que a bon droit s'en pourroit repentir.

 

Comment après pluseurs disputacions olivier aida a armer fierabras et des neuf espees merveilleuses. Et comment olivier se nomma a fierabras par son droit nom

Le .ix. chapitre.

Quant fierabras eut beaucoup demouré sans se lever pour olivier il se assist et puis dist. Garin je te demande que tu me dies sans celer de qu'elle force est rolant et olivier qui tant sont redoubtez des payens et de quelle grandeur. Olivier luy respondit. Regarde ma grandeur et ma semblance et tu pourras legierement apparcepvoir quel homme est Olivier. car il n'est point plus grant que je suis. Rolant tant qu'il touche au corps est ung petit moindre: mais de couraige il est si treshardy de corps combatant qu'il n'ya son pareil vivant au monde: car il ne se combat a homme du monde qu'il ne soit par luy vaincu. Par la foy que je doy a appollin et a tarvagant va respondre fierabras tu me dis chose dont je suis esbahy: car s'ilz estoient telz quattre comme tu me compte je ne les vouldroie point refuser. ne les lasseroye qu'ilz ne fussent tous occis et mis a mort a mon espee trenchant. Olivier ne pouvoit prendre pacience aux dilations de fierabras mais le vouloit frapper pourquoy fierabras luy dist Tu ne veulx point prendre pitié de ta personne mais par mon dieu mahon se je me lieve et que je monte a cheval charles ton roy ne tous tes dieux ne te deffendroient que tu ne soyes incontinent occis: car seullement se tu me voys devant toy de pié tu seras bien couraigeux se de grant peur tu ne trembles. Olivier respondit Trop longuement tu te vantes de faire chose que tu ne verras jour de ta vie et myeulx te vault a mesure parler: car trop aultrement a bon droit te pourroit venir le meschief. De cecy fierabras fut fort despiteux et se leva debout grant fierté lequel payen avoit par commune estimation quinze piedz de long et s'il se voulut baptiser et croire en jhesucrist. jamais ne fut veu homme de sa valeur et despuis qu'il fut a pié moult luy faisoit mal qu'il n'avoit quelque vaillant homme pour jouster contre luy et dist a olivier. Par ma verité il me prent grant pitié de ton affaire pour la noblesse du couraige que je te congnois. Je suis content pour le present que tu t'en tournes et m'envoyes rolant ou ogier ou gerard de mondidier. Et expressement di a olivier que je ne partiray de ceste place que je ne l'aye conquis Olivier ne peut plus attendre: car ce ne fust pour son honneur il eust frappé plusieursfois tout desarmé. Et quant il vit l'effort ledit fierabras appella olivier et luy pria qu'il luy aidast a armer. Olivier dist s'il s'oseroit fier en luy Fierabras respondit aide moy hardiement: car je te jure que jour de ma vie ne seray traistre a personne vivant. Et sur ces parolles olivier mist diligence de l'armer. Et print premierement ung cuyr de capadoce et le vestit puis sa cotte et son hauberion d'acier bien bouclé et poly et son heaume affiché et garny de pierres precieuses richement et l'estacha seurement: mais bien considere la façon de ce payen et de ce crestien fut si grant courtoisie et loyaulté entre ceulx qui estoient assemblez pour faire guerre mortelle ensemble et ilz se fasoient service bien singulier. Premierement le payen avoit grant pitié de destruire olivier: car il n'estoit point son per au regard de sa personne et d'aultre part quant il le veit ainsy playé et descendre de son sang a terre il luy volut donner du baulme precieux Semblablement quant olivier le trouva desarmé il l'eust occis sans grans peine s'il eust voulu. Et puis a la fin il fut si loyal qu'il le arma pour batailler contre luy. Grant loyaulté de noblesse povoit avoir entre eulx deux qui estoient de foy et de creance contraires. et je croy que dieu seroit bien content s'il avoit telle confiance entre les crestiens et si pleine de toute noblesse naturelle. mais pour desduire la matiere presente quant fierabras fut bien armé. il mercya fort olivier et puis seint son espee nommee plorance. et en l'arçon de sa selle en avoit aultres deux dont l'une se nommoit baptisme. et l'autre graban. lesquelles estoyent faictes tellement qu'il n'estoit harnoys qui les peust desrompre ne gaster. Et qui demanderoit la maniere comment elles furent faictes ne par qui selon que j'ay trouvé par escript Une foys furent troys freres d'un pere engendrez. desquelz l'un avoit nom galant. munificans fut le second et le tiers se disoit anisiax. Ces trois freres firent .ix. espees chascun trois. anisiax tiers nommé fit l'espee nommee baptisme qui avoit le pommeau d'or bien point. et aussi fist plorance et graban lesquelles avoit fierabras comme j'ay dit. Munificans l'autre frere fit l'autre espee qui se disoit durandal. laquelle rolant eut l'autre se disoit sauvaigine. et la tierce cortan que ogier le dannoys eut. Et gallant l'autre frere fit celle qui nommoit flamberge l'autre haulte clere et l'autre joyeuse que charlemagne avoit pour grant especialité. et ces trois freres nommez furent les favres et ouvriers desdictes espees. Et en ce point fierabras monta a cheval et mist près de luy ses deux barilz plains de baulme et puis pendit a son col son escu pesant et bandé de fer et d'acier par merveilleuse force et avoit en painture au milieu dudit escu le dieu appolin. Et après qu'il se fut recommandé a luy il print son espieu agu et mortellement enferré. Grant merveilles fut de la corpulance de ce sarrazin qui estoit sur son cheval nommé ferrant d'espaigne bien dru et pommelé qui avoit une condition specialle. Car quant son maistre en bataillant mettoit a terre son adversaire: celluy cheval faisoit plus grant guerre sans comparaison que son maistre. Et ainsi eulx estant a cheval fierabras va dire a olivier. O garin gracieux je te admonneste que pour la courtoisie que tu m'as faicte tu t'en veulle retourner sans point faire bataille. car il me prent pitié de ton valeureux couraige. Olivier respondit tousjours de grande follie t'es entreprins: car je n'en feray riens au dangier d'estre desmembré. Et ne suis point celluy a qui tu faces paour. car a l'aide de jhesus aujourd'huy par moy tu seras rendu ou vif ou mort a charles l'empereur. Quant olivier eut parlé fierabras fut fort merveilleux de cestuy homme qui ne se vouloit desvier pour menasses qu'il luy fist qu'il ne bataillast: si luy va dire. Tu es crestien et as grant foy aux misteres par vous ordonnez: mais je te conjure que par les fons ou tu a esté lavé et par la foy que tu as donnee a la croix ou ton dieu fut pendu et clavellé. Et aussi par la loyaulté que tu dois a charles et a rolant et aux aultres pers de france dys moy la verité de ton droit nom et de ton lignaige. Olivier va respondre Certes payen celluy qui t'a induit a moy parler tellement t'a bien aprins: car plus haultement ne puis estre adjuré. pourquoy saiches que je suis Olivier filz de regnier conte de gennes le plus especial compaignon de rolant et suis l'ung des douze pers. Par verité dist fierabras je me suis bien pensé que tu estois aultre que tu ne m'avois dit veu ton ardant couraige et que je ne t'ay peu faire paour sur le fait de bataille. Et comment sire olivier vous estes au corps navré et grant deshonneur me seroit se je vous avoye bataillé et deffait quant a ung homme mort je me seroye prins pourquoy tournez arriere nous avons fait pour le present. car pour tout l'or du monde je ne me feroye telle vergongne que a vous deusse jouster. Sire respondist olivier certainement si ferés. car par ma teste quant nous serons ensemble vous n'aurez ja cause de vous truffer de moy si vous pensez que je ne suis homme mort et puis l'admonnesta en ceste maniere doulcement. O payen devant que nous procedons plus oultre tout premierement je te admonneste que tu veuilles croire en dieu de paradis le tout puissant qui t'a fait et formé a qui toutes choses doivent honneur et creance singuliere: car celluy qui n'y prent advis est né en la malleure et laisse mahon et tes dieux plains d'abus et de deceptions et te dispose pour baptiser et tu auras pour grant amy charles et pour compaignon especial rolant le veleureux. Et plus oultre jour de ma vie je ne cesseray de t'acompaigner. Ferabras luy respondit de grant folie t'avises: car pour riens en vostre dieu je ne croiroie ne mahon n'abandonneroye. mais aujourd'uy se tu es amy de Rolant comme tu es: jamais si desplaisant ne fut homme comme pour toy je le feray.

Comment olivier et fierabras commencerent a batailler: et de la priere de charles pour olivier et aultres matieres

Le .x. chapitre.

Fierabras et olivier en grant point l'ung contre l'autre a cheval devant que Fierabras voulsist laisser courre son cheval il dist a olivier. Mon amy je te prie que tu boyves de mes barrilz. et par la vertu du baulme que est dedens incontinent seras guery. et aussi tu te pourras trop mieulx defendre contre moy. a dieu ne plaise dist olivier que par beuvraige soyez conquis de moy Mais a bataille franche et harnoys fourby. et cecy estre dit laisserent courre leurs chevaulx d'ung grant couraige pour jouster a oultrance comme vous l'orrez cy après: car pour deux champions jamais ne fut cogneue bataille si aspre ne si oultrageuse. Et ainsi comme ilz voyent l'ung contre l'autre les françois qui estoyent en leur logis avoient grant paour qu'il ne mesprint a olivier. et entre les aultres l'empereur Charles en plorant va dire. O benoist jhesus je te requier que a cestuy coup tu ayez pitié de olivier mon baron par maniere que je le revoye vif et en santé et puis vint en sa chapelle son visaige couvert de son manteau et s'enclina contre la croix et embrasse le crucefix en disant. mon dieu duquel je voy la remembrance vueillez faire aide a olivier qui pour l'exaltation de la foy crestienne est en dangier. Ainsi en contemplant fierabras et olivier se donnent si grans coups sur leurs escus que les fers de leur lances sont par force ployez et entrez dedans. dont le feu partit de toutes pars et les boys des lances tronsonnez et fenduz s'en va en l'air. les resnes des brides des chevaulx leur vont hors des mains. Tous deux furent si estourdiz et les yeulx eurent si troublez que d'une grant piece ne sceurent de quel cousté ilz estoyent tournez. et après que tous deux furent rassis fierabras trait florence qui luy pendoit au cousté. Olivier print haulteclere reluisant a merveilles et vint sur fierabras et au hault de son heaulme luy donna si grant coup que les fleurs et pierres precieuses dont il estoit moult anobly fist voler a terre. et de ce coup en descendant bas luy entama l'espaule. mais le cuir de capadoce le saulva et le payen fut frappé si durement qu'il eut les deux piedz hors des etriez et son cheval luy eschappa. et a bien peu qu'il ne versa. dont les françois vont dire tous a une voix. sainte marie quel coup a donné olivier a ce payen voire respond Rolant merveilleusement l'a assené. Or plust a dieu de paradis dist Rolant gentil compaignon olivier que je ne suis ores dessoubz ton escu. car de moy ou du payen brefment se verroit la fin. Auquel l'empereur respond. Ha maulvais glout je t'ay bien ouy parler felon couart. il n'est pas temps que tu le dies. car du commencement tu n'y voulsis aller: dont maintesfois par moy te sera reproché. Sur ce rolant ne respond aultre chose si non qu'il en fist sa voulenté. Fierabras tout estourdy et remply d'une grant ire pour le coup qu'il avoit receu a son espee nommee florance vint de course sur olivier et luy donna sur son heaulme si asprement qu'il luy fist tourner la teste et son haulbert luy desmailla tellement que plus de .v. cens mailles du coup luy trencha et son cheval mallement navra et l'esperon du pié luy coupa et une partie de la cuisse dont le sang courut a terre treshabondamment. et l'espee de fierabras fut toute ensanglantee. pourquoy de ce coup fut le conte olivier si ployé et si commeu que a bien peu de fait ne fut rué par terre se ne eust esté la selle de son cheval. car il fut fort ployé par derriere. et son cheval de ce qu'il fut trenché commença fort a clacher et quant il fut retourné a haulte voix commença a crier. O sire dieu mon createur le mal coup que j'ay receu vierge marie mere de jhesus prenés pitié de moy. car trop fierement trenche l'espee de ce payen. donnés moy grace que je le puisse avoir et leva son espee et en fist sur luy le signe de la croix. Puis fierabras luy dist. Olivier par mahon mon dieu a cestuy coup je t'ay fait paour et tu peulx bien sentir de quoy je sçay jouer. et n'ay point de merveilles se tu te commandes a ton dieu. mais je suis mal content de ce que je t'ay ployé trop a coup. toutesfois soies sur que jamais soleil tu ne verras mucer. car tu commences ja a changer couleur et maniere. Toutesfois je suis content que tu t'en ailles. et sera bien pour toy le meilleur avant que tu congnoisses ma force plus planiere. Car je te admonneste d'une chose que quant je voy mon sang yssir hors de mon corps. adonc double ma vertu et ma force. et je congnois que charles ne t'aime gueres quant il t'envoye a moy. s'il t'eust logé en ung blanc lit tu y fusses beaucoup mieulx que d'estre venu batailler a moy. Quant olivier le va ouyr remply d'un fervent couraige commença a lever la teste et dist ainsi O payen desmesuré tout le jour tu te vantes de me mettre a fin de mes jours je prie a dieu tout puissant qu'il en vueille bien resjouyr mon couraige garde toy bien je te deffie nous avons trop plaidoyé. Sur ces parolles ce sont courus dessus si merveilleusement se frapperent sur leurs heaulmes. tellement que boucles: croches: pierres precieuses: orfaveries: fleurs. sont couppees et volees par terre. Le feu en yssoit largement. grant bruyt faisoient ces espees sur leurs harnois. Cecy faisant charles estoit la en grant meditation et cogitoit que la querelle de olivier estoit juste et que dieu le devoit preserver. Et quant il pensoet que olivier pourroit mourir comme impacient. d'une parfaitte foy va dire. O glorieux dieu pour lequel nous prenons tant de peine vueillés conserver olivier qu'il ne soit mort ne qu'il ne soit prins. car je jure l'ame de mon pere que s'il est pour le present de ce payen occis que jamais au pais de france en eglise qui soit ne sera clerc ne prestre habitué ne revestu. mais feray ardoir monasteres. eglises. autelz et crucefix. Helas ce dist le duc naymes. sire roy laissez ces parolles oyseuses et priés dieu pour olivier qu'il luy soit en aide par sa sainte merce. Cecy disant tousjours perseveroient les champions a frapper l'un sur l'autre par tel endroit que fierabras a son espee luy rompit le cercle de son heaulme. et le fit cheoir sur son visaige. son cheval fust mort s'il n'est saulté oultre. Et fut navré Olivier au corps et speciallement en la poitrine. Et avoit desja tant perdu de son sang que moult en estoit affoibly. donc ce ne fut pas merveilles veu qu'il avoit resisté au plus terrible homme qui de mere nasquit oncques.